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BastnÀsite

La bastnĂ€site (ou bastnaesite) est une famille de trois espĂšces minĂ©rales fluoro-carbonates, qui sont la bastnĂ€site-(Ce) de formule (Ce, La)CO3F, la bastnĂ€site-(La) de formule (La, Ce)CO3F, et la bastnĂ€site-(Y) de formule (Y, Ce)CO3F. Certaines bastnĂ€sites contiennent l'ion OH− au lieu de F− et reçoivent le nom d'hydroxylbastnĂ€site. La bastnĂ€site la plus courante est la bastnĂ€site-(Ce), le cĂ©rium Ă©tant de loin la plus courante des terres rares dans cette famille de minĂ©raux. La bastnĂ€site et le minĂ©ral phosphate monazite sont les deux plus importantes sources de cĂ©rium et d'autres terres rares.

BastnÀsite, bastnaesite
Catégorie V : carbonates et nitrates[1]
Image illustrative de l’article BastnĂ€site
BastnÀsite du Burundi
Général
Classe de Strunz
Classe de Dana
Formule chimique (La, Ce, Y)CO3F
Identification
Couleur Jaune couleur miel, brun rougeĂątre
Classe cristalline et groupe d'espace Ditrigonal dipyramidal (6m2)
symboles H-M : (6 m2)
P62c
SystĂšme cristallin Hexagonal
RĂ©seau de Bravais a = 7,118(1) Å,
c = 9,762(1) Å ; Z = 6
(bastnÀsite-(Ce))
Macle Dauphine law, Brazil law and Japan law
Clivage Imparfait Ă  indistinct sur {1010}, facette sur {0001}
Cassure IrréguliÚre
Habitus Cristaux striés tabulaires à équants, profonds sillons pouvant ressembler à un empilement de plaques minces, excroissances orientées, également granulaire, massif
Échelle de Mohs 4–5
Trait Blanc
Éclat Vitreux, graisseux, perlĂ© sur facettes basales
Propriétés optiques
Indice de rĂ©fraction nω = 1,717–1,722
nΔ = 1,818–1,823
Pléochroïsme Faible, E > O, incolore à jaune pale ou orange
Biréfringence Uniaxial (+) ; Ύ = 0,101 max.
Transparence Transparent Ă  translucide
Propriétés chimiques
DensitĂ© 4,95–5,0
Comportement chimique Fortement piézoélectrique ; cathodoluminescence rouge sombre
Propriétés physiques
Radioactivité si riche en uranium ou en thorium

Unités du SI & CNTP, sauf indication contraire.

La bastnÀsite fut décrite pour la premiÚre fois par le chimiste suédois Wilhelm Hisinger en 1838. Elle est nommée d'aprÚs la mine de BastnÀs prÚs de Riddarhyttan, VÀstmanland en SuÚde[2]. La bastnÀsite se trouve également en tant que spécimens de trÚs haute qualité dans les Zagi Mountains au Pakistan. La bastnÀsite se trouve dans les granites alcalins et les syénites, ainsi que dans les pegmatites associées. On la trouve aussi dans les carbonatites et dans les fenites associés et autres métasomatites[3] - [4].

Composition

Cristal de bastnĂ€site du Manitou District, comtĂ© d'El Paso, Colorado, USA (taille : 4,3×3,8×3,3 cm)

La bastnÀsite contient du cérium, du lanthane et de l'yttrium dans sa formule générale mais officiellement le minéral est classé en trois minéraux en fonction de la terre rare prédominante[5]:

  • la bastnĂ€site-(Ce) de formule (Ce, La)CO3F
  • la bastnĂ€site-(La) de formule (La, Ce)CO3F
  • la bastnĂ€site-(Y) de formule (Y, Ce)CO3F

Il y a peu de différences entre les trois en termes de propriétés physiques et la bastnÀsite la plus courante est la bastnÀsite-(Ce). Dans la plupart des bastnÀsites naturelles, le cérium domine habituellement les autres. La bastnÀsite et le phosphate minéral monazite sont les deux plus importantes sources de cérium, un important métal industriel.

Structure cristalline de la bastnÀsite-(Ce). Code couleur : carbone, C, bleu-gris ; fluor, F, vert ; cérium, Ce, blanc ; oxygÚne, O, rouge.

La bastnĂ€site est fortement apparentĂ©e Ă  la famille du minĂ©ral parisite[6]. Les deux sont des fluorocarbonates de terre rare, mais la formule de la parisite Ca(Ce, La, Nd)2(CO3)3F2 contient du calcium (et un peu de nĂ©odyme) et un ratio diffĂ©rent des ions constitutifs. La parisite peut ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme une unitĂ© formulaire de calcite (CaCO3) ajoutĂ©e Ă  deux unitĂ©s formulaires de bastnĂ€site. En fait, on a montrĂ© que les deux minĂ©raux sont corrĂ©lĂ©s avec l'addition ou la perte de CaCO3 dans l'environnement naturel.

La bastnĂ€site forme une sĂ©rie avec les minĂ©raux hydroxylbastnĂ€site-(Ce) [(Ce,La)CO3(OH,F)] et hydroxylbastnĂ€site-(Nd)[7]. Les trois sont membres d'une sĂ©rie de substitution qui implique l'Ă©ventuelle substitution des ions fluorure (F−) par des ions hydroxyle (OH−).

Nom

Cristal de bastnĂ€site, Zagi Mountain, RĂ©gions tribales, Pakistan. Taille : 1,5×1,5×0,3 cm.

La bastnÀsite tient son nom de son topotype, la mine de BastnÀs, Riddarhyttan, VÀstmanland, SuÚde[8]. Le minerai de la mine de BastnÀs conduisit à la découverte de plusieurs nouveaux minéraux et éléments chimiques par des scientifiques suédois tels que Jöns Jacob Berzelius, Wilhelm Hisinger et Carl Gustaf Mosander. Parmi eux, les éléments chimiques cérium, qui fut décrit par Hisinger en 1803, et le lanthane en 1839. Hisinger, qui était également le propriétaire de la mine de BastnÀs, choisit de nommer l'un des nouveaux minéraux bastnÀsit quand il le décrivit pour la premiÚre fois en 1838[9].

Occurrence

Bien qu'étant un minéral rare et jamais en forte concentration, il est l'un des carbonates de terre rare les plus communs. La bastnÀsite a été trouvée dans des dépÎts de bauxite karstique en Hongrie, en GrÚce et dans la région des Balkans. Elle a également été trouvée dans des carbonatites, une rare roche ignée intrusive carbonatée, au Fen Complex en NorvÚge ; à Bayan Obo en Mongolie-Intérieure ; à Kangankunde au Malawi ; à Kizilcaoren en Turquie et dans la mine de terres rares de Mountain Pass en Californie, US. A Mountain Pass, la bastnÀsite est le minéral prédominant. De la bastnÀsite a été trouvée dans les granites peu communs de la zone de Langesundsfjord en NorvÚge ; dans la péninsule de Kola en Russie ; dans les mines du Mont Saint-Hilaire, Ontario, et dans les gisements de Thor Lake, Territoires du Nord-Ouest au Canada. Des sources hydrothermales ont également été signalées.

L'hydroxylbastnĂ€site (NdCO3OH) peut aussi se former par la cristallisation d'un prĂ©curseur amorphe contenant des terres rares. Quand la tempĂ©rature augmente, l'habitus des cristaux de NdCO3OH change progressivement vers des morphologies plus complexes sphĂ©rulitiques ou dendritiques. Il a Ă©tĂ© suggĂ©rĂ© que le dĂ©veloppement de ces morphologies cristallines[10] pouvait ĂȘtre contrĂŽlĂ© par le niveau Ă  laquelle la sursaturation est atteinte dans la solution aqueuse lors de la destruction du prĂ©curseur amorphe. A haute tempĂ©rature (e.g., 220 °C) et aprĂšs un chauffage rapide (e.g. < 1 h) le prĂ©curseur amorphe est dĂ©truit rapidement et la sursaturation rapide favorise une croissance sphĂ©rulitique. A tempĂ©rature plus basse (e.g., 165 °C) et avec un chauffage lent (100 min) les niveaux de sursaturation sont atteints plus lentement que nĂ©cessaire pour la croissance sphĂ©rulitique, et donc des formes pyramidales triangulaires plus rĂ©guliĂšres se forment.

Histoire miniĂšre

En 1949, le gigantesque gisement de carbonatite Ă  bastnĂ€site fut dĂ©couvert Ă  Mountain Pass, comtĂ© de San Bernardino en Californie. Cette dĂ©couverte indiqua aux gĂ©ologues l'existence d'une toute nouvelle classe de minerais de terres rares : les carbonatites contenant des terres rares. D'autres gisements du mĂȘme type furent rapidement dĂ©couverts, en particulier en Afrique et en Chine. L'exploitation de ce gisement commença dans les milieux des annĂ©es 1960 aprĂšs son rachat par Molycorp (Molybdenum Corporation of America). La composition en lanthanides du minerai comprenait 0,1 % d'oxyde d'europium, qui Ă©tait extrĂȘmement utile pour l'industrie naissante de la tĂ©lĂ©vision en couleurs, pour fournir le phosphore rouge. La composition des lanthanides Ă©tait d'environ 49 % de cĂ©rium, 33 % de lanthane, 12 % de nĂ©odyme et 5 % de prasĂ©odyme, avec un peu de samarium et de gadolinium, soit nettement plus de lanthane et moins de nĂ©odyme et d'Ă©lĂ©ments lourds par comparaison Ă  la monazite commerciale. Cependant, la teneur en europium Ă©tait au moins le double que celle d'une monazite typique. La basnĂ€site de Mountain Pass fut la plus importante source mondiale de lanthanides des annĂ©es 1960 aux annĂ©es 1980. Ensuite, la Chine devint un fournisseur de plus en plus important de terres rares au niveau mondial. Les gisements chinois de bastnĂ€site comprennent plusieurs mines dans la province du Sichuan et le dĂ©pĂŽt massif de Bayan Obo en Mongolie-IntĂ©rieure, qui avait Ă©tĂ© dĂ©couvert au dĂ©but du XXe siĂšcle, mais exploitĂ© beaucoup plus tard. Bayan Obo produit actuellement (2008) la majoritĂ© des lanthanides mondiaux. La bastnĂ€site de Bayan Obo se trouve en association avec de la monazite (plus assez de magnĂ©tite pour alimenter une des plus grandes aciĂ©ries chinoises), et contrairement aux carbonatites Ă  bastnĂ€site, sa composition en lanthanides est assez proche de celle de la monazite, Ă  l'exception de son important (0,2 %) contenu en europium.

Références

  1. La classification des minéraux choisie est celle de Strunz, à l'exception des polymorphes de la silice, qui sont classés parmi les silicates.
  2. (en)Bastnasite-(Ce). Webmineral.
  3. (en)BastnÀsite. Handbook of mineralogy.
  4. Bastnasite « https://web.archive.org/web/20071113065948/http://mineral.galleries.com/minerals/carbonat/bastnasi/bastnasi.htm »(Archive.org ‱ Wikiwix ‱ Archive.is ‱ Google ‱ Que faire ?), . Mineral Galleries. Retrieved on 2011-10-14.
  5. Beatty, Richard; 2007; Thℼ Lanthanides; Publishℼd by Marshall Cavendish.
  6. Gupta, C. K. (2004) Extractive metallurgy of rare earths, CRC Press (ISBN 0-415-33340-7).
  7. (en) Robert E. Krebs, The history and use of our earth's chemical elements : a reference guide, Greenwood Publishing Group, , 422 p. (ISBN 978-0-313-33438-2, lire en ligne)
  8. (en) Adrian P. Jones, Frances Wall et C. Terry Williams, Rare earth minerals : chemistry, origin and ore deposits, Springer, , 372 p. (ISBN 978-0-412-61030-1, lire en ligne)
  9. (en) Fredrik Sahlström, Erik Jonsson, Karin Högdahl, Valentin R. Troll, Chris Harris, Ester M. Jolis et Franz Weis, « Interaction between high-temperature magmatic fluids and limestone explains ‘BastnĂ€s-type’ REE deposits in central Sweden », Scientific Reports, vol. 9, no 1,‎ , p. 15203 (ISSN 2045-2322, DOI 10.1038/s41598-019-49321-8 AccĂšs libre, lire en ligne)
  10. (en) Vallina, B., Rodriguez-Blanco, J. D., Blanco, J. A. and Benning, L. G. (2014) The effect of heating on the morphology of crystalline neodymium hydroxycarbonate de nĂ©odyme, NdCO3OH. Mineralogical Magazine, 78, 1391–1397. DOI: 10.1180/minmag.2014.078.6.05.

Bibliographie

  • Palache, P.; Berman H.; Frondel, C. (1960). "Dana's System of Mineralogy, Volume II: Halides, Nitrates, Borates, Carbonates, Sulfates, Phosphates, Arsenates, Tungstates, Molybdates, Etc. (Seventh Edition)" John Wiley and Sons, Inc., New York, pp. 289-291.

Lien externe

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