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Actinide

Les actinides sont une famille du tableau périodique comprenant les quinze éléments chimiques allant de l'actinium (no 89) au lawrencium (no 103). Ces métaux lourds tirent leur nom de l'actinium, premier de la famille, en raison de leurs propriétés chimiques apparentées. On les désigne parfois sous le symbole chimique collectif An, qui représente alors n'importe quel actinide. Ce sont tous des éléments du bloc f, hormis le lawrencium, qui appartient au bloc d. Contrairement aux lanthanides, qui appartiennent également au bloc f, les actinides présentent un nombre de valence sensiblement plus variable. Ils ont tous un rayon atomique et un rayon ionique élevé, et leurs propriétés physiques sont particuliÚrement diverses. Ainsi, alors que les actinides de numéro atomique élevé se comportent chimiquement comme des lanthanides, ceux du début de la famille, allant du thorium au neptunium, ont une chimie évoquant par certains aspects celle des métaux de transition.

Tous les actinides sont radioactifs, et libĂšrent de l'Ă©nergie par dĂ©sintĂ©gration radioactive. Ils sont tous fissibles en neutrons rapides, et quelques uns en neutrons thermiques. L'uranium, le thorium et le plutonium sont les actinides les plus abondants sur Terre, les deux premiers Ă©tant des Ă©lĂ©ments primordiaux tandis que le troisiĂšme est synthĂ©tisĂ© par l'industrie nuclĂ©aire ; ces trois Ă©lĂ©ments sont utilisĂ©s dans les rĂ©acteurs nuclĂ©aires ainsi que dans la production d'armes nuclĂ©aires. L'amĂ©ricium est le seul Ă©lĂ©ment synthĂ©tique Ă  possĂ©der un usage commercial civil, dans les chambres d'ionisation des dĂ©tecteurs de fumĂ©e. Parmi les actinides, seuls le thorium et l'uranium sont prĂ©sents en quantitĂ© significative dans le milieu naturel du fait de la trĂšs longue demi-vie de leurs isotopes les plus stables. La dĂ©sintĂ©gration du thorium 232 et de l'uranium 235 produit de l'actinium et du protactinium, qui sont eux-mĂȘmes radioactifs et ne sont donc prĂ©sents dans la nature que temporairement avant de se dĂ©sintĂ©grer Ă  leur tour. De faibles quantitĂ©s de neptunium et peut-ĂȘtre Ă©galement de plutonium se forment Ă©galement par transmutation dans les minerais d'uranium. Tous les autres actinides sont exclusivement synthĂ©tiques ; on peut cependant trouver des traces de certains d'entre eux dans l'environnement Ă  la suite d'essais nuclĂ©aires atmosphĂ©riques, comme l'amĂ©ricium, le curium, le berkĂ©lium, le californium, l'einsteinium et le fermium[1]. Ils sont produits Ă  partir d'Ă©lĂ©ments plus lĂ©gers par capture neutronique.

L'actinide synthĂ©tique le plus abondamment produit est le plutonium, notamment le plutonium 239. Cet isotope n'est pas considĂ©rĂ© comme un dĂ©chet radioactif car il est lui-mĂȘme un isotope fissile. Mais les rĂ©acteurs nuclĂ©aires gĂ©nĂšrent, en quantitĂ© moindre, d'autres actinides qui sont appelĂ©s « mineurs ». La qualification de « mineurs » rend compte du fait que ces Ă©lĂ©ments sont prĂ©sents en bien moins grande proportion que les actinides majeurs, uranium et plutonium. Les actinides mineurs constituent avec les produits de fission une partie[2] des dĂ©chets HAVL, c’est-Ă -dire les dĂ©chets de l'industrie Ă©lectronuclĂ©aire les plus fortement radioactifs.

Propriétés

Propriétés physiques

Rayons métallique et ionique des actinides.

Les actinides prĂ©sentent des propriĂ©tĂ©s semblables Ă  celles des lanthanides. Leurs Ă©lectrons se rĂ©partissent dans les sous-couches 7s et 6d pour les cinq premiers actinides — actinium, thorium, protactinium, uranium et neptunium — et remplissent progressivement la sous-couche 5f Ă  partir du troisiĂšme, le protactinium. On observe une diminution progressive du rayon ionique des actinides d'une façon semblable Ă  la contraction des lanthanides.

Les propriĂ©tĂ©s des actinides sont typiques des mĂ©taux. Ce sont tous des matĂ©riaux mous aux reflets argentĂ©s, mais qui ternissent rapidement Ă  l'air libre. Certains d'entre eux peuvent ĂȘtre coupĂ©s au couteau. Ils ont une masse volumique et une plasticitĂ© souvent Ă©levĂ©es. Leur rĂ©sistivitĂ© varie de 15 Ă  150 Â”Ω cm. La duretĂ© du thorium est semblable Ă  celle de l'acier, de sorte que le thorium pur chauffĂ© peut ĂȘtre enroulĂ© en feuillets et Ă©tirĂ© en cĂąbles. Le thorium est environ 40 % moins dense que l'uranium et le plutonium mais est plus dur que ces deux Ă©lĂ©ments. Tous les actinides sont radioactifs, paramagnĂ©tiques et, hormis l'actinium, possĂšdent plusieurs phases cristallines : l'uranium, le neptunium et le californium en ont trois, et le plutonium en a sept. La structure cristalline du protactinium, de l'uranium, du neptunium et du plutonium n'a pas d'Ă©quivalent clair parmi les lanthanides et ressemblent davantage Ă  celle des mĂ©taux de transition de la 4e pĂ©riode.

Tous les actinides sont pyrophoriques, particuliÚrement lorsqu'ils sont finement divisés, c'est-à-dire qu'ils s'enflamment spontanément à l'air libre. Leur point de fusion ne dépend pas du nombre de leurs électrons dans la sous-couche 5f ; celui du neptunium et du plutonium, inhabituellement bas à environ 640 °C, s'explique par l'hybridation des orbitales 5f et 6d avec formation de liaisons directionnelles dans ces métaux.

Le tableau ci-dessous résume quelques propriétés physiques des actinides :

ÉlĂ©ment Masse
atomique
Température
de fusion
Température
d'Ă©bullition
Masse
volumique
Rayon de
covalence
Configuration
Ă©lectronique
[3]
Énergie
d'ionisation
ÉlectronĂ©gativitĂ©
(Pauling)
Actinium [227] 1 227 °C 3 200 ± 300 °C 10 g cm−3 215 pm [Rn] 7s2 6d1 ( * ) 499 kJ mol−1 1,1
Thorium 232,037 7 u 1 750 °C 4 788 °C 11,7 g cm−3 206 ± 6 pm [Rn] 7s2 6d2 ( * ) 587 kJ mol−1 1,3
Protactinium 231,035 88 u 1 568 °C 4 027 °C 15,37 g cm−3 200 pm [Rn] 7s2 5f2 6d1 ( * ) 568 kJ mol−1 1,5
Uranium 238,028 91 u 1 132,2 °C 4 131 °C 19,1 g cm−3 196 ± 7 pm [Rn] 7s2 5f3 6d1 ( * ) 597,6 kJ mol−1 1,38
Neptunium [237] 639 ± 3 °C 4 174 °C 19,38 g cm−3 190 ± 1 pm [Rn] 7s2 5f4 6d1 ( * ) 604,5 kJ mol−1 1,36
Plutonium [244] 639,4 °C 3 228 °C 19,816 g cm−3 187 ± 1 pm [Rn] 7s2 5f6 584,7 kJ mol−1 1,28
AmĂ©ricium [243] 1 176 °C 2 607 °C 12 g cm−3 180 ± 6 pm [Rn] 7s2 5f7 578 kJ mol−1 1,3
Curium [247] 1 340 °C 3 110 °C 13,51 g cm−3 169 ± 3 pm [Rn] 7s2 5f7 6d1 ( * ) 581 kJ mol−1 1,3
BerkĂ©lium [247] 986 °C 2 627 °C 13,25 g cm−3 170 pm [Rn] 7s2 5f9 601 kJ mol−1 1,3
Californium [251] 900 °C 1 470 °C 15,1 g cm−3 — [Rn] 7s2 5f10 608 kJ mol−1 1,3
Einsteinium [252] 860 °C 996 °C 8,84 g cm−3 — [Rn] 7s2 5f11 619 kJ mol−1 1,3
Fermium [257] 1 527 °C — 9,7(1) g cm−3 — [Rn] 7s2 5f12 627 kJ mol−1 1,3
MendĂ©lĂ©vium [258] 827 °C — 10,3(7) g cm−3 — [Rn] 7s2 5f13 — 1,3
NobĂ©lium [259] 827 °C — 9,9(4) g cm−3 — [Rn] 7s2 5f14 641,6 kJ mol−1 1,3
Lawrencium [266] 1 627 °C — ~15,6–16,6 g cm−3 — [Rn] 7s2 5f14 7p1 ( * ) 478,6 kJ mol−1 —
( * ) Exceptions Ă  la rĂšgle de Klechkowski : actinium 89Ac, thorium 90Th, protactinium 91Pa, uranium 92U, neptunium 93Np, curium 96Cm et lawrencium 103Lr.

Propriétés chimiques

Les actinides réagissent encore plus facilement que les lanthanides avec les halogÚnes (17e groupe du tableau périodique) et les chalcogÚnes (16e groupe). Ceux à faible nombre d'électrons dans leur sous-couche 5f sont facilement enclins à l'hydridation. Cela s'explique par les niveaux d'énergie trÚs voisins entre sous-couches 7s, 5f et 6d. La plupart des actinides présentent une grande variété d'états d'oxydation, les plus stables étant l'état +6 pour l'uranium, +5 pour le protactinium et le neptunium, +4 pour le thorium et le plutonium, et +3 pour l'actinium et les autres actinides.

  • Actinium — Du point de vue chimique, il est semblable au lanthane, ce qui s'explique par leur rayon ionique et leur configuration Ă©lectronique semblables. Il possĂšde Ă©galement l'Ă©tat d'oxydation +3 mais est moins rĂ©actif et prĂ©sente des propriĂ©tĂ©s basiques plus prononcĂ©es. Ac3+ est plus acide des actinides trivalents, c'est-Ă -dire que c'est celui qui a le moins tendance Ă  l'hydrolyse en solution aqueuse.
  • Thorium — Il est chimiquement plutĂŽt rĂ©actif. Ses composĂ©s tĂ©travalents sont incolores en raison de l'absence d'Ă©lectrons dans les sous-couches 5f et 6d. À pH < 3, les solutions de sels de thorium sont dominĂ©es par les cations [Th(H2O)8]4+. L'ion Th4+ est relativement gros, avec un rayon variant de 95 pm Ă  114 pm en fonction du nombre de coordination. Les sels de thorium ont par consĂ©quent une faible tendance Ă  s'hydrolyser. Leur particularitĂ© est d'ĂȘtre extrĂȘmement solubles, non seulement dans l'eau mais Ă©galement dans les solvants organiques polaires.
  • Protactinium — Il prĂ©sente deux Ă©tats d'oxydation : +5 est stable, tandis que +4 s'oxyde facilement en protactinium(V). Une solution de protactinium tĂ©travalent s'obtient par consĂ©quent par l'action d'un rĂ©ducteur fort sous atmosphĂšre d'hydrogĂšne. Le protactinium(IV) est chimiquement semblable Ă  l'uranium(IV) et au thorium(IV). Les fluorures, phosphates, hypophosphates et iodates de protactinium(IV) sont insolubles dans l'eau et les acides diluĂ©s. Le protactinium forme en revanche des carbonates solubles. Les caractĂ©ristiques de l'hydrolyse des composĂ©s de protactinium(V) sont semblables Ă  celles des composĂ©s de tantale(V) et de niobium(V). Les propriĂ©tĂ©s chimiques complexes du protactinium rĂ©sultent du fait que c'est Ă  son niveau que la sous-couche 5f commence Ă  se remplir.
  • Uranium — Il prĂ©sente une valence de 3 Ă  6, cette derniĂšre Ă©tant la plus stable. À l'Ă©tat hexavalent, l'uranium est trĂšs semblable aux Ă©lĂ©ments du groupe 6. De nombreux composĂ©s d'uranium(IV) et d'uranium(VI) sont non stƓchiomĂ©triques, c'est-Ă -dire que leur composition chimique n'est pas constante et prĂ©sente un Ă©cart variable Ă  la stƓchiomĂ©trie. Ainsi, la formule chimique exacte du dioxyde d'uranium est UO2+ÎŽ, oĂč ÎŽ varie de -0,4 Ă  +0,32. Les composĂ©s d'uranium(VI) sont des oxydants faibles. La plupart d'entre eux contiennent le groupe linĂ©aire uranyle UO22+. De quatre Ă  six ligands peuvent se loger dans un plan Ă©quatorial perpendiculaire au groupe uranyle. Ce dernier se comporte comme un acide dur et forme des complexes plus forts avec des ligands donneurs d'oxygĂšne qu'avec des ligands donneurs d'azote. Les ions NpO22+ et PuO22+ sont Ă©galement des formes courantes du neptunium et du plutonium Ă  l'Ă©tat d'oxydation +6. Les composĂ©s d'uranium(VI) prĂ©sentent des propriĂ©tĂ©s rĂ©ductrices, c'est-Ă -dire qu'ils sont facilement oxydĂ©s par l'oxygĂšne de l'air. L'uranium(III) est un rĂ©ducteur fort. GrĂące Ă  la prĂ©sence d'Ă©lectrons dans la sous-couche 6d, l'uranium forme des composĂ©s organomĂ©talliques tels que UIII(C5H5)3 et UIV(C5H5)4.
  • Neptunium — Il prĂ©sente des valences allant de 3 Ă  7 pouvant ĂȘtre observĂ©es simultanĂ©ment en solution. L'Ă©tat d'oxydation le plus stable est +5, mais la valence 4 est la plus frĂ©quente dans les composĂ©s solides du neptunium. Le neptunium mĂ©tallique est trĂšs rĂ©actif. Les ions de neptunium tendent Ă  former des composĂ©s de coordination et sont facilement hydrolysĂ©s.
  • Plutonium — Il prĂ©sente Ă©galement des valences allant de 3 Ă  7 et est de ce fait chimiquement semblable au neptunium et Ă  l'uranium. Il est trĂšs rĂ©actif et il se forme rapidement un film d'oxyde sur ses surfaces exposĂ©es Ă  l'air libre. Il rĂ©agit avec l'hydrogĂšne mĂȘme Ă  des tempĂ©ratures aussi basses que 25 Ă  50 °C. Il forme facilement des halogĂ©nures et des alliages intermĂ©talliques. Le plutonium(V) peut prendre part Ă  des rĂ©actions de polymĂ©risation. Les rĂ©actions d'hydrolyse des ions de plutonium Ă  diffĂ©rents Ă©tats d'oxydation sont assez variables.
  • AmĂ©ricium — Il prĂ©sente la plus grande diversitĂ© chimique parmi les actinides, avec des valences allant de 2 Ă  6. L'amĂ©ricium divalent s'observe uniquement dans les composĂ©s secs et les solutions non aqueuses (acĂ©tonitrile CH3CN). Les Ă©tats d'oxydation +3, +5 et +6 s'observent typiquement en solution aqueuse, mais aussi Ă  l'Ă©tat solide. L'amĂ©ricium tĂ©travalent forme des composĂ©s solides stables (dioxyde, fluorure et hydroxyde) ainsi que des complexes en solution aqueuse. Sa valence la plus stable est 3 en solution aqueuse mais 3 ou 4 Ă  l'Ă©tat solide.

La valence 3 est la plus stable pour tous les Ă©lĂ©ments suivant l'amĂ©ricium jusqu'au lawrencium, hormis peut-ĂȘtre pour le nobĂ©lium. Le curium peut ĂȘtre tĂ©travalent dans les solides (fluorures, dioxyde). Le berkĂ©lium prĂ©sente, dans les fluorures et le dioxyde solides, une valence 4 plus stable que celle du curium, en plus de la valence 3 ; la stabilitĂ© de l'ion Bk4+ en solution est semblable Ă  celle de l'ion Ce4+. La valence 3 est la seule Ă  avoir Ă©tĂ© observĂ©e pour le californium, l'einsteinium et le fermium. La valence 2 a Ă©tĂ© observĂ©e pour le mendĂ©lĂ©vium et le nobĂ©lium ; dans ce dernier cas, elle est plus stable que la valence 3. Le lawrencium prĂ©sente une valence 3 aussi bien en solution que dans les composĂ©s solides.

Radioactivité

Isotopes les plus stables des actinides[4]
ÉlĂ©ment Radioisotope Demi-vie
Actinium 227Ac 21,772(3) a
Thorium 232Th 14,05(6) Ga
Protactinium 231Pa 32,76(11) ka
Uranium 238U 4,468(3) Ga
Neptunium 237Np 2 144(7) ka
Plutonium 244Pu 80(0,9) Ma
Américium 243Am 7,37(4) ka
Curium 247Cm 15,6(5) Ma
Berkélium 247Bk 1,38(25) ka
Californium 251Cf 900(40) a
Einsteinium 252Es 471,7(1,9) j
Fermium 257Fm 100,5(0,2) j
MendĂ©lĂ©vium 258Md 51,5(0,3) j
Nobélium 259No 58(5) min
Lawrencium 262Lr 4(1) h

On connaßt généralement un grand nombre d'isotopes pour chacun des actinides. Tous ces isotopes sont radioactifs (radioisotopes), et presque tous sont synthétiques. Seuls le thorium 232, l'uranium 235 et l'uranium 238 sont des nucléides primordiaux, tandis que le thorium 230, le protactinium 231 et l'uranium 234 sont présents en quantités significatives dans l'environnement comme produits de désintégration transitoires à longue demi-vie de l'uranium naturel. Ainsi, le thorium naturel est composé de 99,98(2) % de 232Th et de 0,02(2) % 230Th, le protactinium naturel est composé à 100 % de 231Pa, et l'uranium naturel est composé de 0,0054(5) % de 234U, 0,7204(6) % de 235U, et 99,2742(10) % de 238U.

  • Thorium — On connaĂźt 30 isotopes du thorium, du 209Th au 238Th. Le thorium 232 est le plus stable, avec une demi-vie de 14,05 milliards d'annĂ©es, lĂ©gĂšrement supĂ©rieure Ă  la valeur gĂ©nĂ©ralement acceptĂ©e pour l'Ăąge de l'univers. Il se dĂ©sintĂšgre Ă  travers une chaĂźne de dĂ©sintĂ©gration comptant 12 nuclĂ©ides et aboutissant au plomb 208. Les autres isotopes sont sensiblement plus instables : le thorium 230 a une demi-vie de 75 380 ans, le thorium 229 a une demi-vie de 7 340 ans, et le thorium 238 a une demi-vie de 1,92 ans. Tous les autres ont une demi-vie de moins de 30 jours, et la plupart ont une demi-vie de moins de 10 min. L'isomĂšre 229mTh est caractĂ©risĂ© par une Ă©nergie d'excitation particuliĂšrement faible, de l'ordre de 7,8 ± 0,5 eV.
  • Plutonium — On connaĂźt 20 isotopes du plutonium, du 228Pu au 247Pu. Les plus stables sont le plutonium 244, avec une demi-vie de 80,8 millions d'annĂ©es, le plutonium 242, avec une demi-vie de 373 300 ans, et le plutonium 239, avec une demi-vie de 24 110 ans. Tous les autres isotopes du plutonium ont une demi-vie infĂ©rieure Ă  7 000 ans. Parmi tous ces isotopes, 239Pu et 241Pu sont fissiles, ce dernier se dĂ©sintĂ©grant Ă©galement en amĂ©ricium 241 par Ă©mission ÎČ− avec une pĂ©riode de 14 ans. L'isotope 239Pu est l'un des trois matĂ©riaux fissiles utilisĂ©s pour produire des armes nuclĂ©aires et alimenter des rĂ©acteurs nuclĂ©aires. Par ailleurs, on connaĂźt Ă©galement huit isomĂšres, dont aucun n'a une demi-vie supĂ©rieure Ă  s.

Composés

Oxydes et hydroxydes

Certains actinides peuvent exister sous plusieurs formes oxydĂ©es telles que An2O3, AnO2, An2O5 et AnO3, oĂč An symbolise un actinide quelconque. Les trioxydes AnO3 sont amphotĂšres pour tous les actinides, tandis que les oxydes An2O3, AnO2 et An2O5 sont basiques, rĂ©agissant facilement avec l'eau pour donner des hydroxydes basiques :

An2O3 + 3 H2O → 2 An(OH)3.

Ces bases sont faiblement solubles dans l'eau et leur activitĂ© est proche de celle des hydroxydes des terres rares. La base la plus forte est celle de l'actinium. Tous les composĂ©s de l'actinium sont incolores, hormis le sulfure d'actinium Ac2S3. Les dioxydes d'actinides tĂ©travalents cristallisent dans le systĂšme cubique, avec la mĂȘme structure cristalline que le fluorure de calcium CaF2.

Le thorium réagit avec l'oxygÚne pour former exclusivement du dioxyde de thorium ThO2 :

Th + O2 → ThO2 Ă  1 000 °C.

Le dioxyde de thorium est un minĂ©ral rĂ©fractaire dont le point de fusion vaut 3 390 °C, le plus Ă©levĂ© connu pour un oxyde. L'addition de 0,8 Ă  1 % de ThO2 Ă  du tungstĂšne en stabilise la structure, ce qui permet de renforcer les filaments de tungstĂšne pour les rendre plus rĂ©sistants aux vibrations. Le ThO2 doit ĂȘtre chauffĂ© de 500 Ă  600 °C pour le dissoudre dans l'acide, tandis que son chauffage au-dessus de 600 °C produit une forme de dioxyde de thorium trĂšs rĂ©sistante aux acides. L'addition d'une petite quantitĂ© d'ions fluorure F− catalyse la dissolution du dioxyde de thorium dans les acides.

On connaĂźt deux oxydes de protactinium : le dioxyde noir PaO2 et l'oxyde blanc Pa2O5 ; le premier est isomorphe avec le dioxyde de thorium ThO2 mais le second est le plus facile Ă  produire. Ces deux oxydes sont basiques, et l'hydroxyde Pa(OH)5 est une base faible faiblement soluble.

La décomposition de certains sels d'uranium à l'air libre à 400 °C, par exemple le nitrate d'uranyle hydraté UO2(NO3)·6H2O, donne le trioxyde d'uranium UO3, de couleur orange. Cet oxyde est amphotÚre et forme plusieurs hydroxydes, dont le plus stable est UO2(OH)2. La réduction du trioxyde d'uranium par l'hydrogÚne conduit au dioxyde d'uranium UO2, dont les propriétés sont semblables à celle du dioxyde de thorium ThO2. Cet oxyde est également basique, donnant l'hydroxyde d'uranium U(OH)4.

Le neptunium, le plutonium et l'américium forment deux types d'oxydes basiques : An2O3 et AnO2. Le trioxyde de neptunium NpO3 est instable, de sorte qu'il n'est possible de produire que du Np3O8. Cependant, les oxydes de neptunium et de plutonium de formules génériques AnO2 et An2O3 sont bien caractérisés.

Sels

Les actinides rĂ©agissent facilement avec les halogĂšnes pour former des sels de formules gĂ©nĂ©riques AnX3 et AnX4, oĂč An reprĂ©sente un actinide quelconque et X un halogĂšne quelconque. Le premier composĂ© de berkĂ©lium a Ă©tĂ© synthĂ©tisĂ© en 1962 sous la forme de 3 ng du chlorure BkCl3. Les chlorures, bromures et iodures d'actinides sont solubles dans l'eau tandis que les fluorures sont insolubles, comme c'est Ă©galement le cas pour les sels correspondants de terres rares. L'uranium forme facilement un hexafluorure incolore, l'hexafluorure d'uranium UF6, qui se sublime Ă  56,5 °C ; cette propriĂ©tĂ© le rend utile pour sĂ©parer les isotopes de l'uranium par centrifugation en phase gazeuse ou par diffusion gazeuse. Les hexafluorures d'actinides ont des propriĂ©tĂ©s semblables Ă  celles des anhydrides. Ils sont trĂšs sensibles Ă  l'humiditĂ© et s'hydrolysent en formant des composĂ©s AnO2F2. Le pentachlorure d'uranium UCl5 et l'hexachlorure d'uranium (en) UCl6 ont Ă©tĂ© synthĂ©tisĂ©s mais sont tous les deux instables.

Lorsqu'ils réagissent avec des actinides, les acides donnent des sels ; lorsque ces acides ne sont pas oxydants, l'actinide reste dans un état d'oxydation peu élevé :

U + 2 H2SO4 → U(SO4)2 + 2 H2 ;
2 Pu + 6 HCl → 2 PuCl3 + 3 H2.

Cependant, l'hydrogÚne généré au cours de ces réactions peut réagir avec l'actinide pour former l'hydrure correspondant. L'uranium réagit avec les acides et l'eau bien plus facilement que le thorium.

Les sels d'actinides peuvent Ă©galement ĂȘtre obtenus par dissolution des hydroxydes correspondants dans des acides. Les nitrates, chlorures, sulfates et perchlorates d'actinides sont solubles dans l'eau. Lorsqu'ils cristallisent Ă  partir d'une solution aqueuse, ces sels forment des hydrates tels que Th(NO3)4·6H2O, Th(SO4)2·9H2O et Pu2(SO4)3·7H2O. Les sels d'actinides Ă  valence Ă©levĂ©e s'hydrolysent facilement. Les sulfate, chlorure, perchlorate et nitrate de thorium donnent ainsi des sels basiques tels que Th(OH)2SO4 et Th(OH)3NO3. La solubilitĂ© des actinides trivalents et tĂ©travalents suit celle des sels de lanthanides. Les phosphates, fluorures, oxalates, iodates et carbonates d'actinides sont ainsi faiblement solubles dans l'eau ; ils prĂ©cipitent sous forme d'hydrates, comme ThF4·3H2O et Th(CrO4)2·3H2O.

Les actinides Ă  l'Ă©tat d'oxydation +6 — hormis les cations de type AnO22+ — forment des anions complexes tels que [AnO4]2− ou encore [An2O7]2−, par exemple. Ainsi, l'uranium, le neptunium et le plutonium forment des sels de type Na2UO4 (uranate) et (NH4)2U2O7 (diuranate). Par rapport aux lanthanides, les actinides donnent plus facilement des composĂ©s de coordination, et ce d'autant plus que leur valence est Ă©levĂ©e. Les actinides trivalents ne forment pas de fluorures coordonnĂ©s, tandis que le thorium tĂ©travalent forme les complexes K2ThF6, KThF5 et mĂȘme K5ThF9. Le thorium forme Ă©galement les sulfates (par exemple Na2SO4·Th(SO4)2·5H2O), nitrates et thiocyanates correspondants. Les sels de formule gĂ©nĂ©rique An2Th(NO3)6·nH2O sont coordonnĂ©s, avec une coordinence Ă©gale Ă  12 pour le thorium. Les actinides pentavalents et hexavalents produisent des sels complexes encore plus facilement. Les composĂ©s de coordination d'actinides — thorium et uranium tĂ©travalents — les plus stables s'obtiennent Ă  partir de dicĂ©tones telles que l'acĂ©tylacĂ©tone H3C–CO–CH2–CO–CH3.

Toxicité

Les actinides sont des éléments chimiques toxiques, c'est-à-dire que le corps humain exposé à des actinides ou à leurs composés est susceptible de subir des lésions et de développer des maladies. Cette toxicité résulte à la fois des propriétés chimiques et de la radioactivité des actinides, de sorte qu'elle est trÚs variable en nature et en intensité d'un élément à l'autre.

Toxicité chimique

  • Thorium — Il prĂ©sente une toxicitĂ© chimique limitĂ©e en raison de la faible solubilitĂ© de ses composĂ©s, notamment du dioxyde de thorium ThO2, dans l'eau. Certains de ces composĂ©s sont cependant modĂ©rĂ©ment toxiques. La manipulation de tels composĂ©s peut entraĂźner des dermatites. Les symptĂŽmes peuvent apparaĂźtre des dizaines d'annĂ©es aprĂšs avoir Ă©tĂ© en contact avec ces composĂ©s. Par ailleurs, le thorium mĂ©tallique pulvĂ©rulent est pyrophorique et prend feu spontanĂ©ment Ă  l'air libre.
Pénétrateur en uranium appauvri. Les actinides présentent une toxicité chimique indépendante de leur radioactivité.
  • Uranium — L'essentiel de l'uranium ingĂ©rĂ© par voie orale est excrĂ©tĂ© Ă  l'issue de la digestion. Environ 0,5 % de sa fraction insoluble (notamment ses oxydes) et 5 % de sa fraction soluble (essentiellement sous forme d'ions uranyle UO22+) peuvent ĂȘtre absorbĂ©e au cours du processus. Cependant, ce sont les composĂ©s insolubles de l'uranium qui sont les plus dangereux, notamment lorsqu'ils sont inhalĂ©s sous formes d'aĂ©rosols, car ils se fixent dans les poumons, d'oĂč ils diffusent ensuite dans le reste du corps. Une fois passĂ© dans le sang, l'uranium tend Ă  s'accumuler prĂ©fĂ©rentiellement dans les os en raison de son affinitĂ© pour les phosphates ; il y demeure alors pendant plusieurs annĂ©es. Les effets sur la santĂ© sont multiples et se manifestent par des altĂ©rations du fonctionnement des reins, du cerveau, du foie, du cƓur et d'autres systĂšmes physiologiques en raison de la toxicitĂ© chimique de l'uranium[5]. L'uranium est Ă©galement reprotoxique[6] - [7]. Des Ă©tudes en laboratoire sur modĂšle animal ont montrĂ© que les ions uranyle UO22+, provenant par exemple de trioxyde d'uranium UO3, de nitrate d'uranyle UO2(NO3)2 ou d'autres composĂ©s d'uranium hexavalent, provoquent des maladies congĂ©nitales et des atteintes au systĂšme immunitaire[8]. Parmi les composĂ©s de l'uranium, l'hexafluorure d'uranium UF6, trĂšs utilisĂ© dans l'industrie nuclĂ©aire pour l'enrichissement de l'uranium, prĂ©sente un risque particulier en raison de la formation d'acide fluorhydrique au contact des tissus biologiques. Enfin, l'uranium mĂ©tallique pulvĂ©rulent est pyrophorique, ce qui induit un risque d'incendie dans la mesure oĂč des grains de petite taille prennent feu spontanĂ©ment Ă  l'air libre et Ă  tempĂ©rature ambiante.

Radiotoxicité

(en) Pénétration de différents rayonnements ionisants à travers une feuille de papier, une feuille d'aluminium, et une brique de plomb.

Comme toutes les substances radioactives, les actinides peuvent provoquer des lĂ©sions des tissus par contamination superficielle de la peau, par exposition interne rĂ©sultant de l'ingestion de radioisotopes, et par exposition externe essentiellement aux radiations ÎČ et aux rayons Îł. Le rayonnement α ne traverse pas la peau, mais peut en revanche traverser les muqueuses des organes internes.

  • Actinium — Avec le radium et les transuraniens, c'est l'un des Ă©lĂ©ments prĂ©sentant la radioactivitĂ© la plus dangereuse, avec une activitĂ© spĂ©cifique particuliĂšrement Ă©levĂ©e pour les radiations α. La principale caractĂ©ristique de l'actinium est de s'accumuler dans les couches superficielles des os et d'y demeurer. Lors des phases initiales de l'empoisonnement Ă  l'actinium, cet Ă©lĂ©ment s'accumule Ă©galement dans le foie. Il est particuliĂšrement dangereux par le fait que le temps nĂ©cessaire Ă  son excrĂ©tion par le corps humain est supĂ©rieur Ă  celui de sa dĂ©sintĂ©gration radioactive, de sorte que la majeure partie de l'actinium absorbĂ© se dĂ©sintĂšgre dans l'organisme. Son absorption par l'appareil digestif est cependant trĂšs infĂ©rieure Ă  celle du radium.
  • Thorium — Étant un Ă©lĂ©ment naturel, le thorium est prĂ©sent partout en trĂšs faibles quantitĂ©s, de sorte que le corps humain en contient typiquement de l'ordre de 100 ÎŒg et en absorbe 3 ÎŒg par jour. 200 ppm du thorium absorbĂ© est fixĂ© par l'organisme, les trois quarts dans les os. Il se dĂ©sintĂšgre trĂšs lentement et Ă©met des rayons α qui sont dangereux s'ils proviennent de l'intĂ©rieur du corps. L'inhalation d'aĂ©rosols contaminĂ©s expose ainsi Ă  un risque accru de cancer du poumon, de cancer du pancrĂ©as et de leucĂ©mie, tandis que l'ingestion de nourriture contaminĂ©e expose Ă  un risque accru de cancer du foie. Si la radiotoxicitĂ© du thorium lui-mĂȘme est assez limitĂ©e, le thorium 232, son isotope principal, se dĂ©sintĂšgre en donnant des nuclĂ©ides tels que le radium et le radon qui sont sensiblement plus dangereux. C'est la raison pour laquelle l'utilisation de dioxyde de thorium ThO2 dans les manchons Ă  incandescence prĂ©sente un risque de contamination radioactive car les oxydes des radionuclĂ©ides 228Ra, 224Ra, 212Pb et 212Bi prĂ©sentent un point de fusion infĂ©rieur Ă  celui du ThO2 et sont donc vaporisĂ©s lors de l'utilisation du manchon, conduisant Ă  l'inhalation de radium.
  • Protactinium — Il tend Ă  s'accumuler dans les reins et les os. La dose maximum tolĂ©rĂ© par le corps humain est de 0,03 Â”Ci, ce qui correspond environ Ă  0,5 Â”g de 231Pa.
  • Uranium — La radiotoxicitĂ© de l'uranium rĂ©sulte de ses Ă©missions α. Elle suit sa toxicitĂ© chimique (voir plus haut) et devient prĂ©pondĂ©rante pour des enrichissements en uranium 235 supĂ©rieurs Ă  6 % ; la toxicitĂ© chimique de l'uranium est prĂ©pondĂ©rante en dessous de ce seuil d'enrichissement, comme c'est notamment le cas pour l'uranium appauvri.
  • Plutonium — Il s'accumule dans les poumons, le foie et les os quel que soit le mode de contamination — par voie aĂ©rienne, par voie alimentaire ou Ă  la suite d'une blessure avec un objet contaminĂ© — et y demeure pour des dĂ©cennies. À peine un dixiĂšme de la quantitĂ© absorbĂ©e atteint d'autres organes. La persistance du plutonium dans l'organisme s'explique en partie par sa faible solubilitĂ© dans l'eau. Certains isotopes du plutonium Ă©mettent des rayonnements α qui provoquent des lĂ©sions dans les cellules environnantes. Plusieurs mĂ©thodes, donnant des rĂ©sultats trĂšs diffĂ©rents, permettent d'approcher la dose maximum tolĂ©rĂ©e par l'organisme avant de dĂ©velopper des maladies. Ainsi, la dose lĂ©tale mĂ©diane du plutonium aprĂšs 30 jours par injection intraveineuse chez le chien est de 0,32 mg kg−1, ce qui permet d'estimer la dose lĂ©tale pour un homme de 70 kg Ă  environ 22 mg de plutonium. La quantitĂ© correspondante pour une contamination par voie aĂ©rienne devrait ĂȘtre environ quatre fois cette dose. À l'inverse, la dose maximum pouvant ĂȘtre tolĂ©rĂ©e sans effet toxique peut ĂȘtre estimĂ©e en Ă©valuant la toxicitĂ© du plutonium Ă  2 % de celle du radium, ce qui conduit Ă  une dose maximum tolĂ©rable de ”g, soit 0,3 Â”Ci. Une quantitĂ© si faible est Ă  peine visible au microscope. Les Ă©tudes sur modĂšle animal ont conduit Ă  rĂ©duire encore davantage cette valeur, Ă  seulement 0,65 Â”g, soit 0,04 Â”Ci. Ces Ă©tudes ont montrĂ© que la voie de contamination la plus dangereuse est la voie aĂ©rienne, Ă  la suite de laquelle entre 5 et 25 % de la quantitĂ© inhalĂ©e se fixe dans l'organisme. En fonction de la taille des particules et de la solubilitĂ© des composĂ©s du plutonium, la contamination se fixe dans les poumons, dans le systĂšme lymphatique, ou passe dans la circulation sanguine jusqu'Ă  atteindre le foie et les os. La contamination alimentaire est la voie la moins probable. Dans ce cas, environ 0,05 % des composĂ©s de plutonium solubles et 0,01 % des composĂ©s insolubles passent dans le sang, tandis que le reste est excrĂ©tĂ©. L'exposition d'une lĂ©sion cutanĂ©e Ă  du plutonium conduit en revanche Ă  absorber la presque totalitĂ© de celui-ci.

Abondance naturelle et minerais

Autunite (jaune) sur pechblende.

Le thorium et l'uranium sont les deux actinides les plus abondants dans le milieu naturel, avec une fraction pondĂ©rale respective de 1,6 × 10-5 et 4 × 10-6[9]. L'uranium est prĂ©sent dans l'Ă©corce terrestre sous la forme d'un mĂ©lange d'oxydes entrant dans la composition de la pechblende, ou uraninite. Il existe des dizaines d'autres minĂ©raux contenant de l'uranium, comme la carnotite K2(UO2)2(VO4)2·3H2O et l'autunite Ca(UO2)2(PO4)2·10-12H2O. La composition isotopique de l'uranium est de 99,274 % d'uranium 238, 0,7204 % d'uranium 235 et 0,0054 % d'uranium 234 ; l'isotope 238U possĂšde la demi-vie la plus longue : 4,51 milliards d'annĂ©es. La production mondiale d'uranium en 2015 s'Ă©levait Ă  60 496 t, dont 23 800 t au Kazakhstan et 13 325 t au Canada, tandis que les rĂ©serves mondiales en 2013 s'Ă©levaient Ă  5 902 900 t, dont 29 % en Australie et 12 % au Kazakhstan[10].

Les minéraux les plus abondants contenant du thorium sont la thorianite ThO2, la thorite (Th,U)SiO4 et la monazite (Ce,La,Nd,Th)PO4. La plupart des minéraux à thorium contiennent également de l'uranium, tandis que la plupart des minéraux à uranium contiennent également du thorium ; ces minéraux contiennent également une fraction de lanthanides.

L'abondance pondĂ©rale de l'actinium dans l'Ă©corce terrestre n'est que de 5 × 10-17. On le trouve dans les minĂ©raux contenant de l'uranium, le plus souvent dans une proportion correspondant Ă  l'Ă©quilibre isotopique avec l'uranium 235, son isotope parent. Le protactinium est plus abondant que l'actinium, avec une abondance pondĂ©rale d'environ 10-14. Sa concentration dans les minerais d'uranium suit celle de l'uranium 235.

La demi-vie du neptunium 237, isotope le plus stable du neptunium, est nĂ©gligeable comparĂ©e Ă  l'Ăąge de la Terre, de sorte que cet Ă©lĂ©ment n'existe dans le milieu naturel que comme produit intermĂ©diaire de dĂ©sintĂ©gration d'autres isotopes radioactifs. L'abondance naturelle du plutonium 240, isotope le plus stable du plutonium, est de 3 × 10-22 : son extrĂȘme raretĂ© fait que le plutonium utilisĂ© dans l'industrie nuclĂ©aire et dans celle de l'armement est entiĂšrement synthĂ©tisĂ© artificiellement.

Extraction

En raison de la faible abondance nautrelle des actinides, leur extraction Ă  partir des minerais passe par des procĂ©dĂ©s complexes en plusieurs Ă©tapes. On utilise gĂ©nĂ©ralement des fluorures comme produits intermĂ©diaires car ils sont insolubles dans l'eau et peuvent ĂȘtre facilement purifiĂ©s par des rĂ©actions d'oxydorĂ©duction. Les fluorures sont rĂ©duits par le calcium, le magnĂ©sium et le baryum :

2 AmF3 (en) + 3 Ba → 3 BaF2 + 2 Am, de ;
PuF4 + 2 Ba → 2 BaF2 + Pu, 1 200 °C ;
UF4 + 2 Mg → U + 2 MgF2, > 500 °C.

La principale difficulté de l'extraction de l'actinium, par exemple, est la grande similitude de ses propriétés avec celles du lanthane, ce qui fait qu'il est généralement synthétisé par des réactions nucléaires à partir d'isotopes du radium, ou alors séparé à l'aide de procédés par échange d'ions.

Extraction du thorium

Le thorium et l'uranium sont les premiers actinides Ă  pouvoir ĂȘtre isolĂ©s. Le thorium est essentiellement extrait de la monazite. On fait rĂ©agir le pyrophosphate de thorium ThP2O7 avec de l'acide nitrique HNO3, ce qui donne du nitrate de thorium Th(NO3)4, lequel est traitĂ© au phosphate de tributyle (CH3CH2CH2CH2O)3PO. Les terres rares Ă©galement prĂ©sentes dans la monazite sont Ă©liminĂ©es en augmentant le pH dans une solution de sulfate.

Dans une autre mĂ©thode d'extraction, la monazite est dĂ©composĂ©e avec une solution aqueuse d'hydroxyde de sodium NaOH Ă  140 °C. Les hydroxydes mĂ©talliques sont extraits en premier, filtrĂ©s Ă  80 °C, lavĂ©s Ă  l'eau et dissous dans l'acide chlorhydrique concentrĂ©. La solution acide est alors neutralisĂ©e avec des hydroxydes jusqu'Ă  pH = 5,8, ce qui conduit Ă  la formation d'un prĂ©cipitĂ© d'hydroxyde de thorium Th(OH)4 contenant environ 3 % d'hydroxydes de terres rares, le reste des hydroxydes de terres rares demeurant en solution. L'hydroxyde de thorium est dissous dans un acide minĂ©ral et purifiĂ© de sa contamination par les terres rares. La dissolution de l'hydroxyde de thorium dans l'acide nitrique est une mĂ©thode efficace car la solution qui en rĂ©sulte peut ĂȘtre purifiĂ©e par extraction avec des solvants organiques.

Th(OH)4 + 4 HNO3 → Th(NO3)4 + 4 H2O.

Le thorium métallique (pur) est séparé de l'oxyde, du chlorure et du fluorure anhydres par réaction avec le calcium sous atmosphÚre inerte :

ThO2 + 2 Ca → 2 CaO + Th.

Le thorium est parfois extrait par Ă©lectrolyse d'un fluorure dans un mĂ©lange de chlorure de sodium NaCl et de chlorure de potassium KCl de 700 Ă  800 °C dans un creuset en graphite. Le thorium hautement purifiĂ© peut ĂȘtre extrait Ă  partir de son iodure par procĂ©dĂ© Van-Arkel-de-Boer.

Extraction de l'uranium

L'uranium est extrait de ses minerais de plusieurs façons. Une méthode consiste à brûler le minerai puis à le faire réagir avec de l'acide nitrique pour faire passer l'uranium en solution. En traitant cette solution avec une solution de phosphate de tributyle (CH3CH2CH2CH2O)3PO dans le kérosÚne conduit à la formation d'un composé organométallique de formule UO2(NO3)2((CH3CH2CH2CH2O)3PO)2. Les impuretés insolubles sont filtrées et l'uranium est extrait par réaction avec des hydroxydes sous forme de (NH4)2U2O7 ou avec du peroxyde d'hydrogÚne H2O2 sous forme de UO4·2H2O.

Lorsque le minerai d'uranium est riche en minĂ©raux tels que la dolomite CaMg(CO3)2 ou la magnĂ©site MgCO3, cette mĂ©thode consomme beaucoup d'acide. On prĂ©fĂšre dans ce cas utiliser la mĂ©thode au carbonate pour en extraire l'uranium. Son ingrĂ©dient principal est une solution aqueuse de carbonate de sodium Na2CO3, qui convertit l'uranium en un complexe [UO2(CO3)3]4−, lequel est stable en solution aqueuse Ă  faible concentration d'ions hydroxyde. L'avantage de cette mĂ©thode est que ses rĂ©actifs sont moins corrosifs que les nitrates et qu'elle fait prĂ©cipiter la plupart des mĂ©taux autres que l'uranium. Son inconvĂ©nient est que les composĂ©s d'uranium tĂ©travalent prĂ©cipitent Ă©galement. Pour cette raison, le minerai d'uranium est traitĂ© au carbonate de sodium Ă  haute tempĂ©rature et sous pression d'oxygĂšne :

2 UO2 + O2 + 4 HCO3− + 2 CO32− → 2 [UO2(CO3)3]4− + 2 H2O.

Cette Ă©quation suggĂšre que le meilleur solvant pour le traitement du carbonate d'uranium est un mĂ©lange de carbonate CO32− et de bicarbonate HCO3−. À pH Ă©levĂ©, cela conduit Ă  la prĂ©cipitation de diuranate, qui est ensuite traitĂ© Ă  l'hydrogĂšne en prĂ©sence de nickel pour donner un tĂ©tracarbonate d'uranium insoluble.

Un autre mode de séparation fait appel à des résines polymériques utilisées comme polyélectrolyte. Dans de tels dispositifs, l'uranium est séparé à l'aide de processus d'échange d'ions dans ces résines, puis est extrait de ces résines à l'aide de nitrate d'ammonium NH4NO3 ou d'acide nitrique HNO3 pour donner du nitrate d'uranyle UO2(NO3)2·6H2O. Ce dernier est alors chauffé pour donner du trioxyde d'uranium UO3, qui est réduit en dioxyde d'uranium UO2 avec l'hydrogÚne :

UO3 + H2 → UO2 + H2O.

La réaction du dioxyde d'uranium avec l'acide fluorhydrique HF donne du tétrafluorure d'uranium UF4 :

4 HF + UO2 → UF4 + 2 H2O.

Le tétrafluorure d'uranium donne de l'uranium métallique par réaction avec le magnésium.

Extraction du plutonium

Afin d'extraire le plutonium du combustible nucléaire irradié, on commence par traiter l'uranium irradié aux neutrons avec de l'acide nitrique HNO3, puis un réactif comme le sulfate de fer(II) FeSO4 ou le peroxyde d'hydrogÚne H2O2 est ajouté à la solution pour agir comme réducteur en faisant ramener l'état d'oxydation du plutonium de +6 à +4 tandis que l'uranium demeure sous la forme de nitrate d'uranyle UO2(NO3)2. Les composés du plutonium(IV) sont enfin précipités sous l'action du carbonate d'ammonium (NH4)2CO3, qui fait remonter le pH jusqu'à 8.

Dans une autre méthode, le plutonium(IV) et l'uranyle UO22+ sont tout d'abord extraits par le phosphate de tributyle (CH3CH2CH2CH2O)3PO, puis sont mis à réagir avec l'hydrazine N2H4 pour récupérer le plutonium.

Applications

Intérieur d'un détecteur de fumée dont la chambre d'ionisation contient de l'américium 241.
Pacemaker Ă  source de 150 mg de plutonium 238.

Hormis l'uranium et le plutonium, utilisĂ©s par l'industrie nuclĂ©aire et pour la conception d'armes nuclĂ©aires, l'amĂ©ricium — notamment l'amĂ©ricium 241 — est utilisĂ© dans les chambres d'ionisation des dĂ©tecteurs de fumĂ©e, et le thorium a Ă©tĂ© utilisĂ© dans les manchons Ă  incandescence. L'utilisation comme combustible nuclĂ©aire tire parti de la trĂšs grande quantitĂ© d'Ă©nergie libĂ©rĂ©e lors de la fission de ces atomes, et de leur propriĂ©tĂ© de pouvoir entretenir une rĂ©action en chaĂźne.

  • Uranium — L'isotope le plus important pour la production d'Ă©nergie nuclĂ©aire est l'uranium 235. La fission d'un gramme d'uranium 235 libĂšre environ 1 MW·jour. Cet isotope est prĂ©sent dans le minerai d'uranium Ă  hauteur de 0,72 % et est employĂ© dans les rĂ©acteurs Ă  neutrons thermiques. Cet isotope absorbe en effet les neutrons thermiques, dĂ©clenchant une rĂ©action de fission au cours de laquelle d'autres neutrons sont Ă©mis, ce qui permet, lorsque la masse critique est atteinte, d'entretenir une rĂ©action en chaĂźne. La fission d'un atome d'uranium consiste Ă  faire Ă©clater son noyau en deux fragments, avec libĂ©ration de neutrons ; les fragments sont de nature variable, et le nombre de neutrons libĂ©rĂ©s Ă©galement, par exemple :
235
92
U
+ 1
0
n
→ 115
45
Rh
+ 118
47
Ag
+ 3 1
0
n
.
Le thorium 232 et l'uranium 233 sont Ă©galement des isotopes potentiellement intĂ©ressants du point de vue de la production d'Ă©nergie nuclĂ©aire. L'Ă©mission de neutrons lors de la rĂ©action de fission est importante non seulement pour entretenir la rĂ©action en chaĂźne, mais Ă©galement pour produire des nuclĂ©ides plus lourds par capture neutronique suivie de dĂ©sintĂ©grations ÎČ−. L'uranium 239 se transmute ainsi en plutonium 239 par dĂ©sintĂ©grations ÎČ−, isotope Ă©galement capable de fission spontanĂ©e. Le premier rĂ©acteur nuclĂ©aire a ainsi Ă©tĂ© construit non pas pour produire de l'Ă©nergie nuclĂ©aire mais pour produire du plutonium 239 Ă  des fins militaires.
  • Plutonium — L'utilisation de cet Ă©lĂ©ment est avant tout militaire. Le plutonium 239 en est un composant essentiel dans la mesure oĂč il est Ă  la fois fissile et relativement facile Ă  produire. Son utilisation permet de rĂ©duire la masse critique Ă  environ le tiers de celle nĂ©cessaire avec l'uranium 235. Le plutonium 238 est potentiellement un isotope plus efficace pour les rĂ©acteurs nuclĂ©aires en raison de sa masse critique plus faible que celle de l'uranium 235, mais il continue de d'Ă©mettre de l'Ă©nergie thermique par dĂ©sintĂ©gration mĂȘme lorsque la rĂ©action en chaĂźne est arrĂȘtĂ©e par des barres de contrĂŽle, et son coĂ»t de revient est relativement Ă©levĂ©. C'est la raison pour laquelle il est utilisĂ© pour la rĂ©alisation de thermopiles pour l'astronautique et de gĂ©nĂ©rateurs thermoĂ©lectriques Ă  radioisotopes pour l'exploration spatiale. Dans la mesure oĂč sa dĂ©sintĂ©gration produit des particules α relativement inoffensives et ne produit pas de rayons Îł, cet isotope est utilisĂ© comme source d'Ă©nergie pour pacemakers, oĂč 160 mg assurent une durĂ©e d'alimentation cinq fois plus Ă©levĂ©e que les piles conventionnelles.

DĂ©couverte et synthĂšse des actinides

Voies de production

Enrico Fermi suggéra l'existence de transuraniens en 1934.

Contrairement aux lanthanides, qui se rencontrent dans la nature en quantités appréciables (à l'exception du prométhium), la plupart des actinides sont des éléments trÚs rares. Les éléments naturels les plus abondants sont le thorium et l'uranium ; et le plus facile à synthétiser est le plutonium ; les autres ne se rencontrent guÚre qu'à l'état de traces.

La possibilité d'éléments transuraniens a été suggérée par Enrico Fermi sur la base de ses expériences de 1934[11] - [12]

Les transuraniens ne se trouvent pas en quantité significative dans la nature, et sont produits par réaction nucléaire. Il y a de nos jours deux grandes voies pour produire les isotopes au-delà du plutonium : l'irradiation par des flux de neutrons conduisant à une capture neutronique, ou l'irradiation par des faisceaux de particules, dans un accélérateur de particules.

La premiÚre voie est la principale pour les applications pratiques, la production d'actinides en quantité pondérale n'étant possible que par irradiation en réacteur nucléaire ; elle est toutefois limitée aux premiers éléments de la famille. Par exemple, dans des conditions d'irradiation neutronique d'un réacteur nucléaire, l'uranium 238 se transforme en partie en plutonium 239 : Les actinides de masses atomiques plus élevées sont synthétisés grùce à un accélérateur de particules en bombardant de l'uranium, du plutonium, du curium ou du californium avec des ions d'azote, d'oxygÚne, de carbone, de néon ou de bore. L'avantage de la seconde méthode est qu'elle permet de produire des éléments nettement plus lourds que le plutonium, ainsi que des isotopes présentant un déficit de neutrons. Ainsi, le nobélium a été produit en bombardant de l'uranium 238 avec du néon 22, suivant la réaction nucléaire : .

Entre 1962 et 1966, les États-Unis conduisirent une sĂ©rie de six essais nuclĂ©aires souterrains pour essayer d'analyser la production des isotopes lourds dans un contexte de haut flux neutronique. De petits Ă©chantillons de roche furent prĂ©levĂ©s immĂ©diatement aprĂšs l'explosion pour analyser les produits de l'explosion, mais aucun isotope de masse atomique supĂ©rieure Ă  257 ne fut jamais identifiĂ©, bien que la thĂ©orie prĂ©voyait Ă  l'Ă©poque, dans cette rĂ©gion, un Ăźlot de stabilitĂ© d'isotopes ayant une pĂ©riode radioactive relativement longue en radioactivitĂ© alpha.

DĂ©couverte des actinides naturels

SynthĂšse des transuraniens[13]
N°NomUICPAIsotope
découvert
Année de
découverte
MĂ©thode de
découverte
89ActiniumAcnaturel 1899SĂ©paration chimique
90ThoriumThnaturel 1829SĂ©paration chimique
91ProtactiniumPa234 mPa 1913SĂ©paration chimique
92UraniumUnaturel 1789SĂ©paration chimique
93NeptuniumNp 239neptunium 1940 Bombardement de 238U
par des neutrons lents
94PlutoniumPu 238plutonium 1941 Bombardement de 238U
par des deutons
95AmériciumAm 241américium 1944 Bombardement de 239Pu
par des neutrons
96CuriumCm 242curium 1944 Bombardement de 239Pu
par des particules α
97BerkéliumBk 243berkélium 1949 Bombardement de 241Am
par des particules α
98CaliforniumCf 245californium 1950 Bombardement de 242Cm
par des particules α
99EinsteiniumEs einsteinium 1952 En tant que produit de
l'explosion nucléaire Ivy Mike
100FermiumFm 255fermium 1952 En tant que produit de
l'explosion nucléaire Ivy Mike
101MendéléviumMd 256mendélévium 1955 Bombardement de 253Es
par des particules α
102NobéliumNo 256nobélium 1965 Bombardement de 243Am
par de l'15N
ou bombardement de 238U
par des particules α
ou bombardement de 238U
par du 22Ne
103LawrenciumLr 258lawrencium 1961–1971 Bombardement de 252Cf
par du 10B ou du 11B
et de 243Am par de l' 18O
  • L'uranium a Ă©tĂ© isolĂ© en 1789 par le chimiste allemand Martin Heinrich Klaproth Ă  partir de minerai de pechblende. Il baptisa cette matiĂšre « uranium » en rĂ©fĂ©rence Ă  la planĂšte Uranus, qui avait Ă©tĂ© dĂ©couverte huit annĂ©es plus tĂŽt. Klapoth obtint un prĂ©cipitĂ© jaune (probablement du diuranate de sodium) par dissolution de la pechblende dans de l'acide nitrique, puis en neutralisant la solution obtenue par de l'hydroxyde de sodium. Il rĂ©duisit alors ce prĂ©cipitĂ© jaune avec du charbon de bois, et obtint une substance noirĂątre qu'il prit pour un mĂ©tal[14]. Ce n'est que soixante ans plus tard que le chimiste français EugĂšne-Melchior PĂ©ligot analysa cette poudre comme de l'oxyde d'uranium. Il isola Ă©galement le premier Ă©chantillon mĂ©tallique d'uranium, en chauffant du tĂ©trachlorure d'uranium en prĂ©sence de potassium[15]. La masse atomique de l'uranium Ă©tait alors estimĂ©e Ă  120, mais en 1872, Dmitri MendeleĂŻev rĂ©visa cette valeur Ă  240 en se fondant sur son tableau pĂ©riodique des Ă©lĂ©ments. Par la suite, cette valeur fut confirmĂ©e expĂ©rimentalement en 1882 par K. Zimmerman[16] - [17].
  • L'oxyde de thorium a Ă©tĂ© dĂ©couvert par Friedrich Wöhler dans un minerai de NorvĂšge en 1827. Ce minerai fut analysĂ© par Jöns Jacob Berzelius en 1828. Par rĂ©duction du tĂ©trachlorure de thorium avec du potassium, il obtint un mĂ©tal qu'il appela thorium, en rĂ©fĂ©rence Ă  Thor, dieu du tonnerre et des Ă©clairs de la mythologie nordique[18] - [19]. C'est cette mĂȘme mĂ©thode qui fut par la suite utilisĂ©e par PĂ©logot pour isoler l'uranium.
  • L'actinium a Ă©tĂ© dĂ©couvert en 1899 par AndrĂ©-Louis Debierne, un assistant de Marie Curie, dans les restes de pechblende qui avaient Ă©tĂ© traitĂ©s pour en extraire le radium et le polonium. Il dĂ©crivit initialement cette substance comme similaire au titane[20] puis (en 1900) comme similaire au thorium[21]. Cette dĂ©couverte de l'actinium par Devierne a cependant Ă©tĂ© remise en cause en 1971[22] et en 2000[23], sur la base de ce que les travaux publiĂ©s par Devbierne en 1904 contredisaient ses publications prĂ©cĂ©dentes de 1899 et 1900. Le terme «actinium» vient du grec aktis, aktinos (αÎșÏ„ÎŻÏ‚, αÎșÏ„ÎŻÎœÎżÏ‚) qui signifie un rayon lumineux. Du fait de sa similaritĂ© avec le lanthane et de sa trĂšs faible abondance, l'actinium ne fut isolĂ© Ă  l'Ă©tat pur qu'en 1950.
  • Le protactinium fut peut-ĂȘtre isolĂ© en 1900 par William Crookes[24]. Il fut identifiĂ© en 1913, quand Kazimierz Fajans et Oswald Helmuth Göhring (es) identifiĂšrent son isotope 234 mPa (d'une demi-vie de 1,17 minute) dans leur Ă©tude de la chaĂźne de dĂ©sintĂ©gration de 238U. Ils appelĂšrent initialement ce nouvel Ă©lĂ©ment « brĂ©vium » (du latin brevis, d'une courte durĂ©e). En 1918 deux groupes de scientifiques conduits par l'Autrichienne Lise Meitner, l'Allemand Otto Hahn et l'Anglais John Cranston (en) firent indĂ©pendamment la dĂ©couverte de l'isotope 231Pa, et lui donnĂšrent le nom de protoactinium (du grec Ï€Ïáż¶Ï„ÎżÏ‚ + ጀÎșÏ„ÎŻÏ‚, le premier des rayonnants), terme abrĂ©gĂ© en protactinium en 1949. Cet Ă©lĂ©ment ne fut guĂšre caractĂ©risĂ© avant 1960, date Ă  laquelle A. G. Maddock et ses collaborateurs parvinrent Ă  produire 130 grammes de protactinium Ă  partir de 60 tonnes de dĂ©chets de minerai d'uranium.

SynthĂšse des actinides artificiels

Glenn T. Seaborg et son équipe de l'université de Californie à Berkeley synthétisa Pu, Am, Cm, Bk, Cf, Es, Fm, Md, No et l'élément 106, qui fut de son vivant nommé seaborgium en son honneur. Ils synthétisÚrent au total plus de cent isotopes d'actinides.

La famille des actinides transuraniens a été découverte aux débuts de la physique nucléaire, entre les années 1940 et 1960.

Identification comme famille d'éléments

De mĂȘme que les lanthanides, les actinides forment une famille d'Ă©lĂ©ments aux propriĂ©tĂ©s chimiques semblables.

Toutefois, bien que quatre actinides étaient déjà connus dans les années 1930, le fait qu'ils puissent former une famille comparable aux lanthanides n'avait pas encore été compris. Le point de vue prédominant à l'époque était qu'ils formaient une suite réguliÚre d'éléments de la septiÚme période, dans laquelle thorium, protactinium et uranium avaient sur la sixiÚme période le hafnium, le tantale et le tungstÚne comme analogues respectifs. C'est probablement Victor Goldschmidt qui introduisit le terme « actinide » en 1937[26] - [27].

Mais la synthÚse des transuraniens renversa progressivement cette vision des choses. En 1944, le constat que le curium ne présente pas de degré d'oxydation au-dessus de 4 (alors que son analogue supposé, le platine, peut atteindre un degré d'oxydation de 7) conduisit Glenn Seaborg à formuler l'hypothÚse d'une famille d'actinides. L'étude des actinides déjà isolés et la découverte d'autres éléments transuraniens confirma l'existence de cette famille de transition.

Production d'actinides dans les réacteurs nucléaires

Captures neutroniques

Les flux neutroniques d'une explosion atomique conduisent à des actinides de masse atomique beaucoup plus élevées que ceux rencontrés dans des réacteurs nucléaires.

Les actinides artificiels qui prĂ©sentent un intĂ©rĂȘt pratique sont les noyaux lourds (isotopes) formĂ©s dans les rĂ©acteurs par capture successive de neutrons par les noyaux du combustible.

Lors de l'irradiation en rĂ©acteur, les atomes d'actinide prĂ©sents dans le combustible peuvent capturer un neutron sans subir de fission. C'est le cas notamment de l'isotope 238 de l'uranium, qui n'est pas fissile en spectre thermique ; mais tous les actinides prĂ©sents prĂ©sentent une section efficace de capture neutronique. La vitesse de transmutation en rĂ©acteur dĂ©pend de la valeur de cette section efficace. Pour un flux neutronique en rĂ©acteur typique de l'ordre de 1 Ă— 1014 n cm−2 s−1, une section efficace de l'ordre de σ=1 barn (soit 1 Ă— 10−24 cm2) aura en un an (soit 3,156 Ă— 107 s) une dĂ©plĂ©tion de : 1 Ă— 1014 n cm−2 s−1 × 1 Ă— 10−24 cm2 × 3,156 Ă— 107 s = 0,316 %

Le barn est l'ordre de grandeur de la section efficace de capture de l'238U, soit 2,68 barns en neutrons thermique : au bout d'un an en rĂ©acteur, prĂšs de 1 % (2,68 x 0,316 = 0,846 %) de l'uranium aura Ă©tĂ© transformĂ© en plutonium. Cependant, ce calcul qui assimile la « dĂ©plĂ©tion » Ă  une probabilitĂ© de capture n'est correct qu'en premiĂšre approximation, lorsque cette probabilitĂ© est faible ; la probabilitĂ© rĂ©elle d'avoir subi la rĂ©action suit en rĂ©alitĂ© non pas une loi linĂ©aire mais une loi exponentielle, saturant asymptotiquement Ă  100 %. Ainsi, une section efficace de 1000 barns conduira dans les mĂȘmes conditions Ă  calculer une « dĂ©plĂ©tion » mille fois plus importante, mais en termes de probabilitĂ© la part effectivement touchĂ©e n'est Ă©videmment pas un absurde 315,6 %, mais : 1-exp(-3.156) = 95,74 % La demi-vie en rĂ©acteur d'un tel isotope est la durĂ©e pour laquelle cette « dĂ©plĂ©tion » vaut Log(2)=69,31 %. Cette demi-vie est donc inversement proportionnelle Ă  la section efficace. Si dans l'exemple ci-dessus la « dĂ©plĂ©tion » est de 3.156 par an, la moitiĂ© de l'isotope sera consommĂ© en Log(2)/3.156 ans = 0.22 ans = 80 jours.

Ces captures, le plus souvent suivies de dĂ©croissance radioactive bĂȘta moins, conduisent Ă  une augmentation du numĂ©ro atomique (du nombre de protons contenus dans le noyau). À partir de l'uranium initial il se forme alors des transuraniens : d'abord du plutonium, puis des actinides mineurs : principalement le neptunium (237) (produit d'une part par capture de l'uranium 236 formĂ© Ă  partir de l'uranium 235 –environ 20,3 % des fissions et 16,8 % des captures– et d'autre part par rĂ©action (n,2n) sur l'uranium 238), l’amĂ©ricium (241, 243) et le curium (243, 244, 245).

Les isotopes des Ă©lĂ©ments transuraniens ont souvent une demi-vie trĂšs courte. Les actinides Ă  demi-vie trĂšs courte prĂ©sentent un excĂšs de neutrons, qu'ils rĂ©solvent rapidement (avec des demi-vies de l'ordre de la journĂ©e) par radioactivitĂ© bĂȘta moins, par transformation d'un neutron en un proton (qui augmente d'une unitĂ© le numĂ©ro atomique) et d'un Ă©lectron expulsĂ© du noyau.

Quelques isotopes de Np, Pu, Am et Cm sont relativement plus stables, et sont produits en quantitĂ©s pondĂ©rables dans les rĂ©acteurs nuclĂ©aires. Les principaux sont le plutonium, le neptunium 237(reprĂ©sente Ă  lui seul prĂšs de 50 % des actinides mineurs formĂ©s), les amĂ©ricium 241 et 243 et les curium 244 et 245 (les proportions typiques sont donnĂ©es plus loin). Ils ont gĂ©nĂ©ralement une radioactivitĂ© alpha, avec une demi-vie qui peut aller de quelques dizaines annĂ©es pour les curiums 243 et 244 Ă  2,144 millions d'annĂ©es pour le plus stable, le neptunium 237.

Ce sont ces actinides que l'on peut retrouver comme sous-produits d'un rĂ©acteur nuclĂ©aire. MĂȘme s'ils ne sont pas nĂ©cessairement fissiles en neutrons thermiques, ils sont tous fissibles avec une section efficace de 0,5 Ă  2 barn avec des neutrons d'Ă©nergie > 2 MeV. Ils peuvent donc ĂȘtre dĂ©truits en rĂ©acteur Ă  neutrons rapides, ou peuvent ĂȘtre considĂ©rĂ©s comme dĂ©chets dĂ©finitifs et stockĂ©s comme dĂ©chets nuclĂ©aires HAVL.

Équilibre neutronique des rĂ©acteurs

Dans un rĂ©acteur nuclĂ©aire, une rĂ©action nuclĂ©aire ne peut fonctionner de maniĂšre auto-entretenue que si les neutrons produits par la fission d'un atome (gĂ©nĂ©ralement de deux et demi Ă  trois en moyenne) ne subissent pas trop de pertes avant de contribuer Ă  une nouvelle fission. Outre les pertes par diffusion et par activation des constituants du rĂ©acteur, les neutrons sont Ă©galement consommĂ©s quand il y a une capture neutronique par un noyau d'actinide. De ce fait, la capacitĂ© des actinides Ă  absorber des neutrons en fait en premiĂšre approche un poison neutronique : plus il y en a dans le cƓur du rĂ©acteur, et plus la rĂ©activitĂ© du cƓur sera compromise. Si on laisse trop d'actinides dans le cƓur d'un rĂ©acteur nuclĂ©aire, il peut Ă  terme ne plus fonctionner.

En deuxiĂšme approche, l'existence d'actinides fissiles viennent nuancer ce bilan, en ce qui concerne les radionuclĂ©ides fertiles. Si par exemple la capture neutronique faite par un atome de 238U fait perdre un neutron dans l'Ă©quilibre neutronique du cƓur sans bĂ©nĂ©fice immĂ©diat, elle transforme aussi Ă  terme cet atome en un atome de 239Pu fissile. À plus longue Ă©chĂ©ance, un second neutron pourra faire fissionner ce dernier et produire les « deux et demi Ă  trois en moyenne » neutrons associĂ©s Ă  cette derniĂšre fission. La capture d'un neutron, dans ce cas, conduit donc Ă  un dĂ©ficit immĂ©diat sur la rĂ©activitĂ©, mais le bilan neutronique global reste en moyenne lĂ©gĂšrement positif : globalement, deux neutrons ajoutĂ©s Ă  l'atome de 238U auront produit « deux et demi Ă  trois en moyenne » neutrons nouveaux, ce qui ne compromet pas fondamentalement la possibilitĂ© d'une rĂ©action en chaĂźne.

En revanche, si l'isotope produit n'est pas un isotope fertile, le bilan neutronique est nĂ©cessairement nĂ©gatif : il faudra au moins une capture neutronique supplĂ©mentaire pour conduire Ă  une fission ; et le bilan global sera au mieux de trois neutrons pour une fission, qui ne produit que « deux et demi Ă  trois en moyenne » neutrons nouveaux : la prĂ©sence de cet isotope aura Ă©tĂ© une charge pour l'Ă©quilibre neutronique du cƓur.

La charge des actinides sur le bilan neutronique est d'autant pire que le nombre de neutrons Ă  absorber avant d'atteindre un isotope fissile sera important.

Pour les actinides supĂ©rieurs (berkĂ©lium et curium), les captures neutroniques successives conduisent Ă  des radioisotopes fortement radioactifs en radioactivitĂ© alpha, qui Ă©mettent un noyau d'hĂ©lium, Ă©ventuellement avant d'avoir eu le temps de fissionner. Dans ce cas, le bilan neutronique est encore plus noir : l'Ă©mission d'une particule alpha signifie que globalement quatre neutrons ont Ă©tĂ© absorbĂ©s (dont deux transformĂ©s en protons) sans produire de fission, et le noyau est retournĂ© au stade oĂč il Ă©tait quatre captures neutroniques en amont : si un noyau suit un tel cycle, quatre neutrons auront Ă©tĂ© consommĂ©s en perte sĂšche pour ce qui est de l'entretien de la rĂ©action nuclĂ©aire.

Cet impact des actinides sur le bilan neutronique est surtout important pour les réacteurs modérés. Dans le cas des réacteurs à neutrons rapides, les actinides formés sont tous plus ou moins fissibles ; ils sont donc plus rapidement consommés par le flux neutronique, et une capture neutronique éventuelle conduit directement à un autre atome fissible, comme c'est le cas pour les noyaux fertiles.

Actinides du cycle du thorium

Transmutations dans le cycle du thorium
230Th 4→231Th←232Th 9→233Th(En blanc : tÂœ<27 j)
↓↓
231Pa 4→232Pa←233Pa→234Pa(ColorĂ© : tÂœ>68 a)
↑↓↓↓
231U←232U 1↔233U 5↔234U 5↔235U 9↔236U 7→237U
↓↓↓↓
(Produits de fissions Ă  tÂœ<90 a ou tÂœ>200 ka)237Np 6

Dans le cas d'un réacteur fonctionnant sur le cycle du thorium, l'actinide initial est formé par le thorium 232, qui est un isotope fertile.

  • 232Th capte un neutron (σ=7.3b) pour devenir 233Th. Celui-ci Ă©met rapidement (T/2=22,3 min) un Ă©lectron (et un neutrino) par l'Ă©mission bĂȘta, pour se muer en protactinium 233, un premier actinide mineur ; et dans une seconde Ă©mission bĂȘta (T/2=27 j), 233Pa devient de l'uranium 233, le combustible.
  • 233U est la matiĂšre fissile de ce cycle (σ=530b). Cependant, dans un peu moins de 10 % des cas[28] il peut absorber Ă  son tour un neutron (σ=47b), pour former du 234U fertile.
  • 234U est relativement stable (T/2=245 500 ans) et est un isotope fertile. Par une capture supplĂ©mentaire (σ=98b), il finit gĂ©nĂ©ralement par former du 235U, qui est la matiĂšre fissile du cycle de l'uranium.

Le cycle du thorium ne peut ĂȘtre envisagĂ© que dans le cadre d'un cycle surgĂ©nĂ©rateur, oĂč le bilan neutronique permet de crĂ©er la matiĂšre fissile qui alimentera le cycle. Dans cette production de la matiĂšre fissile, une petite partie (10 % des cas) est perdue pour ce cycle, mais se retrouvera dans le cycle de l'uranium : la perte d'un neutron ne compte donc ici que pour 10 %, le devenir du radionuclĂ©ide Ă©tant discutĂ© au cycle suivant.

Uranium 232 et radioprotection

Outre les captures neutroniques, dans le cas du thorium les réactions (n,2n) sont importantes par leurs conséquences. De telles réactions sont l'inverse d'une capture : le neutron incident quand il est suffisamment énergétique fait en quelque sorte un « carreau » (comme à la pétanque) et déloge du noyau un neutron supplémentaire, faisant baisser d'une unité son poids atomique.

Ce phénomÚne peut intervenir dans deux points du cycle du thorium, suivant que l'expulsion intervient avant ou aprÚs une premiÚre capture :

  • initialement, un atome de 232Th peut par rĂ©action (n,2n) sur des neutrons de plus de 6,4 MeV se transformer en 231Th, qui se transforme rapidement en 231Pa. Dans un deuxiĂšme temps, celui-ci pourra absorber un neutron supplĂ©mentaire, formant du 232Pa qui se transforme rapidement en 232U ;
  • alternativement, aprĂšs la premiĂšre capture neutronique par le thorium, le 233Pa du cycle principal peut par rĂ©action (n,2n) sur des neutrons de plus de 6,6 MeV former du 232Pa, qui finit de mĂȘme en 232U.

Cet uranium 232, faiblement fissile et fertile (σ~74b), atteint assez rapidement son Ă©quilibre sĂ©culaire et accompagne donc Ă  l'Ă©tat de trace l'uranium 233 normalement formĂ© par le cycle.

Ce marquage isotopique de l'uranium 233 est important, parce que la chaĂźne de dĂ©sintĂ©gration de 232U comprend un Ă©metteur gamma trĂšs Ă©nergĂ©tique, donc trĂšs pĂ©nĂ©trant. D'autre part, ses descendants sont tous de demi-vie trĂšs brĂšve, l'Ă©quilibre sĂ©culaire avec ces Ă©metteurs gamma est donc trĂšs rapidement atteint. Enfin, la demi-vie T/2= 68,9 ans de 232U le rend Ă  la fois fortement radioactif, et trĂšs persistant Ă  l'Ă©chelle de temps historique (sa radioactivitĂ© n'aura diminuĂ© d'un facteur mille qu'au bout de sept siĂšcles).

Ce rayonnement impose des protections radiologiques importantes dans toutes les opĂ©rations concernant l'uranium produit par ce cycle, mĂȘme quand il a Ă©tĂ© isolĂ© des produits de fission et des autres actinides, ce qui rend ces opĂ©rations techniquement plus complexes et Ă©conomiquement plus couteuses. Cet inconvĂ©nient est au contraire un avantage en ce qui concerne la lutte contre la prolifĂ©ration, parce que le rayonnement gamma produit par cet uranium est trĂšs facile Ă  dĂ©tecter, ce qui rend impossible toute dissimulation de cette matiĂšre Ă  des contrĂŽles officiels.

Actinides du cycle de l'uranium

Le cycle de l'uranium se fonde sur la fission de l'uranium 235.

  • 235U est une matiĂšre fissile, mais dans environ un cas sur six, capte un neutron sans fissionner pour former 236U, quasi stable (TÂœ = 23,42 Ma).
  • 236U laissĂ© en irradiation finit par former 237U, qui se transforme rapidement (TÂœ = 6,75 j) en neptunium 237, quasi stable (TÂœ = 2,144 Ma).
  • 237Np capture un neutron (σ = 176) pour former 238Np, lequel se transforme rapidement (TÂœ = 2,1 j) en plutonium 238, fortement radioactif (TÂœ = 87,75 ans).
  • 238Pu est faiblement fissile, et si l'on poursuit l'irradiation, se transformera dans plus de 90 % des cas en plutonium 239, oĂč il rejoint le cycle du plutonium.

Pour ĂȘtre complet sur le cycle de l'uranium, il convient de noter que l'uranium 238, base du cycle du plutonium, peut Ă©galement perdre un neutron par une rĂ©action (n,2n). Il se transforme alors en 237U puis en 237Np.

Le neptunium est l'actinide important de ce cycle. 237Np peut ĂȘtre sĂ©parĂ© chimiquement des combustibles irradiĂ©s, puis remis en irradiation dans des cibles d'irradiation pour produire du plutonium 238, dont il est Ă  nouveau sĂ©parĂ© chimiquement. Ce 238Pu peut ainsi ĂȘtre obtenu sans ĂȘtre mĂ©langĂ© Ă  239Pu issu de l'irradiation de 238U prĂ©sent dans le combustible initial. Il sert principalement pour la fabrication de gĂ©nĂ©rateur thermoĂ©lectrique Ă  radioisotope.

Actinides du cycle du plutonium

Formation des actinides en réacteurs nucléaire à partir de l'238U.

Dans le cas d'un réacteur fonctionnant sur le cycle du plutonium, l'actinide initial est formé par l'uranium 238, qui est un isotope fertile.

  • 238U capte parfois un neutron pour former du 239U, lequel se transforme rapidement (TÂœ = 24 min) en neptunium 239, puis (TÂœ = 2,3 jours) en plutonium 239, la principale matiĂšre fissile de ce cycle. C'est essentiellement l'intĂ©grale de rĂ©sonance qui contribue Ă  cette absorption (σ = 275,6 b Ă  300 K), la capture de neutrons thermiques Ă©tant comparativement nĂ©gligeable (σ = 2,69 b)[29]. L'intĂ©grale de rĂ©sonance augmentant avec la tempĂ©rature, ce phĂ©nomĂšne introduit une rĂ©troaction nĂ©gative stabilisant le fonctionnement des rĂ©acteurs nuclĂ©aires.
  • 239Pu est une matiĂšre assez stable (TÂœ = 24 110 ans) et fissile (σ = 790 b), mais une fois sur trois (σ = 271 b)[30] il capture le neutron incident pour former du 240Pu.
  • 240Pu, stable en rĂ©acteur (TÂœ = 6 563 ans), est fertile (σ = 297,2 b)[31] : sous irradiation il peut capturer un neutron pour former du 241Pu fissile.
  • 241Pu est une matiĂšre fortement radioactive (TÂœ = 14,35 ans) et fissile (σ = 1,060 kb)[32]. Sous irradiation, il peut nĂ©anmoins capturer un neutron une fois sur quatre (σ = 373,7 b)[32] et se transformer en 242Pu.
  • 242Pu est stable (TÂœ = 373 000 ans). En capturant parfois un neutron (σ = 20,09 b)[33] il se transforme en 243Pu, trĂšs instable, qui se transforme rapidement (TÂœ = h) en americium 243.

Le plutonium formĂ© par ce cycle, qui peut ĂȘtre extrait chimiquement, est un mĂ©lange isotopique contenant au dĂ©part surtout du 239Pu, et d'autant plus d'isotopes plus lourds (240, 241 et 242) que l'irradiation aura Ă©tĂ© prolongĂ©e longtemps.

La principale caractĂ©ristique du plutonium, par contraste avec l'uranium naturel, est d'ĂȘtre naturellement enrichi en isotopes fissiles : la mise en Ɠuvre d'une « simple » sĂ©paration chimique est suffisante pour obtenir de la matiĂšre fissile, sans avoir besoin de recourir Ă  une sĂ©paration isotopique. Cela en fait la principale matiĂšre premiĂšre nĂ©cessaire pour alimenter un cycle surgĂ©nĂ©rateur, en concurrence avec l'uranium fortement enrichi, pour les projets de rĂ©acteurs de quatriĂšme gĂ©nĂ©ration. C'est Ă©galement parce que cette matiĂšre fissile est d'obtention comparativement plus facile que l'uranium hautement enrichi que la premiĂšre explosion nuclĂ©aire a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©e avec du plutonium, et que la prolifĂ©ration nuclĂ©aire passe le plus souvent par le dĂ©tournement Ă  des fins militaires du plutonium produit dans des rĂ©acteurs nuclĂ©aires rĂ©putĂ©s civils, mais hors contrĂŽle de l'AIEA.

La sĂ©rie du plutonium formĂ© en rĂ©acteur s'arrĂȘte en pratique au 242Pu du fait de la trĂšs forte instabilitĂ© du 243Pu, qui dans le flux neutronique relativement limitĂ© des rĂ©acteurs, se dĂ©sintĂšgre (TÂœ = h) statistiquement bien avant d'avoir pu capturer un neutron supplĂ©mentaire (TÂœ de l'ordre de quelques dizaines d'annĂ©es en rĂ©acteur), ce qui aurait formĂ© du 244Pu. Paradoxalement, donc, le plutonium 244, seul isotope suffisamment stable pour ĂȘtre prĂ©sent Ă  l'Ă©tat de traces dans la nature, est pratiquement absent du plutonium formĂ© en rĂ©acteur. Sa formation naturelle est due aux trĂšs hauts flux neutroniques rencontrĂ©s dans le processus r de l'explosion des supernovĂŠ ; et on en retrouve Ă©galement des traces dans les isotopes formĂ©s lors d'une explosion atomique.

Américium et radioprotection

En dehors des irradiations trĂšs brĂšves conçues pour produire essentiellement du 239Pu, et donc destinĂ©es Ă  un usage militaire, le plutonium formĂ© comprendra toujours une fraction significative de 241Pu. La formation de ce plutonium s'accompagne alors d'une faible production d'amĂ©ricium, qui le rend Ă  terme trĂšs fortement irradiant Ă  cause de l'isotope 241Am. En attendant suffisamment longtemps, la radioactivitĂ© bĂȘta de 241Pu en transformera une fraction en americium 241 (TÂœ = 14,35 ans), premiĂšre Ă©tape de sa chaĂźne de dĂ©sintĂ©gration. Dans 85 % des cas, la dĂ©sintĂ©gration α se produit par une Ă©mission d'une particule de 5,485 MeV vers un Ă©tat excitĂ© du 237Np, qui libĂšre ensuite un rayon gamma de 59,54 KeV pour revenir Ă  son fondamental. Le spectre Ă©nergĂ©tique de la dĂ©sintĂ©gration de l'amĂ©ricium 241 Ă©tant cependant complexe avec de nombreuses transitions diffĂ©rentes possibles, il gĂ©nĂšre au total plus de 200 raies d'Ă©missions alpha, gamma et X[34].

  • 241Am est trĂšs faiblement fissile (σ = 3,122 b)[35] ; en rĂ©acteur c'est surtout un poison neutronique qui tend Ă  capurer un neutron (σ = 691,4 b)[35] pour former du 242Am Ă  90 % et son isomĂšre 242mAm Ă  10 %[36]. Bien que formĂ© majoritairement, 242Am est trĂšs fortement radioactif (TÂœ = 16 h) et forme rapidement du 242Cm (Ă  83 %) ou du 242Pu.
  • 242mAm sous irradiation en rĂ©acteur est un isotope qui disparaĂźt rapidement. Il est facilement fissile (σ = 7,028 kb)[37], mais une fois sur six ou sept, il capture un neutron supplĂ©mentaire pour former du 243Am (σ = 1,258 kb)[37].
  • 243Am provient donc d'une capture neutronique effectuĂ©e soit par 242mAm, soit par 242Pu. C'est le plus stable des isotopes de l'amĂ©ricium, avec une demi-vie de 7 370 ans. C'est Ă©galement un poison neutronique mineur, capturant un neutron pour former du 244Am (σ = 80,83 b)[38], lequel se dĂ©sintĂšgre trĂšs rapidement (TÂœ = 10,1 h) pour former du 244Cm.

L'amĂ©ricium que l'on peut sĂ©parer par voie chimique a donc une composition isotopique potentiellement trĂšs variable. Le point d'entrĂ©e dans la production de l'AmĂ©ricium est donc le 241Pu, qui rĂ©sulte d'une irradiation prolongĂ©e en rĂ©acteur. À partir de cet isotope, le temps produira de l'241Am Ă  partir du moment oĂč l'Ăąge du 241Pu formĂ© est une fraction significative de sa demi-vie (TÂœ = 14,35 ans) ; une irradiation prolongĂ©e de 241Pu produira du 242Pu puis du 243Am ; et une irradiation prolongĂ©e de 241Pu ĂągĂ© produira une fraction significative de 242mAm.

S'agissant du plutonium, la production continue d'241Am complique fortement son utilisation par les mesures de radioprotection qu'il impose, d'autant plus nĂ©cessaire que le plutonium sera plus ĂągĂ© : sa radioactivitĂ© croĂźt fortement avec le temps, jusqu'Ă  atteindre son Ă©quilibre sĂ©culaire en une cinquantaine d'annĂ©es. Il est possible d'Ă©liminer l'amĂ©ricium par voie chimique, le rendant temporairement peu irradiant, et ce plutonium « frais » peut alors ĂȘtre employĂ© avec des contraintes de radioprotection beaucoup plus faible. Mais seule la fraction de 241Pu dĂ©jĂ  transformĂ©e en 241Am peut ĂȘtre ainsi Ă©liminĂ©e, le reliquat continuant Ă  produire du 241Am en permanence. Cet Ă©tat faiblement irradiant ne dure donc pas, tant que la fraction de 241Pu reste significative dans le mĂ©lange. Avec une demi-vie de 14,35 ans, il faut donc attendre quelques siĂšcles pour que la sĂ©paration de l'amĂ©ricium permette d'obtenir du plutonium Ă  la fois faiblement irradiant, et le restant Ă  long terme.

Actinides mineurs ultérieurs

L'entrée dans la série du curium peut se faire par deux points :

  • l'amĂ©ricium 241 peut capturer un neutron pour se transformer en 242Am, puis rapidement (T/2=16h) en curium 242, ou en 242Pu du cycle prĂ©cĂ©dent ;
  • l'amĂ©ricium 243 peut capturer un neutron pour se transformer en 244Am, puis rapidement (T/2=10h) en curium 244.
Captures neutroniques successives des actinides mineurs.

Une fois atteint le curium, les captures neutroniques successives vont augmenter la masse du noyau depuis 242Cm jusqu'Ă  249Cm.

  • Dans cette sĂ©rie, les premiers Ă©lĂ©ments (242 Ă  244) sont fortement radioactifs, et retransforment les noyaux en plutonium par une radioactivitĂ© alpha.
  • Dans cette sĂ©rie, les Ă©lĂ©ments 243Cm, 245Cm et 246Cm sont fissiles.

À partir de 245Cm, les demi-vies sont supĂ©rieures au millier d'annĂ©es, et la voie d'Ă©volution principale sous irradiation sera soit la fission, soit l'accumulation de neutrons jusqu'au 248Cm.

  • 248Cm peut capturer un neutron et se transformer en 249Cm, qui se transforme rapidement en berkĂ©lium 249.
  • 249Bk peut se dĂ©sintĂ©grer en 249Cf, ou capturer un autre neutron pour se transformer en 250Bk qui se dĂ©sintĂšgre rapidement en 250Cf.

Les radionucléides de californium sont assez fortement radioactifs. Ils peuvent soit accumuler encore des neutrons, passant de 249Cf à 252Cf, soit subir une désintégration alpha qui les fera retomber sur la série du curium.

L'accumulation des neutrons plafonne en pratique sur le californium 253, trĂšs instable, qui subit rapidement une dĂ©sintĂ©gration alpha suivie d'une bĂȘta, fait retomber l'isotope sur le mĂȘme cycle : 253Cf ⇒ 249Cm ⇒ 249Bk. Le cycle peut alors repartir pour quatre absorption neutronique supplĂ©mentaires produisant Ă  chaque fois un noyau d'hĂ©lium.

Problématique de l'élimination

Des études et expérimentions ont été conduites pour évaluer les possibilités de transmutation en réacteur de ces éléments, d'une maniÚre qui privilégie la fission sur la capture neutronique. Si la capture neutronique est trop importante, on tombe en effet sur les cycles supérieurs décrits ci-dessus.

Le bilan neutronique étant toujours une question importante, la bonne façon d'éliminer les actinides mineurs est donc de les fissionner le plus rapidement possible, et pour ce faire, d'utiliser un réacteurs à neutrons rapides voire un réacteur nucléaire piloté par accélérateur.

Actinides et déchets nucléaires

Généralités

Schéma de transformation du combustible en réacteur à neutrons thermiques.

La masse totale d'actinides mineurs formĂ©s dans le combustible retraitĂ© issu des rĂ©acteurs Ă  eau pressurisĂ©e (taux de combustion moyen de 33 000 Ă  45 000 MWj/tMLi[39]) varie en fonction du taux de combustion et du type de combustible utilisĂ© (uranium naturel enrichi ou MOX ou URE) entre 2,7 et 3,2 % de la masse de produits de fission formĂ©s. On peut donc voir que la « perte » en atomes lourds occasionnĂ©e par la mise au dĂ©chet des actinides mineurs ne dĂ©passe pas 3,5 % de la ressource totale en uranium.

La composition massique typique des actinides mineurs dans le combustible retraitĂ© (33 000 Ă  45 000 MWj/tMLi[39]) cinq ans aprĂšs dĂ©chargement du rĂ©acteur est donnĂ©e ci-aprĂšs. Pour les corps Ă  pĂ©riode infĂ©rieure Ă  mille ans, le tableau figure le premier isotope Ă  vie trĂšs longue (supĂ©rieure Ă  mille ans) rencontrĂ© dans la dĂ©croissance vers la situation stable (le plomb dans la majoritĂ© des cas).

Corps PĂ©riode % mini % maxi 1er descendant Ă  vie trĂšs longue PĂ©riode du descendant Observation
Cm 242 162,19 j 0,01 0,03 U 234 245,5 ka en passant par 238Pu
Total vie trĂšs courte < 1 a 0,01 0,03
Cm 244 18,1 a 2,50 4,00 Pu 240 6,56 ka
Cm 243 29,1 a 0,03 0,05 Pu 239 24,1 ka
Total vie moyenne 1 a < < 31 a 2,53 4,05
Np 237 2,144 Ma 45,00 55,00
Am 241 432,2 a 30,00 33,00 Np 237 2,144 Ma
Am 243 7,37 ka 12,00 14,00
Cm 245 8,5 ka 0,15 0,20
Am 242m 141 a 0,08 0,12 U 234 245,5 ka
Cm 246 4,73 ka 0,02 0,04
Total vie longue > 31 a 87,25 100,0
Total général sans objet 100,0 100,0 2,7 à 3,2 % des PF

Tous ces éléments, notamment ceux à vie courte et moyenne, contribuent fortement au dégagement thermique du combustible irradié et des déchets. Ils sont tous émetteur alpha ou ont des descendants qui le sont[40] et produisent donc de l'hélium.

Risques et dangers liés aux actinides mineurs (AMin)

À l'usine de retraitement les AMin, Ă  l'Ă©tat chimique d'oxydes, se retrouvent mĂ©langĂ©s aux produits de fission (PF). IncorporĂ©s dans un verre, ils constituent une partie des dĂ©chets de type C (HAVL)[41] De façon gĂ©nĂ©rale, ils reprĂ©sentent les dĂ©chets radioactifs qui posent les principaux problĂšmes, notamment au niveau du stockage des dĂ©chets radioactifs en couche gĂ©ologique profonde pour les raisons suivantes :

  • en tant qu'Ă©metteurs alpha, ils prĂ©sentent une forte toxicitĂ© chimique et radiologique si l'Ă©lĂ©ment entre dans la chaĂźne alimentaire (inhalĂ©, injectĂ© ou ingĂ©rĂ©) ;
  • ils dĂ©gagent une forte chaleur ; les Ă©missions alpha des actinides sont toutes Ă  une Ă©nergie Ă©levĂ©e de l'ordre de 4,5 Ă  5,5 MeV ;
  • ils dĂ©gagent de l'hĂ©lium, qui est suspectĂ© de pouvoir dĂ©grader la cohĂ©sion du verre de conditionnement des dĂ©chets[42].

En revanche, il est Ă©tabli qu'ils n'ont qu'une trĂšs faible mobilitĂ© dans les sols et l'environnement oĂč ils se trouveraient dispersĂ©s[43]

Tableau de synthĂšse

Actinides par chaßne de désintégration Période
a
Produits de fission par abondance de production
4n 4n+1 4n+2 4n+3
2,25-3,5 % 0,015-0,7 % < 0,0065 %
228Ra№ 0 4–6 † 155EuĂŸ0
244Cm 1 241Puƒ 1 250Cf 1 227Ac№ 1 10–29 90Sr 1 85Kr 1 113mCdĂŸ 1
232Uƒ 1 238Pu 1 243Cmƒ 1 29–97 137Cs 1 151SmĂŸ 1 121mSn 1
249Cfƒ 2 242mAmƒ 2 141–351

Aucun produit de fission
n'a une demi-vie
comprise entre
100 et 100 000 ans

241Am 2 251Cfƒ 2 430–900
226Ra№ 3 247Bk 3 1,3k–1,6k
240Pu 3 229Th 3 246Cm 3 243Am 3 4,7k–7,4k
245Cmƒ 3 250Cm 3 8,3k–8,5k
239Puƒ 4 24,11k
230Th№ 4 231Pa№ 4 32k–76k
236Npƒ 5 233Uƒ 5 234U№ 5 100k–250k ‡ 99Tc₡ 5 126Sn 5
248Cm 5 242Pu 5 280k–375k 79Se₡ 5
1,53M 93Zr 6
237Np 6 2,1M–6,5M 135Cs₡ 6 107Pd 6
236U 7 247Cmƒ 7 15M–24M 129₡ 7
244Pu№ 7 80M

Aucun atome au-dessus de 15,7 Ma

232Th№ 9 238U№ 9 235Uƒ№ 9 0,703G–14G

LĂ©gende
₡ Section efficace de capture dans la plage 8–50 barns
ƒ Fissile
m MĂ©tastable
№ Isotope naturel
ĂŸ Poison neutronique (section efficace de capture supĂ©rieure Ă  3 000 barns)
† Plage 4 a–97 a : produit de fission à vie moyenne
‡ Au-dessus de 100 ka : produit de fission à vie longue
a = année julienne = 365,25 jours exactement

Notes et références

  1. (en) P. R. Fields, M. H. Studier, H. Diamond, J. F. Mech, M. G. Inghram, G. L. Pyle, C. M. Stevens, S. Fried, W. M. Manning, A. Ghiorso, S. G. Thompson, G. H. Higgins et G. T. Seaborg, « Transplutonium Elements in Thermonuclear Test Debris », Physical Review, vol. 102, no 1,‎ , p. 180-182 (DOI 10.1103/PhysRev.102.180, Bibcode 1956PhRv..102..180F, lire en ligne)
  2. Les actinides mineurs représentent entre 2,7 % et 3,2 % en masse des produits de fission
  3. (en) CRC Handbook of Chemistry and Physics, section 1 : Basic Constants, Units, and Conversion Factors, sous-section : Electron Configuration of Neutral Atoms in the Ground State, 84e Ă©d., en ligne, CRC Press, Boca Raton, Floride, 2003.
  4. (en) « Radioactive elements », sur International Union of Pure and Applied Chemistry (IUPAC) – Commission on Isotopic Abundances and Atomic Weights (CIAAW), (consultĂ© le ).
  5. (en) Elena S. Craft, Aquel W. Abu-Qare, Meghan M. Flaherty, Melissa C. Garofolo, Heather L. Rincavage et Mohamed B. Abou-Donia, « Depleted and natural uranium: chemistry and toxicological effects », Journal of Toxicology and Environmental Health, Part B, vol. 7, no 4,‎ , p. 297-317 (PMID 15205046, DOI 10.1080/10937400490452714, lire en ligne)
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  12. Jagdish Mehra et Helmut Rechenberg, The historical development of quantum theory, Springer, (ISBN 978-0-387-95086-0, lire en ligne), p. 966–.
  13. Le nobélium et le lawrencium ont été découverts quasiment simultanément par les chercheurs américains et soviétiques.
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  20. AndrĂ©-Louis Debierne, « Sur une nouvelle matiĂšre radio-active », Comptes rendus, vol. 129,‎ , p. 593–595 (lire en ligne)
  21. AndrĂ©-Louis Debierne, « Sur une nouvelle matiĂšre radio-actif – l'actinium », Comptes rendus, vol. 130,‎ 1900–1901, p. 906–908 (lire en ligne)
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  23. J. P. Adloff, « The centenary of a controversial discovery: actinium », Radiochim. Acta,, vol. 88, nos 3–4_2000,‎ , p. 123–128 (DOI 10.1524/ract.2000.88.3-4.123)
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  29. 92-U-238 cross section table
  30. Sections efficaces du Pu 239
  31. 94-Pu-240 cross-section table
  32. 94-Pu-241 cross-section table
  33. 94-Pu-242 cross-section table
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  37. 95-Am-241m cross-section table
  38. 95-Am-243 cross-section table
  39. tMLi : tonne de MĂ©tal Lourd initial.
  40. Voir l'article Chaßne de désintégration.
  41. Voir les articles Déchets radioactifs et Déchets radioactifs générés par la production d'électricité d'origine nucléaire en France.
  42. http://www.laradioactivite.com/fr/site/pages/Verres_R7T7.htm
  43. http://www.laradioactivite.com/fr/site/pages/RadiotoxiciteCU.htm

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes



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