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Neutrino

Le neutrino est une particule Ă©lĂ©mentaire du modĂšle standard de la physique des particules. Les neutrinos sont des fermions de spin Âœ, plus prĂ©cisĂ©ment des leptons. Ils sont Ă©lectriquement neutres. Il en existe trois « saveurs Â» : Ă©lectronique, muonique et tauique.

Neutrinos
PremiÚre observation d'un neutrino dans une chambre à bulle d'hydrogÚne en 1970 : un neutrino (non visible) percute un proton (qui se déplace ensuite le long de la courte ligne, au-dessus de la trace centrale), produisant un muon (à l'origine de la longue trace rectiligne centrale) et un pion (à l'origine de la trace juste en dessous du muon).
Propriétés générales
Classification
Composition
ÉlĂ©mentaires
Propriétés physiques
Masse
  • Îœe : < 0,086 eV/c2[1]
  • ΜΌ : < 170 keV/c2
  • Μτ : < 18 MeV/c2
  • somme des trois < 0,120 eV/c2 (Ă  95 % de confiance)[2]

En notant Îœ1,2,3 les Ă©tats propres de masse,

  • Δm2
    12
    ≈ 7,6 Ă— 10−5 eV2
  • Δm2
    13
    ≈ 2,4 Ă— 10−3 eV2
Charge Ă©lectrique
0
Spin
œ
Durée de vie
Stable

L’existence du neutrino a Ă©tĂ© postulĂ©e pour la premiĂšre fois en 1930 par Wolfgang Pauli pour expliquer le spectre continu de la dĂ©sintĂ©gration bĂȘta ainsi que l’apparente non-conservation du moment cinĂ©tique, et sa premiĂšre confirmation expĂ©rimentale remonte Ă  1956.

Parce que la découverte de ces particules est récente et parce qu'elles interagissent faiblement avec la matiÚre, au début du XXIe siÚcle de nombreuses expériences sont consacrées à connaßtre leurs propriétés exactes.

Nom

Le substantif masculins.v.''neutrino_3-0">[3] neutrino est un emprunts.v.''atome_4-0">[4] Ă  l'italien neutrino, dĂ©rivĂ© de l'adjectif§&nbsp;5_5-0">[5] neutro§&nbsp;5_5-1">[5] - col.&nbsp;3''s.v.''neutrino_6-0">[6] (« neutre Â») avec le suffixe§&nbsp;5_5-2">[5] diminutif§&nbsp;5_5-3">[5] - col.&nbsp;3''s.v.''neutrino_6-1">[6] -ino§&nbsp;5_5-4">[5] (« -in Â»).

Histoire

En 1930, la communautĂ© des physiciens est confrontĂ©e Ă  une Ă©nigme : la dĂ©sintĂ©gration ne semble pas respecter les lois de conservation de l'Ă©nergie, de la quantitĂ© de mouvement et du spin. Pour satisfaire ces principes, Wolfgang Ernst Pauli postule l'existence d'une nouvelle particule, de charge Ă©lectrique nulle, qu'il nomme initialement neutron (pour particule neutre, le neutron n'ayant pas Ă©tĂ© dĂ©couvert), et dont il estime la masse au moins 100 fois infĂ©rieure Ă  celle du proton (lettre du de Pauli aux participants de la rĂ©union de TĂŒbingen[7]). C'est le physicien italien Edoardo Amaldi qui donne Ă  la nouvelle particule le nom de « neutrino » (en italien : petit neutron), en plaisantant pendant une conversation avec Enrico Fermi Ă  l'Institut de physique de vie Panisperna Ă  Rome, pour le distinguer du neutron, beaucoup plus massif, dĂ©couvert par James Chadwick en 1932. Fermi utilisa le mot « neutrino » Ă  la confĂ©rence de Paris de puis Ă  la confĂ©rence Solvay de 1933, oĂč Wolfgang Pauli l'adoptait lui aussi, l'introduisant ainsi dans la communautĂ© scientifique internationale[8].

Le neutrino (en fait l’antineutrino Ă©lectronique, , qui accompagne la formation d’un Ă©lectron [ par conservation du nombre leptonique ] lors de la transformation d’un neutron en proton) est dĂ©couvert expĂ©rimentalement en 1956, par Frederick Reines et Clyde Cowan, auprĂšs d’un rĂ©acteur nuclĂ©aire. En 1962, Leon M. Lederman (1922-2018), Melvin Schwartz (1932-2006) et Jack Steinberger mettent en Ă©vidence le neutrino muonique () Ă  Brookhaven[9]. En 1978, Martin L. Perl (1927-2014) prĂ©dit l'existence du neutrino tauique ()[10] - [11]. En 1990, le LEP, au CERN, dĂ©montre qu’il n’existe que trois familles de neutrinos lĂ©gers (certaines thĂ©ories prĂ©disant l'existence d'autres neutrinos de masse beaucoup plus importante). Enfin, en 2000, le neutrino tauique est dĂ©couvert avec l’expĂ©rience DONUT (« Direct Observation of the NeUtrino Tau »)[11] - [12].

En 1998, l'expĂ©rience Super-Kamiokande met en Ă©vidence pour la premiĂšre fois le phĂ©nomĂšne d'oscillation des neutrinos, ce qui Ă©tablit que le neutrino a une masse non nulle — bien qu'extrĂȘmement faible.

Caractéristiques physiques

Les neutrinos sont des particules Ă©lĂ©mentaires appartenant aux leptons (fermions de spin Âœ). Il en existe donc trois saveurs, une pour chaque famille de leptons :

  • le neutrino Ă©lectronique ou neutrino-Ă©lectron ;
  • le neutrino muonique ou neutrino-muon ;
  • le neutrino tauique ou neutrino-tau .

Ils sont appelĂ©s d’aprĂšs le lepton qui leur est associĂ© dans le modĂšle standard.

Le neutrino a une charge nulle. En 1958, Maurice Goldhaber, Lee Grodzins (en) et Andrew Sunyar (de) mettent en place une expérience qui démontre que l'hélicité du neutrino est négative (le spin pointe dans la direction opposée au mouvement).

Les antineutrinos

Des faisceaux d’antineutrinos muoniques ont Ă©tĂ© produits au Fermilab, par deux expĂ©riences :

  1. Main Injector Neutrino Oscillation Search (MINOS), qui consiste Ă  envoyer un faisceau d'antineutrinos au travers de la Terre vers un dĂ©tecteur positionnĂ© au fond d'une mine (mine Soudan au Minnesota). Leur voyage de 735 km dure environ 2,5 millisecondes, ce qui leur suffit pour osciller et se convertir de maniĂšre mesurable. Une surprise a Ă©tĂ© de dĂ©couvrir que les antineutrinos ne semblent pas se comporter comme des neutrinos, ce qui ne correspond pas Ă  la thĂ©orie (symĂ©trie CPT, pour « charge, paritĂ©, temps »)[13] ;
  2. Booster Neutrino Experiment (BooNE)[14].

Une des interrogations majeures persistantes au sujet du neutrino concerne la nature, encore indĂ©terminĂ©e, de la relation entre le neutrino et l’antineutrino :

  • si le neutrino est une particule de Dirac, comme le sont les autres fermions Ă©lĂ©mentaires du modĂšle standard, le neutrino et son antiparticule sont deux particules diffĂ©rentes ;
  • si le neutrino est une particule de Majorana, le neutrino et l'antineutrino sont une seule et mĂȘme particule.

Cette nature a des consĂ©quences importantes, par exemple au niveau de l’asymĂ©trie matiĂšre-antimatiĂšre de l'Univers.

Les antineutrinos seraient les antiparticules de neutrinos, particules de charge Ă©lectrique nulle produites dans la dĂ©sintĂ©gration bĂȘta nuclĂ©aire. Ceux-ci sont Ă©mis lors des Ă©missions beta -, oĂč un neutron se transforme en un proton. Ils ont un spin de Âœ, et font partie de la famille de particules dite lepton.

Tous les antineutrinos observĂ©s jusqu'Ă  prĂ©sent ont une hĂ©licitĂ© positive (au contraire de celle des neutrinos). Les antineutrinos, comme les neutrinos, n'interagissent avec leur environnement matĂ©riel que via la gravitation et la force faible, ce qui rend leur dĂ©tection expĂ©rimentale trĂšs difficile. Les expĂ©riences sur l'oscillation des neutrinos montrent que les antineutrinos ont une masse, mais les expĂ©riences de dĂ©sintĂ©gration bĂȘta laissent penser que cette masse est trĂšs faible. Une interaction neutrino-antineutrino a Ă©tĂ© suggĂ©rĂ©e dans les tentatives de tester une thĂ©orie voulant que les photons rĂ©sultent d'une interaction neutrino-antineutrino.

Dans plusieurs pays, des chercheurs ont aussi commencé à étudier la possibilité d'utiliser le monitoring des antineutrinos pour évaluer la nature du combustible présent dans un réacteur nucléaire, ce qui permettrait de contribuer à une meilleure prévention de la prolifération nucléaire[15] - [16] - [17] - [18].

Des antineutrinos ont d'abord été détectés via leurs interactions avec des protons dans un grand réservoir d'eau installé à proximité d'un réacteur nucléaire comme source contrÎlable d'antineutrinos.

Section efficace d'interaction

Les neutrinos ne possĂ©dant pas de charge Ă©lectrique ni de couleur, ils interagissent uniquement par interaction faible (bien qu'ils soient a priori Ă©galement sensibles Ă  la gravitĂ©, son effet est trĂšs largement nĂ©gligeable). Leur section efficace d’interaction (leur probabilitĂ© d’interagir) est donc trĂšs faible car il s'agit d’une force Ă  courte portĂ©e.

Le rapport entre la section efficace d’un neutrino d'1 GeV, et celle d’un Ă©lectron et d’un proton de mĂȘme Ă©nergie est approximativement de . Sur dix milliards de neutrinos d'1 Mev qui traversent la Terre, un seul va interagir avec les atomes constituant la Terre. Il faudrait une Ă©paisseur d’une annĂ©e-lumiĂšre de plomb pour arrĂȘter la moitiĂ© des neutrinos de passage[19]. Cette section efficace augmente avec l'Ă©nergie du neutrino : ainsi la Terre est opaque aux neutrinos d'ultra-haute Ă©nergie (au-delĂ  de 100 TeV).

Les dĂ©tecteurs de neutrinos contiennent donc typiquement des centaines de tonnes d’un matĂ©riau et sont construits de telle façon que quelques atomes par jour interagissent avec les neutrinos entrants. Dans une supernova qui s’effondre, la masse volumique dans le noyau devient suffisamment Ă©levĂ©e (1014 g/cm3) pour que les neutrinos produits puissent ĂȘtre retenus un bref moment.

Oscillations

Des expĂ©riences ont dĂ©montrĂ© que les neutrinos pouvaient changer de saveur, c'est-Ă -dire se transformer continuellement d’une forme de saveur (Ă©lectronique, muonique ou tauique) en une autre. Ce phĂ©nomĂšne, appelĂ© « oscillation des neutrinos », a Ă©tĂ© imaginĂ© dĂšs 1957 par Bruno Pontecorvo, puis formalisĂ© en 1962 par Jirƍ Maki (sv), Masami Nakagawa (ja) et Shƍichi Sakata dans le cas d'une oscillation Ă  deux saveurs (voir aussi Matrice PMNS, pour « Pontecorvo-Maki-Nakagawa-Sakata »).

Pontecorvo prédit en 1967 que les oscillations devraient conduire à un déficit de neutrinos solaires vus depuis la Terre. Cette prédiction est confirmée expérimentalement dÚs 1968, sans toutefois que la preuve soit apportée qu'elle est bien due aux oscillations :

  • ce n'est qu'en 2001 que l'observatoire de neutrinos de Sudbury met un terme au « problĂšme des neutrinos solaires », en dĂ©montrant que c'est bien le cas ;
  • mais la premiĂšre mise en Ă©vidence dĂ©cisive des oscillations est obtenue en 1998 par l'expĂ©rience menĂ©e dans le dĂ©tecteur Super-Kamiokande, qui montre une dĂ©pendance entre le nombre de neutrinos muoniques crĂ©Ă©s par les interactions des rayons cosmiques avec l'atmosphĂšre et la distance parcourue avant qu'ils soient dĂ©tectĂ©s ;
  • l'expĂ©rience OPERA a Ă©galement permis d'observer en 2010 la prĂ©sence d'un neutrino tauique au sein d'un faisceau de neutrinos muoniques ;
  • l'expĂ©rience Double-Chooz tĂ©moigne Ă©galement fin 2011[20] d'un phĂ©nomĂšne de disparition de neutrinos Ă©lectroniques, imputable Ă  cette oscillation. En , l'expĂ©rience de Daya Bay confirme ces rĂ©sultats avec une prĂ©cision accrue (5σ)[21].

Masse

Dans le modÚle standard minimal, la théorie actuellement acceptée pour décrire le comportement des particules élémentaires, les neutrinos n'ont pas de masse. Les expériences visant à mesurer une éventuelle masse ont de fait toutes échoué, en accord avec le modÚle standard.

Cependant les équations de l'interaction faible prédisent que si et seulement si les neutrinos ont une masse, alors un phénomÚne d'oscillation entre les différentes saveurs doit se produire lors de leur propagation. Or ces oscillations ont effectivement été observées, ce qui constitue une brÚche dans le modÚle standard[22].

Les oscillations sont ainsi une preuve indirecte de la masse des neutrinos, mais les mĂ©thodes actuelles de mesure directe n'ont pas la sensibilitĂ© suffisante pour la dĂ©terminer. Ce sont les contraintes cosmologiques apportĂ©es par le satellite WMAP (interprĂ©tĂ©es dans le cadre des modĂšles cosmologiques actuels) combinĂ©es aux rĂ©sultats des expĂ©riences d’oscillations qui donnent pour la masse des trois neutrinos les limites supĂ©rieures les plus basses, qui dĂ©pendent d'hypothĂšses cosmologiques : m(Îœe) < 225 eV/c2, m(ΜΌ) < 190 keV/c2 et m(Μτ) < 18,2 MeV/c2.

IndĂ©pendamment d'hypothĂšses liĂ©es Ă  des modĂšles, les limites supĂ©rieures Ă  la masse des neutrinos sont donnĂ©es par des expĂ©riences Ă  double dĂ©sintĂ©gration bĂ©ta du tritium. La contrainte directe la plus prĂ©cise Ă  ce jour a Ă©tĂ© obtenue en 2019 par l'expĂ©rience KATRIN (pour « Karlsruhe Tritium Neutrino »), et fixe la limite supĂ©rieure Ă  1,1 eV/c2

MatiĂšre noire

La « matiÚre noire » est une hypothÚse explicative de certaines observations en astrophysique (vitesse de rotation des galaxies, etc.) qui ne s'expliquent avec les théories actuelles de la gravitation qu'en postulant une masse majoritaire dans l'univers qui n'émet aucun rayonnement. Du fait de leurs propriétés, les neutrinos étaient une piste de solution.

Cependant, les informations expérimentales dont on dispose sur la masse des neutrinos montrent qu'elle est insuffisante pour constituer une solution à ce problÚme.

Naissance

Les premiers neutrinos seraient apparus il y a environ 13,7 milliards d’annĂ©es, peu aprĂšs la naissance de l’univers. Depuis, ce dernier n’a cessĂ© de s’étendre et de se refroidir, et ces neutrinos, dits neutrinos cosmologiques, ont fait leur chemin. ThĂ©oriquement, ils forment aujourd’hui un fond de rayonnement cosmique de tempĂ©rature 1,9 K, le fond cosmologique de neutrinos. L'Ă©nergie de ces neutrinos est cependant bien trop faible pour qu'ils puissent ĂȘtre dĂ©tectĂ©s avec les technologies actuelles. Les autres neutrinos que l’on trouve dans l’univers sont crĂ©Ă©s au cours de la vie des Ă©toiles ou lors de l’explosion des supernovas.

La majeure partie de l’énergie dĂ©gagĂ©e lors de l’effondrement d’une supernova est rayonnĂ©e au loin sous la forme de neutrinos produits quand les protons et les Ă©lectrons se combinent dans le noyau pour former des neutrons. Ces effondrements de supernova produisent d’immenses quantitĂ©s de neutrinos. La premiĂšre preuve expĂ©rimentale de ceci fut fournie en 1987, quand des neutrinos provenant de la supernova SN 1987A ont Ă©tĂ© dĂ©tectĂ©s par les expĂ©riences japonaise Kamiokande et amĂ©ricaine IMB.

Vitesse des neutrinos

Selon la thĂ©orie de la relativitĂ© et le modĂšle standard qui en dĂ©coule, tous deux basĂ©s sur l'invariance de Lorentz, une particule de masse non nulle ne peut avoir une vitesse supĂ©rieure ou Ă©gale Ă  celle de la lumiĂšre dans le vide. De nombreux thĂ©oriciens ont cependant postulĂ© que le neutrino pourrait ĂȘtre un tachyon, une particule imaginĂ©e par Gerald Feinberg en 1967, qui se dĂ©place plus vite que la lumiĂšre tout en respectant les postulats de la relativitĂ© restreinte[23] - [24] - [25] - [26].

Expérience OPERA (2011)

En , la collaboration de physiciens travaillant sur l'expĂ©rience OPERA annonce que le « temps de vol » mesurĂ© des neutrinos muoniques d'une Ă©nergie de 17 GeV produits au CERN est infĂ©rieur de 60,7±(6,9)stat±(7,4)syst ns Ă  celui attendu pour des particules se dĂ©plaçant Ă  la vitesse de la lumiĂšre[27] - [28]. Une rĂ©Ă©dition de cette expĂ©rience deux mois plus tard, avec des paquets plus courts afin de minimiser les inexactitudes liĂ©es Ă  cette donnĂ©e, aboutit au mĂȘme rĂ©sultat[28].

Cela aurait pu signifier que le neutrino se dĂ©place Ă  une vitesse trĂšs lĂ©gĂšrement supĂ©rieure Ă  la vitesse de la lumiĂšre : 299 799,9 Â± 1,2 km/s, soit 7,4 km/s de plus que la vitesse de la lumiĂšre.

Le , la revue Science fait Ă©tat d'une mauvaise connexion au niveau de la fibre optique reliant un GPS Ă  une carte Ă©lectronique du dispositif expĂ©rimental d'OPERA et qui pourrait ĂȘtre Ă  l'origine de l'effet observĂ©[29] - [30]. Le , le CERN a confirmĂ© que cette hypothĂšse Ă©tait en cours d'investigation[27], tout en mentionnant une autre dĂ©faillance possible au niveau d'un oscillateur utilisĂ© pour la synchronisation avec un GPS, qui accentuerait l'effet observĂ©[27]. CritiquĂ©s pour avoir publiĂ© leurs observations sans attendre toutes les vĂ©rifications, Antonio Ereditato, le porte-parole et Dario Autiero, le coordinateur d'OPERA, ont dĂ©missionnĂ© fin [31].

En , l'expérience ICARUS (en), située elle aussi à Gran Sasso, a montré que les neutrinos d'OPERA ne vont pas plus vite que la lumiÚre[27] - [32] - [33].

Expérience MINOS (2007)

En 2007, l'expĂ©rience similaire MINOS, menĂ©e au Fermilab aux États-Unis, sur une distance de 734 km avec des neutrinos d'Ă©nergie centrĂ©e autour de 3 GeV, avait obtenu , avec un taux de confiance de 99 %[34]. Cette mesure restait compatible avec la vitesse de la lumiĂšre dans les marges d'incertitude liĂ©es Ă  la mesure : bien que la moyenne statistique soit supĂ©rieure Ă  la vitesse de la lumiĂšre dans le vide, l'Ă©cart est infĂ©rieur aux incertitudes statistiques de l'expĂ©rience, ce qui ne permet que de donner une valeur maximale de masse dans le cadre de la thĂ©orie relativiste classique. Le dĂ©tecteur de l'expĂ©rience MINOS est en cours de modification pour amĂ©liorer la prĂ©cision de mesure des temps de vol[35].

Observation SN 1987A (1987)

L'observation en 1987 des neutrinos et antineutrinos Ă©lectroniques Ă©mis par la supernova SN 1987A (avec une Ă©nergie de l'ordre de 10 MeV donc trĂšs infĂ©rieure Ă  celle d'OPERA) ne semble pas compatible avec ces mesures. En effet, ils ont Ă©tĂ© dĂ©tectĂ©s environ trois heures avant que la supernova ne soit observĂ©e visuellement[36], ce qui rend trĂšs improbable la coĂŻncidence entre leur arrivĂ©e et l'explosion de la supernova : en voyageant Ă  une vitesse de l'ordre de celle dĂ©duite de la mesure d'OPERA, ils auraient dĂ» arriver sur Terre environ quatre ans avant les photons. Avec l'hypothĂšse que les neutrinos et les photons ont Ă©tĂ© Ă©mis successivement durant ces trois heures, ce qui est en bon accord avec les modĂšles thĂ©oriques de supernova, l'Ă©cart maximal entre les deux vitesses (la distance entre la supernova et la Terre Ă©tant 168 000 annĂ©es-lumiĂšre) est : .

Expérience T2K

Le porte-parole de l'expérience internationale T2K (pour « Tokai to Kamioka »), située au Japon, a indiqué que la possibilité de reproduire l'expérience était à l'étude[37].

Les neutrinos en physique expérimentale

Types de détecteurs de neutrinos

Il y a plusieurs types de dĂ©tecteurs de neutrinos. Leur principal point commun est d’ĂȘtre composĂ© d’une grande quantitĂ© de matĂ©riel, Ă©tant donnĂ© la faible section efficace d’interaction des neutrinos. Ils sont Ă©galement gĂ©nĂ©ralement situĂ©s profondĂ©ment sous terre ou sous la mer, afin de s’affranchir du bruit de fond occasionnĂ© par le rayonnement cosmique.

  • Les dĂ©tecteurs au chlore furent les premiers employĂ©s et se composent d’un rĂ©servoir rempli de tĂ©trachlorure de carbone (CCl4). Dans ces dĂ©tecteurs, un neutrino convertit un atome de chlore en un atome d’argon. Le fluide doit ĂȘtre purgĂ© pĂ©riodiquement avec du gaz hĂ©lium qui enlĂšve l’argon. L’hĂ©lium doit alors ĂȘtre refroidi pour le sĂ©parer de l’argon. Ces dĂ©tecteurs avaient le dĂ©savantage majeur de ne pas dĂ©terminer la direction du neutrino entrant. C’est le dĂ©tecteur au chlore de Homestake, dans le Dakota du Sud, contenant 520 tonnes de liquide, qui dĂ©tecta la premiĂšre fois le dĂ©ficit des neutrinos solaires et qui permit de dĂ©couvrir le problĂšme des neutrinos solaires.
  • Les dĂ©tecteurs au gallium sont semblables aux dĂ©tecteurs au chlore mais sont plus sensibles aux neutrinos de faible Ă©nergie. Dans ces dĂ©tecteurs, un neutrino convertit le gallium en germanium qui peut alors ĂȘtre dĂ©tectĂ© chimiquement. Ce type de dĂ©tecteur ne fournit pas non plus d’information sur la direction du neutrino.
  • Les dĂ©tecteurs Ă  eau ordinaire, ou dĂ©tecteur Čerenkov, tels que Super-Kamiokande. Ils sont constituĂ©s d’un grand rĂ©servoir d’eau pure entourĂ© par des dĂ©tecteurs trĂšs sensibles Ă  la lumiĂšre, des tubes photomultiplicateurs. Dans ces dĂ©tecteurs, un neutrino transfĂšre son Ă©nergie Ă  un lepton chargĂ©, qui se dĂ©place alors plus rapidement que la lumiĂšre dans ce milieu[note 1], ce qui engendre, par effet Tcherenkov, une production de lumiĂšre caractĂ©ristique permettant de remonter Ă  la trajectoire initiale de la particule. Les avantages de ce type de dĂ©tecteur sont de dĂ©tecter Ă  la fois la direction du neutrino, sa saveur et son Ă©nergie. Il autorise Ă©galement un large volume de dĂ©tection pour un coĂ»t minime, ce qui permet d’augmenter significativement le nombre de neutrinos dĂ©tectĂ©s. C’est ce type de dĂ©tecteur qui a enregistrĂ© le « sursaut » de neutrinos de la supernova 1987a.
  • Les dĂ©tecteurs Ă  eau lourde emploient trois types de rĂ©actions pour dĂ©tecter les neutrinos : la mĂȘme rĂ©action que les dĂ©tecteurs Ă  eau lĂ©gĂšre, une rĂ©action impliquant la collision d’un neutrino avec le neutron d’un noyau de deutĂ©rium, ce qui libĂšre un Ă©lectron, et une troisiĂšme rĂ©action dans laquelle le neutrino casse un noyau de deutĂ©rium en proton et neutron sans lui-mĂȘme changer de nature. Les rĂ©sultats de ces rĂ©actions peuvent ĂȘtre dĂ©tectĂ©s par des tubes photomultiplicateurs et des dĂ©tecteurs de neutrons. Ce type de dĂ©tecteur est en fonction dans l’observatoire de neutrinos de Sudbury.
  • Les dĂ©tecteurs Ă  liquide scintillant, tels ceux des expĂ©riences Double Chooz et Kamland (en), permettent de dĂ©tecter des neutrinos d’énergie de l’ordre du MeV. Ils sont en gĂ©nĂ©ral pour cette raison utilisĂ©s pour dĂ©tecter les neutrinos en provenance de centrales nuclĂ©aires. Le liquide scintillant permet de dĂ©tecter trĂšs prĂ©cisĂ©ment l’énergie du neutrino, mais ne donne pas d’information quant Ă  sa direction.
  • Le dĂ©tecteur Ă  film photographique OPERA, installĂ© dans le tunnel du Gran Sasso en Italie, dĂ©tecte les neutrinos Ă©mis par un faisceau gĂ©nĂ©rĂ© au CERN par une technique originale : des couches photographiques sont alternĂ©es avec des feuilles de plomb, afin de dĂ©tecter l’oscillation du neutrino muonique en neutrino tauique. Le dĂ©veloppement des films photographiques permet de reconstruire la topologie de l’interaction, afin d’identifier le tau issu de l’interaction du neutrino tauique.
  • Les dĂ©tecteurs de double dĂ©sintĂ©gration bĂȘta : ils permettent de dĂ©tecter le spectre de la double dĂ©sintĂ©gration bĂȘta avec Ă©mission de deux neutrinos, afin de chercher l’existence d’une double dĂ©sintĂ©gration bĂȘta sans Ă©mission de neutrinos, ce qui prouverait que le neutrino et l’anti-neutrino sont une seule et mĂȘme particule (neutrino de Majorana, par opposition au neutrino classique, de Dirac). Ils sont de deux types : calorimĂ©trique tels GERDA[38] et CUORE, ils dĂ©tectent seulement l’énergie totale de la double dĂ©sintĂ©gration bĂȘta pour reconstruire fidĂšlement le spectre d’énergie ; trajectographe-calorimĂštre pour l’expĂ©rience NEMO3 et le projet SuperNEMO, qui dĂ©tectent le spectre en Ă©nergie et la trajectoire des deux Ă©lectrons afin de rejeter le plus de bruit de fond possible.

Expériences actuelles

DiffĂ©rentes expĂ©riences de physique des particules cherchent Ă  amĂ©liorer les connaissances sur les neutrinos, et en particulier sur leurs oscillations. Outre les neutrinos crĂ©Ă©s par les rĂ©actions nuclĂ©aires dans le Soleil et ceux venant de la dĂ©sintĂ©gration bĂȘta dans les centrales nuclĂ©aires, les physiciens Ă©tudient Ă©galement des neutrinos crĂ©Ă©s dans les accĂ©lĂ©rateurs de particules (comme dans les expĂ©riences K2K (pour « KEK to Kamioka ») et CNGS/OPERA).

L’avantage de ce type d’expĂ©rience est de pouvoir contrĂŽler le flux et le moment oĂč les particules sont envoyĂ©es. De plus, on connaĂźt leur Ă©nergie et la distance qu’elles parcourent entre leur production et leur dĂ©tection. On peut ainsi se placer aux extremums des oscillations, oĂč la mesure des paramĂštres d’oscillation est la plus prĂ©cise.

Ainsi, le dĂ©tecteur OPERA, installĂ© dans le tunnel du Gran Sasso en Italie, cherche depuis 2006 Ă  dĂ©tecter les neutrinos tauiques issus de l’oscillation de neutrinos muoniques gĂ©nĂ©rĂ©s au CERN, Ă  731 km. Le , la collaboration OPERA a annoncĂ© avoir mis en Ă©vidence avec une probabilitĂ© de 98 % un Ă©vĂšnement de ce type, ce qui serait la premiĂšre constatation d’une oscillation vers le neutrino tauique[39].

L'expĂ©rience T2K (pour « Tokai to Kamioka »), situĂ©e au Japon, utilise un faisceau de neutrinos crĂ©Ă© par l’accĂ©lĂ©rateur JPARC Ă  Tokai. À la maniĂšre de son prĂ©dĂ©cesseur K2K, il dĂ©tecte le flux de neutrinos par un ensemble d’appareils complĂ©mentaires Ă  280 m du point de crĂ©ation du faisceau, puis observe les neutrinos interagissant Ă  295 km de lĂ  dans le dĂ©tecteur Čerenkov Ă  eau Super-Kamiokande. En mesurant l’apparition de neutrinos Ă©lectroniques dans ce faisceau de neutrinos muoniques, il complĂ©terait pour la premiĂšre fois la matrice d’oscillation des neutrinos.

L'expĂ©rience Double CHOOZ, situĂ©e en France (Chooz, Ardennes), utilise le rĂ©acteur nuclĂ©aire de Chooz afin d’en dĂ©tecter les neutrinos Ă©lectroniques. Un dĂ©tecteur proche et un lointain permettent de mesurer la diffĂ©rence de flux et ainsi une disparition de ces neutrinos, caractĂ©ristique du phĂ©nomĂšne d’oscillation. L’objectif est donc similaire Ă  celui de l’expĂ©rience T2K, mais par des mĂ©thodes complĂ©mentaires.

L'expĂ©rience Daya Bay fonctionne selon le mĂȘme principe. Le , elle fut la premiĂšre Ă  mesurer le paramĂštre d'oscillation Ξ13 Ă  un niveau de confiance de plus de 5σ.

L’expĂ©rience KATRIN (pour « Karlsruhe Tritium Neutrino »), installĂ©e en Allemagne, cherche quant Ă  elle Ă  mesurer directement la masse du neutrino, par l’étude du spectre de dĂ©sintĂ©gration bĂȘta du tritium.

Dans l'expĂ©rience IceCube, 5 160 capteurs optiques sont rĂ©partis au sein d'un kilomĂštre cube de glace, en Antarctique. Un neutrino de haute Ă©nergie qui a traversĂ© la Terre sans encombre a une toute petite chance de percuter un atome de la glace, en crĂ©ant une cascade de particules et de brefs Ă©clairs lumineux. L'orientation et la forme de ces Ă©clairs permettent de connaĂźtre la direction d'oĂč provient le neutrino et de distinguer sa saveur (Ă©lectronique, muonique ou tauique)[40]. En , IceCube dĂ©tecte un neutrino d'Ă©nergie supĂ©rieure Ă  290 TeV (plus de 20 fois celle des collisions proton-proton du LHC), apparemment Ă©mis par le blazar TXS0506+056, qui a aussi Ă©mis un sursaut gamma et des protons de trĂšs haute Ă©nergie, enregistrĂ©s par le tĂ©lescope spatial Fermi et des tĂ©lescopes terrestres[41] - [42].

Les télescopes à neutrinos

Notre ciel a toujours Ă©tĂ© observĂ© Ă  l’aide des photons Ă  des Ă©nergies trĂšs diffĂ©rentes allant des ondes radios aux rayons gamma. L’utilisation d’une autre particule pour observer le ciel permettrait d’ouvrir une nouvelle fenĂȘtre sur l’Univers. Le neutrino est pour cela un parfait candidat :

  • il est stable et ne risque pas de se dĂ©sintĂ©grer au cours de son parcours ;
  • il est neutre et n’est donc pas dĂ©viĂ© par les champs magnĂ©tiques. Il est donc possible de localiser approximativement la direction de sa source ;
  • il possĂšde une trĂšs faible section efficace d’interaction et peut ainsi s’extirper des zones denses de l’univers comme les abords d’un trou noir ou le cƓur des phĂ©nomĂšnes cataclysmiques (il faut prĂ©ciser que les photons que nous observons des objets cĂ©lestes ne nous proviennent que de la surface des objets et non pas du cƓur) ;
  • il n’interagit que par interaction faible et transporte ainsi des informations sur les phĂ©nomĂšnes nuclĂ©aires des sources, contrairement au photon qui est issu de processus Ă©lectromagnĂ©tiques.

Une nouvelle astronomie complĂ©mentaire est ainsi en train de se crĂ©er depuis une dizaine d’annĂ©es.

Un des principes possibles pour un tel tĂ©lescope est d’utiliser la Terre comme cible permettant d’arrĂȘter les neutrinos astrophysiques. Lorsqu'un neutrino muonique traverse la Terre, il a une faible chance d’interagir et ainsi d’engendrer un muon. Ce muon, s’il a une Ă©nergie au-delĂ  d’une centaine de GeV, est alignĂ© avec le neutrino et se propage sur une dizaine de kilomĂštres dans la Terre. S’il a Ă©tĂ© crĂ©Ă© dans la croĂ»te terrestre, il va pouvoir sortir de la Terre et se propager dans la mer oĂč seraient installĂ©s les tĂ©lescopes Ă  neutrinos. Ce muon allant plus vite que la lumiĂšre dans l’eau, il engendre de la lumiĂšre Čerenkov, l’équivalent pour la lumiĂšre du bang supersonique. Il s’agit d’un cĂŽne de lumiĂšre bleutĂ©e. Ce type de tĂ©lescope Ă  neutrinos est constituĂ© d’un rĂ©seau tridimensionnel de dĂ©tecteurs de photons (des photomultiplicateurs) qui permet de reconstruire le cĂŽne Čerenkov, et donc la trajectoire du muon et du neutrino incident, et ainsi la position de la source dans le ciel. La rĂ©solution angulaire actuelle est de l’ordre du degrĂ©.

Ces tĂ©lescopes Ă  neutrinos sont dĂ©ployĂ©s dans un grand volume d’eau liquide ou de glace pour que la lumiĂšre Ă©mise par le muon soit perceptible, des dimensions de l’ordre du kilomĂštre cube Ă©tant requises pour avoir une sensibilitĂ© suffisante aux faibles flux cosmiques. Ils doivent ĂȘtre placĂ©s sous des kilomĂštres d’eau pour, d’une part, ĂȘtre dans l’obscuritĂ© absolue, et, d’autre part, pour avoir un blindage aux rayons cosmiques qui constituent le bruit de fond principal de l’expĂ©rience.

Les tĂ©lescopes Ă  neutrinos, ces immenses volumes situĂ©s aux fonds des eaux et regardant sous nos pieds, constituent une Ă©tape majeure dans le dĂ©veloppement de l’astrophysique des particules et devraient permettre de nouvelles dĂ©couvertes en astrophysique, cosmologie, matiĂšre noire et oscillations de neutrinos. Sont actuellement en fonctionnement IceCube, en Antarctique, et Antares, dans la mer MĂ©diterranĂ©e.

Les neutrinos au-delĂ  du modĂšle standard

Depuis que les spĂ©cialistes postulent que les neutrinos ont une masse, les thĂ©oriciens ont dĂ©veloppĂ© de nombreuses thĂ©ories dites « au-delĂ  » du modĂšle standard, afin notamment d’expliquer cette masse.

Théorie des tachyons

Le terme de « tachyon » (rapide en grec) a été introduit pour désigner des particules théoriques capables de se déplacer à des vitesses supérieures à celle de la lumiÚre dans le vide, limite pourtant indépassable selon le modÚle standard. Il s'agit donc là de la premiÚre théorie « au-delà » de ce modÚle, compatible avec les résultats de 2011 de l'expérience OPERA[43]. Cependant, cette observation s'est avérée faussée, à la suite d'un problÚme technique au sein du matériel d'observation.

ModÚle de la « balançoire »

Un des modĂšles les plus prometteurs est le modĂšle du see-saw (« balançoire »). Dans ce modĂšle, des neutrinos de chiralitĂ© droite sont introduits (on Ă©tend donc le contenu en particules du modĂšle standard d’oĂč l’appellation « au-delĂ  ») que l’on suppose trĂšs massifs (bien au-delĂ  de l’échelle Ă©lectrofaible). Cette derniĂšre hypothĂšse est justifiĂ©e par le fait que l’on ne les a jamais observĂ©s jusqu'Ă  prĂ©sent, et par des considĂ©rations de symĂ©trie. Par ce biais, on arrive Ă  expliquer la faible masse des neutrinos gauches, qui seraient ceux que l’on observe jusqu'Ă  prĂ©sent. Il existe en effet un lien trĂšs fort entre la masse des neutrinos gauches et celle des neutrinos droits : elles sont inversement proportionnelles. Donc plus les neutrinos droits sont lourds, plus les neutrinos gauches sont lĂ©gers.

Ce modĂšle considĂšre les neutrinos comme des particules de Majorana, fait qui sera infirmĂ© ou confirmĂ© dans les prochaines annĂ©es par l’expĂ©rience NEMO Ă©tudiant la double dĂ©sintĂ©gration ÎČ sans neutrino. L’un des attraits de ce modĂšle est qu’il pourrait permettre d’expliquer l’asymĂ©trie (ou plutĂŽt dissymĂ©trie puisqu'on parle de « brisure de symĂ©trie », selon le langage de Prigogine) matiĂšre/antimatiĂšre de notre Univers. En effet, les spĂ©cialistes se demandent encore en 2010 pourquoi l’Univers contient (plutĂŽt) de la matiĂšre, sans (presque aucune) antimatiĂšre. Des processus issus de la dĂ©sintĂ©gration des neutrinos droits dans des pĂ©riodes oĂč l’Univers Ă©tait trĂšs jeune permettraient de comprendre ce phĂ©nomĂšne. Les processus impliquĂ©s sont appelĂ©s la leptogĂ©nĂšse et la baryogĂ©nĂšse.

ModÚle des neutrinos « stériles »

Une autre Ă©volution thĂ©orique au-delĂ  du modĂšle standard postule l'existence de neutrinos stĂ©riles[44] - [45] - [46]. Ces neutrinos ne subiraient aucune interaction Ă©lectrofaible, mais uniquement la gravitation. Leur masse devrait alors ĂȘtre plus importante que celle des trois neutrinos « classiques ».

Ces neutrinos stĂ©riles, qui devraient ĂȘtre au nombre de deux (soit cinq neutrinos) et pouvant osciller avec les trois neutrinos connus, permettraient d'expliquer une anomalie observĂ©e depuis longtemps concernant le flux des antineutrinos de rĂ©acteurs. En outre, l'existence de deux neutrinos stĂ©riles induit naturellement la brisure de la symĂ©trie CP (charge, paritĂ©) des leptons, permettant une explication au ratio matiĂšre/antimatiĂšre. D'autres points durs actuels en nuclĂ©osynthĂšse stellaire (production de noyaux lourds par des neutrons rapides ou encore au cours des bursts de neutrinos lors de supernova) peuvent Ă©galement ĂȘtre expliquĂ©s Ă  partir de ce formalisme. De plus, Ă©tant massifs et n'interagissant que par gravitation, les neutrinos stĂ©riles sont candidats Ă  la matiĂšre noire.

ModÚle à géométrie non commutative

La gĂ©omĂ©trie non commutative, dans le formalisme d’Alain Connes, permet de reformuler Ă©galement de façon Ă©lĂ©gante la plupart des thĂ©ories de jauge avec brisure spontanĂ©e de symĂ©trie. Dans cette optique, R. Wulkenhaar s’est intĂ©ressĂ© au modĂšle 141#141 de grande unification et a obtenu ainsi de maniĂšre naturelle le lagrangien de Yang-Mills couplĂ© au champ de Higgs. Ce modĂšle, oĂč tous les fermions font partie d’une mĂȘme reprĂ©sentation irrĂ©ductible, contient obligatoirement des neutrinos massifs. Une contrainte naturelle, provenant du formalisme utilisant la gĂ©omĂ©trie non commutative, permet de fournir une prĂ©diction pour la masse de ces particules.

Notes et références

Notes

  1. Ceci ne doit en aucun cas ĂȘtre interprĂ©tĂ© comme une violation de la relativitĂ© restreinte, qui interdit de dĂ©passer la vitesse de la lumiĂšre : en fait, la vitesse des particules Ă©mises (tout comme celle des neutrinos) est supĂ©rieure Ă  celle de la lumiĂšre dans l’eau, mais infĂ©rieure Ă  celle de la lumiĂšre dans le vide.

Références

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Voir aussi

Bibliographie

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Étymologie

Articles connexes

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