Neutrino
Le neutrino est une particule Ă©lĂ©mentaire du modĂšle standard de la physique des particules. Les neutrinos sont des fermions de spin Âœ, plus prĂ©cisĂ©ment des leptons. Ils sont Ă©lectriquement neutres. Il en existe trois « saveurs » : Ă©lectronique, muonique et tauique.
Classification | |
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Composition |
ĂlĂ©mentaires |
Masse | |
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Charge Ă©lectrique |
0 |
Spin |
œ |
Durée de vie |
Stable |
Lâexistence du neutrino a Ă©tĂ© postulĂ©e pour la premiĂšre fois en 1930 par Wolfgang Pauli pour expliquer le spectre continu de la dĂ©sintĂ©gration bĂȘta ainsi que lâapparente non-conservation du moment cinĂ©tique, et sa premiĂšre confirmation expĂ©rimentale remonte Ă 1956.
Parce que la découverte de ces particules est récente et parce qu'elles interagissent faiblement avec la matiÚre, au début du XXIe siÚcle de nombreuses expériences sont consacrées à connaßtre leurs propriétés exactes.
Nom
Le substantif masculins.v.''neutrino_3-0">[3] neutrino est un emprunts.v.''atome_4-0">[4] à l'italien neutrino, dérivé de l'adjectif§ 5_5-0">[5] neutro§ 5_5-1">[5] - col. 3''s.v.''neutrino_6-0">[6] (« neutre ») avec le suffixe§ 5_5-2">[5] diminutif§ 5_5-3">[5] - col. 3''s.v.''neutrino_6-1">[6] -ino§ 5_5-4">[5] (« -in »).
Histoire
En 1930, la communautĂ© des physiciens est confrontĂ©e Ă une Ă©nigme : la dĂ©sintĂ©gration ne semble pas respecter les lois de conservation de l'Ă©nergie, de la quantitĂ© de mouvement et du spin. Pour satisfaire ces principes, Wolfgang Ernst Pauli postule l'existence d'une nouvelle particule, de charge Ă©lectrique nulle, qu'il nomme initialement neutron (pour particule neutre, le neutron n'ayant pas Ă©tĂ© dĂ©couvert), et dont il estime la masse au moins 100 fois infĂ©rieure Ă celle du proton (lettre du de Pauli aux participants de la rĂ©union de TĂŒbingen[7]). C'est le physicien italien Edoardo Amaldi qui donne Ă la nouvelle particule le nom de « neutrino » (en italien : petit neutron), en plaisantant pendant une conversation avec Enrico Fermi Ă l'Institut de physique de vie Panisperna Ă Rome, pour le distinguer du neutron, beaucoup plus massif, dĂ©couvert par James Chadwick en 1932. Fermi utilisa le mot « neutrino » Ă la confĂ©rence de Paris de puis Ă la confĂ©rence Solvay de 1933, oĂč Wolfgang Pauli l'adoptait lui aussi, l'introduisant ainsi dans la communautĂ© scientifique internationale[8].
Le neutrino (en fait lâantineutrino Ă©lectronique, , qui accompagne la formation dâun Ă©lectron [ par conservation du nombre leptonique ] lors de la transformation dâun neutron en proton) est dĂ©couvert expĂ©rimentalement en 1956, par Frederick Reines et Clyde Cowan, auprĂšs dâun rĂ©acteur nuclĂ©aire. En 1962, Leon M. Lederman (1922-2018), Melvin Schwartz (1932-2006) et Jack Steinberger mettent en Ă©vidence le neutrino muonique () Ă Brookhaven[9]. En 1978, Martin L. Perl (1927-2014) prĂ©dit l'existence du neutrino tauique ()[10] - [11]. En 1990, le LEP, au CERN, dĂ©montre quâil nâexiste que trois familles de neutrinos lĂ©gers (certaines thĂ©ories prĂ©disant l'existence d'autres neutrinos de masse beaucoup plus importante). Enfin, en 2000, le neutrino tauique est dĂ©couvert avec lâexpĂ©rience DONUT (« Direct Observation of the NeUtrino Tau »)[11] - [12].
En 1998, l'expĂ©rience Super-Kamiokande met en Ă©vidence pour la premiĂšre fois le phĂ©nomĂšne d'oscillation des neutrinos, ce qui Ă©tablit que le neutrino a une masse non nulle â bien qu'extrĂȘmement faible.
Caractéristiques physiques
Les neutrinos sont des particules Ă©lĂ©mentaires appartenant aux leptons (fermions de spin Âœ). Il en existe donc trois saveurs, une pour chaque famille de leptons :
- le neutrino Ă©lectronique ou neutrino-Ă©lectron ;
- le neutrino muonique ou neutrino-muon ;
- le neutrino tauique ou neutrino-tau .
Ils sont appelĂ©s dâaprĂšs le lepton qui leur est associĂ© dans le modĂšle standard.
Le neutrino a une charge nulle. En 1958, Maurice Goldhaber, Lee Grodzins (en) et Andrew Sunyar (de) mettent en place une expérience qui démontre que l'hélicité du neutrino est négative (le spin pointe dans la direction opposée au mouvement).
Les antineutrinos
Des faisceaux dâantineutrinos muoniques ont Ă©tĂ© produits au Fermilab, par deux expĂ©riences :
- Main Injector Neutrino Oscillation Search (MINOS), qui consiste à envoyer un faisceau d'antineutrinos au travers de la Terre vers un détecteur positionné au fond d'une mine (mine Soudan au Minnesota). Leur voyage de 735 km dure environ 2,5 millisecondes, ce qui leur suffit pour osciller et se convertir de maniÚre mesurable. Une surprise a été de découvrir que les antineutrinos ne semblent pas se comporter comme des neutrinos, ce qui ne correspond pas à la théorie (symétrie CPT, pour « charge, parité, temps »)[13] ;
- Booster Neutrino Experiment (BooNE)[14].
Une des interrogations majeures persistantes au sujet du neutrino concerne la nature, encore indĂ©terminĂ©e, de la relation entre le neutrino et lâantineutrino :
- si le neutrino est une particule de Dirac, comme le sont les autres fermions élémentaires du modÚle standard, le neutrino et son antiparticule sont deux particules différentes ;
- si le neutrino est une particule de Majorana, le neutrino et l'antineutrino sont une seule et mĂȘme particule.
Cette nature a des consĂ©quences importantes, par exemple au niveau de lâasymĂ©trie matiĂšre-antimatiĂšre de l'Univers.
Les antineutrinos seraient les antiparticules de neutrinos, particules de charge Ă©lectrique nulle produites dans la dĂ©sintĂ©gration bĂȘta nuclĂ©aire. Ceux-ci sont Ă©mis lors des Ă©missions beta -, oĂč un neutron se transforme en un proton. Ils ont un spin de Âœ, et font partie de la famille de particules dite lepton.
Tous les antineutrinos observĂ©s jusqu'Ă prĂ©sent ont une hĂ©licitĂ© positive (au contraire de celle des neutrinos). Les antineutrinos, comme les neutrinos, n'interagissent avec leur environnement matĂ©riel que via la gravitation et la force faible, ce qui rend leur dĂ©tection expĂ©rimentale trĂšs difficile. Les expĂ©riences sur l'oscillation des neutrinos montrent que les antineutrinos ont une masse, mais les expĂ©riences de dĂ©sintĂ©gration bĂȘta laissent penser que cette masse est trĂšs faible. Une interaction neutrino-antineutrino a Ă©tĂ© suggĂ©rĂ©e dans les tentatives de tester une thĂ©orie voulant que les photons rĂ©sultent d'une interaction neutrino-antineutrino.
Dans plusieurs pays, des chercheurs ont aussi commencé à étudier la possibilité d'utiliser le monitoring des antineutrinos pour évaluer la nature du combustible présent dans un réacteur nucléaire, ce qui permettrait de contribuer à une meilleure prévention de la prolifération nucléaire[15] - [16] - [17] - [18].
Des antineutrinos ont d'abord été détectés via leurs interactions avec des protons dans un grand réservoir d'eau installé à proximité d'un réacteur nucléaire comme source contrÎlable d'antineutrinos.
Section efficace d'interaction
Les neutrinos ne possĂ©dant pas de charge Ă©lectrique ni de couleur, ils interagissent uniquement par interaction faible (bien qu'ils soient a priori Ă©galement sensibles Ă la gravitĂ©, son effet est trĂšs largement nĂ©gligeable). Leur section efficace dâinteraction (leur probabilitĂ© dâinteragir) est donc trĂšs faible car il s'agit dâune force Ă courte portĂ©e.
Le rapport entre la section efficace dâun neutrino d'1 GeV, et celle dâun Ă©lectron et dâun proton de mĂȘme Ă©nergie est approximativement de . Sur dix milliards de neutrinos d'1 Mev qui traversent la Terre, un seul va interagir avec les atomes constituant la Terre. Il faudrait une Ă©paisseur dâune annĂ©e-lumiĂšre de plomb pour arrĂȘter la moitiĂ© des neutrinos de passage[19]. Cette section efficace augmente avec l'Ă©nergie du neutrino : ainsi la Terre est opaque aux neutrinos d'ultra-haute Ă©nergie (au-delĂ de 100 TeV).
Les dĂ©tecteurs de neutrinos contiennent donc typiquement des centaines de tonnes dâun matĂ©riau et sont construits de telle façon que quelques atomes par jour interagissent avec les neutrinos entrants. Dans une supernova qui sâeffondre, la masse volumique dans le noyau devient suffisamment Ă©levĂ©e (1014 g/cm3) pour que les neutrinos produits puissent ĂȘtre retenus un bref moment.
Oscillations
Des expĂ©riences ont dĂ©montrĂ© que les neutrinos pouvaient changer de saveur, c'est-Ă -dire se transformer continuellement dâune forme de saveur (Ă©lectronique, muonique ou tauique) en une autre. Ce phĂ©nomĂšne, appelĂ© « oscillation des neutrinos », a Ă©tĂ© imaginĂ© dĂšs 1957 par Bruno Pontecorvo, puis formalisĂ© en 1962 par JirĆ Maki (sv), Masami Nakagawa (ja) et ShĆichi Sakata dans le cas d'une oscillation Ă deux saveurs (voir aussi Matrice PMNS, pour « Pontecorvo-Maki-Nakagawa-Sakata »).
Pontecorvo prédit en 1967 que les oscillations devraient conduire à un déficit de neutrinos solaires vus depuis la Terre. Cette prédiction est confirmée expérimentalement dÚs 1968, sans toutefois que la preuve soit apportée qu'elle est bien due aux oscillations :
- ce n'est qu'en 2001 que l'observatoire de neutrinos de Sudbury met un terme au « problÚme des neutrinos solaires », en démontrant que c'est bien le cas ;
- mais la premiÚre mise en évidence décisive des oscillations est obtenue en 1998 par l'expérience menée dans le détecteur Super-Kamiokande, qui montre une dépendance entre le nombre de neutrinos muoniques créés par les interactions des rayons cosmiques avec l'atmosphÚre et la distance parcourue avant qu'ils soient détectés ;
- l'expérience OPERA a également permis d'observer en 2010 la présence d'un neutrino tauique au sein d'un faisceau de neutrinos muoniques ;
- l'expĂ©rience Double-Chooz tĂ©moigne Ă©galement fin 2011[20] d'un phĂ©nomĂšne de disparition de neutrinos Ă©lectroniques, imputable Ă cette oscillation. En , l'expĂ©rience de Daya Bay confirme ces rĂ©sultats avec une prĂ©cision accrue (5Ï)[21].
Masse
Dans le modÚle standard minimal, la théorie actuellement acceptée pour décrire le comportement des particules élémentaires, les neutrinos n'ont pas de masse. Les expériences visant à mesurer une éventuelle masse ont de fait toutes échoué, en accord avec le modÚle standard.
Cependant les équations de l'interaction faible prédisent que si et seulement si les neutrinos ont une masse, alors un phénomÚne d'oscillation entre les différentes saveurs doit se produire lors de leur propagation. Or ces oscillations ont effectivement été observées, ce qui constitue une brÚche dans le modÚle standard[22].
Les oscillations sont ainsi une preuve indirecte de la masse des neutrinos, mais les mĂ©thodes actuelles de mesure directe n'ont pas la sensibilitĂ© suffisante pour la dĂ©terminer. Ce sont les contraintes cosmologiques apportĂ©es par le satellite WMAP (interprĂ©tĂ©es dans le cadre des modĂšles cosmologiques actuels) combinĂ©es aux rĂ©sultats des expĂ©riences dâoscillations qui donnent pour la masse des trois neutrinos les limites supĂ©rieures les plus basses, qui dĂ©pendent d'hypothĂšses cosmologiques : m(Îœe) < 225 eV/c2, m(ΜΌ) < 190 keV/c2 et m(ÎœÏ) < 18,2 MeV/c2.
Indépendamment d'hypothÚses liées à des modÚles, les limites supérieures à la masse des neutrinos sont données par des expériences à double désintégration béta du tritium. La contrainte directe la plus précise à ce jour a été obtenue en 2019 par l'expérience KATRIN (pour « Karlsruhe Tritium Neutrino »), et fixe la limite supérieure à 1,1 eV/c2
MatiĂšre noire
La « matiÚre noire » est une hypothÚse explicative de certaines observations en astrophysique (vitesse de rotation des galaxies, etc.) qui ne s'expliquent avec les théories actuelles de la gravitation qu'en postulant une masse majoritaire dans l'univers qui n'émet aucun rayonnement. Du fait de leurs propriétés, les neutrinos étaient une piste de solution.
Cependant, les informations expérimentales dont on dispose sur la masse des neutrinos montrent qu'elle est insuffisante pour constituer une solution à ce problÚme.
Naissance
Les premiers neutrinos seraient apparus il y a environ 13,7 milliards dâannĂ©es, peu aprĂšs la naissance de lâunivers. Depuis, ce dernier nâa cessĂ© de sâĂ©tendre et de se refroidir, et ces neutrinos, dits neutrinos cosmologiques, ont fait leur chemin. ThĂ©oriquement, ils forment aujourdâhui un fond de rayonnement cosmique de tempĂ©rature 1,9 K, le fond cosmologique de neutrinos. L'Ă©nergie de ces neutrinos est cependant bien trop faible pour qu'ils puissent ĂȘtre dĂ©tectĂ©s avec les technologies actuelles. Les autres neutrinos que lâon trouve dans lâunivers sont crĂ©Ă©s au cours de la vie des Ă©toiles ou lors de lâexplosion des supernovas.
La majeure partie de lâĂ©nergie dĂ©gagĂ©e lors de lâeffondrement dâune supernova est rayonnĂ©e au loin sous la forme de neutrinos produits quand les protons et les Ă©lectrons se combinent dans le noyau pour former des neutrons. Ces effondrements de supernova produisent dâimmenses quantitĂ©s de neutrinos. La premiĂšre preuve expĂ©rimentale de ceci fut fournie en 1987, quand des neutrinos provenant de la supernova SN 1987A ont Ă©tĂ© dĂ©tectĂ©s par les expĂ©riences japonaise Kamiokande et amĂ©ricaine IMB.
Vitesse des neutrinos
Selon la thĂ©orie de la relativitĂ© et le modĂšle standard qui en dĂ©coule, tous deux basĂ©s sur l'invariance de Lorentz, une particule de masse non nulle ne peut avoir une vitesse supĂ©rieure ou Ă©gale Ă celle de la lumiĂšre dans le vide. De nombreux thĂ©oriciens ont cependant postulĂ© que le neutrino pourrait ĂȘtre un tachyon, une particule imaginĂ©e par Gerald Feinberg en 1967, qui se dĂ©place plus vite que la lumiĂšre tout en respectant les postulats de la relativitĂ© restreinte[23] - [24] - [25] - [26].
Expérience OPERA (2011)
En , la collaboration de physiciens travaillant sur l'expĂ©rience OPERA annonce que le « temps de vol » mesurĂ© des neutrinos muoniques d'une Ă©nergie de 17 GeV produits au CERN est infĂ©rieur de 60,7±(6,9)stat±(7,4)syst ns Ă celui attendu pour des particules se dĂ©plaçant Ă la vitesse de la lumiĂšre[27] - [28]. Une rĂ©Ă©dition de cette expĂ©rience deux mois plus tard, avec des paquets plus courts afin de minimiser les inexactitudes liĂ©es Ă cette donnĂ©e, aboutit au mĂȘme rĂ©sultat[28].
Cela aurait pu signifier que le neutrino se déplace à une vitesse trÚs légÚrement supérieure à la vitesse de la lumiÚre : 299 799,9 ± 1,2 km/s, soit 7,4 km/s de plus que la vitesse de la lumiÚre.
Le , la revue Science fait Ă©tat d'une mauvaise connexion au niveau de la fibre optique reliant un GPS Ă une carte Ă©lectronique du dispositif expĂ©rimental d'OPERA et qui pourrait ĂȘtre Ă l'origine de l'effet observĂ©[29] - [30]. Le , le CERN a confirmĂ© que cette hypothĂšse Ă©tait en cours d'investigation[27], tout en mentionnant une autre dĂ©faillance possible au niveau d'un oscillateur utilisĂ© pour la synchronisation avec un GPS, qui accentuerait l'effet observĂ©[27]. CritiquĂ©s pour avoir publiĂ© leurs observations sans attendre toutes les vĂ©rifications, Antonio Ereditato, le porte-parole et Dario Autiero, le coordinateur d'OPERA, ont dĂ©missionnĂ© fin [31].
En , l'expérience ICARUS (en), située elle aussi à Gran Sasso, a montré que les neutrinos d'OPERA ne vont pas plus vite que la lumiÚre[27] - [32] - [33].
Expérience MINOS (2007)
En 2007, l'expĂ©rience similaire MINOS, menĂ©e au Fermilab aux Ătats-Unis, sur une distance de 734 km avec des neutrinos d'Ă©nergie centrĂ©e autour de 3 GeV, avait obtenu , avec un taux de confiance de 99 %[34]. Cette mesure restait compatible avec la vitesse de la lumiĂšre dans les marges d'incertitude liĂ©es Ă la mesure : bien que la moyenne statistique soit supĂ©rieure Ă la vitesse de la lumiĂšre dans le vide, l'Ă©cart est infĂ©rieur aux incertitudes statistiques de l'expĂ©rience, ce qui ne permet que de donner une valeur maximale de masse dans le cadre de la thĂ©orie relativiste classique. Le dĂ©tecteur de l'expĂ©rience MINOS est en cours de modification pour amĂ©liorer la prĂ©cision de mesure des temps de vol[35].
Observation SN 1987A (1987)
L'observation en 1987 des neutrinos et antineutrinos électroniques émis par la supernova SN 1987A (avec une énergie de l'ordre de 10 MeV donc trÚs inférieure à celle d'OPERA) ne semble pas compatible avec ces mesures. En effet, ils ont été détectés environ trois heures avant que la supernova ne soit observée visuellement[36], ce qui rend trÚs improbable la coïncidence entre leur arrivée et l'explosion de la supernova : en voyageant à une vitesse de l'ordre de celle déduite de la mesure d'OPERA, ils auraient dû arriver sur Terre environ quatre ans avant les photons. Avec l'hypothÚse que les neutrinos et les photons ont été émis successivement durant ces trois heures, ce qui est en bon accord avec les modÚles théoriques de supernova, l'écart maximal entre les deux vitesses (la distance entre la supernova et la Terre étant 168 000 années-lumiÚre) est : .
Les neutrinos en physique expérimentale
Types de détecteurs de neutrinos
Il y a plusieurs types de dĂ©tecteurs de neutrinos. Leur principal point commun est dâĂȘtre composĂ© dâune grande quantitĂ© de matĂ©riel, Ă©tant donnĂ© la faible section efficace dâinteraction des neutrinos. Ils sont Ă©galement gĂ©nĂ©ralement situĂ©s profondĂ©ment sous terre ou sous la mer, afin de sâaffranchir du bruit de fond occasionnĂ© par le rayonnement cosmique.
- Les dĂ©tecteurs au chlore furent les premiers employĂ©s et se composent dâun rĂ©servoir rempli de tĂ©trachlorure de carbone (CCl4). Dans ces dĂ©tecteurs, un neutrino convertit un atome de chlore en un atome dâargon. Le fluide doit ĂȘtre purgĂ© pĂ©riodiquement avec du gaz hĂ©lium qui enlĂšve lâargon. LâhĂ©lium doit alors ĂȘtre refroidi pour le sĂ©parer de lâargon. Ces dĂ©tecteurs avaient le dĂ©savantage majeur de ne pas dĂ©terminer la direction du neutrino entrant. Câest le dĂ©tecteur au chlore de Homestake, dans le Dakota du Sud, contenant 520 tonnes de liquide, qui dĂ©tecta la premiĂšre fois le dĂ©ficit des neutrinos solaires et qui permit de dĂ©couvrir le problĂšme des neutrinos solaires.
- Les dĂ©tecteurs au gallium sont semblables aux dĂ©tecteurs au chlore mais sont plus sensibles aux neutrinos de faible Ă©nergie. Dans ces dĂ©tecteurs, un neutrino convertit le gallium en germanium qui peut alors ĂȘtre dĂ©tectĂ© chimiquement. Ce type de dĂ©tecteur ne fournit pas non plus dâinformation sur la direction du neutrino.
- Les dĂ©tecteurs Ă eau ordinaire, ou dĂ©tecteur Äerenkov, tels que Super-Kamiokande. Ils sont constituĂ©s dâun grand rĂ©servoir dâeau pure entourĂ© par des dĂ©tecteurs trĂšs sensibles Ă la lumiĂšre, des tubes photomultiplicateurs. Dans ces dĂ©tecteurs, un neutrino transfĂšre son Ă©nergie Ă un lepton chargĂ©, qui se dĂ©place alors plus rapidement que la lumiĂšre dans ce milieu[note 1], ce qui engendre, par effet Tcherenkov, une production de lumiĂšre caractĂ©ristique permettant de remonter Ă la trajectoire initiale de la particule. Les avantages de ce type de dĂ©tecteur sont de dĂ©tecter Ă la fois la direction du neutrino, sa saveur et son Ă©nergie. Il autorise Ă©galement un large volume de dĂ©tection pour un coĂ»t minime, ce qui permet dâaugmenter significativement le nombre de neutrinos dĂ©tectĂ©s. Câest ce type de dĂ©tecteur qui a enregistrĂ© le « sursaut » de neutrinos de la supernova 1987a.
- Les dĂ©tecteurs Ă eau lourde emploient trois types de rĂ©actions pour dĂ©tecter les neutrinos : la mĂȘme rĂ©action que les dĂ©tecteurs Ă eau lĂ©gĂšre, une rĂ©action impliquant la collision dâun neutrino avec le neutron dâun noyau de deutĂ©rium, ce qui libĂšre un Ă©lectron, et une troisiĂšme rĂ©action dans laquelle le neutrino casse un noyau de deutĂ©rium en proton et neutron sans lui-mĂȘme changer de nature. Les rĂ©sultats de ces rĂ©actions peuvent ĂȘtre dĂ©tectĂ©s par des tubes photomultiplicateurs et des dĂ©tecteurs de neutrons. Ce type de dĂ©tecteur est en fonction dans lâobservatoire de neutrinos de Sudbury.
- Les dĂ©tecteurs Ă liquide scintillant, tels ceux des expĂ©riences Double Chooz et Kamland (en), permettent de dĂ©tecter des neutrinos dâĂ©nergie de lâordre du MeV. Ils sont en gĂ©nĂ©ral pour cette raison utilisĂ©s pour dĂ©tecter les neutrinos en provenance de centrales nuclĂ©aires. Le liquide scintillant permet de dĂ©tecter trĂšs prĂ©cisĂ©ment lâĂ©nergie du neutrino, mais ne donne pas dâinformation quant Ă sa direction.
- Le dĂ©tecteur Ă film photographique OPERA, installĂ© dans le tunnel du Gran Sasso en Italie, dĂ©tecte les neutrinos Ă©mis par un faisceau gĂ©nĂ©rĂ© au CERN par une technique originale : des couches photographiques sont alternĂ©es avec des feuilles de plomb, afin de dĂ©tecter lâoscillation du neutrino muonique en neutrino tauique. Le dĂ©veloppement des films photographiques permet de reconstruire la topologie de lâinteraction, afin dâidentifier le tau issu de lâinteraction du neutrino tauique.
- Les dĂ©tecteurs de double dĂ©sintĂ©gration bĂȘta : ils permettent de dĂ©tecter le spectre de la double dĂ©sintĂ©gration bĂȘta avec Ă©mission de deux neutrinos, afin de chercher lâexistence dâune double dĂ©sintĂ©gration bĂȘta sans Ă©mission de neutrinos, ce qui prouverait que le neutrino et lâanti-neutrino sont une seule et mĂȘme particule (neutrino de Majorana, par opposition au neutrino classique, de Dirac). Ils sont de deux types : calorimĂ©trique tels GERDA[38] et CUORE, ils dĂ©tectent seulement lâĂ©nergie totale de la double dĂ©sintĂ©gration bĂȘta pour reconstruire fidĂšlement le spectre dâĂ©nergie ; trajectographe-calorimĂštre pour lâexpĂ©rience NEMO3 et le projet SuperNEMO, qui dĂ©tectent le spectre en Ă©nergie et la trajectoire des deux Ă©lectrons afin de rejeter le plus de bruit de fond possible.
Expériences actuelles
DiffĂ©rentes expĂ©riences de physique des particules cherchent Ă amĂ©liorer les connaissances sur les neutrinos, et en particulier sur leurs oscillations. Outre les neutrinos crĂ©Ă©s par les rĂ©actions nuclĂ©aires dans le Soleil et ceux venant de la dĂ©sintĂ©gration bĂȘta dans les centrales nuclĂ©aires, les physiciens Ă©tudient Ă©galement des neutrinos crĂ©Ă©s dans les accĂ©lĂ©rateurs de particules (comme dans les expĂ©riences K2K (pour « KEK to Kamioka ») et CNGS/OPERA).
Lâavantage de ce type dâexpĂ©rience est de pouvoir contrĂŽler le flux et le moment oĂč les particules sont envoyĂ©es. De plus, on connaĂźt leur Ă©nergie et la distance quâelles parcourent entre leur production et leur dĂ©tection. On peut ainsi se placer aux extremums des oscillations, oĂč la mesure des paramĂštres dâoscillation est la plus prĂ©cise.
Ainsi, le dĂ©tecteur OPERA, installĂ© dans le tunnel du Gran Sasso en Italie, cherche depuis 2006 Ă dĂ©tecter les neutrinos tauiques issus de lâoscillation de neutrinos muoniques gĂ©nĂ©rĂ©s au CERN, Ă 731 km. Le , la collaboration OPERA a annoncĂ© avoir mis en Ă©vidence avec une probabilitĂ© de 98 % un Ă©vĂšnement de ce type, ce qui serait la premiĂšre constatation dâune oscillation vers le neutrino tauique[39].
L'expĂ©rience T2K (pour « Tokai to Kamioka »), situĂ©e au Japon, utilise un faisceau de neutrinos crĂ©Ă© par lâaccĂ©lĂ©rateur JPARC Ă Tokai. Ă la maniĂšre de son prĂ©dĂ©cesseur K2K, il dĂ©tecte le flux de neutrinos par un ensemble dâappareils complĂ©mentaires Ă 280 m du point de crĂ©ation du faisceau, puis observe les neutrinos interagissant Ă 295 km de lĂ dans le dĂ©tecteur Äerenkov Ă eau Super-Kamiokande. En mesurant lâapparition de neutrinos Ă©lectroniques dans ce faisceau de neutrinos muoniques, il complĂ©terait pour la premiĂšre fois la matrice dâoscillation des neutrinos.
L'expĂ©rience Double CHOOZ, situĂ©e en France (Chooz, Ardennes), utilise le rĂ©acteur nuclĂ©aire de Chooz afin dâen dĂ©tecter les neutrinos Ă©lectroniques. Un dĂ©tecteur proche et un lointain permettent de mesurer la diffĂ©rence de flux et ainsi une disparition de ces neutrinos, caractĂ©ristique du phĂ©nomĂšne dâoscillation. Lâobjectif est donc similaire Ă celui de lâexpĂ©rience T2K, mais par des mĂ©thodes complĂ©mentaires.
L'expĂ©rience Daya Bay fonctionne selon le mĂȘme principe. Le , elle fut la premiĂšre Ă mesurer le paramĂštre d'oscillation Ξ13 Ă un niveau de confiance de plus de 5Ï.
LâexpĂ©rience KATRIN (pour « Karlsruhe Tritium Neutrino »), installĂ©e en Allemagne, cherche quant Ă elle Ă mesurer directement la masse du neutrino, par lâĂ©tude du spectre de dĂ©sintĂ©gration bĂȘta du tritium.
Dans l'expĂ©rience IceCube, 5 160 capteurs optiques sont rĂ©partis au sein d'un kilomĂštre cube de glace, en Antarctique. Un neutrino de haute Ă©nergie qui a traversĂ© la Terre sans encombre a une toute petite chance de percuter un atome de la glace, en crĂ©ant une cascade de particules et de brefs Ă©clairs lumineux. L'orientation et la forme de ces Ă©clairs permettent de connaĂźtre la direction d'oĂč provient le neutrino et de distinguer sa saveur (Ă©lectronique, muonique ou tauique)[40]. En , IceCube dĂ©tecte un neutrino d'Ă©nergie supĂ©rieure Ă 290 TeV (plus de 20 fois celle des collisions proton-proton du LHC), apparemment Ă©mis par le blazar TXS0506+056, qui a aussi Ă©mis un sursaut gamma et des protons de trĂšs haute Ă©nergie, enregistrĂ©s par le tĂ©lescope spatial Fermi et des tĂ©lescopes terrestres[41] - [42].
Les télescopes à neutrinos
Notre ciel a toujours Ă©tĂ© observĂ© Ă lâaide des photons Ă des Ă©nergies trĂšs diffĂ©rentes allant des ondes radios aux rayons gamma. Lâutilisation dâune autre particule pour observer le ciel permettrait dâouvrir une nouvelle fenĂȘtre sur lâUnivers. Le neutrino est pour cela un parfait candidat :
- il est stable et ne risque pas de se désintégrer au cours de son parcours ;
- il est neutre et nâest donc pas dĂ©viĂ© par les champs magnĂ©tiques. Il est donc possible de localiser approximativement la direction de sa source ;
- il possĂšde une trĂšs faible section efficace dâinteraction et peut ainsi sâextirper des zones denses de lâunivers comme les abords dâun trou noir ou le cĆur des phĂ©nomĂšnes cataclysmiques (il faut prĂ©ciser que les photons que nous observons des objets cĂ©lestes ne nous proviennent que de la surface des objets et non pas du cĆur) ;
- il nâinteragit que par interaction faible et transporte ainsi des informations sur les phĂ©nomĂšnes nuclĂ©aires des sources, contrairement au photon qui est issu de processus Ă©lectromagnĂ©tiques.
Une nouvelle astronomie complĂ©mentaire est ainsi en train de se crĂ©er depuis une dizaine dâannĂ©es.
Un des principes possibles pour un tel tĂ©lescope est dâutiliser la Terre comme cible permettant dâarrĂȘter les neutrinos astrophysiques. Lorsqu'un neutrino muonique traverse la Terre, il a une faible chance dâinteragir et ainsi dâengendrer un muon. Ce muon, sâil a une Ă©nergie au-delĂ dâune centaine de GeV, est alignĂ© avec le neutrino et se propage sur une dizaine de kilomĂštres dans la Terre. Sâil a Ă©tĂ© crĂ©Ă© dans la croĂ»te terrestre, il va pouvoir sortir de la Terre et se propager dans la mer oĂč seraient installĂ©s les tĂ©lescopes Ă neutrinos. Ce muon allant plus vite que la lumiĂšre dans lâeau, il engendre de la lumiĂšre Äerenkov, lâĂ©quivalent pour la lumiĂšre du bang supersonique. Il sâagit dâun cĂŽne de lumiĂšre bleutĂ©e. Ce type de tĂ©lescope Ă neutrinos est constituĂ© dâun rĂ©seau tridimensionnel de dĂ©tecteurs de photons (des photomultiplicateurs) qui permet de reconstruire le cĂŽne Äerenkov, et donc la trajectoire du muon et du neutrino incident, et ainsi la position de la source dans le ciel. La rĂ©solution angulaire actuelle est de lâordre du degrĂ©.
Ces tĂ©lescopes Ă neutrinos sont dĂ©ployĂ©s dans un grand volume dâeau liquide ou de glace pour que la lumiĂšre Ă©mise par le muon soit perceptible, des dimensions de lâordre du kilomĂštre cube Ă©tant requises pour avoir une sensibilitĂ© suffisante aux faibles flux cosmiques. Ils doivent ĂȘtre placĂ©s sous des kilomĂštres dâeau pour, dâune part, ĂȘtre dans lâobscuritĂ© absolue, et, dâautre part, pour avoir un blindage aux rayons cosmiques qui constituent le bruit de fond principal de lâexpĂ©rience.
Les tĂ©lescopes Ă neutrinos, ces immenses volumes situĂ©s aux fonds des eaux et regardant sous nos pieds, constituent une Ă©tape majeure dans le dĂ©veloppement de lâastrophysique des particules et devraient permettre de nouvelles dĂ©couvertes en astrophysique, cosmologie, matiĂšre noire et oscillations de neutrinos. Sont actuellement en fonctionnement IceCube, en Antarctique, et Antares, dans la mer MĂ©diterranĂ©e.
Les neutrinos au-delĂ du modĂšle standard
Depuis que les spĂ©cialistes postulent que les neutrinos ont une masse, les thĂ©oriciens ont dĂ©veloppĂ© de nombreuses thĂ©ories dites « au-delà » du modĂšle standard, afin notamment dâexpliquer cette masse.
Théorie des tachyons
Le terme de « tachyon » (rapide en grec) a été introduit pour désigner des particules théoriques capables de se déplacer à des vitesses supérieures à celle de la lumiÚre dans le vide, limite pourtant indépassable selon le modÚle standard. Il s'agit donc là de la premiÚre théorie « au-delà » de ce modÚle, compatible avec les résultats de 2011 de l'expérience OPERA[43]. Cependant, cette observation s'est avérée faussée, à la suite d'un problÚme technique au sein du matériel d'observation.
ModÚle de la « balançoire »
Un des modĂšles les plus prometteurs est le modĂšle du see-saw (« balançoire »). Dans ce modĂšle, des neutrinos de chiralitĂ© droite sont introduits (on Ă©tend donc le contenu en particules du modĂšle standard dâoĂč lâappellation « au-delà ») que lâon suppose trĂšs massifs (bien au-delĂ de lâĂ©chelle Ă©lectrofaible). Cette derniĂšre hypothĂšse est justifiĂ©e par le fait que lâon ne les a jamais observĂ©s jusqu'Ă prĂ©sent, et par des considĂ©rations de symĂ©trie. Par ce biais, on arrive Ă expliquer la faible masse des neutrinos gauches, qui seraient ceux que lâon observe jusqu'Ă prĂ©sent. Il existe en effet un lien trĂšs fort entre la masse des neutrinos gauches et celle des neutrinos droits : elles sont inversement proportionnelles. Donc plus les neutrinos droits sont lourds, plus les neutrinos gauches sont lĂ©gers.
Ce modĂšle considĂšre les neutrinos comme des particules de Majorana, fait qui sera infirmĂ© ou confirmĂ© dans les prochaines annĂ©es par lâexpĂ©rience NEMO Ă©tudiant la double dĂ©sintĂ©gration ÎČ sans neutrino. Lâun des attraits de ce modĂšle est quâil pourrait permettre dâexpliquer lâasymĂ©trie (ou plutĂŽt dissymĂ©trie puisqu'on parle de « brisure de symĂ©trie », selon le langage de Prigogine) matiĂšre/antimatiĂšre de notre Univers. En effet, les spĂ©cialistes se demandent encore en 2010 pourquoi lâUnivers contient (plutĂŽt) de la matiĂšre, sans (presque aucune) antimatiĂšre. Des processus issus de la dĂ©sintĂ©gration des neutrinos droits dans des pĂ©riodes oĂč lâUnivers Ă©tait trĂšs jeune permettraient de comprendre ce phĂ©nomĂšne. Les processus impliquĂ©s sont appelĂ©s la leptogĂ©nĂšse et la baryogĂ©nĂšse.
ModÚle des neutrinos « stériles »
Une autre Ă©volution thĂ©orique au-delĂ du modĂšle standard postule l'existence de neutrinos stĂ©riles[44] - [45] - [46]. Ces neutrinos ne subiraient aucune interaction Ă©lectrofaible, mais uniquement la gravitation. Leur masse devrait alors ĂȘtre plus importante que celle des trois neutrinos « classiques ».
Ces neutrinos stĂ©riles, qui devraient ĂȘtre au nombre de deux (soit cinq neutrinos) et pouvant osciller avec les trois neutrinos connus, permettraient d'expliquer une anomalie observĂ©e depuis longtemps concernant le flux des antineutrinos de rĂ©acteurs. En outre, l'existence de deux neutrinos stĂ©riles induit naturellement la brisure de la symĂ©trie CP (charge, paritĂ©) des leptons, permettant une explication au ratio matiĂšre/antimatiĂšre. D'autres points durs actuels en nuclĂ©osynthĂšse stellaire (production de noyaux lourds par des neutrons rapides ou encore au cours des bursts de neutrinos lors de supernova) peuvent Ă©galement ĂȘtre expliquĂ©s Ă partir de ce formalisme. De plus, Ă©tant massifs et n'interagissant que par gravitation, les neutrinos stĂ©riles sont candidats Ă la matiĂšre noire.
ModÚle à géométrie non commutative
La gĂ©omĂ©trie non commutative, dans le formalisme dâAlain Connes, permet de reformuler Ă©galement de façon Ă©lĂ©gante la plupart des thĂ©ories de jauge avec brisure spontanĂ©e de symĂ©trie. Dans cette optique, R. Wulkenhaar sâest intĂ©ressĂ© au modĂšle 141#141 de grande unification et a obtenu ainsi de maniĂšre naturelle le lagrangien de Yang-Mills couplĂ© au champ de Higgs. Ce modĂšle, oĂč tous les fermions font partie dâune mĂȘme reprĂ©sentation irrĂ©ductible, contient obligatoirement des neutrinos massifs. Une contrainte naturelle, provenant du formalisme utilisant la gĂ©omĂ©trie non commutative, permet de fournir une prĂ©diction pour la masse de ces particules.
Notes et références
Notes
- Ceci ne doit en aucun cas ĂȘtre interprĂ©tĂ© comme une violation de la relativitĂ© restreinte, qui interdit de dĂ©passer la vitesse de la lumiĂšre : en fait, la vitesse des particules Ă©mises (tout comme celle des neutrinos) est supĂ©rieure Ă celle de la lumiĂšre dans lâeau, mais infĂ©rieure Ă celle de la lumiĂšre dans le vide.
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Voir aussi
Bibliographie
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Articles connexes
Liens externes
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- CEA - CollÚge de France - CNRS : Conférence Neutrino 2004 [PDF], .
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- Neutrino et Ă©mission bĂ©ta â Astronoo
- [TLFi] « neutrino » dans le Trésor de la langue française informatisé, en ligne sur le site du Centre national de ressources textuelles et lexicales.
- Canal-U « Les neutrinos dans l'Univers »
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :