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Fermi Gamma-ray Space Telescope

Le Fermi Gamma-ray Space Telescope (anciennement Gamma-ray Large Area Space Telescope, ou GLAST) est un tĂ©lescope spatial de l'agence spatiale amĂ©ricaine destinĂ© Ă  l'Ă©tude des rayons gamma de haute Ă©nergie Ă©mis par les objets cĂ©lestes. Ce satellite a Ă©tĂ© lancĂ© le 11 juin 2008 et placĂ© sur une orbite basse terrestre circulaire de 565 km pour une durĂ©e d'au moins 5 ans. L'instrument principal LAT permet d'observer des rayons gamma de 20 MeV Ă  300 GeV. Un deuxième instrument, le GBM, est rĂ©servĂ© Ă  l'Ă©tude des sursauts gamma. Le tĂ©lescope Fermi a pour objectif l'Ă©tude des phĂ©nomènes les plus violents observĂ©s dans l'univers tels que les blazars jets relativistes produits par des trous noirs supermassifs, les sursauts gamma et doit contribuer Ă  une meilleure comprĂ©hension de phĂ©nomènes tels que les pulsars, les Ă©ruptions solaires et l'origine des rayons cosmiques. Cette mission spatiale est financĂ©e conjointement par la NASA, le DĂ©partement de l'Énergie amĂ©ricaine avec la participation de laboratoires de recherche en Allemagne, France, Italie, au Japon et en Suède[1].

Fermi Gamma-ray Space Telescope
Description de cette image, également commentée ci-après
Le télescope peu avant son lancement.
Données générales
Organisation NASA et DoE.
Domaine TĂ©lescope gamma
Statut Mission en cours
Autres noms GLAST, FGST
Lancement 11 juin 2008
Lanceur Delta II
Durée 5 à 10 ans
Identifiant COSPAR 2008-029A
Site fermi.gsfc.nasa.gov
Caractéristiques techniques
Masse au lancement 4 303 kg
Orbite basse terrestre
Altitude 565 km
PĂ©riode 90 minutes
Inclinaison 24,7°
Principaux instruments
Large Area Telescope TĂ©lescope gamma 20 MeV-300 GeV
GLAST Burst Monitor TĂ©lescope gamma
5 keV-25 MeV

Objectifs scientifiques

Le télescope a pour objectifs[2] :

Caractéristiques techniques

Schéma du satellite Fermi.

Le tĂ©lescope spatial Fermi a la forme d'un parallĂ©lĂ©pipède de 2,5 mètres de cĂ´tĂ© et de 2,8 mètres de haut avec une masse de 4,3 tonnes. Il comporte deux panneaux solaires dĂ©ployĂ©s en orbite qui fournissent 3,1 kW et donnent au satellite une envergure de 15 mètres. Le tĂ©lescope spatial embarque deux instruments : le LAT pour les rayons gamma de haute Ă©nergie (masse de 3 tonnes) qui constitue l'instrument principal et le GBM pour les Ă©nergies plus faibles (masse de 115 kg)[3] - [4].

TĂ©lescope gamma LAT

Le LAT (Large Area Telescope) permet d'observer les rayons gamma compris entre 20 MeV et 300 GeV. Cet instrument est 30 fois plus sensible que l'instrument qui l'a précédé, EGRET, embarqué à bord du télescope spatial gamma Compton Gamma-Ray Observatory lancé en 1991.

Le LAT permet d'observer environ 20 % du ciel à un instant donné et balaye l'ensemble du ciel toutes les trois heures. Le champ de vue est de 2,5 stéradians et la résolution temporelle est de 100 microsecondes. Il comprend quatre sous-ensembles[5] - [6] :

  • le système d'anticoĂŻncidences (Anticoincidence Detector ACD) qui dĂ©tecte les rayons cosmiques Ă  l'aide de scintillateurs plastiques afin de les Ă©liminer des observations effectuĂ©es. Les instruments qui dĂ©tectent les rayons gamma sont Ă©galement sensibles aux rayons cosmiques dont la frĂ©quence est beaucoup plus importante. Il faut donc parvenir Ă  Ă©carter des observations celles qui sont produites par les rayons cosmiques. Alors que les rayons gamma sont des photons neutres Ă©lectriquement, les rayons cosmiques sont composĂ©s d'Ă©lectrons et de protons chargĂ©s Ă©lectriquement. Le système d'anticoĂŻncidences dĂ©tecte ces charges Ă©lectriques ce qui permet d'Ă©liminer les signaux correspondant ;
  • le trajectographe qui permet d'Ă©tablir la trajectoire des rayons gamma donc leur provenance dans le ciel avec une prĂ©cision de 20 arcsecondes (source brillante Ă  haute Ă©nergie) Ă  7 arcminutes (source faible ou Ă  basse Ă©nergie)[4]. Le trajectographe est constituĂ© de 4 rangĂ©es de 4 tours qui sont cĂ´te Ă  cĂ´te. Chaque tour contient 16 minces feuilles de tungstène. Lorsque le rayon gamma frappe ces feuilles il produit une paire positron/Ă©lectron dont la trajectoire est suivie grâce Ă  des dĂ©tecteurs en silicium (880 000 en tout) ;
  • le calorimètre qui mesure l'Ă©nergie des rayons gamma. Les particules produites dans l'Ă©tape prĂ©cĂ©dente pĂ©nètrent dans le calorimètre. Celui-ci, dont la masse est de 1,5 tonnes, est composĂ© de 1536 barreaux de iodure de silicium qui produisent une quantitĂ© de lumière visible proportionnelle Ă  l’énergie des particules. Cette lumière est convertie en signaux Ă©lectriques par des photodiodes. L'incertitude est infĂ©rieure Ă  10 % au-delĂ  de 100 MeV ;
  • le système d'acquisition de donnĂ©es (Data Acquisition System DAQ) qui utilise les informations transmises par les trois autres Ă©lĂ©ments du LAT pour Ă©liminer les rayons cosmiques des observations et transmet aux stations terrestres les informations sur l'Ă©nergie et la direction des rayons gamma dĂ©tectĂ©s.

TĂ©lescope gamma GBM

L'instrument GBM (Gamma Burst Monitor) permet d'observer les rayons gamma compris entre 8 keV et 30 MeV qui caractérisent les sursauts gamma. La résolution temporelle est de 2 microsecondes. Le GBM est constitué de deux types de détecteurs[5] - [7] :

  • 12 dĂ©tecteurs Ă  scintillation utilisant des cristaux d'iodure de sodium qui permettent de dĂ©tecter les rayons gamma dont l'Ă©nergie est comprise entre 5 keV Ă  1 MeV avec une prĂ©cision de quelques degrĂ©s. Cet instrument assure un recouvrement partiel avec l'instrument embarquĂ© sur le tĂ©lescope spatial gamma SWIFT lancĂ© en 2004 et destinĂ© Ă  l'observation des sursauts gamma ;
  • 2 dĂ©tecteurs Ă  scintillation plastiques en germanate de bismuth chargĂ©s de dĂ©tecter les photons dont l’énergie est comprise entre 10 keV et 25 MeV.
  • 6 des 12 tours du trajectographe du LAT ont Ă©tĂ© montĂ©es.
    6 des 12 tours du trajectographe du LAT ont été montées.
  • Calorimètre du LAT durant l'installation du cristal d'un dĂ©tecteur.
    Calorimètre du LAT durant l'installation du cristal d'un détecteur.
  • Tests des dĂ©tecteurs de l'instrument GBM.
    Tests des détecteurs de l'instrument GBM.

Historique

De la sélection au lancement

Le télescope Fermi prend la suite d'une série de télescopes spatiaux gamma haute énergie aux performances croissantes[8] :

  • OSO 3 lancĂ© en 1967 ;
  • SAS-2 (20 MeV - 1 GeV et 540 cm2 de surface efficace de dĂ©tection) lancĂ© en 1972 qui dĂ©tecte les trois premiers pulsars gamma dont Geminga ;
  • COS-B (30 MeV - 5 GeV et 1 500 cm2 de surface efficace de dĂ©tection) lancĂ© en 1975 dĂ©couvre 25 autres sources gamma dont 3C 273 ;
  • EGRET (30 MeV - 10 GeV), instrument embarquĂ© Ă  bord du tĂ©lescope spatial gamma Compton Gamma-Ray Observatory lancĂ© en 1991, dĂ©tecte neuf pulsars (six dĂ©tections certaines et trois autres seulement candidats) et 271 sources de rayon gamma, dont la moitiĂ© n’ont pas Ă©tĂ© identifiĂ©es.

Le centre spatial Goddard de la NASA est responsable du développement du télescope, du contrôle des opérations en orbite et de la distribution des données retraitées aux équipes scientifiques.

Le développement de l'instrument LAT est placé sous la responsabilité scientifique Peter Michelson de l'université Stanford. Il est développée par plusieurs équipes avec une participation internationale significative[9] :

Le responsable scientifique de l'instrument GBM est Charles Meegan du Centre de vol spatial Marshall[8]. Le centre est responsable du développement de l'instrument GBM. L'institut Max Planck en Allemagne fabrique tous les détecteurs ainsi que l'alimentation électrique[9].

La construction du satellite est confiée à la division Systèmes d'Information Avancés (Advanced Information Systems) du groupe General Dynamics à Gilbert dans l'Arizona. Le lancement est pris en charge par le centre spatial Kennedy de la NASA. Le coût du télescope de la conception à la mise en orbite est de 690 millions $ dont 600 millions$ versés par les États-Unis et 90 millions $ par les autres partenaires[10].

DĂ©roulement de la mission

DĂ©collage du lanceur Delta II emportant Fermi.

Le tĂ©lescope Fermi est lancĂ© le 11 juin 2008 par une fusĂ©e Delta II 7920H-10 depuis le pas de tir 17B de la base de lancement de Cape Canaveral. Le lanceur place le tĂ©lescope sur une orbite basse terrestre circulaire Ă  565 km d'altitude avec une inclinaison de 24,7°. Sur cette orbite le tĂ©lescope effectue le tour de la Terre en 90 minutes et observe l'ensemble du ciel après avoir bouclĂ© 2 tours soit en 3 heures. La durĂ©e nominale de la mission est de 5 ans mais l'objectif est de faire fonctionner le tĂ©lescope durant 10 ans[11]. Le satellite est rebaptisĂ© après sa mise en orbite rĂ©ussi Fermi Gamma-Ray Space Telescope en l’honneur du physicien Enrico Fermi pour son rĂ´le dans la comprĂ©hension des mĂ©canismes d'accĂ©lĂ©ration des particules Ă  des vitesses Ă©levĂ©es. Les deux premiers mois les instruments LAT et GBM sont testĂ©s et calibrĂ©s[12].

RĂ©sultats scientifiques

Le premier résultat scientifique important obtenu par GLAST a été la découverte d'un pulsar gamma silencieux dans les autres domaines de longueur d'onde (notamment radio), à l'instar de l'unique pulsar connu à l'époque possédant ce type de caractéristiques, PSR J0633+1746 (Geminga). Ce nouveau pulsar, déjà repéré comme une source de rayons X non périodique sous le nom de RX J0007.0+7303, est situé au sein du rémanent de supernova CTA 1 (SNR 119.5+10.2) dont il est probablement issu[13].

Fermi a détecté début 2009 le plus violent sursaut gamma jamais observé. Les rayons émis par GRB 080916C vont de 10 keV à 10 GeV. On estime que la source de ces rayons, située à 12,2 milliards d'années-lumière, a émis en 60 secondes l'équivalent de 5 masses solaires sous forme d'énergie[14].

En novembre 2009 des chercheurs du CEA et du CNRS détectent pour la première fois grâce à Fermi une émission de rayons gamma en provenance d’un microquasar c'est-à-dire d'un couple composé d'une part d'une étoile à neutrons ou d'un trou noir et d'autre part d'une étoile : la source de l'émission gamma a pu être associée au microquasar Cygnus X-3 découvert auparavant[15].

  • Cheminement d'un Ă©ventuel rayon gamma dans le trajectographe et le calorimètre de l'instrument LAT.
    Cheminement d'un éventuel rayon gamma dans le trajectographe et le calorimètre de l'instrument LAT.
  • Le pulsar Vela ici observĂ© par Fermi Ă©met une bouffĂ©e gamma 11 fois par seconde.
    Le pulsar Vela ici observé par Fermi émet une bouffée gamma 11 fois par seconde.
  • Carte du ciel montrant les pulsars dĂ©couverts par Fermi (actualisĂ© Ă  juillet 2009).
    Carte du ciel montrant les pulsars découverts par Fermi (actualisé à juillet 2009).

Notes et références

  1. An Astro-Particle Physics Partnership Exploring the High Energy Universe.
  2. (en) NASA - Centre Goddard, « Fermi : mission home » (consulté le ).
  3. (en) L. Cominsky, R Gutro, R Naeye et al., « GLAST : guide for reporters to understand the mission and purpose of the GLAST », NASA, , p. 6[PDF].
  4. « Fermi en chiffres », Laboratoire AIM (consulté le ).
  5. (en) NASA, « Fermi Instruments » (consulté le ).
  6. CNRS, « GLAST-instrument LAT » (consulté le ).
  7. CNRS, « GLAST-instrument GBM » (consulté le ).
  8. Benoit Lott, « The GLAST »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?), [PDF].
  9. (en) L. Cominsky, R Gutro, R Naeye et al., « GLAST : guide for reporters to understand the mission and purpose of the GLAST » [PDF], NASA, , p. 10-12.
  10. (en) L. Cominsky, R Gutro, R Naeye et al., « GLAST : guide for reporters to understand the mission and purpose of the GLAST », NASA, , p. 7[PDF].
  11. (en) NASA, « Launch Service Program : GLAST », .
  12. (en) « Première lumière du satellite Glast », CEA, .
  13. (en) A. A. Abdo et al., « The Fermi Gamma-Ray Space Telescope Discovers the Pulsar in the Young Galactic Supernova Remnant CTA 1 », Science, vol. 322, 2008, p. 1218-1221) Voir en ligne (accès restreint).
  14. (en) « Le télescope Fermi découvre l'explosion la plus violente jamais observée dans l’Univers », CEA, .
  15. (en) « Un microquasar émetteur gamma découvert dans notre Galaxie », CEA, .

Voir aussi

Bibliographie

  • (en) Marco Ajello et al., « A Decade of Gamma-Ray Bursts Observed by Fermi-LAT: The Second GRB Catalog », The Astrophysical Journal, vol. 878, no 1,‎ (lire en ligne).

Articles connexes

Liens externes

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