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Radioprotection

La radioprotection est l'ensemble des mesures prises pour assurer la protection de l'homme et de son environnement contre les effets néfastes des rayonnements ionisants.

Boßte en bois et en plomb pour le transport d'échantillons de radium. Début du XXe siÚcle, Musée Curie.
Assemblage de briques de plomb protégeant l'environnement du rayonnement émis par une source radioactive
Conteneur en plomb pour le transport des seringues de technétium 99m en service de médecine nucléaire au XXIe siÚcle

Principes

Le principe général de précaution "ALARA", As Low As Reasonably Achievable, signifiant en français « aussi bas que raisonnablement possible », est applicable au risque d'exposition aux rayonnements ionisants[1]. De ce principe en découle trois autres grands principes qui sont[2] :

  • la justification : les sources de rayonnements ionisants ne doivent pas ĂȘtre utilisĂ©es s'il existe d'autres alternatives moins risquĂ©es (par exemple, pas de radiographie si des rĂ©sultats similaires sont obtenus avec une Ă©chographie). De plus, les sources radioactives sont maintenant strictement interdites dans les produits de la vie courante (mais certains anciens dĂ©tecteurs de fumĂ©e, certains anciens paratonnerres, peuvent en contenir).
    Dans le cas des analyses médicales, c'est au médecin de faire le compromis afin que le bénéfice que le patient retire de l'examen soit supérieur au risque radiologique ;
  • l'optimisation des expositions Ă  ces rayonnements au niveau le plus faible possible ;
  • la limitation. Il existe des limites annuelles d'exposition Ă  ne pas dĂ©passer : elles sont les plus basses possible, afin d'Ă©viter l'apparition d'effets stochastiques. Chaque pays dĂ©finit des limites rĂ©glementaires en fonction des recommandations de la Commission internationale de protection radiologique (CIPR). Ces limites sont valables pour le grand public et les travailleurs, mais pas pour les patients.

Effets biologiques

Compte tenu de leur énergie, les rayonnements ionisants ont un effet néfaste sur les cellules vivantes et particuliÚrement sur l'ADN. Les rayonnements peuvent ainsi induire des modifications ou ruptures de la chaßne d'ADN, réparables ou non.

Les effets ainsi produits peuvent ĂȘtre :

  • stochastiques (alĂ©atoire) pour des faibles doses d'irradiation et dans le cas oĂč la cellule a rĂ©ussi Ă  se rĂ©parer mais de maniĂšre incomplĂšte, entraĂźnant ainsi des modifications de sa fonction ;
  • dĂ©terministes pour des doses plus fortes, entraĂźnant la mort de nombreuses cellules et causant des symptĂŽmes allant de la dĂ©pilation Ă  la mort.

Dose et expositions

Les sources d'expositions aux rayonnements ionisants peuvent ĂȘtre de deux natures :

  • l'exposition externe engendrĂ©e par une source de rayonnements ionisants situĂ©e hors du corps ;
  • l'exposition interne engendrĂ©e par l'incorporation de radionuclĂ©ides dans l'organisme.

Il y a des différences majeures entre ces deux types d'exposition :

  • il est possible de se soustraire aux effets nĂ©fastes des expositions externes en s'Ă©loignant de la source tandis que cela n'est pas possible en cas d'exposition interne ;
  • l'exposition interne suppose une incorporation de radionuclĂ©ides, et la personne devient alors une source d'exposition externe pour ses voisins (voire de contamination) ;
  • les rayonnements α sont trop peu pĂ©nĂ©trants pour ĂȘtre dangereux en exposition externe, alors qu'ils sont particuliĂšrement radiotoxiques en exposition interne (20 fois plus radiotoxiques que les rayonnements ÎČ ou Îł pour la mĂȘme Ă©nergie dĂ©livrĂ©e).
Relation entre dose absorbée, dose équivalente et dose efficace (CIPR)

La dose efficace est calculée en prenant en compte ces deux composantes de l'exposition.

Origine de l'exposition Dose efficace annuelle moyenne en France
Radon 1,2 Ă  1,8 mSv
Rayonnement cosmique 0,3 mSv
Rayonnement tellurique 0,5 mSv
Total exposition naturelle[3] 2 Ă  2,5 mSv
Total exposition médicale en 2002[4] 0,66 à 0,83 mSv

Les doses mentionnĂ©es dans le tableau pour l'exposition des populations françaises sont moyennes. Concernant l'exposition d'origine naturelle, les variations selon les rĂ©gions de France et selon les modes de vie sont importantes. De mĂȘme, le nombre d'actes mĂ©dicaux « dosant » effectuĂ©s dans l'annĂ©e peut trĂšs largement varier d'un individu Ă  un autre (de nombreuses personnes n'ont pas eu d'exposition mĂ©dicale en 2002).

Dose externe

Illustration de la CrĂȘte de Tavernier, phĂ©nomĂšne qu'il dĂ©couvrit en 1948 et qui se caractĂ©rise par l'accroissement de la dose d'irradiation de certains rayonnements dans l'organisme avant sa dĂ©croissance exponentielle

La dose externe est engendrĂ©e par diffĂ©rents types d’exposition :

  • exposition naturelle : elle est principalement causĂ©e par les rayonnements cosmique et tellurique ;
  • exposition artificielle : elle est principalement mĂ©dicale (radiographie, scanner, radiothĂ©rapie) ;
  • exposition professionnelle : sources scellĂ©es, gĂ©nĂ©rateurs de rayon x et rĂ©acteurs ;
  • exposition accidentelle.

La dose d'irradiation a essentiellement une dĂ©croissance exponentielle dans l'organisme en fonction de la profondeur aprĂšs un passage par un maximum appelĂ© CrĂȘte de Tavernier du nom du physicien belge Guy Tavernier qui dĂ©couvrit le phĂ©nomĂšne en 1948. Cette allure de courbe est semblable pour les faisceaux de photons et de neutrons et les rayons X et Gamma.

Dans le cas d’un accident, la dose peut ĂȘtre Ă©valuĂ©e avec des codes de calcul qui prennent en compte l'activitĂ© de la source, la distance, les Ă©crans et les rĂ©flecteurs. L’utilisation de la dosimĂ©trie biologique est Ă©galement efficace pour reconstituer la dose dans ce cas. Elle est effectuĂ©e par un prĂ©lĂšvement sanguin (lymphocyte) et le recensement d’anomalies chromosomiques.

Les travailleurs pouvant ĂȘtre soumis Ă  des rayonnements ionisants lors de leur activitĂ© (industries nuclĂ©aires, mĂ©decins, radiologues
) portent un dosimĂštre (dosimĂštre Ă©lectronique et/ou dosimĂštre Ă  lecture diffĂ©rĂ©e) qui mesure la quantitĂ© de rayonnements auxquels ils ont Ă©tĂ© soumis. Ces dispositifs permettent de s’assurer que la personne n’a pas reçu une dose supĂ©rieure Ă  la norme tolĂ©rĂ©e ou d’en mesurer l’importance.

En 2002, ce suivi dosimĂ©trique rĂ©glementaire concernait 253 000 travailleurs exposĂ©s aux rayonnements ionisants, dont 111 000 personnes dans le secteur mĂ©dical (le premier concernĂ©, devant le secteur nuclĂ©aire)[5].

Dose interne

La dose interne est engendrée par l'incorporation de radionucléides dans l'organisme.

Comme la dose externe elle peut ĂȘtre la consĂ©quence de diffĂ©rentes exposition :

  • exposition naturelle : principalement par inhalation de radon, ingestion de potassium 40 et carbone 14 ;
  • exposition artificielle : exposition mĂ©dicale lors d'injection de composĂ©s radiopharmaceutiques (scintigraphie ...) ;
  • exposition professionnelle : source non scellĂ©es ;
  • exposition accidentelle.

Si l'exposition n'est pas chronique, la concentration en radionucléides présents dans l'organisme va diminuer avec le temps. La dose n'est donc pas immédiate mais répartie sur plusieurs mois ou années. On parle alors de « dose engagée » : la dose intégrée sur la vie de l'individu (soit sur 50 ans pour un adulte et sur 70 ans pour un enfant).

Les radionucléides vont décroßtre selon deux phénomÚnes :

  • la dĂ©croissance radioactive : phĂ©nomĂšne physique correspondant Ă  la dĂ©sintĂ©gration des noyaux radioactifs et caractĂ©risĂ© par la pĂ©riode radioactive, Tr (temps nĂ©cessaire Ă  la dĂ©sintĂ©gration de la moitiĂ© des noyaux) ;
  • la dĂ©croissance biologique, phĂ©nomĂšne biologique correspondant Ă  l'Ă©limination des atomes ou molĂ©cules par l'organisme et caractĂ©risĂ© par la pĂ©riode biologique, Tb (temps nĂ©cessaire Ă  l'Ă©limination de la moitiĂ© de la radioactivitĂ©).

Pour prendre en compte la décroissance globale des radionucléides dans l'organisme, on utilise la notion de période effective :

L'élimination des radionucléides de l'organisme ne s'effectue pas de façon linéaire. Elle suit une fonction d'excrétion (ou de rétention si on considÚre l'évolution de l'activité encore présente dans l'organisme).

Ces fonctions mathématiques dépendent principalement des radionucléides (pour la décroissance radioactive) et de leur formes physico-chimique (pour la décroissance biologique). Le mode d'exposition (chronique ou aiguë) et la voie d'entrée (inhalation ou ingestion) peuvent venir également perturber cette élimination.

RÚgles de protection opérationnelle

Pour l'utilisateur, il existe quatre rĂšgles fondamentales de protection contre les sources de rayonnements externes : la Distance, l'ActivitĂ©, le Temps et les Écrans (moyen mnĂ©motechnique : « D.A.T.E. »).

Distance

S’éloigner de la source de rayonnements.

En effet, dans le cas de rayonnement qui s'atténuent peu dans l'air, la dose reçue par une source ponctuelle diminue selon l'inverse du carré de la distance (cette relation est valable dans tous les milieux isotropes ainsi que dans le vide) :

Activité

Réduire l'activité de la source, par exemple :

  • diminuer les quantitĂ©s de matiĂšre radioactive engagĂ©es, dans le cadre d'une dĂ©contamination par exemple ;
  • diluer les gaz radioactifs. Dans les mines d’uranium souterraines, la ventilation permet de maintenir une faible concentration de radon dans l’air que respirent les mineurs ;
  • attendre la dĂ©croissance radioactive des Ă©lĂ©ments. Par exemple, les installations nuclĂ©aires ne sont pas dĂ©mantelĂ©es aussitĂŽt leur arrĂȘt, de façon Ă  permettre une diminution de l’activitĂ© des zones concernĂ©es.

Temps

Minimiser la durĂ©e de l’exposition aux rayonnements.

Écran

Dans le cas d'une exposition externe, il est possible d'utiliser des écrans de protection entre la source et les personnes. Ces écrans sont choisis en fonction des caractéristiques des rayonnements ionisants émis (par exemple : des murs de béton, des parois en plomb et des verres spéciaux chargés en plomb pour les rayonnements électromagnétiques : gamma et X)[6].

Le rayonnement alpha peut ĂȘtre arrĂȘtĂ© par une simple feuille de papier.

Le rayonnement bĂȘta doit ĂȘtre arrĂȘtĂ© par des Ă©crans dont les atomes qui le constituent ont un faible numĂ©ro atomique afin de ne pas favoriser l'Ă©mission de rayonnement de freinage. Quelques millimĂštres d'aluminium permettent d'arrĂȘter ce rayonnement, le laiton et le plexiglas permettent Ă©galement d'arrĂȘter ce rayonnement, quelques mĂštres d'air permettent Ă©galement de l'arrĂȘter.

Pour le rayonnement Ă©lectromagnĂ©tique, il est attĂ©nuĂ© et non arrĂȘtĂ© par les Ă©crans. On utilise les notions d'« Ă©paisseur demi » (ou couche de demi attĂ©nuation : CDA) et d'« Ă©paisseur dixiĂšme ». Elles correspondent aux Ă©paisseurs permettant de rĂ©duire la dose efficace, respectivement d'un facteur deux et d'un facteur dix. Ces valeurs sont Ă©troitement liĂ©es au coefficient d'attĂ©nuation linĂ©ique (ou coefficient massique d'attĂ©nuation), ” (en cm-1), lui-mĂȘme dĂ©pendant du numĂ©ro atomique de l'Ă©lĂ©ment utilisĂ© comme Ă©cran.

On estime qu'Ă  partir de 10 CDA (qui laissera donc passer un photon sur 1024), si la source n'est pas trop forte, le nombre de rayonnement restant est nĂ©gligeable. Il faut donc plusieurs CDA afin d'arrĂȘter un maximum de rayons incidents.

Le tablier avec son cache-thyroĂŻde.

Le tablier de plomb existe selon plusieurs Ă©paisseurs de plomb. En toute logique, un tablier de 0,5 mm de plomb arrĂȘtera plus de rayons incidents qu'un tablier de 0,25 mm de plomb. Mais cela dĂ©pend Ă©videmment de l'Ă©nergie des rayons incidents car un tablier de 0,25 mm de plomb suffira amplement Ă  arrĂȘter des rayons de basse Ă©nergie (tel que 40 keV) et cela est moins lourd sur les Ă©paules. Toutefois, le tablier devient inefficace aux hautes Ă©nergies (> 100 keV) car il ne permet plus d'arrĂȘter les rayonnements de maniĂšre significative. Il ne convient pas non plus pour le rayonnement de particules chargĂ©es (bĂ©ta 
) Ă  cause du rayonnement de freinage qui peut ĂȘtre induit.

Il existe aussi des gants de protection aux radiations, dont l'efficacité varie avec le type de source manipulée[7].

Pour la contamination interne, il n'y a pas d'écran à proprement parler mais des barriÚres permettant de l'éviter : masque filtrant, boite à gant ventilée, etc.

Aspects réglementaires

La prise de conscience du danger d’une exposition excessive aux rayonnements ionisants a amenĂ© les autoritĂ©s Ă  fixer des normes rĂ©glementaires pour les limites de dose radiative. Ces limites correspondent Ă  un risque supplĂ©mentaire minime par rapport au risque naturel, ce qui le rend donc acceptable, les valeurs de ces limites rĂ©glementaires par consĂ©quent ne prennent pas en compte l'exposition naturelle.

Organismes internationaux

  • Depuis 1928, la Commission internationale de protection radiologique (CIPR) rassemble des mĂ©decins, physiciens, biologistes
 de tous pays. Cette sociĂ©tĂ© savante statutairement indĂ©pendante Ă©met des avis prĂ©cieux en matiĂšre de radioprotection, pour les rĂ©glementations propres Ă  chaque État.
  • Depuis 1955, le ComitĂ© scientifique des Nations Unies pour l'Ă©tude des effets des rayonnements ionisants (UNSCEAR), qui rĂ©unit des scientifiques reprĂ©sentant 21 États, a Ă©tĂ© crĂ©Ă© au sein de l’ONU pour Ă©valuer les niveaux et les effets de l’exposition aux rayonnements ionisants et leurs consĂ©quences biologiques, sanitaires et environnementales. Les rapports de l'UNSCEAR, publiĂ©s tous les quatre Ă  cinq ans, constituent des sommes exhaustives de milliers de rĂ©fĂ©rences bibliographiques. Ils servent de bases aux travaux de la CIPR.

Au niveau européen

L’Union europĂ©enne, au travers d'Euratom, reprend les avis de l'UNSCEAR et les recommandations de la CIPR dans ses propres normes ou directives.

Les limites légales de radioprotection donnent[8] :

Travailleurs (hors situations d'urgence) Public
Dose efficace Dose Ă©quivalente Dose efficace Dose Ă©quivalente
100 mSv sur 5 ans Cristallin : 20 mSv sur 12 mois glissants
Peau (cm2) : 500 mSv sur 12 mois glissants
ExtrĂ©mitĂ©s : 500 mSv sur 12 mois glissants
mSv sur 12 mois glissants Cristallin : 15 mSv sur 12 mois glissants
Peau (cm2) : 50 mSv sur 12 mois glissants

Le législateur divise par 10 ou 20 les doses admissibles des travailleurs pour la population car il considÚre que celle-ci comporte des sujets de tous ùges, de tous états de santé et qui ne sont pas si bien suivis médicalement


Ces directives doivent ĂȘtre transcrites dans les lĂ©gislations de chacun des pays membres qui peuvent Ă©galement fixer une limite annuelle pour les travailleurs.

La limite de mSv/an pour le public ne concerne pas l'irradiation naturelle ni l'irradiation Ă  des fins mĂ©dicales. Cette limite porte donc spĂ©cifiquement sur l'irradiation (non-mĂ©dicale) d'origine artificielle, d'oĂč l'on peut dĂ©duire d'autres rĂšgles de protection : Ă©paisseurs des Ă©crans Ă  placer autour d'installations Ă©mettant des rayonnements ionisants, rĂšgles de zonage des installations nuclĂ©aires, etc.

En France

En France, la radioprotection est dĂ©finie par la loi comme « la protection contre les rayonnements ionisants, c'est-Ă -dire l'ensemble des rĂšgles, des procĂ©dures et des moyens de prĂ©vention et de surveillance visant Ă  empĂȘcher ou Ă  rĂ©duire les effets nocifs des rayonnements ionisants produits sur les personnes, directement ou indirectement, y compris par les atteintes portĂ©es Ă  l'environnement »[9]. Pour le Code de la santĂ© publique, c'est l'« ensemble de mesures destinĂ©es Ă  assurer la protection sanitaire de la population et des travailleurs au regard de l’exposition aux rayonnements ionisants. Elle satisfait les trois principes fondamentaux que sont la justification, la limitation et l'optimisation »[10].
Elle relĂšve de l'AutoritĂ© de sĂ»retĂ© nuclĂ©aire (ASN) devenue depuis une autoritĂ© administrative indĂ©pendante, avec l'appui technique de l’Institut de radioprotection et de sĂ»retĂ© nuclĂ©aire (IRSN). Cette derniĂšre entitĂ© est placĂ©e sous la tutelle conjointe de diffĂ©rents ministĂšres.

Les établissements détenant une source de rayonnements ionisants sont astreints à l'application du code de la santé publique et du code du travail.

Les limites annuelles de dose efficace en vigueur, fixées par le décret du , transposent en droit français la directive Euratom 96/29, soit :

  • pour le public : mSv/12 mois glissants (cela ne concerne pas l'exposition mĂ©dicale) ;
  • pour les travailleurs : 20 mSv/12 mois glissants (cette limite est plus restrictive que la limite europĂ©enne Ă  100 mSv par pĂ©riodes de 5 ans).

Par ailleurs, les femmes enceintes ne doivent pas dĂ©passer mSv au niveau de l'abdomen, le fƓtus Ă©tant considĂ©rĂ© comme protĂ©gĂ© par les mĂȘmes limites que le public. Ainsi, dĂšs qu'une travailleuse a dĂ©clarĂ© sa grossesse, elle est exclue des travaux nĂ©cessitant une catĂ©gorisation A. De mĂȘme, la femme allaitante doit ĂȘtre exclue de tous les travaux Ă  risque de contamination. Enfin les travailleurs mineurs ne doivent Ă©galement pas dĂ©passer 3/10 des limites et les personnes en contrat Ă  durĂ©e dĂ©terminĂ©e ou en contrat intĂ©rimaire ne peuvent pas ĂȘtre soumis Ă  un dĂ©bit de dose supĂ©rieur Ă  mSv/h.

« SISERI » (SystÚme d'information de la surveillance de l'exposition aux rayonnements ionisants) est l'outil national de gestion des données dosimétriques d'exposition des travailleurs à la radioactivité. Géré par l'IRSN il doit garantir une traçabilité et mémorisation des doses reçues par chaque travailleur durant sa vie professionnelle, et comprend une "carte de suivi médical" accessible au médecin du travail.

Code de la santé publique

Le code de la santé publique fixe entre autres les limites de doses admissibles pour le public. Il oblige notamment à demander une autorisation, un enregistrement ou à déposer une déclaration pour toute activité pouvant exposer des personnes aux rayonnements ionisants, sauf s'ils émanent d'une source entrant dans un des cas d'exemption. Ces cas concernent par exemple les sources radioactives d'activité inférieure aux seuils d'exemption internationaux, les générateurs de rayons X de faible tension, sources naturelles non utilisées en raison de leur radioactivité.

L'autorisation existe depuis 1952 pour les sources composées de radionucléides artificiels, c'est-à-dire les sources radioactives dont le contenu n'est pas un produit présent dans les minerais de thorium ou d'uranium. Ces radionucléides dits naturels avaient probablement été exclus car leur représentant principal (le radium) était utilisé depuis plus de trente ans librement et son emploi était déjà sur le déclin : l'époque n'était pas encore axée sur les problÚmes de déchets ou la remise en état des sites, la cessation d'utilisation semblant un peu assimilée à la cessation de l'exposition. Les générateurs électriques, notamment industriels, ont eu pendant longtemps un régime uniquement déclaratif.

Code du travail

Le code du travail organise la radioprotection dans l'entreprise, par exemple, les limites de dose, le suivi dosimĂ©trique des travailleurs exposĂ©s ou le balisage des zones d'expositions (notions de zones contrĂŽlĂ©es, zones surveillĂ©es
). Les premiers textes applicables remontent Ă  1934, Ă  la suite des problĂšmes de santĂ© qui se sont rĂ©vĂ©lĂ©s dans les annĂ©es 1920 pour les mĂ©decins radiologues ou les ouvriers de certains secteurs comme l'horlogerie. Des rĂ©visions majeures ont Ă©tĂ© faites en 1967 et 1986 (crĂ©ation de la personne compĂ©tente en radioprotection avec formation « diplĂŽmante »).

La refonte du [11] concerne :

  • la personne compĂ©tente en radioprotection (PCR)[12]. sous la responsabilitĂ© de l'employeur, elle est nommĂ©e par ce dernier aprĂšs avoir suivi avec succĂšs une formation en radioprotection. Dans le cas d'une Installation NuclĂ©aire de Base (INB), elle doit obligatoirement faire partie des effectifs de l'entreprise ; pour les entreprises extĂ©rieures et les professionnels de santĂ© Ă©quipĂ©s de gĂ©nĂ©rateurs Ă  rayons X (Radiologues, chirurgiens dentistes[13], rhumatologues et les vĂ©tĂ©rinaires), la PCR peut ĂȘtre sous traitĂ©e. Son rĂŽle est de coordonner et mettre en application les diffĂ©rents aspects de la protection des travailleurs, du public et de l'environnement :
    • dĂ©finition des zones radiologiques ;
    • information et formation du personnel intervenant sous rayonnement ionisant ;
    • participation Ă  l'Ă©laboration des fiches de poste avec le mĂ©decin du travail ;
    • dĂ©finition des objectifs de dose (collective et individuelle) et suivi de la dosimĂ©trie ;
    • interlocuteurs internes : CHSCT, mĂ©decin du travail, chef d'Ă©tablissement, personnel ...
    • interlocuteurs externes : principalement l'ASN (dans le cadre des inspections), l'IRSN (dans le cadre de dĂ©tention des sources, gĂ©nĂ©rateurs de rayonnements et gestion de la dosimĂ©trie), la DDASS ;
  • l'amĂ©nagement des locaux de travail[14]. Deux types de zones doivent ĂȘtre dĂ©finies et correctement dĂ©limitĂ©es autour des sources de rayonnements ionisants par le chef d'Ă©tablissement :
    • une zone surveillĂ©e si le travailleur risque de recevoir une dose efficace supĂ©rieure Ă  1 mSv ou une dose Ă©quivalente supĂ©rieure Ă  un dixiĂšme des limites annuelles. Le port d'une dosimĂštrie rĂ©glementaire (dosimĂštre passif actuellement) est obligatoire ;
    • une zone contrĂŽlĂ©e si le travailleur risque de recevoir une dose efficace supĂ©rieure Ă  6 mSv ou une dose Ă©quivalente supĂ©rieure Ă  trois dixiĂšmes des limites annuelles. Le port des dosimĂštries passive et opĂ©rationnelle sont obligatoires et l'accĂšs n'est autorisĂ©e qu'aux personnes ayant reçu une information prĂ©alable ;
  • les travailleurs soumis aux rayonnements ionisants. Une fiche d'exposition doit ĂȘtre Ă©tablie par le chef d'Ă©tablissement en fonction de l'Ă©tude du poste du travailleur. Un suivi mĂ©dical doit ĂȘtre rĂ©alisĂ© incluant au moins une visite mĂ©dicale annuelle. De plus, dans les situations normales de travail, ils sont classĂ©s en deux catĂ©gories par le chef d'Ă©tablissement aprĂšs avis du mĂ©decin du travail :
    • catĂ©gorie A pour les travailleurs susceptibles de recevoir une dose efficace de plus de 6 mSv par an ou une dose Ă©quivalente supĂ©rieure aux trois dixiĂšmes des limites annuelles ;
    • catĂ©gorie B pour les autres travailleurs.

Des modifications importantes sont apportés au code du travail en 2018, créant notamment la notion de conseiller en radioprotection, qui reprend et élargit les anciennes missions de la personne compétente en radioprotection.

Plan de surveillance de l'alimentation

Ce plan (imposĂ© par l’Europe pour quelques contaminants dont plomb, mercure, cadmium) est reconduit chaque annĂ©e (mis en Ɠuvre avec l'IRSN pour la partie concernant la recherche et le dosage de radionuclĂ©ides). Le ministĂšre de l’agriculture rappelle que « les rĂ©sultats obtenus sont autant de donnĂ©es indispensables Ă  l'Ă©valuation de l'exposition du consommateur, qui doit se faire dans le cadre de l'analyse de risque menĂ©e dans une optique de rĂ©vision des teneurs retenues dans le rĂšglement europĂ©en post-accidentel (rĂšglement (Euratom) n°3954/87) »[15].

À titre d'exemple, en 2010, le plan de surveillance annuel n'a pas inclus d'analyses Ă  grande Ă©chelle ni d’analyses d’échantillons en nombre statistiquement significatif[15]. Seuls 683 Ă©chantillons ont Ă©tĂ© Ă©tudiĂ©s pour toute la France, dont une grande partie par des moyens dont les limites de quantification n’ont pas permis de mesure[15]. Ces mesures ont toutefois confirmĂ© que pour les Ă©chantillons alimentaires dont la radioactivitĂ© dĂ©passait la limite de quantification, la bioaccumulation et teneur en radionuclĂ©ides semble ĂȘtre la plus Ă©levĂ©e dans le gibier (forestier probablement)[15]. La radioactivitĂ© a en 2010 Ă©tĂ© mesurĂ©e dans quelques Ă©chantillons de viande d'animaux chassĂ©s (le ministĂšre de l'Agriculture ne prĂ©cise pas chez quelles espĂšces ni dans quels organes) ; Elle Ă©tait en 2010 en moyenne de 12,43 Bq/kg pour le gibier, soit 113 fois plus que la moyenne pour la viande bovine cette mĂȘme annĂ©e (Ă©tablie Ă  0,114 Bq/kg, radioactivitĂ© Ă©quivalente Ă  celle trouvĂ©s dans le groupe crustacĂ©s/mollusques qui Ă©tait de 0,133 Bq/kg).
Concernant les maxima : cette mĂȘme annĂ©e 2010, l’échantillon de gibier le plus contaminĂ© (parmi ces mĂȘmes quelques prĂ©lĂšvements alĂ©atoires) prĂ©sentait une radioactivitĂ© de 50 Bq/kg, soit 335 fois plus que les 0,149 Bq/kg mesurĂ©s pour l’échantillon bovin le plus contaminĂ©)[15].

Améliorer la qualité du travail analytique passe à la fois par l'amélioration du seuil de quantification et par celle du seuil de détection (d'autres critÚres sont la spécificité, la fidélité, l'exactitude, la linéarité et la stabilité du processus analytique).

MĂ©dicaments

Notes et références

  1. Le glossaire de la Radioprotection - ALARA http://www.netpcr.fr/glossaire-radioprotection/alara/
  2. (en) « ICRP Publication 103: Recommendations of the ICRP » Annals of the ICRP Volume 37/2-3, 2007
  3. (en) S. Billon et al. « French population exposure to radon, terrestrial gamma and cosmics ray » Radiation Protection Dosimetry 2005, Vol 113 n°3.
  4. « Rapport Exposition mĂ©dicale de la population française aux rayonnements ionisants »(Archive.org ‱ Wikiwix ‱ Archive.is ‱ Google ‱ Que faire ?), Scanff et al. IRSN et INVS, 2006
  5. [PDF]« Exposition mĂ©dicale aux rayonnements ionisants »(Archive.org ‱ Wikiwix ‱ Archive.is ‱ Google ‱ Que faire ?), IRSN 2004
  6. [PDF]Fiche de radioprotection du CNRS
  7. C. Mazzara, P. Chevallier, N. Cormier, B. Menard and A. Batalla (2012), IntĂ©rĂȘt des gants de protection aux radiations pour la manipulation des radionuclĂ©ides de mĂ©decine nuclĂ©aire ; Radioprotection, E-first 2013, pp (6 pages) , EDP Sciences, 2013 ; DOI:https://dx.doi.org/10.1051/radiopro/2012053 ; (rĂ©sumĂ©), en ligne 2013-02-15
  8. Directive 96/29/Euratom du Conseil du 13 mai 1996
  9. Loi n° 2006-686 du 13 juin 2006 relative à la transparence et à la sécurité en matiÚre nucléaire, article 1.
  10. Code de la santé publique, Art. L 1333-1
  11. Décret n° 2003-296 du 31 mars 2003
  12. Article R231-106 du Code du travail
  13. La radioprotection en pratique dentaire
  14. Article R231-81 du Code du travail
  15. DGAL/DGCCRF (ministĂšre de l'agriculture), 2011, Bilan 2010 des plans de surveillance et de contrĂŽle mis en Ɠuvre par la DGAL (en 2010) ; (voir le Tableau 3 page 54 « Bilan des rĂ©sultats d'analyse quantifiĂ©s tous laboratoires confondus ») ; Attention ; il y a eu trĂšs peu d'analyse faites, ce qui veut dire que les maxima ne sont pas reprĂ©sentatif

Voir aussi

Bibliographie

Articles connexes

Physique

Effets biologiques

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