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Irradiation

L'irradiation désigne l'exposition, volontaire ou accidentelle, d'un organisme, d'une substance, d'un corps, à des rayonnements. Ce terme est en particulier utilisé lorsque l'on considÚre l'exposition à des rayonnements ionisants.

Unités d'irradiation et d'activité

Mesure de la radioactivité ambiante dégagée par le générateur thermoélectrique à radioisotope de la sonde Cassini, qui fonctionne au plutonium 238.

L'irradiation et la radioactivité s'expriment dans des unités spécifiques (sievert (symbole : Sv), becquerel (Bq), etc.) :

Gray

L'unité SI utilisée pour mesurer une irradiation physique est le gray (Gy). Le gray mesure une énergie fournie par unité de masse, indépendamment de ses effets biologiques.

La température augmente pour des puissances de l'ordre du kilogray[1], et le mégagray est l'ordre de grandeur de ce qu'il faut pour cuire un rÎti dans un four à micro-ondes[2].

Les irradiations rencontrées en radiobiologie correspondent à des énergies par unité de masse beaucoup plus faibles, insuffisantes pour chauffer la matiÚre exposée. On utilise généralement le gray pour exprimer des irradiations assez fortes (par exemple en radiothérapie) : pour des faibles doses, on utilise plus fréquemment le milligray, voire le microgray.

Rad

L'ancienne unitĂ© du rad, que l'on retrouve encore dans de nombreuses publications, correspond au centigray (ce qui explique que ce sous-multiple soit frĂ©quemment utilisĂ©). On a donc cGy = rd, ou 100 rd = Gy.

En termes de radioprotection, le rad est une unité d'un bon ordre de grandeur :

  • en dessous du rad, les effets radio-biologiques sont trop faibles pour ĂȘtre statistiquement significatifs ;
  • un opĂ©rateur peut Ă©voluer Ă  titre exceptionnel dans des environnements de quelques rads par heure, mais sous surveillance et pas trop longtemps ;
  • des dĂ©bits de quelques centaines ou milliers de rads par heure imposent en pratique de travailler par tĂ©lĂ©-opĂ©ration.

Sievert

L'unitĂ© utilisĂ©e pour mesurer les effets stochastiques d'une irradiation sur un organisme est le sievert, qui inclut des termes correctifs permettant de prendre en compte la dangerositĂ© relative des diffĂ©rents rayonnements et la sensibilitĂ© relative des diffĂ©rents tissus. Le risque de cancer Ă  terme est beaucoup plus Ă©levĂ© pour un gray de neutrons reçu en tout point de l'organisme que pour un gray de rayons ÎČ limitĂ©s Ă  une petite surface de peau : la mesure en sieverts (la dose efficace) permet de prendre en compte ces diffĂ©rences de risques.

Les faibles doses sont typiquement exprimĂ©es en milli-, voire en microsieverts. Si l'on nĂ©glige ces termes correcteurs, les irradiations corps-entier exprimĂ©es en sievert ou en gray sont du mĂȘme ordre de grandeur pour les rayonnements habituellement rencontrĂ©s en radio-protection.

Becquerel

L'unité utilisée pour mesurer l'activité d'une source radioactive est le becquerel, qui mesure le nombre de désintégrations radioactives par seconde. Il permet de représenter indirectement la quantité de matiÚre radioactive présente, si l'on connait par ailleurs l'activité massique du radionucléide concerné.

Le becquerel est une unitĂ© trĂšs petite, parce que le moindre atome qui se dĂ©sintĂšgre est comptabilisĂ©, et il y a beaucoup d'atomes dans une quantitĂ© pondĂ©rale de matiĂšre (voir nombre d'Avogadro). Un corps humain moyen a ainsi une activitĂ© naturelle de dix mille becquerels. La conversion entre l'activitĂ© (exprimĂ©e en becquerels) et l'effet biologique (exprimĂ© en sieverts) dĂ©pend de la nature et de l'Ă©nergie des rayonnements impliquĂ©s, mais correspond toujours Ă  un facteur extrĂȘmement faible. Ainsi, l'auto-irradiation du fait de la radioactivitĂ© naturelle du corps humain (10 000 Bq) induit une exposition de 0,2 mSv/an, avec un facteur de conversion de vingt microsieverts par kilobecquerel (”Sv/kBq) et par an.

Sources d'irradiation

Dose moyenne de radiation en Allemagne en 2005. La dose effective reçue de radiations d'origine naturelle ou artificielle est en moyenne de 3,9 mSv en Allemagne. Les irradiations d'origine naturelle, et celles d'origine mĂ©dicale (en particulier les examens aux rayons X) contribuent chacune pour Ă  peu prĂšs la moitiĂ© de ce total. En regard des irradiations naturelles ou mĂ©dicales, et compte tenu de la variation considĂ©rable de ces irradiations, toutes les autres contributions sont en pratique nĂ©gligeables.

La principale source d'irradiation est naturelle. Le niveau de l’exposition naturelle varie selon le lieu, gĂ©nĂ©ralement dans le rapport de un Ă  trois. Dans de nombreux endroits il peut ĂȘtre beaucoup plus Ă©levĂ©[3].

L'irradiation naturelle provient principalement du radon, un gaz radioactif produit par les traces d'uranium prĂ©sentes dans certaines roches comme le granite. Ce gaz Ă©mane du sol (dans des proportions trĂšs variables suivant la nature du terrain) et peut se concentrer dans les habitations mal ventilĂ©es. Le radon conduit Ă  une exposition qui peut ĂȘtre trĂšs variable, de 1 Ă  100 mSv/an[4]. En dehors du radon, l'irradiation due aux substances minĂ©rales radioactives peut Ă©galement ĂȘtre importante localement, Ă  proximitĂ© de gisements Ă  haute teneur en uranium ou en thorium, ou encore plus rarement, dans des maisons accidentellement construites avec de telles roches ; mais une faible activitĂ© naturelle peut ĂȘtre mesurĂ©e dans tout matĂ©riau de construction : plĂątre, brique, bĂ©ton, etc. L'exposition correspondante est Ă©galement trĂšs variable, de 0,1 Ă  1 000 mSv/an[4].

Les rayons cosmiques sont Ă©galement une source notable d'irradiation naturelle, d'autant plus forte que l'on est en altitude. Au niveau de la mer et sous des latitudes moyennes, la dose est voisine de 0,3 mSv/an[4]. C'est Ă  cause des rayons cosmiques que l'irradiation augmente lors des voyages en avion. Ces irradiations ne sont pas nĂ©cessairement dangereuses Ă  ces faibles niveaux ; une analyse statistique montre au contraire que le risque de cancer diminue significativement avec l'altitude aux États-Unis[5].

Les substances radioactives présentes dans la nature sont également une source d'irradiation : 10 % de l'irradiation moyenne reçue par une personne provient de son propre corps, principalement du fait de la désintégration du carbone 14 et du potassium 40 (principalement présent dans les os). Cette irradiation est pratiquement constante[4].

L'homme est Ă©galement soumis Ă  des rayonnements provenant de sources artificielles. La radioexposition peut rĂ©sulter de l’activitĂ© professionnelle (radiologue, travailleur de l'industrie nuclĂ©aire, etc.), et dans ce cas, dĂ©pend trĂšs largement de cette activitĂ©. Le niveau moyen de radioexposition professionnelle est gĂ©nĂ©ralement comparable Ă  celui de l’exposition au rayonnement naturel, mais un faible pourcentage de travailleurs reçoivent des doses plusieurs fois supĂ©rieures Ă  cette derniĂšre. L’exposition des travailleurs est soumise Ă  des limites internationalement dĂ©finies, qui sont environ dix fois supĂ©rieures Ă  l’exposition moyenne au rayonnement naturel[3].

La principale cause d'irradiation est mĂ©dicale, reçue lors d'examens radiologiques (radiographies, fluoroscopies et surtout scanners). Cette irradiation varie avec les pratiques mĂ©dicales. Le niveau moyen d’exposition dĂ» aux utilisations mĂ©dicales des rayonnements dans les pays dĂ©veloppĂ©s est Ă©quivalent Ă  environ 50 % de l’exposition moyenne au rayonnement naturel dans le monde[3].

Certaines activitĂ©s humaines contribuent Ă  accroĂźtre l'irradiation naturelle : c’est le cas par exemple de l’extraction et de l’utilisation de minerais contenant des substances radioactives, ainsi que de la production d'Ă©nergie lorsque l’on brĂ»le du charbon contenant de telles substances[3]. En effet, le charbon contient du potassium 40, de l'uranium et du thorium, et sa combustion les concentre d'un facteur dix dans les cendres. Une partie de cette radioactivitĂ© naturelle est Ă©galement rejetĂ©e dans les fumĂ©es et contribue Ă  augmenter lĂ©gĂšrement l'exposition des riverains autour des centrales Ă  charbon (autant voire plus que les rejets des centrales nuclĂ©aires, c'est-Ă -dire de l'ordre du microsievert par an)[6] - [4].

D'autres sources sont une forme de pollution rĂ©sultant de l'utilisation du nuclĂ©aire civil ou militaire, parfois Ă  trĂšs grande distance : retombĂ©es radioactives des essais aĂ©riens d'armes nuclĂ©aires, des accidents nuclĂ©aires tels que Tchernobyl ou Fukushima, rejets industriels, etc. Leur contribution Ă  la dose annuelle moyenne Ă  la population mondiale a atteint un pic de 150 Â”Sv en 1963 (en raison des essais nuclĂ©aires atmosphĂ©riques), puis a diminuĂ© et est de ”Sv en 2000. Ces doses annuelles sont restĂ©es relativement faibles, atteignant au maximum environ 7 % du rayonnement naturel[3].

En France, l'impact moyen des rejets industriels (rĂ©acteurs, industrie du combustible, traitement des dĂ©chets) est infĂ©rieur Ă  quelques milliĂšmes de la radioactivitĂ© naturelle[7]. Ces activitĂ©s n’entraĂźnent gĂ©nĂ©ralement des expositions qui ne correspondent qu’à une faible fraction de la dose moyenne d’irradiation naturelle dans le monde. Toutefois, les riverains habitant Ă  proximitĂ© d'installations rejetant des matiĂšres radioactives dans l’environnement peuvent recevoir des doses plus Ă©levĂ©es[3].

Les tĂ©lĂ©phones portables ou les lignes Ă  haute tension gĂ©nĂšrent des rayonnements Ă©lectromagnĂ©tiques de frĂ©quence plus faible que la lumiĂšre visible, et sont beaucoup trop faibles pour ĂȘtre des rayonnements ionisants. MĂȘme si ce sont des rayonnements non-ionisants, ils constituent des sources d'irradiation[8].

Effets des irradiations

Niveau de l'irradiation reçue

La superposition d'une réponse positive à seuil (A) et d'une réponse négative linéaire sans seuil (B) donne une réponse nécessairement non linéaire (courbe C) et potentiellement un effet d'hormÚse.

Ces radiations, que nos sens ne peuvent pas dĂ©tecter, perturbent le fonctionnement des cellules vivantes. Les molĂ©cules comme l'ADN et les protĂ©ines constituant les cellules subissent des dĂ©gĂąts (rupture de liaisons chimiques, modifications de la structure, etc.). Face Ă  cette agression, les systĂšmes de dĂ©fense dont disposent toutes les cellules vont tenter de rĂ©parer les dommages. Dans la plupart des cas, cette rĂ©paration sera efficace. Si les dĂ©gĂąts sont trop importants, l'Ă©limination de la cellule est opĂ©rĂ©e par des processus de mort cellulaire (par apoptose par exemple). Le danger provient des rĂ©parations imparfaites qui peuvent aboutir Ă  des cellules dĂ©clenchant un cancer des annĂ©es aprĂšs l'irradiation. À trĂšs forte dose d'irradiation, les systĂšmes de dĂ©fense ne peuvent plus faire face Ă  cette importante mortalitĂ© des cellules perturbant les fonctions vitales pouvant aller jusqu'au dĂ©cĂšs.

Suivant l'intensité de l'irradiation subie (en une seule fois sur l'ensemble du corps), on peut distinguer trois zones d'effets :

  • le syndrome d'irradiation aiguĂ« (ou « maladie des radiations ») est dĂ©terministe et Ă  effet de seuil : il est systĂ©matiquement observĂ© au-delĂ  d'une certaine dose (plus de Gy reçus) et ne se manifeste pas en deçà d'un certain seuil (moins de 0,5 Gy) ;
  • les effets stochastiques sont statistiquement mesurables pour des doses supĂ©rieures Ă  0,1 Gy. On s’accorde gĂ©nĂ©ralement pour dire que le surcroĂźt de risque relatif Ă  100 mSv est de 1,06, ce qui correspond (pour un risque naturel de cancer de l'ordre de 20 %) Ă  un taux de cancer provoquĂ© de 1 % pour 100 mSv ;
  • il n'y a pas d'effet statistiquement dĂ©tectable en dessous d'une dose de l'ordre de 100 mSv, ou pour un dĂ©bit de dose infĂ©rieur Ă  0,1 mGy/min, ce qui est la limite pratique des faibles doses d'irradiation. En revanche, sur le plan biologique, de nombreuses Ă©tudes montrent que des expositions Ă  des doses de 1 Ă  100 mGy stimulent les mĂ©canismes cellulaires de rĂ©paration d'ADN, conduisant Ă  un effet non linĂ©aire et globalement bĂ©nĂ©fique de ces expositions[9]. Le fait d’irradier prĂ©alablement des cellules humaines dans la gamme de dose de 10 mGy aboutissait, Ă  des doses de l’ordre de Gy, Ă  une augmentation de la rĂ©sistance des cellules prĂ©-irradiĂ©es par rapport aux cellules naĂŻves, en particulier pour ce qui concerne les mutations induites[10] - [11] ;
  • aucun effet biologique n'est plus dĂ©tectable en dessous de doses de l'ordre du milligray ou du millisievert. À de telles doses, en effet, le nombre moyen de cassures double brins provoquĂ© par l'irradiation (0,04 par noyau et par mGy) reprĂ©sente le dĂ©sordre moyen que subit naturellement une cellule en sept minutes (huit cassures double brin par vingt-quatre heures).

Ces trois zones d'effets (dont les frontiÚres sont floues et assez mal connues) correspondent à une irradiation occasionnelle reçue en une seule fois et sur l'ensemble du corps, donc pour un débit de dose trÚs élevé.

Effets stochastiques

Deux risques d'effets radio-induits ont surtout été étudiés : principalement celui de cancers, et de maniÚre secondaire, celui sur la fertilité et /ou tératogénicité.

D'autres effets ont Ă©tĂ© signalĂ©s pour des doses d'irradiation comprise entre 0,1 et 2 Gy c'est-Ă -dire entre les faibles doses d'irradiation aujourd'hui sans effet connu et la dose dĂ©clenchant le syndrome d'irradiation aiguĂ« ayant systĂ©matiquement des effets immĂ©diats et lourds: cataracte radio-induite[12] - [13] - [14] - [15] - [16], maladies cardio-vasculaires[17] - [18] - [19] - [16] - [20] ou sur-mortalitĂ© parmi la cohorte des liquidateurs de Tchernobyl.

On peut remarquer que l'effet stochastique est avant tout une prĂ©occupation de santĂ© publique. Sachant que le taux de cancer « naturel » est de l'ordre de 20 %, une personne accidentellement exposĂ©e Ă  100 mSv (donc trĂšs largement au-delĂ  des doses admises en radioprotection) verra sa probabilitĂ© d'ĂȘtre atteinte d'un cancer passer de 20 % Ă  21 % ; c'est-Ă -dire que mĂȘme Ă  ce niveau d'exposition, un cancer Ă©ventuel n'aura que 5 % de chance d'ĂȘtre dĂ» Ă  une exposition aux rayonnements - et 95 % de chances d'ĂȘtre dĂ» Ă  autre chose. Ce n'est que pour des personnes exposĂ©es par ailleurs au syndrome d'irradiation aigĂŒe que la probabilitĂ© d'un cancer radio-induit devient significative sur le plan individuel.

Anomalie de développement

Le risque d'anomalie du dĂ©veloppement du fƓtus en cas d'irradiation importante est bien rĂ©el. Les effets secondaires chez le fƓtus peuvent a priori ĂȘtre subdivisĂ©s en quatre groupes : mort in utero, malformations ou retard de croissance et du dĂ©veloppement, et effets mutagĂšnes[21].

  • La mort in utero concerne l'embryon pendant les dix premiers jours aprĂšs fĂ©condation, et fonctionne en « tout ou rien » ; pendant l’implantation, une irradiation supĂ©rieure Ă  10 rd (100 mGy) entraĂźne la mort cellulaire[21]. Ces consĂ©quences ne se distinguent pratiquement pas d'un avortement spontanĂ©.
  • Pendant l’organogenĂšse (semaine 3 Ă  la semaine 10), l’irradiation peut perturber la prolifĂ©ration et la migration cellulaire, voire entraĂźner localement la mort cellulaire sur tout ou partie d'un organe. Les consĂ©quences Ă  ce stade sont le retard de croissance et les malformations congĂ©nitales (surtout au niveau du systĂšme nerveux central)[21], ce qui a pu ĂȘtre constatĂ© sur certaines grossesses de survivantes d'Hiroshima. Une irradiation infĂ©rieure Ă  rd (50 mGy ou 50 mSv) n’augmente pas le risque de malformation ou de perte fƓtale. De plus, en irradiation mĂ©dicale, la plupart des patientes sont irradiĂ©es de maniĂšre fractionnĂ©e ce qui est beaucoup moins dangereux qu’une irradiation aiguĂ«[21].

Anomalie génétique

On ne recense pas d’augmentation du risque de maladies gĂ©nĂ©tiques secondaires Ă  l'irradiation[21]. Les doses pour lesquelles un effet a Ă©tĂ© identifiĂ© (de l'ordre de 10 rd, soit plus de 100 mSv) sont largement supĂ©rieures aux doses utilisĂ©es lors d’examens radiologiques[21] - [22].

Le risque de mutation génétique a été évoqué et trÚs médiatisé dans les années 1950, à la suite des bombardements atomiques de Hiroshima et Nagasaki, et à la suite de l'accident provoqué par les retombées nucléaires de l'essai Castle Bravo en 1954, qui fit un mort. « Dans les années qui suivirent, et surtout à la suite des observations faites sur les descendants des survivants de Hiroshima et Nagasaki, il devint clair que cette préoccupation était une sur-réaction, dues à des passions fortes suscitées par la menace d'une guerre nucléaire. »[23] Aucun effet génétique transmissible imputable à un excÚs d'irradiation n'a jamais été mis en évidence chez l'homme, y compris à la suite de l'accident de Tchernobyl[24] - [25], bien que ce thÚme soit trÚs récurrent et réguliÚrement exploité par des publications non scientifiques[26].

RĂšglementations

Les principes et les normes de radioprotection sont relativement uniformes dans le monde et en particulier dans l'Union européenne[27].

Les normes internationales se basent sur le principe que le risque pour la santĂ© est proportionnel Ă  la dose reçue et que toute dose de rayonnement comporte un risque cancĂšrigĂšne et gĂ©nĂ©tique (CIPR 1990). Bien qu'aucune dose ne soit inoffensive, des seuils sont admis par les normes internationales. Ces principes de radioprotection portent Ă©videmment sur la protection contre le syndrome d'irradiation aiguĂ«, et s'Ă©tendent jusqu'Ă  la zone des risques stochastiques, pour des doses de l'ordre de 10 mSv/an.

Il est admis que l'effet cumulĂ© de faibles dĂ©bits de doses est largement infĂ©rieur Ă  celui d'une dose Ă©quivalente reçue en une seule fois : en dessous de dĂ©bits de doses de quelques dizaines de ”Sv/h, ce qui est l'ordre de grandeur des expositions aux rayonnements dans les environnements naturels fortement radioactifs, on constate une absence d'effet des populations exposĂ©es, alors mĂȘme que le cumul des doses reçues peut atteindre la centaine de mSv par an.

Selon le rapport 2003 du CERI (European Commitee on Radiation Risks) « les expositions internes sont plus dangereuses que les expositions externes en raison de l’incorporation des produits radioactifs au sein mĂȘme des cellules et des constituants cellulaires. ConsidĂ©rant que les Ă©valuations actuelles du risque aprĂšs contamination sont sous-estimĂ©es il propose de nouveaux coefficients de risque et des limites de doses trĂšs infĂ©rieures Ă  celles adoptĂ©es dans le cadre des dispositions lĂ©gislatives et des recommandations internationales de la CIPR[28] ».

En France, il est admis au titre du principe de précaution que la relation dose-effet est linéaire sans seuil jusqu'à la dose zéro, c'est-à-dire que l'on considÚre rÚglementairement qu'une dose, aussi petite soi-telle, entraßne une augmentation de la probabilité d'effets délétÚres (maximalisation du risque dans un principe d'équité)[27].

Toute exposition humaine Ă  des radiations ionisantes doit rĂ©pondre Ă  un principe de justification et de limitation. D'oĂč des limites rĂšglementaires diffĂ©rentes selon les populations (professionnels ou grand public) et les diffĂ©rentes parties du corps. Il n'existe pas de limite rĂšglementaire pour l'exposition mĂ©dicale des patients, car cette exposition vise Ă  produire un bĂ©nĂ©fice direct, trĂšs largement supĂ©rieur aux risques encourus[27], ainsi un organe particulier peut recevoir une dose d'irradiation plus Ă©levĂ©e, par exemple en radiothĂ©rapie.

Modes d'irradiation

trois modes d'irradiation : Par irradiation continue, par dose ponctuelle, ou par contamination interne.

L'exposition humaine à des rayonnements peut prendre trois formes d'effets assez différents : exposition ponctuelle, chronique, ou par contamination.

Exposition environnementale

L'exposition aiguë, répétée ou chronique à un environnement irradiant, y compris à des rayonnements faibles (travail sur écran cathodique, examens radiographiques, etc.), gamma ou X, est une préoccupation pour la protection des personnes ou populations alors exposées à un débit de dose plus ou moins élevé. Ce débit est mesuré en microsieverts par heure (Les doses annuelles cumulées sont alors généralement de l'ordre du millisievert). Il peut s'agir d'un environnement de travail (cabinet médical de radiologie, travailleur de l'industrie nucléaire) ou d'habitation (vie en altitude, ou dans une région riche en uranium, thorium, radon...).

L'exposition environnementale naturelle laisse gĂ©nĂ©ralement aux cellules le temps de se rĂ©gĂ©nĂ©rer ; les effets adverses ne sont dĂ©montrĂ©s chez la souris que pour des dĂ©bits de doses supĂ©rieurs au millisivert par heure. Des souris exposĂ©es Ă  0,000 2 cGy/min (0,12 mGy/h) pendant cinq semaines ne montrent pas d'effet dĂ©tectable sur l'ADN[29], bien que la dose totale (0,1 Gy) entraĂźne des dommages dĂ©tectables si reçue en une seule fois.

Exemples de niveaux d'irradiation externe (par personne et par an) donnés par Areva[30] :

Irradiation moyenne due aux centrales nucléaires en France0,01 mSv/an
Irradiation due à la radioactivité naturelle en France1 à 2 mSv/an
Irradiation globale (naturelle plus artificielle) de la population française2 à 3 mSv/an
Irradiation naturelle globale de la population mondiale2,4 mSv/an

Les personnels rĂ©putĂ©s les plus exposĂ©s font en France l'objet d'une surveillance. Un cas particulier est celui du mĂ©tier d'Ă©goutier (notamment exposĂ© aux rejets hospitaliers) ; il est depuis 2022 pris en compte par le systĂšme Ciddre (intĂ©grant maintenant tous les radionuclĂ©ides mĂ©dicaux, mis Ă  jour pour des calculs plus prĂ©cis concernant le lutĂ©tium 177 utilisĂ© en oncologie, et permettant le calcul d’impact des dĂ©versements radioactifs dans les rĂ©seaux)[31].

Cas particulier du radon

Le radon est spontanĂ©ment prĂ©sent presque partout, surtout en contexte granitiques, volcaniques ou minier, mais sa prĂ©sence n'est pas nĂ©gligeable mĂȘme dans les terrains calcaires. En France, les rĂ©gions riches en radon sont la Bretagne, le Massif central, les Vosges et la Corse.

L'exposition au radon peut ĂȘtre vue comme un cas intermĂ©diaire entre environnement irradiant et contamination. Ce n'est pas le radon lui-mĂȘme qui pose un problĂšme radiologique, mais ses descendants fixĂ©s dans les poumons et l'organisme sous forme de nanoparticules ; il en rĂ©sulte une dose Ă  un niveau estimĂ© Ă  2,46 Ă— 10−9 sievert par heure de sĂ©jour et par becquerel et par mĂštre cube[32] Pour cette raison, une atmosphĂšre chargĂ©e en radon est surtout considĂ©rĂ©e comme un environnement contaminant, diffusant un « terme source ». La teneur en radon est mesurĂ©e en becquerels par mĂštre cube.

Exposition occasionnelle

Il est possible de subir une exposition massive à des rayonnements de l'ordre du gray, volontairement (radiothérapie), accidentellement (accident nucléaire), ou à la suite d'une explosion nucléaire.

Les doses importantes conduisent typiquement Ă  un syndrome d'irradiation aiguĂ«, quand elles sont de l'ordre du gray. Elles sont essentiellement le fait de rayonnements gammas durs ou de neutrons (les rayons α et ÎČ n'ont qu'une portĂ©e limitĂ©e).

Lors de l'accident nucléaire de Forbach en 1991, trois ouvriers ont été irradiés par un accélérateur de particules et ont reçu des doses entre 50 et 100 grays.

Les expositions ponctuelles aux faibles doses d'irradiation, reçues en une seule fois, sont mesurĂ©es en millisieverts. Elles correspondent la plupart du temps, pour le public, Ă  des examens radiologiques (radiographies, gammagraphies, scanners, etc.). Plus rarement, en cas d'accident radiologique, des personnes peuvent Ă©galement ĂȘtre exposĂ©es Ă  de faibles doses d'irradiation : personnes mises en prĂ©sence d'une source radioactive Ă  grande distance et/ou pendant un temps suffisamment bref. C'est Ă©galement la dose globale considĂ©rĂ©e pour Ă©valuer le risque de cancer Ă  terme lors d'expositions exceptionnelles : accident de criticitĂ©, accident nuclĂ©aire ou explosion atomique.

Exemples de niveaux d'irradiation (par personne et par an)[30] :

Irradiation entraßnée par un vol Paris-New York0,02 mSv
Irradiation entraßnée par une radiographie simple des poumons0,02 mSv
Irradiation moyenne consécutive à une tomodensitométrie thoracique ou abdominale2,5 à 10 mSv

Contamination interne

Lors d'une contamination par des produits radioactifs, l'effet de la radioactivité est accentué par la fixation du produit dans le corps. La contamination (généralement accidentelle, mais parfois volontaire en curiethérapie) se fait le plus fréquemment par inhalation (par exemple, risque de cancer du poumon induit par le radon), éventuellement par ingestion de produits contaminés (pollutions d'eau ou retombées de matiÚres radioactives), ou par contamination de la peau conduisant à une inhalation ou une ingestion ultérieure (voire une pénétration directe).

Une contamination interne par des substances radioactives (que ce soit par inhalation, ingestion, ou à travers une blessure) expose l'organisme à des rayonnements faibles, mais directement en contact avec les tissus, et sur une durée potentiellement longue (fonction de la période biologique du radioisotope, de son mode d'ingestion, de son état chimique, etc.). Ces contaminations se mesurent en becquerels ; la plus ou moins grande radiotoxicité de la substance (et s'il y en a, de ses descendants radioactifs le long de la chaßne de désintégration) est évaluée en sieverts par becquerel (l'unité typique étant le ”Sv/kBq).

La radiotoxicitĂ© dĂ©pend alors essentiellement du produit et de sa forme chimique, qui gouvernent son mĂ©tabolisme et son sĂ©jour dans le corps. Cette radiotoxicitĂ© est principalement due aux rayonnements α et ÎČ, qui sont alors produits directement dans le corps, et induisent le plus souvent un risque de cancer.

Applications

Irradiations de matériaux

Les matériaux inertes subissent également des irradiations dans différents environnements, particuliÚrement dans les réacteurs nucléaires et en environnement spatial. Ces environnements sont en effet trÚs radiatifs et on y retrouve de nombreuses particules chargées et de haute énergie (électrons, protons, particules α...) interagissant de maniÚre coulombienne et nucléaire avec les atomes du matériau irradié[33] - [34]. Apparaissent alors dans leur structure des défauts simples (lacune et site interstitiel) ou plus complexes (dislocation) qui modifient leurs propriétés physico-chimiques et mécaniques. La prévision de ces évolutions a fait et fait toujours l'objet d'une recherche fondamentale et appliquée. Par ailleurs, l'irradiation est un moyen utilisé pour modifier volontairement les matériaux : durcissement des polymÚres, modifications des propriétés électroniques des semi-conducteurs, etc. L'irradiation a également été utilisée pour quantifier la teneur en radicaux induits par des actions mécaniques (broyage) sur des composés organiques (lactose)[35].

On utilise l'irradiation (parfois appelĂ©e « ionisation Â») pour stĂ©riliser divers objets, la plupart dans le secteur mĂ©dical. Elle est Ă©galement utilisĂ©e dans le secteur agroalimentaire afin de stĂ©riliser les aliments et de les conserver plus longtemps. Ceci est sujet Ă  controverse, car il pourrait y avoir des risques pour la santĂ©. Enfin, elle est employĂ©e pour l'amĂ©lioration des propriĂ©tĂ©s de polymĂšres[36].

La plateforme expérimentale Aérial Feerix, inaugurée dans la région Grand Est en , est un outil d'étude de ces applications multisectorielles. Destinée à la recherche, au développement et à la formation, la plateforme d'irradiation est issue d'une technologie développée par le CEA et construite sur des technologies pointues d'accélération d'électrons et de génération de rayons X de forte énergie[36].

Analogies dans d'autres domaines

Par analogie, le terme d'irradiation est également rencontré dans les domaines suivants :

  • l'irradiation, dans le domaine de la physique, est une Ă©mission de rayons (notamment lumineux) d'une particule; ou une propagation par rayonnement ;
  • en anatomie, l'irradiation est une disposition rayonnĂ©e des fibres, des vaisseaux ;
  • en physiologie, l'irradiation est la propagation d'une sensation douloureuse Ă  partir de son point d'origine vers les rĂ©gions voisines ;
  • en linguistique, l'irradiation est l'influence exercĂ©e par le radical d'un mot sur le sens d'un prĂ©fixe ou d'un suffixe ;
  • l'irradiation dĂ©signe un dĂ©ploiement en rayons Ă  partir d'un centre, ou de façon figurĂ©e, la propagation, ou la diffusion par exemple d'un fait ou d'un sentiment, dans toutes les directions.

Notes et références

  1. Un gray correspond Ă  un joule par kilogramme, donc 0,239 Ă— 10−3 calorie par gramme : un kilogray augmentera donc d'un quart de degrĂ© la tempĂ©rature d'un milieu liquide.
  2. Voir : vingt minutes de cuisson dans un four de huit cents watts transfÚrent un mégajoule à un rÎti d'environ un kilogramme.
  3. Rapport UNSCEAR 2000, Comité scientifique des Nations Unies pour l'étude des effets des rayonnements ionisants, Rapport à l'Assemblée générale, avec annexes scientifiques, 2000 A/55/46, ISSN 0255-1381 (2000)
  4. Jacques Pradel, « RadioactivitĂ© et repĂšres naturels Â», SociĂ©tĂ© française d'Ă©nergie nuclĂ©aire.
  5. John Hart, Seunggeun Hyun, Cancer mortality, state mean elevation, and other selected predictors, Dose-Response, 10:58–65, 2012
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Voir aussi

Bibliographie

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Liens externes

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