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Accident nucléaire de Fukushima

L'accident nuclĂ©aire de Fukushima, aussi appelĂ© catastrophe nuclĂ©aire de Fukushima, est un accident industriel majeur survenu au Japon Ă  la suite du tsunami du . Le sĂ©isme originel, d'une magnitude 9,1, soulĂšve une vague qui atteint 30 mĂštres de haut sur certaines parties de la cĂŽte orientale japonaise et qui se rĂ©pand jusqu'Ă  dix kilomĂštres Ă  l'intĂ©rieur des terres, faisant plus de 18 000 morts par noyade. Au niveau de la centrale nuclĂ©aire de Fukushima Daiichi, situĂ©e sur le littoral, la vague atteint 15 mĂštres de haut et met hors service les systĂšmes assurant le refroidissement des rĂ©acteurs et des piscines de stockage du combustible irradiĂ©, ce qui entraĂźne la fusion des cƓurs des rĂ©acteurs 1, 2 et 3 ainsi que la surchauffe de la piscine de dĂ©sactivation du rĂ©acteur 4.

Catastrophe nucléaire de Fukushima
La centrale de Fukushima Daiichi aprÚs l'accident nucléaire.
La centrale de Fukushima Daiichi aprÚs l'accident nucléaire.

Type Accident nucléaire majeur de niveau 7
Pays Drapeau du Japon Japon
Localisation ƌkuma, prĂ©fecture de Fukushima
CoordonnĂ©es 37° 25â€Č 17″ nord, 141° 01â€Č 57″ est
Cause Perte totale des alimentations Ă©lectriques
Date
RĂ©sultat Fusion du cƓur de trois rĂ©acteurs

GĂ©olocalisation sur la carte : Japon
(Voir situation sur carte : Japon)
Catastrophe nucléaire de Fukushima
Géolocalisation sur la carte : préfecture de Fukushima
(Voir situation sur carte : préfecture de Fukushima)
Catastrophe nucléaire de Fukushima

Il s'agit de la deuxiĂšme catastrophe de centrale nuclĂ©aire de l'histoire classĂ©e au niveau 7, le plus Ă©levĂ© sur l'Ă©chelle internationale des Ă©vĂ©nements nuclĂ©aires (INES), au mĂȘme degrĂ© de gravitĂ© que la catastrophe de Tchernobyl (1986), en particulier par le volume important des rejets radioactifs dans l'ocĂ©an Pacifique[alpha 1] - [1]. L'accident nuclĂ©aire de Fukushima est ce qu’on appelle au Japon un Genpatsu-shinsai, un accident combinant les effets d'un accident nuclĂ©aire et d'un sĂ©isme.

Parmi le personnel intervenu aprĂšs l'accident, seules six personnes ont reçu des doses radioactives supĂ©rieures Ă  250 mSv[2] - [alpha 2]. À titre de comparaison, le personnel a Ă©tĂ© exposĂ© en moyenne Ă  des doses de 13 mSv. Parmi les travailleurs du nuclĂ©aire, seulement 0,8 % du personnel a Ă©tĂ© exposĂ© Ă  des doses supĂ©rieures Ă  100 mSv. D'autre part, aucune constatation scientifique d'un potentiel dĂ©veloppement de cancer n'a eu lieu en dix ans[3].

Parmi la population locale vivant autour d'un rayon de 200 km, aucun dĂ©cĂšs provoquĂ© par les rejets radioactifs issus de l'accident n'a Ă©tĂ© dĂ©tectĂ©[4].

La catastrophe a eu des rĂ©percussions sur l'industrie nuclĂ©aire mondiale, ainsi que des consĂ©quences majeures au Japon, pour la centrale, les populations locales, l’approvisionnement Ă©lectrique, ainsi que l’industrie nuclĂ©aire du pays.

Hors service depuis l'accident, la centrale nuclĂ©aire de Fukushima Daiichi devra ĂȘtre dĂ©mantelĂ©e pendant une durĂ©e initialement Ă©valuĂ©e Ă  quarante ans[5]. Les rĂ©acteurs sont refroidis par 200 m3 d'eau par jour. ContaminĂ© par 16 g de tritium[6], le million de mĂštres cubes de cette eau stockĂ©e pourra, selon le gouvernement japonais, ĂȘtre rejetĂ© dans la mer sans danger aprĂšs filtrage des autres Ă©lĂ©ments[6] - [7].

Les opérations de démantÚlement de la centrale ont commencé par le retrait des éléments combustibles des piscines de désactivation des tranches 4 (en ) et 3 (en ), le retrait du combustible des deux derniÚres piscines (tranches 1 et 2) est prévu vers 2023, ensuite doit intervenir le retrait du combustible fondu, puis le démantÚlement complet des installations dans les années 2050/2060.

Description de l'accident

SĂ©isme de magnitude 9 et tsunami

Le vendredi Ă  5 h 46 min 23 s UTC, soit 14 h 46 min 23 s heure locale, a lieu le plus important sĂ©isme mesurĂ© au Japon[8]. Son Ă©picentre se situe Ă  130 km Ă  l'est de Sendai, chef-lieu de la prĂ©fecture de Miyagi, dans la rĂ©gion de Tƍhoku, situĂ© Ă  environ 300 km au nord-est de Tokyo.

Le sĂ©isme entraĂźne l'arrĂȘt automatique des rĂ©acteurs en service, la perte accidentelle de l'alimentation Ă©lectrique et le dĂ©clenchement des groupes Ă©lectrogĂšnes. L'observation d'Ă©missions de xĂ©non, avant mĂȘme la premiĂšre dĂ©pressurisation volontaire du premier rĂ©acteur, indique des dommages structurels probables dans la partie nuclĂ©aire des installations immĂ©diatement aprĂšs le sĂ©isme[9] - [10].

Cinquante-et-une minutes plus tard[11], un tsunami provoquĂ© par le tremblement de terre aborde la cĂŽte orientale. La vague atteint une hauteur estimĂ©e Ă  plus de 30 m par endroit[12] (15 m Ă  la hauteur de la centrale[13]) et pĂ©nĂštre jusqu'Ă  10 km[14] Ă  l'intĂ©rieur des terres, ravageant prĂšs de 600 km de cĂŽtes[14] et dĂ©truisant partiellement ou totalement de nombreuses villes et zones portuaires.

À la suite du tsunami provoquĂ© par le sĂ©isme, des groupes Ă©lectrogĂšnes de secours sont tombĂ©s en panne. Des dĂ©bris ont pu obstruer des prises d'eau. Ces dĂ©faillances, couplĂ©es Ă  plusieurs erreurs humaines aussi bien de fond que pratiques[15], ont causĂ© l'arrĂȘt des systĂšmes de refroidissement de secours des rĂ©acteurs nuclĂ©aires ainsi que ceux des piscines de dĂ©sactivation des combustibles irradiĂ©s. Le dĂ©faut de refroidissement des rĂ©acteurs a induit la fusion totale du cƓur d'au moins deux rĂ©acteurs nuclĂ©aires[16], puis d'importants rejets radioactifs.

Nature et état des centrales nucléaires lors du séisme

SchĂ©ma de principe du refroidissement d’un rĂ©acteur Ă  eau bouillante[17].

Quatre centrales nuclĂ©aires se situent sur la cĂŽte nord orientale et se sont arrĂȘtĂ©es automatiquement Ă  la suite des premiĂšres secousses : les centrales de Fukushima Daiichi, de Fukushima Daini, d’Onagawa et de Tokai[A 1].

Ces centrales sont Ă©quipĂ©es de rĂ©acteurs nuclĂ©aires de type rĂ©acteur Ă  eau bouillante (REB). Le fluide qui traverse le cƓur est de l'eau dĂ©minĂ©ralisĂ©e qui, portĂ©e Ă  Ă©bullition au contact des barres de combustible, se transforme en vapeur et actionne des turbo-alternateurs pour produire de l'Ă©lectricitĂ©[alpha 3].

La centrale nuclĂ©aire de Fukushima Daiichi, lieu de l'accident, est exploitĂ©e par l'opĂ©rateur Tepco et est situĂ©e Ă  145 km de l’épicentre du sĂ©isme[A 1]. Elle comporte six rĂ©acteurs : le rĂ©acteur 1 a une puissance Ă©lectrique brute de 460 MWe, les rĂ©acteurs 2 Ă  5 une puissance de 784 MWe et le rĂ©acteur 6 une puissance de 1 100 MWe. Trois des six rĂ©acteurs Ă©taient en service lors du sĂ©isme (les rĂ©acteurs 1, 2 et 3) et fonctionnaient Ă  pleine puissance[18]. Les rĂ©acteurs 4, 5 et 6 Ă©taient Ă  l’arrĂȘt pour maintenance[A 1].

La centrale nuclĂ©aire de Fukushima Daini est situĂ©e Ă  145 km de l’épicentre[A 1]. Elle est Ă©galement exploitĂ©e par l'opĂ©rateur Tepco et comporte quatre rĂ©acteurs d’une puissance Ă©lectrique brute de 1 100 MWe.

La centrale nuclĂ©aire d'Onagawa, la plus proche de l’épicentre, n'en est Ă©loignĂ©e que de 80 km[A 1]. Elle est exploitĂ©e par l'opĂ©rateur Tƍhoku et comporte trois rĂ©acteurs (un de 498 MWe et deux de 796 MWe).

La centrale nuclĂ©aire de Tƍkai est situĂ©e Ă  255 km de l’épicentre[A 1]. ExploitĂ©e par la Compagnie japonaise de l'Ă©nergie atomique (JAPC), elle comporte un rĂ©acteur de 1 100 MWe.

ScĂ©nario d’accident en synthĂšse

Schéma de l'accident nucléaire de la centrale de Fukushima Daiichi.

Le scĂ©nario d’accident communĂ©ment admis par la communautĂ© scientifique est celui dans un premier temps de la perte des alimentations Ă©lectriques externes de la centrale Ă  la suite du sĂ©isme, suivie dans un second temps de la perte de la source froide et des alimentations Ă©lectriques internes de secours Ă  la suite du tsunami.

Sans possibilitĂ© de refroidissement, le cƓur des rĂ©acteurs 1, 2 et 3 et les assemblages de combustible usĂ© entreposĂ©s dans les piscines de ces rĂ©acteurs ainsi que dans celle du rĂ©acteur 4 subissent une augmentation importante de tempĂ©rature jusqu’à dĂ©passer des valeurs critiques au-delĂ  desquelles la gaine enveloppant les pastilles de combustible se dĂ©sagrĂšge, puis le combustible lui-mĂȘme fond[B 1].

Les dĂ©pressurisations entreprises volontairement par l’exploitant pour limiter la pression dans l’installation conduisent aux premiers rejets de produits radioactifs dans l’environnement. Des incendies suivis d’explosions vont contribuer Ă  ruiner dĂ©finitivement les installations et relĂącher des quantitĂ©s massives d’effluents radioactifs gazeux qui seront suivies par d’importantes masses d’effluents radioactifs liquides Ă  la suite des lĂąchers d’eau entrepris par l’exploitant pour tenter de refroidir l’installation[B 2].

Effets du séisme

La dĂ©tection des premiĂšres secousses provoque l'arrĂȘt des rĂ©acteurs 1, 2 et 3 (soit 30 secondes avant les secousses principales qui ont durĂ© prĂšs d’une minute[19]) par insertion automatique des grappes de commande dans les cƓurs, freinant la rĂ©action de fission par absorption des neutrons. Le tremblement de terre entraĂźne en outre la destruction des six lignes d’alimentations Ă©lectriques externes des rĂ©acteurs et le dĂ©marrage des douze groupes Ă©lectrogĂšnes de secours Ă  moteur diesel pour faire fonctionner des pompes de refroidissement[B 1] - [D 1].

Selon l'exploitant TEPCO, les accĂ©lĂ©rations maximales du sol (PGA) enregistrĂ©es au niveau des fondations des rĂ©acteurs des centrales de Fukushima Daiichi et Daini ont Ă©tĂ© comprises entre 0,2 et 0,5 g et sont globalement infĂ©rieures aux hypothĂšses de dimensionnement de la structure, sauf pour le rĂ©acteur no 3 de Fukushima Daiichi pour lequel un dĂ©passement de 15 % a pu ĂȘtre constatĂ© sur les composantes horizontales. L'Institut de radioprotection et de sĂ»retĂ© nuclĂ©aire (IRSN), qui relaie ces informations dans une note du prĂ©cise que ces informations ne permettent toutefois pas d’évaluer les consĂ©quences du sĂ©isme sur les installations, car il conviendrait de comparer le spectre de rĂ©ponse au spectre de dimensionnement sur l'ensemble des gammes de frĂ©quence et pas uniquement sur les hautes frĂ©quences que constitue le PGA[A 2].

Selon une Ă©tude, menĂ©e conjointement par plusieurs instituts de recherche en NorvĂšge (NILU – Norwegian Institute for Air Research), Autriche (Institute of Meteorology, University of Natural Resources et Life Sciences and Central Institute for Meteorology and Geodynamics), Espagne (Institute of Energy Technologies - INTE, Technical University of Catalonia - UPC et Department of Physics and Nucelar Engineering - FEN, Technical University of Catalonia - UPC) et États-Unis (Universities Space Research Association, Goddard Earth Sciences and Technology and Research, Columbia), la dĂ©tection de xĂ©non 133 vers 15 heures (ou 6 heures UTC[20]) donc avant la premiĂšre dĂ©pressurisation volontaire des rĂ©acteurs, prouverait la dĂ©gradation et la perte de confinement de la partie nuclĂ©aire de l'installation ayant conduit Ă  un rejet de radionuclĂ©ides immĂ©diatement aprĂšs le sĂ©isme[9]. L'Agence japonaise de sĂ»retĂ© nuclĂ©aire a d'abord Ă©vacuĂ© cette hypothĂšse[10], nĂ©anmoins reprise par la commission d'enquĂȘte indĂ©pendante gouvernementale qui l'appuie, et recommande la rĂ©alisation d'une enquĂȘte complĂ©mentaire sur ce problĂšme particulier auquel elle consacre le second point de sa conclusion[21].

Au total, les estimations de cette Ă©tude indiquent que lors de l'accident, la centrale aurait rejetĂ© entre 12,2 et 18,3 EBq de xĂ©non 133, ce qui constitue la plus grande Ă©mission civile de gaz rare de l'histoire, plus du double du dĂ©gagement en gaz nobles de Tchernobyl. La piscine no 4 semble avoir Ă©tĂ© la principale origine de cette « Ă©mission record » de xĂ©non 133, Ă  la suite de la dĂ©gradation des Ă©lĂ©ments combustibles due au dĂ©ficit en eau de refroidissement consĂ©quence du tsunami[9].

Effets du tsunami

Cinquante-et-une minutes aprĂšs la premiĂšre secousse, la premiĂšre vague du tsunami, d'une hauteur de 15 mĂštres[22], atteint la centrale nuclĂ©aire de Fukushima Daiichi. Elle est suivie de plusieurs autres vagues de moindre importance[D 2]. L'installation, ayant Ă©tĂ© bĂątie pour rĂ©sister Ă  un sĂ©isme de magnitude 8 et Ă  un tsunami de 5,7 mĂštres de haut, est entiĂšrement inondĂ©e[23]. Le tsunami a eu pour consĂ©quences la dĂ©gradation des prises d’eau en mer, qui a conduit Ă  la perte de la source froide, puis Ă  la perte des Diesel de secours des rĂ©acteurs 1 Ă  4. Les rĂ©acteurs 5 et 6, construits postĂ©rieurement aux quatre premiers sur une plate-forme situĂ©e une dizaine de mĂštres plus haut, n'ont pas Ă©tĂ© atteints[B 1]. À la suite de la perte des Diesel, un systĂšme d'ultime secours permettant de faire circuler l'eau contenue dans les tores situĂ©s en partie infĂ©rieure des bĂątiments, au pied des cuves des rĂ©acteurs, s'est mis en marche, puis s'est arrĂȘtĂ© par dĂ©faillance des batteries Ă©lectriques. Il n'y avait dĂšs lors plus de moyen de refroidissement disponible[B 1].

Descriptif d'une fusion de cƓur

À la suite de la perte du systĂšme de refroidissement par injection d'eau, le niveau d'eau dans la cuve du rĂ©acteur diminue, ce qui peut conduire Ă  la fusion du cƓur du rĂ©acteur si le refroidissement n'est pas rĂ©tabli (i.e. si le combustible n'est pas sous eau) :

  • Ă  partir d'une tempĂ©rature de 700 Ă  900 °C, les gaines des Ă©lĂ©ments combustible se dĂ©forment et commencent Ă  se rompre, ce qui entraĂźne la dĂ©gradation du combustible et le dĂ©but du relĂąchement des produits de fission dans le circuit primaire ;
  • Ă  partir d'une tempĂ©rature de 1 200 °C le zirconium des gaines rĂ©agit avec la vapeur d'eau surchauffĂ©e, ce qui a pour effet de faire augmenter encore la tempĂ©rature et de provoquer un dĂ©gagement d'hydrogĂšne par rĂ©action chimique ;
  • entre 900 et 1 800 °C certains constituants mĂ©talliques du cƓur fondent ou se vaporisent, la fusion de l'oxyde d'uranium (le combustible nuclĂ©aire) intervenant vers 2 700 °C[24] - [25] - [B 1] ;
  • vers 2 500/3 000 °C, il se forme un mĂ©lange extrĂȘmement chaud, le corium, qui s’accumule dans la cuve et peut Ă©ventuellement la percer par corrosion ou fusion. Le corium contient tous les produits en fusion : zircaloy, zirconium, oxyde d'uranium, acier.

Lorsque la cuve est percĂ©e, s’échappe rapidement dans l'enceinte de confinement « tout ce qui est volatil » puis « tout ce qui peut ĂȘtre lessivĂ© par l’eau ou la vapeur d’eau ».

Fusion des cƓurs

Les cƓurs des rĂ©acteurs 1 Ă  3 ont trĂšs probablement fondu plus tĂŽt qu'initialement annoncĂ©, et le corium aurait percĂ© les cuves des rĂ©acteurs pour au moins en partie s’épandre sur le socle en bĂ©ton (de huit mĂštres d'Ă©paisseur) du bĂątiment. Il a vraisemblablement coulĂ© ensuite dans l'anneau torique jusqu'au niveau le plus bas, et Ă©tĂ© partiellement immergĂ©[26]. Selon les inspecteurs de l’AIEA, les calculs indiquent que les rĂ©acteurs se seraient dĂ©gradĂ©s plus vite que ce que TEPCO avait annoncĂ©, peu aprĂšs le "dĂ©noyage" des combustibles des rĂ©acteurs 1 et 2[D 3]. Le cƓur du rĂ©acteur no 1 aurait fondu trois heures aprĂšs le sĂ©isme, et percĂ© la cuve deux heures aprĂšs, le cƓur no 2 aurait commencĂ© Ă  fondre 77 heures aprĂšs le sĂ©isme en perçant la cuve trois heures aprĂšs et le cƓur no 3 aurait fondu 40 heures aprĂšs le sĂ©isme et percĂ© sa cuve 79 heures aprĂšs[27].

Rejet du Terme Source

Le Terme Source est constituĂ© de la part des produits de fission prĂ©sents juste avant l'accident au sein des crayons combustibles du cƓur de ce rĂ©acteur (= "inventaire" du cƓur du rĂ©acteur) qui ont Ă©tĂ© relĂąchĂ©s lors de l'accident[28]. Une bonne connaissance du terme source permet de mieux gĂ©rer les consĂ©quences de l'accident. Ce terme source est estimĂ© en fonction de l'historique de fonctionnement du rĂ©acteur et des rejets radioactifs mesurĂ©s. Dans le cas de Fukushima, l'injection d'eau de mer par l'exploitant a permis le refroidissement des rĂ©acteurs, mais a contribuĂ© Ă  rendre difficile l'estimation du terme source[C 1].

Explosions des bùtiments des réacteurs du 12 au 15 mars 2011

ÉvĂšnements qui ont affectĂ© les rĂ©acteurs de la centrale Fukushima I
entre le 12 et le 15 mars 2011.

Lorsque la pression augmente Ă  l’intĂ©rieur de la cuve d'un rĂ©acteur Ă  eau bouillante, un systĂšme de dĂ©compression automatique permet d'Ă©vacuer la vapeur de la cuve dans les tores situĂ©s Ă  l’extĂ©rieur des enceintes de confinement. En fonctionnement normal, le refroidissement de ces tores permet la condensation de la vapeur et donc la baisse de pression. Mais en l’absence de moyen de refroidissement, l’eau a Ă©tĂ© portĂ©e Ă  Ă©bullition et la pression a continuĂ© Ă  monter jusqu’à dĂ©passer leur pression de dimensionnement (0,4 Ă  0,5 MPa)[B 2].

Entre le 11 et le , l'exploitant a alors procĂ©dĂ© Ă  des dĂ©compressions volontaires des tores en ouvrant des Ă©vents prĂ©vus Ă  cet effet. Mais le mauvais fonctionnement de ces Ă©vents ou la dĂ©tĂ©rioration des tores ont conduit Ă  l'accumulation d’hydrogĂšne dans les bĂątiments rĂ©acteurs[B 2].

Le samedi Ă  15 h 36, une forte explosion[29] - [30] avec projection de dĂ©bris et Ă©mission d’un panache blanc de fumĂ©e ou de vapeur d’hydrogĂšne[31] se produit dans le bĂątiment du rĂ©acteur no 1 de Fukushima Daiichi. Le secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral du gouvernement, Yukio Edano, confirme que la partie haute du bĂątiment (murs et toiture) s’est effondrĂ©e Ă  la suite d’une explosion d’hydrogĂšne induite par la surchauffe du rĂ©acteur Ă  la suite de la baisse du niveau d’eau de refroidissement. Selon Edano, l’enveloppe de confinement du rĂ©acteur est toujours intacte et il n’y a pas eu de gros rejets de matiĂšres radioactives[32] - [33] - [34]. L’opĂ©rateur indique lui aussi qu’il n’y a pas de dommage Ă  la cuve du rĂ©acteur 1[35].

Le lundi Ă  11 h 1, une seconde explosion se produit, cette fois au niveau du rĂ©acteur no 3 de Fukushima Daiichi, soufflant le toit du bĂątiment[36]. Onze personnes sont blessĂ©es[37]. D’aprĂšs l’opĂ©rateur, ni le rĂ©acteur, ni la salle de commandes n’ont Ă©tĂ© endommagĂ©s, mais plusieurs vĂ©hicules de secours sont atteints. L’Agence japonaise de sĂ»retĂ© nuclĂ©aire explique que ces explosions sont provoquĂ©es par de l’hydrogĂšne rejetĂ© volontairement pour faire baisser la pression malgrĂ© la charge du nuage engendrĂ© en radionuclĂ©ides[38] - [39].

Le mardi Ă  6 h 10, une troisiĂšme explosion, cette fois-ci au rĂ©acteur 2 sur Fukushima I, a lieu et serait due une nouvelle fois Ă  de l’hydrogĂšne Ă©vacuĂ©. La possibilitĂ© d'une fusion du cƓur oĂč les tubes de combustion seraient dĂ©truits, est avancĂ©e[40]. À 6 h 14, TEPCO annonce qu'une partie du bĂątiment du rĂ©acteur no 4 est endommagĂ©e[41].

À partir de ce stade, des rejets massifs vont se produire dans l'atmosphĂšre et l'environnement, et l'ensemble des acteurs vont devoir gĂ©rer la phase post-accidentelle : l'exploitant va tenter de refroidir les installations, puis de rĂ©duire les Ă©missions tout en exposant le moins possible les travailleurs. Les autoritĂ©s vont prendre des mesures pour tenter de protĂ©ger la population.

Surchauffe des piscines de désactivation

ParallĂšlement, les piscines de dĂ©sactivation des rĂ©acteurs 1 Ă  4 dans lesquelles le combustible usĂ© est entreposĂ© ne sont plus refroidies, faute d'alimentation Ă©lectrique. Ce combustible usĂ©, continuant Ă  Ă©mettre de la chaleur, a menĂ© l'eau des piscines des tranches 3 et 4 jusqu’à Ă©bullition[42], ce qui a entraĂźnĂ© une baisse de niveau d'eau. En cas de dĂ©noyage des combustibles, l’élĂ©vation de tempĂ©rature s’accĂ©lĂšre, pouvant conduire Ă  l’éclatement des gaines, puis Ă  la fonte du combustible[B 3].

Un incendie survient le et dégage de nouveaux produits radioactifs[B 3] - [NISA 1]. Selon les inspections faites ultérieurement par robot, les assemblages n'ont pas été dénoyés[B 3].

Classement de l’accident

Le , l’agence japonaise de sĂ»retĂ© nuclĂ©aire classe l’accident au niveau 4[43] sur l’échelle INES de gravitĂ©, qui va de 0 Ă  7. Le , une rĂ©Ă©valuation du classement est transmise Ă  l'AIEA, l'accident survenu au rĂ©acteur 1 est ensuite reclassĂ© au niveau 5.

Le , les accidents des rĂ©acteurs 1, 2 et 3 sont globalisĂ©s et considĂ©rĂ©s comme un seul Ă©vĂ©nement, finalement reclassĂ© au niveau 7, le niveau le plus Ă©levĂ© de l’échelle INES[44] - [45]. Cette rĂ©Ă©valuation tient compte de l’estimation de l’activitĂ© totale rejetĂ©e Ă  cette date[46].

Gestion des risques par l'exploitant Tepco

Le , la compagnie d'électricité japonaise Tepco, qui exploite la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi, a admis pour la premiÚre fois qu'elle avait minimisé le risque de tsunami, de peur qu'une fermeture soit exigée pour améliorer la sécurité[47].

Organisation de crise de l'exploitant

L'exploitant intervient en cas de crise nuclĂ©aire dans un cadre lĂ©gislatif et rĂ©glementaire prĂ©cis. En sont les deux socles principaux la loi spĂ©ciale no 156 du pour la prĂ©paration Ă  une urgence nuclĂ©aire (SpĂ©cial Law of Nuclear Emergency Preparedness)[48] et l'acte no 156 du (Act on SpĂ©cial Measures Concerning Nuclear Emergency Preparedness)[49] , qui a lui-mĂȘme remplacĂ© l'acte No. 223 de 1961 (Basic Act on Disaster Control Measures). L'exploitant doit ainsi avoir prĂ©parĂ© un plan d'urgence, en vertu de l'article 7 de l'acte. Il rend compte Ă  l'autoritĂ© de sĂ»retĂ© nuclĂ©aire du Japon (NISA) de tout incident affectant la centrale[G 1]. Il demande Ă©galement leur approbation aux autoritĂ©s pour toutes les actions non prĂ©vues dans le plan. Mais les conditions exceptionnellement difficiles de recueil de donnĂ©es, de communication et d'intervention ont conduit dans la phase accidentelle Ă  une probablement mauvaise apprĂ©ciation de la situation et Ă  la prise de mesures pas toujours les plus appropriĂ©es, comme celle d'injection d'eau de mer dans les circuits, et mises en Ɠuvre dans des dĂ©lais souvent relativement longs[F 1]. Ceci rend Ă©galement difficile l'Ă©valuation de la situation et la prĂ©vision des Ă©vĂ©nements dans la phase post-accidentelle.

Évacuation du site

Des tĂ©moignages donnent Ă  penser que, dans les premiers moments de la catastrophe, l'opĂ©rateur de la centrale aurait envisagĂ© l'Ă©vacuation de tous les travailleurs du site[50]. Information que le prĂ©sident de TEPCO, M. Masataka Shimizu, dĂ©nonce[51], arguant d'une incomprĂ©hension[52]. En , un rapport d'une commission d'experts chargĂ©s d'enquĂȘter sur les Ă©vĂ©nements confirme que Tokyo Electric Power (Tepco), a voulu au pire de la crise Ă©vacuer le site atomique oĂč ses employĂ©s tentaient de maĂźtriser le dĂ©sastre, mais s'est vu ordonner Ă  l'Ă©poque par le premier ministre Naoto Kan de continuer le travail en maintenant ses travailleurs sur place pour Ă©viter un dĂ©sastre[53].

Les cinquante de Fukushima

AprĂšs le sĂ©isme et le tsunami, les conditions d'intervention des travailleurs sont extrĂȘmement difficiles. Il n'existe, sur l'ensemble du site, aucun moyen de communication entre le centre de commandement (OECC) et le personnel de terrain. Seul un tĂ©lĂ©phone filaire est disponible entre l'OECC et chaque salle de contrĂŽle[E 1]. Le travail de nuit est effectuĂ© dans l'obscuritĂ©. Beaucoup d'obstacles bloquent les routes de liaison, tels que les dĂ©bris du tsunami et de gravats, produits par les explosions qui ont eu lieu dans les unitĂ©s 1, 3 et 4. Tous les travaux sont menĂ©s avec des respirateurs et des vĂȘtements protecteurs, surtout dans des champs de rayonnement intenses[E 2].

Le , il est dĂ©cidĂ© d'Ă©vacuer les 750 travailleurs de l'unitĂ© 4, Ă  la suite de l'incendie du bĂątiment. Seuls restent 50 travailleurs, appelĂ©s dans certains mĂ©dias japonais ou anglophones les « cinquante de Fukushima »[54]. Ils sont rejoints par du personnel supplĂ©mentaire dans les jours suivants, mais « Fukushima 50 » est demeurĂ© le terme utilisĂ© par les mĂ©dias anglo-saxons pour les dĂ©signer. Le nombre de travailleurs impliquĂ©s est montĂ© Ă  580 le matin du [55] alors que le personnel de la centrale nuclĂ©aire de Kashiwazaki-Kariwa et des travailleurs installaient la nouvelle ligne Ă©lectrique pour l'alimenter. Plus de 1 000 travailleurs, pompiers et soldats Ɠuvraient sur le site le [56].

Le , un travailleur de 60 ans meurt d'une crise cardiaque sur le chantier de la centrale, en ayant commencĂ© sa mission la veille[57]. Le , les services d'inspection du travail de Yokohama attribuent officiellement sa mort Ă  une charge de travail excessive physiquement et mentalement[58].

RĂ©tablissement des alimentations Ă©lectriques (12-26 mars)

Le rétablissement des alimentations électriques est dÚs le début de l'accident la priorité absolue pour l'exploitant, d'abord pour alimenter les pompes de refroidissement des réacteurs, mais aussi pour mieux piloter les actions. DÚs la perte de l'alimentation électrique, la salle de commandes n'était en effet plus opérationnelle, et il n'y a plus eu non plus de moyens de communication sur l'ensemble du site entre le centre de commandement local et les travailleurs. Un seul téléphone filaire fonctionnait entre ce centre et chaque salle de contrÎle[E 1]. Les premiÚres nuits, les opérations se sont effectuées dans l'obscurité, dans des conditions précaires[E 2].

Du 19 au , les réacteurs sont réalimentés chacun leur tour à l'exception du réacteur 3, le plus endommagé, qui ne le sera jamais. Le réacteur no 2, le moins accidenté des trois en service lors du séisme, est ainsi réalimenté le vendredi , soit une semaine aprÚs le début des événements[NISA 2] - [59]. L'éclairage de la salle de contrÎle de ce réacteur ne sera toutefois effectif que le 26 à 16h46[NISA 3]. Celle du réacteur 6 intervient le [NISA 4], puis l'alimentation électrique complÚte du réacteur 5 est rétablie le à 11 h 36[NISA 5]. Le , de nouveaux cùbles électriques sont posés pour alimenter le réacteur 4 (à 10 h 35), puis la salle de contrÎle[NISA 1]. Enfin l'alimentation électrique du réacteur 1 est partiellement rétablie le [60].

Refroidissement des installations (12-30 mars)

Des militaires de l’armĂ©e de l’air amĂ©ricaine ainsi que des membres de la sĂ©curitĂ© civile japonaise chargent sur un camion une pompe Ă  haut dĂ©bit fournie par les États-Unis.

Entre le 12 et le , l’exploitant dĂ©verse de l’eau de mer pour refroidir le cƓur des rĂ©acteurs 1, 2 et 3 et le combustible entreposĂ© dans les piscines 1, 2, 3 et 4. Ces dĂ©versements se font en circuit ouvert, occasionnant ainsi une contamination du milieu environnant.

DĂšs le , autour de 20 heures, TEPCO commence Ă  refroidir le rĂ©acteur avec de l’eau de mer, avant d’y ajouter de l’acide borique pour empĂȘcher un accident de criticitĂ© (le bore est un absorbeur de neutrons)[32]. Puis un hĂ©licoptĂšre est mobilisĂ© pour dĂ©verser de l'eau sur les installations. Le mercredi , celui-ci ne peut accomplir sa mission en raison du dĂ©bit de dose trop important[61].

Entre le 14 et le , des informations contradictoires sont donnĂ©es sur la prĂ©sence ou non de combustible dans la piscine no 4 et son Ă©ventuel dĂ©noyage par le prĂ©sident de l'AutoritĂ© de sĂ»retĂ© nuclĂ©aire amĂ©ricaine (U.S. NRC)[62] et par TEPCO et les autoritĂ©s japonaises[63]. Les niveaux Ă©levĂ©s de radiation mesurĂ©s au-dessus des piscines des rĂ©acteurs no 3 et 4 laissent supposer que des Ă©lĂ©ments combustibles auraient Ă©tĂ© dĂ©tĂ©riorĂ©s Ă  la suite d’un Ă©ventuel dĂ©noyage[64]. Selon l'Institut de radioprotection et de sĂ»retĂ© nuclĂ©aire (IRSN), le niveau d'eau doit ĂȘtre rĂ©tabli dans les 48 heures[65], pour refroidir les combustibles usĂ©s : Ă  dĂ©faut, ceux-ci risquent de fondre et de rĂ©pandre leur radioactivitĂ© dans l'atmosphĂšre. Une hausse de la tempĂ©rature est effectivement constatĂ©e le [66]. Les arrosages par hĂ©licoptĂšres[67] complĂ©tĂ©s par des camions-citernes[62] permettent de contenir la situation.

AprĂšs le , le retour progressif de l’électricitĂ© permet une alimentation en eau plus normale et le refroidissement des installations. Les piscines d’entreposage des six rĂ©acteurs sont ainsi refroidies, soit par des systĂšmes existants, soit par apport d’eau externe par dĂ©versement pour compenser l’ébullition, notamment pour la piscine du rĂ©acteur no 4. Une vidĂ©o prise en mai montre que les Ă©lĂ©ments combustibles n’ont pas fondu[64].

Gestion des eaux contaminées

réacteur no 1 - écoulement vers l'océan d'eau trÚs radioactive venant du bùtiment du réacteur via des tranchées et tunnels.

Chaque jour, 200 m3 d'eau sont dĂ©versĂ©s sur la centrale[68]. Toute l'eau dĂ©versĂ©e se charge en atomes radioactifs au contact des installations et s’accumule dans les parties basses des bĂątiments et les galeries souterraines. L'exploitant tente de la contenir sur le site, mais, entre le 1er et le , 520 m3 d'eau contaminĂ©e de l'unitĂ© 2 avec une activitĂ© de 4,7 PBq s'Ă©coulent dans l'ocĂ©an via des tranchĂ©es jusqu'au scellement de celles-ci[F 2]. De mĂȘme, pour libĂ©rer des espaces afin de construire de nouveaux rĂ©servoirs, TEPCO est autorisĂ© Ă  dĂ©verser dans l'ocĂ©an du 4 au environ 10 400 mĂštres cubes d'eau lĂ©gĂšrement contaminĂ©e[F 2].

L’exploitant estime fin Ă  plus de 100 000 tonnes la quantitĂ© d'eau contaminĂ©e stockĂ©e, qui augmente de 500 tonnes par jour[69]. En , le stock d'eau contaminĂ©e atteint 600 000 tonnes, et augmente toujours de 300 tonnes par jour[70]. Le site stockait en mars 2016 plus de 750 000 tonnes d'eau contaminĂ©e[71].

Sur demande du gouvernement, TEPCO doit alors tout faire pour Ă©viter de nouveaux rejets dans l'ocĂ©an et donc dĂ©contaminer l'eau sur place. Une premiĂšre usine de traitement, codĂ©veloppĂ©e par Areva et Veolia[72], est installĂ©e prĂšs du rĂ©acteur no 4, puis une deuxiĂšme en juin pour traiter les 15 000 mĂštres cubes d'eau contaminĂ©e en provenance de l'unitĂ© 2 et les 45 000 mĂštres cubes d'eau moins contaminĂ©e en provenance des salles des machines des rĂ©acteurs 1 et 3[F 3].

Le systĂšme divise par un facteur 10 000 le niveau de radioactivitĂ© de l'eau et peut traiter jusqu'Ă  50 tonnes d’eau contaminĂ©e par heure[72]. L'eau est dĂ©contaminĂ©e largement au-delĂ  du niveau qui permettrait rĂ©glementairement son rejet, mais TEPCO n'a pas pour autant obtenu l'autorisation de rejeter l'eau traitĂ©e dans l'ocĂ©an[73].

Un nouvel espace de stockage permettant d'accueillir 744 conteneurs d'eau contaminĂ©e, de 210 mĂštres de long, ceinturĂ©s de murs en bĂ©ton de 2 mĂštres de hauteur, est terminĂ© fin [74]. En , ce sont 1 000 cuves pouvant chacune stocker 1 000 tonnes qui ont Ă©tĂ© construites. Ces rĂ©servoirs de 11 mĂštres de haut sur 12 mĂštres de large sont constituĂ©s de plaques d’acier assemblĂ©es et scellĂ©es sur place, avec des joints de caoutchouc expansĂ©. Leur construction rapide afin de stocker les 400 tonnes d'eau contaminĂ©e produite par jour est Ă©voquĂ©e comme l'origine possible des fuites constatĂ©es en [75].

Le , TEPCO indique que des taux de plus en plus élevés de strontium 90 ont été détectés dans les eaux souterraines de la centrale[76].

Entre le 5 et le , TEPCO annonce une nouvelle augmentation du niveau de cĂ©sium radioactif dans un puits de prĂ©lĂšvement situĂ© entre les rĂ©acteurs et la mer. Le , au mĂȘme endroit, un niveau trĂšs important d'autres Ă©lĂ©ments radioactifs est mesurĂ©, dont une quantitĂ© de strontium 90 et d'autres Ă©lĂ©ments sources de rayons bĂȘta, de 900 000 becquerels/litre[77].

Le gouvernement japonais a estimĂ© le que 300 tonnes d'eau contaminĂ©e se dĂ©versent quotidiennement dans l'ocĂ©an Pacifique; ces fuites ont Ă©tĂ© Ă©valuĂ©es par l'opĂ©rateur Tokyo Electric Power (Tepco), pour ce qui est de la radioactivitĂ©, Ă  vingt Ă  quarante mille milliards de becquerels entre et [78]. En 2014, 5 milliards de Bq de strontium 90, 2 milliards de Bq de cĂ©sium 137 et un milliard de Bq de tritium s’écoulent quotidiennement dans le Pacifique (confĂ©rence de presse de Tepco du )[79].

Une fuite de 300 tonnes d'effluent sur un rĂ©servoir endommagĂ© est dĂ©couverte le aprĂšs l'apparition sur le site de flaques d'eau radioactive (de l'ordre de 100 mSv/h). L'incident est classĂ© au niveau 1, puis au niveau 3 de l'Ă©chelle INES par les autoritĂ©s de rĂ©gulation nuclĂ©aires japonaise[80].

Tepco teste en novembre 2014 deux nouvelles usines de dĂ©contamination des eaux conçues par Toshiba et Hitachi. Ces systĂšmes baptisĂ©s « ALPS », qui permettent de retirer 62 des 63 Ă©lĂ©ments radioactifs retrouvĂ©s dans l'eau pompĂ©e dans les rĂ©acteurs, viennent complĂ©ter le travail de « nettoyage » dĂ©jĂ  entamĂ© par une premiĂšre structure de Toshiba et d'autres installations fournies par le Californien Kurion. Avec cet ensemble, que les cadres de Tepco ont baptisĂ© « Les Sept SamouraĂŻs », le groupe peut, en thĂ©orie, traiter 2 000 tonnes d'eau par jour. C'est suffisant pour « nettoyer » les 300 tonnes d'eau souterraine qui s'infiltrent encore quotidiennement dans les sous-sols des tranches et cela permet Ă©galement de rĂ©duire peu Ă  peu les gigantesques stocks d'eau souillĂ©e : en 2014, 335 000 tonnes d'eau contaminĂ©e ; les cuves d'acier contiennent aussi 193 000 tonnes d'eau prĂ©sentĂ©e comme « propre », car dĂ©barrassĂ©e de 62 radionuclĂ©ides, mais restant chargĂ©e en tritium et ne pouvant donc, pour l'instant, pas ĂȘtre relĂąchĂ©e dans l'ocĂ©an Pacifique[81].

Bien que les concentrations de tritium mesurĂ©es dans l’eau dĂ©contaminĂ©e de Fukushima-Daiichi soient infĂ©rieures aux standards lĂ©gaux japonais, ce qui autoriserait donc Tepco Ă  relĂącher cette eau dans l’ocĂ©an, comme le font Ă  des Ă©chelles bien moindres les exploitants de centrales dans les autres pays, les associations de pĂȘcheurs de la rĂ©gion s'opposent aux rejets de ces eaux[82]. Le tritium Ă©tant un isotope de l'hydrogĂšne, il peut remplacer celui-ci dans les molĂ©cules d'eau et se rĂ©vĂšle donc particuliĂšrement difficile Ă  traiter[83].

Un millier de gros réservoirs ont été construits pour stocker les eaux contaminées. En 2019, un million de m3 sont stockés, mais selon Tepco, l'exploitant du site, celui-ci aura atteint sa capacité maximale en 2022. Des débats ont lieu, visant à déterminer que faire de l'eau jusqu'à présent stockée. Une des solutions envisagées, suscitant discussions, est de la rejeter dans la mer[84] - [85] - [86].

Il est prĂ©vu d'Ă©liminer toutes les particules radioactives de l'eau, Ă  l'exception du tritium, un isotope de l'hydrogĂšne difficile Ă  sĂ©parer et considĂ©rĂ© comme relativement inoffensif[87] - [88]. Les responsables japonais affirment que l'eau exposĂ©e aux radiations pouvait dĂ©sormais ĂȘtre rejetĂ©e en toute sĂ©curitĂ© dans la mer[89]. En revanche la CorĂ©e du Sud et la Chine sont inquiets de potentielles consĂ©quences sur l'environnement et les humains sur le long terme[90].

En janvier 2020, le site compte 965 rĂ©servoirs contenant chacun 1 200 tonnes d'eau « contaminĂ©e » ; Tepco estime pouvoir encore trouver l'espace pour en construire quelques dizaines de plus, mais, Ă  l'Ă©tĂ© 2022, la capacitĂ© de stockage maximale sera atteinte. Ces 1,18 million de m3 d'eau ont Ă©tĂ© filtrĂ©s dans les trois usines de dĂ©contamination construites, qui parviennent Ă  retirer 62 des 63 radionuclĂ©ides contenus dans ces eaux, sauf le tritium. Selon les calculs du ministĂšre japonais de l'industrie, l'ensemble de l'eau stockĂ©e sur le site contient 860 TBq (tĂ©rabecquerels) de tritium, soit 16 grammes. Pour comparaison, le site de retraitement de la Hague en a rejetĂ© 11 400 TBq en 2018, et la limite autorisĂ©e sur ce site est de 18 500 TBq/an. En dĂ©cembre 2019, les autoritĂ©s nippones ont indiquĂ© que ces eaux pourraient ĂȘtre soit Ă©vaporĂ©es dans l'air, soit progressivement diluĂ©es en mer sur une vingtaine d'annĂ©es[91].

Construction de structures de protection

Pour limiter les rejets d'effluents gazeux radioactifs dans l'atmosphĂšre, il est dĂ©cidĂ© de construire une structure de protection autour de chacun des rĂ©acteurs 1, 3 et 4 dont les bĂątiments ont Ă©tĂ© soufflĂ©s par des explosions. Ces nouvelles structures mesurent 55 mĂštres de hauteur pour une surface au sol de 47 Ă— 42 m[92]. CommencĂ©e le , la structure enveloppant le rĂ©acteur no 1 est terminĂ©e le [93].

Pour rĂ©duire l'Ă©coulement d'effluents liquides vers l'ocĂ©an, TEPCO a dĂ©butĂ© en 2011 la construction d'un mur en acier et en bĂ©ton entre les bĂątiments rĂ©acteurs et le Pacifique. En , il rĂ©alise une barriĂšre de 16 m de profondeur en "solidifiant" le sol par injection de substances chimiques, probablement du silicate de sodium (Na2SiO3) ou « verre liquide » qui avait dĂ©jĂ  Ă©tĂ© utilisĂ© pour colmater un Ă©coulement d'eau radioactive en avril 2011. Mais l'objectif de contenir les eaux souterraines qui s'Ă©coulent naturellement des montagnes environnantes vers l'ocĂ©an en passant sous les installations endommagĂ©es n'est pas atteint. L'accumulation d'eau a fait monter le niveau de la nappe phrĂ©atique jusqu'au dĂ©bordement de cette barriĂšre souterraine qui, pour des raisons techniques, s'arrĂȘte Ă  1,8 m sous la surface. DĂ©but , TEPCO propose d'entourer les bĂątiments rĂ©acteurs de la centrale avec un « mur de glace », barriĂšre cryogĂ©nique souterraine de 1,4 km de long par circulation de fluide frigorigĂšne dans des tuyaux enterrĂ©s, un projet d'environ 35 milliards de yens (270 millions d'euros) d'aprĂšs la sociĂ©tĂ© Kajima corp[94] Ă  l'origine du projet qui devrait stopper les rejets des 400 tonnes d'eau contaminĂ©e produite quotidiennement pour refroidir les trois cƓurs accidentĂ©s des rĂ©acteurs[95].

Les piscines de désactivation

L'Agence internationale de l'Ă©nergie atomique (AIEA) se rĂ©unit du 4 au Ă  Vienne pour parler de la sĂ©curitĂ© nuclĂ©aire dans le monde. Elle Ă©voque notamment la situation Ă  Fukushima. Les rĂ©acteurs endommagĂ©s y sont toujours sous surveillance extrĂȘme, en particulier les piscines de combustibles usagĂ©s.

Les experts s'accordent pour estimer que la piscine du rĂ©acteur no 4, reprĂ©sente le pire legs de la catastrophe du . Celle-ci contient 264 tonnes (1 500 barres) de combustible nuclĂ©aire. Un typhon ou une nouvelle secousse pourrait endommager davantage la piscine, la vider de son eau et dĂ©clencher le rĂ©chauffement inextinguible, avec des Ă©missions radioactives dont les consĂ©quences pourraient ĂȘtre pires (environ soixante fois la quantitĂ© de cĂ©sium Ă©mise lors de la catastrophe initiale). Hiraoki Koide, professeur Ă  l'Institut de recherche nuclĂ©aire universitaire de Kyoto, propose, lui, une comparaison plus effrayante encore, surtout pour les Japonais : « Si le bassin du rĂ©acteur numĂ©ro 4 devait s'effondrer, les Ă©missions de matiĂšre radioactive seraient Ă©normes : une estimation prudente donne une radioactivitĂ© Ă©quivalente Ă  5 000 fois la bombe nuclĂ©aire de Hiroshima »[96] - [97] - [98].

Les informations alarmistes publiĂ©es par le Nouvel Observateur en aoĂ»t sont rĂ©futĂ©es par d'autres mĂ©dias, en particulier Le Monde[99] et LibĂ©ration. Le blog du journaliste scientifique Sylvestre Huet explique de façon dĂ©taillĂ©e[100], photos Ă  l'appui, les travaux de renforcement qui ont dĂ©jĂ  Ă©tĂ© effectuĂ©s sur les structures qui supportent cette piscine, ainsi que sur sa couverture ; il dĂ©montre que, contrairement aux assertions du Nouvel Observateur, la dangerositĂ© de la piscine du rĂ©acteur 4 n'a jamais Ă©tĂ© dissimulĂ©e et que le danger diminue progressivement grĂące au refroidissement du combustible usĂ© stockĂ© ainsi qu'aux travaux de consolidation. Toutefois, bien que des simulations — avec grandes incertitudes — montrent que la probabilitĂ© d'auto-inflammation des barres de combustibles des REB est plus grande durant les 3 mois qui suivent leur extraction du rĂ©acteur, cette probabilitĂ© dĂ©pend trĂšs fortement des conditions de stockage des barres (proximitĂ© des barres et circulation d'air possible entre les barres aprĂšs que la piscine a Ă©tĂ© vidĂ©e). Dans le cas de Fukushima, compte tenu des probables dĂ©placements de barres lors du sĂ©isme, il est impossible de conclure que le risque d'incendie est nul[101]. Tout danger ne sera dĂ©finitivement Ă©cartĂ© que lorsque la piscine aura Ă©tĂ© vidĂ©e de son combustible.

Le transfert du combustible de la piscine de désactivation de l'unité 4 a commencé le ; la piscine avait été auparavant nettoyée de tous les débris de béton et de carcasse métallique projetés par l'explosion d'hydrogÚne de . Une structure métallique a été construite sur le flanc du bùtiment pour supporter les deux ponts roulants destinés l'un à la manutention du conteneur (« chùteau ») dans lequel sont chargés les assemblages de combustibles pour leur transfert vers la piscine générale du site, l'autre à la manutention sous eau des assemblages pour les transférer dans ce conteneur[102].

Les opérations de retrait du combustible nucléaire de la piscine de la tranche 4 se sont terminées en décembre 2014. Celui des piscines des tranches 1 et 2 est annoncé vers 2023[103].

Au 3 mars 2021, les assemblages combustibles qui étaient entreposés dans la piscine de stockage de la tranche 3 ont tous été retirés[104].


Gestion post-accidentelle par les autorités

Organisation de crise des autorités

Le plan d'organisation des secours en cas d'urgence nuclĂ©aire comprend au Japon trois niveaux. Le gouvernement Ă©tablit un centre de commandement national dirigĂ© par le Premier ministre, appuyĂ© par un centre de commandement local dirigĂ© par le vice-ministre du MinistĂšre japonais de l'Économie, du Commerce et de l'Industrie. Il prĂ©pare les plans et procĂ©dures nationales et prend les dĂ©cisions sur les dĂ©placements importants et les contre-mesures. Le gouvernement local met en place un poste de commandement opĂ©rationnel (PCO) local pour gĂ©rer les actions d'urgence dont la surveillance et les mesures de protection des populations (mise Ă  l'abri, Ă©vacuation, distribution de comprimĂ©s d'iode) ; les municipalitĂ©s mettent en Ɠuvre Ă©galement un poste d'intervention d'urgence. L'exploitant de l'installation nuclĂ©aire est quant Ă  lui responsable de l'intervention d'urgence sur place y compris la notification des Ă©vĂ©nements au ministre compĂ©tent, au gouverneur de la prĂ©fecture et aux municipalitĂ©s[D 4].

Dans le cas de Fukushima, il a été impossible d'armer le bùtiment destiné à accueillir le PCO du gouvernement local, situé à environ km de la centrale, essentiellement en raison des difficultés d'accÚs du fait des routes détruites ou jonchées de gravats à cause du séisme, de la perte des infrastructures de télécommunication, du défaut d'alimentation électrique, des pénuries de nourriture, d'eau et de carburant, et également d'une élévation des niveaux de radiation dans le bùtiment qui n'était pas équipé de dispositifs de filtration de l'air[G 1]. Le poste de commandement central du gouvernement a ainsi dû suppléer, dans un premier temps, la défaillance du poste de commandement local[D 4].

Évacuation et retour des populations

Carte des zones d'évacuation, à la suite des décisions des 11 et 22 avril 2011.
Centre-ville de Namie. Autrefois une ville de 22 000 habitants, c'est Ă  prĂ©sent une ville fantĂŽme, dont la municipalitĂ© originelle tente pourtant de fĂ©dĂ©rer les anciens habitants[105].

L'Ă©tat d'urgence nuclĂ©aire ayant Ă©tĂ© dĂ©crĂ©tĂ© par le gouvernement le Ă  19 h 3, la prĂ©fecture de Fukushima Ă©met Ă  20 h 50 un ordre d'Ă©vacuation pour les personnes situĂ©es dans un rayon de km autour du rĂ©acteur no 1 de la centrale de Fukushima Daiichi. À 21 h 23 le premier ministre Ă©tend ce rayon Ă  km avec mise Ă  l'abri jusqu'Ă  10 km. Le lendemain, , il est Ă©tendu Ă  10 km Ă  5 h 44, puis Ă  20 km Ă  18 h 25, le confinement Ă©tant portĂ© jusqu'Ă  30 km[NISA 6]. De mĂȘme il est demandĂ© aux autoritĂ©s locales de distribuer des comprimĂ©s d’iode lors de l'Ă©vacuation en vue de prĂ©venir des cancers de la thyroĂŻde[H 1]. Ainsi en deux jours, le rayon de la zone Ă  Ă©vacuer a Ă©tĂ© portĂ© de 2 Ă  20 km. L'AIEA considĂšre toutefois que les mesures prises immĂ©diatement par le gouvernement national, le gouvernement local et l'exploitant, puis celles qui ont suivi de maniĂšre Ă©volutive Ă©taient appropriĂ©es pour sauver des vies et minimiser les consĂ©quences d'une urgence nuclĂ©aire ou radiologique, compte tenu de la connaissance de la situation[D 5].

Le , la consigne de mise Ă  l'abri est portĂ©e de 20 Ă  30 km, et une zone d'Ă©vacuation volontaire allant au-delĂ  des 30 km est instituĂ©e pour tenir compte d'un Ă©ventuel dĂ©passement d'un dĂ©bit de dose de 20 mSv sur une annĂ©e, qui concerne en partie ou en totalitĂ© les communes de Namie, Katsurao, Minamisƍma, Iitate et Kawamata. Enfin une zone de prĂ©paration Ă  l'Ă©vacuation entre les 20 et 30 km est crĂ©Ă©e[106] - [H 2]. Le Premier ministre modifie finalement les consignes de protection des populations le [H 3]. Pour la centrale de Fukushima Daiichi, une zone d'accĂšs restreint est instaurĂ©e dans un rayon de 20 kilomĂštres autour de l'installation : les familles doivent demander l'autorisation aux autoritĂ©s pour revenir chercher des biens dans leurs anciennes demeures. Un seul membre par famille est habilitĂ© et il doit porter un vĂȘtement de protection,un appareil pour mesurer la radioactivitĂ©, et ne pas rester au-delĂ  de deux heures sur place. Les familles qui habitaient dans un rayon de km autour de la centrale ne bĂ©nĂ©ficient pas de ce droit de retour trĂšs restreint[107]. Pour la centrale de Fukushima Daini, la zone d'Ă©vacuation de 10 km autour de l'installation est ramenĂ©e Ă  km.

Une cinquantaine de personnes ùgées décÚdent à la suite de leur évacuation, victimes d'hypothermie, de déshydratation et du fait de leur état de fragilité initial[108].

L'Ă©vacuation de la zone des 20 km est accompagnĂ©e de l'abandon de milliers d'animaux, surtout des bovins ainsi que d'autres animaux de bĂ©tail (tels porcs et poulets), laissĂ©s sans eau ni nourriture : environ 30 000 porcs, 600 000 poulets, plus de 10 000 vaches auraient Ă©tĂ© laissĂ©s sur place. Le jeudi , le gouvernement demande, avec le consentement des propriĂ©taires et contre indemnisation, l'abattage des animaux restĂ©s dans les secteurs Ă©vacuĂ©s[109]. Le , des Ă©quipes de secours sont autorisĂ©es Ă  entrer dans la zone Ă©vacuĂ©e pour secourir exclusivement chiens et chats de compagnie.

Les restrictions d'accÚs sont allégées fin [110], et les interdictions d'accÚs sont progressivement levées sur une partie importante de la zone d'évacuation :

  • le au nord (Minamisoma) et Ă  l'ouest (Tamura et Kawauchi)[111] ;
  • le [112] sur la commune de Iitate[112] ;
  • le sur Naraha au sud[113],
  • dĂ©but sur Okuma[114].

Restent soumise à l'ordre d'évacuation les communes de Namie et Futaba, directement sous le vent de la centrale accidentée, ainsi que Tomioka.

Les restrictions dépendent des zones, signalées en s'inspirant du code des feux de circulation routiÚre[112] :

  • dans les zones « vertes », le dĂ©bit de dose est infĂ©rieur Ă  20 mSv/an (), seuil fixĂ© par le gouvernement pour autoriser un retour permanent. Il y est possible de circuler sans restrictions et de travailler sans Ă©quipement de protection. Mais il reste interdit d'y passer la nuit[112] ;
  • dans les zones « orange », d'accĂšs restreint, le dĂ©bit de dose est compris entre 20 et 50 mSv/an (entre et ). Le public peut y accĂ©der pour y accomplir des tĂąches spĂ©cifiques, sans avoir besoin de porter des Ă©quipements protecteurs ou des dosimĂštres[112] ;
  • les zones « rouges » sont considĂ©rĂ©es comme d'accĂšs difficile, parce que le dĂ©bit de dose y est supĂ©rieur Ă  50 mSv/an (), et ne devrait pas retomber en dessous de 20 mSv/an avant , soit cinq ans aprĂšs l'accident. L'accĂšs y est possible pour des raisons d'intĂ©rĂȘt public, mais les personnes qui s'y rendent doivent utiliser des Ă©quipements protecteurs et des dosimĂštres[112].

Les autoritĂ©s japonaises annoncent le que l'ordre d'Ă©vacuation va ĂȘtre levĂ©, avec effet au , pour Tamura, situĂ© Ă  une vingtaine de kilomĂštres de la centrale ; 300 personnes sont concernĂ©es. Au cours des deux prochaines annĂ©es, prĂšs de 30 000 personnes pourront choisir de retourner dans leur logement[115]. Le , l'ordre d'Ă©vacuation est levĂ© sur toute la ville de Naraha, situĂ©e majoritairement dans le pĂ©rimĂštre d'interdiction de 20 km autour de la centrale[116]. Par la suite, les procĂ©dures de dĂ©contamination permettent de lever l'ordre d'Ă©vacuation sur les communes de Katsurao () ; Minamisoma () ; Namie, Kawamata et Iitate () et Tomioka ().

DĂ©but 2018, la superficie restant soumise Ă  l'ordre d'Ă©vacuation est de 370 km2, contre 1 150 km2 en 2013[117]. En , il reste environ 75 000 personnes Ă©vacuĂ©es, dont 20 000 dans des logements temporaires, et environ 54 000 personnes en , dont 5 000 dans des logements temporaires[118]. D'aprĂšs Le Monde, en mars 2021, dix ans aprĂšs l'accident, sur les 160 000 personnes ayant initialement quittĂ© leurs habitations, il en reste encore 36 200 vivant ailleurs[119].

Restrictions alimentaires

Les seuils de radioactivitĂ© des aliments sont fixĂ©s Ă  500 Bq/litre pour le cĂ©sium et 2 000 Bq/litre pour l'iode, Ă  l'exception du lait et des produits laitiers : 200 Bq/litre pour le cĂ©sium et 300 Bq/litre pour l'iode[120]. De nombreux contrĂŽles effectuĂ©s sur l'ensemble de la zone contaminĂ©e conduisent les autoritĂ©s Ă  prendre certaines mesures de restrictions alimentaires.

Le gouvernement japonais interdit ainsi le la vente de lait cru et d'Ă©pinards cultivĂ©s dans les environs de la prĂ©fecture de Fukushima[121], tout en minimisant la dangerositĂ© des niveaux de contamination. Sont interdits Ă©galement certains autres lĂ©gumes Ă  feuilles vertes dont, le , les brocolis. Les produits frais issus de quatre prĂ©fectures autour de la centrale de Fukushima, parmi lesquels les Ă©pinards, les brocolis, les choux et les choux-fleurs, sont interdits Ă  la vente le [122]. Les tests sur les produits alimentaires sont Ă©tendus Ă  dix autres prĂ©fectures autour de la centrale, dont certaines bordant Tokyo, la capitale du Japon situĂ©e Ă  250 km au sud-ouest. Des lĂ©gumes sont considĂ©rĂ©s comme non consommables jusqu'Ă  100 km au sud de la centrale[119]. Le 23 mars, le gouverneur de Tokyo, Shintarƍ Ishihara, recommande Ă©galement de ne plus utiliser l'eau du robinet pour les enfants de moins de un an Ă  Tokyo. Selon des responsables de l'Office de l'eau de Tokyo, un taux d'iode 131 de 210 Bq par kg a Ă©tĂ© relevĂ© sur des Ă©chantillons d'eau courante dans le centre de la ville, alors que la limite fixĂ©e par les autoritĂ©s japonaises est de 100 Bq pour les bĂ©bĂ©s[123].

En , le ministĂšre de la SantĂ©, du Travail et des Affaires sociales dĂ©cide de mettre en place des normes de radioactivitĂ© pour le cĂ©sium beaucoup plus restrictives Ă  partir d' : 50 Bq/litre pour la nourriture pour bĂ©bĂ©s et le lait, 100 Bq/litre pour les autres aliments[124]. Ces nouvelles normes, dix Ă  vingt fois plus strictes que les normes internationales, impliquent l'achat d'instruments de mesures plus prĂ©cis par les administrations locales[124].

DĂ©contamination

Le METI (Ministry of Economy, Trade and Industry) a planifiĂ© des mesures de dĂ©contamination Ă  court, moyen et long termes. Elles visent Ă  diminuer l'exposition additionnelle des rĂ©sidents, notamment sous la limite rĂ©glementaire de un millisievert par an dans les Ă©coles[125](Ă  comparer aux 2,4 mSv/an que la population mondiale reçoit en moyenne des sources naturelles)[126].

DĂ©contamination du site

En 6 ans TEPCO a accumulĂ© 960 000 tonnes d'eau contaminĂ©e dans 1000 citernes de 10 m de haut, in situ. Il a pu en Ă©liminer le cĂ©sium, le strontium et plus de 50 autres radionuclĂ©ides en 2017, mais pas encore le tritium qui rĂ©siste aux technologies disponibles[127]. Une option serait de le diluer et rejeter en mer ou de l'Ă©vaporer dans l'atmosphĂšre. Un comitĂ© consultatif Ă©tudie le problĂšme ()[127].

En avril 2021, le gouvernement japonais annonce qu'il a finalement validĂ© le rejet trĂšs progressif en mer, probablement Ă  partir de 2023, des 1,25 million de mĂštres cubes d'eau traitĂ©es et stockĂ©es dans la centrale. Le retraitement qu'elles ont subi Ă©limine 62 des 63 radionuclĂ©ides qu'elles contiennent ; reste le tritium ; leur contenu en tritium est d'environ 16 grammes. Promettant un processus trĂšs progressif, Tepco devrait rejeter en trente ans le volume de tritium que le site nuclĂ©aire de la Hague rejette en trente jours[128].

DĂ©contamination des habitations et des infrastructures

Une premiĂšre phase de dĂ©contamination de 110 000 habitations de la prĂ©fecture de Fukushima a dĂ©marrĂ© le , alors que 900 personnes de la DĂ©fense Nationale japonaise achevaient la dĂ©contamination des bĂątiments gouvernementaux dans 4 villes de la prĂ©fecture.

Efficacité discutée et levée des restrictions

Les mesures de dĂ©contamination mises en Ɠuvre ou proposĂ©es pour rĂ©duire la contamination de 50 Ă  60 % en deux ans (alors que 40 % des radiations devraient dĂ©croĂźtre naturellement) ont Ă©tĂ© mises en doute par certains experts[129], relayĂ©s par le Japan Times[130], qui critiquent un objectif de rĂ©duction correspondant Ă  la demi-vie du cĂ©sium 134.

Dans les points chauds tels que Setagaya, il faudrait selon eux dĂ©caper et exporter toute la couche de terre contaminĂ©e, et changer les toitures. Le nettoyage au karcher du cĂ©sium radioactif ne peut pas complĂštement dĂ©contaminer les zones de corrosion mĂ©tallique, les peintures Ă©caillĂ©es ou les fissures dans certains matĂ©riaux absorbants[130]. De plus, une partie du cĂ©sium nettoyĂ© repart dans l'air (aĂ©rosol) ou contamine le sol ou les Ă©gouts. Il faudrait aussi enlever et remplacer le revĂȘtement des routes, trottoirs, etc. pour rĂ©ellement abaisser le niveau de rayonnement, ce qui implique la crĂ©ation d'Ă©normes sites de stockage de terre contaminĂ©e[130]. Enfin, il faudrait dans les zones touchĂ©es diminuer le niveau de radioactivitĂ© de 90 % et non pas de 10 Ă  20 %[131] comme le permettent les mĂ©thodes utilisĂ©es, car faire vivre les gens dans des zones de rayonnement Ă  niveau faible, mais constant est politiquement inacceptable[130]. MĂȘme si l'effet linĂ©aire sans seuil n'a jamais Ă©tĂ© prouvĂ© en dessous de 100 mSv en exposition rapide, il reste la rĂ©fĂ©rence en matiĂšre de gestion de la radioprotection. Tanaka, ancien prĂ©sident de l'Atomic Energy Society of Japan[132], l'une des principales organisations japonaises relative Ă  l'Ă©nergie nuclĂ©aire, acadĂ©mique, compĂ©tente pour toutes les formes de l'Ă©nergie nuclĂ©aire, Ă©ditrice du Journal (universitaire) des Sciences et Techniques NuclĂ©aires qui publie en anglais et en japonais, en reproche Ă©galement au gouvernement de ne pas encore avoir de plan pour dĂ©contaminer les zones interdites (oĂč le rayonnement dĂ©passe 20 millisieverts/an et oĂč il n'y a pas encore de calendrier prĂ©vu pour le retour des habitants)[130].

Les objectifs-cibles sont de ramener, dans la zone d'Ă©vacuation, les Ă©missions Ă  un seuil de 10 mSv/an Ă  horizon de deux ans, de mSv/an dans une seconde Ă©tape, et de mSv/an Ă  la fin du processus[133]. À ce stade, il n'y a pas de prĂ©vision sur la durĂ©e nĂ©cessaire Ă  la rĂ©habilitation des zones touchĂ©es.

Cependant, à partir de 2017, le gouvernement japonais lÚve progressivement les restrictions touchant certaines villes de la zone interdite, considérant que les décontaminations réalisées les ont rendues partiellement habitables. C'est le cas d'un secteur de la ville de Namie ()[134] et d'Okuma (avril 2019)[135].

DĂ©contamination environnementale (des agrosystĂšmes, Ă©cosystĂšmes)

Elle concerne l'eau, les sols et les écosystÚmes. Le nettoyage des surfaces touchées par les retombées de radionucléides aéroportés (telles que toitures, murs, terrasses, trottoirs, routes, cours d'école, aires de jeux et sports...) s'est fait (souvent au nettoyeur haute pression) dÚs 2011. Certains sols contaminés et boues de station d'épuration ont été déplacés ou inertés.

Le , le ministĂšre japonais de l'environnement a publiĂ© des directives pour la dĂ©contamination de l'environnement. Onze municipalitĂ©s de la prĂ©fecture de Fukushima sont classĂ©es en zones spĂ©ciales de dĂ©contamination, et 102 autres, rĂ©parties sur 8 prĂ©fectures, sont classĂ©es prioritaires pour enquĂȘter sur ces aspects[133]. Le processus combine une phase de recherche expĂ©rimentale sur 12 municipalitĂ©s, une Ă©tude et des prĂ©conisations pour le traitement des forĂȘts, et le dĂ©marrage Ă  grande Ă©chelle de dĂ©contamination des maisons et des terres, qui devrait commencer en , le temps de recueillir les autorisations des habitants concernĂ©s, selon le MinistĂšre de l'Environnement[133].

En 2013, outre la contamination marine — selon Tepco de 20 000 Ă  40 000 milliards de becquerels (soit 20 Ă  40 TBq) ont Ă©tĂ© perdus en mer de (deux mois aprĂšs la catastrophe) Ă  mi-2013[136], le principal problĂšme pour Tepco et les autoritĂ©s japonaises est le traitement des eaux contaminĂ©es prĂ©sentes dans la centrale et dans les rĂ©servoirs construits Ă  proximitĂ©. Les principaux contaminants sont les diffĂ©rents isotopes de radiocĂ©sium et de strontium radioactif, le tritium et divers radionuclĂ©ides dont l'uranium et le plutonium (une grande partie de la radioactivitĂ© de l'iode s'est rapidement attĂ©nuĂ©e). On cherche Ă  les extraire de l'eau via des solvants sĂ©lectifs[137]. Une premiĂšre urgence a Ă©tĂ© de dĂ©contaminer les environ 110 000 t d'eau contaminĂ©e dont l'activitĂ© atteignait 107 Bq/cm3, ou environ 1 Ci/L, initialement stockĂ©e dans les bĂątiments des rĂ©acteurs. Une solution dite « Actiflo-rad » de « coprĂ©cipitation chimique » (dĂ©jĂ  utilisĂ©e par AREVA et le CEA en France respectivement Ă  l'usine de La Hague et au CEA de Marcoule) a Ă©tĂ© appliquĂ©e, proposĂ©e par Areva, et adaptĂ© avec VĂ©olia au contexte local dans les mois qui ont suivi l'accident pour « Ă©viter le dĂ©bordement dans l'ocĂ©an de ces effluents qui s'accumulaient sur le site » et rĂ©tablir le refroidissement en circuit fermĂ© des rĂ©acteurs. La phase d'Ă©tudes, d'adaptation des Ă©quipements aux radionuclĂ©ides attendus (Cs, Sr, Ru principalement, l'iode n'Ă©tant pas pris en compte en raison de sa courte demi-vie), de livraison, d'installation sur site et d'essais a durĂ© moins de mois pour une « exploitation industrielle » Ă  partir du qui a permis de dĂ©contaminer 80 000 t d'eau salĂ©e trĂšs radioactive avec un « Facteur de DĂ©contamination (FD) pour le cĂ©sium d'environ 10 000 », en renfort d'autres installations de TEPCO[138] - [139]. Les dĂ©chets solides peuvent alors ĂȘtre entreposĂ©s en prenant moins de place et avec moins de risque de contamination des nappes et de l'environnement.

La décontamination de zones marines radioactives n'est pas évoquée. « C'est la plus grande contamination connue en mer » rappelle JérÎme Joly[140] de l'IRSN, selon qui « la zone de la centrale se trouve à la confluence de deux puissants courants marins Nord et Sud qui favorisent la dispersion des éléments radioactifs (...) la contamination des sédiments et des poissons étant les deux aspects les plus problématiques pour les années et décennies à venir »[136]. TEPCO a confié le traitement des eaux au groupe français AREVA qui doit installer sur place une unité dont le coût et les détails de fonctionnement n'ont pas été divulgués, et qui vise principalement à débarrasser l'eau du césium qu'elle contient.

DĂ©mantĂšlement des installations nuclĂ©aires endommagĂ©es Ă  la suite de l’accident

Généralités

Quelques centrales nucléaires ont déjà été démantelées, généralement équipées de réacteurs de faible puissance pour la recherche ou la production militaire de plutonium. Pour les centrales de grande puissance en bon état, le cas de référence est celui de la Centrale nucléaire de Maine Yankee (réacteur de type PWR) complÚtement démantelée en huit ans pour un coût de 586 millions de dollars[141], mais elle n'est pas la seule[142]. Le démantÚlement de la centrale de Fukushima n'a rien à voir avec ces travaux planifiés à l'issue de leur durée de vie dans des réacteurs vidés du combustible et des fluides radioactifs, et surtout n'ayant pas connu d'accident dispersant des éléments radioactifs dans des installations endommagées par le séisme, le tsunami et les explosions d'hydrogÚne.

Seules deux références existent :

  1. Three Mile Island, oĂč un accident est survenu en 1979, comparable en apparence, mais la structure du rĂ©acteur accidentĂ© y fut beaucoup moins affectĂ©e. Le combustible fondu a Ă©tĂ© retirĂ© onze ans aprĂšs l'accident, le dĂ©mantĂšlement du reste de l'installation (y compris le rĂ©acteur non dĂ©truit) est estimĂ© Ă  836 millions de dollars[143] ;
  2. Tchernobyl, oĂč un accident est survenu en 1986 et oĂč le corium est depuis Ă  l'air « libre » dans le sarcophage, en coulĂ©es semblables Ă  de la lave solidifiĂ©e : aucun projet de nettoyage du site n'existe. De plus en 2021, une augmentation de la radioactivitĂ© (+40 % des Ă©missions de neutrons depuis 2016) Ă©tĂ© constatĂ©e[144].

Cas de Fukushima

Démanteler les quatre réacteurs de Fukushima implique de nouvelles techniques pour retirer le corium solidifié au fond des enceintes de confinement et dans le tore de condensation du réacteur no 2. Il est encore difficile d'estimer le coût et la durée de ces opérations. Certains experts l'estiment à quarante ans[145], mais d'autres estiment ce délai intenable (fin 2019, les autorités annoncent ainsi que le début de certaines opérations, comme vider les piscines de stockage des réacteurs no 1 et 2 du combustible usagé, est reporté de quatre à cinq ans)[146]. En effet d'une part la quantité de corium formée à Fukushima, estimée à environ 880 tonnes dont environ 250 tonnes de combustible nucléaire[147], est trois fois supérieure à celle de l'accident de Tchernobyl[148], d'autre part la demi-vie du Corium se compte a minima en milliers d'années[149].

Mise en Ɠuvre du dĂ©mantĂšlement

L'ampleur des dĂ©gĂąts et les conditions extrĂȘmement difficiles d'intervention impliquent un plan de dĂ©mantĂšlement Ă©talĂ© sur une longue pĂ©riode et qui devrait ĂȘtre achevĂ© dans un dĂ©lai de quarante ans.

Ce plan comprend trois phases :

  • retirer les Ă©lĂ©ments combustibles des piscines de dĂ©sactivation. Le retrait du combustible restant entreposĂ© dans les deux derniĂšres piscines devrait commencer en 2024 (tranche 2) et aprĂšs 2027 (tranche 1)[150] ;
  • retirer le combustible fondu et endommagĂ© des trois rĂ©acteurs accidentĂ©s. L’échĂ©ancier dĂ©pendra du programme de recherche engagĂ© et de la connaissance de l’état des installations ;
  • dĂ©manteler complĂštement les installations Ă  l’horizon 2050/2060[151].



Des actions de recherche et développement seront nécessaires pour mettre au point les technologies d'investigation, de contrÎles et d'intervention en milieu trÚs radioactif[152] - [153].

En 2015, l'examen du rĂ©acteur no 1 par tomographie muonique rĂ©vĂšle qu’une grande partie du cƓur du rĂ©acteur a fondu — ce qui conforte les analyses prĂ©cĂ©dentes —[154], et que probablement tout le combustible est tombĂ©. « Une expertise similaire, sur le rĂ©acteur 2, a elle aussi Ă©tabli que son combustible avait totalement fondu »[155].

En 2017, c’est sous le rĂ©acteur no 2 que sont relevĂ©s les dĂ©bits de dose les plus Ă©levĂ©s (530 sieverts par heure)[156]. La dĂ©termination prĂ©cise de l'Ă©tat et de la localisation du combustible fondu nĂ©cessite l'emploi de robots dans des zones confinĂ©es oĂč le niveau de rayonnement empĂȘche toute prĂ©sence humaine, mais ces incursions robotiques sont difficiles. En janvier, la camĂ©ra d'une sonde robotique envoyĂ©e dans la zone de confinement de l'UnitĂ© 2 a Ă©tĂ© dĂ©truite par le rayonnement, aprĂšs avoir cependant envoyĂ© des images importantes. En fĂ©vrier un petit robot Ă  chenille a Ă©tĂ© envoyĂ© via une conduite de 10 centimĂštres de diamĂštre dans le rĂ©acteur pour visualiser l'Ă©tat et le lieu du carburant endommagĂ©. Mais il s'est emmĂȘlĂ© dans les dĂ©bris et a dĂ» ĂȘtre abandonnĂ© sur place. TEPCO devait envoyer (l'Ă©tĂ© 2017) un robot capable de franchir les dĂ©bris tout en rĂ©sistant Ă  une intense radioactivitĂ© pour organiser la rĂ©cupĂ©ration des combustibles fondus[127] dont personne ne connaĂźt ni la localisation (fond de cuve, fond d'enceinte, en dessous), ni la composition (selon les matĂ©riaux dĂ©gradĂ©s ayant rejoint les combustibles fondus, entraĂźnant incertitude quant Ă  leur maniabilitĂ©), ni l'Ă©tat physique (corium uniforme ou dispersĂ©).

Le 19 janvier 2018, Tepco a réussi à atteindre l'intérieur de la cuve du réacteur no 2. Les images montrent un environnement dégradé avec des éléments de corium présents: la cuve est percée.

En , 95 % du site est accessible sans combinaison spĂ©ciale. AprĂšs l'Ă©vacuation des barres de combustibles de la tranche 4, ce sont les 566 barres de combustibles de la tranche 3 qui vont ĂȘtre Ă©vacuĂ©es au second semestre, puis, Ă  partir de 2023, celles des tranches 1 et 2. La prĂ©paration de la rĂ©cupĂ©ration du combustible fondu fait appel Ă  des robots inventĂ©s ou testĂ©s dans le centre de recherche de Naraha opĂ©rĂ© par la Japan Atomic Energy Agency (JAEA) Ă  une quinzaine de kilomĂštres de la centrale : les images et les relevĂ©s lasers rĂ©cupĂ©rĂ©s par les robots infiltrĂ©s dans les piĂšces non inondĂ©es des rĂ©acteurs dĂ©truits sont utilisĂ©s pour reproduire ces lieux en rĂ©alitĂ© virtuelle afin de mieux prĂ©parer le travail futur des robots[157].

Le 14 fĂ©vrier 2019, le fond de l'enceinte contenant la cuve du rĂ©acteur de la tranche no 2 est atteint. Le robot[158] rĂ©ussit Ă  saisir Ă  deux reprises des morceaux de ce corium, d'une taille estimĂ©e entre 1 et cm. À toutes les difficultĂ©s s'ajoute celle d'un manque d'uniformitĂ© de ces coriums, Tepco finance des recherches Ă  ce sujet, et une Ă©quipe française[159] travaille sur une dĂ©coupe au laser.

Le , les autoritĂ©s ont annoncĂ© que certaines tĂąches dĂ©licates seraient diffĂ©rĂ©es de quatre Ă  cinq ans : le retrait du combustible usĂ© de la piscine de stockage no 1 est dĂ©sormais prĂ©vu pour commencer en 2027-2028 et celui du rĂ©acteur no 2 entre 2024 et 2026[146]. Au cours des travaux effectuĂ©s en 2019 sur la piscine du rĂ©acteur no 3, Tepco a dĂ» faire face Ă  une « succession de problĂšmes » rendant les travaux plus compliquĂ©s que prĂ©vu[146]. Hiroshi Kajiyama, le ministre japonais de l'industrie, a ainsi affirmĂ© que « le procĂ©dĂ© industriel mis en Ɠuvre est trĂšs complexe et il est difficile de faire des prĂ©visions. Le plus important, c’est la sĂ©curitĂ© des travailleurs »[146]. Fin 2019, le gouvernement et Tepco estiment toujours que le dĂ©mantĂšlement complet de la centrale prendra une quarantaine d'annĂ©es, mais, selon Le Monde, « nombre de spĂ©cialistes jugent toutefois que compte tenu de l’état du site, l’échĂ©ancier est difficilement tenable »[146].

En 2021 les coriums des rĂ©acteurs 1 et 3 ne sont toujours pas localisĂ©s. Selon l'IRSN, il faut s'attendre Ă  trouver plusieurs centaines de tonnes de magma radioactif[160]. Au total les trois rĂ©acteurs endommagĂ©s de la centrale cumulent environ 880 tonnes de corium[161].

Conséquences sanitaires et environnementales

D'aprĂšs l'Organisation mondiale de la santĂ© (OMS), les consĂ©quences sanitaires anticipĂ©es des doses d'irradiations reçues par les populations sont minimes en 2013. Au-delĂ  d'une dizaine de kilomĂštres de la centrale, le niveau de radiation moyen n'a pas dĂ©passĂ© 100 Â”Gy h−1, dĂ©bit de dose en dessous duquel aucune pathologie n'est plus observĂ©e en laboratoire, mĂȘme pour des expositions chroniques[162]. Selon l'UNSCEAR, les doses reçues par la population auront finalement Ă©tĂ© trop faibles pour entraĂźner un risque significatif de cancer ou un impact sanitaire quelconque, y compris pour les populations non Ă©vacuĂ©es qui n'auront Ă©tĂ© exposĂ©es qu'Ă  quelques milli-sieverts[162]. De son cĂŽtĂ© l'Institut de radioprotection et de sĂ»retĂ© nuclĂ©aire (IRSN) estime en 2014 que, dans les territoires les plus contaminĂ©s, des doses externes d'irradiation supĂ©rieures Ă  25 mSV ont pu ĂȘtre atteintes[163].

Radioactivité à l'intérieur du site

En échelle logarithmique, les niveaux de rayonnement mesurés en plusieurs points au voisinage du site nucléaire de Fukushima Daiichi en mars 2011, mis en relation avec les principaux événements.

Le lendemain du sĂ©isme, la radioactivitĂ© relevĂ©e par TEPCO reste normale Ă  minuit[164], mais elle augmente dĂšs 4 h 40[165] - [166]. À 15 h 29, Ă  la suite de plusieurs relĂąchements de vapeur sur le rĂ©acteur no 1, la radioactivitĂ© atteint un pic Ă  1 015 ÎŒSv/h Ă  la limite nord-ouest du site[167] - [168]. Les deux jours suivants, la radioactivitĂ© aux points de contrĂŽle reste gĂ©nĂ©ralement de l'ordre de quelques dizaines de microsieverts par heure, avec de brusques sursauts occasionnels[169] - [170].

La situation s'aggrave brusquement le , aprĂšs deux explosions successives, d'abord Ă  6 heures au bĂątiment no 4, puis Ă  6 h 14 dans l'enceinte du bĂątiment no 2. À l'entrĂ©e principale, le dĂ©bit de dose grimpe de 73 ÎŒSv/h Ă  6 heures Ă  965 ÎŒSv/h Ă  7 heures, et atteint un pic de 11 900 ÎŒSv/h Ă  9 heures. À l'intĂ©rieur du site, les dĂ©bits de dose Ă  10 h 22 atteignent 30 mSv/h entre les rĂ©acteurs 2 et 3, 100 mSv/h au voisinage du rĂ©acteur 4 et 400 mSv/h au voisinage du rĂ©acteur 3[171]. Tout le personnel est Ă©vacuĂ©, seuls restant sur place un petit nombre d'employĂ©s, qui seront surnommĂ©s les cinquante de Fukushima.

Effets sur les travailleurs

Au Japon, la limite de dose pour un travailleur du nuclĂ©aire dans des situations d'urgence est normalement de 100 millisieverts[172]. Le , pour permettre aux « liquidateurs » de la centrale de continuer Ă  intervenir sur le site, cette limite est relevĂ©e Ă  titre exceptionnel Ă  250 millisieverts par le gouvernement japonais[173] - [174]. Le , la Commission Internationale de Protection Radiologique rappelle ses recommandations pour les situations d'urgence nuclĂ©aire : les niveaux de rĂ©fĂ©rence peuvent ĂȘtre relevĂ©s jusqu'Ă  500 ou 1 000 millisieverts ; pas de limite d'exposition pour des volontaires informĂ©s lorsqu'il s'agit de sauver des vies[175].

Selon un rapport de l'AIEA du , les niveaux de radiation mesurĂ©s par voie aĂ©rienne ont atteint au droit du site des valeurs de 400 mSv/h, mais ils se sont stabilisĂ©s aprĂšs le Ă  des niveaux significativement plus Ă©levĂ©s que les niveaux normaux, mais permettant toutefois l'intervention des travailleurs[F 4].

Le , trois employĂ©s sous-traitants travaillant dans la salle des turbines du rĂ©acteur 3 ignorent les alarmes de leurs dosimĂštres Ă©lectroniques et sont exposĂ©s Ă  une dose de 170 mSv[H 4]. La contamination de liquide radioactif sur la peau des deux jambes a Ă©tĂ© confirmĂ©e pour deux d'entre eux. Ils sont suivis Ă  l'Institut national des sciences radiologiques de Chiba, dont ils sortiront le [176] sans problĂšmes sanitaires.

Au , 30 personnes avaient Ă©tĂ© exposĂ©es Ă  une dose supĂ©rieure Ă  100 mSv sans consĂ©quences sanitaires.

En , le gouvernement japonais reconnaĂźt un cas de cancer (une leucĂ©mie) d’un des ouvriers du chantier comme liĂ© aux radiations. Trois dossiers sont alors encore en cours d'examen, alors que plusieurs autres dossiers ont Ă©tĂ© Ă©cartĂ©s. L’ex-ouvrier en question a travaillĂ© d’ Ă  Ă  la centrale Fukushima Daiichi, aprĂšs avoir passĂ© plusieurs mois auparavant sur un autre site nuclĂ©aire[177]. Cependant ces dĂ©clarations sont seulement de reconnaissance administrative, et en aucun cas de reconnaissance scientifique selon l'UNSCEAR[3].

Radioactivité à l'extérieur du site

Carte des mesures aéroportées de débits de doses réalisées par le DoE/NNSA du 30 mars au 3 avril 2011 et reproduites par l'IRSN.

Les deux principaux radionucléides volatils rejetés, parmi les produits de fission relùchés dans l'atmosphÚre, sont l'iode 131 et le césium 137. L'iode 131, qui a une demi-vie de huit jours, a été libéré à la fois dans l'air et dans l'eau. Il se désintÚgre ensuite en xénon 131, qui est stable. Au bout d'un mois, l'activité de l'iode libéré diminue au seiziÚme de son activité initiale. L'activité radioactive d'un élément est négligée (considérée nulle) au bout de 10 demi-vies.

Le cĂ©sium 137 a une demi-vie plus longue (30 ans) et est un noyau faiblement radioactif de longue durĂ©e de vie.

DÚs la premiÚre explosion d'hydrogÚne dans le réacteur 1, la présence de xénon, de césium et d'iode est détectée prÚs de l'usine, indiquant un début de fusion du combustible. Les rejets se poursuivent pendant les deux semaines suivantes, notamment aprÚs l'explosion du bùtiment du réacteur 3, le , puis de l'explosion d'hydrogÚne dans l'unité 4 impliquant la piscine d'entreposage du combustible irradié le [F 4].

Selon les premiĂšres estimations de l'Agence japonaise de sĂ»retĂ© nuclĂ©aire, l'accident a dispersĂ© l'Ă©quivalent d'environ 10 % de l'accident de Tchernobyl : entre 1,3 et 1,5×1017 becquerels d'iode 131 (contre 1,8×1018 pour Tchernobyl), et entre 6,1 et 12×1015 becquerels de cĂ©sium 137 (contre 8,5×1016 pour Tchernobyl)[178].

Selon le suivi par TEPCO de la radioactivité de l'air et des poussiÚres en suspension, on observe une tendance à la diminution réguliÚre de la radioactivité de ces aérosols du 6 au [179]. Mais des traces d'iode 131 sont toujours détectées dans plusieurs préfectures japonaises en novembre[180] et [181]. La présence de cet isotope radioactif issu de la fission de l'uranium pourrait indiquer des épisodes de criticité dans les coriums de la centrale, car l'iode 131 se désintÚgre trÚs rapidement, celui qui est mesuré fin décembre n'est donc pas celui libéré en avril 2011.

Un premier indice d'exposition des ménages au radiocésium via l'alimentation ou l'importation de certains produits à partir de zones contaminées a été apporté par l'analyse de la radioactivité des cendres résultant de l'incinération des ordures ménagÚres[182]. Toutefois, étant sous le seuil de dose radioactive internationale autorisé, cette exposition est sans conséquence sanitaire.

Effets sur les populations des faibles niveaux d'irradiation

Les personnes peuvent ĂȘtre exposĂ©es de deux maniĂšres Ă  la radioactivitĂ© ; premiĂšrement par exposition interne (Ă  la suite de l'ingestion ou de l'inhalation de particules radioactives, comme lors du passage du panache radioactif), et deuxiĂšmement par exposition externe au rayonnement dĂ©gagĂ© par les radioparticules dĂ©posĂ©es (sur les vĂȘtements, terres, sols, murs, toitures, etc) lors du passage du nuage (en grande partie emportĂ© au-dessus du Pacifique) ou Ă  la suite de rĂ©envols de poussiĂšres.

La préfecture de Fukushima a décidé en 2011 de suivre l'irradiation externe de la population (au moyen d'un anthroporadiamÚtre).

Selon les premiers rĂ©sultats publiĂ©s en et ayant portĂ© sur 1 727 habitants de Namie, d'Iitate et d'un district de Kawamata, potentiellement exposĂ©s au radiocĂ©sium dans les quatre mois ayant suivi l'accident, dans une zone de dix Ă  cinquante kilomĂštres de la centrale[183] ; 1 675 personnes (97 % des habitants) ont Ă©tĂ© exposĂ©s Ă  une dose infĂ©rieure Ă  cinq millisieverts ; Parmi elles, 1 084 (63 % des habitants) ont Ă©tĂ© exposĂ©es Ă  moins d'un millisievert — la limite gouvernementale pour une annĂ©e[183]. Neuf personnes, dont cinq travaillant Ă  la centrale, ont Ă©tĂ© exposĂ©es Ă  plus de dix millisieverts (37 millisieverts maximum)[183]. Shunichi Yamashita, vice-prĂ©sident de l'universitĂ© de mĂ©decine de Fukushima, estime que la plupart d'entre elles ont donc Ă©tĂ© exposĂ©es Ă  un taux de radiation ayant extrĂȘmement peu d'impacts sur leur santĂ©, et ne nĂ©cessitant pas une Ă©vacuation[183]. Il ajoute que, faute de certitudes concernant les effets de l'iode, il faudra surveiller Ă  long terme la santĂ© de ces habitants, y compris par des examens de la thyroĂŻde[184]. La prĂ©fecture a aussi publiĂ© ses estimations de doses externes aux habitants, sur la base de la mĂ©tĂ©orologie et des dates d'Ă©vacuation, pour 12 localitĂ©s proches de la centrale : ces estimations varient selon le lieu de 0,84 Ă  19 millisieverts, maximum atteint Ă  Iitate. Le Japan Times en conclut que l'Ă©vacuation de ce village, longtemps aprĂšs le dĂ©but de la crise, a Ă©tĂ© trop tardive[185].

Concernant l'exposition externe, les populations des environs de la centrale n'ont subi que de faibles doses d'irradiation ; ne présentant pas de risques sanitaires majeurs pour la population.

D'aprĂšs l'Organisation mondiale de la santĂ© (OMS), les consĂ©quences sanitaires anticipĂ©es des doses d'irradiation reçues par la population gĂ©nĂ©rale au Japon et en dehors sont minimes : les niveaux d'incidence prĂ©dits par les modĂšles sont faibles, et aucune augmentation observable du taux de cancer n'est attendue. Dans les zones les plus contaminĂ©es, l'OMS estime que dans le cas le plus dĂ©favorable — en l'occurrence, abstraction faite des mesures d'interdiction sur la commercialisation de produits contaminĂ©s —, et sur la base du modĂšle sans seuil le risque de cancer pourrait ĂȘtre accru chez les enfants exposĂ©s : 4 % pour tous les cancers solides, 6 % pour le cancer du sein, 7 % pour les leucĂ©mies (garçons uniquement) et 70 % pour le cancer de la thyroĂŻde chez les fillettes. L'OMS prĂ©cise que les effets radio-induits sur la santĂ© n'ont pas pu ĂȘtre Ă©valuĂ©s, et prĂ©conise qu'une surveillance de long terme soit mise en place, aussi bien de la santĂ© des populations les plus exposĂ©es de sur la qualitĂ© de l'eau et de la nourriture[186].

Selon une modĂ©lisation probabiliste rĂ©cente (2020) incluant les doses ambiantes estimĂ©es Ă  l'intĂ©rieur et Ă  l'extĂ©rieur des maisons de Fukushima, ainsi que les modĂšles de comportement et les derniĂšres informations sur l'accident : Ă  partir de 8 ans aprĂšs l'accident, aucun habitant de la ville n'a reçu de doses supĂ©rieures Ă  1 mSv par an (les rĂ©sultats du modĂšle concordent avec les mesures rĂ©elles quand elles sont disponibles)[187].

Effets sur les populations des évacuations forcées liées à l'accident

Selon le site World nuclear news, analysant une Ă©tude publiĂ©e en par l'Agence de reconstruction, l'Ă©puisement mental et physique liĂ© Ă  l'Ă©vacuation forcĂ©e Ă  la suite de l'Ă©vacuation de Fukushima a Ă©tĂ© la cause principale de 34 morts, principalement des personnes ĂągĂ©es troublĂ©es par la perturbation apportĂ©e Ă  leurs conditions de vie[188] - [189]. Pour Malcolm Grimston, chercheur de l'Imperial College, ces constatations sont cohĂ©rentes avec ce qui avait Ă©tĂ© relevĂ© lors de l'accident nuclĂ©aire de Three Mile Island et de la catastrophe nuclĂ©aire de Tchernobyl : en dehors des cas bien documentĂ©s de cancer de la thyroĂŻde et de la « sur-mortalitĂ© allĂ©guĂ©e chez les liquidateurs », plus difficile Ă  analyser, l'effet sur la population n'est pas tant le risque de cancer, impossible Ă  mettre en Ă©vidence, qu'une perturbation psychologique induite par les circonstances de l'accident. Pour lui, « si l'approche Ă  retenir est d'abord de ne pas nuire, il vaudrait peut-ĂȘtre mieux ne pas faire du tout d'Ă©vacuation obligatoire, surtout quand des tablettes d'iode sont disponibles »[190].

Sur les 300 000 personnes de la prĂ©fecture de Fukushima qui ont Ă©vacuĂ© la zone, jusqu'en , d'aprĂšs les chiffres de la Croix-rouge[191], approximativement 1 600 morts seraient, selon les statistiques de l'Agence de reconstruction complĂ©tĂ©es par une mise Ă  jour effectuĂ©e par le journal Mainichi Shimbun, liĂ©es aux conditions d'Ă©vacuation, comme l'hĂ©bergement en abris d'urgence ou en logement temporaire, l'Ă©puisement dĂ» aux dĂ©placements, l'aggravation de maladies existantes consĂ©cutives Ă  la fermeture d'hĂŽpitaux, les suicides, etc. Un chiffre qui est comparable aux 1 599 dĂ©cĂšs directement causĂ©s par le sĂ©isme et le tsunami dans la prĂ©fecture de Fukushima, en 2019[192]. De nombreuses municipalitĂ©s refusent d'indiquer la cause exacte du dĂ©cĂšs, afin de ne pas perturber les futures projections de demande d'indemnisation des familles pour le pretium doloris[193].

Outre ces décÚs dans la préfecture de Fukushima, on compte 869 décÚs dans la préfecture de Miyagi et 413 dans celle d'Iwate[193].

En , pour la seule prĂ©fecture de Fukushima, 150 000 personnes Ă©taient encore « rĂ©fugiĂ©es »[194]. Selon la Croix-rouge, outre leurs conditions de vie difficiles, ces rĂ©fugiĂ©s sont affectĂ©s par l'incertitude sur la date ou la possibilitĂ© d'un retour dans leur habitation d'origine[191].

En 2018, la chercheuse CĂ©cile Asanuma-Brice Ă©voque un total de 2 211 dĂ©cĂšs, en raison de la mauvaise gestion du refuge. L'Association pour le contrĂŽle de la radioactivitĂ© dans l'Ouest, qui suit les consĂ©quences de la catastrophe, Ă©voque en 2019 un bilan de 2 267 dĂ©cĂšs indirects dus Ă  des suicides ou Ă  une dĂ©gradation des conditions de santĂ© suite Ă  l'Ă©vacuation[195].

2021, rapport des Nations unies

Le 9 mars 2021, peu avant le dixiĂšme anniversaire de la catastrophe, le ComitĂ© scientifique des Nations unies pour l'Ă©tude des effets des rayonnements ionisants (UNSCEAR) publie un rapport affirmant qu'il n'y a eu chez les habitants de Fukushima « aucun effet nĂ©faste sur la santĂ© » qui soit directement liĂ© aux radiations de la catastrophe[196]. Le journal Le Point titre « ZĂ©ro mort, aucun cancer : le vrai bilan de l’accident nuclĂ©aire de Fukushima »[197]. Mais Le Point indique que les autoritĂ©s japonaises ont Ă©tĂ© particuliĂšrement efficaces en Ă©vacuant rapidement les populations autour de la centrale, ce qui a fortement limitĂ© leur exposition aux radiations[198] et le site Reporterre rapporte que les rĂ©sultats du rapport de l'UNSCEAR concernant les cancers de la thyroĂŻde sont contestĂ©s par certains chercheurs japonais[197].

Pour l'Association pour le contrĂŽle de la radioactivitĂ© dans l’Ouest (Acro), le rapport des Nations unies peut avoir un effet trompeur, incitant Ă  penser que les Ă©vacuations n'Ă©taient peut-ĂȘtre pas nĂ©cessaires, vu la faiblesse des doses reçues par les habitants. Mais, selon l'Acro, les doses ont Ă©tĂ© faibles car les habitants ont Ă©tĂ© Ă©vacuĂ©s, et, dix ans aprĂšs la catastrophe, il existe encore des territoires tellement contaminĂ©s qu'un retour de la population n'est pas possible. Yves Lenoir, prĂ©sident de l’association Enfants de Tchernobyl Belarus, et auteur du livre La ComĂ©die atomique. L’histoire occultĂ©e des dangers des radiations, affirme que tous les rapports publiĂ©s par l'UNSCEAR depuis sa crĂ©ation en 1955 ont eu pour but de promouvoir le dĂ©veloppement de l’énergie nuclĂ©aire[197].

Contamination des sols et des plantes

Évaluation prĂ©visionnelle des doses prĂ©visionnelles dues Ă  l’irradiation externe par le dĂ©pĂŽt la 1re annĂ©e aprĂšs l’accident.
Cette carte a Ă©tĂ© adaptĂ©e par l'IRSN Ă  partir de la carte du MEXT aprĂšs rĂ©duction des isodoses Ă  5 valeurs repĂšres : 5 ; 10 ; 20 ; 50 ; 100 mSv.

Dans un rayon de 30 km et au-delĂ , la rĂ©gion se retrouve contaminĂ©e par les particules radioactives transportĂ©es par les vents et retombant au sol avec les eaux mĂ©tĂ©oritiques (pluies, neige, bruine, rosĂ©e
).

En raison des décompressions volontaires (purges), des explosions et de fuites d'origine imprécise, les dépÎts radioactifs sont importants. Selon la simulation faite par un laboratoire autrichien, il y a eu le dimanche un transport réel de radioactivité jusqu'à Tokyo et Sendaï[199], en raison d'un changement des masses d'air soufflant cette fois du Nord et accompagnées de précipitations.

L'ASN estime que le secteur contaminĂ© peut s'Ă©tendre au-delĂ  de la zone des 20 km et que le gouvernement japonais devra gĂ©rer cette contamination locale pendant des dizaines d'annĂ©es. Au vu des conditions mĂ©tĂ©orologiques, la zone de contamination pourrait sans doute s'Ă©tendre jusqu'Ă  une centaine de kilomĂštres, indique Jean-Claude Godet de l'ASN[200].

L'iode 131 radioactif a Ă©tĂ© le radionuclĂ©ide le plus prĂ©sent les premiĂšres semaines, mais cet isotope n'a qu'une demi-vie de huit jours. La contamination correspondante disparaĂźt donc au bout de quelques mois. En revanche, le cĂ©sium 137, Ă©galement trĂšs prĂ©sent dans les retombĂ©es, a une demi-vie de trente ans : s'il est nettement moins irradiant, les contaminations qu'il entraĂźne resteront sensibles pendant deux Ă  trois siĂšcles. À titre d'exemple, le , les autoritĂ©s japonaises on publiĂ© les rĂ©sultats d'analyses faites Ă  40 km au Nord-Ouest du site : une trĂšs forte contamination au cĂ©sium 137 Ă©tait constatĂ©e (163 000 Bq/kg, ce qui est extrĂȘmement Ă©levĂ©[201]). Cela a montrĂ© que la zone jaune pouvait s'Ă©tendre bien au-delĂ  du rayon d'Ă©vacuation des 30 km.

Peu aprĂšs (selon des rĂ©sultats publiĂ©s en [202]), l'analyse d'Ă©chantillons de sols, de plantes, et d'eau rĂ©coltĂ©s le (devant la centrale et Ă  35 km (village de Iitate) a mis en Ă©vidence de nombreux produits de fission et un rayonnement gamma important. Ce dernier provenait d'une part de deux produits d'activation ; le 59Fe (a priori issu de l'activation de 58Fe lors de la corrosion des tuyaux de refroidissement) et le 239Np (produit d'activation de 238U contenu dans le combustible nuclĂ©aire et « pĂšre nuclĂ©aire » de 239Pu). La radioactivitĂ© des Ă©chantillons provenait d'autre part de rĂ©sidus de fission (131I, 134Cs 135Cs, 136Cs, 137Cs, 110mAg, 109Ag, 132Te, 132I, 140Ba, 140La, 90Sr, 91Sr, 90Y, 91Y, 95Zr et 95Nb)[202]. Dans tous les Ă©chantillons de sols et de plantes, l'iode et le cĂ©sium radioactifs dominaient quantitativement, avec le lanthane (140La) et le strontium (90Sr)[202]. Des produits d'activation et de fission ont donc bien Ă©tĂ© diffusĂ©s prĂ©cocement dans l'air et l'environnement (dĂšs le premier mois suivant le tremblement de terre), probablement Ă©mis lors des explosions, mais aussi lors des opĂ©rations de purge destinĂ©es Ă  Ă©viter la surpression de rĂ©acteurs ou des explosions d'hydrogĂšne[202]. C'est surtout dans les sols et les plantes que ces radionuclĂ©ides ont Ă©tĂ© retrouvĂ©s et moins dans les Ă©chantillons d'eau[202]. Pour le neptunium (Np 239), le sol du village de Iitate Ă©tait aussi contaminĂ© que les abords immĂ©diats de la centrale (plus de 1000 Bq/kg de sol) et plus que les sols de la zone pĂ©riphĂ©rique de la centrale ; pour les Ă©chantillons mesurĂ©s, les plantes en contenaient significativement plus que le sol (jusqu'Ă  10 fois plus)[202].

Contamination radioactive du sous-sol

Le , la commission japonaise de sûreté nucléaire a demandé à TEPCO d'effectuer des mesures de radioactivité de l'eau accumulée dans les caves des bùtiments des turbines, mais aussi d'effectuer des sondages dans le sous-sol à proximité des bùtiments, afin de détecter une éventuelle contamination souterraine d'eaux de nappe. TEPCO a mis en place (à partir du ), parallÚlement aux mesures de contamination marine, un suivi des eaux souterraines (trois radionucléides dosés trois fois par semaine), conformément aux instructions de la NISA (du )[203].

Les prĂ©lĂšvements faits en avril 2011 dans le sous-sol prĂšs des six bĂątiments des turbines contenaient tous de l'Iode 131, du cĂ©sium 134 et du cĂ©sium 137[204], avec une tendance Ă  la hausse pour le cĂ©sium[205] et un plateau aprĂšs une hausse jusqu'Ă  1 000 Bq/cm3 (le ) pour l'iode[205]. Les assemblages n'ont pas Ă©tĂ© dĂ©noyĂ©s[B 3].

Premiers effets sur les Ă©cosystĂšmes terrestres ?

Selon un article publiĂ© dans Scientific Reports[206], des papillons Zizeeria maha ou Pseudozizeeria maha de la famille des lycĂ©nidĂ©s nĂ©s aux environs de la centrale de Fukushima Daiichi dans les mois ayant suivi la catastrophe, ainsi que leurs descendants Ă©levĂ©s en laboratoire prĂ©sentent des anomalies gĂ©nĂ©tiques et de conformation (taille des ailes rĂ©duites et malformation des yeux) chez 12 % des individus exposĂ©s Ă  la radioactivitĂ© Ă  l'Ă©tat de chenille deux mois aprĂšs l'explosion. La mutation n'est pas rĂ©cessive, puisque touchant 18 % de la gĂ©nĂ©ration suivante selon Joji Otaki[207], et 34 % de la troisiĂšme gĂ©nĂ©ration alors mĂȘme que les chercheurs avaient accouplĂ© les papillons mutants[alpha 4] avec des partenaires a priori sains et non-exposĂ©s venant d'autres rĂ©gions.

De plus, la durĂ©e d'exposition semble aggraver le phĂ©nomĂšne puisque 52 % des descendants papillons provenant d'un lot capturĂ© sur le mĂȘme site six mois aprĂšs le dĂ©sastre prĂ©sentaient cette anomalie dont la radioactivitĂ© semble bien ĂȘtre la cause : une exposition en laboratoire Ă  de faibles doses de radioactivitĂ© chez des papillons sains a provoquĂ© la mĂȘme proportion d'anomalies que celle constatĂ©e dans la 1re gĂ©nĂ©ration de papillons nĂ©s et dont les chenilles se sont alimentĂ©es prĂšs de cette centrale[208].

Ce petit pollinisateur (dont la plasticité phénotypique est connue[209]) est pour les biologistes une espÚce-modÚle considérée (comme la plupart des papillons sauvages) comme bioindicatrice de la qualité de l'environnement[210] et la biodiversité[211], avec un protocole établi pour cette espÚce en 2010 (avant l'accident)[212]. La bioindication concernant les faibles doses n'est qu'à ses débuts[213] et reste d'interprétation complexe[214], et mi-2012, le Japon n'a pas fait état d'autres phénomÚnes de ce type, précisent les auteurs de l'étude[206].

Conséquences sur les écosystÚmes marins

La mer a reçu l'essentiel du panache radioactif aĂ©rien dĂ©portĂ© vers l'ocĂ©an, dont 27 000 tĂ©rabecquerels de mars Ă  pour le seul cĂ©sium 137, selon une Ă©valuation de l'IRSN[215]. En outre, une partie de l'eau utilisĂ©e pour refroidir les rĂ©acteurs y a Ă©tĂ© rejetĂ©e[216] et des fuites persistantes suscitent des inquiĂ©tudes quant aux consĂ©quences sanitaires et Ă©cologiques[217].

Le , une radioactivitĂ© Ă©levĂ©e est signalĂ©e en mer prĂšs de la centrale par TEPCO : les taux d’iode 131 et de cĂ©sium 134 sont respectivement 126,7 fois et 24,8 fois plus Ă©levĂ©s que la norme japonaise. Le cĂ©sium 137 est 16,5 fois plus prĂ©sent que la normale. Naoki Tsunoda (responsable de TEPCO) considĂšre alors que cette radioactivitĂ© ne menace pas directement la santĂ© humaine[218], mais qu'elle pourrait affecter la vie et les milieux sous-marins. Le lendemain (), Ă  100 m au large de la centrale le taux d'iode 131 est encore 126,7 fois supĂ©rieur aux normes fixĂ©es (Ă  0,04 Bq/cm3) par le gouvernement japonais[219] - [220], et le cĂ©sium 134 est 24,8 fois plus prĂ©sent que le niveau “normal”[221]. Le lendemain () des Ă©chantillons sont prĂ©levĂ©s en huit points diffĂ©rents plus au large (Ă  30 km des cĂŽtes) par le MinistĂšre des sciences et ce mĂȘme , Ă  100 m de la centrale, des prĂ©lĂšvements d’eau de mer rĂ©vĂšlent des niveaux en iode 131 de l'ordre Bq/cm3 (100 fois supĂ©rieurs Ă  la norme japonaise)[222]. Les pĂȘcheurs sont informĂ©s qu'ils ne pourront plus pĂȘcher localement si la radioactivitĂ© dĂ©passe les normes dans les produits de la mer.

Le vers midi, l'Agence japonaise de sĂ»retĂ© nuclĂ©aire publie le taux d'iode 131 relevĂ© la veille par TEPCO en aval de l'« Ă©missaire-sud » en mer de la centrale : 50 000 Bq/l, soit 1 250 fois la norme lĂ©gale en mer (40 Bq/litre). Le porte-parole de l'Agence prĂ©cise que « si vous buvez 50 centilitres d'eau courante avec cette concentration d'iode, vous atteignez d'un coup la limite annuelle que vous pouvez absorber ; c'est un niveau relativement Ă©levĂ© ». La concentration de cĂ©sium 137, (dont la demi-vie ou pĂ©riode radioactive est de 30 ans) dĂ©passait de 80 fois la limite lĂ©gale selon Le Point[223] et le cĂ©sium 134 la dĂ©passait de 117 fois[224]. Le baryum 140 dĂ©passait de 3,9 fois la norme. Devant l'Ă©missaire-nord, l'iode 131 dĂ©passe la norme de 283 fois et le cĂ©sium 134 de 28 fois. Le cĂ©sium 137 dĂ©passe de 18,5 fois la norme.

L'iode radioactif est susceptible d'ĂȘtre rapidement bioconcentrĂ© par le plancton et les algues, puis par des organismes marins filtreurs (coquillages tels que moules et huĂźtres).

Le , la radioactivitĂ© de l'eau de mer Ă  300 mĂštres au large du rĂ©acteur 1 augmente encore, dĂ©passant la normale de 1 850 fois[225], soit une teneur multipliĂ©e par plus de dix en cinq jours, et plus au large. Le , devant les Ă©missaires de la centrale, l'eau prĂ©sentait aussi une augmentation de la radioactivitĂ©, lĂ©gĂšre, sauf pour l'iode (10 fois le seuil[226]).

Un expert de l'IRSN estime que « l'eau contaminĂ©e sera trĂšs difficile Ă  traiter, car on ne peut pas la mettre dans des camions-citernes et tant qu'elle est lĂ , le travail ne peut pas reprendre » et que cette eau a dĂ©jĂ  « commencĂ© Ă  s'Ă©chapper »[227]. Le , l'ASN relĂšve une eau chargĂ©e en iode 131 Ă  un niveau 1 150 fois supĂ©rieur Ă  la norme lĂ©gale, Ă  30 mĂštres des rĂ©acteurs 5 et 6, situĂ©s au nord du complexe Fukushima Daiichi[228]. Une eau contaminĂ©e Ă  plus de Sv/h est trouvĂ©e « dans des puits de regard d'une tranchĂ©e souterraine dĂ©bouchant Ă  l'extĂ©rieur du bĂątiment » du rĂ©acteur no 2. De l'eau fortement radioactive aurait pu, selon Tepco, avoir ruisselĂ© jusqu'Ă  la mer, situĂ©e Ă  60 m du bĂątiment. Le , le mĂȘme niveau Ă  300 m des rĂ©acteurs plus au sud atteint 3 355 fois la norme.

Le , la radioactivitĂ© marine devient alarmante et semble continuer Ă  s'accroĂźtre ; 4 385 fois supĂ©rieur Ă  la norme lĂ©gale[229] Ă  300 mĂštres au sud de la centrale nuclĂ©aire Daiichi pour le seul iode radioactif, ce qui est confirmĂ© deux jours aprĂšs () par le ministĂšre de la Science qui dĂ©tecte Ă  proximitĂ© immĂ©diate de la centrale, une radioactivitĂ© de 300 GBq/m3 pour l'iode 131, soit 7,5 millions de fois la norme maximale[230]. Le , TEPCO annonce mesurer 1 000 mSv/h dans l'eau prĂšs du rivage, avec un taux Ă©levĂ© d'iode 131, alors qu'il a commencĂ© Ă  rejeter dans le Pacifique, durant environ cinq jours, quelque 11 500 tonnes d'eau « faiblement radioactive » (plus de 100 fois la normale) pour libĂ©rer des rĂ©servoirs afin de les utiliser pour une eau beaucoup plus contaminĂ©e.

Le , l'IRSN publie une note d'information sur les consĂ©quences des retombĂ©es radioactives dans le milieu marin. Alors qu'une partie des radionuclĂ©ides est soluble, une autre partie ne l'est pas, ce qui entraĂźne une fixation de la radioactivitĂ© sur les particules solides en suspension dans l'eau selon affinitĂ© et, par la suite, au niveau de la sĂ©dimentation des fonds ocĂ©aniques atteints[231]. L'IRSN appelle en 2011 Ă  surveiller les sĂ©diments littoraux, contaminĂ©s pour plusieurs annĂ©es au ruthĂ©nium 106 (106Ru) et au cĂ©sium 134 (134Cs) (voire au plutonium, dont la prĂ©sence n'Ă©tait toutefois pas Ă©tablie au ). Les produits de la mer sont aussi contaminĂ©s et Ă  surveiller, dont ceux des installations aquacoles du littoral Est. La bioconcentration des radionuclĂ©ides est plus ou moins importante selon les espĂšces (par exemple, les algues stockent 10 000 fois plus) que dans l'eau de mer. Selon l'IRSN et l'ASN (2013), le Japon a mis en Ɠuvre cette surveillance et a localement interdit la pĂȘche (d'abord sur 20 km[232] autour de la centrale, interdiction ensuite rĂ©duite Ă  km fin ). Les NMA ont Ă©tĂ© abaissĂ©s, entraĂźnant de nouveaux dĂ©passements des nouvelles normes pour plusieurs espĂšces de poissons, et chez les palourdes et les oursins[233].

Dans les deux ans qui ont suivi les retombĂ©es de l'accident, des poissons, coquillages et crustacĂ©s ont Ă©tĂ© pĂȘchĂ©s en mer et en riviĂšres de la prĂ©fecture de Fukushima avec des taux trĂšs Ă©levĂ©s de cĂ©sium, notamment dans le port de Fukushima ou Ă  ses abords (frĂ©quemment plusieurs milliers de Bq[233] et jusqu’à plusieurs dizaines[233], voire centaines de milliers de Bq/kg (740 000 Bq/kg pour le radiocĂ©sium d'un poisson, soit 7 400 fois la norme japonaise[234] qui est depuis le de 100 Bq/kg pour la somme du 134Cs et du 137Cs[233])
 Cela a incitĂ© Ă  Ă©largir les zones de « restrictions de mise sur le marchĂ© » aux ports des prĂ©fectures de Miyagi (au nord) et d'Ibaraki (au sud)[235].

De premiĂšres modĂ©lisations montrent que tout le littoral oriental (des latitudes 35°30'N Ă  38°30'N) est concernĂ© par la dispersion des radionuclĂ©ides, davantage contenus au Nord par le courant Kuroshio. Sur la durĂ©e, les radionuclĂ©ides Ă  pĂ©riode plus longue sont appelĂ©s Ă  gagner le centre du Pacifique et mĂȘme l'Ouest du Pacifique Sud, oĂč ils subsisteront 10 Ă  20 ans au maximum en prenant en compte le temps de transport ; le Sud de l'Atlantique serait Ă©pargnĂ©[236].

En 2011, le bilan des rejets Ă©tait flou[237] ; le , l'Agence japonaise de l'Ă©nergie atomique a annoncĂ© que la pollution du Pacifique en mars-avril avait Ă©tĂ© sous-estimĂ©e d'un facteur 3. Ce sont 15 tĂ©rabecquerels de cĂ©sium 137 et d'iode 131 qui auraient ainsi polluĂ© le Pacifique du au [238] avec une dilution qui devrait ĂȘtre terminĂ©e vers 2018 selon une modĂ©lisation[239].

Les donnĂ©es disponibles montrent une pointe de rejets directs en mer dĂ©but avril (un mois aprĂšs le sĂ©isme), puis une diminution d'un facteur 1 000 le mois suivant[237], mais les concentrations sont restĂ©es jusque fin juillet plus Ă©levĂ©es qu'attendues[237], ce qui indique qu'il y a eu des fuites non maĂźtrisĂ©es provenant des rĂ©acteurs ou d'autres sources contaminantes (relargage Ă  partir des eaux souterraines et de sĂ©diments cĂŽtiers ?)[237]. En juillet, les niveaux de 137Cs dĂ©passaient encore de 10 000 fois ceux mesurĂ©s avant l'accident (en 2010) au large du Japon[237]. Le , pour la premiĂšre fois depuis l'accident, des fruits de mer de la rĂ©gion (des poulpes) sont vendus sur un marchĂ© de gros[240]. Tous les poulpes portaient un certificat d'absence de radioactivitĂ© Ă©mis par l’association des pĂȘcheurs de la prĂ©fecture de Fukushima[240]. Cependant, des lottes pĂȘchĂ©es le au large de la centrale (20 km) rĂ©vĂšlent un taux de 25 800 becquerels de cĂ©sium par kilogramme, soit 258 fois plus que la limite fixĂ©e par le gouvernement[241].

Une Ă©tude publiĂ©e dans la revue Science le montre que la contamination de la plupart des poissons et crustacĂ©s pĂȘchĂ©s aux alentours de Fukushima ne baisse pas. 40 % des espĂšces restent impropres Ă  la consommation, selon les normes japonaises. Ceci pourrait ĂȘtre liĂ© Ă  des fuites qui se poursuivent, Ă  des phĂ©nomĂšnes de bioaccumulation liĂ©s Ă  la contamination des sĂ©diments[242] (le cĂ©sium se fixe sur les sĂ©diments vaseux plutĂŽt que sableux et reste donc facilement remobilisable et contaminant pour la matiĂšre organique[243]). Durant un certain temps, les poissons radioactifs ramenĂ©s Ă  terre par les pĂȘcheurs seront pesĂ©s et rejetĂ©s en mer, avec compensation financiĂšre fournie par TEPCO.

En 2013, le bilan des rejets reste difficile Ă  Ă©tablir, mais l'autoritĂ© de sĂ»retĂ© nuclĂ©aire dĂ©clare une situation d'urgence devant l'incapacitĂ© de Tepco Ă  maĂźtriser les rejets[244]. Un bar a par exemple Ă©tĂ© pĂȘchĂ© avec une quantitĂ© de cĂ©sium radioactif mesurĂ©e Ă  plus de 1 000 Bq/kg[245], mais surtout les fuites vers la mer ne sont pas dĂ©finitivement Ă©liminĂ©es[217] - [246] probablement via la contamination de la nappe phrĂ©atique oĂč des niveaux de 22 000 becquerels par litre d'eau (Bq/L) pour le cĂ©sium 137 et 11 000 Bq/L pour le cĂ©sium 134 peuvent ĂȘtre mesurĂ©s[246] : la barriĂšre souterraine construite en verre liquide pour empĂȘcher la contamination de la nappe de migrer vers la mer ne semble pas efficace ; le Tepco mesurait une activitĂ© de 2 400 000 Bq/L pour le tritium dans la nappe phrĂ©atique, Ă  1 mĂštre de profondeur prĂšs de l'unitĂ© 2[247] (soit 2 400 Bq/cm3[247]) et 4 600 000 Bq/L (4 600 Bq/cm3) Ă  13 m de profondeur. Les taux de cĂ©sium 134 et de strontium sont Ă©galement trĂšs Ă©levĂ©s sans que l'opĂ©rateur ne puisse en dĂ©terminer prĂ©cisĂ©ment l'origine[247]. PrĂšs de l'unitĂ© 2 Ă  13 m de profondeur, TEPCO a relevĂ© une activitĂ© de 4 600 000 Bq/L pour le tritium (soit 4 600 Bq/cm3), avec une teneur en chlore Ă©levĂ©e (7 500 ppm) et une activitĂ© trĂšs Ă©levĂ©e pour le cĂ©sium : 300 000 000 Bq/L (300 000 Bq/cm3) pour le cĂ©sium 134[247] et 650 000 000 Bq/L (soit 650 000 Bq/cm3) pour le cĂ©sium 137[247]. TEPCO, malgrĂ© ses obligations, avait omis d'informer la NRA de l'existence de ces problĂšmes avec la barriĂšre de « verre liquide » de 100 m de long et 16 m de profondeur) qui devait empĂȘcher la nappe polluĂ©e d'atteindre l'ocĂ©an[248].

RadiocĂ©sium : Le 134Cs de Fukushima a Ă©tĂ© utilisĂ© comme traceur, car il Ă©tait indĂ©tectable dans le biote du Pacifique avant l'accident de Fukushima[249]. Il a apportĂ© des informations sur la dilution des rejets, mais aussi sur la migration des thons rouges du Pacifique qui voyagent du Japon aux États-Unis, via le courant de Californie)[249]. Il se concentre dans les organes mous, dont le foie et les muscles[243]. Les muscles blancs de thons provenant des abords du Japon en 2011 contenaient un peu de 134Cs (0,7 Â± 0,2 Bq/kg en moyenne)[249] et nettement plus de 137Cs (2,0 Â± 0,5 Bq/kg)[249], mais aprĂšs un an passĂ© dans le courant de Californie, la plupart des thons les plus grands et plus ĂągĂ©s ne prĂ©sentaient plus d'excĂšs en 134Cs et seulement un peu de 137Cs[249]. Un an passĂ© dans le courant leur permettrait donc de retrouver des niveaux « prĂ©-Fukushima »[249]. Les taux de radiocĂ©sium de ces thons Ă©taient en 2012 deux fois moins Ă©levĂ©s qu'en 2011 et bien en dessous des normes sanitaires[249]. Du 134Cs a Ă©tĂ© dĂ©tectĂ© dans tous les thons migrants rĂ©cents venant de cette rĂ©gion en 2012, ce qui confirme l'idĂ©e qu'ils soient un traceur intĂ©ressant[249].

Le cĂ©sium particulaire issu d'un panache de pollution perdure longtemps dans les couches supĂ©rieures de l'ocĂ©an. Ainsi en 1986, un mois aprĂšs le passage du nuage de Tchernobyl, la quasi-totalitĂ© (99,8 %) des retombĂ©es de cĂ©sium Ă©tait encore situĂ©e dans les 200 premiers mĂštres de la mer[243]. Le cĂ©sium gagne le fond avec la pluie de phytoplancton mort (neige marine) et les pelotes fĂ©cales sĂ©crĂ©tĂ©es par le zooplancton[243], mais peut aussi ĂȘtre localement remontĂ© par le zooplancton ou par des courants de type upwelling (oĂč l'on trouve gĂ©nĂ©ralement le plus de poissons) ou circuler via le rĂ©seau trophique. L'absorption du cĂ©sium par le plancton peut considĂ©rablement allonger son temps de suspension avant la sĂ©dimentation[243].

Une fois au fond de la mer, selon P. Germain (de l'IPSN), il se fixe plus facilement dans les vases marines ou d'eau douce, et sur les particules riches en aluminium. Les microbes peuvent alors interférer avec lui[243]. Les cyanophycées et les tapis de microalgues peuvent contribuer à son « cyclage » (sa remobilisation dans l'écosystÚme marin ou plus encore dulcaquicole[243]). Il se comporte comme ion soluble dans le cytosol du homard, de l'hußtre et de l'anguille, et il s'associe plutÎt aux protéines de poids moléculaire élevé ou moyen. Il est beaucoup plus bioassimilable dans l'eau douce que dans les eaux salées (de plusieurs ordres de grandeur), et pour des algues d'eau douce, la présence d'ions sodium (en estuaire, chez chlorella salina, par exemple) augmente fortement l'absorption de césium avec la salinité (il est absorbé via la pompe à potassium)[243]. Sa bioaccumulation par les mollusques et crustacés est inversement proportionnelle à la salinité du milieu[243].

Conséquences sanitaires dans le monde

Le 21 mars 2011, le panache radioactif aborde le nord de la Grande-Bretagne et les pays scandinaves.

MĂ©tĂ©o-France a rĂ©alisĂ© une modĂ©lisation de la dispersion des rejets radioactifs dans l'atmosphĂšre, en prenant le cĂ©sium 137 comme Ă©lĂ©ment reprĂ©sentatif. Il en ressort que seul l'hĂ©misphĂšre nord a Ă©tĂ© concernĂ©. Le panache s'est dĂ©placĂ© d'ouest en est. Il a atteint la cĂŽte Ouest des États-Unis le , puis la cĂŽte Est entre le 18 et le . Les polluants ont atteint les Antilles françaises Ă  partir du et Saint-Pierre-et-Miquelon Ă  partir du . Toutefois les concentrations Ă©taient trop faibles pour que les sondes du dispositif de mesure du rayonnement ambiant en dĂ©tectent le passage[250]. À partir du , le panache aborde le nord de la Grande-Bretagne puis les pays scandinaves oĂč de l’iode 131 a Ă©tĂ© mesurĂ© dans l’air Ă  Stockholm, UmeĂ„ et Kiruna en SuĂšde, Ă  une concentration infĂ©rieure Ă  0,30 mBq/m3, ainsi qu’en Finlande (moins de 1 mBq/m3). Le panache redescend ensuite sur l'Europe continentale et atteint la France le oĂč de l'iode 131 est mesurĂ© Ă  des concentrations variant entre quelques dixiĂšmes de mBq/m3 et quelques mBq/m3. Du cĂ©sium 134, du cĂ©sium 137 et du tellure 132 ont Ă©galement pu ĂȘtre dĂ©tectĂ©s Ă  des concentrations de quelques centiĂšmes de mBq/m3[251]. Dans la derniĂšre semaine de mars, le panache s'est ensuite dĂ©placĂ© vers l'Asie, oĂč des concentrations similaires Ă  celles en Europe ont pu ĂȘtre mesurĂ©es en Chine et en CorĂ©e[252].

Parmi les polluants Ă©mis, seuls les isotopes radioactifs du cĂ©sium (cĂ©sium 137 et cĂ©sium 134) peuvent subsister durablement dans l’air, probablement sur plusieurs mois, avec des concentrations baissant progressivement. Toutefois les concentrations en Europe ou en Asie Ă©tant trĂšs faibles, l'Institut de radioprotection et de sĂ»retĂ© nuclĂ©aire (IRSN) juge inexistant le risque pour la santĂ© pour des personnes exposĂ©es Ă  cet air polluĂ©[252].

Conséquences économiques

La sociĂ©tĂ© TEPCO, Ă  la fois propriĂ©taire et exploitant du site, a annoncĂ© qu'elle verserait un acompte symbolique de 180 000 euros Ă  chaque municipalitĂ© touchĂ©e, et de 8 000 euros Ă  chacun des foyers des 80 000 personnes vivant dans le pĂ©rimĂštre des vingt kilomĂštres. La sociĂ©tĂ© choisit avec le gouvernement local les indemnitĂ©s Ă  verser aux sociĂ©tĂ©s, exploitants agricoles et pĂȘcheurs touchĂ©s (la pĂȘche est notamment interdite dans un pĂ©rimĂštre de vingt kilomĂštres autour de la centrale). Les acomptes devaient ĂȘtre versĂ©s dans les mois suivant l'accident nuclĂ©aire[253]. Compte tenu des sommes Ă  engager et du nĂ©cessaire renflouement financier de TEPCO par l'État japonais, la sociĂ©tĂ© annonce en qu'elle accepte cette somme de 10 milliards d'euros, qui conduit Ă  une nationalisation pour au moins dix ans de la sociĂ©tĂ©, laquelle prĂ©voit en parallĂšle une hausse de 17 % de ses tarifs pour limiter ses pertes[254].

Le , la compagnie TEPCO annonce que le coĂ»t de la catastrophe de Fukushima, initialement Ă©valuĂ© Ă  50 milliards d'euros, pourrait ĂȘtre doublĂ© et atteindre 100 milliards d'euros. Ce montant inclut le dĂ©dommagement des populations et la dĂ©contamination d'une zone restreinte. La compagnie prĂ©cise que, si cette zone venait Ă  ĂȘtre Ă©tendue et qu'on lui demandait de construire des sites de stockage de dĂ©chets radioactifs, ce coĂ»t pourrait Ă  nouveau doubler. La compagnie demande aussi Ă  ĂȘtre Ă  nouveau privatisĂ©e et Ă  pouvoir continuer Ă  fournir de l’électricitĂ© afin de faire face Ă  ces dĂ©penses[255].

En août 2014, une mise à jour par un professeur de l'Université Ritsumeikan des calculs du coût de la catastrophe de Fukushima, initialement évalué à 42 milliards d'euros par le gouvernement, porte cette évaluation à 80 milliards d'euros, dont 36 d'indemnisations, 26 de frais de décontamination des alentours de la centrale et de stockage des déchets résultants et 15,8 de coûts directement liés à la gestion de la situation au sein du complexe atomique (eau contaminée, etc.) et au démantÚlement des réacteurs saccagés, le solde étant constitué de dépenses administratives ; ce calcul ne prend pas en compte les coûts indirects, tels que les 15 milliards d'euros prévus pour la mise en conformité des autres installations nucléaires du pays à la suite de la révision des normes de sûreté[256].

Fin 2013, le ministre japonais de l'Économie et de l’Industrie annonce un coĂ»t de 11 000 milliards de yens (92 milliards d’euros subdivisĂ©s en 5 400 milliards de yens (45 milliards d’euros) pour l’indemnisation des victimes, 2 500 milliards de yens (21 milliards d’euros) pour le travail de dĂ©contamination, 1 100 milliards de yens (9,2 milliards d’euros) pour la construction d’un lieu de stockage et 2 000 milliards de yens (17 milliards d’euros) pour le dĂ©mantĂšlement de la centrale[257].

En novembre 2016, le gouvernement japonais a doublĂ© ses prĂ©visions pour l'indemnisation des victimes et pour le dĂ©mantĂšlement, portant le coĂ»t de la catastrophe Ă  170 milliards d'euros. En 2017, ce coĂ»t est portĂ© Ă  193 milliards euros (21 500 milliards de yens)[258].

Indemnisation

Les indemnisations sont cadrĂ©es par le Dispute Reconciliation Committee for Nuclear Damage Compensation[259] - [260]. Le , une loi spĂ©ciale a prĂ©vu un Fonds d’indemnisation spĂ©cifique des consĂ©quences de l’accident[261]. Ce Fonds a Ă©tĂ© crĂ©Ă© le , et dotĂ© le de 560 milliards de yens (environ 6 milliards d'euros)[262].

À la mi-2014, ce Fonds a versĂ© prĂšs de 5 000 milliards de yens (36 milliards d'euros) ; son plafond a donc Ă©tĂ© relevĂ© de 5 Ă  9 000 milliards de yens (65 milliards d'euros)[256]. Cependant, le systĂšme d'indemnisation a montrĂ© ses limites: les procĂ©dures d'indemnisation des personnes ayant Ă©tĂ© contraintes de quitter la zone d'exclusion sont longues et complexes, et les sommes octroyĂ©es ne reprĂ©sentent gĂ©nĂ©ralement qu'une fraction de la valeur du logement quittĂ© ou des biens perdus[263].

Le , le tribunal de Maebashi juge le gouvernement japonais et la compagnie d'Ă©lectricitĂ© TEPCO coupables de nĂ©gligence, et les condamne Ă  verser 38,6 millions de yens (316 000 euros) Ă  62 des 137 plaignants. Le tribunal estime que le dĂ©sastre nuclĂ©aire aurait pu ĂȘtre Ă©vitĂ© si le gouvernement, qui en avait la complĂšte autoritĂ©, avait ordonnĂ© Ă  Tepco de prendre des mesures de prĂ©vention[264].

En , un tribunal de la rĂ©gion ordonne le paiement de 15,2 millions de yens (prĂšs de 115 000 euros) de dommages et intĂ©rĂȘts Ă  la famille de Fumio Okubo, un homme de 102 ans qui s'est suicidĂ© en 2011 parce qu'il ne supportait pas de quitter sa maison aprĂšs l'accident[265].

L’avocat Izutarƍ Managi estime Ă  plus de 10 000 le nombre de plaignants impliquĂ©s dans les recours collectifs en cours contre TEPCO et l'État en 2018. Il reprĂ©sente Ă  lui seul 4 200 victimes dans le plus grand de ces procĂšs[266].

Le , le tribunal de district de Yokohama condamne le gouvernement et TEPCO Ă  verser 419,6 millions de yens (soit 3,4 millions d'euros) Ă  152 rĂ©sidents Ă©vacuĂ©s. C'est la cinquiĂšme fois qu'une dĂ©cision judiciaire impute en partie au gouvernement la responsabilitĂ© de cette catastrophe[267].

Assurances

Le niveau de couverture exigé est variable selon les pays. Au Japon, il n'y a pas de limites maximales financiÚres dans la responsabilité de l'exploitant[268]. Selon Le Monde, « la centrale de Fukushima n'était plus assurée depuis août 2010 et les risques en responsabilité civile couverts à la marge »[269]. De plus, la police d'assurance de l'exploitant des centrales japonaises exclurait les dégùts liés à des tremblements de terre ou à des tsunamis[270].

Sur le plan international, l'assurance des accidents nuclĂ©aires fait l'objet de la « Convention de Paris du »[271]. Les exploitants du nuclĂ©aire doivent s'assurer auprĂšs du pool d'assureurs Assuratome, mais cette mutualisation leur assure des provisions insuffisantes en cas d'accident majeur ; par exemple, le nuclĂ©aire français dispose d'une capacitĂ© d'intervention d'Assuratome de 541 millions d'euros (qu'il est prĂ©vu de porter Ă  700 millions d'euros, ce qui est bien moins que le coĂ»t des dĂ©gĂąts induits par un accident nuclĂ©aire majeur, de catĂ©gories 6 ou 7 sur l'Ă©chelle INES). À Fukushima, les indemnisations nĂ©cessaires devraient ĂȘtre de plusieurs fois le montant maximum d'indemnitĂ©s qu'Assuratome pourrait apporter. L'assurance des accidents nuclĂ©aires est donc spĂ©cifique, avec une gestion partagĂ©e entre l'exploitant de centrale et les États concernĂ©s, c'est-Ă -dire les citoyens et donc les contribuables[alpha 5].

Le , l'agence Jiji a annoncĂ© que les banques japonaises allaient prĂȘter 2 000 milliards de yens (soit 17,4 milliards d'euros) Ă  l'opĂ©rateur TEPCO ; pour l'aider Ă  rĂ©parer les centrales endommagĂ©es et dĂ©manteler la centrale de Fukushima[272]. Pour la seule annĂ©e financiĂšre 2011 en cours, TEPCO a besoin de 8,6 milliards d'euros. Sans le secours de l'État, la compagnie serait trĂšs vite en banqueroute, et donc toute la production Ă©lectrique de son territoire (Tokyo et un peu autour) compromise. Certains analystes Ă©valuent les prĂ©judices Ă  86 milliards d'euros, sans tenir compte des coĂ»ts pour les effets Ă  long terme[273].

Spéculation sur le yen et déficit de la balance commerciale

Avant le sĂ©isme et l'accident nuclĂ©aire, le Japon souffrait d'un yen trop fort, qui limitait ses capacitĂ©s d'exportation et provoquait des inquiĂ©tudes de la part des investisseurs. Il avait prĂ©vu un programme de rachats d'actifs et de vente du yen pour 5 000 milliards de yen (soit 40 milliards d'euros) et d'assouplissement budgĂ©taire qui commençait Ă  faire sentir ses effets psychologiques[274], malgrĂ© le risque de creusement du dĂ©ficit public frĂŽlant les 10 % du PIB[275]. Toutefois, Ă  la suite de la catastrophe, les spĂ©culateurs se sont portĂ©s massivement sur l'achat sur le yen, espĂ©rant sa hausse, en raison des besoins de l'Ă©conomie de rapatrier des devises pour faire face Ă  la reconstruction et indemniser les assurĂ©s[276]. Le , la Banque du Japon revend massivement des yens pour 18,5 milliards d'euros, tandis que la RĂ©serve fĂ©dĂ©rale amĂ©ricaine procĂšde Ă  des ventes pour 50 milliards de dollars, afin d'enrayer cette spĂ©culation[277]. Le , l'État, via la Banque Japon, vend de nouveau sur le marchĂ© 4 500 milliards de yen, soit 40 milliards d'euros, pour tenter d'enrayer la hausse[278]. La mesure se rĂ©vĂ©lant insuffisante, il rĂ©itĂšre l'opĂ©ration le [279]. L'ensemble de ces mesures ne parvient pas Ă  faire Ă©chec Ă  la spĂ©culation, mĂȘme si cette hausse aide Ă  limiter le coĂ»t des importations supplĂ©mentaires de pĂ©trole (+15 %) et de gaz (+76 %)[280] Ă  la suite de l'arrĂȘt de nombreux rĂ©acteurs. Les exportations des entreprises s'en ressentent fortement, faisant craindre Ă  terme leur disparition dans le secteur manufacturier[281], et entraĂźnent un dĂ©ficit de la balance commerciale, alors que traditionnellement celle-ci est excĂ©dentaire. À fin 2011, ces facteurs ont gĂ©nĂ©rĂ© une diminution de la bourse de 20 %, en raison Ă  la fois de la chute des profits des entreprises, et d'une anticipation de la poursuite de leurs difficultĂ©s couplĂ©e Ă  un ralentissement gĂ©nĂ©ralisĂ© de l'activitĂ© Ă©conomique[280].

En 2011, le nombre de touristes venus visiter le Japon a chuté de prÚs de 30 % (-27,8 %) sur l'année[282].

Mesures de contrĂŽle des importations par des pays tiers

Jeudi , le Rapid Alert System for Food and Feed (RASFF) de l'Union europĂ©enne recommande aux États membres d'effectuer des contrĂŽles de radioactivitĂ© sur les aliments en provenance du Japon[283].

DĂšs le , de nombreux États renforcent leurs contrĂŽles, voire bloquent les importations de produits alimentaires japonais. Le MinistĂšre de la SantĂ© de TaĂŻwan dĂ©cide de renforcer les contrĂŽles de radioactivitĂ© sur les importations de fruits frais et congelĂ©s, de lĂ©gumes, de produits de la mer, de produits laitiers, d'eau minĂ©rale, de nouilles instantanĂ©es, de chocolat et de biscuits issus de l'archipel nippon[284]. Les États-Unis interdisent les importations japonaises de produits laitiers, de fruits et de lĂ©gumes frais en provenance des prĂ©fectures de Fukushima, d'Ibaraki, de Tochigi et de Gunma, Ă  moins que ces produits soient dĂ©clarĂ©s sains[285]. De plus, la FDA contrĂŽle davantage toutes les importations alimentaires du Japon. L'Europe impose des mesures de contrĂŽle pour certains produits alimentaires importĂ©s, dont des aliments pour animaux originaires ou en provenance du Japon[286].

La France, qui avait imposĂ© le contrĂŽle des poissons et coquillages dĂšs la semaine prĂ©cĂ©dente, exige le de la part de la Commission europĂ©enne un « contrĂŽle systĂ©matique »[287] sur les importations de produits frais japonais aux frontiĂšres de l’Union europĂ©enne. Selon Xavier Bertrand, le gouvernement a demandĂ© Ă  « la Direction gĂ©nĂ©rale de l’alimentation, les services des douanes, du ministĂšre de l’environnement, du ministĂšre de l’agriculture et de l’alimentation et du ministĂšre de l’économie et de la consommation » d'effectuer des contrĂŽles sur les produits frais provenant du Japon[288].

Le , la Commission européenne a été informée du fait que les taux de radionucléides décelés dans certains produits alimentaires originaires du Japon, tels que le lait et les épinards, dépassaient les seuils de contamination en vigueur au Japon pour les denrées alimentaires[286].

La Commission europĂ©enne a en consĂ©quence dĂ©cidĂ© d’appliquer des mesures prĂ©ventives de contrĂŽle sanitaire Ă  l’importation. Des contrĂŽles obligatoires prĂ©alables Ă  l'exportation sont imposĂ©s aux denrĂ©es alimentaires et aux aliments pour animaux originaires des prĂ©fectures touchĂ©es et de la zone tampon, et des tests alĂ©atoires sont prĂ©conisĂ©s sur celles originaires de l'ensemble du territoire japonais. Les niveaux maximaux admissibles de contamination sont ceux fixĂ©s par le rĂšglement (Euratom) no 3954/87 du Conseil du [286]. Selon l'organisation de consommateurs allemande foodwatch, cette mesure aurait (dans les faits, sinon dans le texte) relevĂ© les plafonds de radioactivitĂ© sur les produits alimentaires importĂ©s du Japon, qui Ă©taient jusqu'alors implicitement soumis au rĂšglement Euratom no 733/2008 mis en place pour Tchernobyl[289].

Le , un lot de 162 kg de thĂ© vert en provenance de la province de Shizuoka au Japon a Ă©tĂ© contrĂŽlĂ© comme radioactif Ă  l'aĂ©roport de Roissy par les services de la DGCCRF : une dose de 1038 becquerels par kilogramme Ă©tĂ© dĂ©tectĂ©e, contre les 500 normalement autorisĂ©s. Le lot a immĂ©diatement Ă©tĂ© mis sous sĂ©questre en attente de nouvelles Ă©tudes, tout comme l’ensemble de la cargaison, qui contenait divers thĂ©s japonais[290].

En France, les ouvriers de l'usine automobile Toyota Ă  Onnaing ont Ă©mis des doutes quant aux risques de radioactivitĂ© des piĂšces dĂ©tachĂ©es spĂ©cifiques issues du Japon. Selon la direction, aucune piĂšce ne devait ĂȘtre fournie avant cinq semaines, le transport se faisant par bateau ; cependant des piĂšces japonaises fabriquĂ©es aprĂšs la date de la catastrophe ont Ă©tĂ© remarquĂ©es dans l'usine. Face aux protestations, la direction a procĂ©dĂ© Ă  des mesures sur ces piĂšces importĂ©es[291].

Conséquences sur l'industrie nucléaire

ConsĂ©quences sur l’industrie nuclĂ©aire au Japon

graphe de l'évolution de la production d'électricité
Production d'électricité au Japon.

La catastrophe a entraßné une nouvelle orientation de l'opinion et des politiques menées vis-à-vis du nucléaire. Le nombre de réacteurs en activité a été considérablement réduit, du fait d'inspections à la suite de la catastrophe et de maintenances, mais aussi d'une hostilité de la population et des autorités locales à leur redémarrage. Le gouvernement a décidé d'abandonner la construction de nouvelles centrales avec pour objectif la réduction à terme de la part du nucléaire dans la consommation énergétique du Japon, au bénéfice des énergies renouvelables. Il a également été décidé d'une réorganisation de l'autorité administrative de la sûreté nucléaire, jugée trop proche des instances économiques et d'une nationalisation de Tepco, exsangue financiÚrement[292].

Le , Ă  la suite de la catastrophe nuclĂ©aire de Fukushima Daiichi, le gouvernement japonais dĂ©cide de sortir du nuclĂ©aire dans le courant des annĂ©es 2040 dans le cadre d'une nouvelle stratĂ©gie en matiĂšre de production Ă©nergĂ©tique[293] - [294]. En , les rĂ©acteurs nuclĂ©aires encore en activitĂ© sont mis Ă  l'arrĂȘt.

Le premier ministre, Shinzo Abe, plaide cependant pour une relance des réacteurs jugés fiables, faisant valoir que l'énergie nucléaire, dont le coût est relativement faible, représenterait un soutien au redressement de l'économie du pays. Le , la Commission de réglementation de l'énergie nucléaire autorise la mise en marche du réacteur Sendai 1. Celle-ci est cependant interrompue le aprÚs la détection d'un problÚme technique[295]. Le réacteur Sendai 1 a repris le un fonctionnement normal[296].

Centrale de Fukushima Daiichi

Les cƓurs de certains rĂ©acteurs ont Ă©tĂ© endommagĂ©s par l'accident : 70 % pour le rĂ©acteur no 1, 33 % pour le rĂ©acteur no 2 et partiellement pour le rĂ©acteur no 3 selon les premiĂšres investigations de Tepco Ă©tablies en [297]. Il reste difficile de savoir si du combustible fondu a pu s'agglutiner au fond des enceintes et dans quelle quantitĂ©, mais les modĂ©lisations montrent qu'il est dĂ©sormais fortement probable que les coriums aient traversĂ© les cuves pour se rĂ©pandre au minimum jusqu'au niveau du radier[298]. Selon les inspecteurs de l’AIEA, les rĂ©sultats des calculs indiquent que le cƓur du rĂ©acteur no 1 aurait fondu trois heures aprĂšs le sĂ©isme, et percĂ© la cuve deux heures aprĂšs, le cƓur no 2 aurait commencĂ© Ă  fondre 77 heures aprĂšs le sĂ©isme en perçant la cuve trois heures aprĂšs et le cƓur no 3 aurait fondu 40 heures aprĂšs le sĂ©isme et percĂ© sa cuve 79 heures aprĂšs[299]. Cependant, les rĂ©sultats de ces calculs n'ont pas encore pu ĂȘtre confirmĂ©s in situ.

Mi-, les rĂ©acteurs sont tous Ă  l'arrĂȘt froid. Selon la dĂ©finition revue en juillet par la JAIF, cela correspond Ă  une situation oĂč la tempĂ©rature Ă  la base de la cuve du rĂ©acteur et dans l'enceinte de confinement est gĂ©nĂ©ralement infĂ©rieure Ă  100 °C ; oĂč les fuites de matĂ©riaux radioactifs de la cuve du rĂ©acteur sont sous contrĂŽle : et oĂč l'exposition du public Ă  des Ă©missions additionnelles reste maintenue Ă  un bas niveau, avec une cible de mSv/an sur le site[300]. La durĂ©e nĂ©cessaire au dĂ©mantĂšlement de la centrale est Ă©valuĂ©e Ă  40 ans[301] mais pourrait ĂȘtre plus longue[146]. Selon Le Monde, ses fuites n'Ă©taient toujours pas stabilisĂ©es en , plus de deux ans aprĂšs l'accident[78] et les travaux de retrait du combustible usĂ© de la piscine no 3 en 2019 s'avĂšrent plus complexes que prĂ©vu, entraĂźnant le dĂ©calage d'autres travaux de quatre Ă  cinq ans[146].

Programme nucléaire japonais

En , l’ancien premier ministre, Naoto Kan, Ă©voque la possibilitĂ© Ă  terme d’un abandon total du nuclĂ©aire sur le sol nippon[302], puis son successeur Yoshihiko Noda inflĂ©chit cette position, en visant « une rĂ©duction aussi forte que possible de la dĂ©pendance Ă  l’énergie nuclĂ©aire Ă  moyen ou long terme »[303]. Il annonce le retour Ă  l’exploitation des centrales existantes qui auront passĂ© les tests de sĂ©curitĂ©, prĂ©cise que la construction de nouvelles usines « serait difficile », et que le sort des usines prĂ©vues ou en construction serait Ă  envisager au cas par cas[304]. À l’inverse, les autoritĂ©s et reprĂ©sentants de l'industrie nuclĂ©aire ont manifestĂ© leur volontĂ© de continuer les constructions Ă  l’export[305].

Fin , 5 seulement des 54 rĂ©acteurs sont encore en activitĂ©, et en ils sont tous arrĂȘtĂ©s. Les autoritĂ©s locales hĂ©sitent en effet Ă  autoriser le redĂ©marrage des unitĂ©s Ă  l'arrĂȘt pour maintenance devant les rĂ©ticences de la population. Pour faire face Ă  la demande en Ă©lectricitĂ©, des centrales thermiques sont remises en exploitation par les diffĂ©rents opĂ©rateurs[306].

En 2015, le gouvernement souhaite que la production nuclĂ©aire couvre de 20 Ă  22 % de la production d’électricitĂ© Ă  l’horizon 2030 au lieu des 50 % prĂ©vus avant la catastrophe de Fukushima. Avant 2011, le nuclĂ©aire reprĂ©sentait 29 %. Pour parvenir Ă  son nouvel objectif, le Japon prĂ©voit de dĂ©velopper ses Ă©nergies renouvelables en faisant grimper la part du solaire, de l’éolien et de l’hydroĂ©lectricitĂ© de 10 % en 2014 Ă  22-24 % de la production Ă©lectrique Ă  l’horizon 2030.

voit le dĂ©but timide du redĂ©marrage de l'industrie nuclĂ©aire nippone aprĂšs de grands travaux d'amĂ©lioration de la sĂ»retĂ©, une mise aux normes post-Fukushima et une rĂ©forme du gendarme du nuclĂ©aire japonais, la Commission de rĂ©glementation de l'Ă©nergie nuclĂ©aire (NRA). Kyushu Electric Power Company redĂ©marre le rĂ©acteur Sendai 1, Ă  Satsumasendai dans le sud-ouest de l’Archipel. La NRA donne son autorisation dĂ©finitive au rallumage des deux rĂ©acteurs de Sendai en . Sendai 2 redĂ©marre en septembre, et trois autres rĂ©acteurs devaient suivre. Selon un sondage rĂ©alisĂ© par le quotidien Mainichi Shimbun auprĂšs de 1 000 personnes, 57 % sont contre la relance de Sendai et 30 % la soutiennent[307].

En , la compagnie Kansai Electric Power redĂ©marre les unitĂ©s 3 et 4 de la centrale de Takahama, mais un tribunal, saisi par un groupe de riverains, dĂ©cide de l'arrĂȘt des deux rĂ©acteurs quelques semaines aprĂšs, le juge estimant que la compagnie n’avait pas fourni suffisamment d’explications sur les mesures de sĂ»retĂ©. La Haute Cour de justice d’Osaka invalide cette dĂ©cision en .

En , sur 42 rĂ©acteurs restants dans l’archipel (contre 54 avant le drame de Fukushima), 3 seulement sont en service : Sendai 1 et 2, Ikata 3[308]. En mars 2021, 9 rĂ©acteurs sont opĂ©rationnels[309].

Au 3 mai 2021, sur un parc de 33 rĂ©acteurs opĂ©rationnels, seuls 7 sont en fonctionnement et 26 sont dĂ©finitivement arrĂȘtĂ©s[310].

Conséquences sur l'industrie nucléaire dans le monde

Cet événement a mis en lumiÚre la vulnérabilité de certains réacteurs nucléaires japonais, notamment les plus vétustes et ceux construits sur la cÎte Est plus exposés aux séismes, manifestement insuffisamment préparés à un tel scénario. Il a influé sur les politiques énergétiques des grandes puissances nucléaires, pour certaines amenées à reconsidérer la part du nucléaire dans leur production énergétique, et la fiabilité de certains équipements, particuliÚrement face aux risques majeurs. Le choc provoqué par l'accident de Fukushima dépend également du rapport psychologique et social au risque. L'impact s'étend ainsi au-delà des seules conséquences techniques et radiologiques sur la santé et l'environnement, générant d'importants bouleversements socio-économiques[311].

Pour Yukiya Amano, directeur général de l'AIEA, « La confiance du public dans la sûreté des centrales nucléaires a été profondément ébranlée dans le monde entier. Nous devons par conséquent continuer à travailler dur pour augmenter la sûreté de ces centrales, et garantir la transparence par rapport aux risques que représentent les radiations nucléaires. C'est seulement de cette maniÚre qu'il sera possible de répondre aux questions soulevées par Fukushima Daiichi. »[312]. En 2011, l'AIEA a émis une Déclaration (adoptée à l'unanimité par la Conférence ministérielle sur la sûreté nucléaire tenue à Vienne en ), et approuvé un Plan d'Action international (à l'unanimité par le Conseil des gouverneurs, à la 55e session ordinaire de l'AIEA en ).

Quinze mois plus tard (du 15 au ), l'AIEA a organisé une Conférence ministérielle sur la sûreté nucléaire sur Fukushima. 700 délégués de 117 pays et 13 organisations internationales devaient y tirer des leçons de la catastrophe, renforcer la sécurité nucléaire et améliorer la protection des personnes. Les délégués ont aussi discuté de la « communication publique sur radioactivité, des activités d'assainissement s'y rattachant, et des tùches liées à la recherche et au développement pour les activités hors site », la communication selon [il manque des mots] dont un compte rendu déclassifié[313] a été publié en .

L'Union europĂ©enne a annoncĂ© l'organisation (avant fin 2011) de Tests de rĂ©sistance de sĂ»retĂ© pour chaque centrale europĂ©enne, afin de rĂ©Ă©valuer les risques et durcir les normes de sĂ©curitĂ©. En France, c’est l’AutoritĂ© de sĂ»retĂ© nuclĂ©aire qui est chargĂ©e d'auditer le parc nuclĂ©aire. L'Allemagne dĂ©cide Ă  la mi- de sortir du nuclĂ©aire d'ici neuf ans, Le dĂ©bat sur l’utilisation de l’énergie nuclĂ©aire est relancĂ© dans de nombreux pays de l'Union EuropĂ©enne, dont la Belgique, la France et l'Italie (qui finalement refuse toute relance du nuclĂ©aire). Pour l'Union EuropĂ©enne, cependant, « en tant qu'option de grande Ă©chelle Ă  faible intensitĂ© de carbone, l'Ă©nergie nuclĂ©aire continuera Ă  faire partie du bouquet de production d'Ă©lectricitĂ© de l'UE. La Commission continuera Ă  faire progresser le cadre rĂ©gissant la sĂ»retĂ© et la sĂ©curitĂ© nuclĂ©aires, dans la perspective de conditions de concurrence homogĂšnes pour les investissements dans les États membres qui souhaitent conserver le nuclĂ©aire dans leur bouquet Ă©nergĂ©tique. »[314]

Sans attendre la fin de la gestion de l’accident, le Japon annonçait en une rĂ©orientation de sa politique vers plus de sĂ©curitĂ©, et un effort vers les Ă©nergies renouvelables. Il suspend les activitĂ©s de la centrale nuclĂ©aire de Hamaoka. En 2013, le public japonais doute toujours de Tepco : plus de 90 % des sondĂ©s estiment (avant l'annonce de fuites vers la nappe et la mer) que deux ans aprĂšs l'accident, la « catastrophe de Fukushima n'est pas sous contrĂŽle »[315].

Les États-Unis se disent vigilants sur la sĂ©curitĂ© de leur parc, mais connaissent des problĂšmes sur le site de Hanford et autorisent dĂ©but 2012 la construction de nouveaux rĂ©acteurs AP1000 conçus pour rĂ©sister Ă  une perte de refroidissement grĂące Ă  un Condenseur de secours[316] (comme dans le rĂ©acteur no 1 de Fukushima, mais avec 4 rĂ©serves d'eau pouvant passivement alimenter le rĂ©acteur par gravitĂ© durant 72 h, mĂȘme sans intervention humaine). L'opĂ©rateur Southern Company a eu l'accord des autoritĂ©s pour construire deux rĂ©acteurs, les premiers depuis 30 ans aux États-Unis.

La Russie se montre quant à elle confiante dans son parc nucléaire dont les réacteurs et leurs modes de pilotages ont été profondément revus aprÚs Tchernobyl, mais, selon Iouri Vishnevsky, ex-directeur de l'Autorité fédérale de sûreté nucléaire et des radiations (Gosatomnadzor), intégrée dans Rosatom en 2005, la sécurité est la préoccupation principale car il n'existe pas en Russie d'autorité de sûreté nucléaire qui imposerait systématiquement des réglementations dans ce domaine[317].

La Chine maintient un ambitieux programme nucléaire civil, qui construit 18 réacteurs à eau pressurisée au [318] (de conceptions chinoise, française, américaine ou russe), et développe en parallÚle une filiÚre thorium à sel fondu[319] et une filiÚre à neutrons rapides[320]. Ces deux filiÚres permettent notamment une amélioration de la sécurité passive (en)[321].

En France, aprĂšs l'accident, 44 postes supplĂ©mentaires ont Ă©tĂ© attribuĂ©s au dispositif de sĂ»retĂ© nuclĂ©aire, de radioprotection, de gestion de crise et des situations postaccidentelles, Ă  partir de 2012, rĂ©partis Ă  parts Ă©gales entre l’IRSN et l’ASN nuclĂ©aire[322].

Conséquences sur l'organisation de la sureté nucléaire au Japon

Inaugurée le , en remplacement des organismes chargés de la sûreté nucléaire à l'époque de la catastrophe, l'Agence de sûreté nucléaire et industrielle (NISA) et la Commission de sûreté nucléaire (NSC), critiquées pour leur gestion défaillante de l'accident nucléaire, une nouvelle instance de régulation du nucléaire, la Nuclear Regulatory Authority (NRA) est chargée de mettre en place de nouvelles rÚgles de sûreté des centrales nucléaires japonaises. Placée sous la tutelle du ministÚre de l'environnement, la NRA bénéficie d'un statut similaire à celui de la Commission de la concurrence, censé garantir son indépendance[323].

Rapports d'enquĂȘtes

Le , le gouvernement japonais forme le ComitĂ© d'enquĂȘte sur l'accident des centrales nuclĂ©aires de Fukushima de la Tokyo Electric Power Company. Ce comitĂ© d’experts indĂ©pendant est prĂ©sidĂ© par un professeur de l'UniversitĂ© de Tokyo, Yotaro Hatamura, spĂ©cialiste en analyse des dĂ©faillances, et a autoritĂ© pour interroger aussi bien les dirigeants de TEPCO que les membres du gouvernement ou des agences officielles[324] - [325]. Le rapport dĂ©finitif est attendu Ă  l'Ă©tĂ© 2012, mais un rapport d'Ă©tape est publiĂ© le , qui critique tout Ă  la fois le manque de prĂ©paration de TEPCO, les dĂ©faillances de l'Agence japonaise de sĂ»retĂ© nuclĂ©aire (qui a immĂ©diatement Ă©vacuĂ© tout son personnel de la centrale alors qu'il aurait dĂ» rester sur place pour servir de liaison ), et les erreurs ou insuffisances du gouvernement Kan[326] - [327] - [328].

À la suite de la publication de ce rapport d'Ă©tape, le parlement japonais dĂ©cide Ă  son tour la mise sur pied d'une commission d'enquĂȘte parlementaire, dirigĂ©e par le Dr. Kiyoshi Kurokawa, mĂ©decin et universitaire spĂ©cialiste en santĂ© publique[329]. Le rapport de cette commission indĂ©pendante d’experts a Ă©tĂ© publiĂ© le [J 1]. Point final d'une enquĂȘte durant laquelle plus de 1 100 personnes ont Ă©tĂ© auditionnĂ©es, 9 sites nuclĂ©aires visitĂ©s, 800 000 personnes ont assistĂ© en direct Ă  la retransmission de toutes les rĂ©unions de la commission (sauf la premiĂšre)[330]. Bien que dĂ©clenchĂ© par ces Ă©vĂ©nements cataclysmiques, l’accident qui s’est ensuivi Ă  la centrale nuclĂ©aire de Fukushima Daiichi ne peut pas ĂȘtre regardĂ© comme un dĂ©sastre naturel. Ce fut un dĂ©sastre profondĂ©ment causĂ© par l’homme – qui aurait pu et aurait dĂ» ĂȘtre prĂ©vu et prĂ©venu. Et ses effets auraient pu ĂȘtre attĂ©nuĂ©s par une rĂ©ponse humaine plus efficace.[331] Un rapport qui pointe sĂ©vĂšrement la gestion de la crise par l'opĂ©rateur TEPCO, mais Ă©galement par le gouvernement japonais. Selon ce rapport, la catastrophe de Fukushima serait d'origine humaine.

Le , l'Organisation mondiale de la santĂ© publie un rapport prĂ©liminaire sur les doses subies de radiations[332]. Les villes de Namie et Iitate, dans un rayon de 20 Ă  30 km de la centrale, ont subi des doses de 10 Ă  50 mSv, contre des doses de 1 Ă  10 dans le reste de la prĂ©fecture, de 0,1 Ă  10 dans les rĂ©gions voisines, et moins de 0,01 mSv en dehors du Japon, un niveau « trĂšs faible »[333].

En , aprĂšs avoir publiĂ© le un rapport « Fukushima un an aprĂšs – premiĂšres analyses de l’accident et de ses consĂ©quences », l'IRSN publie un nouveau point de la situation de la centrale[334].

L'IRSN publie début 2018 plusieurs points sur l'état de la centrale[335], l'évolution des périmÚtres d'évacuation[336] et les impacts sanitaires[337].

Le , le tribunal de Tokyo juge que trois anciens dirigeants de Tepco, Tsunehisa Katsumata (prĂ©sident du conseil d'administration au moment du drame)[338], Sakae Muto et Ichiro Takekuro (deux anciens vice-prĂ©sidents) ne peuvent ĂȘtre tenus coupables des consĂ©quences de cet accident. Les poursuites engagĂ©es contre ces ex-dirigeants s’appuyaient sur le dĂ©cĂšs de 44 patients de l’hĂŽpital de Futaba, Ă  quelques kilomĂštres de la centrale, lors de leur Ă©vacuation d’urgence dans des conditions extrĂȘmes. Les procureurs avaient refusĂ© Ă  deux reprises d’engager des poursuites contre les dirigeants de Tepco, arguant que les Ă©lĂ©ments du dossier Ă©taient insuffisants. Mais un rĂ©examen de l’affaire en 2015 par un panel de citoyens (une procĂ©dure peu utilisĂ©e au Japon) avait tranchĂ© pour un procĂšs au pĂ©nal[339].

Bibliographie

Documents et analyses / TĂ©moignages / Essais

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  • Nadine Ribault et Thierry Ribault, Les Sanctuaires de l’abĂźme. Chronique du dĂ©sastre de Fukushima, Paris, Éditions de l’EncyclopĂ©die des Nuisances, 2012, 135 p. (ISBN 978-2910386405)
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  • Penser avec Fukushima, sous la direction de Christian Doumet et MichaĂ«l Ferrier, Nantes, Éditions CĂ©cile Defaut, 2016, 295 p. (ISBN 9782350183800)
  • RyĂŽichi WagĂŽ, Jets de poĂšmes dans le vif de Fukushima, traduit du japonais par Corinne Atlan, encres sur papier de soie d'Élisabeth GĂ©rony-Forestier, Toulouse, Ă©ditions ÉrĂšs, coll. « Po&Psy a parte », 2016, 302 p.[340]
  • Yves Lenoir, auteur de La ComĂ©die Atomique, La DĂ©couverte 2016, et du film Tchernobyl, le monde d'aprĂšs, ETB 2018, rĂ©alisateur Marc Petitjean.
  • Alexandra Dawe, Justin McKeating, Iryna Labunska, Nina Schulz, Shawn-Patrick Stensil and Rianne Teule « Nuclear scars:The Lasting Legacies of Chernobyl and Fukushima » ? published in March 2016 by Greenpeace International, Amsterdam
  • Franck Guarnieri et SĂ©bastien Travadel, Un rĂ©cit de Fukushima. Le directeur parle, Paris, Presses Universitaires de France, 2018, 156 p. (ISBN 978-2130804048)
  • Dans l'Ɠil du dĂ©sastre : crĂ©er avec Fukushima, sous la direction de MichaĂ«l Ferrier, Ă©d. Thierry Marchaisse, 2021 (ISBN 978-2-36280-254-6), avec la participation des artistes Makoto Aida, Takashi Arai, Chim↑Pom, Marie Drouet, Hikaru Fujii, Thierry Girard, Yoi Kawakubo, Jacques Kraemer, HĂ©lĂšne Lucien, Bruno Meyssat, Chihiro Minato, Yoann Moreau, Brigitte Mounier, KĂŽhei Nawa, Shinji Ohmaki, Marc Pallain, Claude-Julie Parisot, Gil Rabier, Noi Sawaragi, Nobuhiro Suwa, Kota Takeuchi, Kenichi Watanabe, Yukinori Yanagi
  • CĂ©cile Asanuma-Brice, Fukushima, dix ans aprĂšs, Éditions de La Maison des Sciences de l'Homme, 2021, 216p. (ISBN 978-2-7351-2800-6)

Documentaires télévisés

Cinéma

Notes et références

Notes

  1. Les rejets d'iode 131 et de césium 137 sont estimés à 42 % des rejets de la catastrophe de Tchernobyl.
    (en) Xenon-133 and caesium-137 releases into the atmosphere from the Fukushima Dai-ichi nuclear power plant: determination of the source term, atmospheric dispersion, and deposition, Atmospheric Chemistry and Physics.
  2. Le sievert est l'unitĂ© de mesure des effets des rayonnements ionisants sur le corps humain. Le syndrome d'irradiation aiguĂ« est provoquĂ© pour des doses supĂ©rieures Ă  un gray (Ă©gal Ă  1 000 mSv).
  3. Les « rĂ©acteurs Ă  eau bouillante » (REB ou BWR) constituent 21 % du parc mondial des rĂ©acteurs producteurs d'Ă©lectricitĂ©. Les « rĂ©acteurs Ă  eau pressurisĂ©e » (REP ou PWR), reprĂ©sentent 61 % de ce mĂȘme parc mondial.
  4. [voir sur Wikinews]
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Rapports

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    340. Voir CĂ©cile Duquenne, « Le rĂ©investissement du rĂŽle social de la poĂ©sie au Japon aprĂšs l’accident nuclĂ©aire du 11 mars 2011 », Impressions d’ExtrĂȘme-Orient [En ligne] 8 (2018), mis en ligne le 13 dĂ©cembre 2018.
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    Voir aussi

    Articles connexes

    Liens externes

    Rapports

    • ACRO, Suivi quotidien de l'Ă©volution de la catastrophe, mesures de la radioactivitĂ©, (lire en ligne)
    • AutoritĂ© de sĂ»retĂ© nuclĂ©aire, Accident nuclĂ©aire au Japon (lire en ligne).
    • Alain Carpentier (prĂ©s.), Étienne-Émile Baulieu, Édouard BrĂ©zin et Jacques Friedel, Rapport du groupe de travail SolidaritĂ© Japon, 100 pages, Éditions EDP Sciences - AcadĂ©mie des sciences, (prĂ©sentation en ligne) : « L'accident majeur de Fukushima - ConsidĂ©rations sismiques, nuclĂ©aires et mĂ©dicales » (lire en ligne [PDF]) et « annexes » (lire en ligne [PDF]).
    • (en) Geoff Brumfiel, Fukushima Study Links Children's Cancer To Nuclear Accident, NPR (lire en ligne) octobre 2015.
    • CRIIRAD, Dossier spĂ©cial Japon (lire en ligne).
    • CEA, Fukushima : un retour sous haute surveillance, (lire en ligne),
    • IRSN, Informations pour les rĂ©sidents français au Japon (lire en ligne), 2011 (mĂ j. mars 2021)
    • IRSN, ConsĂ©quences de l’accident de Fukushima sur le milieu terrestre au Japon et implications sur les doses reçues par la population,([PDF] lire en ligne), .
    • (en) TEPCO, Report on the Investigation and Study of Unconfirmed/Unclear Matters in the Fukushima Nuclear Accident, « Progress Report No. 1 », 13 dĂ©cembre 2013 (lire en ligne [PDF]) ; « Progress Report No.2 », 6 aoĂ»t 2014 (lire en ligne) ; « Progress Report No.3 », (lire en ligne).
    • (en) Toshihide Tsuda, Akiko Tokinobu, Eiji Yamamoto et Etsuji Suzuki, Thyroid Cancer Detection by Ultrasound Among Residents Ages 18 Years and Younger in Fukushima, Japan: 2011 to 2014, PubMed, United States National Library of Medicine, mai 2016 (lire en ligne).

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