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Centrale nucléaire de Fukushima Daiichi

La centrale nuclĂ©aire de Fukushima-Daiichi (çŠćł¶çŹŹäž€ćŽŸć­ćŠ›ç™ș電所, Fukushima Dai-ichi Genshiryoku Hatsudensho), aussi dĂ©nommĂ©e centrale nuclĂ©aire de Fukushima I[3] Ă©tait, avant sa mise Ă  l’arrĂȘt et avec une puissance de plus de 4 500 MWe, l'une des plus grandes centrales nuclĂ©aires au monde.

Centrale nucléaire de Fukushima Daiichi
Centrale nucléaire de Fukushima-Daiichi
çŠćł¶çŹŹäž€ćŽŸć­ćŠ›ç™ș電所
(ou Fukushima I)
Administration
Pays
Bourg
Coordonnées
37° 25â€Č 17″ N, 141° 02â€Č 01″ E
Propriétaire
Opérateur
Construction
Mise en service
De 1970 Ă  1979
Mise Ă  l’arrĂȘt dĂ©finitif
Statut
DĂ©finitivement hors d'usage pour les tranches 1 Ă  4[1] - [2],Ă  la suite du tremblement de terre et au tsunami du 11 mars 2011.
RĂ©acteurs
Fournisseurs
General Electric (3), Toshiba (2), Hitachi (1)
Type
RĂ©acteurs actifs
0 (Ă  la suite du tremblement de terre de 2011)
Puissance nominale
de 439 Ă  1 067 MWe selon les rĂ©acteurs

Carte

Elle est situĂ©e sur le territoire des bourgs d'Okuma (tranches 1 Ă  4) et de Futaba (tranches 5 et 6), dans la prĂ©fecture de Fukushima, au bord de l'ocĂ©an Pacifique, sur la cĂŽte est de l'Ăźle de HonshĆ« (la principale Ăźle du Japon), Ă  environ 250 kilomĂštres au nord de Tokyo, 45 kilomĂštres au nord de Iwaki, 45 kilomĂštres au sud de Sƍma.

Il s'agit de la premiĂšre centrale japonaise Ă  avoir Ă©tĂ© entiĂšrement construite et exploitĂ©e par TEPCO[4], qui exploite Ă©galement la centrale nuclĂ©aire de Fukushima Daini (Fukushima II), situĂ©e 12 kilomĂštres plus au sud.

Depuis l'accident nuclĂ©aire de Fukushima Ă  la suite du tremblement de terre et du tsunami du 11 mars 2011, la centrale est Ă  l'arrĂȘt, mais trois rĂ©acteurs entrĂ©s en fusion — Ă  ne pas confondre avec fusion nuclĂ©aire qui est un phĂ©nomĂšne totalement diffĂ©rent — doivent encore ĂȘtre refroidis. Des Ă©quipes spĂ©ciales procĂšdent Ă  des rĂ©parations et des dĂ©contaminations des zones les plus exposĂ©es Ă  la radioactivitĂ©. Selon un comitĂ© d'experts mandatĂ© par le gouvernement du Japon, la centrale nuclĂ©aire de Fukushima Daiichi ne pourrait, en toute sĂ©curitĂ©, pas ĂȘtre fermĂ©e avant 2040[5].

Description

Vue aérienne de la centrale de Fukushima-Daiichi

La centrale Fukushima I (Daiichi)[Note 1] a Ă©tĂ© construite et est exploitĂ©e par Tokyo Electric Power Company (TEPCO), une des dix compagnies d'Ă©lectricitĂ© du Japon. Elle est situĂ©e au nord-est du Japon, dans la prĂ©fecture de Fukushima, au bord de l'ocĂ©an Pacifique, sur la cĂŽte est de l'Ăźle de HonshĆ« (la principale Ăźle du Japon). Fukushima I s'Ă©tend sur 350 hectares Ă  environ 225 km au nord-est de Tokyo et Ă  12 kilomĂštres au nord de Fukushima II, qui s'Ă©tend sur 150 hectares.

Fukushima I a Ă©tĂ© mise en service le 26 mars 1971. La puissance installĂ©e est de 4 696 MWe.

Réacteur de type Mark-I présent dans les bùtiments 1 à 5 de la centrale de Fukushima Daiichi (le réacteur no 6 est conçu de maniÚre différente[6])
Schéma du réacteur no 6 (de type Mark II[6])

Elle comprend 6 réacteurs à eau bouillante (REB). Les réacteurs 1 à 5 sont de type Mark I et le réacteur no 6 est de type Mark II[7]. Ils ont été construits par trois constructeurs différents entre 1967 et 1979 :

  • Fukushima-Daiichi 1 : 439 MWe (puissance brute 460 MWe[8]), mis en service en 1971, construit par General Electric ; c'est le plus ancien et le moins puissant des 6 rĂ©acteurs du site. Son exploitation Ă©tait initialement estimĂ©e Ă  40 ans au plus, a Ă©tĂ© prolongĂ©e de dix ans en fĂ©vrier 2011 ; fusion du cƓur en mars 2011 Ă  la suite du sĂ©isme et du tsunami ;
  • Fukushima-Daiichi 2 : 760 MWe (puissance brute 784 MWe[9]), mis en service en 1974, construit par General Electric ; fusion du cƓur et endommagement de l'enceinte de confinement en mars 2011 Ă  la suite du sĂ©isme et du tsunami
  • Fukushima-Daiichi 3 : 760 MWe (puissance brute 784 MWe[10]), mis en service en 1976, construit par Toshiba. À partir de septembre 2010, ce rĂ©acteur fonctionne avec 30 % de combustible MOX (mĂ©lange d'uranium et de plutonium) au lieu de l'uranium faiblement enrichi[4] ; fusion du cƓur en mars 2011 Ă  la suite du sĂ©isme et du tsunami ;
  • Fukushima-Daiichi 4 : 760 MWe (puissance brute 784 MWe[11]), mis en service en 1978, construit par Hitachi ;
  • Fukushima-Daiichi 5 : 760 MWe (puissance brute 784 MWe[12]), mis en service en 1978, construit par Toshiba ;
  • Fukushima-Daiichi 6 : C'est un rĂ©acteur beaucoup plus puissant, de 1067 MWe (puissance brute 1100 MWe[13]), dessinĂ© sur un autre modĂšle et mis en service en 1979, construit par General Electric[6].

Les cuves des 6 réacteurs de la centrale (et de toutes les cuves des réacteurs nucléaires du Japon) ont été forgées par Japan Steel Works[14], entreprise fondée en 1907 et restructurée aprÚs la Seconde Guerre mondiale[15]

Types de réacteurs

La centrale est Ă©quipĂ©e de rĂ©acteurs nuclĂ©aires appelĂ©s « rĂ©acteurs Ă  eau bouillante » (REB). Le fluide qui traverse le cƓur est de l'eau dĂ©minĂ©ralisĂ©e qui, portĂ©e Ă  Ă©bullition au contact des barres de combustible, se transforme en vapeur et actionne des turbo-alternateurs pour produire de l'Ă©lectricitĂ©[Note 2].

Fukushima I est équipée de six réacteurs, mis en service entre 1971 et 1979, dont cinq selon l'architecture Mark 1. Ils ont été construits par General Electric,Toshiba et Hitachi.

Le rĂ©acteur no 3 de Fukushima I prĂ©sente une singularitĂ© : il a Ă©tĂ© rĂ©novĂ© pour recevoir du combustible MOX ; l'enceinte de confinement primaire du cƓur a Ă©tĂ© changĂ©e Ă  la fin des annĂ©es 1990, de mĂȘme que d'autres composants principaux internes (en acier inoxydable type 304 (SS), remplacĂ©s par des piĂšces en acier spĂ©cial (Ă  faible teneur en carbone ; de type inox 316 L) pour diminuer la « corrosion inter-granulaire » des mĂ©taux du cƓur du rĂ©acteur (IGSCC) exposĂ©s Ă  une radioactivitĂ©, des pressions et tempĂ©ratures Ă©levĂ©es dans l'eau[16].

Fonctionnement

SchĂ©ma de principe du refroidissement d’un rĂ©acteur Ă  eau bouillante[17]
Vue schĂ©matique d’un rĂ©acteur Ă  eau bouillante (REB) Mark I tels que sont les rĂ©acteurs no 1 Ă  5 de la centrale de Fukushima I. Ce sont des rĂ©acteurs en acier spĂ©cial, Ă  enceinte de confinement en bĂ©ton et Ă  piscine de condensation en acier de forme torique (structure en anneau sous le rĂ©acteur, WW). C’est la partie haute du bĂątiment qui a Ă©tĂ© soufflĂ©e par l’explosion due Ă  la formation d'hydrogĂšne. La piscine d'entreposage (SFP[Note 3]) se trouve en haut, hors de l'enceinte de confinement. La partie haute de l'enceinte de confinement (SCSW) peut ĂȘtre dĂ©montĂ©e pour permettre le transfert du combustible sous eau.

Chaque rĂ©acteur contient une cuve d'acier Ă©tanche, Ă©paisse de 16 centimĂštres, qui enferme un ensemble de tubes d'alliage de zirconium (dits « crayons ») verticaux parallĂšles remplis d'uranium enrichi, le combustible nuclĂ©aire radioactif. Cette partie est appelĂ©e le cƓur du rĂ©acteur. Chaque tube, d'environ 4 mĂštres de long, contient un empilement d'environ 360 pastilles de combustible ici sous forme de cĂ©ramique[18]. À titre de comparaison, une pastille de 7 grammes peut libĂ©rer autant d'Ă©nergie qu'une tonne de charbon[19].

Certains noyaux des atomes composant le combustible sont fissionnĂ©s quand ils sont frappĂ©s par des neutrons. Cette rĂ©action nuclĂ©aire dĂ©gage une forte Ă©nergie et libĂšre elle-mĂȘme des neutrons entretenant ainsi une rĂ©action en chaĂźne tant que les conditions nĂ©cessaires sont rĂ©unies. Quand le rĂ©acteur fonctionne, de l'eau circule dans la cuve ; elle est chauffĂ©e et transformĂ©e en vapeur au contact des crayons de combustible nuclĂ©aire[Note 4].

Pour maĂźtriser la rĂ©action en chaĂźne, on utilise des grappes de barres mobiles verticales (gĂ©nĂ©ralement appelĂ©es « barres de contrĂŽle ») qui ont la propriĂ©tĂ© d'absorber les neutrons. Dans un REB, elles sont situĂ©es en dessous du cƓur et doivent ĂȘtre soulevĂ©es pour ralentir la rĂ©action. Leur remontĂ©e totale dans le cƓur, en cas d'urgence par exemple, permet d'arrĂȘter totalement la rĂ©action en chaĂźne.

Selon TEPCO[18], la dispersion des matiĂšres radioactives peut ĂȘtre freinĂ©e par cinq barriĂšres en cas d'accident :

  1. la céramique des pastilles de combustible leur permet de résister aux hautes températures et à la corrosion ;
  2. les tubes métalliques contenant ces pastilles sont étanches et piÚgent en partie haute les gaz qui s'échappent des pastilles ;
  3. la cuve en acier qui abrite le cƓur du rĂ©acteur constitue une troisiĂšme barriĂšre ;
  4. l'enceinte de confinement d'une épaisseur de quatre centimÚtres qui entoure le réacteur constitue la quatriÚme barriÚre ;
  5. enfin cette enceinte est elle-mĂȘme englobĂ©e dans un bĂątiment dont les parois de bĂ©ton ont une Ă©paisseur de 1,5 mĂštre.

Dans le cas des réacteurs de la centrale de Fukushima I, l'enceinte de confinement en béton entourant la cuve est en communication via des tuyauteries de fort diamÚtre avec un tore placé en partie inférieure et contenant de l'eau froide et réfrigérée par un circuit externe dans laquelle les dites tuyauteries plongent. Ce systÚme dit « de barbotage » permet de condenser la vapeur éventuellement présente dans le compartiment entourant la cuve du réacteur de façon à prévenir une augmentation excessive de pression. La réserve d'eau de barbotage sert également à condenser la décharge des soupapes de sûreté placées en amont des vannes d'isolement vapeur[20], vannes qui doivent se fermer à la demande, en 3 à 5 secondes en cas de nécessité[21]. Les éventuelles « décharges » de gaz ou de vapeur destinées à décomprimer l'enceinte de confinement sont faites grùce à une (ou plusieurs) lignes d'évents du tore de barbotage.

Les installations comportent en outre des bassins remplis d'eau (appelés « piscines ») destinés à l'entreposage à long terme des éléments combustibles usés déchargés des réacteurs, en vue de leur refroidissement. Dans ces piscines, la puissance thermique résiduelle des éléments combustibles décroßt durant des durées variables jusqu'à rendre possible leur évacuation vers les centres de retraitement ou de stockage. Ces derniers s'effectuent en conteneur blindé sous air maintenu en légÚre dépression.

Caractéristiques des réacteurs de Fukushima-Daiichi

Les caractéristiques détaillées de chaque réacteur sont données ci-aprÚs[22] - [23].

Nom du rĂ©acteurType enceinteModĂšle de rĂ©acteurCapacitĂ© [MW]ExploitantConstructeurDĂ©but constr.Raccord. au rĂ©seauMise en service comm. Mise Ă  l’arrĂȘt dĂ©finitif
Thermique (MWt)brute (MWe)Nette (MWe)
Fukushima Daiichi-1Mark-IBWR-31 380460439TEPCOGeneral Electric (GE)/GETSCjuillet 1967novembre 1970mars 1971 mai 2011
Fukushima Daiichi-2Mark-IBWR-42 381784760TEPCOGeneral Electric (GE)/Tjanvier 1969dĂ©cembre 1973juillet 1974 mai 2011
Fukushima Daiichi-3Mark-IBWR-42 381784760TEPCOTOSHIBAdĂ©cembre 1970octobre 1974mars 1976 mai 2011
Fukushima Daiichi-4Mark-IBWR-42 381784760TEPCOHITACHIfĂ©vrier 1973fĂ©vrier 1978octobre 1978 mai 2011
Fukushima Daiichi-5Mark-IBWR-42 381784760TEPCOTOSHIBAmai 1972septembre 1977avril 1978 dĂ©cembre 2013
Fukushima Daiichi-6Mark-IIBWR-53 2931 1001 067TEPCOGE/Toctobre 1973avril 1979octobre 1979 dĂ©cembre 2013

Gestion de la sûreté préalablement à l'accident du 11 mars 2011

Maintenance

L’enveloppe du cƓur du rĂ©acteur no 3 a Ă©tĂ© changĂ©e Ă  la fin des annĂ©es 1990, de mĂȘme que d’autres composants principaux internes en acier inoxydable du type 304 (norme AISI-SAE) qui ont Ă©tĂ© remplacĂ©s par des piĂšces en acier inoxydable du type 316 L Ă  plus faible teneur en carbone et plus forte teneur en nickel pour diminuer la corrosion intergranulaire des mĂ©taux du cƓur du rĂ©acteur (IGSCC)[24].

Incidents

La compagnie d'Ă©lectricitĂ© japonaise TEPCO a indiquĂ© qu'il Ă©tait possible qu'en 1978 l'une des barres de combustible nuclĂ©aire soit tombĂ©e dans le cƓur d'un rĂ©acteur de l'unitĂ© no 3 de la centrale, ce qui pourrait avoir provoquĂ© une rĂ©action de fission nuclĂ©aire spontanĂ©e ayant atteint un stade critique[25].

Gestion de la sûreté par l'opérateur

Un scandale qui éclate en 2002 révÚle que TEPCO a, durant les années 1980 et 1990, falsifié une trentaine de rapports d'inspection constatant des fissures ou des corrosions sur les enveloppes des réacteurs dont ceux de la centrale de Fukushima. La direction de TEPCO doit démissionner et plusieurs réacteurs sont alors fermés[26] - [27]. En 2007, on apprend que TEPCO a en fait dissimulé 199 incidents entre 1984 et 2002[28].

Dans un rapport remis le 28 février 2011 à l'Agence japonaise de sûreté nucléaire, TEPCO admet avoir de nouveau falsifié plusieurs rapports d'inspection: elle n'a en réalité pas contrÎlé trente-trois éléments des six réacteurs de Fukushima-Daiichi. Parmi ceux-ci figurent un moteur et un générateur électrique d'appoint pour le réacteur no 1, ainsi qu'un tableau électrique qui n'avait pas été vérifié depuis 11 ans[29] - [30] - [31].

Le 31 mars, le Wall Street Journal révÚle que les plans de gestion d'urgence de TEPCO, quoique conformes à la législation japonaise, ne correspondent qu'à des incidents mineurs, ce qui n'a pas permis à l'opérateur de réagir efficacement durant les premiers jours de la crise. Interrogé sur cette question, un porte-parole de l'Agence japonaise de sûreté nucléaire déclare : « Nous sommes douloureusement conscients que ces plans étaient insuffisants »[32] - [33].

AprÚs l'irradiation de trois sous-traitants le 24 mars, l'Agence japonaise de sûreté nucléaire notifie immédiatement à l'opérateur de revoir ses mesures de radioprotection sur le site[34]. Malgré cela la chaßne de télévision japonaise NHK révÚle le 31 mars que la dosimétrie des travailleurs sur le site n'est pas précisément suivie car TEPCO n'a plus assez de dosimÚtres. Cela déclenche des réactions furieuses de la part des autorités japonaises[35].

Le , NHK World rĂ©vĂšle que les gĂ©nĂ©rateurs de secours, tombĂ©s en panne lors de l'accident nuclĂ©aire de Fukushima, avaient dĂ©jĂ  subi une inondation 20 ans plus tĂŽt Ă  la suite d'une fuite d'eau. À cette occasion, deux des gĂ©nĂ©rateurs de secours Ă©taient tombĂ©s en panne. MalgrĂ© cet incident, TEPCO avait seulement fait installer des portes Ă©tanches mais n'avait cependant pas dĂ©mĂ©nagĂ© en hauteur ces gĂ©nĂ©rateurs[36].

Risque sismique

En mars 2007, la centrale nucléaire de Shika (exploitée par la Compagnie d'électricité Hokuriku) subit un tremblement de terre, sans dégùt annoncé. En juillet, un autre séisme provoqua un incendie (et des fuites radioactives limitées) à la centrale de Kashiwazaki-Kariwa (exploitée par TEPCO). Ces problÚmes provoquent au Japon une controverse sur le risque nucléaire en cas de tremblement de terre : « Le 25 mars, la centrale de Shika, exploitée par la Hokuriku Electric Power Co., a été affectée par un tremblement de terre qui n'était pas supposé pouvoir arriver. »[37] Les défaillances de l'Agence japonaise de sûreté nucléaire, des exploitants japonais en général, et de TEPCO en particulier sont pointées du doigt[38].

C'est également en 2007 que TEPCO réalise une étude sur le risque d'un tsunami de grande ampleur. L'étude estime ce risque à 10 % sur cinquante ans. TEPCO décide de le négliger, arguant que « cette estimation ne faisait pas consensus parmi les experts »[39].

Un comitĂ© d'experts est alors chargĂ© de revoir les normes anti-sismiques. En aoĂ»t 2007, Katsuhiko Ishibashi, un sismologue japonais rĂ©putĂ©, dĂ©missionne de ce comitĂ© : pour lui, les nouvelles normes ne sont pas assez strictes et ne garantiront pas la sĂ»retĂ©. Il Ă©crit alors : « À moins de prendre des mesures radicales pour rĂ©duire la vulnĂ©rabilitĂ© des centrales nuclĂ©aires en cas de sĂ©isme, le Japon pourrait subir une rĂ©elle catastrophe nuclĂ©aire dans un proche avenir »[40] - [41].

Selon The Daily Telegraph, un document communiqué par WikiLeaks montrerait qu'un expert de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) a en décembre 2008 averti le Japon du caractÚre obsolÚte de ses critÚres de sécurité ; les réacteurs japonais, dont ceux de Fukushima, ne pouvant résister au maximum qu'à des séismes de magnitude 7 (le séisme du 11 mars 2011 était de magnitude 9). PlutÎt que de contraindre les exploitants à renforcer leurs installations, le gouvernement japonais réagit en mettant sur pied un centre de réponse aux urgences sur le site de Fukushima[42] - [43].

Risque lié aux effets d'un tsunami

Lorsque la construction de la centrale nuclĂ©aire commence en 1967, l'estimation retenue pour la hauteur potentielle maximale d'un tsunami sur le site dĂ©passe Ă  peine trois mĂštres[44]. Les autoritĂ©s de TEPCO indiqueront plus tard que le mur de protection Ă  Fukushima Ă©tait conçu pour rĂ©sister Ă  des tsunamis dĂ©clenchant des vagues hautes de 5,7 mĂštres.

Les connaissances scientifiques Ă©voluent, et dans un rapport publiĂ© en juillet 2002, une commission publique de sismologues estime Ă  20 % la probabilitĂ© qu’un tremblement de terre de magnitude 8 dĂ©clenche un redoutable tsunami au large du littoral au cours des trois dĂ©cennies suivantes. L'Agence de sĂ»retĂ© nuclĂ©aire et industrielle demande alors Ă  TEPCO d'effectuer une simulation de tsunami pour Fukushima Daiichi et d'autres centrales, mais TEPCO refuse jusqu'en 2008. La conclusion de sa simulation est alors qu'un tsunami consĂ©cutif Ă  un fort sĂ©isme atteindrait une hauteur de 15,7 mĂštres, suffisante pour inonder la centrale. Pourtant, TEPCO ne fait rien pour rĂ©duire le risque, et attend le dĂ©but d'annĂ©e 2011 pour informer l'ASNI des conclusions de l'Ă©tude[44]. En mars 2011, les vagues atteignent la hauteur de 14 mĂštres du fait de leur Ă©nergie cinĂ©tique.

Accident consécutif au séisme majeur du 11 mars 2011

La centrale nucléaire de Fukushima Daiichi 1 a subi son plus grave accident nucléaire à la suite du séisme du 11 mars 2011 de magnitude 9 qui a dévasté le nord de l'archipel nippon.

À la suite du tremblement de terre et du tsunami qui ont dĂ©vastĂ© le Nord-Est du Japon le 11 mars 2011, les rĂ©acteurs 1, 2 et 3 ont subi une fusion du combustible.

Le 11 avril 2011, l'incident a Ă©tĂ© classĂ© au niveau 7 de l'Ă©chelle INES au mĂȘme titre que celui de Tchernobyl[45] - [46] - [47]. Fin aoĂ»t 2013, d'aprĂšs TEPCO, gestionnaire de la centrale, celle-ci continue toujours Ă  fuir[48].

Notes et références

Notes

  1. Daiichi en japonais regroupe deux termes : « dai » qui est un dĂ©nominateur ordinal (servant Ă  classer), et « ichi »qui veut dire « 1 ». Fukushima Daiichi est donc le site Fukushima no 1 (第侀, signifiant « le premier » en japonais). De mĂȘme, Daini veut dire « le deuxiĂšme », « ni » Ă©tant le chiffre « 2 ». Fukushima Daini est donc le site Fukushima no 2. Ainsi, Fukushima Daiichi 2 signifie le rĂ©acteur 2 sur le site numĂ©ro 1.
  2. Les réacteurs à eau bouillante constituent 21 % du parc mondial de réacteurs producteurs d'électricité. Les « réacteurs à eau pressurisée » (REP ou PWR), représentent 61 % de ce parc et en constituent la famille la plus importante.
  3. SF pour Spent Fuel
  4. Dans les rĂ©acteurs Ă  eau pressurisĂ©e (REP), grĂące Ă  une pression plus Ă©levĂ©e, l'eau qui circule dans le cƓur est maintenue Ă  l'Ă©tat liquide. La vapeur se forme dans un gĂ©nĂ©rateur de vapeur Ă  l'interface du circuit secondaire. C'est une diffĂ©rence essentielle entre les deux systĂšmes.

Références

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  2. (en) « Japan 2012 », sur www-pub.iaea.org/ (consulté le )
  3. 第侀 (Dai-ichi) signifie « numĂ©ro 1 » en japonais.
  4. Fukushima to Restart Using MOX Fuel for First Time ; Nuclear Street News Team ; Fri, Sep 17 2010, consulté 2011/03/12
  5. Les Affaires - 31/10/2011 : Il faudrait 30 ans pour fermer la centrale Fukushima
  6. NISA, Voir derniÚre page du diaporama présentant les 6 réacteurs et les dégùts dus aux suites du tremblement de terre et du tsunami qu'il a engendré (PDF, 6 pages)
  7. Voir Fig 19 : Comparison of Mark II et Mark III + fig 22 Mark II General Electric, consulté 2011/03/26
  8. PRIS : Fukushima Daiichi 1 reactor details
  9. PRIS : Fukushima Daiichi 2 reactor details
  10. PRIS : Fukushima Daiichi 3 reactor details
  11. PRIS : Fukushima Daiichi 4 reactor details
  12. PRIS : Fukushima Daiichi 5 reactor details
  13. PRIS : Fukushima Daiichi 6 reactor details
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  44. Saiji Shizume, « L’énergie nuclĂ©aire confrontĂ©e Ă  un tsunami de litiges », sur Nippon.com, (consultĂ© le ), p. 1.
  45. https://www.ouest-france.fr/actu/actuDet_-Le-Japon-eleve-au-niveau-7-l%E2%80%99accident-nucleaire-de-Fukushima_39382-1761466_actu.Htm
  46. Rédaction Europe1.fr avec Reuters, « Fukushima : accident au niveau 7 », sur europe1.fr, (consulté le ).
  47. http://www.europe1.fr/International/Japon-meme-niveau-que-Tchernobyl-495601/
  48. Fukushima-1: une concentration record de tritium détectée dans l'eau de mer le 19 août 2013 sur Ria Novosti

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