Conséquences sanitaires et sociales de la catastrophe de Fukushima
Le 11 mars 2011, un sĂ©isme de magnitude 9 dĂ©clenche un tsunami qui dĂ©vaste la cĂŽte Pacifique du TĆhoku au Japon et provoque la catastrophe nuclĂ©aire de Fukushima : la centrale nuclĂ©aire est endommagĂ©e, provoquant un dĂ©faut de refroidissement, des fusions de cĆur dans plusieurs rĂ©acteurs puis des ruptures de confinement et d'importants rejets radioactifs dans l'atmosphĂšre mais Ă©galement dans tout l'environnement. Cet Ă©vĂ©nement entraĂźne des consĂ©quences sanitaires et sociales importantes au Japon. Par ailleurs tant le panache radioactif que les rejets dans l'ocĂ©an suscitent des inquiĂ©tudes dans le monde.
Selon les estimations publiĂ©es par l'Agence japonaise de sĂ»retĂ© nuclĂ©aire, l'accident a dispersĂ© l'Ă©quivalent de 10 % de l'accident de Tchernobyl : entre 1,3 et 1,5 ĂâŻ1017 becquerels d'iode 131 (contre 1,8 ĂâŻ1018 pour Tchernobyl), et entre 6,1 et 12 ĂâŻ1015 becquerels de cĂ©sium 137 (contre 8,5 ĂâŻ1016 pour Tchernobyl)[1]. Environ 110 000 personnes sont Ă©vacuĂ©es dans un rayon de 20 km.
Importance des rejets
L'accident nucléaire de Fukushima est considéré par les médias comme le pire accident nucléaire au monde depuis la catastrophe de Tchernobyl en 1986[2] - [3] - [4].
Selon les estimations publiĂ©es par l'Agence Japonaise de SĂ»retĂ© NuclĂ©aire, l'accident a dispersĂ© l'Ă©quivalent de 10 % de l'accident de Tchernobyl : entre 1,3 et 1,5 ĂâŻ1017 becquerels d'iode 131 (contre 1,8 ĂâŻ1018 pour Tchernobyl), et entre 6,1 et 12 ĂâŻ1015 becquerels de cĂ©sium 137 (contre 8,5 ĂâŻ1016 pour Tchernobyl)[1].
- La CRIIRAD qui cite ces mĂȘmes chiffres estime que, indĂ©pendamment de ceux de Tchernobyl et quels que soient les chiffres exacts des rejets Ă Fukushima, ceux-ci Ă©taient suffisamment importants pour que les estimations soient faites plus tĂŽt et immĂ©diatement mises au service de la protection des populations concernĂ©es[5]
- Le Docteur Michel Fernex affirme que « Les Ă©tudes scientifiques en cours montrent quâil y a autant de dommages gĂ©nĂ©tiques dans les secteurs contaminĂ©s de Fukushima que de Tchernobyl. »[6]
- Le prĂ©sident du ComitĂ© scientifique des Nations Unies pour l'Ătude des Effets des Rayonnements relativise les consĂ©quences sanitaires, arguant de faibles quantitĂ©s de produits radioactifs dissĂ©minĂ©s, sans rapport avec le cas de Tchernobyl[7] et cela d'autant plus que le rĂ©gime des vents avait au dĂ©part dirigĂ© le panache majoritairement vers l'ocĂ©an.
Cependant, plusieurs scientifiques ne partagent pas les estimations officielles des rejets ni l'avis du prĂ©sident du ComitĂ©. Ainsi, l'Austria's Central Institute for Meteorology and Geodynamics (Zentralanstalt fĂŒr Meteorologie und Geodynamik) estime que lors des dix premiers jours de l'accident, les rejets sur Fukushima reprĂ©sentaient environ 73 % en Iode131 et environ 60 % en CĂ©sium137 des rejets de Tchernobyl pour la mĂȘme periode[8] - [9] - [10]. De mĂȘme, l'Union of Concerned Scientists (UCS) qui cite aussi le rapport autrichien, considĂšre que les consĂ©quences dĂ©jĂ apparentes de ce qu'elle appelle un dĂ©sastre sont sĂ©vĂšres et inacceptables sur la santĂ©, l'environnement et l'Ă©conomie et qu'il est dĂ©sormais acquis que des rejets significatifs de radioactivitĂ© peuvent se produire sans qu'il y ait destruction de l'enceinte de confinement[11].
De plus, le 1er juin 2011, des mesures révÚlent que les environs du réacteur no 1 ont atteint des niveaux de pollution similaires à ceux de la zone morte de Tchernobyl[12].
DĂ©but avril, les impacts socio-Ă©conomiques sont plus douloureux[13]. D'une part, les habitants de la Zone d'exclusion nuclĂ©aire d'environ 20 km autour de la centrale ont Ă©tĂ© Ă©vacuĂ©s et la consigne aux habitants de la zone des 20-30 km est de rester chez eux ou de procĂ©der Ă leur « Ă©vacuation volontaire » par leurs propres moyens[14]. D'autre part, la contamination environnementale a nĂ©cessitĂ© l'interdiction Ă la vente du lait et de diffĂ©rents produits agricoles dans plusieurs prĂ©fectures (notamment au nord-ouest de la centrale) et des produits marins. EffrayĂ©s, les grossistes et consommateurs Ă©vitent dĂ©sormais tous les produits alimentaires venant de ces rĂ©gions, ce qui prive de toutes ressources les exploitants[15]. Dans les communes les plus touchĂ©es (notamment Iitate), les habitants ont vĂ©cu pendant plusieurs semaines dans l'attente d'aides de l'Ătat, ou d'un Ă©ventuel ordre d'Ă©vacuation[16] - [17]. L'Ă©vacuation a enfin Ă©tĂ© ordonnĂ©e en fin de journĂ©e le 11 avril et ces habitants ont alors rejoint les rangs des « exilĂ©s » de Fukushima[18].
Vies atteintes en zone évacuée
ĂvĂ©nements humains recensĂ©s (chronologie)
Le 12 mars, lâexploitant signale que deux employĂ©s semblent manquer Ă l'appel Ă la Centrale nuclĂ©aire de Fukushima Daiichi[19] : ils sont partis inspecter le bĂątiment des turbines du rĂ©acteur no 4 juste aprĂšs le sĂ©isme. Leurs corps seront retrouvĂ©s le 3 avril[20] - [21]. Dans cette centrale, quatre travailleurs ont Ă©galement Ă©tĂ© blessĂ©s lors du sĂ©isme[22]. Ă Fukushima Daini, le bilan du 12 mars Ă©tait de un travailleur tuĂ© dans un accident de fonctionnement dâune grue portique, et un autre lĂ©gĂšrement blessĂ©[23].
DÚs le , les municipalités les plus exposées sont évacuées.
Ă Fukushima Daiichi, le 12 mars, un employĂ© affectĂ© au rĂ©acteur no 1 (oĂč Tepco essaie de faire baisser la pression) est exposĂ© Ă une dose de 106 mSv[24]. Dans l'aprĂšs-midi, deux employĂ©s et deux sous-traitants sont blessĂ©s lors de lâexplosion sur le rĂ©acteur de lâunitĂ© 1[25].
Le lundi 14 mars, l'opérateur Tokyo Electric Power (TEPCO) annonce que deux explosions en fin de matinée au réacteur 3 ont fait sept disparus, dont six soldats, et trois blessés[26]. Les disparus sont ensuite retrouvés, et le bilan final est de 11 blessés, dont 4 employés, 3 sous-traitants et 4 soldats[22].
DĂšs le 12 mars au matin, le gouvernement a mis en place dans les zones Ă risque des mesures de dĂ©pistage d'Ă©ventuelles contaminations radioactives : les habitants sont contrĂŽlĂ©s avec un compteur Geiger, et peuvent si nĂ©cessaire ĂȘtre dĂ©contaminĂ©s. Le , l'AIEA rapporte que sur 150 personnes dĂ©jĂ soumises Ă ces tests, 23 ont dĂ» ĂȘtre dĂ©contaminĂ©es[27]. Les contaminations relevĂ©es sont de l'ordre de 30 000 Ă 100 000 coups par minute (cpm)[28].
Ces chiffres doivent nĂ©anmoins ĂȘtre pris avec beaucoup de prudence car les autoritĂ©s sont rapidement contraintes de jongler avec les seuils de dĂ©contamination. Ainsi, au centre de dĂ©pistage de la ville d'Okuma, le seuil de contamination Ă©tait initialement fixĂ© Ă 6 000 cpm : sur 162 personnes testĂ©es, 41 dĂ©passaient ce seuil et devaient thĂ©oriquement ĂȘtre dĂ©contaminĂ©s. Le seuil de dĂ©contamination utilisĂ© a alors Ă©tĂ© plus que doublĂ© Ă 13 000 cpm, ce qui a permis de rĂ©duire Ă 5 (au lieu de 41) le nombre d'habitants Ă dĂ©contaminer[29]. DĂšs le 20 mars, le gouvernement fait officiellement passer le seuil de contamination Ă 100 000 cpm, donc 16 fois sa valeur initiale. Sur la base de ce seuil remontĂ© Ă 100 000 cpm, le 8 juin, sur 198 676 habitants de la PrĂ©fecture de Fukushima testĂ©s, seuls 102 Ă©taient au-dessus du seuil avec leurs chaussures aux pieds, et plus aucun habitant ne dĂ©passait le seuil de contamination une fois ses chaussures ĂŽtĂ©es[30].
Dans l'intervalle, le 17 mars, Ă la suite d'une confĂ©rence de presse du SecrĂ©taire gĂ©nĂ©ral du Cabinet, l'AIEA est en mesure d'Ă©tablir une premiĂšre liste de personnes contaminĂ©es[31] : on compte 17 travailleurs, 2 pompiers et 2 policiers faiblement contaminĂ©s, et surtout un employĂ© ayant reçu une exposition significative (il s'agit de l'employĂ© exposĂ© Ă 106 mSv lors de la dĂ©pressurisation du 12 mars). Le 22 puis le 23 mars, deux techniciens qui travaillaient dans la piscine de dĂ©sactivation commune pour tenter de rĂ©tablir l'Ă©lectricitĂ© sont blessĂ©s successivement[32]. Le jeudi 24 mars se produit une nouvelle contamination sĂ©rieuse : trois employĂ©s sous-traitants travaillant dans la salle des turbines du rĂ©acteur 3 ignorent les alarmes de leurs dosimĂštres Ă©lectroniques et reçoivent des doses comprises entre 170 et 180 mSv (mesures corps-entier donnĂ©es par leurs dosimĂštres de poitrine). Deux d'entre eux souffrent en particulier de brĂ»lures aux pieds: ils ont travaillĂ© dans 17 cm d'eau fortement contaminĂ©e (3,9 ĂâŻ106 Bq/cm3, pour une activitĂ© de 400 mSv/h en surface), et l'eau s'est insinuĂ© dans leurs chaussures[33] - [34] - [35]. Les doses reçues aux jambes sont ultĂ©rieurement rĂ©Ă©valuĂ©es Ă 2-3 Sv[36] - [37]. Ils sont suivis Ă l'Institut national des sciences radiologiques de Chiba, dont ils sortiront le 28 mars[38].
Des cancérologues japonais ont demandé un stockage de cellules souches du sang des ouvriers de la centrale de Fukushima, en précaution contre d'éventuelles suites des radiations[39]. Du 11 au 25 mars, TEPCO dénombre 25 blessés[40]. Le 12 avril 2011, l'Agence Japonaise de Sûreté Nucléaire a fait état de 21 travailleurs ayant reçu des doses supérieures à 100 mSv[41].
Le 24 mars, Hisashi Tarukawa, fermier à Sukagawa, se suicide à l'ùge de 64 ans[42]. TEPCO aurait accepté, pour la premiÚre fois dans le cadre d'un suicide, de verser une compensation à la famille du défunt en mai 2013, mais aurait refusé de s'excuser publiquement pour sa mort[42]. Le 12 avril, apprenant qu'il allait devoir quitter son village, dont l'évacuation avait été décidée la veille, le doyen d'Iitate s'est donné la mort à l'ùge de 102 ans[43] - [44]. D'autres suicides ont été reliés à l'accident nucléaire; deux agriculteurs, dont l'un a écrit dans sa lettre d'adieu : « J'aimerais tant qu'il n'y ait pas de centrale nucléaire, je suis à bout »[45]; une femme évacuée de Kawamata qui ne supportait plus la vie de réfugiée[46]. Plus généralement, le Japon a immédiatement redouté une forte augmentation des suicides, que ce soit du fait de l'accident nucléaire ou du tsunami[47], une crainte qui s'est malheureusement réalisée[48].
Le 28 avril 2011, TEPCO annonce qu'une employée a été exposée à 17,55 mSv (pour une limite maximale admise de 5 mSv en 3 mois pour les femmes)[49].
Fin mai, deux ouvriers prĂ©sentaient des concentrations particuliĂšrement Ă©levĂ©es en iode 131, affectant leur glande thyroĂŻdienne : 9 760 becquerels pour lâun des travailleurs et 7 690 pour lâautre.
Le 13 dĂ©cembre 2011, la prĂ©fecture de Fukushima rĂ©vĂšle les premiers rĂ©sultats d'une Ă©tude en cours sur l'irradiation externe des habitants durant les quatre mois ayant suivi l'accident. Ces rĂ©sultats prĂ©liminaires portent sur 1 727 habitants de Namie, d'Iitate et d'un district de Kawamata, situĂ©es de dix Ă cinquante kilomĂštres de la centrale[50]. 1 675 personnes, soit 97 % des habitants, ont Ă©tĂ© exposĂ©s Ă une dose infĂ©rieure Ă 5 mSv ; parmi eux, 1 084 soit 63 % des habitants ont Ă©tĂ© exposĂ©s Ă moins d'un millisievert â la limite gouvernementale pour une annĂ©e[50]. Neuf personnes, dont cinq travaillant Ă la centrale, ont Ă©tĂ© exposĂ©es Ă plus de dix millisieverts (37 millisieverts maximum)[50]. Selon Shunichi Yamashita, vice-prĂ©sident de l'universitĂ© de mĂ©decine de Fukushima, la plupart des habitants de ces localitĂ©s ont donc Ă©tĂ© exposĂ©s Ă un taux de radiation ayant extrĂȘmement peu d'impacts sur leur santĂ©, et ne nĂ©cessitant pas une Ă©vacuation[50]. Il ajoute qu'ils n'ont pas de certitudes concernant les effets de l'iode, et qu'il faudra surveiller Ă long terme la santĂ© des habitants, y compris par des examens de la thyroĂŻde[51]. De plus, la prĂ©fecture de Fukushima rĂ©vĂšle ses estimations des doses externes aux habitants, fondĂ©es sur les conditions mĂ©tĂ©orologiques et les dates d'Ă©vacuation, pour 12 localitĂ©s Ă proximitĂ© de la centrale: en fonction du lieu les estimations varient entre 0,84 et 19 mSv, maximum atteint Ă Iitate. Le Japan Times en conclut que l'Ă©vacuation de ce village, longtemps aprĂšs le dĂ©but de la crise, a Ă©tĂ© trop tardive[52].
Bilan humain synthétique et chiffré
à mars 2013, pour les 25 000 travailleurs sur le site, 7 décÚs sont survenus, aucun attribuable à une exposition à des rayons ionisants[53].
Une soixantaine de personnes alitées, sont décédées lors de l'évacuation de la zone des 20 km[54].
Une Ă©tude publiĂ©e en aoĂ»t 2012 indique que le stress consĂ©cutif Ă l'Ă©vacuation forcĂ©e a Ă©tĂ© la cause principale de 34 morts, principalement des personnes ĂągĂ©es troublĂ©es par la perturbation apportĂ©e Ă leur condition de vie. Pour Malcolm Grimston, chercheur de l'Imperial College, ces constatations sont cohĂ©rentes avec ce qui avait Ă©tĂ© relevĂ© lors de l'accident nuclĂ©aire de Three Mile Island et de la catastrophe nuclĂ©aire de Tchernobyl : en dehors des cas bien documentĂ©s de cancer de la thyroĂŻde et de la sur-mortalitĂ© constatĂ©e chez les liquidateurs, plus difficile Ă analyser, l'effet sur la population n'est pas tellement le risque de cancer, impossible Ă mettre en Ă©vidence, mais bien la perturbation psychologique entraĂźnĂ©e par les circonstances de l'accident. Pour lui, « si l'approche Ă retenir est d'abord de ne pas nuire, il vaudrait peut-ĂȘtre mieux ne pas faire du tout d'Ă©vacuation obligatoire, surtout quand des tablettes d'iode sont disponibles »[55].
Une autre source de stress tient Ă l'absence de prĂ©paration Ă l'Ă©ventualitĂ© d'un accident nuclĂ©aire dans le contexte japonais oĂč prĂ©valait le mythe de la sĂ»retĂ©, la rupture de ce mythe lors de l'accident constitua un bouleversement psychologique et social supplĂ©mentaire[56]
En octobre 2015, le gouvernement japonais reconnait un premier cas de cancer (une leucĂ©mie) dâun des ouvriers du chantier comme liĂ© aux radiations. Trois dossiers sont alors encore en cours d'examen, alors que plusieurs autres dossiers ont Ă©tĂ© Ă©cartĂ©s. Lâex-ouvrier en question a travaillĂ© dâoctobre 2012 Ă dĂ©cembre 2013 Ă la centrale Fukushima Daiichi, aprĂšs avoir passĂ© plusieurs mois auparavant sur un autre site nuclĂ©aire[57]. Finalement, le ministĂšre de la santĂ©, du travail et de la sĂ©curitĂ© sociale reconnaĂźt que lâexposition aux radiations est responsable de la maladie de quatre employĂ©s de Fukushima[58]. En 2018, les autoritĂ©s japonaises reconnaissent pour la premiĂšre fois quâun employĂ© de la centrale nuclĂ©aire de Fukushima est mort des suites dâune exposition aux radiations (dâun cancer du poumon, diagnostiquĂ© en fĂ©vrier 2016)[58]. En 2019, concernant les travailleurs de la centrale, on compte ainsi un mort et cinq malades associĂ©s aux rayonnements, contre 10 morts n'Ă©tant pas associĂ©es aux rayonnements et 16 blessĂ©s en raison des explosions, selon les donnĂ©es officielles[59].
Des soldats américains déployés sur le site dans le cadre de l'opération dite Tomodachi d'aide aux populations japonaise, mise en place par l'armée américaine sur zone au moment de la catastrophe, ont porté plainte contre Tepco pour obtenir des compensations financiÚres au regard de leurs maladies, mais n'ont pas eu gain de cause à ce jour[59].
Dans la population gĂ©nĂ©rale, Dominique Laurier, chef du service de recherche sur les effets biologiques et sanitaires des rayonnements ionisants de lâInstitut de radioprotection et de sĂ»retĂ© nuclĂ©aire, indique en 2019 qu'« il nây a pas de dĂ©cĂšs attribuĂ© Ă lâexposition aux rayonnements ionisants »[59]. Selon les rĂ©sultats publiĂ©s par les autoritĂ©s en avril 2019, le nombre de cancers suspectĂ©s est de 212[59].
Sur les trois premiĂšres annĂ©es, un article de recherche estime Ă environ 1600 le nombre de dĂ©cĂšs attribuables Ă lâĂ©vacuation[59]. En 2018, la chercheuse CĂ©cile Asanuma-Brice Ă©voque 2 211 dĂ©cĂšs « en raison de la mauvaise gestion du refuge »[59]. LâAssociation pour le contrĂŽle de la radioactivitĂ© dans l'Ouest, qui suit les consĂ©quences de la catastrophe, Ă©voque en 2019 un bilan de « 2 267 dĂ©cĂšs indirects dus Ă des suicides ou Ă une dĂ©gradation des conditions de santĂ© suite Ă lâĂ©vacuation »[59].
Bilan animal
L'évacuation de la zone des 20 km fut accompagnée de l'abandon de milliers d'animaux, surtout des bovins ainsi que d'autres animaux de bétail (tels porcs et poulets), laissés sans eau ni nourriture : environ 30 000 porcs, 600 000 poulets, plus de 10 000 vaches auraient été abandonnés.
Jeudi 12 mai 2011, le gouvernement demande, avec le consentement des propriétaires et contre indemnisation, l'abattage des animaux laissés sur place dans les secteurs évacués[60].
Le 19 mai, des équipes de secours sont autorisées à entrer dans la zone évacuée pour secourir exclusivement chiens et chats de compagnie.
Niveau de radioactivité
Radioactivité dans le site
Le lendemain du sĂ©isme, la radioactivitĂ© relevĂ©e par Tepco reste normale Ă 0h00[19], mais elle augmente dĂšs 4h40[61] - [62]. Ă 15 h 29, Ă la suite de plusieurs relĂąchements de vapeur sur le rĂ©acteur no 1, la radioactivitĂ© atteint un pic Ă 1 015 ÎŒSv/h Ă la limite nord-ouest du site[63] - [64]. Les deux jours suivants, la radioactivitĂ© aux points de contrĂŽle reste gĂ©nĂ©ralement de l'ordre de quelques dizaines de microsieverts par heure, avec de brusques sursauts occasionnels[65] - [66].
La situation s'aggrave brusquement le 15 mars, aprĂšs deux explosions successives, d'abord Ă 6 h au bĂątiment no 4 puis Ă 6h14 dans l'enceinte du bĂątiment no 2. Ă l'entrĂ©e principale, le dĂ©bit de dose grimpe de 73 ÎŒSv/h Ă 6 h Ă 965 ÎŒSv/h Ă 7 h, et atteint un pic de 11 900 ÎŒSv/h Ă 9 h. Ă l'intĂ©rieur du site, les dĂ©bits de dose Ă 10h22 atteignent 30 mSv/h entre les rĂ©acteurs 2 et 3, 100 mSv/h au voisinage du rĂ©acteur 4 et 400 mSv/h au voisinage du rĂ©acteur 3[67]. Tout le personnel est Ă©vacuĂ©, seuls restant sur place un petit nombre d'employĂ©s, qui seront surnommĂ©s les cinquante de Fukushima[68].
Au Japon, la limite de dose pour un travailleur du nuclĂ©aire dans des situations d'urgence est normalement de 100 millisieverts[69]. Le 15 mars, pour permettre aux « liquidateurs » de la centrale de continuer Ă intervenir sur le site, cette limite est relevĂ©e Ă titre exceptionnel Ă 250 millisieverts par le gouvernement japonais[70] - [71]. Le 21 mars, la Commission Internationale de Protection Radiologique rappellera ses recommandations pour les situations d'urgence nuclĂ©aire: les niveaux de rĂ©fĂ©rence peuvent ĂȘtre relevĂ©s jusqu'Ă 500 ou 1 000 millisieverts; pas de limite d'exposition pour des volontaires informĂ©s lorsqu'il s'agit de sauver des vies[72].
Le 15 mars a radicalement changĂ© la situation concernant la radioactivitĂ© sur site: aux points de contrĂŽle, les ordres de grandeurs des mesures viennent de passer des dizaines aux centaines de microsieverts dans les pĂ©riodes de « calme », avec de brusques sursauts occasionnels atteignant 6 960 ÎŒSv/h le 15 mars Ă 23 h 10 (porte principale) puis 10 800 ÎŒSv/h le 16 mars Ă 12 h 30[73]. AprĂšs plusieurs jours critiques, la situation reviendra progressivement sous contrĂŽle, et les sursauts de radioactivitĂ© se feront alors de plus en plus rares, mais la radioactivitĂ© s'est maintenant installĂ©e de maniĂšre permanente.
Un point de contrĂŽle est mis en place Ă 500 mĂštres au nord-ouest de l'unitĂ© 2: les mesures y dĂ©croissent lentement de 3 500-4 200 ÎŒSv/h Ă 2 000 ÎŒSv/h entre le 17 et le 21 mars[74]. AprĂšs quelques jours d'interruption, les mesures Ă cet emplacement reprennent (le point de mesure est lĂ©gĂšrement dĂ©calĂ©) : le dĂ©bit de dose est de 1 400 ÎŒSv/h le 26 mars[75], passe sous les 1 000 ÎŒSv/h le 31 mars[76], et oscillait lĂ©gĂšrement au-dessus des 500 ÎŒSv/h le 17 avril[77]. Les mesures aux points de contrĂŽle en bordure de site dĂ©croissent Ă©galement, avec des valeurs au 9 avril allant de 13 ÎŒSv/h au point nord Ă 252 ÎŒSv/h au point sud-ouest[78]. Depuis le 25 avril, Tepco a mis en ligne des cartes de radioactivitĂ© sur le site[79]. Une analyse rapide montre des dĂ©bits de dose supĂ©rieurs au mSv/h presque partout autour des rĂ©acteurs, et pouvant atteindre 300 mSv/h dans les zones de gravats.
Dans l'intervalle, Tepco entame le 19 mars les travaux pour rétablir l'électricité à Fukushima[80], et les travailleurs reviennent progressivement. Le 24 mars, trois employés d'un sous-traitant posent des cùbles dans la salle des turbines du réacteur 3, les pieds dans 15 cm d'eau. Ignorant que cette eau est fortement contaminée, ils ne tiennent pas compte des alarmes de leurs dosimÚtres électroniques. Ils reçoivent ainsi des doses comprises entre 170 et 180 mSv (valeurs données par leurs dosimÚtres de poitrine), et deux d'entre eux sont victimes de brûlures aux pieds, l'eau s'étant insinué dans leurs chaussures faute d'équipement adapté (pas de bottes montantes)[33] - [34] - [35]. Les doses reçues aux jambes sont ultérieurement évaluées entre 2 et 3 Sv[36] - [37].
Ă la suite de cet accident, Tepco dĂ©cide d'analyser l'eau de cette salle et des autres bĂątiments inondĂ©s. Le 25 mars, ils publient pour l'eau prĂ©sente dans le bĂątiment des turbines du rĂ©acteur 3 une analyse Ă 3,9 millions de Bq/cc[81]. Le 27 mars, ils font de mĂȘme pour le rĂ©acteur 2, mais se trompent dans leurs analyses et publient un chiffre de 2,9 milliards de Bq/cc d'iode 134, pour une activitĂ© en surface de 1 000 mSv/h (ce dernier chiffre Ă©tant correct)[82]. Se basant sur ces rĂ©sultats, Tepco dĂ©clare que cela reprĂ©sente « 10 millions de fois la radioactivitĂ© de l'eau qui circule en temps normal dans un rĂ©acteur »[83] - [84]. Cette annonce fait immĂ©diatement le tour du monde, et les journaux titrent « Hausse de la radioactivitĂ© et Ă©vacuation a Fukushima »[85] - [86]. Plus tard dans la journĂ©e, Tepco se rĂ©tracte et annonce que leurs mesures de concentration en iode 134 Ă©taient 1000 fois trop Ă©levĂ©es[87]. Le porte-parole du gouvernement parlera le lendemain de « faute impardonnable » Ă propos de cette erreur qui a paniquĂ© l'opinion publique[88].
Au-delà de son cÎté anecdotique et sur-médiatisé, cet épisode est surtout l'occasion pour Tepco de prendre conscience du degré de contamination de l'eau et du sol, ignoré jusque-là . Débute alors une importante campagne visant à prendre la mesure du problÚme[89].
Le 27 mars, Tepco mesure les débits de dose à la surface de l'eau dans les sous-sols inondés des bùtiments des turbines: ils trouvent 60 mSv/h pour le bùtiment du réacteur 1, 750 mSv/h pour celui du réacteur 3, et au moins 1 000 mSv/h pour celui du réacteur 2[90]. Dans ce dernier cas, la valeur exacte n'est en fait pas connue : leur compteur ayant saturé à pleine échelle, les employés de Tepco sont immédiatement partis sans refaire la mesure avec un calibre différent[91].
Le mĂȘme jour vers 15 h 30, les employĂ©s de Tepco tentent de mesurer la radioactivitĂ© Ă la surface de l'eau dans les tranchĂ©es enterrĂ©es âdestinĂ©es aux passages des cĂąbles et tuyauteriesâ qui sont situĂ©es Ă l'extĂ©rieur des rĂ©acteurs et sont Ă©galement inondĂ©es. PrĂšs de l'unitĂ© 1, l'opĂ©rateur trouve un dĂ©bit de dose de 0,4 mSv/h. Le dĂ©bit de dose est 2 500 fois plus Ă©levĂ© (1 000 mSv/h) dans la galerie de l'unitĂ© 2. Ă cause des gravats (fortement radioactifs) qui en bloquent l'accĂšs, la radioactivitĂ© ne peut ĂȘtre mesurĂ©e pour l'unitĂ© 3[92] - [93].
Ces rĂ©sultats vont avoir un impact majeur sur la suite de la crise, car drainer l'eau contaminĂ©e et empĂȘcher qu'elle n'atteigne la mer sont devenus des enjeux majeurs : le 29 mars, NHK rapporte qu'il reste encore 10 cm pour la tranchĂ©e du rĂ©acteur no 1 et 1 m pour celles des rĂ©acteurs 2 et 3 avant que l'eau ne dĂ©borde[94]. Le 19 avril, Tepco estimait qu'il allait falloir enlever du site environ 67 500 tonnes d'eau contaminĂ©e[95].
ParallĂšlement, des Ă©chantillons de sol avaient Ă©tĂ© prĂ©levĂ©s par TEPCO en 5 endroits diffĂ©rents dĂšs les 21 et 22 mars 2011, et envoyĂ©s Ă des laboratoires pour analyse[96]. Les rĂ©sultats des analyses sont rĂ©vĂ©lĂ©es le 28 mars et montrent la prĂ©sence de plutonium 238, 239 et 240. Ce ne sont que des traces trĂšs faibles (<1 Bq/kg), du mĂȘme ordre de grandeur que le plutonium que l'on trouve ailleurs au Japon â ce plutonium s'est dĂ©posĂ© Ă la suite des essais nuclĂ©aires Ă ciel ouvert entre 1945 et 1964 â et sans danger pour la santĂ©[97].
Par contre, Tepco note que le rapport isotopique ne correspond pas à celui observé pour les retombées des essais nucléaires : la proportion de plutonium 238 par rapport au plutonium 239 et 240 est trop élevée. Tepco en déduit que le plutonium détecté provient probablement des accidents de Fukushima[98]. D'autres analyses ultérieures donnent des résultats similaires[99] - [100]. Le 22 avril, le Secrétaire général du Cabinet, Yukio Edano, déclare que la composition isotopique du plutonium semble correspondre à celle du MOX utilisé par le réacteur no 3[101], ce qui est confirmé par les analyses publiées le 27 avril, lesquelles prennent en compte non seulement le plutonium mais également des isotopes rares d'américium et de curium[102].
Ă partir du 18 avril, Tepco peut enfin mesurer le niveau de radioactivitĂ© Ă l'intĂ©rieur des rĂ©acteurs, grĂące Ă des robots prĂȘtĂ©s par une firme amĂ©ricaine[103]. Les dĂ©bits de dose mesurĂ©s vont de 10 Ă 49 mSv/h dans le bĂątiment du rĂ©acteur no 1, et de 28 Ă 57 mSv/h dans celui du no 3[104] - [105]. De telles valeurs sont passablement Ă©levĂ©es dans la perspective oĂč des travaux seront nĂ©cessaires Ă l'intĂ©rieur des centrales : exposĂ© Ă 25 mSv/h, un travailleur atteindrait en seulement 10 h la limite d'exposition de 250 mSv fixĂ©e par les autoritĂ©s japonaises, et en 40 h l'extrĂȘme limite (1 000 mSv) admise par la Commission Internationale de Protection Radiologique.
En aoĂ»t 2011, Tepco dĂ©tecte sur le site diffĂ©rents points chauds oĂč le dĂ©bit de dose horaire dĂ©passe 10 sieverts, soit la dose lĂ©tale en cas d'irradiation[106] - [107].
Radioactivité en limite extérieure de site
Le , le ministre japonais des Sciences déclare qu'un débit de dose radioactive de 0,17 mSv/h a été mesuré à 30 km au nord-ouest de l'accident (soit 20 mSv reçus en 5 jours de 24 heures, ce qui correspond à la dose autorisée en un an pour un travailleur du nucléaire en France)[108].
Le , TEPCO annonce un niveau de radiation de plus de 8 microsieverts par heure[109].
Dans son 22e communiquĂ©[110] sur la situation, le 14 mars (7 h 30 heure locale), lâagence NISA confirme une augmentation de radioactivitĂ© par rapport Ă celle mesurĂ©e le 13 mars Ă 19 h (selon les mesures faites par un vĂ©hicule en bordure du site[110]).
Pour la centrale de Fukushima Daini, la NISA cite une mesure approximative de 5 400 nGy/h (soit 5,4 microsieverts) en limite extĂ©rieure nord du site, le 15 mars Ă 19 h, en diminution par rapport aux 6 500 nGy/h (6,5 microsieverts) mesurĂ©s Ă 19 h la veille (le 14 mars) au mĂȘme point.
Sur un des points de mesure extérieurs (MP3, au Nord-Ouest du site en limite de l'unité 2 de Fukishima Daiichi) la radioactivité atteignait 231,1 ”Sv/h (le 14 mars à 14 h 30 locale)[111].
Le , à 2 km de la centrale de Fukushima Daiichi, la radioactivité ambiante a été mesurée à 0,1 mSv/h[112] - [113], soit un taux environ 800 fois supérieur à la radioactivité ambiante moyenne par heure : cela signifie qu'à quelques kilomÚtres de la centrale, on se trouve déjà en zone jaune.
Selon le RĂ©seau Sortir du nuclĂ©aire[114], des mesures effectuĂ©es Ă 2 km de la centrale de Fukushima Daiichi par six journalistes de lâassociation Japan Visual Journalist Association ont permis de constater un dĂ©bit de dose s'Ă©levant Ă 10 voire 100 milliröntgens par heure (soit 0,1 voire 1 millisievert par heure), dĂ©bit selon eux « dramatiquement Ă©levĂ© ».
Des mesures indépendantes relevées dans la journée du 12 mars indiquent des niveaux de radioactivité trÚs élevés sur toute la zone : jusqu'à 1 mSv à deux kilomÚtres de la centrale[115].
LâIRSN craint que « des rejets trĂšs importants se soient produits simultanĂ©ment Ă lâexplosion qui a affectĂ© le bĂątiment du rĂ©acteur samedi . Lors de lâexplosion, le dĂ©bit de dose Ă la limite du site aurait atteint 1 mSv/h[Note 1] ; 12 heures plus tard, le dĂ©bit de dose aurait encore Ă©tĂ© de 0,040 mSv/h ».
AprĂšs que les rĂ©acteurs ont Ă©tĂ© dĂ©clarĂ©s en arrĂȘt Ă froid, Tepco vise de pouvoir maintenir l'irradiation ajoutĂ©e Ă l'extĂ©rieur du site Ă moins de 1 mSv/an Ă partir d'avril 2012[116].
Niveau de radioactivité extérieure
Le 13 mars Ă 21 h 45, CET lâAIEA indique[117] que, selon les autoritĂ©s japonaises, des retombĂ©es en provenance de lâusine de Fukushima Daiichi aurait conduit aux mesures de radioactivitĂ© excĂ©dant les niveaux autorisĂ©s autour de la centrale nuclĂ©aire d'Onagawa qui avaient Ă©tĂ© confirmĂ©es Ă 13 h 55 CET[118]. Ce qui pourrait fournir les premiĂšres indications quant Ă la propagation radioactive en provenance de Daiichi pour ce qui est de l'orientation et de la vitesse : le site d'Onagawa se trouve au nord/nord-est de celui de Daiichi.
Selon le Premier ministre japonais Naoto Kan : « Des radiations ont Ă©tĂ© libĂ©rĂ©es dans lâair, mais rien nâindique quâil sâagisse dâune grande quantitĂ©. Câest fondamentalement diffĂ©rent de lâaccident de Tchernobyl »[119].
D'aprÚs le site anglais de la NHK, le ministre japonais des Sciences a déclaré qu'un débit de dose de 0,17 mSv/h a été mesuré ponctuellement à 30 km au nord-ouest de l'accident ; les autres mesures se situent entre 0,0183 et 0,001 1 mSv/h (environ 1 à 18 ”Sv/h)[120].
Le 15 mars, la station de Takasaki/Gunma, situĂ©e Ă quelque 250 km au sud-ouest de la centrale de Fukushima, dĂ©livre un « rapport non publiĂ© sur les radionuclĂ©ides qui indique la dĂ©tection de plusieurs radionuclĂ©ides, parmi lesquels lâiode 131, dont l'activitĂ© donne une mesure de 15 Bq/m3 (Ă comparer aux 0,6 Ă 4,2 Bq/m3 mesurĂ©s en France du 1er au 3 mai 1986 lors de l'arrivĂ©e du nuage de Tchernobyl).
à 13 h 40, le 15 mars, Tokyo est atteinte par une hausse du niveau de radioactivité : on relÚve 0,809 ”Sv/h (cela correspond à des rejets supérieurs à 100 Bq/m3[121]) puis, à 17 h 40 0,075 ”Sv/h[122], cette derniÚre valeur étant proche de la radioactivité naturelle dans l'air ambiant mesurée en région parisienne[123].
Dans la préfecture de Kanagawa, au sud-ouest de la capitale, on mesure briÚvement neuf fois le niveau habituel[124].
à 18 h 11, le 15 mars, le niveau de radioactivité mesuré à Chiba atteint dix fois la normale[122]. Jusqu'au soir, un faible flux de Nord à Nord-Ouest, propice à une aggravation, a repoussé les polluants radioactifs sur Tokyo et sa région[125].
Le niveau de radioactivité à Tokyo augmente jusqu'à dix fois le taux normal[126], soit autour de 0,3 ”Sv/h.
La radioactivité ambiante dans les environs de Tokyo reste à des niveaux non significatifs sur le plan de l'impact radiologique.
Les autorités de Tokyo ont annoncé un niveau de radioactivité de 0,809 microsievert par heure lors d'un pic de radioactivité le 15 mars, alors que la norme est de 0,035 ou 0,036. « Nous ne considérons pas qu'il s'agisse d'un niveau suffisant pour affecter le corps humain », a assuré un responsable municipal[127] - [128].
Le , les équipes de l'AIEA ont enregistré des taux de 161 microsieverts par heure dans la ville de Namie (Préfecture de Fukushima), à 30 km au nord-ouest de la centrale[129]. Une population exposée à ce taux pendant 5 jours accumule 20 mSv, ce qui correspond à la dose autorisée en un an pour un travailleur du nucléaire en France. En 25 jours soumis à ce taux, la population exposée atteindrait la limite de 100 mSv, seuil qui correspond, selon les études épidémiologiques[130] à une augmentation de 0,5 point du risque de décéder d'un cancer. D'aprÚs l'article sur les Faibles doses d'irradiation, ce niveau (140 ”Sv/h) est comparable à celui mesuré dans les habitations des quartiers à fortes radioactivité naturelle de Ramsar en Iran, une des régions les plus exposées à la radioactivité naturelle au monde.
Pourtant, le 30 mars, la CRIIRAD lance une alerte pour la protection sanitaire de la population soumise à la radioactivité, et demande aux autorités d'évacuer la population sur une zone « bien au-delà du rayon de 20 km »[131], estimant que les débits doses sont dépassés à bien plus de 100 km de la centrale si on considÚre une exposition de quelques semaines. L'association estime inutilisables les chiffres fournis pour établir les débits de doses reçus réellement. La contamination est externe via la peau et les cheveux, interne par inhalation de l'air et par ingestion. Les rayonnements de gaz radioactifs sont transportés par les vents « bien au-delà de la ville de Sendaï » et « bien au-delà de Tokyo ».
Le 6 avril, l'UCS affirme, lors d'une allocution devant le SĂ©nat des Ătats-Unis, que l'Institut Central Autrichien de MĂ©tĂ©orologie et de GĂ©odynamique estime qu'environ 80 % de l'Ă©quivalent en CĂ©sium 137 Ă longue vie relĂąchĂ© aprĂšs l'accident de Tchernobyl, l'a Ă©tĂ© sur le site de Fukushima au cours de la premiĂšre semaine suivant l'accident. Cela reprĂ©sente le dixiĂšme du CĂ©sium 137 contenu dans les cĆurs des trois rĂ©acteurs endommagĂ©s. Dans sa conclusion, l'UCS affirme que des niveaux de contamination suffisamment importants pour mĂ©riter prĂ©occupation ont Ă©tĂ© mesurĂ©s bien en delĂ de la zone des vingt kilomĂštres fixĂ©e par le Japon ; en outre, les habitants de ces zones reçoivent en une semaine la dose limite annuelle de radiation recommandĂ©e par la Commission Internationale de Protection Radiologique[11].
Stocks d'eau radioactive
En un mois, environ 60 000 m3 d'eau trÚs radioactive issue du refroidissement des réacteurs ont été récupérés et la place manque pour les stocker, en attente de pouvoir les traiter. Certains craignent que l'iode ou le tritium de cette eau ne contamine l'environnement en cas de stockage en plein air[132]. Les médias évoquaient dÚs le 7 avril le recours possible à un tankers ou à une plate forme russe de traitement des radiations nommée Suzuran (construite au Japon à la fin des années 1990) pour démanteler les sous-marins nucléaires stockés à Vladivostok[132].
Contamination radioactive de l'atmosphĂšre
Les zones affectées dépendent de l'intensité des émissions radioactives, de la force et de la direction des vents, ainsi que de la nature et de l'activité (exprimée en Bq/m3) des éléments radioactifs.
Les mesures effectuĂ©es par le Tokyo Metropolitan Industrial Technology Research Institute sur les poussiĂšres atmosphĂ©riques prĂ©levĂ©es Ă Tokyo ont montrĂ© la prĂ©sence d'iode 131, iode 132, cĂ©sium 134 et cĂ©sium 137. Or le seul radionuclĂ©ide auparavant prĂ©sent dans lâatmosphĂšre Ă©tait le cĂ©sium 137, en raison de la catastrophe de Tchernobyl et des essais nuclĂ©aires militaires[133].
Alors que les niveaux ont tendance à décroßtre, lundi 21 mars, de 8 h et 10 h, heure locale, on relÚve à Tokyo des niveaux de contamination de l'air en iode 131 (15,6 Bq/m3) et en césium 137 (6,6 Bq/m3) supérieurs à ceux relevés mercredi 16 mars à 18 h. Mais le pic de contamination le plus élevé a été relevé dans la journée du mardi 15 mars : 241 Bq/m3 pour l'iode 131, 64 Bq/m3 pour le césium 134[134].
Dans la journée du 21 mars, des vents faibles d'orientation Sud-Ouest dirigeaient les émissions radioactives de la région de Fukushima sur le secteur de Tokyo, Kanagawa et Chiba, via le littoral[135].
Les retombĂ©es radioactives issues des Ă©manations Ă l'international sont estimĂ©es Ă des niveaux trĂšs faibles (sans aucun danger) au survol des Ătats-Unis et de l'Europe (atteinte Ă partir du 24 mars)[136].
La directrice scientifique de la CRIIRAD, organisme indĂ©pendant, estime pourtant que « les rĂ©sultats communiquĂ©s par lâIRSN sous-Ă©valuent trĂšs probablement le niveau rĂ©el de cette contamination » pour la France[137]. En effet selon elle, les techniques de dĂ©tection employĂ©es par l'IRSN « ne permettent pas de dĂ©tecter lâiode gazeux », qui reprĂ©senterait « une part importante de lâiode radioactif prĂ©sent dans les masses dâair contaminĂ©es par les rejets de la centrale de Fukushima ».
Le 29 mars à 20h, l'IRSN publie une synthÚse de mesures de radioactivité en France qui montre une persistance des radionucléides issus de Fukushima et une augmentation de la présence d'Iode-131 manifestement liée aux précipitations[138]. Les niveaux les plus élevés sont relevés au Vésinet, à 19 km de Paris : au 27 mars, on y détecte de l'Iode-131 sous forme gazeuse à un niveau de concentration de 0,51 mBq/m3, de l'Iode 131 dans l'eau de pluie à 1,73 Bq/L, ainsi que dans des échantillons de végétaux à 2,17 Bq/kg (légumes verts à larges feuilles), à raison d'un dépÎt au sol de 4 Bq/m3. Ces niveaux ne présentent pas de danger sanitaire.
Le CĂ©sium-137 n'a pas encore Ă©tĂ© dĂ©tectĂ© ; par contre des traces de cĂ©sium 134 ont Ă©tĂ© relevĂ©es le 26 mars par lâInstitut Laue-Langevin de Grenoble sur un filtre aĂ©rosol (0,05 mBq/m3).
Cependant, la CRIIRAD estime que les analyses sur filtres Ă aĂ©rosols minimisent l'activitĂ© radioactive rĂ©elle de l'air, et avertit que les niveaux vont rapidement augmenter dans les lĂ©gumes Ă large surface de captage, de type salades, Ă©pinards⊠D'aprĂšs un communiquĂ©[139], les retombĂ©es d'Iode 131 en quantitĂ© cumulĂ©e pendant deux semaines « pourraient atteindre plusieurs centaines de Bq/m2 (de sol), voire quelques milliers de Bq/m2 en cas de conditions mĂ©tĂ©orologiques trĂšs dĂ©favorables ou dâaugmentation plus importante que prĂ©vu de lâactivitĂ© de lâair ». Disposant d'analyses de l'iode 131 Ă la fois sous forme particulaire et sous forme gazeuse, l'association observe que l'iode gazeux est 3 Ă 14 fois plus concentrĂ© avec, pour les Ătats-Unis, des niveaux maximaux atteints en Californie et en Alaska dans la pĂ©riode du 20 au 22 mars.
Selon les analyses produites par TEPCO de la radioactivité de l'air et des poussiÚres en suspension, on observe une tendance à la diminution réguliÚre de la radioactivité de ces aérosols pour la période du 6 au [140]. Cependant, des traces d'iode 131 sont toujours détectées dans plusieurs préfectures japonaises aux mois de novembre[141] et de décembre 2011[142]. La présence de cet isotope radioactif issue de la fission de l'uranium pourrait indiquer que des épisodes de criticité ont toujours lieu au sein des coriums de la centrale de Fukushima Daiichi, car l'iode 131 se désintÚgre trÚs rapidement (demi-vie d'un peu plus de 8 jours).
Contamination radioactive du sous-sol
Le , la commission japonaise de sûreté nucléaire a demandé à TEPCO d'effectuer des mesures de radioactivité de l'eau accumulée dans les caves des bùtiments des turbines, mais aussi d'effectuer des sondages dans le sous-sol à proximité des bùtiments, afin de pouvoir détecter une éventuelle contamination souterraine d'eaux de nappe. TEPCO a mis en place (à partir du ), parallÚlement aux mesures de contamination marine, un suivi des eaux souterraines (trois radionucléides dosés trois fois par semaine), conformément aux instructions de la NISA (du )[143]
Les prélÚvements faits en avril 2011 dans le sous-sol prÚs des six bùtiments des turbines contenaient tous de l'Iode 131, du césium 134 et du césium 137[144], avec une tendance à la hausse pour le césium[145] et un plateau aprÚs une hausse jusqu'à 103 Bq/cm3 (le 13 avril) pour l'iode[145].
Contamination radioactive de l'océan
Une partie de l'eau utilisée pour refroidir les réacteurs est rejetée dans la mer[146], ce qui suscite des inquiétudes quant aux conséquences sanitaires.
Le 21 mars, des niveaux anormalement Ă©levĂ©s de substances radioactives ont Ă©tĂ© dĂ©tectĂ©s dans lâeau de mer prĂšs de la centrale de Fukushima, selon lâexploitant Tepco les taux dâiode 131 et de cĂ©sium 134 Ă©taient respectivement 126,7 fois et 24,8 fois plus Ă©levĂ©s que les normes fixĂ©es par Tokyo. De plus, le taux de cĂ©sium 137 Ă©tait Ă©galement 16,5 fois plus Ă©levĂ© que la normale. Selon Naoki Tsunoda (responsable de Tepco), ces niveaux de radioactivitĂ© ne menacent pas la santĂ© humaine[147], mais pourraient affecter les milieux et la vie sous-marine.
Le , la compagnie Tokyo Electric Power annonce que des prĂ©lĂšvements dâeau de mer, rĂ©alisĂ©s Ă 100 m de la berge, au large de la centrale de Fukushima Daiichi, rĂ©vĂšlent que le taux de iode 131 est 126,7 fois supĂ©rieurs aux normes fixĂ©es (Ă 0,04 Bq/cm3) par le gouvernement japonais[148] - [149].
Des relevĂ©s sur l'eau de mer au large de la centrale de Fukushima Daiichi sont annoncĂ©s par TEPCO le mardi 22 mars : l'iode 131 est d'un niveau 126,7 fois plus Ă©levĂ© que la norme et le cĂ©sium 134 affiche 24,8 fois le niveau normal[150]. Des tests en mer sont menĂ©s le 23 mars en huit points diffĂ©rents Ă 30 km des cĂŽtes par le MinistĂšre de la Science. Les pĂȘcheurs ne pourront pas reprendre leur activitĂ© avec des niveaux excessifs de radioactivitĂ© dans les produits de la mer. Mercredi 23 mars, Ă 100 m en mer au large de Fukushima, des prĂ©lĂšvements dâeau de mer rĂ©vĂšlent des niveaux en iode 131 de lâordre 4 Bq/cm3 (100 fois supĂ©rieurs Ă la norme japonaise)[151].
Le vers midi, l'Agence japonaise de sûreté nucléaire publie le taux d'iode 131 relevé la veille par la compagnie Tokyo Electric Power en aval de l'« émissaire-sud » en mer de la centrale : 50 000 Bq/litre, soit 1 250 fois la norme légale en mer (40 Bq/litre). Le porte-parole de l'Agence précise que « si vous buvez 50 centilitres d'eau courante avec cette concentration d'iode, vous atteignez d'un coup la limite annuelle que vous pouvez absorber ; c'est un niveau relativement élevé ». La concentration de césium 137, (dont la demi-vie ou période radioactive est de 30 ans) dépassait de 80 fois la limite légale selon Le Point[152] et le césium 134 la dépassait de 117 fois[153]. Le baryum 140 dépassait de 3,9 fois la norme.
Devant l'Ă©missaire-nord, de l'iode 131 a aussi Ă©tĂ© trouvĂ© Ă raison de 283 fois la norme, ainsi que du cĂ©sium 134 (28 fois la norme), du cĂ©sium 137 (18,5 fois la norme). L'iode radioactif est susceptible d'ĂȘtre rapidement bioconcentrĂ© par les algues et organismes marins filtreurs (coquillages tels que moules et huĂźtres en particulier).
Le , le niveau de radioactivité relevé dans l'eau de mer à 300 mÚtres au large du réacteur 1 augmente encore, atteignant une valeur 1 850 fois supérieure à la normale[154], soit une teneur multipliée par plus de dix en l'espace de cinq jours, et plus au large.
Une trĂšs faible augmentation de la radioactivitĂ© de l'eau prĂ©levĂ©e le 25 mars devant les Ă©missaires de la centrale de Fukushima Daini, Ă©tait constatĂ©e hormis pour l'iode qui dĂ©passait le seuil de 10 fois[155]. Un expert de l'IRSN affirme que « l'eau contaminĂ©e va ĂȘtre trĂšs difficile Ă traiter, car on ne peut pas la mettre dans des camions-citernes et tant qu'elle est lĂ , le travail ne peut pas reprendre » et que cette eau a dĂ©jà « commencĂ© Ă s'Ă©chapper »[156]. Le 28 mars, l'ASN relĂšve une eau chargĂ©e en iode 131 Ă un niveau 1 150 fois supĂ©rieur Ă la norme lĂ©gale, Ă 30 mĂštres des rĂ©acteurs 5 et 6, situĂ©s au nord du complexe Fukushima Daiichi[157].
Une eau contaminĂ©e Ă plus de 1 Sv/h a Ă©tĂ© trouvĂ©e « dans des puits de regard d'une tranchĂ©e souterraine dĂ©bouchant Ă l'extĂ©rieur du bĂątiment » du rĂ©acteur 2. De l'eau fortement radioactive aurait pu selon Tepco avoir ruisselĂ© jusqu'Ă la mer, situĂ© Ă 60 m du bĂątiment. Mais le 30 mars, le mĂȘme niveau Ă 300 m des rĂ©acteurs plus au sud atteint 3 355 fois la norme.
Le 31 mars, le taux de radioactivité de l'océan devient alarmant, croissant à grande vitesse : on mesure un taux 4 385 fois supérieur à la norme légale[158] pour l'iode radioactif à 300 mÚtres au Sud de la centrale nucléaire Daiichi.
Le 2 avril, le ministÚre de la Science relÚve pour l'eau de mer à proximité immédiate de la centrale, 300 GBq/m3 pour l'iode-131 soit 7,5 millions de fois la norme maximale[159]. Le , l'opérateur TEPCO annonce mesurer 1 000 mSv/h dans l'eau de mer prÚs du rivage, avec d'importants taux d'iode radioactifs (iode 131), alors qu'il a commencé à rejeter dans le Pacifique, pour environ cinq jours, quelque 11 500 tonnes d'eau « faiblement radioactive » (plus de 100 fois la normale) issues des réservoirs, afin de les libérer et accueillir l'eau beaucoup plus contaminée. Le 4 avril, l'IRSN publie une note d'information sur les conséquences des retombées radioactives dans le milieu marin. Alors qu'une partie des radionucléides est soluble, une autre partie de l'est pas, ce qui entraßne une fixation de la radioactivité sur les particules solides en suspension dans l'eau selon affinité et, par la suite, au niveau de la sédimentation des fonds océaniques atteints[160]. L'IRSN appelle à une surveillance des sédiments du littoral japonais, contaminés pour plusieurs années au ruthénium 106 (106Ru) et au césium 134 (134Cs) (voire au plutonium, dont la présence n'était toutefois pas établie au ) et par conséquent à une surveillance radiologique des produits de la mer, eux aussi contaminés, en particulier au niveau des installations aquacoles du littoral Est. En effet, la concentration en radionucléides s'avÚre plus importante pour les espÚces vivantes, en fonction de chaque espÚce (par exemple, les algues stockent 10 000 fois plus), que dans l'eau de mer.
Ă moyen terme, tout le littoral oriental situĂ© entre les latitudes 35°30'N et 38°30'N est concernĂ© par la dispersion des radionuclĂ©ides, davantage contenus au Nord par le courant Kuroshio. Ă long terme, les radionuclĂ©ides Ă pĂ©riode plus longue sont appelĂ©s Ă gagner le centre du Pacifique et mĂȘme l'Ouest du Pacifique Sud, oĂč ils peuvent subsister pendant 10 Ă 20 ans maximum en prenant en compte le temps de transport ; le Sud de l'Atlantique serait Ă©pargnĂ©[161].
Le , l'Agence japonaise de l'Ă©nergie atomique a annoncĂ© que la pollution du pacifique en mars-avril avait Ă©tĂ© sous-estimĂ©e d'un facteur 3. Ce sont 15 tĂ©rabecquerels de cĂ©sium 137 et d'iode 131 qui auraient ainsi polluĂ© le Pacifique du 21 mars au 30 avril 2011[162] avec une dilution dans le Pacifique qui devrait ĂȘtre terminĂ©e vers 2018 selon une modĂ©lisation[163].
Contamination des aliments et de l'eau potable
DĂ©pĂŽts radioactifs
Cependant, dans un rayon de 30 km et au-delà , la région se retrouve contaminée par les particules radioactives transportées par les vents et retombant au sol sous l'effet de la pluie. En raison des décompressions volontaires et de fuites d'origine imprécise, les dépÎts radioactifs sont importants. D'aprÚs une simulation réalisée par un laboratoire autrichien, le dimanche 20 mars se caractérise par un transport réel de la radioactivité sur Tokyo et sur Sendaï[164], en raison d'un changement des masses d'air soufflant cette fois du Nord et accompagné de précipitations.
L'ASN estime que le secteur contaminé peut s'étendre au-delà de la zone des 20 km et que le gouvernement japonais devra gérer cette contamination locale pendant des dizaines et des dizaines d'années. Au vu des conditions météorologiques, la zone de contamination pourrait sans doute s'étendre jusqu'à une centaine de kilomÚtres, indique Jean-Claude Godet de l'ASN[165].
L'iode 131 radioactif n'a qu'une demi-vie de huit jours, la contamination correspondante disparaßt au bout de quelques mois. En revanche, le césium 137 a une demi-vie de trente ans : bien qu'il soit nettement moins irradiant, les contaminations qu'il entraßne restent sensibles deux ou trois siÚcles.
Les autoritĂ©s japonaises annoncent le 23 mars qu'un prĂ©lĂšvement de sol Ă 40 km au Nord-Ouest du site montre une trĂšs forte contamination au cĂ©sium 137, soit 163 000 Bq/kg, ce qui est extrĂȘmement Ă©levĂ©[166]. Ceci dĂ©montre que la zone jaune peut s'Ă©tendre bien au-delĂ du rayon d'Ă©vacuation des 30 km.
Restrictions sur les denrées alimentaires
Les normes de la radioactivité des aliments sont fixées à 500 Bq/litre pour le césium et 2 000 Bq/litre pour l'iode, à l'exception du lait et des produits laitiers : 200 Bq/litre pour le césium et 300 Bq/litre pour l'iode[167].
Le samedi au matin, on relÚve des taux trÚs élevés de contamination radioactive dans un échantillon de lait issu de la préfecture de Fukushima et sur six échantillons d'épinards produits dans la préfecture d'Ibaraki[168].
à la suite de l'information du gouvernement de la détection de niveaux de radionucléides supérieurs à la normale dans les produits frais du secteur de Fukushima, les médias informent la population[169] entre 17 h 40 et 22 h pour la mettre en garde et lui demander de faire attention avec la nourriture telle que le lait, les épinards et les légumes frais, en respectant certaines doses maximales et en lavant les légumes.
Le gouverneur de la prĂ©fecture d'Ibaraki a demandĂ©, dĂšs le 19 mars sur son territoire, situĂ© entre 80 et 120 km au Sud de la centrale, l'arrĂȘt des rĂ©coltes d'Ă©pinards et de leur livraison[170].
à Izumi, situé à une soixantaine de kilomÚtres de la centrale nucléaire, la laiterie Minami Dairy cesse complÚtement ses livraisons de lait[171].
Les contaminations signalées restent cependant de l'ordre des limites réglementaires, qui ne présentent pas un danger immédiat pour la santé.
Ainsi, dimanche 20 mars, la CRIIRAD fait Ă©tat d'une contamination de 15 000 Bq/kg en iode 131 sur les Ă©pinards, soit plus de sept fois la limite de contamination (2 000 Bq/kg). Mais le 18 mars Ă Hitachi (prĂ©fecture dâIbaraki), le niveau relevĂ© atteint 54 100 Bq/kg, soit 27 fois plus que la limite japonaise officielle[172]. Ă ces niveaux de doses, il suffit de quelques repas Ă base d'Ă©pinards, spĂ©cialement pour les enfants et en particulier ceux en bas Ăąge, pour dĂ©passer la limite rĂ©glementaire de 1 mSv/an ; mais il faut une dose cent fois plus forte pour atteindre sur la santĂ© un effet statistiquement observable[173].
Lundi 21 mars, le gouvernement japonais interdit la vente de lait cru et d'épinards cultivés dans les environs de la préfecture de Fukushima[174], tout en minimisant la dangerosité des niveaux de contamination. Sont interdits également certains autres légumes à feuilles vertes dont, le 22 mars, les brocolis.
à 18 h 40, un porte-parole de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), Peter Cordingley, estime que la découverte de traces radioactives dans des produits alimentaires samedi au Japon représente un problÚme « bien plus grave » que prévu, ce problÚme n'étant pas limité à un rayon de 20 à 30 kilomÚtres comme on pouvait le penser d'abord[175]. « On peut raisonnablement supposer que des produits contaminés sont sortis de la zone de contamination ».
Le Premier ministre japonais ordonne le 23 mars l'interdiction de consommer et de vendre des produits frais issus de quatre préfectures autour de la centrale de Fukushima, parmi lesquels les épinards, les brocolis, les choux et les choux-fleurs[176]. En outre, les tests sur les produits alimentaires sont étendus à dix autres préfectures autour de la centrale, dont certaines bordant Tokyo ; des relevés sur les poissons et mollusques sont annoncés.
Le 13 avril, Naoto Kan interdit le commerce des champignons shiitaké cultivés en extérieur dans l'Est de la province de Fukushima[177].
Le 26 juillet, le gouvernement annonce un plan visant Ă racheter et brĂ»ler la viande de 3 000 bĆufs soupçonnĂ©s d'avoir Ă©tĂ© alimentĂ©s avec du foin ou de la paille de riz radioactifs[178]. Ces mesures de deux milliards de yens (17 millions d'euros) devraient ĂȘtre payĂ©es par TEPCO[178].
Des plants de komasuna (moutarde-Ă©pinard) rĂ©coltĂ©s Ă Tokyo mĂȘme (Edogawa) mercredi 23 mars sont contaminĂ©s par le cĂ©sium au-delĂ de la limite lĂ©gale (890 Bq/kg au lieu de 500 Bq/kg)[179].
Le 22 dĂ©cembre 2011, du riz contenant 1 540 Bq/kg de cĂ©sium est trouvĂ© par un rĂ©coltant dans la municipalitĂ© de Fukushima. C'est d'aprĂšs les autoritĂ©s la concentration la plus Ă©levĂ©e mesurĂ©e Ă ce jour dans cet aliment, bien au-dessus de la limite sanitaire de 500 Bq/kg[180]. Cette dĂ©couverte intervient alors mĂȘme que le gouvernement dĂ©voile son plan de rĂ©duction des limites sanitaires concernant les aliments contaminĂ©s, et que la limite pour le riz doit ĂȘtre ramenĂ©e Ă 100 Bq/kg[181]. Quelques jours plus tard, le Ministre de l'Agriculture Michihiko Kano interdit la vente du riz rĂ©coltĂ© depuis 8 districts de la PrĂ©fecture de Fukushima, ainsi que tout riz dĂ©passant le nouveau plafond de contamination : le ministĂšre s'engage Ă racheter ce riz aux agriculteurs, soit une production estimĂ©e de 4 000 tonnes, et va demander Ă Tepco de financer, au moins en partie, ces rachats[182].
En décembre 2011, le MinistÚre de la Santé, du Travail et des Affaires sociales décide de mettre en place des normes de radioactivité pour le césium beaucoup plus restrictives à partir d'avril 2012 : 50 Bq/litre pour la nourriture pour bébés et le lait, 100 Bq/litre pour les autres aliments[183]. Ces nouvelles normes, dix à vingt fois plus strictes que les normes internationales, impliquent l'achat d'instruments de mesures plus précis par les administrations locales[183].
Restrictions sur l'eau courante
Les normes de la radioactivitĂ© de lâeau potable sont fixĂ©es Ă 200 Bq/litre pour le cĂ©sium et 300 Bq/litre pour l'iode[167]. Ces limites sont cohĂ©rentes avec les recommandations et pratiques internationales en cas d'urgence nuclĂ©aire (pour une durĂ©e maximale d'un an)[184].
Des traces de substances radioactives sont décelées dans l'eau du robinet de Tokyo dÚs le samedi 19 mars 2011.
Le MinistÚre de la Santé invite les habitants proches du secteur à ne pas boire l'eau du robinet, contaminée par l'iode radioactif. L'eau courante de Tokyo présente aussi un faible niveau d'iode radioactif[185].
Le 23 mars 2011, Le gouverneur de Tokyo, Shintaro Ishihara, recommande de ne plus utiliser l'eau du robinet pour les enfants de moins de un an à Tokyo. Selon des responsables de l'Office de l'eau de Tokyo, un taux d'iode 131 de 210 Bq par kg a été relevé sur des échantillons d'eau courante dans le centre de la ville, alors que la limite fixée par les autorités japonaises est de 100 Bq pour les bébés[186].
Le 28 mars, le MinistĂšre de la SantĂ© demande aux usines et distributeurs fournissant en eau potable le Japon tout entier de ne plus recueillir l'eau de pluie[187] et de stopper le puisement des riviĂšres Ă la suite d'Ă©ventuelles prĂ©cipitations. Depuis le 27 mars, les rĂ©servoirs Ă l'air libre doivent en outre ĂȘtre recouverts d'une bĂąche.
En décembre 2011, le MinistÚre de la Santé, du Travail et des Affaires sociales décide de mettre en place une norme de radioactivité pour le césium beaucoup plus restrictive à partir d'avril 2012 : 10 Bq/litre, environ dix fois plus stricte que les normes internationales[183].
Mesures de protection pour la population
Sauf indication contraire, les événements sont indiqués en heure locale.
Ăvacuations successives de pĂ©rimĂštres de 3, 10 et 20 km
TEPCO ayant avisĂ© le gouvernement dâune « urgence technique », ce dernier dĂ©clenche l'Ă©vacuation d'un premier pĂ©rimĂštre autour de la centrale[188] dans la journĂ©e du 11 mars : la population est Ă©vacuĂ©e dans un rayon de 3 km.
La zone d'Ă©vacuation est portĂ©e Ă 10 km le 12 mars au matin[189] - [190]. DĂšs 8 h 30 ce samedi[191], le Premier ministre Naoto Kan demande lui-mĂȘme aux 45 000 riverains de la centrale nuclĂ©aire de Fukushima Daiichi no 1 de sâĂ©loigner rapidement de la centrale.
Le rayon d'évacuation est porté à 20 kilomÚtres le 12 mars au soir[192] - [193].
Selon l'AIEA, le 13 mars à 5 h 10, plus de 30 000 personnes ont été évacuées de leur domicile au nord du Japon dans un rayon de 10 km[194] - [195] et environ 110 000 personnes sont évacuées dans un rayon de 20 km[195] - [196].
AprĂšs l'Ă©vacuation du pĂ©rimĂštre restreint, le 15 mars Ă 16 h[197],aprĂšs une nouvelle explosion et un incendie sur la tranche 1 de Fukushima, Naoto Kan, via la chaĂźne NHK, recommande aux habitants du secteur de Fukushima de rester chez eux, de calfeutrer les portes et les fenĂȘtres, de couper les circuits de climatisation et de se couvrir les voies respiratoires avec des masques, des serviettes lĂ©gĂšrement humides ou des mouchoirs ainsi que de ne pas boire lâeau du robinet[198].
Le à 22 h, l'IRSN invite entre autres les ressortissants français, à titre préventif, à s'éloigner de Tokyo en direction du Sud[199].
Le 17 mars, Marie-Pierre Comets de l'ASN, affirme que le rayon d'Ă©vacuation pourrait ĂȘtre portĂ© Ă un maximum de 70 kilomĂštres en cas d'aggravation des radiations[200].
Le , le gouvernement japonais incite (sans obligation) la population à évacuer la zone dans un rayon de 30 km : la zone de confinement officielle couvre donc ces 30 km. Or cette approche géométrique du risque ne correspond pas à la réalité géographique des retombées.
Extension de la zone d'Ă©vacuation au-delĂ des 20 km
Le 11 avril, le périmÚtre d'évacuation est étendu à plusieurs zones situées à plus de 20 km de la centrale[201].
Ă la suite de la parution de taux cumulĂ©s de radioactivitĂ© alarmants Ă Iitate, l'Ătat japonais ordonne[202] d'ajouter Iitate et d'autres municipalitĂ©s situĂ©es au Nord-Ouest de la zone interdite Ă l'ordre d'Ă©vacuation initial. Pour Ă©tablir la zone Ă Ă©vacuer, le gouvernement japonais retient le dĂ©passement des 20 mSv, sachant que la limite annuelle de prĂ©caution est de 1 mSv.
L'Ă©vacuation affecte cinq localitĂ©s situĂ©es sur l'axe nord-ouest (fortement contaminĂ©) de la centrale : Namie, Katsurao, MinamisĆma, Iitate et Kawamata[203]. En raison de l'Ă©tendue de ces localitĂ©s, certains quartiers, inclus dans la zone des 20 km, avaient dĂ©jĂ Ă©tĂ© Ă©vacuĂ©s dĂšs la mi-mars (Ă titre d'illustration, la distance Ă la centrale pour Namie varie entre ~4 km sur la cĂŽte et ~35 km au nord-ouest)[204].
Malgré cette mesure d'évacuation, l'IRSN déclare[205] qu'en se référant à la limite des 10 mSv/an (préconisée en place des 20 mSv), il reste, au 24 mai, encore environ 70 000 personnes à évacuer[205].
Le 22 avril, le premier ministre confirme l'Ă©vacuation[206] de ces municipalitĂ©s entre le 15 et le 31 mai[207], avec une prioritĂ© pour les femmes enceintes, les enfants et les personnes faibles. Quelque 6 000 personnes sur les 10 000 Ă Ă©vacuer avaient dĂ©jĂ quittĂ© les lieux. En outre, les populations de Hirono, Naraha, Kawauchi, de parties de Tamura et de Minamisoma, situĂ©es dans un rayon de 20 Ă 30 km de la centrale, sont appelĂ©es Ă se tenir prĂȘtes Ă Ă©vacuer. Fin mars, le gouvernement conseillait dĂ©jĂ aux habitants, sans obligation, de rester cloĂźtrĂ©s chez eux ou de partir. Le NISA conseille depuis avril Ă tous ceux vivant dans des zones soumises Ă des taux cumulĂ©s de 10 Ă 20 mSv de rester confinĂ©s ou de fuir.
à partir du 22 avril, la zone d'évacuation de 20 km est déclarée zone interdite[208]. Jusqu'à cette date, les habitants avaient encore l'autorisation de retourner occasionnellement dans ces zones, ce qui permettait notamment aux agriculteurs de s'occuper de leur bétail. Retourner est désormais interdit, sous peine d'amende. Les familles évacuées sont ponctuellement autorisées à retourner chercher leurs affaires mais dans des conditions trÚs strictes : une personne par famille pendant deux heures au maximum et sous la surveillance d'un policier. Ce droit ne s'applique pas aux familles vivant à moins de 3 km de la centrale. Préalablement à l'instauration de cette interdiction, la police a inspecté la zone et a fait évacuer soixante familles qui y vivaient encore[209].
Le 24 avril, le gouvernement décide d'évacuer d'ici fin mai les populations des secteurs Nord-Ouest les plus touchés par les retombées radioactives, au-delà de la zone interdite et de la zone de confinement ; cette évacuation touche principalement la petite ville d'Iitate, située à 40 km de la centrale[210].
Une Ă©tude du ministĂšre de lâĂ©ducation faite en juin et juillet dans un rayon de 100 km autour de la centrale a dĂ©montrĂ© que plus de 30 emplacements Ă©taient contaminĂ©s au cĂ©sium Ă un niveau supĂ©rieur Ă 1,48 million de becquerels par mĂštre carrĂ©, seuil Ă partir duquel habiter la zone n'Ă©tait plus permis Ă Tchernobyl. De plus, 132 emplacements supplĂ©mentaires Ă©taient contaminĂ©s au cĂ©sium Ă plus de 550 000 becquerels par mĂštre carrĂ©, le seuil d'Ă©vacuation volontaire et d'interdiction agricole pour Tchernobyl. Toutefois, les autoritĂ©s affirment que ce rapport n'apporte pas d'Ă©lĂ©ments nouveaux concernant les zones Ă Ă©vacuer, et que les zones devant ĂȘtre Ă©vacuĂ©es l'ont Ă©tĂ©[211].
DĂ©contamination
Le 30 septembre, les trois rĂ©acteurs se rapprochent de l'arrĂȘt Ă froid, envisagĂ© pour la fin 2011[212] - [213]. En consĂ©quence, le gouvernement lĂšve l'ordre d'Ă©vacuation sur 5 localitĂ©s situĂ©es entre 20 et 30 km[214]. ParallĂšlement, la zone de contamination n'Ă©tant pas circulaire, deux villes et un village situĂ©s au-delĂ de la zone des 30 km sont classĂ©es en zone d'Ă©vacuation Ă fin dĂ©cembre 2011.
Par ailleurs, les résidents auront l'autorisation de se rendre dans la zone interdite, jusqu'à trois kilomÚtres de la centrale, mais pas encore d'y séjourner[215].
Ă plus long terme, le METI planifie des mesures de dĂ©contamination qui permettrait de diminuer l'exposition additionnelle des rĂ©sidents sous la limite rĂ©glementaire de un millisievert par an (Ă comparer aux 2,4 mSv/an que la population mondiale reçoit en moyenne des sources naturelles)[215]. LâefficacitĂ© des mĂ©thodes mises en Ćuvre ou proposĂ©es pour un objectif de rĂ©duction de la contamination de 50 Ă 60 % en deux ans (alors que 40 % des radiations devraient dĂ©croĂźtre naturellement) est cependant mise en doute par certains experts[216], relayĂ©s par le Japan Times[217], qui critiquent un objectif de rĂ©duction correspondant Ă la demi-vie du cĂ©sium 134.
Ils estiment que dans les points chauds tels que Setagaya, il faudrait entiĂšrement dĂ©caper et exporter la couche de terre contaminĂ©e, et changer les toitures. Le nettoyage au karcher du cĂ©sium radioactif ne peut pas complĂštement dĂ©contaminer les zones de corrosion mĂ©tallique, les peintures Ă©caillĂ©es ou les fissures dans certains matĂ©riaux absorbants[217]. De plus, une partie du cĂ©sium nettoyĂ© repart dans l'air (aĂ©rosol) ou contamine le sol ou les Ă©gouts. Il faudrait aussi enlever et remplacer le macadam des routes, trottoirs, etc. pour rĂ©ellement abaisser le niveau de rayonnement, ce qui implique la crĂ©ation d'Ă©normes sites de stockage de terre contaminĂ©e[217]. Enfin, il faudrait dans les zones touchĂ©es diminuer le niveau de radioactivitĂ© de 90 % et non pas de 10 Ă 20 %[218] comme le permettent les mĂ©thodes utilisĂ©es, car faire vivre les gens dans des zones de rayonnement Ă niveau faible mais constant est politiquement inacceptable[217]. MĂȘme si l'effet linĂ©aire sans seuil n'a jamais Ă©tĂ© prouvĂ© en dessous de 100 mSv en exposition rapide, il reste la rĂ©fĂ©rence en matiĂšre de gestion de la radioprotection. Tanaka, ancien prĂ©sident de l'Atomic Energy Society of Japan[219], l'une des principales organisations japonaises relative Ă l'Ă©nergie nuclĂ©aire, acadĂ©mique, compĂ©tente pour toutes les formes de l'Ă©nergie nuclĂ©aire, Ă©ditrice du Journal (universitaire) des Sciences et Techniques NuclĂ©aires qui publie en anglais et en japonais. en novembre 2011 reproche Ă©galement au gouvernement de ne pas encore avoir de plan pour dĂ©contaminer les zones interdites (oĂč le rayonnement dĂ©passe 20 millisieverts/an et oĂč il n'y a pas encore de calendrier prĂ©vu pour le retour des habitants)[217].
L'exposition maximale rĂ©glementaire des travailleurs intervenant Ă la dĂ©contamination est de 20 mSv/an, la mĂȘme que celle des travailleurs de l'industrie nuclĂ©aire[220].
Le premier ministre japonais a estimĂ© qu'il faudrait « trois, cinq, voire dix ans pour parvenir Ă en reprendre le contrĂŽle, et mĂȘme plusieurs dĂ©cennies pour remĂ©dier aux consĂ©quences de l'accident »[221].
Autres mesures
- Distribution d'iode stable : lâAIEA signale, dans un communiquĂ© publiĂ© le 12 mars 2011 Ă 12 h 40 UTC, que les autoritĂ©s japonaises l'ont informĂ©e de lâincident et que la distribution de capsules dâiode aux rĂ©sidents en vue de prĂ©venir des cancers de la thyroĂŻde est en cours[222]. Des prĂ©paratifs de distribution dâiode stable aux populations sont annoncĂ©s[196], Ă la suite de la confirmation de la prĂ©sence de cĂ©sium 137 et dâiode 131 radioactifs aux alentours du rĂ©acteur 1[195]. Le 16 mars, une directive pour l'administration d'iode stable durant l'Ă©vacuation est Ă©dictĂ©e par le « Local Emergency Response Headquarter » pour les personnes de la zone d'Ă©vacuation de 20 km (de rayon), sous l'autoritĂ© des gouverneurs de prĂ©fecture et les maires des villes et villages concernĂ©s (Tomioka, Futaba, Okuma, Namie, Kawauchi, Naraha, Minamisouma, Tamura, Kazurao, Hirono, Iwaki et Iidate).
- Le trafic aérien est restreint dans un rayon de 20 km autour de la centrale, selon une NOTAM[223].
- Selon la BBC et NHK, le 12 mars Ă 13 h 49 GMT, par mesure de prĂ©caution, une Ă©quipe de lâInstitut national des sciences radiologiques est envoyĂ©e Ă Fukushima par hĂ©licoptĂšre vers une base situĂ©e Ă 5 km de la centrale nuclĂ©aire. Elle est composĂ©e de mĂ©decins, infirmiĂšres et experts en radioprotection[194].
- Une décontamination est d'abord opérée sur les individus sur lesquels on relÚve une dose radioactive supérieure ou égale à 6 000 coups par minute (cpm). Sur les conseils d'experts nucléaires japonais et de l'AIEA, le seuil à partir duquel est opérée une décontamination est relevé lundi 21 mars, passant de 6 000 cpm à 100 000 cpm[224].
- Ăvacuation des ressortissants Ă©trangers : dĂšs le 16 mars, de nombreuses ambassades (europĂ©ennes, des Ătats-Unis, de Russie) conseillent et organisent l'Ă©vacuation de leurs ressortissants, accentuant la crainte de voir Ă©clater une panique, alors que le pays n'offre aucun plan d'Ă©vacuation pour les Japonais de Tokyo[225].
- Le 30 mars 2011, des Japonais désemparés se réfugient à l'intérieur des bùtiments de la centrale d'Onagawa[226].
Indemnisations
Le traitement de l'affaire est difficile en raison notamment des intĂ©rĂȘts divergents des uns et des autres.
Le programme de dĂ©contamination des territoires lancĂ© Ă l'Ă©tĂ© 2011 par le gouvernement, a coĂ»tĂ© (en date de 2013) Ă l'Ătat et aux collectivitĂ©s 1 800 milliards de yens (soit 12,6 milliards d'euros). La sociĂ©tĂ© Tepco est censĂ©e pouvoir rembourser cette somme.
Dans un mĂȘme village, le montant des compensations versĂ©es par l'opĂ©rateur varie en fonction de la zone vert/jaune/rouge, ce qui fait que deux voisins sur la frontiĂšre de changement de couleur de zone peuvent toucher des indemnisations diffĂ©rentes, d'une maniĂšre ressentie comme inĂ©galitaire[227].
Certaines personnes (les plus ùgées) sont intéressées pour revenir sur le site au plus tÎt et donc décontaminer, alors que d'autres ne souhaitent pas de retour.
Pour convaincre des municipalités réticentes à accepter d'héberger pour trente années (en principe) un premier site d'entreposage géants qui devrait ouvrir en 2015 dans le but de regrouper des millions de stÚres contaminées entreposés provisoirement dans des sites éparses de chaque villages, le gouvernement local va débloquer un crédit de 100 milliards de yens (prÚs d'un milliard d'euros)[227].
En Europe
Des messages Ă©lectroniques Ă©changĂ©s au sein du gouvernement britannique rendus publics dĂ©but juillet 2011 montrent sa volontĂ© dĂ©libĂ©rĂ©e de minimiser l'impact de Fukushima dans l'opinion, avec l'aide d'EDF Energy, d'AREVA et de Westinghouse alors qu'il se prĂ©pare Ă signer un accord portant sur la construction de huit nouvelles centrales nuclĂ©aires[228]. Andy Myles demande la dĂ©mission de Chris Huhne, alors secrĂ©taire du DĂ©partement de l'Ănergie et du Changement climatique[229].
Notes et références
Notes
- Un dĂ©bit de dose de 1 mSv/h permet rĂ©glementairement la prĂ©sence dâopĂ©rateurs mais pour des durĂ©es strictement contrĂŽlĂ©es (de lâordre de lâheure) : les effets sur la santĂ© de ces dĂ©bits de doses ne sont pas statistiquement connus, mais la limite annuelle dâexposition du public acceptĂ©e par la norme internationale, qui est de un millisievert par an, est atteinte en une heure dâexposition. La limite annuelle dâexposition pour les travailleurs est quant Ă elle de 20 mSv par an dans les rĂ©glementations internationales.
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- Call for Chris Huhne to resign over Fukushima emails
Voir aussi
Articles connexes
- SĂ©isme de 2011 de la cĂŽte Pacifique du TĆhoku
- Centrale nucléaire de Fukushima Daiichi
- Chronologie des accidents de la centrale nucléaire de Fukushima
- ConsĂ©quences du sĂ©isme de 2011 de la cĂŽte Pacifique du TĆhoku sur l'industrie agro-alimentaire
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- ConsĂ©quences de lâaccident de Fukushima sur les politiques Ă©nergĂ©tiques nationales
- Conséquences de l'accident de Fukushima sur la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi
- Liste dâaccidents nuclĂ©aires
- DĂ©contamination Ă la suite de la catastrophe de Fukushima (en)
Liens externes
- (en) Fukushima Nuclear Accident sur le site de lâAIEA
- (en) Communiqués de presse de TEPCO
- (en) Tohoku-Taiheiyo-Oki Earthquake, Fukushima & Nuclear Power sur le site World Nuclear Association
- ModÚle de simulation vidéo de la dispersion à long terme du Césium-137 dans l'Océan Pacifique à partir de Fukushima sur youtube