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Piscine de stockage de combustible nucléaire

Une piscine de stockage du combustible usagĂ© (en anglais SFP pour Spent fuel pools) est un bassin d'entreposage provisoire de combustible nuclĂ©aire irradiĂ© ou destinĂ© au rechargement d’un rĂ©acteur Ă  l’arrĂȘt.

Exemple de piscine de dĂ©sactivation et stockage de combustible (ne contenant ici qu’une faible quantitĂ© de combustible, Ă  l’occasion de l’arrĂȘt Ă  froid d’un rĂ©acteur de la centrale nuclĂ©aire de Caorso.
Piscine de la centrale de Caorso.

AprĂšs avoir servi dans le rĂ©acteur d’une centrale nuclĂ©aire ou dans un rĂ©acteur d’étude ou de recherche, rĂ©acteur expĂ©rimental ou de sous-marin nuclĂ©aire, le « combustible nuclĂ©aire usagĂ© » (originellement constituĂ© d'uranium plus ou moins enrichi ou d'un mĂ©lange d’uranium et de plutonium dit « MOX ») est encore radioactif et dĂ©gage de la chaleur (on parle de « puissance rĂ©siduelle ») ; il est alors retirĂ© du rĂ©acteur et stockĂ© provisoirement dans la piscine de stockage avant envoi pour retraitement et stockage final.

La chaleur rĂ©siduelle que les Ă©lĂ©ments combustibles Ă©mettent aprĂšs l'arrĂȘt du rĂ©acteur doit ĂȘtre Ă©vacuĂ©e, ce qui implique que la piscine d’entreposage du combustible usĂ© doit ĂȘtre refroidie en permanence.

Du combustible neuf est également provisoirement stocké dans ces piscines en attente de sa mise en place dans le réacteur.

La piscine de stockage peut ĂȘtre sĂ©parĂ©e en plusieurs bassins par mise en place de cloisons amovibles.

Fonctions

Piscine de dĂ©sactivation d’une centrale amĂ©ricaine. On aperçoit un Ă©lĂ©ment combustible suspendu au mĂąt de manƓuvre, positionnĂ© manuellement au-dessus des alvĂ©oles de stockage. L’eau de la piscine fait Ă©cran d’attĂ©nuation de la radioactivitĂ© Ă©mise par les Ă©lĂ©ments combustibles.

Une piscine de stockage d’assemblages de combustible nuclĂ©aire a trois fonctions principales :

  1. recevoir l’ensemble des assemblages combustibles retirĂ©s du cƓur du rĂ©acteur pendant les arrĂȘts pour rechargement (dans les rĂ©acteurs Ă  eau pressurisĂ©e, un quart Ă  un tiers du contenu en combustible doit ĂȘtre retirĂ© tous les 12 Ă  18 mois et remplacĂ© par du combustible neuf) ;
  2. entreposer des assemblages usĂ©s, en attendant une dĂ©croissance suffisante de la puissance rĂ©siduelle dĂ©gagĂ©e, puis envoi de ces assemblages vers une usine de traitement. En effet, Ă  leur sortie du cƓur du rĂ©acteur, les barres de combustible usĂ© gĂ©nĂšrent une chaleur suffisamment Ă©levĂ©e pour faire fondre les assemblages si on ne les refroidissait pas, et elles Ă©mettent des radiations dangereuses dont il faut se protĂ©ger. Le transfert des Ă©lĂ©ments combustibles du rĂ©acteur Ă  la piscine se fait sous eau, Ă  l’aide de systĂšmes de manutention automatisĂ©s et contrĂŽlĂ©s Ă  distance, ou avec des systĂšmes plus « manuels » sĂ©curisĂ©s.
    Les Ă©lĂ©ments combustibles sortis du rĂ©acteur sont entreposĂ©s dans l’eau de la piscine de stockage durant plusieurs mois jusqu’à ce que la chaleur dĂ©gagĂ©e permette leur transfert vers l’usine de retraitement afin de les recycler ou de les stocker dĂ©finitivement sous forme de dĂ©chet radioactif. La puissance dĂ©gagĂ©e par les Ă©lĂ©ments combustibles dĂ©croĂźt de maniĂšre exponentielle (baisse significative dans les 2 Ă  4 premiĂšres annĂ©es, puis dans une moindre mesure dans les 4 Ă  6 ans qui suivent, etc.)[1].
  3. recevoir et entreposer les assemblages neufs avant utilisation[2].

Une telle piscine sert aussi Ă  stocker provisoirement :

  • des crayons dĂ©fectueux ou ayant perdu leur Ă©tanchĂ©itĂ© [3] ;
  • des matĂ©riaux radioactifs ;
  • des objets particuliers radioactifs.

Dans une piscine de désactivation l'eau joue plusieurs rÎles[4]:

  • celui de fluide caloporteur permettant, via un (voire deux[1]) Ă©changeur(s) thermique(s) de constamment refroidir le combustible usagĂ© ou neuf;
  • celui d’écran liquide contre les rayonnements, de maniĂšre Ă  protĂ©ger le personnel.

L’acide borique contenu dans l’eau absorbe les neutrons Ă©mis par les assemblages, empĂȘchant un Ă©ventuel redĂ©marrage d’une rĂ©action nuclĂ©aire[5].

Remarque : Certaines entreprises d’ionisation industrielle utilisant des sources hautement radioactives (par exemple du cobalt 60 pour dĂ©sinfecter par irradiation (ionisation) du matĂ©riel mĂ©dical) doivent Ă©galement stocker leurs « sources » dans leurs propres piscine tout le temps oĂč elles ne sont pas utilisĂ©es, dans un espace protĂ©gĂ©[6].

Caractéristiques techniques

Ces piscines sont Ă©tanches et construites selon des normes antisismiques.

Le fond des piscines est Ă©quipĂ© de racks (ou rĂąteliers ou alvĂ©oles) de stockage de 4,3 mĂštres de hauteur qui servent au stockage des assemblages de combustible neufs ou retirĂ©s du rĂ©acteur, tout en les disposant de maniĂšre Ă  empĂȘcher une situation de criticitĂ© via une rĂ©action nuclĂ©aire en chaĂźne qui se produirait si les crayons (ou aiguilles) de combustible Ă©taient stockĂ©s les uns contre les autres. Ils supportent une charge trĂšs importante (l’uranium est encore plus lourd que le plomb) et en cas de sĂ©isme important, s’ils ne sont pas amortis, « les mouvements des rĂąteliers sont susceptibles d'endommager la paroi de la piscine, conduisant Ă  une rupture d'Ă©tanchĂ©itĂ© ». C’est pourquoi, ces rĂąteliers sont Ă©quipĂ©s de « vĂ©rins antisismiques ayant pour fonction de permettre leur dilatation thermique lente et, en cas de sĂ©isme, de limiter les efforts sur les parois de la piscine »[7].

Une hauteur d’eau minimale de 2,4 m Ă  3 m[8] est nĂ©cessaire au-dessus du combustible pour absorber le rayonnement. Ces piscines ont environ 12 m de profondeur pour un rĂ©acteur REP de 900Mw et plus de 20 m pour un rĂ©acteur REP de 1300Mw (22,15 m par exemple pour la centrale nuclĂ©aire de Golfech) afin d’assurer une protection radiologique des travailleurs lors des manipulations de combustible et de constituer une rĂ©serve d’eau importante pour le refroidissement du combustible. Une piscine peut contenir de 300 Ă  600 assemblages de combustible suivant le type de rĂ©acteur[9].

La qualitĂ© de l'eau est Ă©troitement contrĂŽlĂ©e pour Ă©viter que le combustible ou sa gaine ne se dĂ©gradent sous l’effet de la corrosion.

La tempĂ©rature est contrĂŽlĂ©e et toutes ces piscines sont dotĂ©es d’un systĂšme de rĂ©frigĂ©ration de l’eau. Ce systĂšme nĂ©cessite une alimentation Ă©lectrique (pour le fonctionnement des pompes), sĂ©curisĂ© par un ou plusieurs systĂšmes de secours (des groupes Ă©lectrogĂšnes qui prennent automatiquement le relais en cas de problĂšme).

Dans les centrales françaises, le systĂšme de refroidissement d’une piscine de stockage de combustible est doublĂ© (constituĂ© de deux voies incluant chacune une pompe et un Ă©changeur thermique). « Quand du combustible est prĂ©sent dans la piscine, les deux voies doivent ĂȘtre disponibles, une pompe Ă©tant en fonctionnement tandis que l'autre reste disponible en secours »[10].

Selon les pays ou les cas, les assemblages de combustible sont refroidis de trois Ă  six ans en piscine prĂšs du rĂ©acteur puis encore conservĂ©s sous l'eau durant dix Ă  vingt ans avant d'ĂȘtre envoyĂ©s en retraitement, en stockage en fĂ»ts, ou stockage Ă  sec.

Réfrigération

L'eau de la piscine de stockage de combustible est borĂ©e, filtrĂ©e et refroidie en permanence, en circuit fermĂ©, pour Ă©vacuer la chaleur Ă©mise par les assemblages de combustible (des pompes Ă©lectriques font circuler l'eau de la piscine de combustible irradiĂ© dans un systĂšme d’échangeurs thermiques avant de la rĂ©introduire, refroidie dans la piscine de dĂ©sactivation).

En conditions normales de fonctionnement la tempĂ©rature de l’eau ne doit jamais monter au-dessus d’un seuil fixĂ© par les spĂ©cifications techniques d'exploitation, par exemple sous 45 °C pour la centrale nuclĂ©aire de Gravelines[10] ou 50 °C pour d’autres types de centrales[11].

  • DĂ©rogation aux prescriptions de fonctionnement
Comme pour toute prescription, des dĂ©rogations, voire des « dĂ©rogations gĂ©nĂ©riques »[10] peuvent ĂȘtre accordĂ©es sous conditions, par l’autoritĂ© de sĂ»retĂ© nuclĂ©aire nationale (l’ASN en France). Par exemple le stockage, dans une piscine de dĂ©sactivation de « bĂątiment combustible », de « combustible ayant une puissance rĂ©siduelle supĂ©rieure Ă  la valeur dite normale figurant au rapport de sĂ»retĂ© », est autorisĂ© par l’ASN française, mais une des conditions requises est d’augmenter la puissance de rĂ©frigĂ©ration en prĂ©-disposant en parallĂšle les deux Ă©changeurs de refroidissement de la piscine de dĂ©sactivation[10].

Contrîle de l’atmosphùre du bñtiment

Le scĂ©nario d’une radiolyse importante de l’eau en condition humide, c'est-Ă -dire de sa dissociation en hydrogĂšne et oxygĂšne par les effets combinĂ©s de la haute tempĂ©rature et des rayonnements ionisants (α, ÎČ, Îł) avec de l'eau[12], avec Ă©ventuel effet catalytique de mĂ©taux contenus dans les gaines de combustibles est redoutĂ©, car cette production d’hydrogĂšne est susceptible de conduire Ă  une explosion.

Pour cette raison, l'air des bĂątiments contenant les piscines de stockage doit ĂȘtre constamment surveillĂ© et Ă©ventuellement traitĂ© en cas de prĂ©sence d’hydrogĂšne (ventilation, injection d’azote comme lors de l’accident nuclĂ©aire de Fukushima, etc.).

Localisation

Dans les rĂ©acteurs Ă  eau bouillante (REB), ces « piscines » sont construites de maniĂšre que leur ouverture soit situĂ©e Ă  cĂŽtĂ© et Ă  la mĂȘme hauteur que celle de l'ouverture supĂ©rieure de la cuve du rĂ©acteur (couvercle ĂŽtĂ©), dans le bĂątiment-mĂȘme, de maniĂšre Ă  minimiser le temps de transfert du combustible du rĂ©acteur Ă  la piscine au moyen d’une « navette » ou d’un tube.

Dans les centrales REP françaises, un bĂątiment combustible accolĂ© au bĂątiment rĂ©acteur abrite la piscine de dĂ©sactivation. Celle-ci est connectĂ©e Ă  la piscine du bĂątiment rĂ©acteur par un tube de transfert qui est fermĂ© en marche normale et ouvert lors des opĂ©rations de chargement/dĂ©chargement du rĂ©acteur. Lorsqu’il est ouvert, les niveaux des deux piscines est Ă©quilibrĂ©[9].

La « piscine de stockage du combustible ou de dĂ©sactivation » situĂ©e dans le bĂątiment combustible[13], ne doit pas ĂȘtre confondue avec la « piscine du rĂ©acteur » situĂ©e dans le bĂątiment rĂ©acteur[14].

Dans les complexes importants ou dans les pays ne disposant pas de grands centres de retraitement du combustible, une piscine secondaire peut ĂȘtre construite Ă  proximitĂ© pour un entreposage secondaire quand le combustible est devenu un peu moins radioactif et sensible, avant transfert vers une filiĂšre d'Ă©limination de dĂ©chets ou de retraitement et Ă©limination (La Hague ou Sellafield en Europe) qui retraiteront et reconditionneront une partie des dĂ©chets.

Surveillance et sécurité

Lors des Ă©tudes prĂ©alables Ă  la construction d’une centrale, le concepteur doit correctement dimensionner la piscine (avec une marge de sĂ©curitĂ©)[15], en fonction du volume, de la masse et de la nature et composition des objets qu’elle devra contenir (i.e. teneur en matiĂšre fissible, tempĂ©rature, intĂ©gritĂ©, etc.), des risques externes (sĂ©ismes, inondations, etc.) et internes (incendie, inondation, etc.).

En France, l’exploitant doit dĂ©clarer dans un « rapport de sĂ»retĂ© » le(s) type(s) de combustible(s) prĂ©vu(s) ou autorisĂ©(s) pour chaque piscine[16].

Une fois la piscine en service, l’exploitant doit veiller :

  1. au refroidissement suffisant du contenu de la piscine. En France, quand un rĂ©acteur est Ă  l’arrĂȘt pour maintenance (ou en cas de perte des sources Ă©lectriques du rĂ©seau national), un groupe Ă©lectrogĂšne (diesel) de secours (lui-mĂȘme doublĂ© par sĂ©curitĂ©) assure automatiquement l’alimentation des Ă©quipements indispensables au refroidissement de la piscine oĂč est stockĂ© le combustible. Deux voies d'alimentation Ă©lectrique sont prĂ©vues, chacune secourue par un groupe Ă©lectrogĂšne en cas de problĂšme, l’une des deux devant toujours rester disponible[17].
  2. Ă  ce que le niveau de l’eau d’une piscine chargĂ©e ne baisse pas sous le seuil de sĂ©curitĂ© (qui en rĂ©alitĂ© varie selon la quantitĂ©, l’ñge, le type et l’état du combustible stockĂ©), le risque maximum Ă©tant – en cas de fuite importante ou vidange accidentelle - la mise au sec (« dĂ©noyage ») de tout ou partie du combustible (accident nuclĂ©aire de Fukushima au Japon en 2011)[18]. Le problĂšme concerne aussi les usines de retraitement qui doivent stocker une grande quantitĂ© de combustible usagĂ© en piscine. Un « Programme de recherche pour l’étude du comportement d’assemblages combustibles entreposĂ©s en piscine Ă  La Hague en cas de dĂ©noyage » a Ă©tĂ© financĂ© de 1997 Ă  2000[19] en France, par l’IRSN avec Areva, pour l’un des plus gros sites de stockage du monde oĂč de nombreux paniers d’entreposage de combustibles sont immergĂ©s de maniĂšre assez dense pour « s’échauffer, se dĂ©former, voire perdre leur Ă©tanchĂ©itĂ© » en cas de dĂ©noyage[19].
  3. Ă  prĂ©server et entretenir l’intĂ©gritĂ© du systĂšme et son bon fonctionnement.

En France, les « rĂšgles gĂ©nĂ©rales d'exploitation » (visĂ©es et validĂ©es par l'AutoritĂ© de sĂ»retĂ© nuclĂ©aire) et des « prescriptions techniques » dĂ©crivent les dispositions qui s’appliquent Ă  chaque type de piscine et installations connexes[20].

Pour des raisons de sĂ©curitĂ© la surveillance Ă©lectronique du niveau de l’eau Ă  partir de la salle de contrĂŽle via un capteur de niveau est doublĂ©e d’une surveillance humaine pĂ©riodique (visuelle et par mesure en local du niveau de l’eau). En France, les « rĂšgles gĂ©nĂ©rales d’exploitation » stipulent que toute manutention d’assemblages de combustibles soit stoppĂ©e dans l’heure qui suit l’indisponibilitĂ© du capteur de niveau.

En France, une baisse intempestive du niveau de l’eau dĂ©clenche un systĂšme de sĂ»retĂ© qui doit injecter automatiquement de l’eau borĂ©e dans la piscine pour compenser sa perte de capacitĂ© de refroidissement (si le bore est accidentellement indisponible, toute opĂ©ration de dĂ©chargement doit ĂȘtre interrompue dans l’heure)[21].

L’eau de la piscine doit ĂȘtre suffisamment borĂ©e, pour prĂ©venir toute possibilitĂ© de dĂ©marrage intempestif de rĂ©action nuclĂ©aire. Outre son niveau, la qualitĂ© chimique et physique de l’eau (teneur en bore, ions chlorures[20], oxygĂšne, radioactivitĂ©, etc.) doit Ă©galement ĂȘtre rĂ©guliĂšrement suivie. Des opĂ©rations pĂ©riodiques de purification de piscines ont lieu[22].

Comme il existe un risque de dĂ©gazage d’hydrogĂšne (par radiolyse de l’eau de la piscine ou par rĂ©action zirconium/vapeur d’eau Ă  haute tempĂ©rature[23]), ou de dĂ©gazage d’iode ou d’autres radionuclĂ©ides en cas d’endommagement d’un ou plusieurs Ă©lĂ©ments combustibles, la qualitĂ© de l’air doit aussi ĂȘtre surveillĂ©e. Le « bĂątiment rĂ©acteur » et sa piscine ou le cas Ă©chĂ©ant le « bĂątiment combustible » disposent d’un systĂšme autonome de ventilation et filtration de l'air intĂ©rieur, qui vise Ă  Ă©liminer la radioactivitĂ© de l’air ambiant (piĂšge Ă  iode) et en cas d'accident, Ă  limiter les risques de concentration d’hydrogĂšne explosif[24]. Le systĂšme de ventilation doit aussi pouvoir confiner d’éventuels gaz ou aĂ©rosols radioactifs par une « mise en dĂ©pression » du bĂątiment[25].

Un dispositif (ex , en France les deux « chaßnes » de mesure KRT 033 MA et KRT 032 MA) mesure le rayonnement gamma ambiant dans le bùtiment contenant la piscine d'entreposage du combustible[26]

Risques internes Ă  la centrale

Liés directement aux piscines de désactivation

Le danger majeur est la perte du refroidissement des Ă©lĂ©ments combustibles conduisant Ă  leur dĂ©tĂ©rioration et donc au relĂąchement des produits de fission qu’ils contiennent ainsi que leur capacitĂ© Ă  gĂ©nĂ©rer de l’hydrogĂšne par radiolyse de l’eau. L’opĂ©rateur doit Ă  la fois Ă©viter toute baisse intempestive du niveau de l’eau et son rĂ©chauffement excessif, sachant que moins il y a d’eau plus elle s’échauffe vite et moins elle joue son rĂŽle d’écran liquide contre les radiations[1].

Liés aux bùtiments abritant les piscines de désactivation

Des dĂ©fauts techniques peuvent aussi affecter les systĂšmes de surveillance ou confinement/ventilation/filtration de l’air intĂ©rieur. Ainsi Ă  Gravelines, un type de clapet susceptible de mal se fermer Ă©quipait chacun des bĂątiments-combustible abritant pour chaque rĂ©acteur la piscine de dĂ©sactivation ou de stockage de combustible. AprĂšs constat du dysfonctionnement (le dans le bĂątiment du rĂ©acteur n° 2 alors en production) tous les clapets ont Ă©tĂ© changĂ©s pour Ă©viter qu’en situation accidentelle, de l'air contaminĂ© puisse, pour partie, ĂȘtre rejetĂ© Ă  l'extĂ©rieur, en contournant les piĂšges Ă  iode[27]. EDF a ensuite constatĂ© que ces clapets Ă©taient aussi utilisĂ©s dans les bĂątiments abritant les piscines 1 et 2 de Saint-Laurent-des-Eaux, dans ceux des rĂ©acteurs 1, 2 et 3 de Cruas, du rĂ©acteur 1 de Chinon, du rĂ©acteur 1 du Blayais et des rĂ©acteurs 3 et 4 du Tricastin, puis a selon l’ASN corrigĂ© le problĂšme[28].

Erreurs humaines

Le risque dit « humain » d’actions inadĂ©quates pour le systĂšme ou de non-respect des prescriptions existe toujours comme pour toute activitĂ© humaine[29] - [30].

Risques externes Ă  la centrale

Ils incluent les dommages dont l’origine est indĂ©pendante de l’opĂ©rateur et du matĂ©riel, pouvant ĂȘtre causĂ©s par exemple par des Ă©vĂ©nements mal ou non pris en compte lors de la conception : tremblements de terre, chute d’un avion ou d’un mĂ©tĂ©ore, par un tsunami ou une inondation ou encore malveillance ou attaques terroristes.

La gestion de crise est aussi rendue plus complexe quand plusieurs problĂšmes se manifestent en mĂȘme temps ou sur plusieurs piscines, rĂ©acteurs ou centrales comme cela a Ă©tĂ© le cas au Japon en 2011 oĂč l’opĂ©rateur (TEPCO) a Ă©tĂ© confrontĂ© Ă  la dĂ©faillance de plusieurs piscines et rĂ©acteur, dans un contexte ou le tremblement de terre et le tsunami l’avaient privĂ© d’électricitĂ© et de moyens de refroidissement.

Retour d’expĂ©rience de l’accident de Fukushima

Le risque nuclĂ©aire est gĂ©nĂ©ralement associĂ© Ă  la perte d’intĂ©gritĂ© du cƓur, mais le tsunami qui a suivi le sĂ©isme de magnitude 9 (accident de type « Genpatsu-shinsai ») survenu au Japon en dont la hauteur n’avait pas Ă©tĂ© prise en compte lors de la conception de la centrale nuclĂ©aire de Fukushima[31] - [32], a rappelĂ© que, mĂȘme lorsqu’elles ne sont pas directement endommagĂ©es par un sĂ©isme ou un tsunami, les piscines peuvent ĂȘtre impactĂ©es notamment Ă  la suite de la perte de leur refroidissement ou de leur alimentation en eau, entrainant une baisse de niveau d’eau risquant de dĂ©tĂ©riorer les Ă©lĂ©ments combustibles par surchauffe lors de leur dĂ©noyage[33] - [34] - [35].

L’accident nuclĂ©aire de Fukushima au Japon (2011) a apportĂ© un retour d’expĂ©rience utile aux chercheurs et aux opĂ©rateurs techniques du nuclĂ©aire. C’est en effet la premiĂšre fois qu’une perte de contrĂŽle[36] aussi grave, longue et importante a eu lieu (et sur plusieurs piscines durant la mĂȘme pĂ©riode). L’opĂ©rateur TEPCO estimait l’accident de criticitĂ© trĂšs peu probable, mais le risque majeur Ă©tait le relĂąchement incontrĂŽlable de matiĂšres radioactives si les barres Ă©taient dĂ©tĂ©riorĂ©es Ă  la suite d’une surchauffe aprĂšs leur dĂ©noyage[37] - [38] - [39] - [40].

En France

En cas de violent sĂ©isme les mouvements des lourds rĂąteliers chargĂ©s de combustible peuvent endommager les parois de la piscine si leurs vĂ©rins amortisseurs fonctionnent mal. Le 2001, EDF a dĂ©clarĂ© une absence de maintenance sur les rĂąteliers des piscines des rĂ©acteurs de 11 centrales (celles de Bugey, Cruas, Blayais, Tricastin, Gravelines, Saint-Laurent, Dampierre, Chinon, Paluel, Flamanville et Saint-Alban.). En , EDF avait lancĂ© une procĂ©dure de maintenance de ces vĂ©rins et fournira avant fin octobre 2001 un Ă©chĂ©ancier de remise en conformitĂ© (incident classĂ© au niveau 1 de l’échelle INES)[41].

Actes malveillants

Le , des militants de Greenpeace s’introduisent sur le site de la centrale nuclĂ©aire de Cattenom[42]. Ils dĂ©clenchent un feu d'artifice aux abords de la piscine[43]. Cette action fait suite Ă  un rapport de Greenpeace remis officiellement aux autoritĂ©s deux jours auparavant, dans lequel des experts mandatĂ©s ont Ă©tudiĂ© diffĂ©rents scĂ©narios d’attaque extĂ©rieure pouvant viser les centrales en France. Selon eux, des failles sĂ©curitaires remettraient en cause la protection des installations, principalement la capacitĂ© de rĂ©sistance des piscines d’entreposage des combustibles nuclĂ©aires[44]. EDF a prĂ©cisĂ© que, de par leur dimension, leur robustesse et l’épaisseur de leurs murs en bĂ©ton internes et externes (conçus pour rĂ©sister Ă  l’impact d’un avion), tous les bĂątiments sont conçus pour rĂ©sister aux agressions ou aux catastrophes naturelles. En plus des mesures de sĂ©curitĂ© classiques allouĂ©es aux sites sensibles, les centrales peuvent s’appuyer sur un peloton spĂ©cialisĂ© de protection de la gendarmerie ainsi que sur une surveillance quotidienne de l’espace aĂ©rien. EDF a Ă©galement annoncĂ© que des moyens supplĂ©mentaires vont ĂȘtre allouĂ©s Ă  la protection des centrales[45].

  • VulnĂ©rabilitĂ© physique
Les rĂ©acteurs sont entourĂ©s de murs de bĂ©ton spĂ©cial, armĂ© et prĂ©contraint, Ă©pais de 1,2 m aux États-Unis; en France les rĂ©acteurs sont entourĂ©s par des parois de bĂ©ton d’une Ă©paisseur comprise, selon l’AutoritĂ© de SĂ»retĂ© NuclĂ©aire (ASN), entre 60 cm et 1 mĂštre[46]. En France, les piscines de stockage de combustibles usĂ©s ont des parois de trente centimĂštres ( 30cm ) d'Ă©paisseur, dont 2 Ă  3 centimĂštres de tĂŽle mĂ©tallique[47]. Les piscines elles-mĂȘmes semblent solidement construites, mais ce n’est gĂ©nĂ©ralement pas le cas des bĂątiments les abritant, qui sont « construits en matĂ©riaux conventionnels et a priori vulnĂ©rables Ă  la collision d’un avion ou Ă  des explosifs[48] », ou comme on l’a vu Ă  Tchernobyl et au Japon en 2011, trĂšs vulnĂ©rables Ă  une explosion d’hydrogĂšne.
Le Dr. Kevin Crowley du Nuclear and Radiation Studies Board alertait dĂ©jĂ  en 2003 sur le fait que les piscines sont plus vulnĂ©rables que les rĂ©acteurs Ă  une attaque malveillante, qui si elle rĂ©ussissait Ă  propager un feu de zirconium relarguerait une grande quantitĂ© de radionuclĂ©ides dans l’air [49]. La Commission de rĂ©glementation nuclĂ©aire des États-Unis a considĂ©rĂ© aprĂšs les attentats du 11 septembre 2001 qu’une meilleure protection des centrales nuclĂ©aires Ă©tait requise[49]
En 2017 Greenpeace France commande un rapport indépendant sur les risques liés aux actes de malveillance visant les piscines[50]. Pour des raisons de sécurité ce rapport n'a pas été rendu public mais remis aux autorités responsables de la sécurité des centrales. Dans la foulée une action de Greenpeace a consisté à pénétrer sur le site d'une centrale française (Cattenom) et à déclencher un feu d'artifice à proximité directe de la piscine du réacteur[51].

Incidents liés aux piscines de stockage de combustible nucléaire

Piscine de stockage NÂș4 de la centrale de Fukushima Daiichi

L’incident le plus grave a eu lieu le 11 mars 2011 sur la piscine du rĂ©acteur nÂș4 de Fukushima Daiichi oĂč le combustible usĂ© venait d’ĂȘtre dĂ©chargĂ© et prĂ©sentait donc une puissance rĂ©siduelle importante. À la suite du tsunami, les systĂšmes de refroidissement et d’appoint en eau de la piscine de stockage sont perdus provoquant une montĂ©e en tempĂ©rature et une Ă©bullition de l’eau. À partir du 15 mars, la baisse consĂ©cutive du niveau d’eau fait craindre de dĂ©couvrir le haut des assemblages. Un arrosage de fortune par rampes Ă  eau a permis un appoint minimal Ă  la piscine. À partir du 21 mars la piscine est de nouveau refroidie correctement et sa tempĂ©rature descend en dessous de 30 °C. Une vidĂ©o prise en mai 2011 montre que les hauts des assemblages combustible semblent intacts confirmant « qu’il n’y a pas eu dĂ©noyage, donc fonte des parties supĂ©rieures avec rejets de produits radioactifs contrairement Ă  ce que l’on avait craint »[18]. Cet incident grave est initialement individuellement classĂ© au niveau 3 de l’échelle INES par l’agence de sĂ©curitĂ© industrielle et nuclĂ©aire japonaise (NISA)[52] - [53], puis intĂ©grĂ© dans l’accident de la centrale de Fukushima Daiichi classĂ© au niveau 7[54].

Installations nucléaires françaises

  • Le , durant un arrĂȘt de maintenance et rechargement du rĂ©acteur n° 1 de la centrale nuclĂ©aire de Belleville, une pompe du circuit de refroidissement de la piscine du rĂ©acteur est restĂ©e « indisponible » 55 heures, alors que les rĂšgles gĂ©nĂ©rales d’exploitation imposent ce type de rĂ©paration en moins de 16 heures. Cet Ă©vĂ©nement est classĂ© au niveau 1 de l’échelle INES[55].
  • Fermeture par erreur, le , d’une vanne du circuit de refroidissement de la piscine d’entreposage du « bĂątiment combustible » de la centrale nuclĂ©aire de Cruas-Meysse (4 rĂ©acteurs de 900 MWe, gĂ©rĂ©s Ă  Cruas-Meysse (France) par EDF), ce qui a provoquĂ© l’arrĂȘt du systĂšme de refroidissement de la piscine. Cet incident a Ă©tĂ© repĂ©rĂ© et rĂ©parĂ© assez rapidement pour qu’il soit restĂ© sans consĂ©quences selon l’opĂ©rateur. Cet Ă©vĂ©nement est classĂ© au niveau 1 de l’échelle de l’INES[56].
  • Dans la centrale de Cruas-Meysse, en , sur le rĂ©acteur n° 1 en cours de chargement, Ă  l’occasion d’un appoint en eau Ă  la piscine, un agent a dĂ©connectĂ© l’un des deux Ă©changeurs refroidissant la piscine et a oubliĂ© de le reconnecter une fois l’opĂ©ration faite. MalgrĂ© un dĂ©lai maximal rĂšglementaire de 8 heures entre chaque vĂ©rification, l’échangeur n’a Ă©tĂ© remis en activitĂ© que 21 heures aprĂšs sa mise hors service; or, quand la puissance rĂ©siduelle du combustible stockĂ© dĂ©passe 5,45 MW, l’exploitant doit brancher « en parallĂšle » les deux Ă©changeurs sur le circuit de refroidissement pour en amĂ©liorer les performances. L’inertie thermique de la piscine et de ses parois laissent Ă  l’opĂ©rateur une certaine marge pour la rĂ©paration d’un problĂšme, si la piscine reste bien pleine (et dans le cas citĂ© en exemple ci-dessus, la tempĂ©rature n’a pas dĂ©passĂ© 35 °C). Cet Ă©vĂ©nement est classĂ© au niveau 1 de l’échelle INES [57].
  • Le , une fuite s'est produite sur un des deux circuits PTR de refroidissement de la piscine du « bĂątiment combustible » de la tranche 3 (alors en arrĂȘt technique) de la centrale nuclĂ©aire de Gravelines[58]. À ce moment, tout le combustible du rĂ©acteur Ă©tait stockĂ© dans la piscine. Les spĂ©cifications techniques veulent dans ce cas que les deux voies de refroidissement soient conjointement disponibles, une pompe Ă©tant en fonctionnement tandis que l'autre reste disponible en secours[58]. Le , une fuite (dĂ©bit : +/- 12 L/h) s’est produite au niveau d’une soudure sur l'un des deux circuits de refroidissement de la piscine, et quand – Ă  la demande de l'ASN, EDF a contrĂŽlĂ© l’autre circuit, des dĂ©fauts y ont Ă©tĂ© constatĂ©s[58]. PrĂšs de 3 semaines plus tard (le ), l'exploitant constatait une aggravation de la fuite et plusieurs dĂ©fauts, suite – selon l’ASN - Ă  « la mise en place de dispositifs inadaptĂ©s »[58]. AprĂšs plusieurs tentatives et aprĂšs avoir fait appel Ă  « ses compĂ©tences locales et nationales », le circuit non-Ă©tanche a pu ĂȘtre rĂ©parĂ© (le ).
  • Le , une vanne d’échantillonnage de l’eau de la piscine de l'atelier pour l'entreposage du combustible du rĂ©acteur SuperphĂ©nix a Ă©tĂ© laissĂ©e ouverte, ce qui a causĂ© une vidange partielle de la piscine. L’eau Ă©tant descendue sous le « niveau bas », un appoint manuel d’eau a Ă©tĂ© fait, mais l'origine de la vidange n’ayant pas Ă©tĂ© identifiĂ©e et corrigĂ©e, celle-ci s’est poursuivie, nĂ©cessitant un nouvel appoint le lendemain. La cause de la fuite a Ă©tĂ© identifiĂ©e deux jours plus tard (le lundi ) grĂące aux plans des canalisations. La vanne Ă©tait restĂ©e anormalement ouverte pendant cinq jours, alors qu’un Ă©vĂšnement semblable Ă©tait dĂ©jĂ  advenu en ; de par son caractĂšre rĂ©pĂ©titif l’incident est classĂ© au niveau 1 de l'Ă©chelle INES[59].
  • Le , lors du dĂ©chargement du rĂ©acteur n° 1 de Fessenheim, un essai mal prĂ©parĂ© de dĂ©charge de batterie Ă©lectrique a induit une coupure de courant sur un tableau Ă©lectrique, causant conjointement un arrĂȘt des pompes du systĂšme de refroidissement de la piscine de stockage du combustible, la perte du moyen de mesure de la rĂ©activitĂ©, et la perte du moyen de mesurer le taux de bore dans le rĂ©acteur. Cet incident a Ă©tĂ© classĂ© au niveau 1 de l'Ă©chelle INES[60].
  • Au Blayais, alors que des assemblages de combustible Ă©taient en cours de manipulation, le 9, puis le , des travaux de maintenance sur un capteur de mesure de dĂ©bit a deux fois conduit Ă  l'arrĂȘt automatique de la ventilation du « bĂątiment combustible » (durant 15 minutes) avant l'arrĂȘt des opĂ©rations de manutention. Cet Ă©vĂ©nement est classĂ© au niveau 1 de l’échelle INES (manque de culture sĂ»retĂ©)[25].
  • Le , dans la centrale nuclĂ©aire de Gravelines, alors qu’un combustible chaud Ă©tait entreposĂ© dans la piscine de stockage, l’exploitant a utilisĂ© une des 2 pompes de refroidissement pour faire un appoint vers un autre circuit. Cette utilisation a rendu cette pompe indisponible pour le refroidissement alors qu’elle Ă©tait requise comme l’imposent les conditions compensatoires de la dĂ©rogation autorisant, sous certaines rĂ©serves, Ă  stocker ce type de combustible Ă  plus forte activitĂ©. L’incident a Ă©tĂ© corrigĂ© avant que la tempĂ©rature de la piscine n’atteigne 45 °C. Cet Ă©vĂ©nement est classĂ© au niveau 1 de l’échelle INES[10].
  • En septembre 2002, Ă  la centrale nuclĂ©aire de Gravelines, une opĂ©ration se fait aprĂšs autorisation de l’autoritĂ© de suretĂ©, mais avec des moyens non rĂšglementaires (congĂ©lation d’une des tuyauteries du circuit de rĂ©frigĂ©ration de la piscine du rĂ©acteur n° 6) pour pose d'une vanne d'isolement sans arrĂȘter la rĂ©frigĂ©ration par le circuit PTR; l’opĂ©ration Ă©tait autorisĂ©e, mais pas au moyen d’azote liquide comme cela a Ă©tĂ© fait[61]).
  • Pertes brĂšves (quelques minutes), mais simultanĂ©es de deux systĂšmes de secours en alimentation Ă©lectrique (nĂ©cessaire au refroidissement de la piscine), dans la tranche n° 1 (en 2002) puis n° 2 (en 2004) de la centrale nuclĂ©aire de Cattenom. À l’arrĂȘt de ces rĂ©acteurs pour maintenance - alors que le combustible Ă©tait stockĂ© dans la piscine -, les deux moteurs diesel de secours ont Ă©tĂ© simultanĂ©ment indisponibles durant quelques minutes (l’un des moteurs Ă©tait en maintenance et une vanne d’admission d’air de l’autre moteur avait Ă©tĂ© inopinĂ©ment fermĂ©e[17].
  • En mai 2003, Ă  la centrale de Cattenom, un mauvais cĂąblage dans une armoire Ă©lectrique de la tranche 4, a rendu un des diesels de secours indisponible durant un arrĂȘt pour maintenance du rĂ©acteur alors qu’il Ă©tait requis pour alimenter le systĂšme de refroidissement de la piscine de stockage du combustible. Cet Ă©vĂ©nement est classĂ© au niveau 1 de l’échelle INES[62].
  • Le 18 septembre 2002, Ă  Cadarache, un technicien se jette volontairement dans une piscine oĂč des combustibles irradiĂ©s Ă©taient entreposĂ©s (en l’occurrence, celle de la station de traitement des effluents et dĂ©chets solides du CEA de Cadarache) ; il n’y est restĂ© que moins d’une minute, n’a pas bu d’eau et aurait Ă©tĂ© peu contaminĂ© ; « certains propos tenus par l'agent avant son acte indiquent que son geste Ă©tait sans doute volontaire ». L'incident a Ă©tĂ© classĂ© au niveau zĂ©ro sur l'Ă©chelle INES[63].
  • Le , six agents de la centrale nuclĂ©aire de Cattenom se sont contaminĂ©s (contamination interne), a priori par des particules radioactives qu’ils ont mises en suspension dans l’air, lors du nettoyage, avec un nettoyeur haute pression, du local des filtres de la piscine de stockage des Ă©lĂ©ments combustible. « AprĂšs leur passage au service mĂ©dical, la contamination interne des six agents a Ă©tĂ© Ă©tablie Ă  un niveau infĂ©rieur au centiĂšme de la limite rĂ©glementaire annuelle ». Cet Ă©vĂ©nement est classĂ© au niveau zĂ©ro de l’échelle INES[64].

Prospective

À cause de l’allongement de la durĂ©e de fonctionnement de la plupart des centrales (par rapport Ă  ce qui Ă©tait initialement prĂ©vu), certaines piscines de dĂ©sactivation pourraient ĂȘtre saturĂ©es. L’AutoritĂ© de sĂ»retĂ© nuclĂ©aire amĂ©ricaine estimait ainsi que la plupart des centrales nuclĂ©aires des États-Unis verront leurs piscines de combustible usĂ© pleines ou surchargĂ©es avant 2015, ce qui nĂ©cessitera la construction ou l'utilisation d’autres zones stockage temporaire[65].

La rĂ©glementation a Ă©voluĂ© aux États-Unis pour permettre une rĂ©organisation du rangement des crayons usagĂ©s dans les piscines, afin de maximiser l’efficacitĂ© dans le stockage[66].

Or, mĂȘme si quelques moyens de mieux rentabiliser le volume disponible ont Ă©tĂ© trouvĂ©s (ex : utiliser des crayons anciens dont la radioactivitĂ© a dĂ©jĂ  diminuĂ© comme blindage pour du combustible usagĂ© encore trĂšs actif, rĂ©cemment dĂ©chargĂ© du rĂ©acteur[67], stockages en assemblages plus denses
), des rĂ©acteurs fonctionnent avec des piscines qui sont prĂšs des limites de capacitĂ© que leur ont initialement attribuĂ© leurs concepteurs[68].

En France, l’IRSN considĂšre cette situation « anormale » et constate que « de ce fait, les installations participant Ă  la sĂ»retĂ© du stockage des assemblages se trouvent aujourd'hui exploitĂ©es au-delĂ  des limites dĂ©finies dans les rapports de sĂ»retĂ© des centrales nuclĂ©aires ». Sur la base des retours d'expĂ©rience dont il dispose, et sur la base du « rĂ©examen de la sĂ»retĂ© effectuĂ© sur les rĂ©acteurs de 900 MWe d'autre part », ceci s’est traduit par des contraintes d’exploitation supplĂ©mentaires en attendant des solutions plus dĂ©finitives devant amĂ©liorer globalement la conception et l'exploitation des installations de stockage du combustible usĂ© dans les centrales nuclĂ©aires. Pour l’IRSN, des accidents de type vidange rapide d’une piscine, incendie ou inondation du bĂątiment de combustible « pourraient de ne pas ĂȘtre maĂźtrisĂ©s dans l’état actuel des installations ».

EDF Ă©tudie de son cĂŽtĂ© des solutions de meilleure sĂ©curisation du stockage du combustible usĂ© et allĂ©ger les contraintes actuelles sur l'exploitation des piscines de stockage des rĂ©acteurs de 900 MWe. Un contrĂŽle amĂ©liorĂ© et mieux instrumentĂ© du refroidissement et du niveau d’eau et une amĂ©lioration des procĂ©dures des moyens d’appoint (en eau borĂ©e et en Ă©lectricitĂ©) et des procĂ©dures font partie des amĂ©liorations.

L’IRSN encourage EDF sur cette voie, mais dans l'attente il a Ă©tĂ© dĂ©cidĂ© en 2002 de maintenir quelques mesures compensatoires dĂ©finies en 1998, Ă  adapter aux rĂ©acteurs plus rĂ©cents et plus puissants (1 300 et 1 450 MWe)[69].

Alternatives ou variantes possibles

Pour faire face aux dépassement de capacité des piscines, certains pays envisagent un stockage complémentaire en fûts à sec[68].

Recherche

Des Ă©tudes sur la sĂ©curitĂ© du stockage en piscine sont pĂ©riodiquement publiĂ©es. En France, l’IRSN fait partie des structures de recherche travaillant sur le comportement des assemblages combustibles en piscine, en situation normale et dĂ©gradĂ©e[9].

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • (en) Gary F. Bennett / AIEA ; Operation of spent fuel storage facilities ; Agence internationale de l'Ă©nergie atomique, Vienne, Autriche, 1995 (Safety Series No. 117), 54 p., (ISBN 92-0-105094-1) ; Journal of Hazardous Materials, volume 45, n° 2-3, , pages 281-282 (lien payant) ;
  • Laurent Beloeil, thĂšse de doctorat de l'universitĂ© d'Aix-Marseille I : Étude d'un accident de criticitĂ© mettant en prĂ©sence des crayons combustibles et de l'eau hors rĂ©acteur de puissance, soutenue le (rĂ©sumĂ©, avec IRSN / Service de recherche en sĂ»retĂ© et criticitĂ© (SRSC)).

Liens externes

Références

  1. Entreposage du combustible nucléaire usé : concepts et enjeux de sûreté - Rapport IRSN n°2018-00003, assemblee-nationale, juin 2018
  2. Retour sur la 1ùre livraison de combustible à l’EPR de Flamaville, edf, 30 octobre 2020
  3. RĂ©acteur 3 Nombreux dĂ©fauts d'Ă©tanchĂ©itĂ©s d'assemblages combustibles , Avis d’incident (Centrale nuclĂ©aire de Cattenom), 2001-03-18
  4. L’aval du cycle du combustible nuclĂ©aire, synatom, consultĂ© le 25 avril 2021
  5. Absorbeurs de neutrons, laradioactivite, consulté le 25 avril 2021
  6. IRSN, Page intitulée Rappel concernant les ionisateurs industriels, consultée le 17 avril 2011.
  7. ASN, Anomalie affectant les rĂąteliers de stockage du combustible usĂ© des centrales EDF, Avis d’incident, 14 septembre 2001.
  8. [PDF] Selon le bulletin de l'AIEA, Vol 10 n° 1.0
  9. Recherches sur les accidents de dĂ©noyage des piscines d’entreposage de combustible irradiĂ©, irsn, consultĂ© le 04 mai 2021
  10. Réacteur 3 Non-respect d'une condition d'une dérogation générique relative au refroidissement de la piscine de désactivation du bùtiment combustible ; Avis d'incident ; Paris, le 3 mars 2003
  11. (en) Fort Calhoun Nuclear Station, Présentation, consulté le 16 mars 2011.
  12. (en) Alfred Schneider, « Radiolytic Water Splitting : Demonstration at the Pm3-a Reactor », sur aiche.confex.com, (consulté le )
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  14. Lexique asn : piscine du réacteur, asn, consulté le 10 mai 2021
  15. IntĂ©grer les garanties dans la conception des installations d’entreposage de combustible usĂ©, iaea, 16 juillet 2019
  16. ASN, Rapport d’incident (piscine P 2 du parc d'entreposage des dĂ©chets radioactifs (INB 56) du centre d'Ă©tudes du CEA Ă  Cadarache).
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  18. Fukushima : Piscine N°4. Un manque de refroidissement des combustibles usés, laradioactivite.com, consulté le 9 mai 2021].
  19. Franck Arreghini (IRSN), Flash-info intitulĂ© « Programme de recherche pour l’étude du comportement d’assemblages combustibles entreposĂ©s en piscine Ă  La Hague en cas de dĂ©noyage », consultĂ© 2011-04-17.
  20. Non-respect de la pĂ©riodicitĂ© de contrĂŽles semestriels, Avis d’incident, 22 novembre 2001.
  21. DĂ©tection tardive d’une indisponibilitĂ© de matĂ©riel (systĂšme d’injection automatique d’eau borĂ©e), Cattenom, asn, 21 septembre 2010
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  23. Centrales nuclĂ©aires : le risque d’explosions dues Ă  l‘hydrogĂšne prĂšs des piscines de combustible est faible, ensi, 26 fĂ©vrier 2014
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  25. ASN, ArrĂȘt de la ventilation du bĂątiment combustible durant une opĂ©ration de manutention d'assemblages de combustible, Avis d’incident (Centrale nuclĂ©aire du Blayais), 10 septembre 2002.
  26. ASN, RĂ©acteur 2 Absence de traitement de deux critĂšres non satisfaisants mis en Ă©vidence lors d'un essai pĂ©riodique de la chaĂźne de mesure KRT 033 MA, Avis d’Incident (Centrale nuclĂ©aire de Civaux, 4 octobre 2001).
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