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Centrale nucléaire de Gravelines

La centrale nuclĂ©aire de Gravelines est une centrale nuclĂ©aire se situant dans la commune de Gravelines (Nord) Ă  environ 20 km Ă  l'ouest de Dunkerque, 25 km Ă  l'est de Calais et 85 km au nord-ouest de Lille, principale ville de la conurbation transfrontaliĂšre Lille-Roubaix-Tourcoing-Mouscron qui constitue l'une des zones urbaines les plus peuplĂ©es de France et de Belgique (un million d'habitants).

Centrale nucléaire de Gravelines
La centrale nucléaire vue depuis la clÎture qui délimite l'accÚs au public
Administration
Pays
RĂ©gion
DĂ©partement
Commune
Coordonnées
51° 00â€Č 52″ N, 2° 08â€Č 06″ E
Opérateur
Construction
Mise en service
Statut
en fonction
Direction
Emmanuel Villard (succÚde à François Goulain)
RĂ©acteurs
Fournisseurs
Type
RĂ©acteurs actifs
6 Ă— 910 MWe nets
Puissance nominale
5 460 MWe nets
Production d’électricitĂ©
Production annuelle
32,28 TWh (2019)[1] - [2] - [3] - [4] - [5] - [6]
Facteur de charge
67,5 % (en 2019)
Production moyenne
33,55 TWh (2015 Ă  2019)
Production totale
1 321,25 TWh (fin 2019)

Source froide
Site web
Carte

La superficie du site nuclĂ©aire est de 150 hectares. Les six rĂ©acteurs Ă  eau pressurisĂ©e de la centrale sont refroidis par l'eau de la mer du Nord. Avec un total de 5 460 MWe net de puissance installĂ©e, elle fait partie, en 2022, des dix premiĂšres centrales nuclĂ©aires de production d’électricitĂ© au niveau mondial. C'est la plus importante centrale nuclĂ©aire de France et d'Europe de l'Ouest.

Historique

AprĂšs la Seconde Guerre mondiale, l'agglomĂ©ration dunkerquoise est dĂ©truite Ă  70 %, le port Ă  100 %, les habitants habitent dans des « chalets » prĂ©fabriquĂ©s et le village de Grande-Synthe, anĂ©anti. Les Anglais ont bombardĂ© en 1944 l'ex-centrale Ă©lectrique au charbon de l'usine Lesieur qui servait entiĂšrement Ă  la consommation des particuliers depuis quelques mois, pour pallier les coupures de courant. ThĂ©odore Leveau et Jean Niermans lancent la reconstruction. En 1957, le port est reconstruit en ZIP (zone industrialoportuaire), avec de grands travaux pour le creusement de bassins Ă  flot, comme dans celui de Rotterdam. DĂšs 1959, il accueille l'usine Usinor, ouverte en 1962, l'agglomĂ©ration passe de 70 000 Ă  200 000 habitants en cinq ans.

S'installent aussi la raffinerie BP, une centrale électrique de 500 MW qui va utiliser le gaz des hauts fourneaux d'Usinor, mais dont l'entrée en service n'est finalement prévue qu'en 1962[7], Air Liquide, Vallourec, la Compagnie Métallurgique de Provence[8], avec des synergies industrielles locales qui déboucheront au XXIe siÚcle sur DK6, centrale électrique thermique à cycle combiné unique en France.

Le , le conseil des ministres français autorise le programme de douze tranches de neuf cent dix mégawatts de la filiÚre réacteur à eau pressurisée (REP), dont quatre à Gravelines, les travaux commencent en mai 1974.

Les réacteurs 5 et 6 sont autorisés ultérieurement, ces deux réacteurs intÚgrent les composants initialement prévus pour la centrale iranienne de Darkhovin. En effet, en avril 1979, le contrat de construction de cette centrale iranienne (pour un montant de 2 milliards de dollars[9]) avait été annulé par le gouvernement provisoire de l'Iran[10], on conserva en France les piÚces d'ingénierie de la centrale et les travaux commencÚrent en octobre 1979[11].

Le couplage de la premiÚre tranche est effectué en mars 1980 et en août 1985 la sixiÚme tranche est raccordée au réseau. Gravelines devient alors la centrale nucléaire la plus importante d'Europe de l'Ouest.

Le , le cap des 1 000 milliards de kWh fournis au rĂ©seau Ă©lectrique national par les six unitĂ©s de la centrale nuclĂ©aire de Gravelines est franchi. Pour la premiĂšre fois au monde une centrale nuclĂ©aire atteint ce niveau de production cumulĂ©e[12].

Dans le cadre du grand carénage entamé en 2016, EDF investit 1 milliard d'euros dans la centrale pour remplacer la totalité des composants principaux de la centrale afin de pouvoir poursuivre son exploitation jusqu'à 60 ans[13]. EDF annonce qu'un tiers de l'opération devrait profiter aux entreprises locales[13].

À proximitĂ©, l'usine d'aluminium de Liberty Aluminium Dunkerque, situĂ©e Ă  Loon-Plage (Nord) depuis les annĂ©es 1980, est le plus gros producteur d'aluminium de l'Union europĂ©enne[14]. Son chiffre d'affaires annuel avoisine les 500 millions d'euros[14] et il consomme 620 000 tonnes de matiĂšres premiĂšres par an pour produire 258 000 tonnes d'aluminium [14]et faire face aux besoins de ses clients (Constellium, PSA Peugeot CitroĂ«n, Novelis
)[14]. Avec une puissance installĂ©e de 450 MW, pour les deux tiers de la production hexagonale d'aluminium[14], il pĂšse Ă  lui seul 0,6 % de la consommation d'Ă©lectricitĂ© française.

  • Vue gĂ©nĂ©rale de la construction
    Vue générale de la construction
  • Pose d'un dĂŽme au bĂątiment rĂ©acteur
    Pose d'un dÎme au bùtiment réacteur
  • Construction de la salle des machines
    Construction de la salle des machines

Puissance et production

La centrale dispose de six rĂ©acteurs de 910 MW (puissance Ă©lectrique unitaire), dont deux sont entrĂ©s en service en 1980, deux en 1981 et deux en 1985. En 2006 ces rĂ©acteurs ont produit un total de 38,4 TWh d'Ă©lectricitĂ©[15].

Disposant d'une puissance nette totale de 5 460 MW[16], la centrale de Gravelines est la seconde plus puissante d'Europe, aprĂšs la centrale nuclĂ©aire de Zaporijjia, en Ukraine.

En 2005, avec 8,6 % de la puissance Ă©lectronuclĂ©aire nationale, elle assurait, avec 38,14 TWh (tĂ©rawatts-heures) 8,1 % de la production nationale, grĂące Ă  1 700 salariĂ©s et 300 entreprises sous-traitantes (prĂšs de 1 300 personnes). En appui, cette mĂȘme annĂ©e, l'ancienne centrale thermique EDF de Dunkerque a Ă©tĂ© remplacĂ©e par une nouvelle centrale au gaz dite « DK6 » de 800 MW (mĂ©gawatts) par GDF. DK6 fournit de l'Ă©lectricitĂ© Ă  Arcelor, mais aussi (pour 2⁄3 de sa production) au marchĂ© europĂ©en, en produisant moins de CO2, grĂące Ă  une technologie modernisĂ©e[17].

En 2011, 5 des 6 réacteurs fonctionnent avec un combustible au plutonium : le combustible MOX.

  • Plan maquette
    Plan maquette
  • Salle de commande
    Salle de commande
  • Piscine rĂ©acteur
    Piscine réacteur
  • Salle des machines
    Salle des machines
  • RĂ©chauffeur en salle des machines
    RĂ©chauffeur en salle des machines
  • Piscine rĂ©acteur et machine de chargement
    Piscine réacteur et machine de chargement

Production d'eaux chaudes

  • Une partie de la chaleur produite par la centrale est aussi utilisĂ©e dans un rĂ©seau de chaleur Ă  distance pour alimenter une ferme aquacole, la sociĂ©tĂ© Aquanord.
  • Un tunnel sous-marin de 5 km a Ă©tĂ© creusĂ© entre la centrale nuclĂ©aire de Gravelines et le terminal mĂ©thanier de Dunkerque. Ce tunnel permet d'acheminer une partie des eaux tiĂšdes rejetĂ©es par la centrale dans le but de rĂ©chauffer le gaz naturel liquĂ©fiĂ© (GNL) pour lui rendre sa forme gazeuse, en le faisant passer d'une tempĂ©rature de -163° Ă  3°.
  • Enfin, les eaux chaudes sont Ă©galement utilisĂ©es pour le fonctionnement interne de la centrale, en particulier pour Ă©viter les chocs thermiques dans les circuits.

Caractéristiques des réacteurs

Les caractéristiques des réacteurs en service sont les suivantes :

Nom du réacteurModÚleCapacité [MW]ExploitantConstructeurDébut constr.Raccord. au réseauMise en service comm.
Thermique (MWt)brute (MWe)Nette (MWe)
Gravelines-1[1] CP12785951910EDFFramatome
Gravelines-2[2] CP12785951910EDFFramatomemars 1975août 1980décembre 1980
Gravelines-3[3] CP12785951910EDFFramatomejuin 1981
Gravelines-4[4] CP12785951910EDFFramatomeavril 1976juin 1981oct 1981
Gravelines-5[5] CP12785951910EDFFramatomeoct 1979août 1984janvier 1985
Gravelines-6[6] CP12785951910EDFFramatomeoct 1979août 1985oct 1985

Choix du site

Centrale nucléaire de Gravelines vue de la mer

Le site a été choisi selon plusieurs critÚres :

  • ProximitĂ© de la mer avec de forts courants (refroidissement facilitĂ©)
  • ProximitĂ© de l'Angleterre et de l'Allemagne (exportation d'Ă©lectricitĂ©)
  • ProximitĂ© de grandes entreprises (Arcelor Mittal, Alcan)
  • Besoins en Ă©lectricitĂ© d'une rĂ©gion industrielle et trĂšs peuplĂ©e
  • Faible risque sismique

Risque inondation

La centrale nuclĂ©aire de Gravelines est construite sur un polder dans une zone sensible aux inondations[18] - [19] dont le niveau atteint jusqu'Ă  5 mĂštres en dessous du niveau de la mer. La centrale est en effet construite Ă  6 mĂštres au-dessus du niveau de la mer (Ă  la cote NGF 5m54) alors que la zone inondable Ă©tait Ă©valuĂ©e, lors de la construction de la centrale, Ă  5 m au-dessus du niveau de la mer[20] - [21], donc sans tenir compte de l'effet prĂ©vu du rĂ©chauffement climatique (plus d'un mĂštre entre 2020 et 2100)[22].

La hauteur de la centrale parait assez faible en comparaison par exemple des 22 m de hauteur de la barriĂšre Maeslantkering situĂ©e aux Pays-Bas, destinĂ©e Ă  se protĂ©ger d'une onde de tempĂȘte, en rĂ©fĂ©rence[23] au raz-de-marĂ©e en mer du Nord en 1953 qui est montĂ© jusqu'Ă  la cote NGF 05m06 Ă  Gravelines. En 2013, lors de la tempĂȘte Xaver, le niveau de l'eau Ă©tait montĂ© Ă  la cote NGF 05m04 Ă  Gravelines[24] - [25].

Les modifications faites en 2014 par EDF à la demande de l'ASN [26] l'ont été au minimum jusqu'à la cote NGF 6m34 et au maximum jusqu'à la cote NGF 6m92 « pour prendre en compte les situations les plus pessimistes, une marge de sécurité est ajoutée aux estimations qui sont faites par Météo-France et par les différents modÚles statistiques utilisés »[27] - [28]. Cependant (?), à Fukushima la vague a atteint 15 m au niveau de la centrale, alors que la digue construite en fonction des prévisions erronées prises en compte par les concepteurs, n'avait été conçue que pour protéger d'une hauteur de vague de 5,7 m au maximum[29] - [30].

À la suite des demandes de mise en Ɠuvre de mesures post-Fukushima par le gouvernement français, du 4e rĂ©examen de sĂ»retĂ© et des prĂ©visions de montĂ©e du niveau des mers due au rĂ©chauffement climatique, EDF a commencĂ© en janvier 2020, la construction d'une nouvelle protection pĂ©riphĂ©rique contre le risque inondation autour de la centrale, d'une longueur de 3 km, d'une hauteur de 3 Ă  4 m [31] - [32] - [33] soit jusqu’à la cote 7,48 m. La construction de cette nouvelle protection s'est achevĂ©e en septembre 2022[34] - [35].

Emploi

Le CNPE de Gravelines s'appuie sur 1 706 salariĂ©s EDF et environ 400 salariĂ©s d'entreprises extĂ©rieures qui travaillent en permanence sur le site.

Lors de la pĂ©riode des arrĂȘts — soit durant 10 mois de l'annĂ©e —, environ 2 000 intervenants d'entreprises extĂ©rieures sous-traitantes viennent renforcer les Ă©quipes EDF dont la moyenne d'Ăąge est de 41 ans).

Plus de 10 % des salariés de Gravelines sont des femmes. La majorité d'entre elles travaillent dans des métiers techniques (conduite des installations, ingénierie, chimie de process, automatismes, etc.)[36].

Impacts sur l'environnement

Cette centrale n'a jamais déclaré d'« accident » ou d'« incident grave » liés à d'importants rejets radioactifs ou d'autres substances toxiques.

Des impacts environnementaux chroniques existent cependant[37], liés à :

  • des rejets faibles mais chroniques dans l'air et dans l'eau, inhĂ©rents au fonctionnement de la centrale. Ces rejets sont soumis Ă  des prescriptions pĂ©riodiquement rĂ©Ă©valuĂ©es, et supposĂ©s contrĂŽlĂ©s par des capteurs sur les cheminĂ©es et systĂšmes de rejets en mer. Cependant, en avril 2016, l'AutoritĂ© de sĂ»retĂ© nuclĂ©aire dĂ©couvrait l'existence de 11 canalisations non signalĂ©es in situ de rejets (canalisations non prĂ©vues par l’arrĂȘtĂ© du 7 novembre 2003 autorisant EDF Ă  poursuivre les rejets d’effluents liquides et gazeux pour l’exploitation du site[38] dĂ©bouchant dans le canal d'amenĂ©e et provenant notamment d'aires de dĂ©potage d'acide chlorhydrique ou d'hydrocarbure
). Non dĂ©clarĂ©es, ces canalisations n'avaient pas fait l'objet d'Ă©valuations environnementales par l'ASN lors des prĂ©cĂ©dentes inspections ; EDF est donc sommĂ©e de rĂ©gulariser ce systĂšme d'Ă©vacuation. Fin 2017 la situation n'est toujours pas corrigĂ©e ; ces rejets Ă©taient dĂ©tournĂ©s vers des canalisations lĂ©gales non-opĂ©rationnelles [dont l'une n'Ă©tait d'ailleurs pas Ă©tanche et dont aucune ne disposait d'un systĂšme de contrĂŽle de la radioactivitĂ© des effluents) ; et des pompes Ă©taient par ailleurs hors d'Ă©tat de fonctionner. Le 25 janvier 2018, un groupe d'ONG[39] dĂ©posent une plainte contre EDF et contre le directeur de la centrale pour infractions au Code de l'environnement (dĂ©lit de pollution des eaux) et Ă  la rĂ©glementation relative aux installations nuclĂ©aires de base[40]. La plainte est d'abord classĂ©e sans suite (dĂ©but 2019) puis le tribunal de Dunkerque est saisi de l'affaire et les associations locales se portent parties civiles. En juin 2019, l'ASN confirme l'Ă©tat dĂ©gradĂ© de plusieurs installations de gestion des eaux usĂ©es[41] et un an plus tard (juin 2020) dĂ©tecte un manque de traçabilitĂ© des rejets et confirme Ă  nouveau des dĂ©fauts d'entretien et de surveillance tels que la prĂ©vention ou limitation conforme des rejets dans l'environnement ne peut ĂȘtre garantie[42]. DĂ©but 2021, les inspecteurs notent la prĂ©sence d'effluents radioactifs dans un caniveau (Ă  la suite de plusieurs fuites sur une tuyauterie)[43]. Le , Ă  la suite de la plainte dĂ©posĂ©e par plusieurs associations, le tribunal judiciaire de Dunkerque sanctionne finalement EDF pour l'illĂ©galitĂ© de ces tuyauteries de rejets. EDF est condamnĂ©e pour toutes les infractions Ă  la rĂ©glementation nuclĂ©aire citĂ©es[44].
  • l'augmentation de la tempĂ©rature de l'eau en aval du canal de rejet, mais on estime qu'au-delĂ  d'une zone d'environ km2, l'eau chaude est rapidement diluĂ©e dans le milieu et ses effets thermiques ne sont plus perceptibles. En pĂ©riode de canicule et au moment de la renverse des courants, l'effet peut cependant ĂȘtre localement plus important.
  • les impacts du biocide chlorĂ© utilisĂ© pour tuer les organismes vivants (moules, huĂźtres, patelles, algues fixĂ©es, etc.) qui seraient susceptibles (surtout quand la tempĂ©rature de l'eau dĂ©passe 10 °C) de se fixer sur les installations et dans les circuits, en particulier sur les pales de pompes. Le dĂ©bit d'eau ainsi traitĂ©e est de 240 m3/s, Ă  raison de 0,8 mg de chlore actif par litre (le gestionnaire doit veiller Ă  ce que le taux de chlore ne dĂ©passe pas mg/l), soit l'Ă©quivalent de 50 tonnes par jour d'eau de Javel. Pour Ă©viter de devoir transporter et stocker de grandes quantitĂ©s de ce produit dangereux, le chlore est produit sur place par Ă©lectrolyse de l'eau de mer (via le chlorure de sodium, de calcium ou de magnĂ©sium) et injectĂ© dans l'eau, dans le circuit de chaque tranche, sous forme d'hypochlorite de sodium, avec une surveillance par l'Institut Pasteur. Des bromoformes (950 kg par 24 h) et des oxydants (5,7 tonnes par 24 heures) ou super-oxydants rĂ©siduels sont ainsi produits (un peu dans l'air, mais surtout dans l'eau), toxiques pour la faune et la flore marine tant qu'ils ne sont pas largement diluĂ©s ou Ă©vaporĂ©s. L'hypochlorite rĂ©siduelle rĂ©agit rapidement avec les bromures dissous dans l'eau pour former du brome qui est lui-mĂȘme un oxydant qui rĂ©agit avec la matiĂšre organique (morte ou vivante) prĂ©sente dans l'eau en formant des sous-produits plus stables et moins actifs. Parmi les sous-produits chlorĂ©s trouvĂ©s dans le rejet[45], les bromoformes sont les plus prĂ©sents (88,24 %) Ă  une concentration moyenne de 18,8 ÎŒg/litre, les autres produits intermĂ©diaires suivis et quantifiĂ©s Ă©tant du chloroforme (traces), du bromodichloromĂ©thane (1,53 % des chlorĂ©s rejetĂ©s), du dibromochloromĂ©thane (0,23 %). Des bromophĂ©nols et de nombreux autres sous-produits peuvent se former (Le 2-4-6 tri-bromo-phĂ©nol a Ă©tĂ© dĂ©tectĂ© Ă  des taux de 0,01 Ă  0,2 ÎŒg/litre). Selon l'Institut Pasteur, le taux de chlore (produit le plus toxique) ne dĂ©passe pas 0,1 mg/l en aval du canal de rejet. L'impact Ă©cologique du chlore et du devenir de la nĂ©cromasse ainsi constituĂ©e, essentiellement composĂ©e d'organismes planctoniques en suspension dans l'eau sont mal Ă©valuĂ©s.

Un des risques induits par la conjonction de ces deux derniers phĂ©nomĂšnes serait l'apparition possible d'organismes pathogĂšnes (vibrions, bactĂ©ries, parasites) rĂ©sistants au chlore (chlororĂ©sistance) avec notamment, potentiellement et localement, des biofilms de microbes devenus chlororĂ©sistants (en zone de microturbulence, sur des parois de bĂ©ton ou de palplanches par exemple). De tels organismes chlororĂ©sistants pourraient ĂȘtre source de problĂšmes nosocomiaux en cas de contamination humaine par ces microbes s'ils sont pathogĂšnes.

ArrĂȘt de rĂ©acteurs

En janvier 2020, dans le cadre de la mise Ɠuvre de la loi sur la transition Ă©nergĂ©tique, l'Ă©lectricien EDF propose au gouvernement français d'Ă©tudier la mise Ă  l'arrĂȘt de deux rĂ©acteurs de la centrale de Gravelines[46].

En février 2022, Emmanuel Macron indique une modification importante de cette loi sur la transition énergétique, puisque plus aucun réacteur en état de produire ne sera fermé à l'avenir, sauf pour des raisons de sûreté[47].

ÉvĂ©nements significatifs

2020

La centrale nuclĂ©aire de Gravelines fĂȘte ses 40 ans de mise en service.

2016

La constitution de la région Hauts-de-France pourrait induire une implication plus forte de ce territoire sur son destin énergétique, comme cela est suggéré dans une thÚse de doctorat à Paris-Sorbonne[48].

AprÚs l'accident nucléaire de Fukushima de mars 2011, les centrales européennes et françaises doivent faire l'objet de nouvelles études de vulnérabilité face aux séismes et tsunamis (des « stress tests » ont été annoncés par l'Europe (et par François Fillon) pour quatre aléas : inondation, sismique, risque lié à la perte de refroidissement et mesures limitant les conséquences d'un accident), avec l'expertise disponible, dont celle de la WENRA (Association des autorités de sûreté nucléaire des pays d'Europe de l'Ouest)[49].

Lors d'un examen de sĂ»retĂ© dĂ©cennal, des Ă©tudes de conformitĂ© des ouvrages de gĂ©nie civil, structures et matĂ©riels vis-Ă -vis du risque sismique ont Ă©tĂ© faites au regard d'un « nouveau rĂ©fĂ©rentiel de sĂ»retĂ© ». selon la CLI[50], « des contrĂŽles ont permis d'identifier que certaines de ces analyses avaient Ă©tĂ© omises ou rĂ©alisĂ©es de maniĂšre incomplĂšte[50] » dans le pĂ©rimĂštre des stations de pompage. « Les Ă©quipes techniques ont aussitĂŽt menĂ© Ă  bien ces analyses »[50], concluant qu'en fonctionnement normal, la sĂ»retĂ© n'est pas rĂ©duite, mais qu'« en cas de sĂ©isme aussi important que le plus fort sĂ©isme enregistrĂ© depuis mille ans dans les rĂ©gions d'implantation de ces unitĂ©s, des structures mĂ©talliques (escaliers, consoles
) ou des panneaux prĂ©fabriquĂ©s en bĂ©ton, situĂ©s dans les stations de pompage, en dehors de la partie nuclĂ©aire des installations, pourraient endommager potentiellement des Ă©quipements nĂ©cessaires d'un des circuits de refroidissement de la centrale » (circuit prĂ©sentant des redondances de matĂ©riels dont la dĂ©faillance enclencherait des procĂ©dures prĂ©Ă©tablies visant Ă  assurer le refroidissement des rĂ©acteurs). Cet « Ă©cart de conformitĂ© » (niveau 1 de l'Ă©chelle INES) vis-Ă -vis du risque sismique, est dit « gĂ©nĂ©rique » car commun Ă  sept centrales nuclĂ©aires (Gravelines ainsi Blayais, Cruas, Flamanville, Paluel, Penly et Tricastin)[50]. Il a Ă©tĂ© dĂ©clarĂ© Ă  l'ASN le . Des Ă©tudes et travaux de renforcement sont prĂ©vus (pour 5 Ă  6 mois)[50]. Le CNPE de Gravelines a aussi connu plusieurs fois une fermeture intempestive de clapets anti-souffle de systĂšmes de ventilation, le [51] et en 2010[50].

2013

D'aprÚs EDF, le le départ d'incendie qui « a été détecté vers 16 h 50 sous la toiture d'un bùtiment de l'unité de production n° 3, dans la partie non nucléaire de l'installation » et qui aurait été maßtrisé à 18 h 02 « n'a pas eu d'impact sur la sûreté des installations, ni sur l'environnement »[52].

2012

Le 6 juin 2012, un arc Ă©lectrique sur un pylĂŽne transportant du 225 000 volts a provoquĂ© un feu au niveau de l'isolant servant de point d'attache au cĂąble. Cette ligne Ă  haute tension est destinĂ©e Ă  assurer l'alimentation de secours de la centrale nuclĂ©aire[53].

2010

En 2010, sept rapports d'incidents notables à la centrale de Gravelines ont été publiés par l'Autorité de Sûreté Nucléaire, dont deux concernaient des incidents survenus en 2009.

L'installation nuclĂ©aire de Gravelines est la premiĂšre usine Ă©lectronuclĂ©aire au monde Ă  avoir franchi, le 27 aoĂ»t, la barre symbolique des mille milliards de kWh produits (cela reprĂ©sente deux annĂ©es de la consommation d'Ă©lectricitĂ© de la France, 60 de celle de la rĂ©gion Nord - Pas-de-Calais, 714 annĂ©es de la consommation d'une ville de 350 000 habitants et 1 000 de celle d'une ville comme Lille)[54].

2009

Le , un incident se produit à la centrale lors d'une opération de maintenance : une barre d'uranium menace de tomber. L'incident est qualifié de « significatif » et d'« exceptionnel » et classé 1 sur l'échelle INES[55] - [56].

2007

Hors les anomalies génériques pouvant affecter des réacteurs de centrales distinctes, la centrale de Gravelines a fait l'objet en 2007 (à fin février) de quatre avis d'incidents de niveau 1 sur l'échelle INES[57] - [58] - [59] - [60].

2006

En 2006, une pullulation de CtĂ©naires faillit provoquer l'arrĂȘt d'un rĂ©acteur par colmatage des prises d'eau du systĂšme de refroidissement.

Le 30 mars 2006, lors des opĂ©rations d'arrĂȘt pour maintenance et rechargement en combustible du rĂ©acteur no 3, il a Ă©tĂ© dĂ©tectĂ© que ce rĂ©acteur avait Ă©tĂ© privĂ© durant un an de la commande automatique d'un circuit assurant son refroidissement en cas d'accident : un fil Ă©lectrique du systĂšme de protection du rĂ©acteur n'avait pas Ă©tĂ© rebranchĂ© en 2005, lors du prĂ©cĂ©dent arrĂȘt. D'autres systĂšmes de protections Ă©taient nĂ©anmoins opĂ©rationnels. Cette dĂ©faillance a Ă©tĂ© classĂ©e au niveau 1 sur l'Ă©chelle INES, qui en compte sept[61] - [62].

1999 et 2002

Le 5 février 2002, trois « clandestins » sri-lankais, cherchant apparemment à rejoindre la Grande-Bretagne, se retrouvent par erreur à l'intérieur de la centrale. Ils s'étaient introduits dans un camion contenant du matériel radioactif et n'avaient pas été détectés lors du premier contrÎle à l'entrée de la centrale[63].

En 1999, tour Ă  tour, des Kosovars puis des Sri-Lankais se retrouvent par la mĂȘme voie dans la centrale.

1989

Un type de vis inadéquat est détecté sur le systÚme de commande des soupapes de protection contre les surpressions du circuit primaire du réacteur no 1. En cas de surpression, ces soupapes n'auraient pas fonctionné correctement. L'évÚnement est classé au niveau 3 de l'échelle INES malgré les justifications présentées par l'exploitant EDF pour un déclassement au niveau 2[64].

EPR 2

Le site de Gravelines est envisagé pour accueillir deux EPR 2[65]. En novembre 2021 le président Macron confirme la construction de nouveaux réacteurs en France, et Gravelines fait toujours partie des sites pressentis[66].

Annexes

Articles connexes

Liens externes

Notes et références

  1. (en) « Nuclear Power Reactor Details - GRAVELINES-1 », sur pris.iaea.org (consulté le )
  2. (en) « Nuclear Power Reactor Details - GRAVELINES-2 », sur pris.iaea.org (consulté le )
  3. (en) « Nuclear Power Reactor Details - GRAVELINES-3 », sur pris.iaea.org (consulté le )
  4. (en) « Nuclear Power Reactor Details - GRAVELINES-4 », sur pris.iaea.org (consulté le )
  5. (en) « Nuclear Power Reactor Details - GRAVELINES-5 », sur pris.iaea.org (consulté le )
  6. (en) « Nuclear Power Reactor Details - GRAVELINES-6 », sur pris.iaea.org (consulté le )
  7. L'Ă©lectricitĂ© en France en 1959 et 1960, par C. PrĂȘcheur, dans L'Information GĂ©ographique de 1961
  8. Le port de Dunkerque a 50 ans: les souvenirs d'un docker qui l'a vu naĂźtre, dans La Voix du Nord du 23/04/2016
  9. À la mĂȘme Ă©poque, l'Iran a aussi pris pour 1 milliard de dollars une participation de 10 % dans le consortium Eurodif pour l'usine d'enrichissement du Tricastin, en France
  10. Jean-Paul HĂ©bert - juin 2008 : Irak, Iran, Afghanistan : les divisions de l'Europe
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  66. Nouveaux réacteurs nucléaires : Gravelines est toujours dans les sites pressentis
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