Centrale nucléaire de Gravelines
La centrale nucléaire de Gravelines est une centrale nucléaire se situant dans la commune de Gravelines (Nord) à environ 20 km à l'ouest de Dunkerque, 25 km à l'est de Calais et 85 km au nord-ouest de Lille, principale ville de la conurbation transfrontaliÚre Lille-Roubaix-Tourcoing-Mouscron qui constitue l'une des zones urbaines les plus peuplées de France et de Belgique (un million d'habitants).
Pays | |
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RĂ©gion | |
DĂ©partement | |
Commune | |
Coordonnées |
51° 00âČ 52âł N, 2° 08âČ 06âł E |
Opérateur | |
Construction | |
Mise en service | |
Statut |
en fonction |
Direction |
Emmanuel Villard (succÚde à François Goulain) |
Fournisseurs | |
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Type | |
RĂ©acteurs actifs |
6 Ă 910 MWe nets |
Puissance nominale |
5 460 MWe nets |
Production annuelle | |
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Facteur de charge |
67,5 % (en 2019) |
Production moyenne |
33,55 TWh (2015 Ă 2019) |
Production totale |
1 321,25 TWh (fin 2019) |
Source froide | |
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Site web |
La superficie du site nuclĂ©aire est de 150 hectares. Les six rĂ©acteurs Ă eau pressurisĂ©e de la centrale sont refroidis par l'eau de la mer du Nord. Avec un total de 5 460 MWe net de puissance installĂ©e, elle fait partie, en 2022, des dix premiĂšres centrales nuclĂ©aires de production dâĂ©lectricitĂ© au niveau mondial. C'est la plus importante centrale nuclĂ©aire de France et d'Europe de l'Ouest.
Historique
AprÚs la Seconde Guerre mondiale, l'agglomération dunkerquoise est détruite à 70 %, le port à 100 %, les habitants habitent dans des « chalets » préfabriqués et le village de Grande-Synthe, anéanti. Les Anglais ont bombardé en 1944 l'ex-centrale électrique au charbon de l'usine Lesieur qui servait entiÚrement à la consommation des particuliers depuis quelques mois, pour pallier les coupures de courant. Théodore Leveau et Jean Niermans lancent la reconstruction. En 1957, le port est reconstruit en ZIP (zone industrialoportuaire), avec de grands travaux pour le creusement de bassins à flot, comme dans celui de Rotterdam. DÚs 1959, il accueille l'usine Usinor, ouverte en 1962, l'agglomération passe de 70 000 à 200 000 habitants en cinq ans.
S'installent aussi la raffinerie BP, une centrale électrique de 500 MW qui va utiliser le gaz des hauts fourneaux d'Usinor, mais dont l'entrée en service n'est finalement prévue qu'en 1962[7], Air Liquide, Vallourec, la Compagnie Métallurgique de Provence[8], avec des synergies industrielles locales qui déboucheront au XXIe siÚcle sur DK6, centrale électrique thermique à cycle combiné unique en France.
Le , le conseil des ministres français autorise le programme de douze tranches de neuf cent dix mégawatts de la filiÚre réacteur à eau pressurisée (REP), dont quatre à Gravelines, les travaux commencent en mai 1974.
Les réacteurs 5 et 6 sont autorisés ultérieurement, ces deux réacteurs intÚgrent les composants initialement prévus pour la centrale iranienne de Darkhovin. En effet, en avril 1979, le contrat de construction de cette centrale iranienne (pour un montant de 2 milliards de dollars[9]) avait été annulé par le gouvernement provisoire de l'Iran[10], on conserva en France les piÚces d'ingénierie de la centrale et les travaux commencÚrent en octobre 1979[11].
Le couplage de la premiÚre tranche est effectué en mars 1980 et en août 1985 la sixiÚme tranche est raccordée au réseau. Gravelines devient alors la centrale nucléaire la plus importante d'Europe de l'Ouest.
Le , le cap des 1 000 milliards de kWh fournis au réseau électrique national par les six unités de la centrale nucléaire de Gravelines est franchi. Pour la premiÚre fois au monde une centrale nucléaire atteint ce niveau de production cumulée[12].
Dans le cadre du grand carénage entamé en 2016, EDF investit 1 milliard d'euros dans la centrale pour remplacer la totalité des composants principaux de la centrale afin de pouvoir poursuivre son exploitation jusqu'à 60 ans[13]. EDF annonce qu'un tiers de l'opération devrait profiter aux entreprises locales[13].
Ă proximitĂ©, l'usine d'aluminium de Liberty Aluminium Dunkerque, situĂ©e Ă Loon-Plage (Nord) depuis les annĂ©es 1980, est le plus gros producteur d'aluminium de l'Union europĂ©enne[14]. Son chiffre d'affaires annuel avoisine les 500 millions d'euros[14] et il consomme 620 000 tonnes de matiĂšres premiĂšres par an pour produire 258 000 tonnes d'aluminium [14]et faire face aux besoins de ses clients (Constellium, PSA Peugeot CitroĂ«n, NovelisâŠ)[14]. Avec une puissance installĂ©e de 450 MW, pour les deux tiers de la production hexagonale d'aluminium[14], il pĂšse Ă lui seul 0,6 % de la consommation d'Ă©lectricitĂ© française.
- Vue générale de la construction
- Pose d'un dÎme au bùtiment réacteur
- Construction de la salle des machines
Puissance et production
La centrale dispose de six réacteurs de 910 MW (puissance électrique unitaire), dont deux sont entrés en service en 1980, deux en 1981 et deux en 1985. En 2006 ces réacteurs ont produit un total de 38,4 TWh d'électricité[15].
Disposant d'une puissance nette totale de 5 460 MW[16], la centrale de Gravelines est la seconde plus puissante d'Europe, aprÚs la centrale nucléaire de Zaporijjia, en Ukraine.
En 2005, avec 8,6 % de la puissance Ă©lectronuclĂ©aire nationale, elle assurait, avec 38,14 TWh (tĂ©rawatts-heures) 8,1 % de la production nationale, grĂące Ă 1 700 salariĂ©s et 300 entreprises sous-traitantes (prĂšs de 1 300 personnes). En appui, cette mĂȘme annĂ©e, l'ancienne centrale thermique EDF de Dunkerque a Ă©tĂ© remplacĂ©e par une nouvelle centrale au gaz dite « DK6 » de 800 MW (mĂ©gawatts) par GDF. DK6 fournit de l'Ă©lectricitĂ© Ă Arcelor, mais aussi (pour 2â3 de sa production) au marchĂ© europĂ©en, en produisant moins de CO2, grĂące Ă une technologie modernisĂ©e[17].
En 2011, 5 des 6 réacteurs fonctionnent avec un combustible au plutonium : le combustible MOX.
Plan maquette Salle de commande Piscine réacteur Salle des machines Réchauffeur en salle des machines Piscine réacteur et machine de chargement
Production d'eaux chaudes
- Une partie de la chaleur produite par la centrale est aussi utilisée dans un réseau de chaleur à distance pour alimenter une ferme aquacole, la société Aquanord.
- Un tunnel sous-marin de 5 km a été creusé entre la centrale nucléaire de Gravelines et le terminal méthanier de Dunkerque. Ce tunnel permet d'acheminer une partie des eaux tiÚdes rejetées par la centrale dans le but de réchauffer le gaz naturel liquéfié (GNL) pour lui rendre sa forme gazeuse, en le faisant passer d'une température de -163° à 3°.
- Enfin, les eaux chaudes sont également utilisées pour le fonctionnement interne de la centrale, en particulier pour éviter les chocs thermiques dans les circuits.
Caractéristiques des réacteurs
Les caractéristiques des réacteurs en service sont les suivantes :
Nom du réacteur | ModÚle | Capacité [MW] | Exploitant | Constructeur | Début constr. | Raccord. au réseau | Mise en service comm. | ||
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Thermique (MWt) | brute (MWe) | Nette (MWe) | |||||||
Gravelines-1[1] | CP1 | 2785 | 951 | 910 | EDF | Framatome | |||
Gravelines-2[2] | CP1 | 2785 | 951 | 910 | EDF | Framatome | mars 1975 | août 1980 | décembre 1980 |
Gravelines-3[3] | CP1 | 2785 | 951 | 910 | EDF | Framatome | juin 1981 | ||
Gravelines-4[4] | CP1 | 2785 | 951 | 910 | EDF | Framatome | avril 1976 | juin 1981 | oct 1981 |
Gravelines-5[5] | CP1 | 2785 | 951 | 910 | EDF | Framatome | oct 1979 | août 1984 | janvier 1985 |
Gravelines-6[6] | CP1 | 2785 | 951 | 910 | EDF | Framatome | oct 1979 | août 1985 | oct 1985 |
Choix du site
Le site a été choisi selon plusieurs critÚres :
- Proximité de la mer avec de forts courants (refroidissement facilité)
- Proximité de l'Angleterre et de l'Allemagne (exportation d'électricité)
- Proximité de grandes entreprises (Arcelor Mittal, Alcan)
- Besoins en électricité d'une région industrielle et trÚs peuplée
- Faible risque sismique
Risque inondation
La centrale nucléaire de Gravelines est construite sur un polder dans une zone sensible aux inondations[18] - [19] dont le niveau atteint jusqu'à 5 mÚtres en dessous du niveau de la mer. La centrale est en effet construite à 6 mÚtres au-dessus du niveau de la mer (à la cote NGF 5m54) alors que la zone inondable était évaluée, lors de la construction de la centrale, à 5 m au-dessus du niveau de la mer[20] - [21], donc sans tenir compte de l'effet prévu du réchauffement climatique (plus d'un mÚtre entre 2020 et 2100)[22].
La hauteur de la centrale parait assez faible en comparaison par exemple des 22 m de hauteur de la barriĂšre Maeslantkering situĂ©e aux Pays-Bas, destinĂ©e Ă se protĂ©ger d'une onde de tempĂȘte, en rĂ©fĂ©rence[23] au raz-de-marĂ©e en mer du Nord en 1953 qui est montĂ© jusqu'Ă la cote NGF 05m06 Ă Gravelines. En 2013, lors de la tempĂȘte Xaver, le niveau de l'eau Ă©tait montĂ© Ă la cote NGF 05m04 Ă Gravelines[24] - [25].
Les modifications faites en 2014 par EDF à la demande de l'ASN [26] l'ont été au minimum jusqu'à la cote NGF 6m34 et au maximum jusqu'à la cote NGF 6m92 « pour prendre en compte les situations les plus pessimistes, une marge de sécurité est ajoutée aux estimations qui sont faites par Météo-France et par les différents modÚles statistiques utilisés »[27] - [28]. Cependant (?), à Fukushima la vague a atteint 15 m au niveau de la centrale, alors que la digue construite en fonction des prévisions erronées prises en compte par les concepteurs, n'avait été conçue que pour protéger d'une hauteur de vague de 5,7 m au maximum[29] - [30].
Ă la suite des demandes de mise en Ćuvre de mesures post-Fukushima par le gouvernement français, du 4e rĂ©examen de sĂ»retĂ© et des prĂ©visions de montĂ©e du niveau des mers due au rĂ©chauffement climatique, EDF a commencĂ© en janvier 2020, la construction d'une nouvelle protection pĂ©riphĂ©rique contre le risque inondation autour de la centrale, d'une longueur de 3 km, d'une hauteur de 3 Ă 4 m [31] - [32] - [33] soit jusquâĂ la cote 7,48 m. La construction de cette nouvelle protection s'est achevĂ©e en septembre 2022[34] - [35].
Emploi
Le CNPE de Gravelines s'appuie sur 1 706 salariés EDF et environ 400 salariés d'entreprises extérieures qui travaillent en permanence sur le site.
Lors de la pĂ©riode des arrĂȘts â soit durant 10 mois de l'annĂ©e â, environ 2 000 intervenants d'entreprises extĂ©rieures sous-traitantes viennent renforcer les Ă©quipes EDF dont la moyenne d'Ăąge est de 41 ans).
Plus de 10 % des salariés de Gravelines sont des femmes. La majorité d'entre elles travaillent dans des métiers techniques (conduite des installations, ingénierie, chimie de process, automatismes, etc.)[36].
Impacts sur l'environnement
Cette centrale n'a jamais déclaré d'« accident » ou d'« incident grave » liés à d'importants rejets radioactifs ou d'autres substances toxiques.
Des impacts environnementaux chroniques existent cependant[37], liés à :
- des rejets faibles mais chroniques dans l'air et dans l'eau, inhĂ©rents au fonctionnement de la centrale. Ces rejets sont soumis Ă des prescriptions pĂ©riodiquement rĂ©Ă©valuĂ©es, et supposĂ©s contrĂŽlĂ©s par des capteurs sur les cheminĂ©es et systĂšmes de rejets en mer. Cependant, en avril 2016, l'AutoritĂ© de sĂ»retĂ© nuclĂ©aire dĂ©couvrait l'existence de 11 canalisations non signalĂ©es in situ de rejets (canalisations non prĂ©vues par lâarrĂȘtĂ© du 7 novembre 2003 autorisant EDF Ă poursuivre les rejets dâeffluents liquides et gazeux pour lâexploitation du site[38] dĂ©bouchant dans le canal d'amenĂ©e et provenant notamment d'aires de dĂ©potage d'acide chlorhydrique ou d'hydrocarbureâŠ). Non dĂ©clarĂ©es, ces canalisations n'avaient pas fait l'objet d'Ă©valuations environnementales par l'ASN lors des prĂ©cĂ©dentes inspections ; EDF est donc sommĂ©e de rĂ©gulariser ce systĂšme d'Ă©vacuation. Fin 2017 la situation n'est toujours pas corrigĂ©e ; ces rejets Ă©taient dĂ©tournĂ©s vers des canalisations lĂ©gales non-opĂ©rationnelles [dont l'une n'Ă©tait d'ailleurs pas Ă©tanche et dont aucune ne disposait d'un systĂšme de contrĂŽle de la radioactivitĂ© des effluents) ; et des pompes Ă©taient par ailleurs hors d'Ă©tat de fonctionner. Le 25 janvier 2018, un groupe d'ONG[39] dĂ©posent une plainte contre EDF et contre le directeur de la centrale pour infractions au Code de l'environnement (dĂ©lit de pollution des eaux) et Ă la rĂ©glementation relative aux installations nuclĂ©aires de base[40]. La plainte est d'abord classĂ©e sans suite (dĂ©but 2019) puis le tribunal de Dunkerque est saisi de l'affaire et les associations locales se portent parties civiles. En juin 2019, l'ASN confirme l'Ă©tat dĂ©gradĂ© de plusieurs installations de gestion des eaux usĂ©es[41] et un an plus tard (juin 2020) dĂ©tecte un manque de traçabilitĂ© des rejets et confirme Ă nouveau des dĂ©fauts d'entretien et de surveillance tels que la prĂ©vention ou limitation conforme des rejets dans l'environnement ne peut ĂȘtre garantie[42]. DĂ©but 2021, les inspecteurs notent la prĂ©sence d'effluents radioactifs dans un caniveau (Ă la suite de plusieurs fuites sur une tuyauterie)[43]. Le , Ă la suite de la plainte dĂ©posĂ©e par plusieurs associations, le tribunal judiciaire de Dunkerque sanctionne finalement EDF pour l'illĂ©galitĂ© de ces tuyauteries de rejets. EDF est condamnĂ©e pour toutes les infractions Ă la rĂ©glementation nuclĂ©aire citĂ©es[44].
- l'augmentation de la tempĂ©rature de l'eau en aval du canal de rejet, mais on estime qu'au-delĂ d'une zone d'environ 1 km2, l'eau chaude est rapidement diluĂ©e dans le milieu et ses effets thermiques ne sont plus perceptibles. En pĂ©riode de canicule et au moment de la renverse des courants, l'effet peut cependant ĂȘtre localement plus important.
- les impacts du biocide chlorĂ© utilisĂ© pour tuer les organismes vivants (moules, huĂźtres, patelles, algues fixĂ©es, etc.) qui seraient susceptibles (surtout quand la tempĂ©rature de l'eau dĂ©passe 10 °C) de se fixer sur les installations et dans les circuits, en particulier sur les pales de pompes. Le dĂ©bit d'eau ainsi traitĂ©e est de 240 m3/s, Ă raison de 0,8 mg de chlore actif par litre (le gestionnaire doit veiller Ă ce que le taux de chlore ne dĂ©passe pas 1 mg/l), soit l'Ă©quivalent de 50 tonnes par jour d'eau de Javel. Pour Ă©viter de devoir transporter et stocker de grandes quantitĂ©s de ce produit dangereux, le chlore est produit sur place par Ă©lectrolyse de l'eau de mer (via le chlorure de sodium, de calcium ou de magnĂ©sium) et injectĂ© dans l'eau, dans le circuit de chaque tranche, sous forme d'hypochlorite de sodium, avec une surveillance par l'Institut Pasteur. Des bromoformes (950 kg par 24 h) et des oxydants (5,7 tonnes par 24 heures) ou super-oxydants rĂ©siduels sont ainsi produits (un peu dans l'air, mais surtout dans l'eau), toxiques pour la faune et la flore marine tant qu'ils ne sont pas largement diluĂ©s ou Ă©vaporĂ©s. L'hypochlorite rĂ©siduelle rĂ©agit rapidement avec les bromures dissous dans l'eau pour former du brome qui est lui-mĂȘme un oxydant qui rĂ©agit avec la matiĂšre organique (morte ou vivante) prĂ©sente dans l'eau en formant des sous-produits plus stables et moins actifs. Parmi les sous-produits chlorĂ©s trouvĂ©s dans le rejet[45], les bromoformes sont les plus prĂ©sents (88,24 %) Ă une concentration moyenne de 18,8 ÎŒg/litre, les autres produits intermĂ©diaires suivis et quantifiĂ©s Ă©tant du chloroforme (traces), du bromodichloromĂ©thane (1,53 % des chlorĂ©s rejetĂ©s), du dibromochloromĂ©thane (0,23 %). Des bromophĂ©nols et de nombreux autres sous-produits peuvent se former (Le 2-4-6 tri-bromo-phĂ©nol a Ă©tĂ© dĂ©tectĂ© Ă des taux de 0,01 Ă 0,2 ÎŒg/litre). Selon l'Institut Pasteur, le taux de chlore (produit le plus toxique) ne dĂ©passe pas 0,1 mg/l en aval du canal de rejet. L'impact Ă©cologique du chlore et du devenir de la nĂ©cromasse ainsi constituĂ©e, essentiellement composĂ©e d'organismes planctoniques en suspension dans l'eau sont mal Ă©valuĂ©s.
Un des risques induits par la conjonction de ces deux derniers phĂ©nomĂšnes serait l'apparition possible d'organismes pathogĂšnes (vibrions, bactĂ©ries, parasites) rĂ©sistants au chlore (chlororĂ©sistance) avec notamment, potentiellement et localement, des biofilms de microbes devenus chlororĂ©sistants (en zone de microturbulence, sur des parois de bĂ©ton ou de palplanches par exemple). De tels organismes chlororĂ©sistants pourraient ĂȘtre source de problĂšmes nosocomiaux en cas de contamination humaine par ces microbes s'ils sont pathogĂšnes.
ArrĂȘt de rĂ©acteurs
En janvier 2020, dans le cadre de la mise Ćuvre de la loi sur la transition Ă©nergĂ©tique, l'Ă©lectricien EDF propose au gouvernement français d'Ă©tudier la mise Ă l'arrĂȘt de deux rĂ©acteurs de la centrale de Gravelines[46].
En février 2022, Emmanuel Macron indique une modification importante de cette loi sur la transition énergétique, puisque plus aucun réacteur en état de produire ne sera fermé à l'avenir, sauf pour des raisons de sûreté[47].
ĂvĂ©nements significatifs
2020
La centrale nuclĂ©aire de Gravelines fĂȘte ses 40 ans de mise en service.
2016
La constitution de la région Hauts-de-France pourrait induire une implication plus forte de ce territoire sur son destin énergétique, comme cela est suggéré dans une thÚse de doctorat à Paris-Sorbonne[48].
AprÚs l'accident nucléaire de Fukushima de mars 2011, les centrales européennes et françaises doivent faire l'objet de nouvelles études de vulnérabilité face aux séismes et tsunamis (des « stress tests » ont été annoncés par l'Europe (et par François Fillon) pour quatre aléas : inondation, sismique, risque lié à la perte de refroidissement et mesures limitant les conséquences d'un accident), avec l'expertise disponible, dont celle de la WENRA (Association des autorités de sûreté nucléaire des pays d'Europe de l'Ouest)[49].
Lors d'un examen de sĂ»retĂ© dĂ©cennal, des Ă©tudes de conformitĂ© des ouvrages de gĂ©nie civil, structures et matĂ©riels vis-Ă -vis du risque sismique ont Ă©tĂ© faites au regard d'un « nouveau rĂ©fĂ©rentiel de sĂ»retĂ© ». selon la CLI[50], « des contrĂŽles ont permis d'identifier que certaines de ces analyses avaient Ă©tĂ© omises ou rĂ©alisĂ©es de maniĂšre incomplĂšte[50] » dans le pĂ©rimĂštre des stations de pompage. « Les Ă©quipes techniques ont aussitĂŽt menĂ© Ă bien ces analyses »[50], concluant qu'en fonctionnement normal, la sĂ»retĂ© n'est pas rĂ©duite, mais qu'« en cas de sĂ©isme aussi important que le plus fort sĂ©isme enregistrĂ© depuis mille ans dans les rĂ©gions d'implantation de ces unitĂ©s, des structures mĂ©talliques (escaliers, consolesâŠ) ou des panneaux prĂ©fabriquĂ©s en bĂ©ton, situĂ©s dans les stations de pompage, en dehors de la partie nuclĂ©aire des installations, pourraient endommager potentiellement des Ă©quipements nĂ©cessaires d'un des circuits de refroidissement de la centrale » (circuit prĂ©sentant des redondances de matĂ©riels dont la dĂ©faillance enclencherait des procĂ©dures prĂ©Ă©tablies visant Ă assurer le refroidissement des rĂ©acteurs). Cet « Ă©cart de conformitĂ© » (niveau 1 de l'Ă©chelle INES) vis-Ă -vis du risque sismique, est dit « gĂ©nĂ©rique » car commun Ă sept centrales nuclĂ©aires (Gravelines ainsi Blayais, Cruas, Flamanville, Paluel, Penly et Tricastin)[50]. Il a Ă©tĂ© dĂ©clarĂ© Ă l'ASN le . Des Ă©tudes et travaux de renforcement sont prĂ©vus (pour 5 Ă 6 mois)[50]. Le CNPE de Gravelines a aussi connu plusieurs fois une fermeture intempestive de clapets anti-souffle de systĂšmes de ventilation, le [51] et en 2010[50].
2013
D'aprÚs EDF, le le départ d'incendie qui « a été détecté vers 16 h 50 sous la toiture d'un bùtiment de l'unité de production n° 3, dans la partie non nucléaire de l'installation » et qui aurait été maßtrisé à 18 h 02 « n'a pas eu d'impact sur la sûreté des installations, ni sur l'environnement »[52].
2012
Le 6 juin 2012, un arc électrique sur un pylÎne transportant du 225 000 volts a provoqué un feu au niveau de l'isolant servant de point d'attache au cùble. Cette ligne à haute tension est destinée à assurer l'alimentation de secours de la centrale nucléaire[53].
2010
En 2010, sept rapports d'incidents notables à la centrale de Gravelines ont été publiés par l'Autorité de Sûreté Nucléaire, dont deux concernaient des incidents survenus en 2009.
L'installation nucléaire de Gravelines est la premiÚre usine électronucléaire au monde à avoir franchi, le 27 août, la barre symbolique des mille milliards de kWh produits (cela représente deux années de la consommation d'électricité de la France, 60 de celle de la région Nord - Pas-de-Calais, 714 années de la consommation d'une ville de 350 000 habitants et 1 000 de celle d'une ville comme Lille)[54].
2009
Le , un incident se produit à la centrale lors d'une opération de maintenance : une barre d'uranium menace de tomber. L'incident est qualifié de « significatif » et d'« exceptionnel » et classé 1 sur l'échelle INES[55] - [56].
2007
Hors les anomalies génériques pouvant affecter des réacteurs de centrales distinctes, la centrale de Gravelines a fait l'objet en 2007 (à fin février) de quatre avis d'incidents de niveau 1 sur l'échelle INES[57] - [58] - [59] - [60].
2006
En 2006, une pullulation de CtĂ©naires faillit provoquer l'arrĂȘt d'un rĂ©acteur par colmatage des prises d'eau du systĂšme de refroidissement.
Le 30 mars 2006, lors des opĂ©rations d'arrĂȘt pour maintenance et rechargement en combustible du rĂ©acteur no 3, il a Ă©tĂ© dĂ©tectĂ© que ce rĂ©acteur avait Ă©tĂ© privĂ© durant un an de la commande automatique d'un circuit assurant son refroidissement en cas d'accident : un fil Ă©lectrique du systĂšme de protection du rĂ©acteur n'avait pas Ă©tĂ© rebranchĂ© en 2005, lors du prĂ©cĂ©dent arrĂȘt. D'autres systĂšmes de protections Ă©taient nĂ©anmoins opĂ©rationnels. Cette dĂ©faillance a Ă©tĂ© classĂ©e au niveau 1 sur l'Ă©chelle INES, qui en compte sept[61] - [62].
1999 et 2002
Le 5 février 2002, trois « clandestins » sri-lankais, cherchant apparemment à rejoindre la Grande-Bretagne, se retrouvent par erreur à l'intérieur de la centrale. Ils s'étaient introduits dans un camion contenant du matériel radioactif et n'avaient pas été détectés lors du premier contrÎle à l'entrée de la centrale[63].
En 1999, tour Ă tour, des Kosovars puis des Sri-Lankais se retrouvent par la mĂȘme voie dans la centrale.
1989
Un type de vis inadéquat est détecté sur le systÚme de commande des soupapes de protection contre les surpressions du circuit primaire du réacteur no 1. En cas de surpression, ces soupapes n'auraient pas fonctionné correctement. L'évÚnement est classé au niveau 3 de l'échelle INES malgré les justifications présentées par l'exploitant EDF pour un déclassement au niveau 2[64].
EPR 2
Le site de Gravelines est envisagé pour accueillir deux EPR 2[65]. En novembre 2021 le président Macron confirme la construction de nouveaux réacteurs en France, et Gravelines fait toujours partie des sites pressentis[66].
Annexes
Articles connexes
Liens externes
- Site officiel de la centrale de Gravelines.
- Commission Locale d'Information de Gravelines
- Exercice de simulation d'un accident Ă la centrale de Gravelines
- Information du public, sondage réalisé en 2007 auprÚs des riverains
- Gravelines: la centrale nucléaire et le risque
- (en) Gravelines 1 : fiche INSC
- (en) Gravelines 2 : fiche INSC
- (en) Gravelines 3 : fiche INSC
- (en) Gravelines 4 : fiche INSC
- (en) Gravelines 5 : fiche INSC
- (en) Gravelines 6 : fiche INSC
- La géante - Une histoire de la centrale nucléaire de Gravelines, Jean Pinte, 2005, édition Cliomédia
- Rapport annuel 2007, cf. Article 21 de la loi de transparence et sécurité en matiÚre nucléaire (155p, [PDF])
Notes et références
- (en) « Nuclear Power Reactor Details - GRAVELINES-1 », sur pris.iaea.org (consulté le )
- (en) « Nuclear Power Reactor Details - GRAVELINES-2 », sur pris.iaea.org (consulté le )
- (en) « Nuclear Power Reactor Details - GRAVELINES-3 », sur pris.iaea.org (consulté le )
- (en) « Nuclear Power Reactor Details - GRAVELINES-4 », sur pris.iaea.org (consulté le )
- (en) « Nuclear Power Reactor Details - GRAVELINES-5 », sur pris.iaea.org (consulté le )
- (en) « Nuclear Power Reactor Details - GRAVELINES-6 », sur pris.iaea.org (consulté le )
- L'Ă©lectricitĂ© en France en 1959 et 1960, par C. PrĂȘcheur, dans L'Information GĂ©ographique de 1961
- Le port de Dunkerque a 50 ans: les souvenirs d'un docker qui l'a vu naĂźtre, dans La Voix du Nord du 23/04/2016
- Ă la mĂȘme Ă©poque, l'Iran a aussi pris pour 1 milliard de dollars une participation de 10 % dans le consortium Eurodif pour l'usine d'enrichissement du Tricastin, en France
- Jean-Paul HĂ©bert - juin 2008 : Irak, Iran, Afghanistan : les divisions de l'Europe
- (en) World Nuclear Association - Nuclear Energy in Iran
- [PDF] « Centrale de Gravelines : 1 000 milliards de kWh produits en toute sûreté au service des clients », EDF, (consulté le )
- « GRAVELINES - Le chantier de la centrale nuclĂ©aire, un jackpot d'un milliard pour l'Ă©conomie locale », La Voix du Nord,â (lire en ligne, consultĂ© le )
- à Dunkerque, un géant fragile par OLIVIER JAMES, dans L'Usine Nouvelle du 11/09/2014
- La centrale nucléaire de Gravelines sur le site de l'EDF, consulté le 11 juin 2008.
- Site nucléaire de Gravelines sur le site de l'ASN, consulté le 26 novembre 2009.
- Activités portuaires, industrielles, agricoles et autres, DRIRE/DIREN Nord-Pas-de-Calais/polmar59, consulté 2011/02/21
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- "La voix du Nord 2019,Littoral: votre maison va-t-elle ĂȘtre engloutie par les eaux ? Nos cartes pour tout comprendre"
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- Le I de l'article 4.3.9 d'une dĂ©cision de l'ASN (DĂ©cision n° 2013-DC-0360 modifiĂ©e du 16 juillet 2013 relative Ă la maĂźtrise des nuisances et de lâimpact sur la santĂ© et lâenvironnement des installations nuclĂ©aires de base) indiquant que les canalisations ou tuyauteries doivent ĂȘtre « signalĂ©es in situ de façon Ă prĂ©ciser la nature et les risques des produits vĂ©hiculĂ©s »
- Ces ONG sont le RĂ©seau Sortir du nuclĂ©aire, l'ADELFA, les Amis de la Terre-Dunkerque, France Nature Environnement, Nord Nature Environnement et Virage Ănergie
- Plainte pour infractions au Code de lâenvironnement et Ă la rĂ©glementation relative aux installations nuclĂ©aires de base â Emissaires de rejets illĂ©gaux Ă la centrale nuclĂ©aire de Gravelines [lire en ligne]
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- CARTE. EDF envisage l'arrĂȘt de rĂ©acteurs dans huit centrales nuclĂ©aires, La DĂ©pĂȘche, 21/01/2020
- La nouvelle stratégie énergétique de la France
- La Tribune Donner la parole aux territoires, 22 mars 2017
- Journal Le Monde (avec AFP et Reuters) Les retombées de Fukushima ne nécessitent pas de mesures particuliÚres en France , 2011/02/23
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- Source : CLI Gravelines
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- La voix du nord - 07/06/2012 : Un feu se déclare sur une ligne EDF de 225 000 volts
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- ArrĂȘt d'une pompe de recirculation d'acide borique sur le site de l'ASN
- Dépassement d'un critÚre de la température du fluide primaire sur le site de l'ASN
- Rejet gazeux effectué sans analyse préalable de l'activité radiologique sur le site de l'ASN
- RĂ©paration trop longue d'un systĂšme de ventilation et de filtration sur le site de l'ASN
- Compte-rendu de l'événement sur le site internet de son exploitant EDF
- Communiqués du Réseau Sortir du nucléaire à propos de l'événement sur le site internet dissident-media.org
- http://resosol.org/Gazette/2002/197_198_28.html Communiqués de l'ADELFA
- Rapport parlementaire sur le contrÎle de la sûreté et de la sécurité des installations nucléaires pages 16 et 17 senat.fr, 2 avril 1997
- « Réacteurs nucléaires nouvelle génération : Tricastin ou Bugey ? », sur France Bleu,
- Nouveaux réacteurs nucléaires : Gravelines est toujours dans les sites pressentis