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Chloroforme

Le chloroforme ou trichlorométhane est un composé organochloré de formule brute CHCl3.

Chloroforme
Image illustrative de l’article Chloroforme
Image illustrative de l’article Chloroforme
Identification
Nom UICPA trichlorométhane
No CAS 67-66-3
No ECHA 100.000.603
No CE 200-663-8
PubChem 6212
ChEBI 35255
SMILES
InChI
Apparence liquide incolore, volatil, d'odeur caractéristique[1]
Propriétés chimiques
Formule CHCl3 [IsomĂšres]
Masse molaire[2] 119,378 ± 0,007 g/mol
C 10,06 %, H 0,84 %, Cl 89,09 %,
pKa 15,5 à 25 °C[3]
Moment dipolaire 1,04 ± 0,02 D[4]
DiamÚtre moléculaire 0,502 nm[5]
Propriétés physiques
T° fusion −64 °C[1]
T° ébullition 62 °C[1]
SolubilitĂ© 10,62 g kg−1 d'eau Ă  0 °C
8,95 g kg−1 d'eau Ă  10 °C
8,22 g kg−1 d'eau Ă  20 °C
3,81 g kg−1 d'eau Ă  25 °C
ParamĂštre de solubilitĂ© ÎŽ 19,0 MPa1/2 (25 °C)[6] ;

19,5 J1/2 cm−3/2 (25 °C)[5]

Masse volumique 1,489 2 g ml−1 Ă  20 °C (liquide)
1,479 8 g ml−1 Ă  25 °C (liquide)
T° d'auto-inflammation ininflammable
Point d’éclair aucun
Pression de vapeur saturante à 20 °C : 21,2 kPa[1]
ViscositĂ© dynamique 0,57 mPa s Ă  20 °C
Point critique 53,7 bar, 263,25 °C[8]
ConductivitĂ© thermique 0,145 4 W m−1 K−1 Ă  20 °C
Vitesse du son 987 m s−1 Ă  25 °C[9]
Thermochimie
S0gaz, 1 bar 295,61 J mol−1 K−1
ΔfH0gaz −103,18 kJ mol−1
ΔfH0liquide −134,3 kJ mol−1
Cp 114,25 J mol−1 K−1
à 25 °C (liquide)
Propriétés électroniques
1re énergie d'ionisation 11,37 ± 0,02 eV (gaz)[11]
Propriétés optiques
Indice de réfraction 1,442[5]
Précautions
SGH[12]
SGH06 : ToxiqueSGH08 : Sensibilisant, mutagÚne, cancérogÚne, reprotoxique
Danger
H302, H315, H319, H331, H336, H351, H361d, H372, P201, P301+P312+P330, P302+P352, P304+P340+P311 et P305+P351+P338
SIMDUT[13]
D1B : MatiÚre toxique ayant des effets immédiats graves
D1B, D2A, D2B,
NFPA 704
Transport
Classification du CIRC
Groupe 2B : peut-ĂȘtre cancĂ©rigĂšne pour l'homme[14]
Écotoxicologie
LogP 1,97[1]
Seuil de l’odorat bas : 133 ppm
haut : 276 ppm[15]
Composés apparentés
Autres composés

Tétrachlorométhane, Dichlorométhane, Chloral


Unités du SI et CNTP, sauf indication contraire.

FrĂ©quemment utilisĂ© comme solvant, le chloroforme tend Ă  ĂȘtre remplacĂ© actuellement par le dichloromĂ©thane, aux propriĂ©tĂ©s similaires mais moins toxique. Le chloroforme a autrefois Ă©tĂ© utilisĂ© comme de l’anesthĂ©sique dans les blocs opĂ©ratoires et comme conservateur pour la viande.

Histoire

EugĂšne Soubeiran (en France), Justus von Liebig (en Allemagne) et Samuel Guthrie (en AmĂ©rique) ont dĂ©couvert en mĂȘme temps le chloroforme, prĂ©parĂ© pour la premiĂšre fois en 1831. C'est Ă  Édimbourg en 1847 que James Young Simpson utilise pour la premiĂšre fois le chloroforme pour un accouchement, et le prĂ©sente aux autres mĂ©decins. À l'Ă©poque, seul l'Ă©ther, qui prĂ©sente de nombreux inconvĂ©nients, Ă©tait utilisĂ© et de nombreuses opĂ©rations se dĂ©roulaient sans anesthĂ©sie : le chloroforme est alors un grand progrĂšs. Son usage comme anesthĂ©siant dĂ©colle lors de la guerre de sĂ©cession, pour soigner les blessures sur le champ de bataille. La reine Victoria l'utilise en 1853 pour accoucher, ce qui rassure le grand public concernant l'utilisation du produit[16].

Propriétés physico-chimiques

Le chloroforme est un liquide hautement volatil. Toutefois les vapeurs de chloroforme ne forment pas de mélanges explosifs avec l'air.

Le chloroforme est un excellent solvant pour de nombreux matériaux organiques tels que graisses, huiles, résines et cires. Il est complÚtement miscible avec de nombreux solvants organiques et dissout le diiode et le soufre.

Le chloroforme forme de nombreux mélanges azéotropiques avec d'autres liquides tels que l'acétone, l'éthanol, l'eau et le méthanol.

Le chloroforme a une constante molale cryoscopique de 4,70 Â°C kg/mol et une constante molale Ă©bullioscopique de 3,80 Â°C kg/mol.

Production et synthĂšse

La production de chloroforme est liée à celle d'autres composés organochlorés. En effet, le chloroforme est produit par chlorations successives du méthane ou de l'éthanol.

Un autre procédé utilise le méthanol comme réactif au lieu du méthane. Il s'agit d'un mélange de chloration/hydrochloration qui permet d'éviter la séparation de l'acide chlorhydrique du méthane lors du recyclage du réactif non utilisé.

Il peut ĂȘtre obtenu industriellement par rĂ©action du fer et d'acide sur le tĂ©trachloromĂ©thane.

On peut aussi obtenir du chloroforme plus simplement en traitant l'acétone par le dichlore en présence d'une base. Il se forme par l'intermédiaire de la trichloracétone, substance que la base scinde facilement en chloroforme et en sel acétique :

CH3COCH3 + 3Cl2 + 3KOH → CH3COCCl3 + 3KCl + 3H2O
CH3COCCl3 + KOH → CH3COOK + CHCl3.

NĂ©anmoins, cette derniĂšre synthĂšse peut ĂȘtre assez dangereuse. En effet, il y a un risque de former du phosgĂšne, un gaz trĂšs toxique voire mortel qui a Ă©tĂ© utilisĂ© comme gaz de combat lors de la PremiĂšre Guerre mondiale.

Sécurité

Publicité pour le Chloroforme Adrian, du Montreal Medical Journal, janvier 1906.

Au cours d'un stockage prolongĂ©, en prĂ©sence de dioxygĂšne et sous l'action de la lumiĂšre, le chloroforme a tendance Ă  se dĂ©composer en donnant du chlorure d'hydrogĂšne, du dichlore et de l'oxychlorure de carbone (phosgĂšne) qui est un produit extrĂȘmement toxique.

Absorbé ou inhalé à forte concentration, il peut conduire à un coma, voire entraßner des troubles respiratoires et cardiaques qui peuvent s'avérer mortels. Son utilisation en anesthésie a été abandonnée.

Dans la fiction

Dans diverses Ɠuvres de fiction, le chloroforme est souvent employĂ© par des criminels pour endormir leurs victimes. Une telle utilisation n'est pas crĂ©dible. En premier lieu parce que le chloroforme met plusieurs minutes, et non quelques secondes, avant de faire effet, ce qui laisse thĂ©oriquement le temps Ă  la personne agressĂ©e de se dĂ©battre ou d'appeler Ă  l'aide[17]. En outre, son effet n'est pas durable. Les anesthĂ©sistes qui l'utilisaient devaient rĂ©guliĂšrement renouveler la dose pour maintenir leur patient inconscient.

Les rumeurs faisant état de malfaiteurs endormant leurs victimes avec du chloroforme caché dans un flacon de parfum dont ils aspergeraient leurs cibles n'ont pas plus de crédit. Le chloroforme est un gaz beaucoup trop volatil pour rester concentré dans l'air au point de faire perdre connaissance à quelqu'un[18].

Notes et références

  1. CHLOROFORME, Fiches internationales de sécurité chimique
  2. Masse molaire calculĂ©e d’aprĂšs « Atomic weights of the elements 2007 », sur www.chem.qmul.ac.uk.
  3. (en) « Chloroform », ChemicalBook.com.
  4. (en) David R. Lide, CRC Handbook of Chemistry and Physics, Boca Raton, CRC Press/Taylor & Francis, , 89e éd., 2736 p. (ISBN 9781420066791, présentation en ligne), p. 9-50.
  5. (en) Yitzhak Marcus, The Properties of Solvents, vol. 4, Angleterre, John Wiley & Sons, , 239 p. (ISBN 0-471-98369-1).
  6. (en) James E. Mark, Physical Properties of Polymer Handbook, Springer, , 2e Ă©d., 1076 p. (ISBN 978-0-387-69002-5 et 0-387-69002-6, lire en ligne), p. 294.
  7. (en) Robert H. Perry et Donald W. Green, Perry's Chemical Engineers' Handbook, USA, McGraw-Hill, , 7e Ă©d., 2400 p. (ISBN 0-07-049841-5), p. 2-50.
  8. « Properties of Various Gases », sur flexwareinc.com (consulté le ).
  9. (en) William M. Haynes, CRC Handbook of Chemistry and Physics, Boca Raton, CRC Press/Taylor & Francis, , 91e éd., 2610 p. (ISBN 9781439820773, présentation en ligne), p. 14-40.
  10. (en) Carl L. Yaws, Handbook of Thermodynamic Diagrams, vol. 1, 2 et 3, Huston, Texas, Gulf Pub. Co., (ISBN 0-88415-857-8, 978-0-88415-858-5 et 978-0-88415-859-2).
  11. (en) David R. Lide, CRC Handbook of Chemistry and Physics, Boca Raton, CRC Press/Taylor & Francis, , 89e éd., 2736 p. (ISBN 9781420066791, présentation en ligne), p. 10-205.
  12. Fiche de sécurité Sigma-Aldrich (consultée le 28/09/2019).
  13. « Chloroforme » dans la base de données de produits chimiques Reptox de la CSST (organisme québécois responsable de la sécurité et de la santé au travail), consulté le 25 avril 2009.
  14. IARC Working Group on the Evaluation of Carcinogenic Risks to Humans, « Évaluations Globales de la CancĂ©rogĂ©nicitĂ© pour l'Homme, Groupe 2B : Peut-ĂȘtre cancĂ©rigĂšnes pour l'homme », sur monographs.iarc.fr, CIRC, (consultĂ© le ).
  15. « Chloroform », sur hazmap.nlm.nih.gov (consulté le ).
  16. Jake Rossen, « L’étrange histoire du chloroforme », sur Slate.fr, (consultĂ© le ).
  17. « 7 faits violents qui n'ont rien Ă  voir avec les films : mines, drogues, chloroforme
 », sur hitek.fr (consultĂ© le ).
  18. « Désintox. Agression au chloroforme par de faux vendeurs de parfums : une intox trÚs ancienne », sur francetvinfo.fr, (consulté le ).

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

Bibliographie

  • (en) O’Doherty, S. et al. (2001), In situ chloroform measurements at Advanced Global Atmospheric Gases Experiment atmospheric research stations from 1994 to 1998, J. Geophys. Res., 106, 20429–20444.
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