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Acétone

L’acĂ©tone (nom fĂ©minin) est en chimie le composĂ© le plus simple de la famille des cĂ©tones. De formule brute C3H6O, c'est un isomĂšre du propanal. Son nom officiel UICPA est propanone mais elle est aussi connue sous les noms de dimĂ©thylcĂ©tone et bĂȘta-cĂ©topropane.

Acétone
Image illustrative de l’article AcĂ©tone
Image illustrative de l’article AcĂ©tone
Formule semi-développée et représentation 3D de l'acétone.
Identification
Nom UICPA propan-2-one
Synonymes

ÎČ-cĂ©topropane
diméthyl cétone

No CAS 67-64-1
No ECHA 100.000.602
No CE 200-662-2
PubChem 180
FEMA 3326
SMILES
InChI
Apparence liquide incolore, d'odeur caractéristique[1].
Propriétés chimiques
Formule C3H6O [IsomĂšres]
Masse molaire[2] 58,079 1 ± 0,003 1 g/mol
C 62,04 %, H 10,41 %, O 27,55 %,
pKa 20[3]
Moment dipolaire 2,88 ± 0,03 D[4]
DiamÚtre moléculaire 0,482 nm[5]
Propriétés physiques
T° fusion −94,6 °C[6]
T° Ă©bullition 56,05 °C (760 mmHg)[3]
SolubilitĂ© miscible avec l’eau, l’éthanol, l’oxyde de diĂ©thyle, les esters[1], le benzĂšne, le dimĂ©thylformamide, le chloroforme, la plupart des huiles[3]
ParamÚtre de solubilité Ύ 20,3 MPa1/2 (25 °C)[7] ;

22,1 J1/2·cm-3/2 (25 °C)[5]

Masse volumique
T° d'auto-inflammation 465 °C[1] ou 538 °C[6]
Point d’éclair −18 °C (coupelle fermĂ©e)[1],
−9,4 °C (coupelle ouverte)[6]
Limites d’explosivitĂ© dans l’air 2,15–13 %vol[6]
Pression de vapeur saturante 228 mbar à 20 °C
360 mbar à 30 °C
814 mbar à 50 °C
1 385 mbar Ă  65 °C
Viscosité dynamique 0,32 cP (20 °C)[3]
Point critique 235 °C, 46,4 atm[3]
Point triple −94,5 °C
Vitesse du son 1 203 m/s Ă  20 °C[9]
Thermochimie
S0liquide, 1 bar 200,4 J mol−1 K−1
S0solide −249,4 kJ mol−1
ΔfH0gaz −218,5 kJ mol−1
ΔfH0liquide −41 kJ mol−1
ΔfusH° 5,7 kJ mol−1
ΔvapH° 31,3 kJ mol−1
Cp 125,5 J mol−1 K−1 (liquide)
75 J mol−1 K−1 (gaz)
PCS 1 789,9 kJ mol−1[11] (liquide)
Propriétés électroniques
1re énergie d'ionisation 9,703 ± 0,006 eV (gaz)[12]
Constante diélectrique 21,01
Cristallographie
Classe cristalline ou groupe d’espace Pbcm[13]
ParamĂštres de maille a = 6,393 Ă…

b = 5,342 Ă…
c = 10,733 Ă…
α = 90,00°
ÎČ = 90,00°
γ = 90,00°
Z = 4[13]

Volume 366,55 Ă…3[13]
Propriétés optiques
Indice de réfraction 1,3560[5]
Précautions
SGH[14]
SGH02 : InflammableSGH07 : Toxique, irritant, sensibilisant, narcotique
Danger
H225, H319, H336, EUH066, P210, P233, P261, P280, P303+P361+P353 et P370+P378
SIMDUT[15]
B2 : Liquide inflammableD2B : MatiĂšre toxique ayant d'autres effets toxiques
B2, D2B,
NFPA 704
Transport
Inhalation irritation bronchique, troubles respiratoires, ébriété, obnubilation
Yeux rougeurs, douleur
Ingestion ébriété, obnubilation
Écotoxicologie
DL50 >5 000 mg kg−1 (oral),
20 g kg−1 (lapin, cutanĂ©)[6]
LogP –0,24[1]
Seuil de l’odorat bas : 3,6 ppm[16], 47,5 mg m−3[3] ;

haut : 653 ppm[16], 1 613,9 mg m−3[3]


Unités du SI et CNTP, sauf indication contraire.

L'atterrisseur Philae de la sonde spatiale Rosetta a détecté ce composé à dix atomes sur la comÚte 67P/Tchourioumov-Guérassimenko[17], ce qui atteste la présence de cette molécule dans le SystÚme solaire.

Propriétés physico-chimiques

L'acĂ©tone est un liquide incolore, inflammable, d'odeur caractĂ©ristique plutĂŽt fruitĂ©e. Sa tempĂ©rature de fusion est de −94,6 °C et celle d'Ă©bullition de 56,05 °C. Elle a une densitĂ© de 0,783[6] et de 0,819 Ă  0 °C. C'est un composĂ© trĂšs soluble dans l'eau (c'est une molĂ©cule polaire Ă  chaĂźne carbonĂ©e courte), dans l'Ă©thanol et dans l'Ă©ther. L'acĂ©tone est le dĂ©rivĂ© le plus simple de la sĂ©rie des cĂ©tones aliphatiques et la prĂ©sence de la double liaison carbone-oxygĂšne lui confĂšre l'essentiel de sa rĂ©activitĂ©. C'est un solvant aprotique polaire.

L'acĂ©tone forme une hydrazone avec la phĂ©nylhydrazine et une oxime avec l'hydroxylamine. Une rĂ©duction par amalgame de sodium la convertit en alcool isopropylique ; une oxydation par l'acide chromique donne du monoxyde de carbone, et de l'acide acĂ©tique. Elle rĂ©agit avec l'ammoniaque pour former de la di- et triacĂ©tone amine (en) (TAA). Elle s'unit aussi directement avec le cyanure d'hydrogĂšne pour former le nitrile d'acide 2-hydroxy-2-mĂ©thylbutyrique. Cette cyanhydrine, qui est le produit intermĂ©diaire, est convertie par l'acide sulfurique (H2SO4) en ester sulfatĂ© du mĂ©thacrylamide, dont l'hydrolyse donne du bisulfate d’ammonium et de l'acide mĂ©thacrylique.

Par l'action de divers réactifs, comme la chaux, la potasse caustique ou l'acide chlorhydrique, l'acétone est convertie en produits de condensation, en oxyde de mésityle C6H10O, en phorone C9H14O, etc.

Elle est convertie en mĂ©sitylĂšne C9H12 (trimĂ©thylbenzĂšne symĂ©trique) par distillation en prĂ©sence d'acide sulfurique. L'acĂ©tone a aussi Ă©tĂ© utilisĂ©e pour la production de teinture d’indigo artificiel. En prĂ©sence de diiode, d'une base et d'eau, elle donne l'iodoforme.

L'acĂ©tone est aussi utilisĂ©e comme liquide rĂ©frigĂ©rant, car le mĂ©lange avec la glace carbonique (CO2 solide) permet de descendre Ă  −78 °C.

Production et synthĂšse

La synthĂšse de l'acĂ©tone a Ă©tĂ© dĂ©crite par Jean BĂ©guin en 1610, prĂ©parĂ©e par pyrolyse de l’acĂ©tate de plomb[18].

L'acétone, extraite autrefois de l'acide pyroligneux résultant de la pyrolyse du bois, a été ensuite un produit dérivé de l'acide acétique.

En 1915, Chaim Weizmann découvre un moyen peu coûteux d'obtenir de l'acétone à partir de l'amidon, ce qui facilite la production de cordite, un explosif.

Au dĂ©but des annĂ©es 2000, la mĂ©thode la plus utilisĂ©e pour produire l'acĂ©tone est le procĂ©dĂ© au cumĂšne, qui permet de la fabriquer (ainsi que le phĂ©nol) Ă  partir du benzĂšne et du propylĂšne. La production mondiale d'acĂ©tone est de l'ordre de 1,5 million de tonnes par an.

Utilisation

L'acétone est un solvant trÚs utilisé dans l'industrie et en laboratoire car il a l'avantage de solubiliser de maniÚre particuliÚrement rapide de nombreuses espÚces organiques et parce qu'il est miscible avec l'eau.

C'est également un composé à la base de la fabrication de plastiques, de médicaments, et autres produits issus de l'industrie de synthÚse. L'acétone est notamment utilisée dans l'industrie pour produire le bisphénol A par réaction avec le phénol. Le bisphénol A est un constituant important de nombreux polymÚres de type polycarbonate ou polyuréthane ainsi que de résines époxyde.

L'acétone est utilisée à grande échelle pour le transport et le stockage de l'acétylÚne : un récipient contenant un matériau poreux est rempli d'acétone, dans lequel l'acétylÚne est ensuite dissous (un litre d'acétone permet de dissoudre environ 250 L d'acétylÚne).

L'acétone est également le principal constituant de certains dissolvants utilisés pour retirer le vernis à ongles. Elle est également utilisée comme dissolvant pour dissoudre la colle et les fibres cellulosiques. Il est recommandé de ne pas utiliser d'acétone sur les fibres artificielles (acétate, triacétate et acrylique).

L'acétone est également utilisée pour le dégraissage industriel.

Des bains d'acétone sont utilisés pour la préparation des corps lors de la plastination.

Aspect biologique et microbiologique

L'acĂ©tone est une cĂ©tone corporelle, prĂ©sente normalement, en trĂšs petites quantitĂ©s, dans l'urine et dans le sang. De plus grandes quantitĂ©s peuvent ĂȘtre trouvĂ©es aprĂšs un jeĂ»ne et chez les patients diabĂ©tiques (dont la gestion de la glycĂ©mie est mauvaise) avec une dĂ©ficience en insuline sĂ©vĂšre ; une odeur fruitĂ©e de l’haleine causĂ©e par l'acĂ©tone est l'un des symptĂŽmes de la cĂ©toacidose diabĂ©tique.

L'acĂ©tone existe naturellement dans les plantes, les arbres, gaz volcaniques, feux de forĂȘts et comme un produit de la dĂ©composition du gras animal. Elle est prĂ©sente dans les gaz d'Ă©chappement, le tabac et les dĂ©charges. Les activitĂ©s humaines en produisent plus que la nature.

Elle fait partie des produits formĂ©s par la distillation destructive du bois, sucre, cellulose, etc., et pour cette raison il est toujours prĂ©sent dans l’esprit de bois brut, dont une grande proportion peut ĂȘtre rĂ©cupĂ©rĂ©e par distillation fractionnĂ©e.

Effets sur la santé et sécurité

Le contact avec l'acétone peut provoquer des irritations ou des dégùts sur la peau. Une exposition importante et prolongée peut entraßner une perte de conscience.

Des Ă©tudes sur animaux de laboratoire ont dĂ©montrĂ© des dommages aux reins, au foie et aux nerfs, ainsi qu'au fƓtus en cas d'exposition prolongĂ©e Ă  des doses importantes d'acĂ©tone. Les animaux mĂąles montraient Ă©galement des troubles voire des incapacitĂ©s de reproduction. On ne sait pas si ce genre d'effets peut ĂȘtre observĂ© chez l'humain.

Des doses millimolaires non toxiques d'acĂ©tone montrent un effet anticonvulsivant dans des modĂšles animaux d'Ă©pilepsie[19]. La valeur limite d'exposition professionnelle (VLEP) est fixĂ©e Ă  500 ppm (1 210 mg/m3) dans l'Union europĂ©enne.

L'inhalation d'acétone peut causer de l'irritation bronchique, des troubles respiratoires et l'ingestion d'acétone peut causer de l'ébriété et de l'obnubilation.

Toxicologie professionnelle

À de fortes concentrations, l'acĂ©tone provoque des effets dĂ©presseurs du systĂšme nerveux central et une irritation des muqueuses. L'exposition cutanĂ©e rĂ©pĂ©tĂ©e peut dĂ©clencher une dermatite de contact[20]. En raison des dangers d’incendie et d’explosion, des mesures de prĂ©vention et de protection s’imposent lors du stockage et de la manipulation de l’acĂ©tone : le choix des protections individuelles se fera en fonction des conditions au poste de travail, elles ne devront pas ĂȘtre source d’électricitĂ© statique. Lors des visites initiale et pĂ©riodique, l'examen clinique recherchera des signes d’atteintes neurologique, oculaire, cutanĂ©e ou respiratoire chronique. Un effet sur la fertilitĂ© est soupçonnĂ©.

Notes et références

  1. ACETONE, Fiches internationales de sécurité chimique .
  2. Masse molaire calculĂ©e d’aprĂšs « Atomic weights of the elements 2007 », sur www.chem.qmul.ac.uk.
  3. (en) « ACETONE », sur Hazardous Substances Data Bank (consulté le ).
  4. (en) David R. Lide, CRC Handbook of Chemistry and Physics, Boca Raton, CRC Press/Taylor & Francis, , 89e éd., 2736 p. (ISBN 9781420066791, présentation en ligne), p. 9-50.
  5. (en) Yitzhak Marcus, The Properties of Solvents, vol. 4, Angleterre, John Wiley & Sons, , 239 p. (ISBN 0-471-98369-1).
  6. Acétone, INRS, fiche toxicologique FT3, 2008.
  7. (en) James E. Mark, Physical Properties of Polymer Handbook, Springer, , 2e Ă©d., 1076 p. (ISBN 0-387-69002-6, lire en ligne), p. 294.
  8. (en) Robert H. Perry et Donald W. Green, Perry's Chemical Engineers' Handbook, États-Unis, McGraw-Hill, , 7e Ă©d., 2400 p. (ISBN 0-07-049841-5), p. 2-50.
  9. (en) William M. Haynes, CRC Handbook of Chemistry and Physics, Boca Raton, CRC Press/Taylor & Francis, , 91e éd., 2610 p. (ISBN 9781439820773, présentation en ligne), p. 14-40.
  10. (en) Carl L. Yaws, Handbook of Thermodynamic Diagrams, vol. 1, Huston, Texas, Gulf Pub., (ISBN 0-88415-857-8).
  11. (en) David R. Lide, CRC Handbook of Chemistry and Physics, Boca Raton, CRC Press, , 83e éd., 2664 p. (ISBN 0849304830, présentation en ligne), p. 5-89.
  12. (en) David R. Lide, CRC Handbook of Chemistry and Physics, Boca Raton, CRC Press/Taylor & Francis, , 89e éd., 2736 p. (ISBN 9781420066791, présentation en ligne), p. 10-205.
  13. « Acetone », sur reciprocalnet.org (consulté le ).
  14. Fiche de sécurité fournie par Sigma-Aldrich, consultée le .
  15. « Acétone » dans la base de données de produits chimiques Reptox de la CSST (organisme québécois responsable de la sécurité et de la santé au travail), consulté le 25 avril 2009.
  16. (en) « Acetone », sur hazmap.nlm.nih.gov (consulté le ).
  17. (en) Fred Goesmann, Helmut Rosenbauer, Jan Hendrik Bredehöft, Michel Cabane, Pascale Ehrenfreund, Thomas Gautier, Chaitanya Giri, Harald KrĂŒger, LĂ©na Le Roy, Alexandra J. MacDermott, Susan McKenna-Lawlor, Uwe J. Meierhenrich, Guillermo M. Muñoz Caro, Francois Raulin, Reinhard Roll, Andrew Steele, Harald Steininger, Robert Sternberg, Cyril Szopa, Wolfram Thiemann et Stephan Ulamec, « Organic compounds on comet 67P/Churyumov-Gerasimenko revealed by COSAC mass spectrometry », Science, vol. 349, no 6247,‎ (DOI 10.1126/science.aab0689, lire en ligne).
  18. Jean Béguin, trad. Jean Lucas Du Roi, Les elemens de chymie, de maistre Iean Beguin aumosnier du Roy, chez Mathieu Le Maistre, ruë sainct Iean de Latran à l'Arbre sec, (lire en ligne).
  19. Likhodii et al., 2003.
  20. Fiche toxicologique INRS FT3, .

Liens externes

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