Bisphénol A
Le bisphénol A (BPA) est un composé organique de la famille des aromatiques, utilisé principalement dans la fabrication de plastiques et de résines. Obtenue par réaction entre deux équivalents de phénol et un équivalent d'acétone, sa molécule comporte deux groupements fonctionnels phénol. Il est aussi dénommé 4,4'-(propan-2-ylidÚne)diphénol ou p, p'-isopropylidÚnebisphénol.
Bisphénol A | ||
Structure du bisphénol A | ||
Identification | ||
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Nom UICPA | 4,4'-dihydroxy-2,2-diphénylpropane | |
Synonymes |
BPA, |
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No CAS | ||
No ECHA | 100.001.133 | |
No CE | 201-245-8 | |
PubChem | 6623 | |
SMILES | ||
InChI | ||
Apparence | cristaux blancs[1] | |
Propriétés chimiques | ||
Formule | C15H16O2 [IsomĂšres] |
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Masse molaire[2] | 228,286 3 ± 0,013 7 g/mol C 78,92 %, H 7,06 %, O 14,02 %, |
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Propriétés physiques | ||
T° fusion | 152 à 153 °C[1] | |
T° ébullition | 360 °C[3] ; 250 à 252 °C (1,7 kPa)[1] |
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Solubilité | 300 mg·l-1 (eau)[3] ; sol. dans l'acide acétique, les sol. aq. alcalines, l'alcool, l'acétone. LégÚrement sol. dans CCl4 |
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Masse volumique | 1,2 g·cm-3[1] | |
T° d'auto-inflammation | 600 °C[1] | |
Point dâĂ©clair | 207 °C (coupelle ouverte)[1] | |
Pression de vapeur saturante | à 190 °C : 87 Pa[1] | |
Thermochimie | ||
Cp | ||
Précautions | ||
SGH[5] | ||
Danger |
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SIMDUT[6] | ||
D2A, D2B, |
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Ăcotoxicologie | ||
LogP | 3,32[1] | |
Unités du SI et CNTP, sauf indication contraire. | ||
Son Ă©cotoxicitĂ© a Ă©tĂ© dĂ©battue, mais en juin 2017, aprĂšs que le Canada l'eut classĂ© comme reprotoxique, le comitĂ© des Ătats-membres de l'Agence europĂ©enne des produits chimiques (AEPC) a classĂ© Ă l'unanimitĂ© le bisphĂ©nol A parmi les « substances extrĂȘmement prĂ©occupantes » du rĂšglement REACh, en tant que perturbateur endocrinien[7] - [8].
Chez l'animal, il affecte l'immunitĂ©[9] et a des effets transgĂ©nĂ©rationnels dĂ©montrĂ©s, mĂȘme Ă de trĂšs faibles niveaux d'exposition in utero[10], avec chez la souris un effet comportemental pouvant ĂȘtre liĂ© Ă l'inhibition de deux hormones, la vasopressine et l'ocytocine, observĂ© sur 4 gĂ©nĂ©rations.
Comme le nonylphĂ©nol, c'est un perturbateur endocrinien ĆstrogĂ©no-mimĂ©tique[11] capable de se lier, entre autres, aux rĂ©cepteurs α et ÎČ des ĆstrogĂšnes[12]. Son action serait environ 1 000 fois infĂ©rieure Ă celle de lâestradiol, mais il est trĂšs prĂ©sent dans notre environnement âenviron trois millions de tonnes de BPA sont produites chaque annĂ©e dans le monde[13], quatre millions de tonnes en 2015 selon PlasticsEurope, l'association professionnelle des producteurs de plastique europĂ©ens[14]â et dans le corps humain.
Il est notamment utilisĂ© comme monomĂšre de rĂ©sines Ă©poxyde (des polyĂ©poxydes tapissent l'intĂ©rieur de certaines boites de conserve et canettes, les principales sources d'exposition pour l'homme) et de polycarbonates. Il a aussi beaucoup servi de rĂ©vĂ©lateur dans lâimpression thermique (prĂ©sent sous forme libre dans un grand nombre de tickets de caisse et reçus de carte de crĂ©dit imprimĂ©s sur papier thermique). On en trouve aussi dans les billets de banque.
Autrefois trÚs présent dans le plastique des biberons, il est interdit pour raisons de sécurité sanitaire au Canada le 17 octobre 2008[15], puis le en France, aprÚs proposition du Sénat en mars 2010 dans le cadre du projet de loi Grenelle II[16] - [17].
Le 19 mai 2011, le Sénat de Belgique propose de l'interdire dans les tickets de caisse et les reçus de carte de crédit[18]. Le 1er janvier 2013, le bisphénol A est interdit en Belgique pour les contenants alimentaires destinés aux enfants en bas ùge[19].
Le SĂ©nat français vote son interdiction Ă partir du 1er juillet 2015 dans tous les contenants alimentaires. Le SĂ©nat vote Ă©galement l'interdiction non seulement du bisphĂ©nol A mais plus gĂ©nĂ©ralement de tous les perturbateurs endocriniens et substances cancĂ©rogĂšnes pour les dispositifs mĂ©dicaux destinĂ©s aux bĂ©bĂ©s et femmes enceintes[20] - [21]. Dans la version dĂ©finitive de la loi, la date dâinterdiction est avancĂ©e au 1er janvier 2015, mais la disposition sur les dispositifs mĂ©dicaux est limitĂ©e au bisphĂ©nol A dans les biberons et au DEHP dans les tubulures[22]. La disposition sur les contenants alimentaires sera partiellement censurĂ©e en 2015 par le Conseil constitutionnel, Ă la suite d'un recours de PlasticsEurope[23] - [14]. En 2016, une enquĂȘte rĂ©vĂšle que certaines canettes et boites de conserve contiennent encore du bisphĂ©nol A, illĂ©galement[24].
Il est souvent remplacé par le bisphénol B ou le bisphénol S, tous deux aussi nocifs sinon plus[25] - [26] - [27] - [28] - [29].
Histoire
La premiÚre synthÚse chimique du bisphénol A serait due à Alexandre Dianine, chimiste russe, en 1891.
Il a Ă©tĂ© trĂšs Ă©tudiĂ© dans les annĂ©es 1930 lors de recherche d'ĆstrogĂšnes synthĂ©tiques, mais n'a jamais Ă©tĂ© utilisĂ© comme tel du fait de la dĂ©couverte Ă la mĂȘme Ă©poque du diĂ©thylstilbestrol aux propriĂ©tĂ©s jugĂ©es plus intĂ©ressantes.
En 1960 débute son utilisation massive par l'industrie du plastique, notamment sous forme de polycarbonate.
Dans les annĂ©es 2000, certaines agences sanitaires s'inquiĂštent peu Ă peu de son utilisation[30] - [31], et la rĂ©glementation se durcit progressivement[15] - [22]. En 2017, le bisphĂ©nol A est reconnu par l'Agence europĂ©enne des produits chimiques (AEPC) comme perturbateur endocrinien « extrĂȘmement prĂ©occupant »[8] ; il est interdit en France dĂšs 2015, malgrĂ© un recours au Conseil constitutionnel puis Ă la Cour de justice de l'Union europĂ©enne du lobby du plastique[32].
Ces évolutions réglementaires semblent marquer le début d'un programme d'élimination et de remplacement de cette molécule:
- les effets du BPA sur l'homme continueront d'ĂȘtre Ă©tudiĂ©s ;
- la production sera réduite ;
- de nouveaux produits seront mis Ă l'essai pour remplacer cette substance dans tous les produits de consommation.
Toutefois, les principales alternatives sont de la mĂȘme famille chimique : le bisphĂ©nol S (dĂ©jĂ utilisĂ© par l'industrie Ă hauteur de 10 000 Ă 100 000 tonnes par an rien qu'en Europe, et suspectĂ© d'avoir des effets aussi dĂ©lĂ©tĂšres que son cousin) et le bisphĂ©nol B (dĂ©jĂ classĂ© comme « substance extrĂȘmement prĂ©occupante », et massivement utilisĂ© dans des pays non europĂ©ens mais qui exportent vers l'Europe)[32].
Utilisations
Le bisphénol A est principalement utilisé comme monomÚre pour la fabrication industrielle par polymérisation de matiÚres plastiques en poly(carbonate de bisphénol A) (PC) et de résines époxyde. Les polycarbonates sont trÚs utilisés dans des produits de consommation courants, des lunettes de soleil et CD aux récipients pour l'eau et la nourriture. En France, en 2008, ils étaient encore présents dans 90 % des biberons[33].
C'est aussi un antioxydant dans les plastifiants et dans le PVC, ainsi qu'un inhibiteur de polymérisation dans le PVC.
Certains de ces plastiques peuvent ĂȘtre repĂ©rĂ©s par le chiffre 3 (PVC), 7 (autres) ou PC (polycarbonate) au centre ou en dessous du symbole de recyclage (voir Code d'identification des rĂ©sines).
Dans les annĂ©es 1990 et au dĂ©but des annĂ©es 2000, il est frĂ©quent sous forme libre dans un grand nombre de tickets de caisse (papier thermique), qui tendent ensuite Ă ĂȘtre remplacĂ©s.
Certains monomÚres entrant dans la composition des résines composites d'obturation utilisées pour les soins dentaires sont partiellement constitués de bisphénol A : il s'agit du bis-GMA (diméthacrylate glycidique de bisphénol A), du bis-EMA (diméthacrylate d'oxyde éthylÚne de bisphénol A) et du bis-DMA (diméthacrylate de bisphénol A)[34]. Parmi eux, les deux composants les plus courants, le bis-GMA et le bis-EMA, de par leurs liaisons éther, ne sont pas hydrolysés et ne libÚrent donc pas de bisphénol A. Seul le bis-DMA montre des signes d'hydrolyse et de libération de bisphénol A. En revanche, aucune résine composite ne contient directement de bisphénol A.
Enfin, les rĂ©sines contenant du bisphĂ©nol A sont trĂšs utilisĂ©es comme revĂȘtement intĂ©rieur des boites de conserve[35].
RĂ©glementation
Ăvolution de la rĂ©glementation
- Le , Environnement Canada et SantĂ© Canada proposent de classer le bisphĂ©nol A au rang de substance toxique au titre de la Loi canadienne de protection de l'environnement[36] - [37]. Ă la suite de cette proposition, le bisphĂ©nol A, trĂšs prĂ©sent dans le plastique des biberons en polycarbonate, est interdit pour raisons de sĂ©curitĂ© sanitaire au Canada le 18 octobre 2008[38] - [15]. Le Canada devient ainsi le premier pays Ă classer au rang des toxiques cette substance, ce qui va amener les Ătats-Unis et l'Union europĂ©enne Ă se prononcer Ă leur tour. Le produit sera ensuite interdit dans certaines villes et Ătats amĂ©ricains (Chicago, Minnesota, Connecticut et comtĂ© de Suffolk (New York)[39]).
- La Food and Drug Administration (FDA) des Ătats-Unis avait en 2008 initialement dĂ©clarĂ© le BPA sans danger. Elle est revenue sur son avis, sur la base de nouvelles Ă©tudes concluant à « des effets potentiels sur le cerveau et sur la prostate des bĂ©bĂ©s et des fĆtus ». La FDA a ensuite encouragĂ© l'initiative des industriels amĂ©ricains de ne plus utiliser de BPA dans les contenants d'aliments pour bĂ©bĂ©s[40] et souhaite que le BPA ne soit plus utilisĂ© dans les revĂȘtements intĂ©rieurs de boĂźtes de conserve[41].
- Le , le BPA est interdit en France dans les biberons aprĂšs proposition du SĂ©nat en mars 2010 dans le cadre du projet de loi Grenelle II[16] - [17].
- Aux Ătats-Unis, dans le courant de l'annĂ©e 2010, les sĂ©nateurs Dianne Feinstein (dĂ©m., Californie), Charles E. Schumer (dĂ©m., N.Y.) et le reprĂ©sentant Ed Markey (dĂ©m., Massachusetts) dĂ©posent une proposition de loi visant Ă son interdiction pour tout contenant de boisson[39].
- En janvier 2011, la Commission europĂ©enne adopte la directive UE no 8/2011, interdisant lâutilisation du BPA dans les biberons pour nourrissons en polycarbonate, Ă compter du 1er mars 2011[42]. Il reste autorisĂ© pour les autres matĂ©riaux en contact avec les denrĂ©es alimentaires moyennant le respect de la norme de 2006.
- Le 19 mai 2011, le Sénat de Belgique propose d'interdire le BPA dans les tickets de caisse et les reçus de carte de crédit[18].
- Courant 2011, un projet de loi est déposé par le député (PS) Gérard Bapt, visant l'interdiction du bisphénol A dans les contenants alimentaires avant 2014[10].
- En octobre 2012, le Sénat français vote son interdiction à partir du 1er juillet 2015 dans tous les contenants alimentaires. Le Sénat vote également l'interdiction non seulement du bisphénol A mais plus généralement de tous les perturbateurs endocriniens et substances cancérogÚnes pour les dispositifs médicaux destinés aux bébés et femmes enceintes[20] - [21].
- En décembre 2012, la loi est adoptée dans sa forme définitive. Le bisphénol A est interdit à compter du 1er janvier 2013 dans les conditionnements à usage alimentaire destinés aux enfants de 0 à 3 ans, et sera interdit pour tous les conditionnements alimentaires au 1er janvier 2015[43] - [22]. La disposition sur les dispositifs médicaux est limitée au bisphénol A dans les biberons et au DEHP dans les tubulures[22].
- Le 1er janvier 2013, le bisphénol A est interdit en Belgique pour les contenants alimentaires destinés aux enfants en bas ùge[19].
- Le 1er janvier 2015, la loi interdisant son utilisation en France pour tout contenant alimentaire entre en vigueur[22].
- En 2015, lâinterdiction française du BPA pour les contenants alimentaires est partiellement censurĂ©e par le Conseil constitutionnel, Ă la suite d'un recours de PlasticsEurope[23] - [14].
- En 2016, une enquĂȘte rĂ©vĂšle que certaines canettes et boites de conserve contiennent encore du bisphĂ©nol A, illĂ©galement[24].
- Courant 2016, dans le cadre du RĂšglement REACh, l'Agence europĂ©enne des produits chimiques (AEPC) augmente le niveau de toxicitĂ© associĂ© au bisphĂ©nol A : il est d'abord classĂ© en catĂ©gorie 1B (« prĂ©sumĂ© toxique pour la reproduction ») le 16 juillet[44], puis est classĂ© comme « substance extrĂȘmement prĂ©occupante » pour ses propriĂ©tĂ©s reprotoxiques le 19 dĂ©cembre[45]. Cette classification oblige dĂ©sormais les industriels Ă demander une autorisation (temporaire et renouvelable) pour l'utiliser[8], Ă signaler Ă l'AEPC sa prĂ©sence dans les articles fabriquĂ©s et importĂ©s, et Ă informer les acquĂ©reurs[8].
- Le 12 décembre 2016, la Commission Européenne publie un nouveau rÚglement concernant l'utilisation du BPA dans le papier thermique. Selon ce nouveau rÚglement, le papier thermique contenant du bisphénol A sera définitivement interdit à partir du 2 janvier 2020[46].
- Le 16 juin 2017, le bisphĂ©nol A est classĂ© par l'AEPC comme « substance extrĂȘmement prĂ©occupante », dans le cadre du RĂšglement REACh, pour ses propriĂ©tĂ©s de perturbateur endocrinien[8].
- La directive europĂ©enne 2020/2184 du 16 dĂ©cembre 2020 impose aux Ătats membres, Ă partir du 2 janvier 2026, de fournir une eau potable respectant des valeurs maximum concernant le bisphĂ©nol A (2,5 ”g/L), les chlorates, les chlorites, les acides haloacĂ©tiques, la microcystine-LR, le total des PFAS (0,50 ”g/L), la somme des PFAS (0,10 ”g/L) et lâuranium[47]. Les fournisseurs d'eau doivent Ă©galement vĂ©rifier les concentrations de ces substances Ă partir de la mĂȘme date[47].
Recours contre la loi française de décembre 2012
En France, aprÚs que le bisphénol A ait été interdit dans les biberons en 2010[17], une loi plus générale est adoptée le 24 décembre 2012 qui prévoit « la suspension de la fabrication, de l'importation, de l'exportation et de la mise sur le marché de tout conditionnement, contenant ou ustensile comportant du bisphénol A et destiné à entrer en contact direct avec des denrées alimentaires ». Cette loi précise que le Gouvernement, aprÚs avis de l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail pourrait autoriser « la reprise de ces opérations »[48] - [22].
Mais PlasticsEurope (lobby des grands fabricants europĂ©ens de matiĂšres plastiques) a attaquĂ© la loi au nom de la « libertĂ© d'entreprendre », la jugeant non conforme aux droits et libertĂ©s tels que garantis en France par la Constitution, en dĂ©posant une question prioritaire de constitutionnalitĂ© (QPC) devant le Conseil d'Ătat et le Conseil constitutionnel[23].
En audience, l'avocat de PlasticsEurope[14] a affirmĂ© qu'une interdiction, mĂȘme provisoire isolerait le marchĂ© français, dĂ©sorganiserait la chaĂźne de valeur de lâindustrie du plastique et de lâemballage plastique, et serait source d'un manque Ă gagner, d'un risque de dĂ©localisation et de perte dâemplois et de compĂ©titivitĂ© pour l'industrie du plastique ; ajoutant que le principe de prĂ©caution ne peut ĂȘtre Ă©voquĂ© pour la santĂ©, et que le bisphĂ©nol A ne pose pas de problĂšmes d'environnement[14].
Pour le reprĂ©sentant du Gouvernement, la mesure Ă©tait proportionnĂ©e car provisoire et rĂ©versible (en lien avec les avancĂ©es de la connaissance), ne touchant que les plastiques et vernis de contact alimentaire, et car des doutes significatifs existent encore sur lâinnocuitĂ© de ce produit quand il est en contact avec des aliments notamment pour certaines catĂ©gories de la population qu'on ne saurait autrement protĂ©ger d'une exposition Ă ce produit[14].
AprĂšs avoir Ă©coutĂ© les parties et dĂ©libĂ©rĂ©, le Conseil d'Ătat a rendu son avis le 17 septembre 2015. Il « a en partie accueilli le grief fondĂ© sur la libertĂ© d'entreprendre », reconnaissant une certaine atteinte au principe d'entreprendre, mais sans la juger « manifestement disproportionnĂ©e au regard de l'objectif de protection de la santĂ© qu'il a poursuivi » [49]. Le Conseil constitutionnel a, « en revanche, relevĂ© que la commercialisation des produits en cause est autorisĂ©e dans de nombreux pays et qu'ainsi la suspension de la fabrication et de l'exportation de ces produits sur le territoire de la RĂ©publique ou Ă partir de ce territoire est sans effet sur la commercialisation de ces produits dans les pays Ă©trangers. Le Conseil constitutionnel en a dĂ©duit que la suspension de la fabrication et de l'exportation de ces produits en France ou depuis la France apporte Ă la libertĂ© d'entreprendre des restrictions qui ne sont pas en lien avec l'objectif poursuivi »[49] et juge que dans ce cas, si le lĂ©gislateur pouvait interdire l'importation et de la mise sur le marchĂ© national, il ne pouvait interdire en France la fabrication pour l'exportation[49].
RĂ©action des fabricants aux interdictions
à la suite des différentes interdictions de l'utilisation du bisphénol A et aux craintes des consommateurs, différents fabricants l'ont remplacé par d'autres produits, comme le bisphénol B ou le bisphénol S, et vantent désormais l'absence de bisphénol A, sans préciser la plupart du temps son remplaçant potentiellement plus nocif[50]. Pour les boßtes de conserve et les canettes par exemple, en plus du bisphénol A toujours autorisé dans l'Union européenne, les bisphénols F et S notamment le sont également[51].
Au Japon, les fabricants ont réduit de façon volontaire leur utilisation du bisphénol A dans les emballages entre 1998 et 2003. Pour ce faire, ils ont remplacé les résines époxy par un film en PET comme fabriqué par la société Toyo Seikan ou par des résines époxy ayant une migration beaucoup plus faible de bisphénol A dans la nourriture[52].
Le fabricant de boĂźtes de conserves et canettes Ball Corporation propose Ă nouveau des boĂźtes de conserve avec un revĂȘtement en olĂ©orĂ©sine, qui Ă©tait utilisĂ©e autrefois avant son remplacement par le bisphĂ©nol A moins cher[53]. Ce type de revĂȘtement augmenterait le coĂ»t des boĂźtes de 14 %, ce qui reviendrait Ă une augmentation du prix de vente de 3 Ă 5 centimes par boĂźte de haricot[54]. Un inconvĂ©nient de cette olĂ©orĂ©sine est qu'elle ne rĂ©siste pas aux aliments acides, comme la tomate[54].
Le PET et l'olĂ©orĂ©sine semblent ĂȘtre les meilleures alternatives au bisphĂ©nol A pour les emballages[55]. Les bocaux en verre, les sachets souples de type Doypack et les emballages de type Tetra Pak (revĂȘtus de PET) sont Ă©galement des alternatives[55].
Environnement et santé
Dispersion et omniprésence dans l'environnement urbain
Dans les années 2010, des alkylphénols (AP) et du bisphénol A (BPA) sont retrouvés dans toutes les eaux de ruissellement urbaines. Ils proviennent notamment de la pollution routiÚre (usure des pneus qui en contiennent) et urbaine (lessivage de matériaux utilisés dans le bùti et pour les infrastructures urbaines[56].
AprÚs la pluie les lixiviats de divers des matériaux de construction, peintures et plastifiants et des matiÚres et consommables largement utilisés par l'industrie automobiles contiennent et diffusent des AP, alkylphénols éthoxylés et BPA dans l'eau de ruissellement[56].
Une Ă©tude rĂ©cente (2017) a exposĂ© 36 Ă©chantillons de matĂ©riaux (neufs et usagĂ©s, classĂ©s dans sept grandes familles de matĂ©riaux de construction : PVC, bĂ©ton, polycarbonate, bitume modifiĂ© SBS, matĂ©riaux de drainage) et deux matĂ©riaux automobiles (carrosserie, pneumatiques) Ă des tests de lixiviation au mĂ©thanol puis pour certains dâentre eux, Ă des tests de lixiviation par de lâeau ; en complĂ©ment trois fluides (liquide de frein, lave-glace et liquide de refroidissement) ont aussi Ă©tĂ© analysĂ©s[56]. RĂ©sultats : les composĂ©s recherchĂ©s Ă©taient bien extractible Ă l'eau et omniprĂ©sents dans les matĂ©riaux urbains modernes. Les taux dâĂ©mission les plus Ă©levĂ©s concernaient le BPA et le nonylphĂ©nol (NP)[56]. Pour le BPA, ce sont le polycarbonate, les pneumatiques, certaines carrosseries de voiture et les PVC qui en relarguent le plus de (10 Ă 300 ng/g). Pour le NP (lixiviĂ© dans l'eau Ă hauteur de 1 Ă 10 ng/g) ce sont les PVC, certains bĂ©tons, les bitumes modifiĂ©s SBS et les Ă©chantillons de carrosserie qui en Ă©taient les principales sources[56]. Les pneus Ă©taient la seule source importante d'octylphĂ©nol (OP) (1 Ă 10 ng/g). Du BPA (0,3 Ă 5,5 g/L) et du NP (2,3 Ă 2,9 mg/L) Ă©taient aussi prĂ©sents dans les liquides de frein. Et des traces d'AP et de BPA ont Ă©tĂ© trouvĂ©es dans les liquides de refroidissement et de lave-glace[56].
Exposition chez lâhomme
« Le BPA est connu pour s'extraire des plastiques spontanément à trÚs faible dose et plus significativement s'il est nettoyé avec des détergents puissants ou utilisé pour contenir des acides, ou des liquides à hautes températures »[57].
La contamination humaine se fait essentiellement par ingestion, mais un passage par les voies respiratoires ou la peau est possible. Il s'accumule ensuite dans les tissus adipeux.
95 % des Ă©chantillons dâurine d'adultes amĂ©ricains contenaient du BPA Ă dose quantifiable[58].
Au Canada, il Ă©tait dĂ©tectĂ© chez 91 % des Canadiens de 6 Ă 79 ans selon SantĂ© Canada, Ă raison en moyenne de 1,16 ”g/l d'urine, soit un taux proche de ceux relevĂ©s (concentrations moyennes ou mĂ©dianes) ailleurs allant de 1 Ă 3 ÎŒg/l. Au Canada toujours, les 12-19 ans sont plus touchĂ©s (1,5 ”g/l en moyenne), alors que les taux les plus faibles sont dĂ©tectĂ©s chez les plus de 60 ans (0,9 ”g/l en moyenne). D'autres Ă©tudes ont donnĂ© des rĂ©sultats similaires : 93 % des urines contiennent du BPA Ă faible niveau, mais aussi davantage de glucuronide de BPA, qui est le sous-produit de mĂ©tabolisation, excrĂ©tĂ© en quelques jours. En Allemagne, le BPA est couramment retrouvĂ© dans lâorganisme dâune large majoritĂ© de la population, quel que soit lâĂąge, et notamment chez les enfants[59]. Selon l'Anses il serait en France d'environ 1 ”g/l.
Le risque induit par cette exposition est controversĂ©, car les concentrations mesurĂ©es correspondent Ă des expositions 1 000 fois infĂ©rieures Ă la rĂ©glementation EPA/US[60], mais produisent nĂ©anmoins des effets avĂ©rĂ©s chez les rongeurs. Or les rongeurs semblent moins bien mĂ©taboliser le BPA et y ĂȘtre de l'ordre de dix fois plus sensibles[61]. Les nourrissons sont les sujets les plus Ă risque (leur exposition pouvant ĂȘtre douze fois plus Ă©levĂ©e que celle des adultes). L'exposition moyenne d'un adulte en France, en 2012, est de 0,04 ÎŒg/kg[62], tandis que celle des nouveau-nĂ©s est estimĂ©e Ă des valeurs comprises entre 0,2 et 2 ÎŒg/kg[63].
En 2010, des travaux dĂ©montrent que le bisphĂ©nol A utilisĂ© pour enduire sous forme libre les papiers dâimpression thermique (en moyenne 13,3 g BPA/kg de papier), et notamment prĂ©sent dans un grand nombre de reçus de caisse pĂ©nĂštre l'organisme humain par la peau, notamment quand elle est humide[64] - [65]. Les taux rĂ©siduels de BPA Ă©taient les plus importants dans l'organisme d'hĂŽte(sse)s de caisse[66], et la manipulation 10 h/jour de tickets de caisse pourrait correspondre au passage percutanĂ© de 71 ÎŒg de BPA[64]. Du BPA est encore trouvĂ© adsorbĂ© sur l'Ă©piderme aprĂšs un lavage des mains, mĂȘme soigneux[64].
Effets environnementaux connus ou suspectés
Le bisphĂ©nol A est massivement utilisĂ© par l'industrie des plastiques. Parce que la liaison ester des polymĂšres Ă base de BPA est facilement hydrolysable, du BPA a Ă©tĂ© largement dissĂ©minĂ© dans l'environnement depuis plusieurs dĂ©cennies oĂč il a conduit Ă une exposition gĂ©nĂ©ralisĂ©e de la population humaine[67]. Or c'est un xĂ©noestrogĂšne stable et rĂ©sistant, un leurre hormonal, capable de « mimer » lâeffet des hormones sexuelles fĂ©minines, qui jouent un rĂŽle dans la fonction de reproduction mais aussi dans le dĂ©veloppement dâorganes comme le cerveau ou le systĂšme cardio-vasculaire[68].
On en trouve maintenant dans presque tous les organismes vivants. Ainsi Park et Choi ont Ă©tabli le EC50 du BPA Ă 0,2 mg lâ1 et Ă 3,3 mg lâ1 le LC50 pour les larves aquatiques Chironomus tentans[69].
Le consensus Ă©cotoxicologique est que le bisphĂ©nol A est Ă©cotoxique au-delĂ de certaines doses qui varient selon les groupes et les espĂšces, par des mĂ©canismes qui pourraient ĂȘtre diffĂ©rents de ceux des autres xĂ©noestrogĂšnes[70]. Des Ă©tudes, notamment faites de 2003 Ă 2008 sous l'Ă©gide de l'Union europĂ©enne, ont portĂ© sur les effets du BPA sur divers taxons aquatiques (poissons et mollusques), semi-aquatiques (amphibiens) et terrestres (reptiles, crustacĂ©s, insectes, vers de terre, oiseaux et plantes[70]). Les animaux les plus Ă©tudiĂ©s sont les poissons, pour lesquels les valeurs de toxicitĂ© aiguĂ« du BPA varient entre 1 et 20 mg·l-1 chez les vertĂ©brĂ©s et invertĂ©brĂ©s. Chez les poissons, les concentrations lĂ©tales 50 mesurĂ©es entre 48 et 96 heures sont comprises entre 4,6 et 17,9 mg·l-1 (voir Tableau XVI de l'Ă©tude Anses 2011[70] citĂ©e en notes de bas de page).
Effets sanitaires connus ou suspectés
Le degré de toxicité et d'écotoxicité du bisphénol A, et secondairement sa dose journaliÚre admissible, sont encore discutés[71], et ont surtout été étudiés chez le rat de laboratoire, pour ses effets sur le cerveau[72], sur la reproduction des mùles[73]. à hautes doses, ses risques sur la santé humaine sont considérés comme probables[74] - [75].
Une association de médecins, l'Association Santé Environnement France (ASEF), a alerté l'opinion publique sur les dangers du BPA présent dans les biberons[76]. Depuis, l'Assemblée nationale a voté le 23 juin 2010 l'interdiction du BPA pour les biberons[17]. Fin 2012, à la suite d'un rapport de l'ANSES[77] sur la toxicité du BPA, elle a voté une proposition de loi[78] - [22] interdisant le BPA dans tous les contenants alimentaires destinés aux bébés dÚs 2013 et début 2015 pour les autres : boßtes de conserve, emballages plastiques, canettes, etc.
Le bisphĂ©nol A (BPA) est ubiquitaire dans l'eau potable au robinet, et ses dĂ©rivĂ©s chlorĂ©s (Clx-BPA) sont suspectĂ©s dâavoir une action de perturbateur endocrinien 100 fois supĂ©rieure[79]. Or le chlore est un dĂ©sinfectant frĂ©quent de l'eau du robinet[80] - [81] et de piscines. Des BPA chlorĂ©s Clx-BPA peuvent ĂȘtre dosĂ©s dans l'eau mais aussi dans l'organisme (dans l'urine[82] et plus difficilement dans les tissus adipeux[83]). Une Ă©tude (2015) de faisabilitĂ© dâune recherche dâexposition hydrique au BPA et aux Clx-BPA dans un groupe de patientes opĂ©rĂ©es du sein en a trouvĂ© des doses Ă©levĂ©es dans les graisses du sein de patientes victimes de cancer du sein, mais une Ă©tude avec un nombre d'Ă©chantillons et un protocole plus prĂ©cis est nĂ©cessaire pour Ă©valuer d'Ă©ventuelles relations de cause Ă effet[79].
Effets systémiques possibles
- Des études ont montré (sans que d'éventuels liens de causalité directe soient déjà identifiés et compris) qu'un taux urinaire élevé de ce produit était corrélé avec un risque plus élevé
- - de diabÚte de type 2 (point encore discuté[84]),
- - de maladies cardio-vasculaires[85],
- - d'anomalies du bilan hépatique[86],
- - ces affections Ă©tant aussi induites par une alimentation dĂ©sĂ©quilibrĂ©e, certains scientifiques jugent que le BPA pourrait ĂȘtre un marqueur de mauvaise alimentation[87] et non la cause de ces maladies ; Plus on consomme de graisses et de sucres, plus on risque de consommer du BPA et plus on risque de dĂ©velopper ces maladies.
- - d'altĂ©ration de l'Ă©mail dentaire en cas d'exposition prĂ©coce (dĂ©montrĂ©[88] chez le jeune rat exposĂ© Ă de faibles doses journaliĂšres de BPA ; avec des effets qui Ă©voquent une pathologie de lâĂ©mail rĂ©cemment observĂ©e chez 18 % environ des enfants de 6 Ă 8 ans ; dite MIH (pour Molar Incisor Hypomineralization) et qui n'affecte que les premiĂšres molaires et incisives permanentes, qui deviennent hypersensibles Ă la douleur et plus vulnĂ©rables aux caries[89]).
- effets sur le sein : cancérogénicité ; les données disponibles sont récentes (post-2000) et en évolution, avec une seule étude épidémiologique chez l'homme, qui a des limites méthodologiques selon l'Anses. Chez l'animal, des effets avérés sont une accélération de la maturation de la glande mammaire à l'ùge adulte aprÚs exposition prénatale ou périnatale au BPA[70] et des lésions hyperplasiques intracanalaires (si exposition périnatale ou prénatale), ou des lésions de type néoplasique dites CIS ou carcinomes intracanalaires (si exposition périnatale au BPA). Un risque accru de tumeurs mammaires est suspecté (en cas de co-expositions avec un agent cancérogÚne) s'il y a eu exposition prénatale ou périnatale au BPA[70]. In vitro, le bisphénol A réduit l'efficacité des chimiothérapies pour le cancer du sein sur des cultures cellulaires, « à des concentrations de BPA (1 and 10 nM[90]) comparables à celles trouvées dans la population générale » [91], selon les auteurs « apparemment en modifiant l'expression de protéines impliquées dans l'apoptose, ou mort cellulaire programmée », cet effet ayant été observé quel que soit le produit anticancéreux utilisé dans l'expérimentation (cisplatine, vinblastine ou autres agents chimiothérapeutiques) ;
- parmi les effets attendus et mieux compris : en tant que perturbateur hormonal[92], il s'est montré capable d'affecter la reproduction d'animaux de laboratoire et des preuves scientifiques le désignent comme l'un des facteurs de délétion de la spermatogenÚse et d'altération de la santé reproductive chez l'Homme[93] ;
- chez le lapin, à faible dose (1 picogramme), il peut inhiber l'érection du pénis à la suite de modifications des tissus du corps caverneux. Plus la dose de BPA est importante, plus les tissus sont dégradés par augmentation de collagÚne fibreux, dépÎts de graisse, hyperplasie et fibrose[94] ;
- la souris de laboratoire CD1, exposée in utero à de faibles doses de BPA, accouche de mùles présentant une prostate plus lourde et un épididyme diminué, alors que les femelles présenteront des altérations du développement des glandes mammaires[95] ;
- 10 ÎŒg·kg-1 par jour induisent chez la souris des anomalies de dĂ©veloppement de la prostate fĆtale (ce qui rend plausible un risque accru de cancer ultĂ©rieur[96]) ;
- effets sur le systĂšme reproducteur mĂąle : selon l'ANSES[70] les conclusions Ă©pidĂ©miologiques diffĂšrent (mais sur la base d'Ă©tudes ayant portĂ© sur des Ă©chantillonnages diffĂ©rents (hommes fĂ©conds et infĂ©conds). Par contre, le BA est facteur reconnu de dĂ©lĂ©tion de la spermatogenĂšse aprĂšs 5 semaines d'exposition au BPA chez l'animal selon deux Ă©tudes aux rĂ©sultats convergents[97] - [98]. Les consĂ©quences d'une exposition prĂ©natale, nĂ©onatale et post-natale (lactation) sont encore controversĂ©es chez l'animal. Pour la pĂ©riode pubertaire, on suspecte une moindre production de testostĂ©rone et modification de lâactivitĂ© sexuelle[70] ;
- effets sur le systÚme reproducteur femelle (dont sur l'endomÚtre, les ovaires polykystiques ou comme facteur de fausses couches et prématurité).
- En 2011, l'Ansees[70] appelait à des études complémentaires car les preuves étaient selon l'Agence encore méthodologiquement limitées (faible échantillonnage au sein de la population, participants choisis, manque d'analyse statistique fine, etc. dans un contexte de confusions possibles, ne permettent pas de conclure avec certitude d'un effet délétÚre pour la femme.
- En 2014, une étude visant à mettre à jour les preuves expérimentales de reprotoxicité du BPA a conclu que d'aprÚs le modÚle animal et le modÚle in vitro le BPA est clairement un « toxique de l'ovaire » en ce qu'il affecter le début de la méiose (dans le modÚles animal comme in vitro)[93], il interfÚre avec la rupture du nid de cellules germinales (dans des modÚles animaux)[93], il accélÚre la transition du follicule (démontré chez plusieurs espÚces animales)[93], il modifie la stéroïdogenÚse chez la femelle dans chez plusieurs espÚces animales testées[93], et il diminue la qualité des ovocytes en limitant la maturation ovocytaire dans plusieurs modÚles animaux[93](ainsi que chez les femmes subissant une fécondation in vitro selon 2 études publiées respectivement en 2010 et 2011[99] - [100] la seconde présentant selon l'ANSES des limites méthodologiques, mais « non majeures ».
Plusieurs consĂ©quences sont confirmĂ©es ou « avĂ©rĂ©es chez lâanimal » en exposition prĂ©natale, comme post-natale :
- - augmentation de la survenue de kyste des ovaires[70],
- - modifications hyperplasiques de l'endomĂštre,
- - puberté avancée (pour une exposition pré- et post-natale précoce).
Plusieurs Ă©tudes d'exposition in utero ou post-natale prĂ©coce ont montrĂ© (effet avĂ©rĂ©) une perturbation hormonale hypothalamo-hypophysaire gonadotrope avec variations des taux dâhormones sexuelles, perturbation de l'expression des rĂ©cepteurs des hormones sexuelles.
Chez lâanimal adulte, des effets sont observĂ©s (dont remaniement histologique de la paroi utĂ©rine, changement morphologique du tractus gĂ©nital), mais Ă des doses bien supĂ©rieures au NOAEL retenue par l'AESA[70] ; En 2014, « les donnĂ©es sont encore insuffisantes concernant les effets du BPA sur l'oviducte, le placenta, et le dĂ©veloppement pubertaire »[93].
- effets sur le cerveau et le comportement : des effets sont suspectĂ©s sur la neurogenĂšse, le « dimorphisme sexuel comportemental », l'anxiĂ©tĂ©, le comportement exploratoire et chez l'animal, sur une altĂ©ration du comportement maternel. Ils ne peuvent ĂȘtre dĂ©montrĂ©s chez l'ĂȘtre humain faute de donnĂ©es, mais plusieurs Ă©tudes sur l'animal ont montrĂ© un effet sur le dĂ©veloppement neurologique en cas d'exposition in utero ou pĂ©rinatale. Des anomalies de neurodiffĂ©renciation et des systĂšmes aminergique et glutamatergique NMDA sont observĂ©s[70]. Le BPA affecte aussi dans ce cas les rĂ©cepteurs ĆstrogĂšnes (ERα et ERĂ), et le nombre de neurones sensibles Ă l'ocytocine et Ă la sĂ©rotonine. Dans le cerveau, l'hypothalamus (et en son sein des rĂ©gions impliquĂ©es dans le dimorphisme sexuel) semble le plus affectĂ©. Dans l'hippocampe (liĂ© aux activitĂ©s cognitives et Ă l'anxiĂ©tĂ©), les zones associĂ©es aux rĂ©cepteurs NMDA sont Ă©galement modifiĂ©es. Ces rĂ©sultats sont nĂ©anmoins controversĂ©s car des Ă©tudes rĂ©alisĂ©es avec des niveaux d'exposition diffĂ©rents, concluant selon les cas, Ă un non-effet[101], un effet anxiogĂšne chez la jeune souris exposĂ©e[102] ou toujours chez la souris, Ă un effet anxiolytique associĂ© Ă un dĂ©ficit cognitif en cas d'exposition in utero[103], diffĂ©rences qui pourraient aussi ĂȘtre liĂ© au caractĂšre "hormonal" de ce perturbateur ;
- effets sur le métabolisme lipidique, glucidique et le systÚme cardio-vasculaire : ils sont suspectés chez l'Homme à la suite d'une étude transversale (Melzer et al., 2010) ayant mis en évidence une corrélation entre problÚmes cardio-vasculaires (coronariens et diabÚte) et teneurs urinaires en BPA[70].
L'exposition de rongeurs au BPA (in utero ou chez l'adulte) affecte le mĂ©tabolisme du foie, des tissus adipeux et du pancrĂ©as, avec selon certains auteurs des « changements dans l'expression des gĂšnes codant des protĂ©ines intervenant dans les voies de signalisation cellulaire impliquĂ©es dans la lipogenĂšse et le mĂ©tabolisme glucidique »[70]. In vivo, la lipogenĂšse semble affectĂ©e, de mĂȘme qu'in vitro. Des effets sur le mĂ©tabolisme des glucides ont Ă©tĂ© signalĂ©s Ă la suite d'une exposition prĂ©natale et pĂ©rinatale au BPA, mais avec une mauvaise rĂ©pĂ©tabilitĂ© des expĂ©riences (cet effet reste donc controversĂ©). Par contre, chez l'animal toujours, le BPA, in vivo et in vitro augmente - de maniĂšre avĂ©rĂ©e - la lipĂ©mie et le risque de surcharge pondĂ©rale en activant la lipogenĂšse, avec un effet avĂ©rĂ© de l'exposition prĂ©natale et pĂ©rinatale ou chez lâadulte[70] ;
- effets thyroïdiens : chez les amphibiens, in vitro, la métamorphose se montre affectée - de maniÚre avérée - selon l'Anses par le BPA qui est alors antagoniste des hormones thyroïdiennes, probablement en augmentant le recrutement de corépresseurs des récepteurs des HT, mais les autres données disponibles en 2010 ne permettent ni de confirmer ni d'infirmer un tel rÎle chez l'Homme ou les mammifÚres (aux doses auxquelles nous sommes exposés)[70].
Les rongeurs, en laboratoire présentent un effet du BPA sur le fonctionnement thyroïdien quand l'exposition se fait durant la maturation finale de l'axe hypothalamo-hypophyso-thyroïdien[70] ;
- effets sur le systÚme immunitaire. Le BPA est un sensibilisant cutané de catégorie B[104] - [70], associé à une production d'anticorps anti-cytomégalovirus, mais sans que l'on puisse, à ce jour, évaluer l'importance de cette réaction ou ses conséquences immunitaires. Le BPA suscite chez l'animal une production de lymphocytes T et une surproduction avérée de cytokines, avec un déplacement de la réponse immunitaire observée en faveur des Th2, sans que l'on puisse extrapoler de conséquences pour l'Homme[70] ;
- effets sur l'intestin : en 2010, ils ne semblaient pas avoir jamais Ă©tĂ© Ă©tudiĂ©s chez l'ĂȘtre humain, mais l'animal adulte exposĂ© Ă de fortes doses de BPA y rĂ©agit comme avec l'estradiol, probablement via une action sur les rĂ©cepteurs aux estrogĂšnes[70]. Le BPA a eu chez des animaux nĂ©s de mĂšres traitĂ©es, un effet pro-inflammatoire dans la descendance femelle (Ă©voquant un manque de maturation du systĂšme immunitaire). Le BPA pourrait avoir un effet d'inflammation de l'intestin et modifier la permĂ©abilitĂ© intestinale (effet suspectĂ©, sur la base d'une seule Ă©tude chez lâanimal)[70] ;
- effets sur le testicule et la prostate (dĂ©veloppement et cancĂ©rogĂ©nicitĂ©) : AprĂšs une longue pĂ©riode de doute, plusieurs Ă©tudes rĂ©centes (2014) ont confirmĂ© que le BPA est aussi un « toxique testiculaire », dans le modĂšle animal et chez l'Homme[93]. De mĂȘme pour ses effets sur la prostate, car jusqu'alors d'Ă©ventuels effets prostatiques n'avaient pas Ă©tĂ© Ă©pidĂ©miologiquement vraiment Ă©tudiĂ©s chez l'Homme ou avec un faible nombre de patients (ex : sur 60 patients traitĂ©s en urologie, le taux de BPA urinaire (crĂ©atinine ajustĂ©e) Ă©tait significativement plus Ă©levĂ© chez ceux des patients atteints d'un cancer de la prostate, avec une corrĂ©lation encore plus marquĂ©e chez les moins de 65 ans). Une revue d'Ă©tude en 2007[105] puis une Ă©tude de 2008 avaient dĂ©jĂ conclu qu'une exposition au BisphĂ©nol A (Ă des « doses pharmacologiques » et in utero en pĂ©riode critique de dĂ©veloppement de la prostate pouvait altĂ©rer l'Ă©pigĂ©nome de la prostate et augmenter dans le futur (chez l'adulte) sa susceptibilitĂ© Ă la carcinogenĂšse[106], de mĂȘme ensuite pour une exposition Ă faibles dose (Ă des doses « environnementales »[106]).
Par contre « les études animales ont montré que le BPA contribue au développement du cancer de la prostate », in vitro notamment, et semble-t-il en générant des « anomalies du centrosome » qui seraient le « mécanisme sous-jacent » (un phénomÚne de nucléation des microtubules a aussi été observée. Et l'exposition de lignées de cellules de prostate à de faibles doses (0,01 à 100 nM) de BPA a augmenté trÚs significativement (de deux à huit fois) le taux de cellules touchées par des anomalies du centrosome[107] - [108].
On avait dĂ©jĂ montrĂ© que chez les rongeurs l'exposition in utero ou Ă une pĂ©riode prĂ©coce de la vie au bisphĂ©nol A (BPA) « reprogramme la prostate et accroit sa sensibilitĂ© Ă la carcinogenĂšse hormonale avec le vieillissement » [108] - [109], mĂȘme si (chez les murins) sur plusieurs gĂ©nĂ©rations (de souris et rats), le poids de la prostate ne semble pas affectĂ©[110] - [111] par le BPA chez l'adulte ; Le poids de la prostate augmente nĂ©anmoins, (et avec des hyperplasies dĂ©tectĂ©es dans les cas oĂč des coupes histologiques ont Ă©tĂ© faites)[112] s'il y a eu exposition prĂ©natale chez la souris[113]. L'exposition nĂ©onatale (rongeurs) a produit des lĂ©sions de type PIN, mais pas d'adĂ©nocarcinome de la prostate[70].
En 2011, l'ANSES considĂ©rait encore que les effets sur la prostate, suspectĂ©s chez l'animal, Ă©taient encore controversĂ©s chez l'homme[70] ; Des chercheurs ont alors utilisĂ© des cultures de cellules souches Ă©pithĂ©liales de prostate humaines provenant de jeunes donneurs exempts de maladie. Ils ont constatĂ© qu'in vitro « comme avec l'estradiol-17ÎČ (E2), le BPA augmentait l'auto-renouvellement des cellules souches progĂ©nitrices[108], ainsi que l'expression de gĂšnes liĂ©s Ă ces cellules avec une relation dose-dĂ©pendante »[108]. Des cellules souches prostatiques saines ont ensuite Ă©tĂ© greffĂ©es sur des reins de souris vivantes (qui ont dĂ©veloppĂ© un tissu prostatique normal en un mois), pour tester in vivo l'effet d'une exposition au BPA. Ce BPA a Ă©tĂ© administrĂ© par voie orale, Ă raison de 100 ou 250 ”g de BPA/kg de poids corporel [108]. L'incidence de phĂ©nomĂšnes de nĂ©oplasie intra-Ă©pithĂ©liale du tissu prostatique et d'adĂ©nocarcinomes a alors nettement augmentĂ©, passant de 13 % chez les souris-tĂ©moins (ayant reçu du pĂ©trole au lieu de BPA) Ă 33 % Ă 36 % au sein des greffes exposĂ©es in vivo au BPA (P <0,05)[108]. Les auteurs ont conclu que in vitro comme in vivo, le BPA « cible » effectivement les cellules progĂ©nitrice prostatiques et « peut contribuer, Ă faibles doses, Ă augmenter le risque de cancer hormono-dĂ©pendant dans l'Ă©pithĂ©lium de la prostate humaine »[108]. Une altĂ©ration de l'Ă©pigĂ©nome des cellules prostatiques exposĂ©es in utero, dĂ©jĂ dĂ©tectĂ©e par une Ă©tude de 2008[106], puis par deux Ă©tudes en 2012[114] - [115] a Ă©tĂ© confirmĂ©e par une nouvelle Ă©tude en 2014 [116]. Toutes ces Ă©tudes plaident pour une cause prĂ©coce du cancer de la prostate et montrent que le BisphĂ©nol A peut ĂȘtre l'une des causes de ce cancer[115].
Sur ces bases, en mars 2014 dans la revue Endocrinology deux endocrinologues (JM Lobaccaro et A Trousson) alertent sur le fait que l'exposition in utero au BPA est une « bombe à retardement » pour les futurs cancers de la prostate[117].
Risques in utero
Le placenta ne protĂšge pas l'embryon de l'exposition au bisphĂ©nol A. Un passage transplacentaire significatif du BPA (4 % dâune dose de 20 ÎŒg·kg-1 donnĂ©e Ă la mĂšre) est avĂ©rĂ© chez la souris[118]. Chez l'humain, il augmente le poids du bĂ©bĂ© Ă la naissance[119]. L'INSERM a publiĂ© en 2010 une expertise collective sur ses effets[120]. Il n'aurait pas d'effets neurologiques sur le dĂ©veloppement[121].
Risques durant l'allaitement et l'enfance
Avec la diffusion de cette molécule, à la fin du XXe siÚcle, que ce soit via une alimentation classique ou via l'allaitement, le bébé puis le jeune enfant ont été de plus en plus exposés au bisphénol A. Au début des années 2000, le lait maternel en contient des quantités significatives[122] et il peut combiner ses effets avec d'autres polluants contenus dans les aliments ou dans le lait maternel, dont les phtalates[123] ou d'autres polluants organiques persistants[124]. Le lait maternel reste néanmoins recommandé en termes de bénéfice global pour la santé de l'enfant.
Historique et Ă©volution de la connaissance
Les premiĂšres Ă©tudes sur l'action ĆstrogĂ©nique du bisphĂ©nol A datent des annĂ©es 1930 oĂč il fut administrĂ© Ă des rates ayant subi une ablation des ovaires. Une action en tant qu'androgĂšne fut rapidement fortement suspectĂ©e[125]. Ces effets pourraient entraĂźner des problĂšmes de santĂ© chez l'homme, tels qu'une diminution du taux ou de la qualitĂ© des spermatozoĂŻdes. Le bisphĂ©nol A peut causer des anomalies de fonctionnement d'autres organes, comme le pancrĂ©as[126] ou la thyroĂŻde[127].
L'industrie du plastique a longtemps affirmé que le bisphénol A était sans danger pour l'homme, minimisant ou réfutant les tests donnant des résultats contraires. Onze études effectuées par des industriels ne mettaient aucun risque en évidence tandis que, d'aprÚs un rapport de Frederick vom Saal et Claude Hughes, 90 % des 104 études indépendantes montrent un risque possible[67]. Un rapport rendu public par le Centre pour l'analyse des risques de l'Université Harvard[128] et financé par le Conseil américain du plastique[129] qualifiait le risque de « faible » et « non significatif ». Claude Hughes considÚre dans le rapport de 2004 que cette publication du Centre pour l'analyse des risques n'est pas fiable parce qu'elle ne prend en compte que peu de travaux publiés depuis 2001 sur l'effet des faibles doses de BPA sur la santé.
En 2005, l'Ă©quipe de S.M Belcher dĂ©montrait que de faibles taux de bisphĂ©nol A peuvent entraĂźner une altĂ©ration du dĂ©veloppement du fĆtus chez le rat[130].
En 2006, vom Saal et Welshons[131] ont publié une analyse détaillée expliquant pourquoi certaines études, principalement menées par des laboratoires financés par l'industrie, n'obtenaient pas des résultats reproductibles sur les effets à faible dose du bisphénol A. Un comité scientifique indépendant a réanalysé les données du rapport pour le compte d'une agence du gouvernement américain et a montré qu'en réalité un effet existe en dépit des conclusions opposées du rapport originel.
En 2008, Lang & al. détectent une corrélation entre le taux urinaire de bisphénol et le risque d'apparition de désordres cardiovasculaires[132] et un risque accru de diabÚte[132] et de certaines anomalies chez l'adulte (concentration anormales d'enzymes γ-glutamyltransferase dans le foie et de phosphatase alcaline)[132].
En 2009, Stahlhut et al. ont montrĂ©[133] que les taux urinaires de BPA d'hommes adultes ne diminuaient pas en pĂ©riode de jeĂ»ne. Ceci contredit la thĂ©orie qui veut que tout le BPA absorbĂ© avec la nourriture soit rapidement mĂ©tabolisĂ© et virtuellement Ă©liminĂ© en moins de 24h chez l'humain adulte (hypothĂšse dĂ©duite de 3 Ă©tudes expĂ©rimentales chez l'homme avec exposition Ă des doses Ă©levĂ©es de BPA, et alors que les Ă©tudes animales aboutissaient gĂ©nĂ©ralement aux mĂȘmes conclusions selon Vandenberg et al. 2007[134]). Cette Ă©tude montre soit qu'il existe une voie d'exposition constante au BPA indĂ©pendante de lâalimentation, ou que cette molĂ©cule peut ĂȘtre accumulĂ©e dans des tissus tels que la graisse corporelle (qui est consommĂ©e durant le jeĂ»ne) plus longtemps qu'on ne le pensait ; ces deux hypothĂšses explicatives pouvant Ă©galement coexister.
Depuis plusieurs dĂ©cennies, le BPA Ă©tait considĂ©rĂ© comme rapidement mĂ©tabolisĂ© ou dĂ©gradĂ© dans l'organisme humain ou animal ; la prĂ©sence constante de BPA dans les tissus ou liquides du corps humain Ă©tait donc supposĂ©e provenir d'une exposition continue Ă ce produit, principalement par lâalimentation supposait-on. Cette supposition est remise en question par les travaux de Stahlhut et ses collĂšgues, qui laissent envisager l'hypothĂšse que certaines cellules pourraient ĂȘtre exposĂ©e en continu au BPA durant des pĂ©riodes plus longues qu'on ne le pensait.
De 2009 Ă 2011, divers travaux scientifiques conduits au sein de l'INRA concluent (pour la premiĂšre fois) que lâexposition au bisphĂ©nol A a des consĂ©quences sur la fonction intestinale chez le rat : lâappareil digestif du rat se montre trĂšs sensible aux faibles doses de BPA, qui affecte la permĂ©abilitĂ© intestinale[135], la douleur viscĂ©rale et la rĂ©ponse immunitaire Ă lâinflammation digestive. Les effets du BPA sur lâintestin s'observent dĂšs une dose dix fois infĂ©rieure Ă la dose journaliĂšre admissible pourtant considĂ©rĂ©e comme trĂšs sĂ©curitaire pour lâhomme. Cette Ă©tude montre Ă©galement que lâexposition prĂ©- et post-natale de ces animaux peut fragiliser la fonction de « barriĂšre intestinale » Ă lâĂąge adulte[136] et avec des diffĂ©rences selon le sexe[68] et des variations de permĂ©abilitĂ© selon la pĂ©riode du cycle sexuel chez la femelle du rat[137]. V. Braniste (2011) juge la propriĂ©tĂ© (diminution ĆstrogĂ©no-dĂ©pendante du transport paracellulaire) alors mĂ©connue des ĆstrogĂšnes « intĂ©ressante Ă considĂ©rer dans les pathologies associĂ©es Ă une hyperpermĂ©abilitĂ© intestinale, telle que le Syndrome de l'intestin irritable ou les maladies inflammatoires chroniques de l'intestin (...) »[137].
Controverses ou limites des Ă©tudes toxicologiques
L'industrie finance et fait publier un petit nombre d'Ă©tudes qui ne trouvent jamais rien afin de crĂ©er une controverse lĂ oĂč il n'y en a pas et ainsi de retarder les lĂ©gislations restrictives[138].
Il est difficile de trouver des toxicologues experts en matiĂšre de bisphĂ©nol sans risques de conflit d'intĂ©rĂȘt. L'indĂ©pendance des experts siĂ©geant au sein de l'AutoritĂ© europĂ©enne de sĂ©curitĂ© des aliments chargĂ©e des recommandations en matiĂšre de santĂ© publique est elle aussi mise en cause, 59 % de ses experts Ă©tant en conflit d'intĂ©rĂȘts selon le rapport de la journaliste StĂ©phane Horel, auditionnĂ©e par l'AssemblĂ©e nationale française[139]. Pour certains, en prĂ©fĂ©rant les Ă©tudes toxicologiques financĂ©es par lâindustrie, rĂ©alisĂ©es suivant des protocoles vieux de 60 ans, aux rĂ©sultats rĂ©cents des recherches en endocrinologie, « Bruxelles a Ă©laborĂ© ses propres Ă©lĂ©ments de preuve pour Ă©viter une rĂ©glementation trop stricte »[140]. La commission de l'AssemblĂ©e nationale prĂ©conise d'Ă©viter que « Bruxelles fabrique une pseudo-science pilotĂ©e par lâindustrie »[139].La reprĂ©sentativitĂ© du rat ou de certaines souches d'animaux de laboratoire en termes de sensibilitĂ© Ă certains perturbateurs hormonaux est discutĂ©e.
Les évaluations basées sur plusieurs générations de rats (ou autres mammifÚres) exposées, ou sur le suivi d'une descendance non exposée, sont rares. Certains auteurs affirment que les études basées sur les rats sont biaisées : les auteurs d'une étude de l'université du Missouri affirment ainsi que les lignées de rats de laboratoire utilisées par les industriels pour les évaluations toxicologiques du bisphénol A sont au moins 25 000 fois moins sensibles aux perturbations hormonales que la moyenne[141].
La position des organismes officiels de sécurité sanitaire
En 2006 l'AutoritĂ© europĂ©enne de sĂ©curitĂ© des aliments (AESA) souligne, en conclusion d'un rapport sur le bisphĂ©nol A, sa prĂ©sence dans les canalisations de transport de l'eau potable et dans divers contenants[142]. Elle prĂ©conise que soit Ă©tudiĂ©e une possible propagation de cette substance dans l'eau. De plus, lâAESA fixe alors Ă 0,05 mg·kg-1 (= 50 ÎŒg·kg-1) de poids corporel la dose journaliĂšre tolĂ©rable pour cette substance[143] (soit 2,5 mg maximum par jour pour une personne de 50 kg), taux alors retenu par l'Anses.
Le , un rapport de la Food and Drug Administration concluait que ce produit ne posait pas de problĂšme de santĂ© aux niveaux d'exposition habituels pour l'homme ; ce constat n'est pas partagĂ© par de nombreux scientifiques, y compris au sein d'un groupe consultatif de la FDA qui accuse l'agence de ne retenir que les arguments avancĂ©s par les Ă©tudes financĂ©es par l'industrie du plastique et d'ignorer une centaine d'Ă©tudes[39], crĂ©ant « un faux sentiment de sĂ©curitĂ© », alors que d'autres rapports ou Ă©tudes alertent sur les risques liĂ©s Ă ce produit. L'agence s'est engagĂ©e Ă rĂ©Ă©tudier la question[144], ce qui l'a amenĂ© Ă renverser partiellement sa position : si elle n'a pas interdit le bisphĂ©nol A, ni contraint les producteurs Ă afficher la prĂ©sence de bisphĂ©nol A sur les Ă©tiquettes (ce dernier Ă©tant classĂ© « additif alimentaire ») faute, dit-elle, de preuves suffisantes, elle conseille le public de minimiser son exposition Ă ce produit[39]. Ayant lancĂ© une enquĂȘte dotĂ©e d'un budget de 30 millions de dollars sur deux ans pour Ă©tudier le bisphĂ©nol[39], elle souligne que 90 % de la population amĂ©ricaine prĂ©sente des traces de bisphĂ©nol dans son urine[39] et se dĂ©clare particuliĂšrement soucieuse des effets du bisphĂ©nol sur les fĆtus, les bĂ©bĂ©s et les jeunes enfants[39]. L'industrie du bisphĂ©nol produit plus de 6 millions de tonnes par an de ce produit[39].
Le 30 septembre 2010, l'Agence europĂ©enne de sĂ©curitĂ© des aliments rend un avis concluant qu'il n'existe aucune nouvelle preuve les amenant Ă reconsidĂ©rer la DJA fixĂ©e Ă 0,05 mg kgâ1 de poids corporel et considĂšre qu'il n'est pas dangereux pour la santĂ©[145], mais l'Anses en France considĂšre que cette rĂ©fĂ©rence n'est plus fiable, la notion de seuil Ă©tant selon elle Ă prĂ©fĂ©rer aux DJT (Doses journaliĂšres TolĂ©rables)[70], et la DJT fixĂ©e par l'EFSA Ă©tant 600 fois supĂ©rieure Ă celle prĂ©conisĂ©e par lâANSES[139].
En 2011, l'Anses a publié deux rapports : le premier sur les effets sanitaires du bisphénol A et le second sur ses usages[70], avant de lancer un appel à contributions, pour recueillir des commentaires sur le contenu et les pistes de ses travaux et pour recevoir toute donnée scientifique concernant, notamment, les produits de substitution disponibles ou des données relatives à leur innocuité et efficacité[146].
En 2013, l'Anses dans un nouveau rapport d'Ă©valuation de la toxicitĂ© du bisphĂ©nol A[147] estime que l'essentiel du bisphĂ©nol A vient de l'alimentation, mais que des situations particuliĂšres existent (exposition aux tickets de caisse thermiques, bonbonnes Ă eau en polycarbonate), et qu'un effet sur les fĆtus n'est pas exclu.
En janvier 2014, l'EFSA révise ses chiffres à la baisse, divisant par 10 la DJT ; la ramenant à 5 microgramme par kilogramme de poids corporel et par jour[139].
Recommandations des agences sanitaires
- Le 5 fĂ©vrier 2010, l'Agence française de sĂ©curitĂ© sanitaire des aliments (AFSSA) rend un avis sur le bisphĂ©nol A[63]. L'AFSSA dit constater des « effets subtils » sur le comportement de jeunes rats exposĂ©s in utero, ce qui l'incite à « poursuivre son travail d'expertise pour comprendre ces signaux d'alertes ». C'est un avis insatisfaisant pour l'Association santĂ© environnement France qui y voit « un symbole du grand Ă©cart entre les prĂ©occupations quotidiennes des gens et les abstraites recommandations des agences de l'Ătat »[148].
- En avril 2010, l'AFSSA estime qu'il n'y a « pas de raison de modifier les habitudes alimentaires », mais que « la protection des consommateurs doit ĂȘtre renforcĂ©e, et le niveau d'exposition de la population rĂ©duit ». L'AFSSA se fonde sur 769 Ă©chantillons d'aliments et sodas analysĂ©s, ayant montrĂ© des teneurs variables, infĂ©rieures au seuil de dĂ©tection jusqu'Ă 17 microgrammes par kilogramme (”g/kg) d'aliment voire atteignant 128 ÎŒg·kg-1 dans les conserves de lĂ©gumes, poissons et plats cuisinĂ©s[149]. Ă la suite de ce travail, l'agence en appelle Ă une mobilisation de l'industrie [âŠ] pour mettre au point des substituts du BPA pour les usages alimentaires et Ă une rĂ©Ă©valuation des limites de migration spĂ©cifique du BPA. L'AFSSA recommande Ă©galement d'Ă©tiqueter les ustensiles alimentaires incorporant du bisphĂ©nol A[30].
- En septembre 2010, l'Autorité européenne de sécurité des aliments conclut qu'aucune nouvelle preuve ne peut à cette date conduire à reconsidérer la dose journaliÚre tolérable (DJT) pour le bisphénol A, fixée en 2006 à 0,05 mg/kg de poids corporel[150].
- En 2011, l'Institut de veille sanitaire démontre que, présent dans certains instruments médicaux, le bisphénol A se transmet aux patients[31].
- A partir d'avril 2012, l'EFSA procÚde à une ré-étude du problÚme, avec consultation publique sur son projet d'avis scientifique (en juillet 2013[151]).
- Le 9 avril 2013, aprÚs trois ans de contributions d'une centaine de scientifiques, l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses) rend un avis concluant à des risques potentiels pour la santé, et confirme la nécessité de réduire les expositions[152] - [153]. En attendant, l'Agence recommande « un étiquetage systématique » invitant les consommateurs à ne pas chauffer les produits contenant du BPA trop longtemps, car « la présence de BPA dans les aliments est principalement due à sa migration à partir des matériaux au contact, ce phénomÚne étant accentué par le chauffage ».
Bisphénol A et biberons
En 2008, le bisphĂ©nol A Ă©tait trĂšs prĂ©sent dans les plastiques alimentaires et notamment dans les polycarbonates, dans 90 % des biberons qui peuvent en relarguer des quantitĂ©s significatives dans les aliments ainsi donnĂ©s aux bĂ©bĂ©s[154] - [155]. Face aux risques mĂ©diatisĂ©s cette annĂ©e, certains fabricants de biberons (Dodie ; Avent du groupe Philips) ont dĂ©cidĂ© la mĂȘme annĂ©e de fabriquer des biberons sans BPA mais commercialisĂ©s plus chers[156]. Ceux-ci ont Ă©galement publiĂ© des questions/rĂ©ponses sur leurs sites Internet pour rassurer les clients et leur donner leurs avis sur le bisphĂ©nol A et leurs recommandations d'utilisation des biberons actuels (notamment la « chauffe[157] »).
Le , le Canada est devenu le premier pays dans le monde à interdire les biberons contenant du bisphénol A[158]. La France les a interdit deux ans aprÚs, soit en 2010, dans le cadre du projet de loi Grenelle II.
En France, dans un communiquĂ© du , l'Agence française de sĂ©curitĂ© sanitaire des aliments (Afssa) s'est alignĂ©e sur les conclusions de l'AutoritĂ© europĂ©enne de sĂ©curitĂ© des aliments (AESA) selon lesquelles l'exposition des nourrissons au bisphĂ©nol A est largement infĂ©rieure Ă la dose journaliĂšre tolĂ©rable (DJT) et ce, mĂȘme en cas de chauffage au micro-ondes[159]. Quelques jours plus tard, le Canard enchaĂźnĂ© dĂ©nonçait un conflit d'intĂ©rĂȘts en faisant remarquer que de nombreux membres du comitĂ© d'experts de l'Afssa Ă©taient Ă©galement employĂ©s par l'industrie du plastique[160].
DĂ©but 2009, la polĂ©mique s'Ă©tend. En France, le RĂ©seau environnement santĂ© (RES), qui regroupe associations, ONG et scientifiques, demande aussi « l'interdiction du BPA dans les plastiques alimentaires ». Aux Ătats-Unis comme en France, un certain nombre de fabricants annoncent qu'ils proposent ou vont proposer des biberons « garantis sans bisphĂ©nol A[161] ».
Les endocrinologues constatent une augmentation des problĂšmes testiculaires chez les garçons, de l'obĂ©sitĂ© prĂ©coce (le biosphĂ©nol fait partie des composĂ©s « obĂ©sogĂšnes »[162]) et une avancĂ©e de l'Ăąge de pubertĂ© des filles (par exemple, selon une Ă©tude publiĂ©e en 2010, ayant portĂ© sur 1 239 fillettes de trois rĂ©gions des Ătats-Unis, 15 % d'entre elles ont entamĂ© leur pubertĂ© vers 7 ans, et 20 % avaient de premiers poils pubiens dĂšs 8 ans, ce qui confirme des rĂ©sultats danois montrant que la formation des seins est de plus en plus prĂ©coce (ThĂ©larche prĂ©coce) chez les jeunes europĂ©ennes[163]. Des variations ethniques ou rĂ©gionales sont constatĂ©es, qui pourraient ĂȘtre liĂ©es Ă l'alimentation et Ă©ventuellement Ă l'exposition au bisphĂ©nol A ou Ă d'autres facteurs environnementaux[164].
Lors de son colloque annuel (10 juin 2009), la SociĂ©tĂ© internationale d'endocrinologie a de nouveau alertĂ© sur cette question (effet perturbateur endocrinien sur la reproduction, implications dans les cancers du sein et de la prostate, dans certaines pathologies cardio-vasculaires, de la thyroĂŻde et lâobĂ©sitĂ©). Elle a appelĂ© Ă rĂ©duire lâexposition de la population Ă ces molĂ©cules, au nom du principe de prĂ©caution. Elle a publiĂ© une « dĂ©claration scientifique »[165] - [166] dans la revue Endocrine Reviews. La dĂ©claration juge le problĂšme prĂ©occupant, et appelle Ă renforcer la recherche.
Le 5 février 2010, l'Agence française de sécurité sanitaire des aliments a rendu son avis sur le bisphénol A[63]. L'Afssa dit « constater des « effets subtils » sur de jeunes rats, ce qui l'incite à poursuivre son travail d'expertise pour comprendre ces signaux d'alertes ». Elle conseille donc de ne pas « chauffer trop fort » les aliments ou biberons au micro-ondes. Une recommandation qui ne satisfait pas du tout les médecins de l'Association santé environnement France, qui disent ne pas savoir ce que « chauffer trop fort veut dire[167] ». Dans le doute, les médecins de l'association appellent à prendre quelques précautions simples, notamment préférer l'utilisation de biberons en verre incassable ou en plastique sans BPA.
En 2017 une revue des Ă©tudes (cliniques ou Ă©pidĂ©miologiques) faites dans les 20 ans prĂ©cĂ©dents, sur les liens Ă©ventuels entre exposition au BPA et Ăąge de la pubertĂ©, n'a trouvĂ© que 19 Ă©tudes sur le sujet[162]. Sept de ces Ă©tudes ont conclu Ă une corrĂ©lation, « dont chez les sujets prĂ©sentant une pubertĂ© prĂ©coce centrale ou un dĂ©veloppement prĂ©maturĂ© isolĂ© du sein (thĂ©larche) de 2 mois Ă 4 ans, mĂȘme si le mĂ©canisme n'est pas dĂ©fini »[162]. Plusieurs Ă©tudes ont trouvĂ© une relation Ă©troite entre le BPA urinaire et le risque d'obĂ©sitĂ© et de pubertĂ© prĂ©coce, mais le rĂŽle du BPA n'est pas encore expliquĂ© ; les rĂ©sultats cliniques et Ă©pidĂ©miologiques Ă©tant contradictoires[162]).
MĂ©thodes analytiques
Plusieurs mĂ©thodes de dosage de BPA dans lâeau existent.
Parmi ces mĂ©thodes, lâune des plus utilisĂ©es est la SPE/GC, SPE/LC avec diffĂ©rents types de dĂ©tection comme lâUV et la fluorescence. Bien que donnant une bonne limite de dĂ©tection, les dĂ©savantages de cette technique, tels que sa lenteur et sa grande consommation de solvant, ont entraĂźnĂ© la mise au point de plusieurs autres techniques.
La technique de la SPME espace de tĂȘte pour dĂ©tecter le BPA dans l'eau est la plus utilisĂ©e actuellement. Elle se dĂ©roule comme suit : 5 ml dâĂ©chantillon sont prĂ©levĂ©s et filtrĂ©s avec un filtre fibre de verre de 0,45 ÎŒm de diamĂštre. Cet Ă©chantillon est introduit dans une fiole de 20 ml contenant 20 du NaCl 20 % (poids/volume). On ajoute ensuite 50 ”L de mĂ©thanol contenant 4 mg·l-1 de BPA d4 comme Ă©talon interne. On ajoute ensuite 200 ”l dâanhydride acĂ©tique puis la fiole est immĂ©diatement scellĂ©e. AprĂšs 5 minutes de dĂ©rivatisation, 100 ÎŒm dâune fibre de type PDMS sont introduits dans lâespace de tĂȘte pendant 30 minutes et Ă 100 °C avec une agitation de 500 tours par minute. Cette fibre adsorbe les analytes dâintĂ©rĂȘt dans la phase gazeuse situĂ©e au-dessus de la matrice. Ces analytes concentrĂ©s sont par la suite dĂ©sorbĂ©s dans lâinjecteur d'un chromatographe en phase gazeuse Ă 280 °C pendant 5 minutes[168].
La SPME espace de tĂȘte/LC/MS/MS a Ă©tĂ© appliquĂ©e par SantĂ© Canada pour dĂ©tecter le BPA dans lâeau en bouteille.
LâĂ©valuation des risques sanitaires liĂ©s au bisphĂ©nol A est effectuĂ©e sur des matrices de plus en plus complexes telles que les matrices alimentaires. Pour ces derniĂšres, les mĂ©thodes de prĂ©traitement dâĂ©chantillons jouent un rĂŽle crucial pour obtenir des analyses fiables. Pour rĂ©pondre Ă cette demande, des prĂ©traitements par extraction en phase solide[169] (SPE) utilisant la technologie des empreintes molĂ©culaires en polymĂšre[170] permettent une extraction sĂ©lective et efficace du bisphĂ©nol A dans ces matrices complexes. Plusieurs applications ont Ă©tĂ© dĂ©veloppĂ©es pour de telles matrices[171] (lait infantile en poudre ou liquide, aliments en conserveâŠ). Ainsi cette technologie est utilisĂ©e lors des analyses de lâensemble des matrices alimentaires liquides et solides du rapport dâĂ©valuation des risques sanitaires du BPA de lâANSES[147] de mars 2013 (mĂ©thode dĂ©crite dans lâannexe 12 des Annexes du rapport[172]).
RĂ©duire son exposition
L'importance de la toxicité du bisphénol A, de ses substituts et d'autres composants du plastique est encore en discussion entre les scientifiques. Le principe de précaution suggÚre cependant de réduire l'exposition, en particulier des nourrissons et des femmes qui désirent avoir des enfants. Il est possible de réduire fortement son exposition en adoptant une alimentation variée à base de produits frais et en évitant la vaisselle et les conditionnements en plastiques[173].
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Articles connexes
Liens externes
- Le BisphĂ©nol A et les biberons, article scientifique Ăcole Normale SupĂ©rieure - DGESCO
- (en) ChemSub Online : Bisphénol A.
- Anti-BPA
- Pro-BPA
- Site d'information de l'industrie européenne du plastique sur le bisphénol A
- (en) Site d'information de l'industrie du plastique sur le bisphénol A
- Dossiers Ă vocation scientifique