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Thélarche

ThĂ©larche dĂ©signe le dĂ©but du dĂ©veloppement secondaire (postnatal) des seins chez la jeune fille, habituellement au dĂ©but de la pubertĂ©. Son Ă©tymologie est grecque ΞηλΟ [tÊ°elᾗ], "mamelon" et áŒ€ÏÏ‡Îź [arkÊ°áž—], "dĂ©but"[1].

Classification de Tanner comportant la thelarche.

La thĂ©larche dĂ©signe habituellement l’apparition d’une masse plus ferme sous le centre du mamelon (papilla et l’arĂ©ole). On parle parfois aussi de «bourgeonnement de la poitrine», ou plus formellement de dĂ©veloppement de la poitrine au deuxiĂšme stade de Tanner (le premier stade Ă©tant l'Ă©tat prĂ©pubĂšre).

La thĂ©larche est le premier changement physique de la pubertĂ© chez environ 60% des filles. Il apparait gĂ©nĂ©ralement aprĂšs l'Ăąge de 8 ans et est le plus souvent lĂ©gĂšrement asymĂ©trique, c’est-Ă -dire apparaissant d’un cĂŽtĂ© avant l’autre, avec un sein de taille plus importante que l’autre durant tout la durĂ©e de leur dĂ©veloppement. Statistiquement, le sein gauche est un peu plus gros[2]. Dans de rares cas, les seins ont une taille significativement diffĂ©rente, ou l’un ne se dĂ©veloppe pas complĂštement.

Chez les filles, le dĂ©veloppement des seins avant l'Ăąge de huit ans est appelĂ© « thĂ©larche prĂ©maturĂ©e » ; la physiopathologie de ce phĂ©nomĂšne reste encore mal comprise mais une exposition prĂ©coce et/ou une sensibilitĂ© accrue aux ƓstrogĂšnes peut le provoquer.

MĂ©canisme

La thĂ©larche rĂ©sulte de l'augmentation du taux d’estradiol de l’organisme de la petite fille, et parfois d'un traitement mĂ©dicamenteux.

Puberté précoce

Illustration médicale d'un cas de thélarche précoce (1917)

Dans de nombreuses régions du monde, les médecins constatent une augmentation des cas de puberté féminine anormalement précoce (puberté précoce) souvent associées à une poussée mammaire précoce, une dysthyroïdie, une obésité et parfois un diabÚte ou des troubles neurodéveloppementaux.

Hors des cas de prĂ©disposition gĂ©nĂ©tique, la cause peut ĂȘtre pathologique (maladie hormonale) ou iatrogĂšne (consĂ©quence d'un traitement mĂ©dicamenteux), mais dans un nombre croissant de cas, l'explication semble ĂȘtre l'exposition croissante des embryons, fƓtus (in utero) ou jeunes enfants Ă  des perturbateurs endocriniens (ƓstrogĂšnes naturels apportĂ©s par la nourriture et/ou polluants xĂ©no-ƓstrogĂšnes).
La thélarche en est souvent la premiÚre manifestation : elle a par exemple été multipliée par trois à Porto Rico de 1978 à 1981 [3] mais toutes les thélarches ne conduisent pas à une véritable puberté précoce.
S'il n'y a pas d'autres changements apparaissant normalement Ă  la pubertĂ© ou liĂ©s aux hormones sexuelles on parle de thĂ©larche prĂ©maturĂ©e isolĂ©e (dont on considĂšre gĂ©nĂ©ralement qu’elle ne nĂ©cessite pas de traitement).

Une Ă©tude rĂ©cente (2017) a montrĂ© que les niveaux urinaires de phtalate de bis(2-Ă©thylhexyle) (DEHP) sont significativement plus Ă©levĂ©s chez les filles porteuses d’un thĂ©larche prĂ©coce que dans un groupe tĂ©moin (appariĂ© selon l’ñge). Et le DEHP semble plus efficacement converti en MEHP chez les filles porteuses d'un thĂ©larche, phĂ©nomĂšne dont l'importance doit ĂȘtre davantage Ă©lucidĂ©e.

Thélarche précoce chez un bébé de 12 mois

Les enfants sont soumis Ă  des expositions multiples et Ă  des cocktails de polluants auxquels ils sont plus vulnĂ©rables que les adultes. Les hormones Ă©tant actives Ă  trĂšs faibles doses et parfois uniquement lors de certaines fenĂȘtres de temps et uniquement sur certains organes, avec parfois des cascades d'effets, le suivi de l'activitĂ© ƓstrogĂ©nique du stade fƓtal Ă  la fin de l'adolescence est trĂšs complexe. Il en va de mĂȘme pour les xĂ©no-ƓstrogĂšnes, pour des raisons similaires.
Il a Ă©tĂ© montrĂ© en 2006 que les taux circulants d'estradiol chez les enfants prĂ©pubĂšres Ă©taient infĂ©rieurs Ă  ceux initialement dĂ©clarĂ©s[4]. La mĂȘme Ă©tude a confirmĂ© que les enfants sont extrĂȘmement sensibles Ă  l'estradiol et conclut qu'ils peuvent y rĂ©agir (notamment par une thĂ©larche ou gynĂ©comastie) « mĂȘme Ă  des taux infĂ©rieurs dans le sĂ©rum sanguin aux limites de dĂ©tection de l'Ă©poque (2006) »[4] et qu'aucun seuil n'a pu ĂȘtre Ă©tĂ© Ă©tabli, sous lequel aucun effet hormonal ne peut ĂȘtre observĂ© chez les enfants exposĂ©s Ă  des stĂ©roĂŻdes exogĂšnes ou Ă  des perturbateurs endocriniens[4] ; Enfin les taux de production quotidienne de stĂ©roĂŻdes sexuels par l'enfant tels que retenus ou estimĂ©s par la Food and Drug Administration en 1999 et toujours utilisĂ©s comme rĂ©fĂ©rence en Ă©valuation des risques (au moins de 1999 Ă  2006) « sont fortement surestimĂ©s et devrait ĂȘtre rĂ©visĂ©s »[4].
Le dosage des ƓstrogĂšnes sanguins ou urinaires est peu reprĂ©sentatif de ce qui se passe dans l'organisme ; il ne permet pas de dĂ©tecter certaines anomalies d'activitĂ© ƓstrogĂ©nique, mĂȘme quand elles ont des effets cliniques. En 2006, comme aucun seuil sans effet n'avait Ă©tĂ© Ă©tabli pour l'action ƓstrogĂ©nique chez l'enfant, Aksglaede & al. ont recommandĂ© « d'Ă©viter toute exposition inutile des fƓtus et des enfants aux stĂ©roĂŻdes sexuels exogĂšnes et aux perturbateurs endocriniens, mĂȘme Ă  des niveaux trĂšs bas »[4]. La recherche de nouveaux marqueurs d'effets, de biomarqueurs d'imprĂ©gnation par des PE et de marqueurs de bioactivitĂ© hormonale (de bioactivitĂ© ƓstrogĂ©nique notamment) est encore Ă  dĂ©velopper pour mieux dĂ©tecter, comprendre et traiter les thĂ©larches prĂ©coces et probablement d'autres symptĂŽmes de dĂ©sĂ©quilibres hormonaux induits (dont les anomalies gĂ©nitales des garçons nouveau-nĂ©s Ă©galement en augmentation).

Équivalent masculin

Un développement mammaire éphémÚre se produit fréquemment dans le cadre de la puberté masculine ; il est alors dénommé gynécomastie, le terme « thélarche » étant réservé au développement du sein féminin.

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

Bibliographie

  • Jenner, M. R., Kelch, R. P., Kaplan, S. L., & Grumbach, M. M. (1972). Hormonal changes in puberty: IV. Plasma estradiol, LH, and FSH in prepubertal children, pubertal females, and in precocious puberty, premature thelarche, hypogonadism, and in a child with a feminizing ovarian tumor. The Journal of Clinical Endocrinology & Metabolism, 34(3), 521-530 (rĂ©sumĂ©).
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  • Lee, H. S., Yoon, J. S., So, C. H., Kim, K. H., & Hwang, J. S. (2017). No association between estrogen receptor gene polymorphisms and premature thelarche in girls. Gynecological Endocrinology, 33(10), 816-818 (rĂ©sumĂ©)
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Notes et références

  1. Dictionary.com thelarche Citation:* Dictionnaire médical Stedman's American Heritage ŸCopyright © 2002, 2001, 1995* Dictionnaire médical de Merriam-Webster, © 2007
  2. C.W. Loughry et al., « Mesure du volume mammaire de 598 femmes Ă  l'aide de l'analyse biostĂ©rĂ©omĂ©trique », Annals of Plastic Surgery, vol. 22, no 5,‎ , p. 380-385 (PMID 2729845, DOI 10.1097 / 00000637-198905000-00002)
  3. Freni-Titulaer, L. W., Cordero, J. F., Haddock, L., Lebrón, G., Martínez, R., & Mills, J. L. (1986). Premature thelarche in Puerto Rico: a search for environmental factors. American Journal of Diseases of Children, 140(12), 1263-1267 (résumé)
  4. Aksglaede L, Juul A, Leffers H, Skakkebaek NE, Andersson AM (2006) The sensitivity of the child to sex steroids: possible impact of exogenous estrogens. Hum Reprod Update. Jul-Aug;12(4):341-9. Epub 2006 May 3.
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