Acide acétique
L'acide Ă©thanoĂŻque ou acide acĂ©tique est un acide carboxylique avec une chaĂźne carbonĂ©e thĂ©orique en C2, analogue Ă l'Ă©thane, de formule semi-dĂ©veloppĂ©e CH3-CO-OH ou courte AcOH, oĂč Ac signifie « CH3CO »[21], du groupe acĂ©tyle. L'adjectif du nom courant provient du latin acetum, signifiant vinaigre. En effet, l'acide acĂ©tique reprĂ©sente le principal constituant du vinaigre aprĂšs l'eau, puisqu'il lui donne son goĂ»t acide et son odeur piquante dĂ©tectable Ă partir d'1 ppm[22].
Acide Ă©thanoĂŻque | |
Formule topologique et représentation 3D de l'acide acétique. | |
Identification | |
---|---|
Nom UICPA | acide Ă©thanoĂŻque |
Nom systématique | acide acétique |
Synonymes |
acide acétique glacial |
No CAS | |
No ECHA | 100.000.528 |
No CE | 200-580-7 |
No RTECS | AF1225000 |
Code ATC | G01 S02 |
DrugBank | DB03166 |
PubChem | 176 |
ChEBI | 15366 |
No E | E260 |
FEMA | 2006 |
SMILES | |
InChI | |
Apparence | liquide incolore, d'odeur ùcre et fortement vinaigrée[1]. |
Propriétés chimiques | |
Formule | C2H4O2 [IsomĂšres] |
Masse molaire[2] | 60,052 ± 0,002 5 g/mol C 40 %, H 6,71 %, O 53,29 %, |
pKa | 4,76 à 25 °C[3] |
Moment dipolaire | 1,70 ± 0,03 D[4] |
DiamÚtre moléculaire | 0,442 nm[5] |
Propriétés physiques | |
T° fusion | 16,64 °C[6] |
T° ébullition | 117,9 °C[6] |
Solubilité | Miscible avec l'eau, l'acétone, l'alcool, le benzÚne, le glycérol, l'éther, le tétrachlorure de carbone ; pratiquement insol. dans le disulfure de carbone[3]. |
ParamÚtre de solubilité Ύ | 20,7 MPa1/2 (25 °C)[7] ; |
Masse volumique | 1,049 2 g cmâ3 (liquide,20 °C)[6]
|
T° d'auto-inflammation | 465 °C[10] |
Point dâĂ©clair | 39 °C (coupelle fermĂ©e)[1] |
Limites dâexplosivitĂ© dans lâair | 5,4â16 %vol[1] |
Pression de vapeur saturante | 1,5 kPa à 20 °C[1]
|
Viscosité dynamique | 1,22 mPa s à 25 °C |
Point critique | 4,53 MPa à 319,56 °C[10] |
Thermochimie | |
S0gaz, 1 bar | 282,848 J molâ1 Kâ1[11] |
S0liquide, 1 bar | 158,0 J molâ1 Kâ1[11] |
ÎfH0gaz | â433 kJ molâ1[11] |
ÎfH0liquide | â483,52 kJ molâ1[11] |
ÎfusH° | 11,728 kJ molâ1 Ă 16,75 °C[11] |
ÎvapH° | 23,7 kJ molâ1 Ă 117,95 °C[11] |
Cp | 123,1 J molâ1 Kâ1 (liquide, 25 °C) 63,44 J molâ1 Kâ1 (gaz, 25 °C)[11] |
PCS | 874,2 kJ molâ1[13] (liquide) |
PCI | â875,16 kJ molâ1[11] |
Propriétés électroniques | |
1re énergie d'ionisation | 10,65 ± 0,02 eV (gaz)[14] |
Cristallographie | |
Classe cristalline ou groupe dâespace | Pna21[15] |
ParamĂštres de maille | a = 13,151 Ă
b = 3,923 Ă
|
Volume | 297,27 Ă 3[15] |
Propriétés optiques | |
Indice de réfraction | 1,372 0[6] |
Précautions | |
SGH[16] - [17] | |
Danger |
|
SIMDUT[18] | |
B3, E, |
|
NFPA 704 | |
Transport | |
Ăcotoxicologie | |
DL50 | 3,31 g kgâ1 (rat, oral) 525 mg kgâ1 (souris, i.v.)[19] |
LogP | â0,31[1] |
Seuil de lâodorat | bas : 0,03 ppm haut : 0,15 ppm[20] |
Composés apparentés | |
IsomÚre(s) | Glycolaldéhyde |
Autres composés | |
Unités du SI et CNTP, sauf indication contraire. | |
La distillation du vinaigre, attestée dÚs l'époque médiévale en Europe, a permis d'obtenir l'acide acétique pur, liquide combustible incolore à forte odeur de vinaigre, de masse volumique de l'ordre d'1,05 g/cm3 à 20 °C qui se solidifie par simple immersion dans un bain eau-glace[23]. Il est encore connu sous le nom d'acide acétique glacial ou autrefois de vinaigre fort. C'est le premier acide industriel connu.
Ce liquide trĂšs faiblement conducteur, incolore, inflammable et hygroscopique reprĂ©sente Ă tempĂ©rature ambiante un des plus simples acides monocarboxyliques, avec l'acide formique. Son aciditĂ© caractĂ©risĂ©e en solution aqueuse par un pKa = 4,76 vient de sa capacitĂ© Ă perdre temporairement le proton de sa fonction carboxylique, le transformant ainsi en ion acĂ©tate CH3COOâ. C'est un acide faible.
Cet acide coagule le latex et a des propriétés bactériostatiques, ce qui permet de l'utiliser comme désinfectant. Il est également utilisé comme composant d'insecticides et d'agent de nettoyage pour la fabrication de semi-conducteurs[22]. Il est corrosif et ses vapeurs sont irritantes pour le nez et les yeux.
TrĂšs corrosif vis-Ă -vis des tissus organiques et vivants, il doit ĂȘtre manipulĂ© avec soin. Bien qu'il n'ait pas Ă©tĂ© jugĂ© cancĂ©rogĂšne ou dangereux pour l'environnement, il peut causer des brĂ»lures ainsi que des dommages permanents Ă la bouche, au nez, Ă la gorge et aux poumons. Ă certaines doses et en co-exposition chronique avec un produit cancĂ©rogĂšne, son caractĂšre irritant en fait un promoteur tumoral de tumeurs (bĂ©nignes et malignes)[22]. Ceci a Ă©tĂ© dĂ©montrĂ© expĂ©rimentalement chez le rat[22].
Dans le corps humain, l'acide acétique est normalement produit aprÚs la consommation d'alcool : l'éthanol est converti en acétaldéhyde qui est alors converti en acide acétique sous l'influence de l'enzyme acétaldéhyde déshydrogénase et ensuite en acétyl-coA par la ligase acétate-CoA.
Production
La demande mondiale d'acide acétique est d'environ 6,5 millions de tonnes par an (Mt/an). Industriellement, il est produit par l'oxydation en phase liquide du n-butane, ou il est récupéré dans la production d'acétate de cellulose ou d'alcool polyvinylique.
Usages
C'est un réactif trÚs utilisé dans l'industrie ou les laboratoires, notamment :
- comme solvant : miscible Ă l'eau et Ă divers solvants organiques tels l'Ă©thanol, l'Ă©ther diĂ©thylique, le glycĂ©rol[22] mais insoluble dans le disulfure de carbone[22], c'est aussi un bon solvant des gommes, rĂ©sines, du phosphore, du soufre et dâacides halogĂ©nohydriques[22] ? ;
- dans la production d'anhydride acétique, acétate de cellulose, d'acétate de vinyle monomÚre, et d'autres acétates, ainsi que de médicaments, pesticides, colorants, la fabrication de produits photographiques[22] ;
- dans l'alimentation (production de vinaigres de fruit[22]âŠ), additif alimentaire ;
- les textiles[22] ;
- comme agent de nettoyage (de semi-conducteurs[22]) ;
- coagulant (du latex naturel[22]) ;
- bactériostatique (en solution[22]) ;
- dans la fabrication de plastiques tels le polytéréphtalate d'éthylÚne (PET) ou l'acétate de cellulose, utile à la production d'acétate de vinyle (peintures, adhésifs) et de solvants organiques ;
- comme additif dans les produits dérivés du tabac (arÎme) ;
- mordançage lors de colorations de coupes histologiques (ex. : coloration au carmino-vert) ;
- processus d'hydrolyse[24], de condensation[24] et/ou de gélification pour la fabrication de catalyseur ou lors du procédé sol-gel[25] ;
- antibactérien et acidification gastrique dans l'élevage notamment porcin[26].
Nomenclature
Le nom trivial ancien, acide acétique, dérive d'acetum, mot latin qui désigne le vinaigre ou aceti-vinum. Il est encore le plus utilisé dans l'espace francophone et anglophone mais l'IUPAC a normalisé le terme acide éthanoïque, à la place de l'ancien nom chimique français acide éthylique. Plus tolérant que la nomenclature IUPAC en 1960, les Chemical Abstracts ont conservé néanmoins les noms courants pour les deux premiers acides carboxyliques en C1 et C2, soit l'acide formique et l'acide acétique.
Acide acétique glacial reste aussi un nom trivial qui désigne communément l'acide acétique pur au laboratoire. Similaire au nom allemand « Eisessig » (littéralement : vinaigre glacé), ce nom s'explique par les cristaux d'acide acétique semblables à de la glace qui se forment à une température légÚrement inférieure à la température ambiante (à moins de 17 °C, température de fusion de l'acide acétique pur).
L'abrĂ©viation la plus courante pour l'acide acĂ©tique est AcOH ou HOAc, Ac dĂ©signant le groupe fonctionnel acĂ©tyle CH3âCOâ.
La formule brute de l'acide acétique est C2H4O2. On l'écrit également souvent CH3COOH ou CH3CO2H afin de mieux traduire sa structure. L'ion résultant de la perte du proton H+ porte le nom d'acétate. Acétate peut également faire référence à un sel contenant cet anion ou à un ester de l'acide acétique.
Historique
Le vinaigre fort est connu en Mésopotamie il y a plus de 3 000 ans av. J.-C.[27]. Les bactéries acétiques produisant l'acide acétique à partir du vin et d'oxygÚne ont été décrites par le chimiste Louis Pasteur. Elles sont présentes partout dans le monde civilisé, et toute culture pratiquant le brassage de la biÚre ou du vin a inévitablement découvert le vinaigre, résultat naturel de l'évolution de ces boissons alcoolisées laissées à l'air libre.
L'usage de l'acide acétique en chimie remonte à l'Antiquité. Au IIIe siÚcle av. J.-C., le philosophe grec Théophraste décrit comment le vinaigre agit sur le métal et produit ainsi des pigments utiles pour l'art, incluant le plomb blanc (carbonate de plomb) et vert-de-gris, un mélange vert de sels de cuivre incluant l'acétate de cuivre II (tous produits toxiques). Les anciens Romains faisaient bouillir le « vin aigre » dans des récipients de plomb pour produire un sirop trÚs sucré appelé sapa. Le sapa était riche en acétate de plomb, une substance sucrée appelée sucre de plomb ou sucre de Saturne, et qui provoqua de nombreux empoisonnements au plomb dans l'aristocratie romaine, la maladie correspondant à une intoxication aiguë ou chronique par le plomb est notamment nommée saturnisme. L'alchimiste perse Jabir Ibn Hayyan (Geber) concentra l'acide acétique à partir du vinaigre par distillation.
Durant la Renaissance, l'acide acĂ©tique « glacial » Ă©tait prĂ©parĂ© par distillation sĂšche d'acĂ©tates de mĂ©tal. Au XVIe siĂšcle, l'alchimiste allemand Andreas Libavius en dĂ©crivit la procĂ©dure, et compara l'acide pur ainsi produit au vinaigre. La prĂ©sence d'eau dans le vinaigre a tant d'influence sur les propriĂ©tĂ©s de l'acide acĂ©tique que pendant des siĂšcles de nombreux chimistes ont cru que l'acide acĂ©tique glacial et l'acide prĂ©sent dans le vinaigre Ă©taient deux substances diffĂ©rentes. C'est le chimiste français Pierre Auguste Adet qui prouva qu'ils Ă©taient le mĂȘme composĂ© chimique.
En 1847, le chimiste allemand Hermann Kolbe synthétisa l'acide acétique à partir de matiÚres inorganiques pour la premiÚre fois. La séquence de cette réaction consistait en la chloration de disulfure de carbone en tétrachlorométhane, suivie d'une pyrolyse en tétrachloroéthylÚne, puis d'une chloration aqueuse en acide trichloroacétique, et enfin conclure par une réduction par électrolyse pour obtenir l'acide acétique[28].
Vers 1910, la majorité de l'acide acétique glacial était obtenue à partir de la « liqueur pyroligneuse » issue de la distillation du bois[27]. L'acide acétique était isolé grùce à un traitement à l'hydroxyde de calcium, et l'acétate de calcium ainsi obtenu était alors acidifié par un ajout d'acide sulfurique pour reformer l'acide acétique. L'Allemagne en produisait à l'époque 10 000 tonnes par an, dont 30 % était utilisé pour la production de colorant indigo[29] - [30].
Propriétés physico-chimiques
Acidité
L'atome d'hydrogĂšne (H) du groupe carboxyle (âCOOH) des acides carboxyliques tels que l'acide acĂ©tique peut ĂȘtre libĂ©rĂ© sous forme d'ion H+ (proton). C'est la capacitĂ© Ă libĂ©rer ce proton qui lui confĂšre son aciditĂ©. L'acide acĂ©tique est un acide faible, mono-protonique en solution aqueuse, avec un pKa d'environ 4,8 Ă 25 °C. Une solution Ă 1,0 mol/L (concentration du vinaigre domestique) a un pH de 2,4, ce qui signifie que 0,4 % des molĂ©cules d'acide acĂ©tique sont dissociĂ©es.
DimĂšre cyclique
La structure cristalline de l'acide acĂ©tique[31] montre que les molĂ©cules se mettent par deux en dimĂšres connectĂ©s par des liaisons hydrogĂšne. Ces dimĂšres peuvent aussi ĂȘtre observĂ©s sous forme gazeuse Ă 120 °C. Ils sont probablement Ă©galement prĂ©sents dans la phase liquide de l'acide acĂ©tique pur, mais sont rapidement brisĂ©s Ă la moindre prĂ©sence d'eau. Cette dimĂ©risation existe chez d'autres acides carboxyliques. Elle a Ă©galement lieu en solution aqueuse avec une constante d'association KD dont la valeur est proche de 1[32].
Solvant
L'acide acétique liquide est un solvant protique hydrophile (polaire), similaire à l'éthanol et l'eau. Avec une constante diélectrique moyenne de 6,2, il peut dissoudre non seulement les composés polaires tels que les sels inorganiques et les sucres, mais aussi les composés non polaires tels que les huiles, ou des corps purs comme le soufre et le diiode. Il se mélange facilement avec de nombreux autres solvants polaires ou non polaires tels que l'eau, le chloroforme ou l'hexane. Ces propriétés de solvant et la miscibilité de l'acide acétique font qu'il est largement utilisé dans l'industrie chimique.
RĂ©actions chimiques
L'acide acĂ©tique est corrosif pour de nombreux mĂ©taux, notamment le fer, le magnĂ©sium et le zinc. Il forme du dihydrogĂšne et des sels de mĂ©taux appelĂ©s acĂ©tates. L'aluminium forme au contact de l'oxygĂšne une fine couche d'oxyde d'aluminium relativement rĂ©sistante, qui recouvre sa surface. Aussi les rĂ©servoirs d'aluminium sont-ils souvent utilisĂ©s pour transporter l'acide acĂ©tique. Les acĂ©tates de mĂ©tal peuvent ĂȘtre produits Ă partir du mĂ©lange d'acide acĂ©tique et d'une base appropriĂ©e, comme dans la rĂ©action bicarbonate de sodium+vinaigre qui donne de l'eau et du CO2. Ă la notable exception de l'acĂ©tate de chrome(II), presque tous les acĂ©tates sont solubles dans l'eau.
- Mg (s) + 2 CH3COOH (aq) â (CH3COO)2Mg (aq) + H2 (g)
- NaHCO3 (s) + CH3COOH (aq) â CH3COONa (aq) + CO2 (g) + H2O (l)
L'acide acĂ©tique subit Ă©galement les rĂ©actions typiques des acides carboxyliques, en particulier la formation d'Ă©thanol par rĂ©duction, et la formation de dĂ©rivĂ©s tels que le chlorure d'acĂ©tyle par substitution nuclĂ©ophile d'acyle. Parmi d'autres dĂ©rivĂ©s de substitution, on trouve l'anhydride acĂ©tique. Cet anhydride est le rĂ©sultat de la perte d'une molĂ©cule d'eau par deux molĂ©cules d'acide acĂ©tique. Les esters de l'acide acĂ©tique peuvent ĂȘtre formĂ©s par l'estĂ©rification de Fischer, et on peut Ă©galement l'utiliser pour produire des amides. ChauffĂ© au-delĂ de 440 °C, l'acide acĂ©tique se dĂ©compose en dioxyde de carbone et mĂ©thane, ou en eau et cĂ©tĂšne.
DĂ©tection
L'acide acĂ©tique peut ĂȘtre dĂ©tectĂ© grĂące Ă son odeur caractĂ©ristique. Les sels d'acide acĂ©tique dissous dans une solution de chlorure de fer (III) donnent une profonde couleur rouge qui disparaĂźt aprĂšs acidification. En chauffant les acĂ©tates avec du tri-oxyde d'arsenic, on obtient de l'oxyde de cacodyle qui peut ĂȘtre identifiĂ© par ses vapeurs malodorantes.
Biochimie
Le groupe acétyle, dérivé de l'acide acétique, est fondamental pour la biochimie de quasiment toutes les formes de vie. Lorsqu'il est lié au coenzyme A, il a une importance centrale dans le métabolisme des glucides et des lipides. Cependant, la concentration d'acide acétique libre dans les cellules est maintenue à un niveau bas, afin de ne pas perturber le contrÎle du pH. à la différence d'autres acides carboxyliques à longue chaßne carbonée (acides gras), l'acide acétique n'apparaßt pas dans la formation de triglycérides naturels. Il existe un triglycéride artificiel de l'acide acétique, la triacétine (triacétate de glycéryle), qui est couramment utilisé comme additif alimentaire (dans les cosmétiques, les aliments et certains médicaments) et comme solvant.
L'acide acétique est naturellement produit et sécrété par certaines bactéries, en particulier Acetobacter et Clostridium acetobutylicum (en) ainsi que la levure Saccharomyces cerevisiae.
Ces bactĂ©ries sont prĂ©sentes dans certaines denrĂ©es alimentaires, l'eau, le lait (bactĂ©ries lactiques[33]) et le sol, et l'acide acĂ©tique se forme naturellement lorsque des fruits ou autres denrĂ©es alimentaires se dĂ©composent. L'acide acĂ©tique est aussi un composant de la lubrification vaginale des humains et d'autres primates, oĂč il semble faire office d'agent antibactĂ©rien[34].
Production et synthĂšse
L'acide acĂ©tique est produit de façon synthĂ©tique ou par fermentation bactĂ©rienne. Aujourd'hui, la mĂ©thode biologique ne concerne plus que 10 % de la production, mais elle demeure importante pour la fabrication de vinaigre car, dans la plupart des pays, la loi dispose que le vinaigre Ă usage alimentaire doit ĂȘtre d'origine biologique. Environ 75 % de l'acide acĂ©tique destinĂ© Ă l'industrie chimique est produit par carbonylation du mĂ©thanol, voir dĂ©tails ci-dessous. Le reste est constituĂ© de diverses mĂ©thodes alternatives[35].
La production totale d'acide acĂ©tique est estimĂ©e Ă 5 Mt/an, dont environ la moitiĂ© vient des Ătats-Unis. La production europĂ©enne arrive aux alentours de 1 Mt/an et est en diminution. Enfin, 0,7 Mt/an sont fabriquĂ©es au Japon. 1,5 Mt/an sont recyclĂ©es, ce qui amĂšne le marchĂ© mondial Ă 6,5 Mt/an[36] - [37]. Les deux plus grands producteurs sont Celanese et BP Chimie. On trouve aussi parmi les principaux producteurs Millenium Chimie, Sterling Chimie, Samsung, Eastman, et Svens Etanolkemi.
Carbonylation du méthanol
La grande partie de l'acide acĂ©tique non recyclĂ© est produit par carbonylation du mĂ©thanol. Dans ce procĂ©dĂ©, le mĂ©thanol et le monoxyde de carbone rĂ©agissent pour produire l'acide acĂ©tique selon l'Ă©quation : CH3OH + CO â CH3COOH
Ce procédé utilise de l'acide iodhydrique comme intermédiaire et se produit en trois étapes. Un catalyseur, généralement un complexe métallique, est nécessaire pour la carbonylation (étape 2).
- CH3OH + HI â CH3I + H2O
- CH3I + CO â CH3COI
- CH3COI + H2O â CH3COOH + HI
En modifiant le processus, l'anhydride acĂ©tique peut ĂȘtre produit par la mĂȘme usine. Le mĂ©thanol et le monoxyde de carbone Ă©tant des matiĂšres premiĂšres courantes, la carbonylation du mĂ©thanol est longtemps apparue comme une mĂ©thode intĂ©ressante pour la production de l'acide acĂ©tique. Henry Dreyfus de la British Celanese a dĂ©veloppĂ© une usine pilote de carbonylation du mĂ©thanol dĂšs 1925[10]. Cependant, le manque de matĂ©riel adĂ©quat pour contenir le mĂ©lange rĂ©actionnel corrosif aux pressions nĂ©cessaires (200 atm ou plus) a freinĂ© la commercialisation de cette mĂ©thode pendant un certain temps. Le premier processus commercialisĂ© de carbonylation du mĂ©thanol, qui utilise du cobalt comme catalyseur, a Ă©tĂ© dĂ©veloppĂ© par l'entreprise chimique allemande BASF en 1963. En 1968, on a dĂ©couvert un nouveau catalyseur Ă base de rhodium (cisâ[Rh(CO)2I2]â) capable d'agir efficacement Ă basse pression et avec trĂšs peu de sous-produits. La premiĂšre usine utilisant ce catalyseur a Ă©tĂ© bĂątie par l'entreprise amĂ©ricaine Monsanto en 1970, et la carbonylation du mĂ©thanol catalysĂ©e au rhodium est devenue la mĂ©thode dominante de production d'acide acĂ©tique (connue sous le nom de « procĂ©dĂ© Monsanto »). Vers la fin des annĂ©es 1990, BP a commercialisĂ© le catalyseur Cativa ([Ir(CO)2I2]â), favorisĂ© par le ruthĂ©nium. Ce processus est plus Ă©cologique et efficace[38] que le prĂ©cĂ©dent, et a largement supplantĂ© le processus Monsanto, souvent dans les mĂȘmes usines.
Oxydation de l'acétaldéhyde
Avant la commercialisation du processus Monsanto, la majeure partie de l'acide acĂ©tique Ă©tait produit par oxydation de l'acĂ©taldĂ©hyde. Cette mĂ©thode demeure la seconde plus importante voie de synthĂšse de l'acide acĂ©tique, bien qu'elle ne soit pas compĂ©titive avec la carbonylation du mĂ©thanol. L'acĂ©taldĂ©hyde peut ĂȘtre produit par oxydation de butane ou de naphta lĂ©ger, oxydation de l'Ă©thylĂšne ou encore par hydratation de l'acĂ©tylĂšne.
Quand le butane ou le naphta lĂ©ger est chauffĂ© dans l'air en prĂ©sence de diffĂ©rents ions mĂ©talliques, en particulier de manganĂšse, de cobalt et de chrome, un peroxyde se forme puis se dĂ©compose pour former de l'acide acĂ©tique : 2 C4H10 + 5 O2 â 4 CH3COOH + 2 H2O On travaille avec une combinaison de tempĂ©rature et de pression permettant d'avoir un mĂ©lange rĂ©actionnel aussi chaud que possible tout en gardant le butane Ă l'Ă©tat liquide. 150 °C et 55 atm sont des conditions habituelles. Plusieurs sous-produits peuvent ĂȘtre formĂ©s, parmi lesquels la butanone, l'acĂ©tate d'Ă©thyle, l'acide formique et l'acide propanoĂŻque. Ces sous-produits ont Ă©galement une valeur marchande, et les conditions de rĂ©action peuvent ĂȘtre altĂ©rĂ©es pour en produire davantage si cela a un avantage Ă©conomique. Cependant, la sĂ©paration de l'acide acĂ©tique de ses sous-produits ajoute au coĂ»t du processus. Avec des conditions et des catalyseurs similaires Ă ceux utilisĂ©s pour l'oxydation du butane, l'acĂ©taldĂ©hyde peut ĂȘtre oxydĂ© par le dioxygĂšne de l'air pour produire de l'acide acĂ©tique : 2 CH3CHO + O2 â 2 CH3COOH
GrĂące aux catalyseurs modernes, cette rĂ©action peut atteindre un rendement de plus de 95 %. Les principaux sous-produits sont l'acĂ©tate d'Ă©thyle, l'acide formique et le formaldĂ©hyde. Tous ces composĂ©s ont une tempĂ©rature d'Ă©bullition infĂ©rieure Ă celle de l'acide acĂ©tique et peuvent ĂȘtre facilement sĂ©parĂ©s par distillation.
Oxydation de l'Ă©thylĂšne
L'acĂ©taldĂ©hyde peut ĂȘtre prĂ©parĂ© Ă partir de l'Ă©thylĂšne via le procĂ©dĂ© Wacker, puis oxydĂ© comme dĂ©taillĂ© ci-dessus. Plus rĂ©cemment, une transformation de l'Ă©thylĂšne en acide acĂ©tique en une seule Ă©tape a Ă©tĂ© commercialisĂ©e par l'entreprise ShĆwa DenkĆ, qui a ouvert une usine d'oxydation d'Ă©thylĂšne Ă Oita, Japon, en 1997[39]. Le processus est catalysĂ© par un catalyseur mĂ©tallique Ă base de palladium avec l'assistance d'un hĂ©tĂ©ropolyacide tel que l'acide tungstosilicique. Ce processus pourrait ĂȘtre un concurrent de la carbonylation du mĂ©thanol pour les petites usines (100 Ă 250 kt/an) en fonction du prix de l'Ă©thylĂšne.
SynthĂšse malonique
- SynthÚse malonique, en utilisant un halogénométhane comme substituant (R-X).
Commerce
En 2014, la France est nette importatrice d'acide acĂ©tique, d'aprĂšs les douanes françaises. Le prix moyen Ă la tonne Ă l'import Ă©tait de 430 âŹ[40].
Divers
L'acide acétique, utilisé topique en ORL, fait partie de la liste des médicaments essentiels de l'Organisation mondiale de la santé (liste mise à jour en avril 2013)[41].
Notes et références
- ACIDE ACETIQUE, Fiches internationales de sécurité chimique
- Masse molaire calculĂ©e dâaprĂšs « Atomic weights of the elements 2007 », sur www.chem.qmul.ac.uk.
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Voir aussi
Articles connexes
Bibliographie
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