AccueilđŸ‡«đŸ‡·Chercher

Acide acétique

L'acide Ă©thanoĂŻque ou acide acĂ©tique est un acide carboxylique avec une chaĂźne carbonĂ©e thĂ©orique en C2, analogue Ă  l'Ă©thane, de formule semi-dĂ©veloppĂ©e CH3-CO-OH ou courte AcOH, oĂč Ac signifie « CH3CO »[21], du groupe acĂ©tyle. L'adjectif du nom courant provient du latin acetum, signifiant vinaigre. En effet, l'acide acĂ©tique reprĂ©sente le principal constituant du vinaigre aprĂšs l'eau, puisqu'il lui donne son goĂ»t acide et son odeur piquante dĂ©tectable Ă  partir d'ppm[22].

Acide Ă©thanoĂŻque
Formule développée de l'acide acétique. Représentation 3D de l'acide acétique.
Formule topologique et représentation 3D de l'acide acétique.
Identification
Nom UICPA acide Ă©thanoĂŻque
Nom systématique acide acétique
Synonymes

acide acétique glacial
acide éthylique, acide méthanecarboxylique

No CAS 64-19-7
No ECHA 100.000.528
No CE 200-580-7
No RTECS AF1225000
Code ATC G01AD02 S02AA10
DrugBank DB03166
PubChem 176
ChEBI 15366
No E E260
FEMA 2006
SMILES
InChI
Apparence liquide incolore, d'odeur ùcre et fortement vinaigrée[1].
Propriétés chimiques
Formule C2H4O2 [IsomĂšres]
Masse molaire[2] 60,052 ± 0,002 5 g/mol
C 40 %, H 6,71 %, O 53,29 %,
pKa 4,76 à 25 °C[3]
Moment dipolaire 1,70 Â± 0,03 D[4]
DiamĂštre molĂ©culaire 0,442 nm[5]
Propriétés physiques
T° fusion 16,64 °C[6]
T° ébullition 117,9 °C[6]
Solubilité Miscible avec l'eau, l'acétone, l'alcool, le benzÚne, le glycérol, l'éther, le tétrachlorure de carbone ; pratiquement insol. dans le disulfure de carbone[3].

Totalement miscible Ă  l'hexane, au toluĂšne.

ParamĂštre de solubilitĂ© ÎŽ 20,7 MPa1/2 (25 °C)[7] ;

18,9 J1/2 cm−3/2 (25 °C)[5] ;
12,4 cal1/2 cm−3/2[8]

Masse volumique 1,049 2 g cm−3 (liquide,20 °C)[6]
T° d'auto-inflammation 465 °C[10]
Point d’éclair 39 °C (coupelle fermĂ©e)[1]
Limites d’explosivitĂ© dans l’air 5,4–16 %vol[1]
Pression de vapeur saturante 1,5 kPa Ă  20 °C[1]
ViscositĂ© dynamique 1,22 mPa s Ă  25 °C
Point critique 4,53 MPa Ă  319,56 °C[10]
Thermochimie
S0gaz, 1 bar 282,848 J mol−1 K−1[11]
S0liquide, 1 bar 158,0 J mol−1 K−1[11]
ΔfH0gaz −433 kJ mol−1[11]
ΔfH0liquide −483,52 kJ mol−1[11]
ΔfusH° 11,728 kJ mol−1 Ă  16,75 °C[11]
ΔvapH° 23,7 kJ mol−1 Ă  117,95 °C[11]
Cp 123,1 J mol−1 K−1 (liquide, 25 °C)
63,44 J mol−1 K−1 (gaz, 25 °C)[11]
PCS 874,2 kJ mol−1[13] (liquide)
PCI −875,16 kJ mol−1[11]
Propriétés électroniques
1re Ă©nergie d'ionisation 10,65 Â± 0,02 eV (gaz)[14]
Cristallographie
Classe cristalline ou groupe d’espace Pna21[15]
ParamĂštres de maille a = 13,151 Ă…

b = 3,923 Ă…
c = 5,762 Ă…
α = 90,00°
ÎČ = 90,00°
γ = 90,00°
Z = 4[15]

Volume 297,27 Ă…3[15]
Propriétés optiques
Indice de rĂ©fraction 1,372 0[6]
Précautions
SGH[16] - [17]
SGH02 : InflammableSGH05 : Corrosif
Danger
H226, H314, P280, P305, P310, P338 et P351
SIMDUT[18]
B3 : Liquide combustibleE : MatiĂšre corrosive
B3, E,
NFPA 704
Transport

Écotoxicologie
DL50 3,31 g kg−1 (rat, oral)
525 mg kg−1 (souris, i.v.)[19]
LogP –0,31[1]
Seuil de l’odorat bas : 0,03 ppm
haut : 0,15 ppm[20]
Composés apparentés
IsomÚre(s) Glycolaldéhyde
Autres composés

Anhydride acétique


Unités du SI et CNTP, sauf indication contraire.

La distillation du vinaigre, attestée dÚs l'époque médiévale en Europe, a permis d'obtenir l'acide acétique pur, liquide combustible incolore à forte odeur de vinaigre, de masse volumique de l'ordre d'1,05 g/cm3 à 20 °C qui se solidifie par simple immersion dans un bain eau-glace[23]. Il est encore connu sous le nom d'acide acétique glacial ou autrefois de vinaigre fort. C'est le premier acide industriel connu.

Ce liquide trĂšs faiblement conducteur, incolore, inflammable et hygroscopique reprĂ©sente Ă  tempĂ©rature ambiante un des plus simples acides monocarboxyliques, avec l'acide formique. Son aciditĂ© caractĂ©risĂ©e en solution aqueuse par un pKa = 4,76 vient de sa capacitĂ© Ă  perdre temporairement le proton de sa fonction carboxylique, le transformant ainsi en ion acĂ©tate CH3COO−. C'est un acide faible.

Cet acide coagule le latex et a des propriétés bactériostatiques, ce qui permet de l'utiliser comme désinfectant. Il est également utilisé comme composant d'insecticides et d'agent de nettoyage pour la fabrication de semi-conducteurs[22]. Il est corrosif et ses vapeurs sont irritantes pour le nez et les yeux.

TrĂšs corrosif vis-Ă -vis des tissus organiques et vivants, il doit ĂȘtre manipulĂ© avec soin. Bien qu'il n'ait pas Ă©tĂ© jugĂ© cancĂ©rogĂšne ou dangereux pour l'environnement, il peut causer des brĂ»lures ainsi que des dommages permanents Ă  la bouche, au nez, Ă  la gorge et aux poumons. À certaines doses et en co-exposition chronique avec un produit cancĂ©rogĂšne, son caractĂšre irritant en fait un promoteur tumoral de tumeurs (bĂ©nignes et malignes)[22]. Ceci a Ă©tĂ© dĂ©montrĂ© expĂ©rimentalement chez le rat[22].

Dans le corps humain, l'acide acétique est normalement produit aprÚs la consommation d'alcool : l'éthanol est converti en acétaldéhyde qui est alors converti en acide acétique sous l'influence de l'enzyme acétaldéhyde déshydrogénase et ensuite en acétyl-coA par la ligase acétate-CoA.

Production

La demande mondiale d'acide acétique est d'environ 6,5 millions de tonnes par an (Mt/an). Industriellement, il est produit par l'oxydation en phase liquide du n-butane, ou il est récupéré dans la production d'acétate de cellulose ou d'alcool polyvinylique.

Usages

C'est un réactif trÚs utilisé dans l'industrie ou les laboratoires, notamment :

Nomenclature

Le nom trivial ancien, acide acétique, dérive d'acetum, mot latin qui désigne le vinaigre ou aceti-vinum. Il est encore le plus utilisé dans l'espace francophone et anglophone mais l'IUPAC a normalisé le terme acide éthanoïque, à la place de l'ancien nom chimique français acide éthylique. Plus tolérant que la nomenclature IUPAC en 1960, les Chemical Abstracts ont conservé néanmoins les noms courants pour les deux premiers acides carboxyliques en C1 et C2, soit l'acide formique et l'acide acétique.

Acide acétique glacial reste aussi un nom trivial qui désigne communément l'acide acétique pur au laboratoire. Similaire au nom allemand « Eisessig » (littéralement : vinaigre glacé), ce nom s'explique par les cristaux d'acide acétique semblables à de la glace qui se forment à une température légÚrement inférieure à la température ambiante (à moins de 17 °C, température de fusion de l'acide acétique pur).

L'abrĂ©viation la plus courante pour l'acide acĂ©tique est AcOH ou HOAc, Ac dĂ©signant le groupe fonctionnel acĂ©tyle CH3−CO−.

La formule brute de l'acide acétique est C2H4O2. On l'écrit également souvent CH3COOH ou CH3CO2H afin de mieux traduire sa structure. L'ion résultant de la perte du proton H+ porte le nom d'acétate. Acétate peut également faire référence à un sel contenant cet anion ou à un ester de l'acide acétique.

Historique

Acide acétique cristallisé.

Le vinaigre fort est connu en MĂ©sopotamie il y a plus de 3 000 ans av. J.-C.[27]. Les bactĂ©ries acĂ©tiques produisant l'acide acĂ©tique Ă  partir du vin et d'oxygĂšne ont Ă©tĂ© dĂ©crites par le chimiste Louis Pasteur. Elles sont prĂ©sentes partout dans le monde civilisĂ©, et toute culture pratiquant le brassage de la biĂšre ou du vin a inĂ©vitablement dĂ©couvert le vinaigre, rĂ©sultat naturel de l'Ă©volution de ces boissons alcoolisĂ©es laissĂ©es Ă  l'air libre.

L'usage de l'acide acétique en chimie remonte à l'Antiquité. Au IIIe siÚcle av. J.-C., le philosophe grec Théophraste décrit comment le vinaigre agit sur le métal et produit ainsi des pigments utiles pour l'art, incluant le plomb blanc (carbonate de plomb) et vert-de-gris, un mélange vert de sels de cuivre incluant l'acétate de cuivre II (tous produits toxiques). Les anciens Romains faisaient bouillir le « vin aigre » dans des récipients de plomb pour produire un sirop trÚs sucré appelé sapa. Le sapa était riche en acétate de plomb, une substance sucrée appelée sucre de plomb ou sucre de Saturne, et qui provoqua de nombreux empoisonnements au plomb dans l'aristocratie romaine, la maladie correspondant à une intoxication aiguë ou chronique par le plomb est notamment nommée saturnisme. L'alchimiste perse Jabir Ibn Hayyan (Geber) concentra l'acide acétique à partir du vinaigre par distillation.

Durant la Renaissance, l'acide acĂ©tique « glacial » Ă©tait prĂ©parĂ© par distillation sĂšche d'acĂ©tates de mĂ©tal. Au XVIe siĂšcle, l'alchimiste allemand Andreas Libavius en dĂ©crivit la procĂ©dure, et compara l'acide pur ainsi produit au vinaigre. La prĂ©sence d'eau dans le vinaigre a tant d'influence sur les propriĂ©tĂ©s de l'acide acĂ©tique que pendant des siĂšcles de nombreux chimistes ont cru que l'acide acĂ©tique glacial et l'acide prĂ©sent dans le vinaigre Ă©taient deux substances diffĂ©rentes. C'est le chimiste français Pierre Auguste Adet qui prouva qu'ils Ă©taient le mĂȘme composĂ© chimique.

En 1847, le chimiste allemand Hermann Kolbe synthétisa l'acide acétique à partir de matiÚres inorganiques pour la premiÚre fois. La séquence de cette réaction consistait en la chloration de disulfure de carbone en tétrachlorométhane, suivie d'une pyrolyse en tétrachloroéthylÚne, puis d'une chloration aqueuse en acide trichloroacétique, et enfin conclure par une réduction par électrolyse pour obtenir l'acide acétique[28].

Vers 1910, la majoritĂ© de l'acide acĂ©tique glacial Ă©tait obtenue Ă  partir de la « liqueur pyroligneuse » issue de la distillation du bois[27]. L'acide acĂ©tique Ă©tait isolĂ© grĂące Ă  un traitement Ă  l'hydroxyde de calcium, et l'acĂ©tate de calcium ainsi obtenu Ă©tait alors acidifiĂ© par un ajout d'acide sulfurique pour reformer l'acide acĂ©tique. L'Allemagne en produisait Ă  l'Ă©poque 10 000 tonnes par an, dont 30 % Ă©tait utilisĂ© pour la production de colorant indigo[29] - [30].

Propriétés physico-chimiques

Acidité

L'atome d'hydrogĂšne (H) du groupe carboxyle (–COOH) des acides carboxyliques tels que l'acide acĂ©tique peut ĂȘtre libĂ©rĂ© sous forme d'ion H+ (proton). C'est la capacitĂ© Ă  libĂ©rer ce proton qui lui confĂšre son aciditĂ©. L'acide acĂ©tique est un acide faible, mono-protonique en solution aqueuse, avec un pKa d'environ 4,8 Ă  25 °C. Une solution Ă  1,0 mol/L (concentration du vinaigre domestique) a un pH de 2,4, ce qui signifie que 0,4 % des molĂ©cules d'acide acĂ©tique sont dissociĂ©es.

équilibre acido-basique de l'acide acétique dans l'eau.

DimĂšre cyclique

DimÚre cyclique de l'acide acétique ; les pointillés représentent les liaisons hydrogÚne.

La structure cristalline de l'acide acĂ©tique[31] montre que les molĂ©cules se mettent par deux en dimĂšres connectĂ©s par des liaisons hydrogĂšne. Ces dimĂšres peuvent aussi ĂȘtre observĂ©s sous forme gazeuse Ă  120 °C. Ils sont probablement Ă©galement prĂ©sents dans la phase liquide de l'acide acĂ©tique pur, mais sont rapidement brisĂ©s Ă  la moindre prĂ©sence d'eau. Cette dimĂ©risation existe chez d'autres acides carboxyliques. Elle a Ă©galement lieu en solution aqueuse avec une constante d'association KD dont la valeur est proche de 1[32].

Solvant

L'acide acétique liquide est un solvant protique hydrophile (polaire), similaire à l'éthanol et l'eau. Avec une constante diélectrique moyenne de 6,2, il peut dissoudre non seulement les composés polaires tels que les sels inorganiques et les sucres, mais aussi les composés non polaires tels que les huiles, ou des corps purs comme le soufre et le diiode. Il se mélange facilement avec de nombreux autres solvants polaires ou non polaires tels que l'eau, le chloroforme ou l'hexane. Ces propriétés de solvant et la miscibilité de l'acide acétique font qu'il est largement utilisé dans l'industrie chimique.

RĂ©actions chimiques

L'acide acĂ©tique est corrosif pour de nombreux mĂ©taux, notamment le fer, le magnĂ©sium et le zinc. Il forme du dihydrogĂšne et des sels de mĂ©taux appelĂ©s acĂ©tates. L'aluminium forme au contact de l'oxygĂšne une fine couche d'oxyde d'aluminium relativement rĂ©sistante, qui recouvre sa surface. Aussi les rĂ©servoirs d'aluminium sont-ils souvent utilisĂ©s pour transporter l'acide acĂ©tique. Les acĂ©tates de mĂ©tal peuvent ĂȘtre produits Ă  partir du mĂ©lange d'acide acĂ©tique et d'une base appropriĂ©e, comme dans la rĂ©action bicarbonate de sodium+vinaigre qui donne de l'eau et du CO2. À la notable exception de l'acĂ©tate de chrome(II), presque tous les acĂ©tates sont solubles dans l'eau.

Deux réactions typiques de l'acide acétique
Deux réactions typiques de l'acide acétique

L'acide acĂ©tique subit Ă©galement les rĂ©actions typiques des acides carboxyliques, en particulier la formation d'Ă©thanol par rĂ©duction, et la formation de dĂ©rivĂ©s tels que le chlorure d'acĂ©tyle par substitution nuclĂ©ophile d'acyle. Parmi d'autres dĂ©rivĂ©s de substitution, on trouve l'anhydride acĂ©tique. Cet anhydride est le rĂ©sultat de la perte d'une molĂ©cule d'eau par deux molĂ©cules d'acide acĂ©tique. Les esters de l'acide acĂ©tique peuvent ĂȘtre formĂ©s par l'estĂ©rification de Fischer, et on peut Ă©galement l'utiliser pour produire des amides. ChauffĂ© au-delĂ  de 440 °C, l'acide acĂ©tique se dĂ©compose en dioxyde de carbone et mĂ©thane, ou en eau et cĂ©tĂšne.

DĂ©tection

L'acide acĂ©tique peut ĂȘtre dĂ©tectĂ© grĂące Ă  son odeur caractĂ©ristique. Les sels d'acide acĂ©tique dissous dans une solution de chlorure de fer (III) donnent une profonde couleur rouge qui disparaĂźt aprĂšs acidification. En chauffant les acĂ©tates avec du tri-oxyde d'arsenic, on obtient de l'oxyde de cacodyle qui peut ĂȘtre identifiĂ© par ses vapeurs malodorantes.

Biochimie

Le groupe acĂ©tyle, dĂ©rivĂ© de l'acide acĂ©tique, est fondamental pour la biochimie de quasiment toutes les formes de vie. Lorsqu'il est liĂ© au coenzyme A, il a une importance centrale dans le mĂ©tabolisme des glucides et des lipides. Cependant, la concentration d'acide acĂ©tique libre dans les cellules est maintenue Ă  un niveau bas, afin de ne pas perturber le contrĂŽle du pH. À la diffĂ©rence d'autres acides carboxyliques Ă  longue chaĂźne carbonĂ©e (acides gras), l'acide acĂ©tique n'apparaĂźt pas dans la formation de triglycĂ©rides naturels. Il existe un triglycĂ©ride artificiel de l'acide acĂ©tique, la triacĂ©tine (triacĂ©tate de glycĂ©ryle), qui est couramment utilisĂ© comme additif alimentaire (dans les cosmĂ©tiques, les aliments et certains mĂ©dicaments) et comme solvant.

L'acide acétique est naturellement produit et sécrété par certaines bactéries, en particulier Acetobacter et Clostridium acetobutylicum (en) ainsi que la levure Saccharomyces cerevisiae.
Ces bactĂ©ries sont prĂ©sentes dans certaines denrĂ©es alimentaires, l'eau, le lait (bactĂ©ries lactiques[33]) et le sol, et l'acide acĂ©tique se forme naturellement lorsque des fruits ou autres denrĂ©es alimentaires se dĂ©composent. L'acide acĂ©tique est aussi un composant de la lubrification vaginale des humains et d'autres primates, oĂč il semble faire office d'agent antibactĂ©rien[34].

Production et synthĂšse

L'acide acĂ©tique est produit de façon synthĂ©tique ou par fermentation bactĂ©rienne. Aujourd'hui, la mĂ©thode biologique ne concerne plus que 10 % de la production, mais elle demeure importante pour la fabrication de vinaigre car, dans la plupart des pays, la loi dispose que le vinaigre Ă  usage alimentaire doit ĂȘtre d'origine biologique. Environ 75 % de l'acide acĂ©tique destinĂ© Ă  l'industrie chimique est produit par carbonylation du mĂ©thanol, voir dĂ©tails ci-dessous. Le reste est constituĂ© de diverses mĂ©thodes alternatives[35].

La production totale d'acide acĂ©tique est estimĂ©e Ă  Mt/an, dont environ la moitiĂ© vient des États-Unis. La production europĂ©enne arrive aux alentours de Mt/an et est en diminution. Enfin, 0,7 Mt/an sont fabriquĂ©es au Japon. 1,5 Mt/an sont recyclĂ©es, ce qui amĂšne le marchĂ© mondial Ă  6,5 Mt/an[36] - [37]. Les deux plus grands producteurs sont Celanese et BP Chimie. On trouve aussi parmi les principaux producteurs Millenium Chimie, Sterling Chimie, Samsung, Eastman, et Svens Etanolkemi.

Carbonylation du méthanol

La grande partie de l'acide acĂ©tique non recyclĂ© est produit par carbonylation du mĂ©thanol. Dans ce procĂ©dĂ©, le mĂ©thanol et le monoxyde de carbone rĂ©agissent pour produire l'acide acĂ©tique selon l'Ă©quation : CH3OH + CO → CH3COOH

Ce procédé utilise de l'acide iodhydrique comme intermédiaire et se produit en trois étapes. Un catalyseur, généralement un complexe métallique, est nécessaire pour la carbonylation (étape 2).

  1. CH3OH + HI → CH3I + H2O
  2. CH3I + CO → CH3COI
  3. CH3COI + H2O → CH3COOH + HI

En modifiant le processus, l'anhydride acĂ©tique peut ĂȘtre produit par la mĂȘme usine. Le mĂ©thanol et le monoxyde de carbone Ă©tant des matiĂšres premiĂšres courantes, la carbonylation du mĂ©thanol est longtemps apparue comme une mĂ©thode intĂ©ressante pour la production de l'acide acĂ©tique. Henry Dreyfus de la British Celanese a dĂ©veloppĂ© une usine pilote de carbonylation du mĂ©thanol dĂšs 1925[10]. Cependant, le manque de matĂ©riel adĂ©quat pour contenir le mĂ©lange rĂ©actionnel corrosif aux pressions nĂ©cessaires (200 atm ou plus) a freinĂ© la commercialisation de cette mĂ©thode pendant un certain temps. Le premier processus commercialisĂ© de carbonylation du mĂ©thanol, qui utilise du cobalt comme catalyseur, a Ă©tĂ© dĂ©veloppĂ© par l'entreprise chimique allemande BASF en 1963. En 1968, on a dĂ©couvert un nouveau catalyseur Ă  base de rhodium (cis−[Rh(CO)2I2]−) capable d'agir efficacement Ă  basse pression et avec trĂšs peu de sous-produits. La premiĂšre usine utilisant ce catalyseur a Ă©tĂ© bĂątie par l'entreprise amĂ©ricaine Monsanto en 1970, et la carbonylation du mĂ©thanol catalysĂ©e au rhodium est devenue la mĂ©thode dominante de production d'acide acĂ©tique (connue sous le nom de « procĂ©dĂ© Monsanto »). Vers la fin des annĂ©es 1990, BP a commercialisĂ© le catalyseur Cativa ([Ir(CO)2I2]−), favorisĂ© par le ruthĂ©nium. Ce processus est plus Ă©cologique et efficace[38] que le prĂ©cĂ©dent, et a largement supplantĂ© le processus Monsanto, souvent dans les mĂȘmes usines.

Oxydation de l'acétaldéhyde

Avant la commercialisation du processus Monsanto, la majeure partie de l'acide acĂ©tique Ă©tait produit par oxydation de l'acĂ©taldĂ©hyde. Cette mĂ©thode demeure la seconde plus importante voie de synthĂšse de l'acide acĂ©tique, bien qu'elle ne soit pas compĂ©titive avec la carbonylation du mĂ©thanol. L'acĂ©taldĂ©hyde peut ĂȘtre produit par oxydation de butane ou de naphta lĂ©ger, oxydation de l'Ă©thylĂšne ou encore par hydratation de l'acĂ©tylĂšne.

Quand le butane ou le naphta lĂ©ger est chauffĂ© dans l'air en prĂ©sence de diffĂ©rents ions mĂ©talliques, en particulier de manganĂšse, de cobalt et de chrome, un peroxyde se forme puis se dĂ©compose pour former de l'acide acĂ©tique : 2 C4H10 + 5 O2 → 4 CH3COOH + 2 H2O On travaille avec une combinaison de tempĂ©rature et de pression permettant d'avoir un mĂ©lange rĂ©actionnel aussi chaud que possible tout en gardant le butane Ă  l'Ă©tat liquide. 150 °C et 55 atm sont des conditions habituelles. Plusieurs sous-produits peuvent ĂȘtre formĂ©s, parmi lesquels la butanone, l'acĂ©tate d'Ă©thyle, l'acide formique et l'acide propanoĂŻque. Ces sous-produits ont Ă©galement une valeur marchande, et les conditions de rĂ©action peuvent ĂȘtre altĂ©rĂ©es pour en produire davantage si cela a un avantage Ă©conomique. Cependant, la sĂ©paration de l'acide acĂ©tique de ses sous-produits ajoute au coĂ»t du processus. Avec des conditions et des catalyseurs similaires Ă  ceux utilisĂ©s pour l'oxydation du butane, l'acĂ©taldĂ©hyde peut ĂȘtre oxydĂ© par le dioxygĂšne de l'air pour produire de l'acide acĂ©tique : 2 CH3CHO + O2 → 2 CH3COOH

GrĂące aux catalyseurs modernes, cette rĂ©action peut atteindre un rendement de plus de 95 %. Les principaux sous-produits sont l'acĂ©tate d'Ă©thyle, l'acide formique et le formaldĂ©hyde. Tous ces composĂ©s ont une tempĂ©rature d'Ă©bullition infĂ©rieure Ă  celle de l'acide acĂ©tique et peuvent ĂȘtre facilement sĂ©parĂ©s par distillation.

Oxydation de l'Ă©thylĂšne

L'acĂ©taldĂ©hyde peut ĂȘtre prĂ©parĂ© Ă  partir de l'Ă©thylĂšne via le procĂ©dĂ© Wacker, puis oxydĂ© comme dĂ©taillĂ© ci-dessus. Plus rĂ©cemment, une transformation de l'Ă©thylĂšne en acide acĂ©tique en une seule Ă©tape a Ă©tĂ© commercialisĂ©e par l'entreprise Shƍwa Denkƍ, qui a ouvert une usine d'oxydation d'Ă©thylĂšne Ă  Oita, Japon, en 1997[39]. Le processus est catalysĂ© par un catalyseur mĂ©tallique Ă  base de palladium avec l'assistance d'un hĂ©tĂ©ropolyacide tel que l'acide tungstosilicique. Ce processus pourrait ĂȘtre un concurrent de la carbonylation du mĂ©thanol pour les petites usines (100 Ă  250 kt/an) en fonction du prix de l'Ă©thylĂšne.

SynthĂšse malonique

Commerce

En 2014, la France est nette importatrice d'acide acĂ©tique, d'aprĂšs les douanes françaises. Le prix moyen Ă  la tonne Ă  l'import Ă©tait de 430 €[40].

Divers

L'acide acétique, utilisé topique en ORL, fait partie de la liste des médicaments essentiels de l'Organisation mondiale de la santé (liste mise à jour en avril 2013)[41].

Notes et références

  1. ACIDE ACETIQUE, Fiches internationales de sécurité chimique
  2. Masse molaire calculĂ©e d’aprĂšs « Atomic weights of the elements 2007 », sur www.chem.qmul.ac.uk.
  3. « ACETIC ACID » dans la base de données Hazardous Substances Data Bank (consulté le 16 juillet 2012).
  4. (en) David R. Lide, CRC Handbook of Chemistry and Physics, Boca Raton, CRC Press/Taylor & Francis, , 89e éd., 2736 p. (ISBN 9781420066791, présentation en ligne), p. 9-50.
  5. (en) Yitzhak Marcus, The Properties of Solvents, vol. 4, Angleterre, John Wiley & Sons, , 239 p. (ISBN 0-471-98369-1).
  6. (en) William M. Haynes, CRC Handbook of Chemistry and Physics, Boca Raton, CRC Press/Taylor & Francis, , 91e éd., 2610 p. (ISBN 9781439820773, présentation en ligne), p. 3-4.
  7. (en) James E. Mark, Physical Properties of Polymer Handbook, Springer, , 2e Ă©d., 1076 p. (ISBN 0387690026, lire en ligne), p. 294.
  8. (en) Șerban Moldoveanu, Sample preparation in chromatography, Elsevier, , 930 p. (ISBN 0444503943), p. 258.
  9. (en) Robert H. Perry et Donald W. Green, Perry's Chemical Engineers' Handbook, États-Unis, McGraw-Hill, , 7e Ă©d., 2400 p. (ISBN 0-07-049841-5), p. 2-50.
  10. Wagner, Frank S. (1978), Acetic acid, dans Grayson, Martin (Éd.), Kirk-Othmer Encyclopedia of Chemical Technology, 3e Ă©d., New York, John Wiley & Sons.
  11. (en) « Acetic acid », sur NIST/WebBook (consulté le 28 août 2009).
  12. (en) Carl L. Yaws, Handbook of Thermodynamic Diagrams, vol. 1, Huston, Texas, Gulf Pub., (ISBN 0-88415-857-8)
  13. (en) David R. Lide, CRC Handbook of Chemistry and Physics, Boca Raton, CRC Press, , 83e éd., 2664 p. (ISBN 0849304830, présentation en ligne), p. 5-89.
  14. (en) David R. Lide, CRC Handbook of Chemistry and Physics, Boca Raton, CRC Press/Taylor & Francis, , 89e éd., 2736 p. (ISBN 9781420066791, présentation en ligne), p. 10-205.
  15. « Acetic acid », sur reciprocalnet.org (consulté le ).
  16. Numéro index 607-002-00-6 dans le tableau 3.1 de l'annexe VI du rÚglement CE N° 1272/2008 (16 décembre 2008)
  17. SIGMA-ALDRICH
  18. « Acide acétique » dans la base de données de produits chimiques Reptox de la CSST (organisme québécois responsable de la sécurité et de la santé au travail), consulté le 24 avril 2009.
  19. (en) « Acide acétique », sur ChemIDplus, consulté le 28 août 2009
  20. « Acetic acid », sur hazmap.nlm.nih.gov (consulté le )
  21. « Acide acétique », sur societechimiquedefrance.fr (consulté le ).
  22. INRS, Fiche toxicologique, Plaquette de 8 pp Ref FT 24, version 2019
  23. La température de fusion avoisine 16,6 °C. Sa température d'ébullition est légÚrement inférieure à 117,9 °C. Le produit est inflammable avec un point éclair inférieur à 40 °C alors que le point d'auto-inflammation s'élÚve à 465 °C.
  24. Khelifi, L., Ghorbel, A., Garbowski, E. et Primet, M. (1997), « Préparation par voie sol-gel de catalyseurs Pt/Al2O3 pour la combustion catalytique », Journal de chimie physique, 94, 2016-2026.
  25. Rezgui, S., Ghorbel, A. et Gates, B. C. (1995), ContrÎle de la préparation de catalyseurs oxydes mixtes de chrome et d'aluminium par procédés sol-gel, Journal de chimie physique, 92, 1576-1588, résumé.
  26. Barbara Brutsaert, « Acides organiques et acides gras Ă  chaĂźne moyenne », 9Ăšme JournĂ©e Productions porcines et avicoles,‎ (lire en ligne)
  27. Pierre de Menten, Dictionnaire de chimie : Une approche Ă©tymologique et historique, De Boeck, , 395 p. (ISBN 978-2-8041-8175-8, lire en ligne), p. 20
  28. Goldwhite, Harold (2003). New Haven Sect. Bull. Am. Chem. Soc. (September 2003).
  29. Martin, Geoffrey (1917). Industrial and Manufacturing Chemistry, Part 1, Organic. Londres, Crosby Lockwood, p. 330–31.
  30. Schweppe, Helmut (1979), Identification of dyes on old textiles, J. Am. Inst. Conservation, 19 (1/3), 14–23.
  31. Jones, R.E. et Templeton, D.H. (1958), The crystal structure of acetic acid, Acta Crystallogr., 11 (7), 484–87.
  32. J. Chen, C. L. Brooks et H. Sherega, « Revisiting the Carboxylic Acid Dimers in Aqueous Solution », J. Phys. Chem. B, vol. 112, p. 242-249, 2008.
  33. Lafon-Lafourcade, S., Lucmaret, V. et Joyeux, A. (1980), « Quelques observations sur la formation d'acide acétique par les bactéries lactiques », OENO One, 14 (3), 183-194, résumé.
  34. Dictionary of Organic Compounds, 6e Ă©d., vol. 1, 1996, Londres, Chapman & Hall (ISBN 978-0-412-54090-5).
  35. Yoneda, Noriyki ; Kusano, Satoru ; Yasui, Makoto ; Pujado, Peter et Wilcher, Steve (2001), Appl. Catal. A: Gen., 221, 253–265.
  36. Production report, Chem. Eng. News, 11 juillet 2005, 67–76.
  37. Suresh, Bala (2003), Acetic Acid, CEH Report 602.5000, SRI International.
  38. Lancaster, Mike (2002), Green Chemistry, an Introductory Text, Cambridge, Royal Society of Chemistry, p. 262–266 (ISBN 978-0-85404-620-1).
  39. Sano, Ken-ichi ; Uchida, Hiroshi et Wakabayashi, Syoichirou (1999), Catalyst Surveys from Japan, 3, 55–60.
  40. « Indicateur des échanges import/export », sur Direction générale des douanes. Indiquer NC8=29152100 (consulté le ).
  41. WHO Model List of Essential Medicines, 18th list, avril 2013.

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • J. Avom, J. K. Mbadcam, M. R. L. Matip et P. Germain, « Adsorption isotherme de l’acide acĂ©tique par des charbons d’origine vĂ©gĂ©tale », African Journal of Science and Technology, vol. 2, no 2,‎ (ISSN 1607-9949, DOI 10.4314/ajst.v2i2.44663, lire en ligne, consultĂ© le ).
  • D. Brodzki, B. Denise et G. Pannetier, « PropriĂ©tĂ©s catalytiques des complexes des mĂ©taux prĂ©cieux : carbonylation du mĂ©thanol en acide acĂ©tique en presence de composes de l'iridium (I) », Journal of Molecular Catalysis, vol. 2, no 3,‎ , p. 149–161 (ISSN 0304-5102, DOI 10.1016/0304-5102(77)80048-5, lire en ligne, consultĂ© le ).
  • Louis Pasteur, Nouveau procĂ©dĂ© industriel de fabrication du vinaigre, Mallet-Bachelier, (lire en ligne).

Liens externes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplĂ©mentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimĂ©dias.