Ăthane
L'éthane est un hydrocarbure de la famille des alcanes de formule brute C2H6. C'est un gaz combustible, incolore et inodore que l'on peut trouver dans le gaz naturel et aussi dans les gaz du pétrole.
Ăthane | |
Molécule d'éthane | |
Identification | |
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Nom UICPA | Ă©thane |
Synonymes |
diméthyle |
No CAS | |
No ECHA | 100.000.741 |
No CE | 200-814-8 |
PubChem | 6324 |
SMILES | |
InChI | |
Apparence | gaz comprimé liquefié, incolore, inodore à l'etat pur[1]. |
Propriétés chimiques | |
Formule | C2H6 [IsomĂšres] |
Masse molaire[2] | 30,069 ± 0,002 g/mol C 79,89 %, H 20,11 %, |
Propriétés physiques | |
T° fusion | â183,3 °C[3] |
T° Ă©bullition | â88,6 °C[3] |
Solubilité | 60,2 mg·l-1 (eau,25 °C) 460 ml·l-1 (éthanol,4 °C) |
ParamÚtre de solubilité Ύ | 12,3 MPa1/2 (25 °C)[5] |
Masse volumique | 1,355 1 kg·m-3 (0 °C, 1 013 mbar, gaz) 0,544 1 kg·l-1 (â88,6 °C, 1 013 mbar, liquide)[3] |
T° d'auto-inflammation | 515 °C[3] |
Point dâĂ©clair | â135 °C[3] |
Limites dâexplosivitĂ© dans lâair | 2,4â14,3 %vol 31â182 g·m-3[3] |
Pression de vapeur saturante | 37,8 bar à 20 °C 46,9 bar à 30 °C[3] |
ViscositĂ© dynamique | 63,4 mPo Ă â78,5 °C[4] |
Point critique | 32,15 °C 49 bar 0,147 l·mol-1[7] |
Point triple | â182,15 °C 0,011 bar[7] |
Vitesse du son | 1 326 m·s-1 (liquide,â88,6 °C) 312 m·s-1 (gaz,27 °C,1 atm)[8] |
Thermochimie | |
S0liquide, 1 bar | 126,7 J·mol-1·K-1[7] |
ÎfH0gaz | â84,0 kJ·mol-1[7] |
ÎfusH° | 0,583 kJ·mol-1 Ă â182,81 °C[7] |
ÎvapH° | 9,76 kJ·mol-1 Ă 25 °C 14,703 kJ·mol-1 Ă â89,05 °C[7] |
Cp | 52,49 J·mol-1·K-1 (25 °C, gaz) 68,68 J·mol-1·K-1 (â173,15 °C, liquide)[7] |
PCS | 1 560,7 kJ·mol-1 (25 °C, gaz)[10] |
PCI | 1 437,11 kJ·mol-1[7] |
Propriétés électroniques | |
1re énergie d'ionisation | 11,56 ± 0,02 eV (gaz)[11] |
Cristallographie | |
Classe cristalline ou groupe dâespace | P21/n[12] |
ParamĂštres de maille | a = 4,226 Ă
b = 5,623 Ă
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Volume | 190,10 Ă 3[12] |
Précautions | |
SGH[13] | |
Danger |
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SIMDUT[14] | |
A, B1, |
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NFPA 704 | |
Transport[3] | |
Ăcotoxicologie | |
LogP | 1,81[1] |
Unités du SI et CNTP, sauf indication contraire. | |
Utilisation
L'Ă©thane est le rĂ©actif de base pour la synthĂšse de l'Ă©thylĂšne via le vapocraquage, du monochloro-, du 1,1-dichloro-, et du 1,1,1-trichloroĂ©thane par chloration. En combinant la chloration avec l'oxychloration, le chlorure de vinyle peut ĂȘtre synthĂ©tisĂ© et la rĂ©action de l'Ă©thane avec l'acide nitrique en phase gazeuse permet la formation du nitromĂ©thane et du nitroĂ©thane[15].
L'éthane est un constituant du gaz de pétrole liquéfié qui est un combustible utilisé comme remplaçant du gaz naturel pour des applications particuliÚres.
Propriétés physico-chimiques
L'éthane se décompose à partir d'une température de 500 °C. Sa solubilité dans l'eau et dans l'alcool est meilleure que celle du méthane puisque, à 20 °C, celle-ci est de 4,7 cm3 pour 100 cm3 d'eau et de 150 cm3 pour 100 cm3 d'alcool.
Production et synthĂšse
L'éthane est principalement issu de la purification du gaz naturel ou extrait du gaz de pétrole liquéfié, une fraction du pétrole[15].
Transport
Il est actuellement transportĂ© liquĂ©fiĂ©, mais pourrait aussi un jour l'ĂȘtre sous forme d'hydrate d'Ă©thane (clathrate)[16].
Ăcologie
L'éthane est un polluant atmosphérique classé parmi les COV (Composé organique volatil).
C'est l'un des précurseurs de la pollution photochimique, qui conduit notamment à la pollution par l'ozone troposphérique.
Il est en outre considéré comme un traceur intéressant car il est associé aux émissions de méthane géologique (gaz de schiste, gaz naturel, émanations de pétroles légers), mais non aux émissions de méthane biogénique[17] (ce pourquoi il fait depuis quelques années l'objet d'un suivi (dont à partir de l'espace) et de modélisations).
Ămissions naturelles et anthropiques
Sur Terre, on mesure des dégagements de l'ordre de quinze mégatonnes de ce gaz dans l'atmosphÚre par an :
- deux à quatre mégatonnes sont libérées par les volcans de boue, sources géothermales, bassins pétroliers et microfuites de gaz au fond des océans ;
- une dizaine de mĂ©gatonnes proviennent des feux de forĂȘt, de lâactivitĂ© biologique des ocĂ©ans, de la faune et des ĂȘtres humains[18].
- une quantité à ce jour non mesurée provient de fuites de forages, de gazoducs et canalisation d'installations pétrogaziÚres et en particulier de gaz de schiste basées sur la fracturation hydraulique.
Ăthane et gaz de schiste
Une Ă©tude[19] publiĂ©e en mai 2015 dans la revue Atmospheric Environment montre que l'Ă©thane est un bon traceur des fuites de gaz liĂ©s Ă l'exploitation du gaz de schiste. Ces fuites peuvent ĂȘtre ainsi dĂ©tectĂ©es Ă des centaines de miles sous le vent des zones d'extraction, y compris aux Ătats-Unis dans les Ătats qui interdisent ou contrĂŽlent strictement le fracking[20].
Cette Ă©tude a fait suite Ă des anomalies dĂ©tectĂ©es dans la teneur de l'air en Ă©thane aux Ătats-Unis Ă partir de 2010 oĂč on l'a dĂ©tectĂ© en quantitĂ© importante dans des Ătats oĂč il n'Ă©tait pas censĂ© ĂȘtre Ă©mis : Alors qu'il y avait eu une diminution globale des Ă©missions de COV non mĂ©thaniques et une amĂ©lioration de la qualitĂ© de l'air depuis 1996, le taux d'Ă©thane dans l'air a, de 2010 Ă 2013, brutalement grimpĂ© passant de 7 Ă 15 % du total du carbone organique non mĂ©thanique prĂ©sent dans l'air[19], soit une augmentation « d'environ 30 pour cent de 2010 2013 »[20]. Ă cette Ă©poque, les Ă©missions de mĂ©thane n'Ă©taient pas assez suivies dans le pays pour que l'on puisse les lier Ă ces anomalies du taux d'Ă©thane de l'air. Alors que rien ne pouvait dans le Maryland expliquer l'augmentation du taux d'Ă©thane, il a rapidement Ă©tĂ© constatĂ© que les valeurs horaires mesurĂ©es par les stations de surveillance photochimique de Baltimore et de Washington DC Ă©taient fortement corrĂ©lĂ©es Ă la direction du vent et Ă l'Ă©volution des activitĂ©s de fracking dans le Bassin de Marcellus (oĂč le gaz de schiste est massivement exploitĂ© depuis quelques annĂ©es), Ă une grande distance en amont (par rapport au vent) du point de mesure. Les modĂšles mĂ©tĂ©orologiques (appuyĂ©s sur la rose des vents, et la vitesse des vents) ont confirmĂ© que le Maryland Ă©tait exposĂ© aux queues de panache d'Ă©missions distantes provenant de Pennsylvanie, de Virginie-Occidentale et l'Ohio. Dans le Maryland, les vents dominants proviennent du Bassin de Marcellus les 2/3 du temps[20].
Les auteurs de l'Ă©tude ont pu exclure des causes toutes les sources capables d'expliquer l'apparition de ces pics d'Ă©thane dans l'air (dont vĂ©hicules, fuites de gazoducs ou de stockage de gaz naturel dans le comtĂ© de Garrett, Md., SituĂ© Ă 155 miles de la zone couverte par l'Ă©tude)[20]. Ils ont en outre constatĂ© que la mĂȘme analyse ne rĂ©vĂ©lait pas ces pics d'Ă©thane pour Atlanta, Ga. qui est situĂ© dans une rĂ©gion non concernĂ©e par l'exploitation gĂ©nĂ©ralisĂ©e de gaz naturel et sans nouvelles opĂ©rations pĂ©trogaziĂšres[21]. Cette Ă©tude confirme les travaux prĂ©cĂ©dents montrant que l'on a sous-estimĂ© la pollution par le mĂ©thane induite par l'exploitation des gaz de schiste, et elle montre que cette pollution peut avoir des effets distants (sachant que l'Ă©thane est ici considĂ©rĂ© comme traceur d'autres gaz plus nocifs (mercure) ou plus rĂ©actifs issus des puits, mais aussi des installations et travaux de forage, de complĂ©tion, rĂ©activation et de mise en sĂ©curitĂ© en fin de vie des puits (oxydes d'azote, pollution particulaire, dioxyde de soufre et vapeurs d'hydrocarbures Ă©galement sources de pollution de l'air)[20].
Pour R. Subramanian (chercheur du Carnegie Mellon, spĂ©cialisĂ© dans l'Ă©tude des particules atmosphĂ©riques, dont les travaux ont montrĂ© que l'Ă©thane est un excellent marqueur des Ă©missions de mĂ©thane provenant de l'exploitation et du transport de gaz naturel), cette Ă©tude montre la contribution potentielle de l'extraction de gaz de schiste en Pennsylvanie Ă la qualitĂ© de l'air dans les Ătats sous le vent, et la nĂ©cessitĂ© d'envisager le transport inter-Ătats de cette pollution dans la formulation de rĂšglements environnementaux concernant la pollution particulaire et le contrĂŽle de l'ozone troposphĂ©rique[20].
Pour Ehrman, ces résultats sont aussi des indices forts qu'on ne peut plus parler de pollution locale, mais qu'il y a un « problÚme régional ». Il ajoute que les auteurs ont voulu par cette publication « porter cette question à l'attention du public, et plaider en faveur d'une surveillance à long terme du méthane, et promouvoir la coopération régionale dans le suivi et la réduction des émissions provenant de la production de gaz naturel »[20].
Biodégradabilité dans la nature
On connait depuis quelques décennies des microbes méthanotrophes, notamment trouvés dans certains sédiments marins. Bien que la réaction biochimique nécessaire soit complexe et thermodynamiquement peu probable, des chercheurs pensaient donc qu'il peut aussi exister des microbes capables de consommer l'éthane (émis à hauteur de 10 % environ des panaches de gaz naturels localement trouvés dans les grands fonds marins et qui aprÚs remontée vers la surface composent 5% environ du méthane atmosphérique)[22].
Un premier microorganisme capable consommer de l'Ă©thane en condition anaĂ©robie a Ă©tĂ© dĂ©couvert dans les fonds marins (publication 2019) : l'archĂ©e Argoarcheum ethanivorans ; il oxyde lâĂ©thane grĂące Ă une symbiose avec un autre microorganisme qui lui fournit du dioxygĂšne, dans une action mutualiste (syntrophie), en rĂ©duisant le sulfate en sulfure[22] - [23].
Notes et références
- ETHANE, Fiches internationales de sécurité chimique
- Masse molaire calculĂ©e dâaprĂšs « Atomic weights of the elements 2007 », sur www.chem.qmul.ac.uk.
- Entrée « Ethane » dans la base de données de produits chimiques GESTIS de la IFA (organisme allemand responsable de la sécurité et de la santé au travail) (allemand, anglais), accÚs le 19 avril 2009 (JavaScript nécessaire)
- « ETHANE », sur Hazardous Substances Data Bank (consulté le )
- (en) James E. Mark, Physical Properties of Polymer Handbook, Springer, , 2e Ă©d., 1076 p. (ISBN 978-0-387-69002-5 et 0-387-69002-6, lire en ligne), p. 294
- (en) Robert H. Perry et Donald W. Green, Perry's Chemical Engineers' Handbook, USA, McGraw-Hill, , 7e Ă©d., 2400 p. (ISBN 0-07-049841-5), p. 2-50
- (en) « Ethane », sur NIST/WebBook, consulté le 11 février 2010
- (en) William M. Haynes, CRC Handbook of Chemistry and Physics, Boca Raton, CRC Press/Taylor & Francis, , 91e éd., 2610 p. (ISBN 9781439820773, présentation en ligne), p. 14-40
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- « Ethane », sur www.reciprocalnet.org (consulté le )
- Numéro index rÚglement CE N° 1272/2008 (16 décembre 2008) dans le tableau 3.1 de l'annexe VI du
- « Ăthane » dans la base de donnĂ©es de produits chimiques Reptox de la CSST (organisme quĂ©bĂ©cois responsable de la sĂ©curitĂ© et de la santĂ© au travail), consultĂ© le 25 avril 2009
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- Timothy Vinciguerra, Simon Yao, Joseph Dadzie, Alexa Chittams, Thomas Deskins, Sheryl Ehrman, Russell R. Dickerson (2015), Regional air quality impacts of hydraulic fracturing and shale natural gas activity: Evidence from ambient VOC observations ; Atmospheric Environment Volume 110, June 2015, Pages 144â150
- (2019) Elusive microbe that consumes ethane found under the sea ; A microorganism that consumes ethane in the absence of environmental oxygen has been discovered. In the depths of the sea, this microbe, which oxidizes ethane, partners with another that reduces sulfate to sulfide, publié le 27 mars par la revue Nature
- Chen SC et al., Anaerobic oxidation of ethane by archaea from a marine hydrocarbon seep., 2019 DOI 10.1038/s41586-019-1063-0