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Dioxyde de soufre

Le dioxyde de soufre, Ă©galement appelĂ© anhydride sulfureux (nom qui n’est plus employĂ© en chimie), est un composĂ© chimique de formule SO2. Il s'agit d'un gaz incolore, dense et toxique, dont l'inhalation est fortement irritante. Il est libĂ©rĂ© dans l'atmosphĂšre terrestre par les volcans et par de nombreux procĂ©dĂ©s industriels, ainsi que par la combustion de certains charbons, pĂ©troles et gaz naturels non dĂ©sulfurĂ©s. L'oxydation du dioxyde de soufre, le plus souvent en prĂ©sence de catalyseurs tels que le dioxyde d'azote NO2, conduit au trioxyde de soufre SO3 et Ă  l'acide sulfurique H2SO4, d'oĂč la formation de pluies acides[15]. Elle a pour consĂ©quence une inflammation de l'appareil respiratoire.

Dioxyde de soufre


Structure du dioxyde de soufre.
Identification
Nom UICPA dioxyde de soufre
Synonymes

oxyde sulfureux,
anhydride sulfureux,
oxyde de soufre

No CAS 7446-09-5
No ECHA 100.028.359
No CE 231-195-2
No RTECS WS4550000
PubChem 1119
ChEBI 18422
No E E220
FEMA 3039
SMILES
InChI
Apparence gaz incolore ou gaz comprimé liquéfié, d'odeur ùcre[1]
Propriétés chimiques
Formule O2SSO2
Masse molaire[2] 64,064 ± 0,006 g/mol
O 49,95 %, S 50,05 %,
Moment dipolaire 1,633 05 D[3]
DiamÚtre moléculaire 0,382 nm[4]
Propriétés physiques
T° fusion −75,5 °C[1]
T° Ă©bullition −10 °C[1]
Solubilité dans l'eau à 25 °C : 85 ml·l-1[1]
ParamÚtre de solubilité Ύ 12,3 J1/2·cm-3/2 (25 °C)[4]
Masse volumique 1,354 g·cm-3 Ă  −30 °C
1,434 g·cm-3 à 0 °C
1,25 g·ml-1 à 25 °C
2,26 à 21 °C par rapport à l'air
T° d'auto-inflammation ininflammable
Point d’éclair ininflammable
Limites d’explosivitĂ© dans l’air non-explosif
Pression de vapeur saturante −10 °C : 1,013 bar
20 °C : 3,3 bar
40 °C : 4,4 bar
Point critique 78,9 bar, 157,45 °C[6]
Vitesse du son 213 m·s-1 (0 °C,1 atm)[7]
Thermochimie
S0gaz, 1 bar 248,21 J/mol·K
ΔfH0gaz −296,84 kJ·mol-1[8]
ΔvapH° 24,94 kJ·mol-1 (1 atm, −10,05 °C);

22,92 kJ·mol-1 (1 atm, 25 °C)[9]

Cp
Propriétés électroniques
1re énergie d'ionisation 12,349 ± 0,001 eV (gaz)[10]
Propriétés optiques
Indice de réfraction 1,357[4]
Précautions
SGH[11]
SGH04 : Gaz sous pressionSGH05 : CorrosifSGH06 : Toxique
Danger
H314 et H331
SIMDUT[12]
A : Gaz compriméD1A : MatiÚre trÚs toxique ayant des effets immédiats gravesE : MatiÚre corrosive
A, D1A, E,
NFPA 704
Transport
Classification du CIRC
Groupe 3 : inclassable quant à sa cancérogénicité pour l'humain[13]
Inhalation TrĂšs toxique, mort, produit de l'acide sulfureux dans les poumons.
Peau Dangereux, corrosif, formation d'acide au contact de surfaces humides.
Yeux Dangereux, corrosif, formation d'acide au contact de surfaces humides.
Ingestion Toxicité relativement faible, effets à long terme inconnus.
Écotoxicologie
CL50 3 000 ppm pendant 30 min (souris, inhalation)
Seuil de l’odorat bas : 0,33 ppm
haut : 5 ppm[14]

Unités du SI et CNTP, sauf indication contraire.

Le dioxyde de soufre est utilisé comme désinfectant, antiseptique, antibactérien, gaz réfrigérant, agent de blanchiment, gaz catalyseur pour les noyaux de fonderie dans le procédé Ashland et comme conservateur de produits alimentaires, notamment pour les fruits secs, dans la production de boissons alcoolisées et dans l'élaboration du vin.

Structure de la molécule

En bleu, les orbitales des Ă©lectrons liants (liaisons σ).
En rose, les doublets non liants ou hybridation s.
En vert, les orbitales des Ă©lectrons liants (liaison πy).

SO2 est une molécule coudée dans laquelle l'atome de soufre est à l'état d'oxydation +4. Du point de vue de la théorie des orbitales moléculaires, la plupart des électrons de valence sont engagés dans une liaison S=O.

La longueur des liaisons S=O du SO2 est de 143,1 pm, inférieure à celle de cette liaison dans le monoxyde de soufre SO (148,1 pm).

Par analogie, les liaisons O-O dans l'ozone O3 (127,8 pm) sont plus longues que dans le dioxygĂšne O2 (120,7 pm).

De mĂȘme, l'Ă©nergie de liaison moyenne est plus Ă©levĂ©e dans SO2 (548 kJ mol−1) que dans SO (524 kJ mol−1), alors qu'elle est plus faible dans O3 (297 kJ mol−1) que dans O2 (490 kJ mol−1).

Ces considérations ont conduit les chimistes à conclure que les liaisons S=O du dioxyde de soufre ont un ordre de liaison au moins égal à 2, contrairement aux liaisons O-O de l'ozone, qui sont d'ordre 1,5[16].

Production

Le dioxyde de soufre peut ĂȘtre prĂ©parĂ© :

  • par combustion du soufre Ă©lĂ©mentaire :
S + O2 → SO2 ;
2 H2S (g) + 3 O2 (g) → 2 H2O (g) + 2 SO2 (g) ;
4 FeS2 (s) + 11 O2 (g) → 2 Fe2O3 (s) + 8 SO2 (g),
2 ZnS (s) + 3 O2 (g) → 2 ZnO (s) + 2 SO2 (g),
HgS (s) + O2 (g) → Hg (g) + SO2 (g) ;
2 CaSO4 (s) + 2 SiO2 (s) + C (s) → 2 CaSiO3 (s) + 2 SO2 (g) + CO2 (g) ;
Cu(s) + 2 H2SO4 (aq) → CuSO4 (aq) + SO2 (g) + 2 H2O (l).

Le dioxyde de soufre dissous dans l'eau est un acide bifonctionnel, et se divise en trois fractions en fonction des Ă©quilibres suivants :

H2O + SO2 H+ + HSO3− 2 H+ + SO32−.

Ces fractions dépendent de constantes thermodynamiques et du pH du vin.

On obtient également un dégagement de SO2 en mélangeant du métabisulfite de sodium Na2S2O5 avec de l'acide tartrique dans de l'eau, expérience proposée par certains coffrets d'initiation aux expériences de chimie.

Propriétés physiques

Pression de vapeur saturante[17] :

TempĂ©rature −103,15 °C −98,15 °C −93,15 °C −88,15 °C −83,15 °C −78,15 °C −73,15 °C
Pression 0,1 kPa 0,2 kPa 0,3 kPa 0,5 kPa 0,8 kPa 1,3 kPa 2,0 kPa
TempĂ©rature −68,15 °C −63,15 °C −58,15 °C −53,15 °C −48,15 °C −43,15 °C −38,15 °C
Pression 3,0 kPa 4,4 kPa 6,3 kPa 9,0 kPa 12,6 kPa 17,3 kPa 23,3 kPa
TempĂ©rature −33,15 °C −28,15 °C −23,15 °C −18,15 °C −13,15 °C −8,15 °C −3,15 °C
Pression 31,1 kPa 40,9 kPa 53,2 kPa 68,3 kPa 86,7 kPa 109 kPa 136 kPa
Température 1,85 °C 6,85 °C 11,85 °C 16,85 °C 21,85 °C 26,85 °C
Pression 168 kPa 205 kPa 249 kPa 300 kPa 359 kPa 426 kPa

Dans l'industrie

Dans l'industrie, le dioxyde de soufre sert surtout pour la production d'acide sulfurique. Ce dernier possÚde d'innombrables applications et est le produit chimique le plus utilisé seul ou combiné avec d'autres substances, comme le chlorure de thionyle SOCl2. Le dioxyde de soufre est obtenu par combustion de soufre ou de pyrites, puis transformé en trioxyde de soufre (SO3) trÚs pur par oxydation avec de l'air, catalysée par le platine ou du pentoxyde de vanadium. Le SO3 ainsi obtenu permet la fabrication directe d'acide sulfurique trÚs concentré par simple hydratation.

La pollution atmosphérique en dioxyde de soufre issue de l'industrie provient principalement de la consommation de combustibles fossiles. En effet, du soufre est naturellement contenu dans ces combustibles, et leur combustion génÚre du SO2. Il peut aussi provenir de l'industrie métallurgique, des procédés de fabrication d'acide sulfurique, de la conversion de la pulpe de bois en papier, de l'incinération des ordures et de la production de soufre élémentaire.

La combustion du charbon est la source synthétique la plus importante et représente environ 50 % des émissions globales annuelles. Celle du pétrole représente encore 25 à 30 %.

Les rejets industriels de dioxyde de soufre peuvent ĂȘtre rĂ©duits grĂące Ă  la mise en place de procĂ©dĂ©s de dĂ©sulfuration.

Dans l'environnement

Émission naturelle, d'origine volcanique, de SO2.

Le dioxyde de soufre naturel est produit par les volcans.

Le SO2 joue un rĂŽle refroidissant pour la planĂšte, car il sert de noyau de nuclĂ©ation Ă  des aĂ©rosols dont l'albĂ©do est assez Ă©levĂ©, c'est-Ă -dire rĂ©flĂ©chissant les rayons du Soleil sans les absorber, mais cet effet ne dure que quelques annĂ©es, lĂ  oĂč celui du CO2 atteint le siĂšcle.

La derniĂšre Ă©ruption majeure du Pinatubo a relĂąchĂ© jusqu'Ă  5 000 t de SO2 dans l'air (17 Mt au total, la quantitĂ© la plus importante jamais mesurĂ©e par des instruments modernes[18]), ce qui a affectĂ© la couche d'ozone et modifiĂ© la mĂ©tĂ©o en refroidissant significativement la planĂšte et en modifiant la pluviomĂ©trie durant au moins deux ans. À noter toutefois qu'en 1986, les Ă©missions anthropiques des seuls États-Unis (17,1 Mt) Ă©taient comparables Ă  cette Ă©mission-record du Pinatubo.

La géoingénierie solaire étudie l'utilisation du SO2 comme moyen d'enrayer le réchauffement climatique. Les modÚles récents montrent que les aérosols issus de l'injection de SO2 dans la stratosphÚre basse pourraient compenser entiÚrement la monté des températures dans l'ensemble du systÚme terrestre[19], en réfléchissant une partie du rayonnement solaire en dehors de l'atmosphÚre. Des incertitudes persistent sur l'impact local d'un tel procédé, notamment sur les modifications sur le cycle de l'eau. Par ailleurs, l'utilisation d'aérosols dans ce cadre ne permettrait pas de régler le problÚme d'acidification des océans[20].

Polluant atmosphérique

Estimations des émissions anthropiques passées et scénarios prospectifs d'émissions de SO2. L'estimation de Cofala et al. indique l'effet idéal d'une politiques de contrÎle des émissions de SO2 (MFR : réductions maximales possibles) et du seul respect de la législation en vigueur (CLE). Les RCP (Representation Concentration Pathways) sont utilisés dans les simulations CMIP5 du dernier rapport du GIEC (2013-2014)
Tendances (sectorielles) des émissions mondiales de SO2 pour le monde et pour deux zones géo-économiques en développement rapide ; chinoises et indiennes de SO2 depuis 1990, Tg SO2. Les échelles diffÚrent selon le graphe : l'Inde = environ 1/3 de la Chine.
Cartographie mondiale du dioxyde de soufre le . La Chine, l'Inde, les États-Unis, le Canada et l'Europe apparaissent comme les plus polluĂ©s par le SO2 qui est un polluant de fond et l'un des responsables du smog. Il est distribuĂ© par les vents et lessivĂ© par les pluies, ce qui explique des concentrations locales trĂšs variables. Des variations saisonniĂšres sont aussi induites par le recours accru au chauffage et Ă  l'Ă©lectricitĂ© en saison froide
Évolutions des distributions de sources anthropiques de SO2 entre 2005 et 2010 (pĂ©riode de la crise des subprimes), avec diminution en bleu, et augmentation en rouge, sur une grille de 0,5°x0,5°. Les Ă©missions les plus massives tendent Ă  glisser de l'hĂ©misphĂšre nord vers l'hĂ©misphĂšre sud

Le dioxyde de soufre est l'un des polluants majeurs de l'atmosphÚre depuis le début de la révolution industrielle, en raison des grandes quantités de charbon, puis de pétrole et de gaz brûlés par les humains, essentiellement dans l'hémisphÚre nord. Il a des effets significatifs sur la santé publique[21].

En outre, la concentration de dioxyde de soufre dans l'air dégrade les écosystÚmes : c'est un acidifiant chronique des pluies et l'acidification des sols et des sédiments favorisent la libération de métaux toxiques (métaux lourds, métalloïdes, radionucléides, etc.) ainsi que leur biodisponibilité[22].

Les Ă©missions de dioxyde de soufre sont (avec les nitrates) des prĂ©curseurs des pluies acides mais elles contribuent aussi Ă  la formation d'aĂ©rosols atmosphĂ©riques qui modifient significativement le climat. En grande partie grĂące au programme Acid Rain Program (en) de l'Environmental Protection Agency, les États-Unis qui comptaient parmi les plus gros Ă©metteurs ont enregistrĂ© une diminution de 33 % des Ă©missions de 1983 Ă  2002. Cette amĂ©lioration rĂ©sulte essentiellement de la dĂ©sulfuration des gaz de combustion, une technologie qui permet de rĂ©cupĂ©rer du soufre dans les gaz de combustion des centrales au charbon et au pĂ©trole en particulier en le faisant rĂ©agir avec de la chaux pour former du sulfite de calcium :

CaO + SO2 → CaSO3

L'oxydation aérobie du CaSO3 donne du CaSO4, anhydrite.

La plus grande partie du gypse vendu en Europe provient maintenant de la désulfuration des gaz de combustion.

Dans une chaudiĂšre industrielle Ă  lit fluidisĂ©, le soufre peut ĂȘtre ĂŽtĂ© du charbon au moment de sa combustion en ajoutant du calcaire comme matĂ©riau dans le lit. On parle de « combustion Ă  lit fluidisĂ© »[23].

Le soufre peut aussi ĂȘtre Ă©liminĂ© de certains combustibles (pĂ©trole, gaz) avant mĂȘme la combustion, ce qui empĂȘche la formation de SO2 lorsque le combustible est brĂ»lĂ© et protĂšge les installations des effets corrosifs du soufre. Le procĂ©dĂ© Claus est utilisĂ© dans les raffineries pour produire du soufre en tant que sous-produit. Le procĂ©dĂ© de Stretford a aussi Ă©tĂ© utilisĂ© pour Ă©liminer le soufre du carburant. Les procĂ©dĂ©s reposant sur une rĂ©action d'oxydorĂ©duction Ă  base d'oxydes de fer peuvent enfin ĂȘtre utilisĂ©s, par exemple, le procĂ©dĂ© « Lo-Cat »[24] - [25].

L'utilisation obligatoire de carburants dĂ©soufrĂ©s pour certains usages a permis de diminuer les quantitĂ©s Ă©mises dans l'air Ă  partir des annĂ©es 1970, mais des dĂ©rogations accordĂ©es au transport maritime et Ă  certaines industries expliquent des Ă©missions qui restent importantes. Par ailleurs au dĂ©but du XXIe siĂšcle, la Chine et l'Inde, en brĂ»lant de grandes quantitĂ©s de charbon, restent des Ă©metteurs majeurs de gaz soufrĂ©s. Certains additifs pour carburants (ex Ă  base de calcium et de carboxylate de magnĂ©sium) peuvent ĂȘtre utilisĂ©s dans les moteurs marins pour rĂ©duire les Ă©missions de dioxyde de soufre dans l'atmosphĂšre[26].

En 2006, la Chine Ă©tait le plus grand pollueur au dioxyde de soufre au monde, en grande partie pour produire des biens de consommation utilisĂ©s dans d'autres pays (« Ă©missions grises »). En 2005, les Ă©missions chinoises Ă©taient estimĂ©es Ă  23,1 Mt, presque comparables Ă  celles des États-Unis en 1980, et Ă©taient en forte augmentation (croissance de plus de 27 % en cinq ans de 2000 Ă  2005)[27]. Pour moins subir les retombĂ©es acides de la Chine, le Japon a dĂ©cidĂ© en 2007 de l'aider Ă  dĂ©velopper les Ă©nergies propres[28].

Dans l'agroalimentaire

Il est largement utilisé dans l'agroalimentaire et l'agro-industrie et est principalement présent dans :

  • les vins, essentiellement rosĂ©s et blancs qui prĂ©sentent moins de tannins que les vins rouges et subissent donc une plus forte oxydation. Le dioxyde de soufre permet de rĂ©duire celle-ci ;
  • les vinaigres ;
  • les fruits secs ;
  • les viandes, les gelĂ©es utilisĂ©es en charcuterie, les biĂšres et autres boissons fermentĂ©es ;
  • confiseries, confitures, fruits confits, gelĂ©es, marmelades, sirops, etc.

En vinification

Dans le vin, le dioxyde de soufre est présent sous forme libre hydratée : H2SO3 ou acide sulfureux, qui se combine aux 2/3 à des constituants du vin. On a ainsi SO2 total = SO2 libre + SO2 combiné.

Une partie de la portion libre assure le rĂŽle de protecteur du vin vis-Ă -vis des microorganismes d'altĂ©ration. Cette portion est appelĂ©e SO2 actif ou encore SO2 molĂ©culaire. Le SO2 peut ĂȘtre sous forme combinĂ©e avec les aldĂ©hydes (Ă©thanal), les cĂ©tones (acide alpha-cĂ©toglutarique) et certains sucres pour donner un composĂ© stable. Le corps formĂ© par combinaison entre l’anhydride sulfureux et l’éthanal est l’acide aldĂ©hyde-sulfureux ou acide Ă©thanolsulfonique, qui est un acide fort, selon la rĂ©action suivante :

CH3CHO + NaH SO3 → CH3CHOH-O-SO2Na

Selon la dose, le dioxyde de soufre inhibe ou arrĂȘte le dĂ©veloppement des levures et bactĂ©ries, ce qui peut ĂȘtre mis Ă  profit pour le mutage des vins moelleux ou liquoreux, ou simplement pour assurer la conservation du vin. Lors de la vinification, l'introduction de dioxyde de soufre permet de sĂ©lectionner les levures de l'espĂšce Saccharomyces cerevisiae qui sont plus rĂ©sistantes au dioxyde de soufre que les levures d'autres genres comme Pichia anomala (en) (syn. Hansenula). Diverses mĂ©thodes analytiques existent pour doser le SO2 dans les vins.

Santé et rÚglementation

Le dioxyde de soufre ou E220 provoquerait un danger pour la santé dans les cas suivants[29] :

  • lors de son inhalation ;
  • lors de son ingestion ;
  • lors du contact avec la peau et les muqueuses.

Au cours de son ingestion, les organes prĂ©sentant des activitĂ©s sulfites oxydases les plus Ă©levĂ©es sont plus susceptibles de le dĂ©toxiquer par voie urinaire. La persistance des dĂ©rivĂ©s du SO2 peut ĂȘtre envisagĂ©e par un apport excessif. Pour l’utilisateur, les sulfites sont des nuclĂ©ophiles trĂšs puissants qui ne donnent aucune toxicitĂ© aigĂŒe mais peuvent provoquer de fortes ou sĂ©vĂšres allergies. Il dĂ©truit la vitamine B1 (ou thiamine) vers pH = 6, peut provoquer des irritations gastriques, Ă  Ă©viter chez les malades des reins[30]. Ainsi, la DJA Ă©tablie par l'OMS est de 0,7 mg kg−1 de poids par jour.

Dans la plupart des observations, les symptĂŽmes apparaissent quelques minutes aprĂšs l’ingestion d’aliments contenant des sulfites. La pollution atmosphĂ©rique par le SO2 jouerait aussi un rĂŽle dans l’apparition de ces rĂ©actions d’intolĂ©rance. De plus, les sujets asthmatiques sont beaucoup plus sensibles que la moyenne des gens.

La rĂšglementation europĂ©enne oblige maintenant les producteurs Ă  indiquer la mention « Contiennent des sulfites » s’il est Ă  concentration de plus de 100 mg l−1. Au Canada, la SAQ limite la concentration Ă  50 ppm l’anhydride sulfureux Ă  l’état libre et Ă  300 ppm l’anhydride sulfureux Ă  l’état combinĂ©[31].

Dans le contexte actuel oĂč le respect de l’environnement et les aliments Ă  caractĂšre biologique sont de plus en plus prĂŽnĂ©s, les viticulteurs et mĂȘme les consommateurs tendent Ă  se tourner maintenant vers les vins biologiques dont les teneurs en SO2 sont moindres mais pour lesquels l'utilisation du SO2 reste autorisĂ©e[32]. À noter que, comparativement aux autres pays du monde (le Canada, la Suisse ou les États-Unis), les rĂšgles d’incorporation du SO2 au cours de la vinification sont beaucoup plus restrictives, voire plus sĂ©vĂšres en Europe. Les producteurs de vins naturels se donnent pour objectif de rĂ©duire au maximum l'ajout de dioxyde de soufre.

Le tableau suivant montre les différences notables des concentrations de SO2 total dans ces différents pays :

Tableau 1 : comparatif du dioxyde de soufre total des vins biologiques au Canada, aux États-Unis et en Suisse[33]
SO2 en mg/l NOP (É.-U.)
« Made with organic grapes »
SO2 total
Bio Canada Bourgeon Suisse Demeter SO2 total (5 ans)
Rouge sec
(sucre < 5 g l−1)
100 100 120 70
blanc/rosé sec
(sucre < 5 g l−1)
100 100 120 90
blanc/rosé sec
(sucre < 5 g l−1)
100 150 170 70
Blanc/rosé
(sucre > 5 g l−1)
100 150 170 130
Vin de liqueur
(sucre > 5 g l−1)
100 250 170 80

Incidents majeurs en France

Le à 7 h 45, un problÚme technique lors de la fermeture d'une vanne à la raffinerie de Feyzin (appartenant au groupe Total) laissa échapper un grand nuage de dioxyde de soufre poussé par un vent du sud au-dessus de l'agglomération lyonnaise. Plusieurs personnes furent hospitalisées et des entreprises évacuées[34].

La prĂ©fecture, qui cherchait Ă  rassurer la population, recommanda « d’aĂ©rer les habitations et les bureaux », donnant ainsi des consignes opposĂ©es Ă  celles des pompiers qui conseillaient aux personnes de « rester chez elles et de fermer les fenĂȘtres »[35].

Notes et références

  1. DIOXYDE DE SOUFRE, Fiches internationales de sécurité chimique .
  2. Masse molaire calculĂ©e d’aprĂšs « Atomic weights of the elements 2007 », sur www.chem.qmul.ac.uk.
  3. (en) David R. Lide, Handbook of Chemistry and Physics, Boca Raton, CRC, , 89e Ă©d., 2736 p. (ISBN 978-1-4200-6679-1), p. 9-50.
  4. (en) Yitzhak Marcus, The Properties of Solvents, vol. 4, Angleterre, John Wiley & Sons, , 239 p. (ISBN 0-471-98369-1).
  5. (en) Robert H. Perry et Donald W. Green, Perry's Chemical Engineers' Handbook, USA, McGraw-Hill, , 7e Ă©d., 2400 p. (ISBN 0-07-049841-5), p. 2-50.
  6. (en) « Properties of Various Gases », sur flexwareinc.com (consulté le ).
  7. (en) W. M Haynes, Handbook of Chemistry and Physics, CRC, 2010-2011, 91e Ă©d., 2610 p. (ISBN 9781439820773), p. 14-40.
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  9. (en) David R. Lide, CRC Handbook of Chemistry and Physics, CRC Press, , 90e éd., 2804 p., Relié (ISBN 978-1-4200-9084-0).
  10. (en) David R. Lide, Handbook of Chemistry and Physics, Boca Raton, CRC, , 89e Ă©d., 2736 p. (ISBN 978-1-4200-6679-1), p. 10-205.
  11. Numéro index 016-011-00-9 dans le tableau 3.1 de l'annexe VI du rÚglement CE no 1272/2008 [PDF], 16 décembre 2008.
  12. « Dioxyde de soufre » dans la base de données de produits chimiques Reptox de la CSST (organisme québécois responsable de la sécurité et de la santé au travail), consulté le 23 avril 2009.
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