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Sulfure

En chimie, un sulfure est un composĂ© chimique oĂč le soufre, avec un degrĂ© d'oxydation de −II, est combinĂ© Ă  un autre Ă©lĂ©ment chimique ou un de ses radicaux. Certains composĂ©s covalents du soufre, tels le disulfure de carbone CS2 et le sulfure d'hydrogĂšne H2S, sont Ă©galement considĂ©rĂ©s comme des sulfures. Les thioĂ©thers, des composĂ©s organiques de la forme R-S-R' oĂč R et R' sont des groupes fonctionnels carbonĂ©s, sont Ă©galement dĂ©signĂ©s comme des sulfures ou (si R et R' sont des alkyles) des dialkyl sulfures.

L'ion sulfure est S2−, un anion qui a une charge de −2. En solution aqueuse, ce n'est qu'Ă  un pH alcalin (pH Ă©levĂ©) que les ions sulfure sont prĂ©sents en grande concentration, car Ă  pH bas l'ion H+ se combine avec les ions sulfure pour former HS− ou H2S. HS− est l'ion hydrogĂ©nosulfure ou hydrosulfure comme dans l'hydrogĂ©nosulfure de sodium, NaSH. H2S est le sulfure d'hydrogĂšne, un gaz soluble dans l'eau qui est un diacide faible.

Les sulfures ioniques peuvent ĂȘtre considĂ©rĂ©s comme les sels de l'acide sulfhydrique H2S. Beaucoup de sulfures inorganiques sont peu voire trĂšs peu solubles dans l'eau. Quand un groupe fonctionnel −SH est liĂ© de façon covalente Ă  un autre atome ou Ă  un groupe, notamment Ă  un radical organique R dans un thiol, on le qualifie de groupe sulfhydrile. Les groupes sulfhydrile peuvent ĂȘtre lĂ©gĂšrement acides et se sĂ©parer d'un ion H+ pour former un « ion sulfure substituĂ© Â». L'hydrosulfure d'Ă©thyle C2H5SH, par exemple, peut se sĂ©parer d'un ion H+ pour former l'ion sulfure d'Ă©thyle C2H5S−.

Le soufre des sulfures est dans son Ă©tat d'oxydation le plus bas, −II. Les sulfures peuvent donc ĂȘtre oxydĂ©s. Le sulfure de dimĂ©thyle CH3-S-CH3 par exemple, un thioĂ©ther, peut s'oxyder en dimĂ©thylsulfoxyde CH3-SO-CH3, qui Ă  son tour peut s'oxyder en sulfone de dimĂ©thyle CH3-SO2-CH3.

Les disulfures sont des composés similaires aux sulfures, dans lesquels deux atomes de soufre sont liés entre eux par une liaison covalente, et au reste de la molécule par une liaison covalente ou ionique.

Le sulfure d'hydrogĂšne H2S est un gaz Ă  l'odeur d’Ɠuf pourri, extrĂȘmement toxique. Il se forme biologiquement dans les sĂ©diments des marais et dans les boues d'Ă©puration par digestion anaĂ©robie des protĂ©ines soufrĂ©es, ou Ă  partir de sulfates par des bactĂ©ries rĂ©ductrices. On le trouve aussi dans certains gaz naturels, dans les gaz volcaniques, et comme sous-produit de certains processus industriels.

Formation des sulfures et sulfates

Il existe dans le monde de nombreux « sols acides Ă  sulfates » qui peuvent avoir des sulfures comme origine (sulfures de fer : pyrite, marcassite, mackinawite, greigite, etc.). Ces sulfures s'accumulent via un phĂ©nomĂšne de pyritisation. Dans les sĂ©diments la pyritisation apparaĂźt aprĂšs le stade « monosulfure noir » en prĂ©sence de soufre quand le taux de « fer rĂ©actif » disponible augmente (jusqu'Ă  80 % du fer peut alors ĂȘtre pyritisĂ© en 10 ans[1]).

Exemples

Utilisations

Présence dans la nature

De nombreux minerais métalliques sont des sulfures, notamment :

Risques et sécurité, toxicité et écotoxicité des sulfures

De nombreux sulfures mĂ©talliques sont si insolubles dans l'eau qu'ils ne sont probablement pas trĂšs toxiques dans les sĂ©diments ou les sols anoxiques, mais nombre d'entre eux, s'ils sont exposĂ©s Ă  un acide fort y compris Ă  l'acide gastrique, libĂšrent des sulfure d'hydrogĂšne toxiques. De mĂȘme ils peuvent libĂ©rer des mĂ©taux toxiques quand ils sont exposĂ©s Ă  l'oxygĂšne ou Ă  un autre oxydant. Si des conditions anoxiques deviennent oxiques ou si une zone limite entre ces deux conditions Ă©volue (par exemple Ă  la suite d'une baisse de la nappe dans un sĂ©diment ou dans un sol engorgĂ©), des mĂ©taux lourds et mĂ©taux de transition sont libĂ©rĂ©s dans l'eau interstitielle au moment de l'oxydation des sulfures. Si le milieu est acide, ces mĂ©taux peuvent devenir bioassimilables et circuler plus facilement dans le milieu. Dans certaines conditions, ils peuvent simultanĂ©ment co-prĂ©cipiter ; par exemple dans un sĂ©diment exposĂ© Ă  l'oxygĂšne le fer prĂ©cipite en oxydes de fer et le manganĂšse en oxyde de manganĂšse ; dans ces cas, les Ă©lĂ©ments toxiques libĂ©rĂ©s par les sulfures volatiles acides (SVA ou AVS[2]) peuvent ĂȘtre spontanĂ©ment et immĂ©diatement sĂ©questrĂ©s sous une autre forme particulaire sans que leur biodisponibilitĂ© soit fortement modifiĂ©e. Le cycle du soufre et ses interactions avec les mĂ©taux toxiques sont encore mal compris. La biodisponibilitĂ© des mĂ©taux des sulfures des sĂ©diments se montre plus complexe qu'on ne l'avait estimĂ© au XXe siĂšcle, notamment parce que liĂ©e Ă  l'activitĂ© bactĂ©rienne, racinaire, au pH Ă  la tempĂ©rature Ă  d'Ă©ventuels phĂ©nomĂšnes de bioturbation, etc. ; elle fait encore l'objet d'Ă©tudes[2].

Beaucoup de sulfures sont toxiques par inhalation ou injection, en particulier si l'ion mĂ©tallique est toxique. En outre, beaucoup de sulfures, s'ils sont en prĂ©sence d'un acide minĂ©ral fort (ou des acides stomacaux !), Ă©mettent du sulfure d'hydrogĂšne, volatil et hautement toxique pour la plupart des espĂšces animales, mĂȘme Ă  faible dose (aux doses dĂ©gagĂ©es par des masses d'algues en putrĂ©faction voire - dans un cas documentĂ© au moins - par la dĂ©composition de matiĂšre organique dans une bonde d'Ă©vier[3].

De plus, beaucoup de sulfures, en particulier les sulfures organiques sont assez inflammables, et quelques-uns sont extrĂȘmement inflammables. Or, quand un sulfure brĂ»le, ses fumĂ©es contiennent trĂšs souvent du dioxyde de soufre (SO2), qui est Ă©galement un gaz toxique et un polluant de l'air.

Les sulfures volatils (qui dans l'environnement, hors des contextes volcaniques et de certains contextes hydrothermaux, sont généralement des métabolites volatils microbiens[4]) ont souvent une odeur désagréable. Ils peuvent contribuer au phénomÚne d'haleine fétide (le plus souvent due à des composés excrétés par une bactérie installée sur le dos de la langue et dans les poches parodontales)[5] et à dégrader la qualité organoleptique d'aliments ou du vin[6] - [7], mais à faible dose, comme d'autres composés soufrés[8] dans divers aliments et boissons, le sulfure de diméthyle (DMS) contribue aux arÎmes et bouquets des vins[9].

Références

  1. J. Vieillefon (1972), Compte rendu simplifié du symposium sur les sols acides à sulfates Wageningen (Pays-Bas) ; Cah.ORSTOM, série Pédol., vol. XI, n°2, 1973:193-198 ; août 1972 / IRD (PDF, 6 p.).
  2. Richard D & Worse JW (2005) Acid volatile sulfide (AVS) Marine Chemistry 97, 141–197., Ă©tude citĂ©e par plus de 500 autres Ă©tudes rĂ©alisĂ©es entre 2005 et mi-2019
  3. Sastre, C., Baillif-Couniou, V., Kintz, P., Cirimele, V., Christia-Lotter, M. A., Piercecchi-Marti, M. D., 
 & Pelissier-Alicot, A. L. (2010). Intoxication aiguĂ« accidentelle par l’hydrogĂšne sulfurĂ©: Ă  propos d’un cas inhabituel. In Annales de Toxicologie Analytique (Vol. 22, No. 3, p. 135-139). EDP Sciences.
  4. APA Vrignaud, M. (2015). Matrices nanoporeuses pour la détection de métabolites volatils microbiens par transduction optique directe (Doctoral dissertation, Université Grenoble Alpes)|résumé
  5. Young, A., Jonski, G., Rölla, G., & WĂ„ler, S. M. (2001) Effects of metal salts on the oral production of volatile sulfur‐containing compounds (VSC). Journal of clinical periodontology, 28(8), 776-781 (rĂ©sumĂ©)
  6. Chatonnet, P., Lavigne, V., Boidron, J. N., & Dubourdieu, D. (1992) Identification et dosage de sulfures volatils lourds dans les vins par chromatographie en phase gazeuse et photométrie de flamme. Sciences des aliments, 12(3), 513-532
  7. Lavigne-CruÚge, V., Boidron, J. N., & Dubourdieu, D. (1993). Dosage des composés soufrés volatils légers dans les vins par chromatographie en phase gazeuse et photométrie de flamme. OENO One, 27(1), 1-12.
  8. Filippi, J. J., Femandez, X., & Duñach, E. (2007) Les composés volatils soufrés en chimie des arÎmes. Sciences des aliments, 27(1), 23-46.
  9. Anocibar Beloqui, Á. (1998). Contribution à l'étude des composés soufrés volatiles des vins rouges (Doctoral dissertation, Bordeaux 2). (résumé)

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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