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Thiol

Un thiol (prononcĂ© en français : /tjɔl/ ) est un composĂ© organosulfurĂ© de formule gĂ©nĂ©rique R–SH, oĂč R est un radical organique (alkyle ou aryle, par exemple) et –SH le groupe sulfhydryle, analogue au groupe hydroxyle –OH des alcools en remplaçant l'atome d'oxygĂšne par un atome de soufre[alpha 1]. Les thiols ont Ă©tĂ© dĂ©couverts par William Christopher Zeise, qui les avait nommĂ©s mercaptans /mɛʁ.kap.tɑ̃/, du latin mercurius captans, « qui capte le mercure », en raison de la tendance des thiolates Ă  former des liaisons trĂšs fortes avec le mercure.

Formule générique des thiols avec le groupe sulfhydryle en bleu.

Ce sont en gĂ©nĂ©ral des composĂ©s Ă  l'odeur forte, Ă©voquant l'ail ou l'Ɠuf pourri[alpha 2]. Les thiols sont de ce fait souvent utilisĂ©s comme composĂ©s odorisants, en Ă©tant par exemple ajoutĂ©s en faible quantitĂ© dans le gaz domestique, qui est inodore, afin de permettre d'identifier plus facilement les fuites grĂące Ă  l'odeur de ces thiols. Les moufettes projettent un liquide riche en thiols volatils pour dissuader leurs prĂ©dateurs de les attaquer. Les « boules puantes » sont un usage rĂ©crĂ©atif (farces et attrapes) des thiols.

Dans le monde animal, les thiols sont présents dans certaines protéines impliquées dans la captation de métaux lourds ou d'autres métaux toxiques ; ces protéines intervenant dans la détoxication des organes et/ou d'organismes sont dites thioprotéines. Elles sont cependant inefficaces contre le thallium, considéré comme le plus toxique de tous les métaux[1].

Réactivité chimique

Les thiols sont similaires aux alcools, avec l'oxygĂšne du groupe hydroxyle -OH remplacĂ© par un atome de soufre, c'est pourquoi on les appelle aussi thioalcool. L'oxygĂšne et le soufre ont des propriĂ©tĂ©s chimiques similaires, car ils appartiennent au mĂȘme groupe (mĂȘme colonne) du tableau pĂ©riodique. Les thiols forment des thioĂ©thers, thioacetals et thioesters, dans lequel un ou plusieurs atomes d'oxygĂšne sont remplacĂ©s par un atome de soufre.

De nombreux thiols sont des liquides incolores ayant une odeur voisine de celle de l'ail. L'odeur est plutÎt forte et repoussante : les thiols se lient fortement aux protéines de la peau. Cette propriété est en partie responsable de l'odeur persistante produite par une moufette lorsqu'elle projette son liquide nauséabond. On ajoute de l'éthylmercaptan (éthanethiol) ou du tétrahydrothiophÚne au gaz naturel (qui est normalement sans odeur) de façon à détecter les fuites.

Les thiols ont des propriétés réductrices. Ils sont détruits par les oxydants tels que le peroxyde d'hydrogÚne, les hypochlorites, le chlore et des métaux à de haut degré d'oxydation. Les produits de l'oxydation de thiol vont du soufre au dioxyde et trioxyde de soufre.

Les thiols réagissent notamment avec les ions mercure selon :

Cette propriété leur a valu le nom de « mercaptan », c'est-à-dire : « qui capte le mercure ».

Nomenclature

Quand un groupe thiol est substitué à un atome d'hydrogÚne dans un alcane, il y a deux maniÚres de nommer le thiol résultant :

  • le suffixe -thiol peut ĂȘtre ajoutĂ© au nom de l'alcane. Par exemple, CH3SH sera le mĂ©thanethiol. Le 2-furylmĂ©thanethiol, C5H6OS est une molĂ©cule responsable de l’arĂŽme du cafĂ© ;
  • le mot mercaptan peut aussi remplacer le mot alcool dans le nom du composĂ©. Par exemple, sachant que CH3OH est le mĂ©thanol, CH3SH sera le mĂ©thylmercaptan.

Quand le groupe SH n'est pas le groupe principal, le préfixe utilisé est sulfanyl-. Anciennement, le préfixe utilisé était mercapto-, et cet usage est encore largement répandu.

RĂŽle biologique

Les thiols jouent un rÎle majeur dans le maintien de l'état redox des cellules (homéostasie) et dans l'activité d'une partie importante des enzymes catalysant des réactions d'oxydoréduction.

L'homéostasie redox est en particulier assurée par le glutathion, un tripeptide contenant un thiol, et qui constamment maintenu à l'état réduit par la glutathion réductase, une enzyme alimentée en NADPH par la voie des pentoses phosphates. Le glutathion réduit permet la détoxification cellulaire des métaux lourds comme le mercure (suivant la réaction présentée en section précédente), la réduction des peroxydes (glutathion peroxydase), la réduction des ponts disulfures entre les protéines cellulaires et la détoxification de composés organiques aromatiques (glutathion S-transférase).

La cystéine (acide aminé portant une fonction thiol) est présente dans le site actif d'un certain nombre d'enzymes et joue souvent un rÎle actif dans des réactions de transfert d'électron. C'est le cas par exemple pour les thiorédoxines. Les groupes thiol des cystéines sont également impliqués fréquemment dans la fixation de cofacteurs métalliques dans des enzymes (Zn, Ni) ainsi que dans la fixation de clusters fer-soufre, fréquemment impliqués dans les réactions de transfert d'électron.

Les thiols sont des molécules faisant partie des arÎmes du vin (par exemple: thiols variétaux, provenant du raisin et thiols fermentaires, provenant du métabolisme de la levure)[2].

Quelques exemples

Lorsque deux cystéines se rapprochent l'une de l'autre, leurs groupes thiol peuvent condenser à la suite d'une réaction d'oxydation modérée :
2R-SH + [O] ↔ R-S-S-R + H2O
(cystĂ©ine + oxydant ↔ cystine + eau),
il en rĂ©sulte la formation d'un pont disulfure. Cette rĂ©action peut avoir lieu entre des cystĂ©ines appartenant Ă  des polypeptides diffĂ©rents (rĂ©action interchaĂźne) ou au mĂȘme polypeptide (rĂ©action intrachaĂźne) et intervient dans la structure tertiaire de la protĂ©ine concernĂ©e.

Thiolates

Les thiolates sont les bases conjuguées des thiols ou leurs sels (dans lesquels un métal ou un autre cation remplace l'hydrogÚne attaché au soufre).

Utilisations

Le gaz naturel est explosif et potentiellement asphyxiant. Il n'a pas d'odeur dĂ©tectable par l'ĂȘtre humain. Pour permettre le repĂ©rage aussi rapide que possible des fuites de gaz domestique distribuĂ© (par le rĂ©seau de gaz ou en bouteille), depuis le milieu du XXe siĂšcle, on lui ajoute un autre gaz, trĂšs odorant Ă  faible dose (dĂšs qu'il arrive sur le territoire français). Auparavant, un mercaptan (pour sa trĂšs forte odeur de chou pourri) qui a Ă©tĂ© utilisĂ©. Il a Ă©tĂ© abandonnĂ© car trop corrosif pour les canalisations de gaz[3]. Il est remplacĂ© par le tĂ©trahydrothiophĂšne (THT), un composĂ© soufrĂ© cyclique.

Notes et références

  1. Les sélénols et les tellurols sont des analogues des alcools et des thiols avec respectivement un atome de sélénium et un atome de tellure à la place de l'atome d'oxygÚne ou de l'atome de soufre.
  2. Ainsi, des odeurs liĂ©es Ă  une fuite de mercaptan de l'usine Lubrizol de Rouen, le , ont Ă©tĂ© senties jusqu'Ă  Paris et au sud de l'Angleterre. « Lubrizol : une enquĂȘte ouverte Ă  Rouen contre l'usine », Le Monde (consultĂ© le ).
  1. (en) Sergio Montes, Luz Soriano, Camilo RĂ­os et Antonio Monroy-Noyola, « Endogenous thiols enhance thallium toxicity », Archives of Toxicology, vol. 81, no 10,‎ , p. 683–687 (ISSN 0340-5761 et 1432-0738, DOI 10.1007/s00204-007-0203-8, lire en ligne, consultĂ© le ).
  2. (en) Dournes, G., Verbaere, A., Lopez, F., Dufourcq, T., Mouret, J.-R. and Roland, A. (2022), First characterisation of thiol precursors in Colombard and Gros Manseng: comparison of two cultivation practices. Australian Journal of Grape and Wine Research. DOI 10.1111/ajgw.12547.
  3. « L'odeur du gaz, une question de sécurité », sur gazissimo.fr.

Voir aussi

Bibliographie

  • Jacques Angeneau, La Chimie, dictionnaire encyclopĂ©dique
  • Bruno Cardey, Étude thĂ©orique des mĂ©canismes d'oxydation de thiols en milieu d'intĂ©rĂȘt biologique (Doctoral dissertation, universitĂ© de Franche-ComtĂ©), 2007
  • (en) Albert Lehninger, Biochemistry

Articles connexes

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