Chlorure de vinyle
Le chlorure de vinyle, Ă©galement connu sous le nom de chloroĂ©thĂšne dans la nomenclature IUPAC, est un important composĂ© organique industriel principalement utilisĂ© pour produire son polymĂšre, le polychlorure de vinyle (PVC). Ă tempĂ©rature ambiante, il se prĂ©sente sous la forme dâun gaz toxique incolore Ă lâodeur douceĂątre.
Chlorure de vinyle | ||
Identification | ||
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Synonymes |
chloroéthÚne |
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No CAS | ||
No ECHA | 100.000.756 | |
No CE | 200-831-0 | |
Apparence | gaz comprimé liquefié, incolore, d'odeur caractéristique[1]. | |
Propriétés chimiques | ||
Formule | C2H3Cl [IsomĂšres] CH2=CHCl |
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Masse molaire[2] | 62,498 ± 0,004 g/mol C 38,44 %, H 4,84 %, Cl 56,73 %, |
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Propriétés physiques | ||
T° fusion | â154 °C[1] | |
T° Ă©bullition | â13 °C[1] | |
SolubilitĂ© | 1 100 mg lâ1 Ă 25 °C | |
Masse volumique | du liquide 0,9 g cmâ3 et de la vapeur Ă 15 °C : 8 g lâ1[1]
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T° d'auto-inflammation | 472 °C[1] | |
Point dâĂ©clair | â78 °C (coupelle fermĂ©e)[1] | |
Limites dâexplosivitĂ© dans lâair | 3,6â33 % vol[1] | |
Pression de vapeur saturante | ||
Point critique | 51,5 bar, 151,85 °C[4] | |
Thermochimie | ||
ÎfH0gaz | â28,45 kJ/mol | |
Cp | ||
Propriétés électroniques | ||
1re énergie d'ionisation | 9,99 ± 0,02 eV (gaz)[6] | |
Précautions | ||
SGH[7] | ||
Danger |
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SIMDUT[8] | ||
A, B1, D2A, D2B, F, |
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NFPA 704 | ||
Transport | ||
Classification du CIRC | ||
Groupe 1 : CancérogÚne pour l'homme[9] | ||
Inhalation | Peut provoquer de la confusion, de la perte de conscience et une déficience respiratoire. Il peut en résulter des effets à long terme, tels de l'asthme. | |
Peau | Le contact avec le liquide réfrigéré peut provoquer des engelures et de l'irritation. | |
Yeux | Irritant possible. | |
Ingestion | Peut provoquer des nausées, des vomissements, une grave douleur stomacale. | |
Ăcotoxicologie | ||
LogP | 0,6[1] | |
Seuil de lâodorat | bas : 10 ppm haut : 20 ppm[10] |
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Unités du SI et CNTP, sauf indication contraire. | ||
Histoire
Le chlorure de vinyle a Ă©tĂ© produit pour la premiĂšre fois en 1835 par Justus von Liebig et son assistant Henri Victor Regnault. Ils l'ont obtenu par traitement du 1,2-dichloro-Ă©thane avec une solution d'hydroxyde de potassium dans lâĂ©thanol.
En 1912, Fritz Klatte, un chimiste allemand travaillant pour Griesheim-Elektron, a fait breveter un procĂ©dĂ© pour produire le chlorure de vinyle Ă partir de lâacĂ©tylĂšne et de l'acide chlorhydrique en utilisant le chlorure mercurique comme catalyseur. Cette mĂ©thode a Ă©tĂ© couramment employĂ©e pendant les annĂ©es 1930 et les annĂ©es 1940. Depuis cette Ă©poque, elle a Ă©tĂ© remplacĂ©e par des procĂ©dĂ©s plus Ă©conomiques.
Production
Le vinyle est fabriquĂ© industriellement Ă partir de lâĂ©thylĂšne et du dichlore. En prĂ©sence de chlorure ferreux agissant comme catalyseur, ces composants produisent du dichloroĂ©thane suivant lâĂ©quation chimique :
- CH2=CH2 + Cl2 â ClCH2CH2Cl.
Cette rĂ©action se produit dans un bain de dichlorure d'Ă©thylĂšne en Ă©bullition. Ă la tempĂ©rature de 500 °C sous une pression de 30 atm (3 MPa), le dichlorure d'Ă©thylĂšne se dĂ©compose pour produire du chlorure de vinyle et de lâacide chlorhydrique :
- ClCH2CH2Cl â CH2=CHCl + HCl.
En pratique industrielle, l'acide chlorhydrique produit dans cette étape est mélangé à l'oxygÚne et mis à réagir avec l'éthylÚne additionnel sur le chlorure de cuivre agissant comme catalyseur pour produire davantage de dichlorure d'éthylÚne par l'intermédiaire de la réaction :
- CH2=CH2 + 2 HCl + Âœ O2 â ClCH2CH2Cl + H2O.
Les acides chlorhydriques consommĂ©s dans la premiĂšre Ă©tape Ă©quilibrent exactement la quantitĂ© produite dans la deuxiĂšme Ă©tape, et le processus stable qui en rĂ©sulte nâentraĂźne pas de perte dâacide chlorhydrique et n'exige pas dâapport supplĂ©mentaire du produit en cours de rĂ©action. En raison des avantages Ă©conomiques de ce procĂ©dĂ©, lâessentiel du chlorure de vinyle produit depuis la fin des annĂ©es 1950 lâa Ă©tĂ© par l'intermĂ©diaire de cette technique.
Utilisations
L'utilisation de loin la plus importante du chlorure de vinyle est sa polymérisation pour fabriquer le PVC. L'opération à risque étant le décroutage des autoclaves aprÚs polymérisation.
De grandes quantitĂ©s sont consommĂ©es pour produire dâautres hydrocarbures chlorĂ©s, notamment Ă©thylidĂšne, 1,1,1-trichlorĂ©thane, trichlorĂ©thylĂšne, tĂ©trachloroĂ©thylĂšne et chlorure de vinylidĂšne.
La toxicitĂ© du chlorure de vinyle limite son utilisation dans les biens de consommation, bien qu'il ait historiquement (jusqu'en 1974) servi de gaz propulseur pour les aĂ©rosols. Le risque cancĂ©rigĂšne a Ă©tĂ© Ă©tabli depuis longtemps et la responsabilitĂ© lĂ©gale Ă©ventuelle des industriels est comparable Ă celle qu'ils ont connue pour lâamiante (impliquĂ© dans lâorigine du mĂ©sothĂ©liome).
L'accumulation d'Ă©manations de chlorure de vinyle dans les salons de coiffure excĂ©dant largement les directives limitant l'exposition et son risque mutagĂšne Ă©levĂ©, lâont rendu responsable d'une probable augmentation de l'incidence des cancers professionnels dans les mĂ©tiers les plus exposĂ©s.
Il a Ă©tĂ© briĂšvement utilisĂ© comme gaz anesthĂ©sique, et comme fluide frigorigĂšne dans la mĂȘme mesure que le chlorure d'Ă©thyle. Sa toxicitĂ© a conduit Ă abandonner cette pratique. Dans cette utilisation, il est en effet le seul reprĂ©sentant de la classe B3 (hautement toxique, hautement inflammable).
Ăgalement utilisĂ© dans la fabrication des filtres de cigarettes.
Effets sur la santé
Gaz dangereux sous la forme monomÚre à cause du risque cancérogÚne avéré chez l'humain :
- cancérigÚne : angiosarcome du foie ;
- spasmes vasculaires douloureux des extrémités : syndrome de Raynaud ;
- atteintes osseuses : ostéolyse des phalanges unguéales (aspect de pseudo-fractures sur les radiographies des doigts).
De plus, D. Belpomme (responsable du plan Cancer sous Jacques Chirac) prĂ©cise dans son livre « Ces maladies crĂ©Ă©es par l'homme » que le chlorure de vinyle est toujours cancĂ©rigĂšne une fois polymĂ©risĂ©, qu'il soit polymĂ©risĂ© en PVC ou bien copolymĂ©risĂ©, c'est-Ă -dire polymĂ©risĂ© avec un autre monomĂšre. En 1970, des mesures draconiennes ont Ă©tĂ© prises, Ă l'initiative en particulier de Joseph RĂ©ty (1923-2014) : la limite est dĂ©sormais de 5 ppm dans lâair des ateliers lors de la polymĂ©risation du PVC et de 1 ppm dans les matĂ©riaux et objets en PVC en contact avec les denrĂ©es alimentaires.
Notes et références
- CHLORURE DE VINYLE, Fiches internationales de sécurité chimique .
- Masse molaire calculĂ©e dâaprĂšs « Atomic weights of the elements 2007 », sur www.chem.qmul.ac.uk.
- (en) Robert H. Perry et Donald W. Green, Perry's Chemical Engineers' Handbook, Ătats-Unis, McGraw-Hill, , 7e Ă©d., 2400 p. (ISBN 0-07-049841-5), p. 2-50.
- « Properties of Various Gases », sur flexwareinc.com (consulté le ).
- (en) Carl L. Yaws, Handbook of Thermodynamic Diagrams, vol. 1, Huston, Texas, Gulf Pub., (ISBN 0-88415-857-8).
- (en) David R. Lide, CRC Handbook of Chemistry and Physics, Boca Raton, CRC Press/Taylor & Francis, , 89e éd., 2736 p. (ISBN 9781420066791, présentation en ligne), p. 10-205.
- Numéro index rÚglement CE N° 1272/2008, 16 décembre 2008. dans le tableau 3.1 de l'annexe VI du
- « Chlorure de vinyle » dans la base de données de produits chimiques Reptox de la CSST (organisme québécois responsable de la sécurité et de la santé au travail), consulté le 23 avril 2009.
- IARC Working Group on the Evaluation of Carcinogenic Risks to Humans, « Ăvaluations Globales de la CancĂ©rogĂ©nicitĂ© pour l'Homme, Groupe 1 : CancĂ©rogĂšnes pour l'homme », sur monographs.iarc.fr, CIRC, (consultĂ© le ).
- « Vinyl chloride », sur hazmap.nlm.nih.gov (consulté le ).