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Acétyl-coenzyme A

L'acĂ©tyl-coenzyme A, usuellement Ă©crite acĂ©tyl-CoA, est la forme « activĂ©e » de l'acide acĂ©tique, c'est-Ă -dire le thioester que forme ce dernier avec la coenzyme A. C'est une molĂ©cule Ă  haut potentiel d'hydrolyse situĂ©e au carrefour de plusieurs voies mĂ©taboliques importantes. L'acĂ©tyl-CoA peut ainsi rĂ©sulter, sous l'action du complexe pyruvate dĂ©shydrogĂ©nase, de la dĂ©carboxylation oxydative du pyruvate, issu par exemple de la glycolyse, ou de la dĂ©gradation des acides gras par ÎČ-oxydation (hĂ©lice de Lynen) dans le cadre de la lipolyse (dĂ©gradation des lipides). Il intervient principalement comme substrat du cycle de Krebs pour ĂȘtre oxydĂ© en CO2 et coenzymes rĂ©duites telles que le NADH+H+ et l'ubiquinol (CoQ10H2), ainsi que comme substrat de voies anaboliques telles que la biosynthĂšse des acides gras, selon une sĂ©rie de rĂ©actions semblables Ă  la rĂ©ciproque de la ÎČ-oxydation. Lors d'un jeĂ»ne prolongĂ©, lorsque la nĂ©oglucogenĂšse a rĂ©duit la concentration en oxaloacĂ©tate disponible pour permettre Ă  l'acĂ©tyl-CoA d'entrer dans le cycle de Krebs, l'acĂ©tyl-CoA conduit Ă  la formation de corps cĂ©toniques — acĂ©tylacĂ©tate (H3C–CO–CH2–COO−), ÎČ-D-hydroxybutyrate (H3C–CHOH–CH2–COO−) et acĂ©tone (H3C–CO–CH3) — qui sont utilisĂ©s comme sources d'Ă©nergie mĂ©tabolique par les muscles, le cƓur et le cerveau. L'acĂ©tyl-CoA intervient Ă©galement dans la biosynthĂšse de l'acĂ©tylcholine, un neurotransmetteur, par acĂ©tylation de la choline sous l'effet de la choline acĂ©tyltransfĂ©rase.

Acétyl-coenzyme A


Structure de l'acétyl-coenzyme A
Identification
No CAS 72-89-9
No ECHA 100.000.719
No CE 200-790-9
PubChem 444493
ChEBI 15351
SMILES
InChI
Propriétés chimiques
Formule C23H38N7O17P3S [IsomĂšres]
Masse molaire[1] 809,571 ± 0,033 g/mol
C 34,12 %, H 4,73 %, N 12,11 %, O 33,6 %, P 11,48 %, S 3,96 %,

Unités du SI et CNTP, sauf indication contraire.

Fonctions biochimiques

Conversion du pyruvate en acétyl-CoA

La décarboxylation oxydative du pyruvate en acétyl-CoA est catalysée par le complexe pyruvate déshydrogénase. Il existe d'autres réactions permettant de former de l'acétyl-CoA à partir du pyruvate, comme la dismutation du pyruvate en acétyl-CoA et formiate par la pyruvate formiate lyase.

SynthĂšse directe

L'acĂ©tyl-CoA peut ĂȘtre formĂ©e par acĂ©tylation directe de la coenzyme A sous l'action de l'acĂ©tyl-CoA synthase Ă  partir de mĂ©thane CH4 et de dioxyde de carbone CO2. Cette rĂ©action intervient par exemple dans la modulation de l'expression gĂ©nĂ©tique par formation d'histone acĂ©tyltransfĂ©rases permettant l'acĂ©tylation des histones[2], ainsi que dans la voie de Wood-Ljungdahl de fixation du carbone en conditions anaĂ©robies[3] Ă  l'aide d'une enzyme dont le site actif contient du nickel[4].

Entrée dans le cycle de Krebs

L'acĂ©tyl-CoA est produite Ă  la fois par la dĂ©gradation des glucides via la glycolyse et par la dĂ©gradation des acides gras constituant les lipides via la ÎČ-oxydation. Elle entre dans le cycle de Krebs des mitochondries en rĂ©agissant avec l'oxaloacĂ©tate pour former du citrate, avec libĂ©ration d'une coenzyme A libre. L'unitĂ© acĂ©tyle cĂ©dĂ©e y est oxydĂ©e en CO2 et coenzymes rĂ©duites telles que le NADH+H+ et l'ubiquinol (CoQ10H2) qui sont Ă  leur tour entiĂšrement oxydĂ©es en H2O par la chaĂźne respiratoire ; l'Ă©nergie libĂ©rĂ©e par ces oxydations gĂ©nĂšre un gradient Ă©lectrochimique Ă  travers la membrane mitochondriale interne qui permet la phosphorylation de l'ADP en ATP sous l'action de l'ATP synthase par couplage chimiosmotique.

Formation de corps cétoniques

Dans le foie, l'oxaloacĂ©tate peut ĂȘtre utilisĂ© pour la biosynthĂšse de glucose par nĂ©oglucogenĂšse en cas de jeĂ»ne prolongĂ©, de rĂ©gime pauvre en glucides, d'effort physique intense et prolongĂ©, et de diabĂšte de type 1 non contrĂŽlĂ©. Dans ces conditions, marquĂ©es par un taux de glucagon Ă©levĂ© et un taux d'insuline trĂšs bas dans le sang, l'oxaloacĂ©tate est rĂ©duit en malate, qui quitte les mitochondries pour ĂȘtre converti en glucose dans le cytoplasme des hĂ©patocytes, d'oĂč il gagne la circulation sanguine. Par consĂ©quent, l'oxaloacĂ©tate cesse d'ĂȘtre disponible dans le foie pour la condensation avec l'acĂ©tyl-CoA, de sorte que ce dernier se condense avec lui-mĂȘme pour former de l'acĂ©toacĂ©tyl-CoA H3C–CO–CH2–COS–CoA et du ÎČ-D-hydroxybutyrate H3C–CHOH–CH2–COO−, qui donnent spontanĂ©ment de l'acĂ©tone H3C–CO–CH3 : ces trois composĂ©s sont gĂ©nĂ©ralement dĂ©signĂ©s comme corps cĂ©toniques. Ils sont libĂ©rĂ©s dans la circulation sanguine d'oĂč ils peuvent ĂȘtre absorbĂ©s par toute cellule de l'organisme pourvue de mitochondries : ces cellules reforment de l'acĂ©tyl-CoA Ă  partir de ces corps cĂ©toniques et dĂ©gradent cet acĂ©tyl-CoA dans leurs mitochondries pour en retirer l'Ă©nergie mĂ©tabolique.

Contrairement aux acides gras, les corps cétoniques peuvent franchir la barriÚre hémato-encéphalique et sont donc également disponibles comme composés énergétiques utilisables par le cerveau et le systÚme nerveux central à la place du glucose.

La production de corps cétoniques en réponse à un stress physiologique (jeûne, régime pauvre en glucides, effort intense prolongé) est appelée cétose ; l'excÚs de corps cétoniques résultant d'un diabÚte de type 1 est appelé acidocétose.

BiosynthĂšse des acides gras

Lorsque le taux sanguin d'insuline est Ă©levĂ© et celui de glucagon est bas (typiquement aprĂšs les repas), l'acĂ©tyl-CoA issu de la glycolyse et l'oxaloacĂ©tate se condensent pour former du citrate qui, au lieu d'ĂȘtre dĂ©gradĂ© par le cycle de Krebs, quitte les mitochondries pour rejoindre le cytoplasme oĂč il est clivĂ© en oxaloacĂ©tate et acĂ©tyl-CoA par l'ATP citrate lyase. L'oxaloacĂ©tate retourne dans les mitochondries sous forme de malate[5]. L'acĂ©tyl-CoA cytosolique peut alors ĂȘtre utilisĂ© pour la biosynthĂšse des acides gras par carboxylation de l'acĂ©tyl-CoA en malonyl-CoA par l'acĂ©tyl-CoA carboxylase[5]. Cette rĂ©action a lieu principalement dans le foie, le tissu adipeux et les glandes mammaires, oĂč les acides gras sont liĂ©s au glycĂ©rol pour former des triglycĂ©rides, principaux composĂ©s de stockage de l'Ă©nergie mĂ©tabolique chez la plupart des animaux. Les acides gras sont Ă©galement des constituants des phospholipides, la majeure partie des bicouches lipidiques des membranes biologiques.

Chez les plantes, la synthÚse de novo des acides gras a lieu dans les plastes. De nombreuses graines accumulent de grandes réserves d'huiles végétales pour favoriser la germination et le développement de la plante jusqu'à ce que celle-ci puisse subvenir à ses besoins par photosynthÚse.

Production de cholestérol

L'acétyl-CoA cytosolique peut également se condenser avec l'acétoacétyl-CoA pour former de la 3-hydroxy-3-méthylglutaryl-CoA (HMG-CoA) sous l'action de l'HMG-CoA synthase, qui est l'étape limitante de la biosynthÚse du cholestérol par la voie du mévalonate. Le cholestérol intervient comme constituant des membranes biologiques, dans la biosynthÚse des hormones stéroïdiennes, des acides biliaires et des vitamines D.

Autres utilisations

L'acétyl-CoA intervient également dans diverses autres voies métaboliques :

Notes et références

  1. Masse molaire calculĂ©e d’aprĂšs « Atomic weights of the elements 2007 », sur www.chem.qmul.ac.uk.
  2. (en) Hidekazu Takahashi, J. Michael McCaffery, Rafael A. Irizarry et Jef D. Boeke, « Nucleocytosolic acetyl-coenzyme a synthetase is required for histone acetylation and global transcription », Molecular Cell, vol. 23, no 2,‎ , p. 207-217 (PMID 16857587, DOI 10.1016/j.molcel.2006.05.040, lire en ligne)
  3. (en) Javier Seravalli, Manoj Kumar et Stephen W. Ragsdale, « Rapid Kinetic Studies of Acetyl-CoA Synthesis:  Evidence Supporting the Catalytic Intermediacy of a Paramagnetic NiFeC Species in the Autotrophic Wood−Ljungdahl Pathway », 41, vol. 6,‎ , p. 1807-1819 (PMID 11827525, DOI 10.1021/bi011687i, lire en ligne)
  4. (en) Eric L. Hegg, « Unraveling the Structure and Mechanism of Acetyl-Coenzyme A Synthase », Accounts of Chemical Research, vol. 37, no 10,‎ , p. 775-783 (PMID 15491124, DOI 10.1021/ar040002e, lire en ligne)
  5. (en) P. FerrĂ© et F. Foufelle, « SREBP-1c transcription factor and lipid homeostasis: clinical perspective », Hormone Research, vol. 68, no 2,‎ , p. 78-82 (PMID 17344645, DOI 10.1159/000100426, lire en ligne)
  6. (en) Beth L. Fatland, Basil J. Nikolau et Eve Syrkin Wurtele, « Reverse Genetic Characterization of Cytosolic Acetyl-CoA Generation by ATP-Citrate Lyase in Arabidopsis », The Plant Cell, vol. 17, no 1,‎ , p. 182-203 (PMID 15608338, PMCID 544498, DOI 10.1105/tpc.104.026211, JSTOR 4130763, lire en ligne)

Voir aussi

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