Acide oxaloacétique
L'acide oxaloacĂ©tique, dont la base conjuguĂ©e est l'oxaloacĂ©tate, est un acide dicarboxylique de formule HOOCâCOâCH2âCOOH. Il s'agit d'une substance cristallisable qui apparaĂźt notamment comme intermĂ©diaire du cycle de Krebs, de la nĂ©oglucogenĂšse, du cycle de l'urĂ©e, du cycle du glyoxylate, de la biosynthĂšse des acides gras, et de celle de certains acides aminĂ©s.
Acide oxaloacétique | |||
Structure de l'acide oxaloacétique | |||
Identification | |||
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Nom UICPA | acide 2-oxobutanedioĂŻque | ||
Synonymes |
acide 2-oxosuccinique |
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No CAS | |||
No ECHA | 100.005.755 | ||
No CE | 206-329-8 | ||
PubChem | 970 | ||
ChEBI | 30744 | ||
SMILES | |||
InChI | |||
Propriétés chimiques | |||
Formule | C4H4O5 [IsomĂšres] |
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Masse molaire[1] | 132,071 6 ± 0,005 g/mol C 36,38 %, H 3,05 %, O 60,57 %, |
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Propriétés physiques | |||
T° fusion | 161 °C déc | ||
Précautions | |||
SGH[2] | |||
Danger |
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SIMDUT[3] | |||
Produit non contrÎlé |
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Transport[2] | |||
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Unités du SI et CNTP, sauf indication contraire. | |||
DĂ©protonation
L'acide oxaloacétique subit deux déprotonations successives pour conduire au dianion :
- HOOCâCOâCH2âCOOH âOOCâCOâCH2âCOOH, pKa = 2,22
- âOOCâCOâCH2âCOOH âOOCâCOâCH2âCOOâ, pKa = 3,89
à pH élevé, le proton énolisable devient également labile :
- âOOCâCOâCH2âCOOâ âOOCâCOâ=CHâCOOâ, pKa = 13,03
Les formes énoliques de l'oxaloacétate sont particuliÚrement stables, au point que les isomÚres cis et trans ont deux températures de fusion distinctes : 152 °C pour l'isomÚre cis et 184 °C pour l'isomÚre trans.
BiosynthĂšse
L'oxaloacĂ©tate est produit naturellement de diffĂ©rentes façons. La principale est lâoxydation du L-malate par la malate dĂ©shydrogĂ©nase Ă la 10e et derniĂšre Ă©tape du cycle de Krebs :
+ NAD+ NADH + H+ + L-Malate OxaloacĂ©tate Malate dĂ©shydrogĂ©nase â EC
Le L-malate est Ă©galement lentement oxydĂ© en Ă©nol-oxaloacĂ©tate âOOCâCOH=CHâCOOâ par la succinate dĂ©shydrogĂ©nase Ă travers une rĂ©action de promiscuitĂ©, l'Ă©nol-oxaloacĂ©tate Ă©tant ensuite converti en oxaloacĂ©tate par l'oxaloacĂ©tate tautomĂ©rase[4].
L'oxaloacĂ©tate se forme Ă©galement par condensation du pyruvate CH3âCOâCOOâ avec le bicarbonate HCO3â et hydrolyse concomitante d'une molĂ©cule d'ATP. Cette rĂ©action a lieu dans le mĂ©sophylle des plantes via le phosphoĂ©nolpyruvate sous l'action de la pyruvate carboxylase :
Il se forme Ă©galement par transamination de l'aspartate :
+ + Aspartate α-CĂ©toglutarate OxaloacĂ©tate Glutamate Aspartate aminotransfĂ©rase (AST) â EC
Fonctions biochimiques
L'oxaloacétate est un intermédiaire du cycle de Krebs, dans lequel il réagit avec l'acétyl-CoA pour former du citrate sous l'action de la citrate synthase. Il intervient également dans la néoglucogenÚse, le cycle de l'urée, le cycle du glyoxylate, la biosynthÚse d'acides aminés et la biosynthÚse des acides gras.
L'oxaloacétate est également un inhibiteur puissant de la succinate déshydrogénase (complexe II de la chaßne respiratoire).
Cycle de Krebs
L'oxaloacétate est le métabolite qui ferme le cycle de Krebs : c'est en effet un substrat de la premiÚre réaction du cycle, pour former le citrate par réaction avec l'acétyl-CoA sous l'action de la citrate synthase[5], et c'est également un produit de la derniÚre réaction du cycle, par oxydation du L-malate sous l'action de la malate déshydrogénase.
+ acĂ©tyl-CoA + H2O â CoA + OxaloacĂ©tate Citrate Citrate synthase â EC
NĂ©oglucogenĂšse
La nĂ©oglucogenĂšse est une voie mĂ©tabolique comprenant onze rĂ©actions catalysĂ©es par des enzymes et permettant la biosynthĂšse du glucose Ă partir de prĂ©curseurs non glucidiques. Elle commence dans la matrice mitochondriale, oĂč se trouve le pyruvate. Ce dernier est converti en oxaloacĂ©tate par la pyruvate carboxylase avec hydrolyse concomitante d'une molĂ©cule d'ATP, puis l'oxaloacĂ©tate est rĂ©duit en L-malate par la malate dĂ©shydrogĂ©nase mitochondriale afin de pouvoir franchir la membrane mitochondriale interne et gagner le cytosol. LĂ , le L-malate est Ă nouveau oxydĂ© en oxaloacĂ©tate par l'isoforme cytosolique de la malate dĂ©shydrogĂ©nase. C'est Ă partir de l'oxaloacĂ©tate cytosolique que la suite de la nĂ©oglucogenĂšse conduit au glucose.
Cycle de l'urée
Le cycle de l'urĂ©e produit une molĂ©cule d'urĂ©e Ă partir d'un anion bicarbonate HCO3â et deux cations ammonium NH4+. Cette voie mĂ©tabolique se dĂ©roule gĂ©nĂ©ralement dans les hĂ©patocytes, Ă partir de NADH dont l'un des modes de production fait intervenir l'oxydation du L-malate en oxaloacĂ©tate par la malate dĂ©shydrogĂ©nase. Ce L-malate du cytosol provient du fumarate sous l'action de la fumarase, tandis que l'oxaloacĂ©tate est converti en aspartate par une transaminase, ce qui entretient le flux d'azote dans la cellule.
Cycle du glyoxylate
Le cycle du glyoxylate est une variante du cycle de Krebs faisant intervenir l'isocitrate lyase et la malate synthase et contribuant à l'anabolisme des plantes et des bactéries. Certaines étapes de ce cycle diffÚrent légÚrement de celles du cycle de Krebs, mais l'oxaloacétate joue le rÎle de produit final et de premier réactif dans les deux cycles, à la différence qu'il est un produit net du cycle du glyoxylate car ce dernier incorpore deux molécules d'acétyl-CoA, et non une seule comme le cycle de Krebs.
BiosynthĂšse des acides gras
Dans ce processus, l'acĂ©tyl-CoA est tout d'abord transfĂ©rĂ© depuis la matrice mitochondriale vers le cytosol, oĂč se trouve l'acide gras synthase, sous forme de citrate aprĂšs rĂ©action avec l'oxaloacĂ©tate sous l'action de la citrate synthase. Le citrate franchit la membrane mitochondriale interne Ă l'aide de la protĂ©ine mitochondriale de transport des tricarboxylates (en). Une fois dans le cytosol, le citrate est Ă nouveau clivĂ© en oxaloacĂ©tate et acĂ©tyl-CoA par l'ATP citrate lyase.
Une partie du pouvoir réducteur nécessaire à la biosynthÚse des acides gras, utilisé sous forme de NADPH, est généré à partir du NADH cytosolique lors du retour de l'oxaloacétate dans la matrice mitochondriale. L'oxaloacétate est tout d'abord réduit en L-malate par la malate déshydrogénase à partir d'une molécule de NADH, puis le L-malate est décarboxylé en pyruvate par l'enzyme malique à NADP, réaction au cours de laquelle une molécule de NADP+ est réduite en NADPH ; le pyruvate peut ensuite gagner la matrice mitochondriale à travers la membrane interne de la mitochondrie.
BiosynthÚse d'acides aminés
Six acides aminĂ©s essentiels et trois acides aminĂ©s non essentiels sont issus de l'oxaloacĂ©tate et du pyruvate. Ainsi, l'aspartate et l'alanine sont respectivement formĂ©s Ă partir d'oxaloacĂ©tate et de pyruvate par transamination Ă partir de glutamate. L'aspartate peut ensuite ĂȘtre converti en asparagine, mĂ©thionine, lysine et thrĂ©onine, ce qui le rend indispensable pour la production de ces acides aminĂ©s protĂ©inogĂšnes.
Notes et références
- Masse molaire calculĂ©e dâaprĂšs « Atomic weights of the elements 2007 », sur www.chem.qmul.ac.uk.
- Fiche Sigma-Aldrich du composé Oxaloacetic acid ℠97% (HPLC), consultée le 16 juillet 2016.
- « Acide oxalacétique » dans la base de données de produits chimiques Reptox de la CSST (organisme québécois responsable de la sécurité et de la santé au travail), consulté le 25 avril 2009
- (en) M. V. Panchenko et A. D. Vinogradov, « Direct demonstration of enol-oxaloacetate as an immediate product of malate oxidation by the mammalian succinate dehydrogenase », FEBS Letters, vol. 286, nos 1-2,â , p. 76-78 (PMID 1864383, DOI 10.1016/0014-5793(91)80944-X, lire en ligne)
- (en) G. Wiegand et S. J. Remington, « Citrate Synthase: Structure, Control, and Mechanism », Annual Review of Biophysics and Biophysical Chemistry, vol. 15,â , p. 97-117 (PMID 3013232, DOI 10.1146/annurev.bb.15.060186.000525, lire en ligne)