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Vitamine D

La vitamine D est une vitamine liposoluble (soluble dans les lipides). C'est une hormone retrouvĂ©e dans l'alimentation et synthĂ©tisĂ©e dans l'organisme humain Ă  partir d'un dĂ©rivĂ© du cholestĂ©rol ou d’ergostĂ©rol sous l'action des rayonnements UV-B du Soleil. Elle existe sous deux formes : D2 (ergocalcifĂ©rol), produite par les vĂ©gĂ©taux, et D3 (cholĂ©calcifĂ©rol), prĂ©sente dans les produits d'origine animale et certains lichens. Ces deux molĂ©cules sont des 9,10-sĂ©costĂ©roĂŻdes. Le corps humain synthĂ©tise aussi la vitamine D3 au niveau de la peau, sous l'effet des rayons ultraviolets.

Vitamine D
Image illustrative de l’article Vitamine D
Cholécalciférol (D3)
Identification
Synonymes

existe sous deux formes :
D2 (ergocalciférol)
ou D3 (cholécalciférol)

No ECHA 100.014.361
Code ATC A11CC
Propriétés physiques
T° fusion 84 à 85 °C

Unités du SI et CNTP, sauf indication contraire.

La vitamine D intervient dans l'absorption du calcium et du phosphore par les intestins, ainsi que dans leur rĂ©absorption par les reins, sous l'influence de la PTH. Ses effets sont contrebalancĂ©s par la calcitonine. Elle intervient dans la minĂ©ralisation osseuse du squelette et des articulations, ainsi que sur la tonicitĂ© musculaire. D'autre part, elle influence plus de 200 gĂšnes[1] - [2] et aurait une action de rĂ©paration de l'ADN.

Une quantité suffisante de vitamine D est particuliÚrement nécessaire durant la petite enfance afin d'éviter le rachitisme. Une quantité suffisante est également nécessaire chez l'adulte afin d'éviter l'ostéomalacie. Elle diminue le risque d'ostéoporose[3]. Elle pourrait avoir un effet bénéfique dans plusieurs maladies comme le diabÚte[4], certains cancers[5] - [6], la sclérose en plaques[7], l'épilepsie[8] et la dépression[9] - [10].

Historique

Ergocalciférol (vitamine D2).
Cholécalciférol (vitamine D3).

Les propriĂ©tĂ©s curatives de l'huile de foie de morue contre le rachitisme ont Ă©tĂ© dĂ©couvertes en 1824 par l'Allemand D. SchĂŒtte[11]. En 1919, Edward Mellanby fait des expĂ©riences sur des chiens qui l'amĂšnent Ă  conclure que le rachitisme est causĂ© par une carence en vitamine liposoluble[12]. La vitamine D a Ă©tĂ© identifiĂ©e en 1922[13] : Elmer McCollum dĂ©montre que l'huile de foie de morue prĂ©vient encore le rachitisme aprĂšs totale destruction de sa vitamine A, il en dĂ©duit qu'elle contient une autre substance qu'il dĂ©signe vitamine D. En 1932, Adolf Windaus isole la vitamine D2, puis en 1934 la vitamine D3.

Ses propriĂ©tĂ©s font l'objet de nombreuses recherches, tant sur ses effets « classiques » (minĂ©ralisation osseuse, mĂ©tabolisme phosphocalcique) que « non classiques » (sur le muscle, le systĂšme immunitaire, le rein, l'appareil cardiovasculaire)[14]. Plus de 2 500 publications sur la physiologie de la vitamine D en lien avec le cancer (dĂ©ficit en vitamine D associĂ© Ă  une augmentation du risque relatif de certains cancers colorectaux et du sein) sont ainsi recensĂ©es en 2010[15].

Structure

  • Les vitamines D sont des dĂ©rivĂ©s de stĂ©rols issus du mĂ©tabolisme des animaux (cholĂ©calcifĂ©rol ou vitamine D3) ou des vĂ©gĂ©taux (ergocalcifĂ©rol ou vitamine D2).
  • La vitamine D est Ă  l'origine du calcitriol, hormone qui joue un rĂŽle essentiel dans la fixation du calcium par l'organisme.
  • Le cycle B des stĂ©rols est ouvert, et un ensemble de trois liaisons Ă©thylĂ©niques conjuguĂ©es se forme sur les carbones 5, 6, 7, 8, 10 et 19. Cette structure est favorable au dĂ©placement des Ă©lectrons.

La vitamine D1 désignait initialement une substance qui s'est avérée correspondre à un mélange de vitamine D2 et de lumistérol[16]. Aujourd'hui cette dénomination n'est plus usitée. Outre les deux formes D2 et D3 on définit aussi :

  • vitamine D4 ou 22-dihydroergocalcifĂ©rol ;
  • vitamine D5 ou sitocalcifĂ©rol ;
  • vitamine D6[17], dĂ©rivĂ© Ă©thylĂ© de la vitamine D4 ;
  • vitamine D7[18], dĂ©rivĂ© 24R-mĂ©thyl de la vitamine D3.

Physiologie

SynthĂšse

Exposer la peau au Soleil permet de synthétiser de la vitamine D.
Dans les couches Ă©pidermiques de la peau, la production est la plus forte dans le Stratum germinativum/basale (de couleur rouge) et stratum spinosum (couleur brun clair).

Au niveau de la peau, les rayons ultraviolets B (UV-B) permettent la formation de vitamine D3 à partir du 7-déshydrocholestérol, dérivé du cholestérol normalement présent dans l'organisme. Grùce à l'action des ultraviolets de la lumiÚre (UV-B), un des cycles du 7-déshydrocholestérol est cassé. La molécule s'isomérise spontanément en cholécalciférol encore inactif. Il est alors métabolisé par le foie en 25-hydroxy-vitamine D, forme qui est dosable communément dans le sang. Cette derniÚre est transformée par le rein en 1-25-dihydroxy-vitamine D, la forme active de la vitamine[19].

Cette source est trĂšs variable selon la latitude, l'ensoleillement (saison, brouillard, pays, habillement), l'Ă©paisseur et la pigmentation de la peau. Une exposition de 15 Ă  30 minutes deux fois par semaine au soleil garantit, chez la plupart des personnes, une bonne rĂ©serve en vitamine D[20]. Une exposition de 12 minutes par jour au Soleil Ă  une latitude de 38° (Californie ou Espagne) sur 50 % de la surface cutanĂ©e Ă©quivaudrait Ă  un apport de 3 000 unitĂ©s internationales (UI) par jour[21]. Cet effet bĂ©nĂ©fique est Ă  mettre en regard des dangers d'une exposition excessive de la peau aux rayons solaires[22]. Il n'y a, en thĂ©orie, pas de surdosage Ă  craindre en vitamine D lors d'une exposition au Soleil, cette derniĂšre contribuant Ă©galement Ă  la destruction de la vitamine[23].

Absorption

L'absorption intestinale de la vitamine D a lieu au niveau de la rĂ©gion proximale de l'intestin grĂȘle[24]. Elle se fait probablement par diffusion passive (de nature lipophile, Ă  l'aide des chylomicrons) ainsi qu'un mĂ©canisme impliquant des transporteurs membranaires[25] - [26]. Ces transporteurs sont des protĂ©ines exprimĂ©es au niveau de la bordure en brosse de l'intestin permettent le captage de la vitamine D.

Une fois que la vitamine D est internalisĂ©e dans l'entĂ©rocyte, on suppose qu'elle est prise en charge par une protĂ©ine cytoplasmique (qui n'est pas connue Ă  ce jour) puis elle va pouvoir ĂȘtre resĂ©crĂ©tĂ©e dans la circulation sanguine. On sait qu'au niveau circulant la vitamine D va ĂȘtre prise en charge par une protĂ©ine : la VDBP (vitamin D binding protein) et c'est ce complexe qui va circuler dans le sang.

MĂ©tabolisme

La vitamine D est transportĂ©e par la circulation vers le foie par la protĂ©ine de liaison Ă  la vitamine D (ou DBP de l'anglais vitamin D-binding protein). Dans cet organe, elle est d'abord hydroxylĂ©e par l'enzyme 25-hydroxylase, qui fixe un hydroxyle Ă  la place du H du carbone 25, formant la 25-hydroxy vitamine D appelĂ©e aussi calcifĂ©diol. StockĂ© dans le foie, ce composĂ© est vĂ©hiculĂ© par le plasma dans le glomĂ©rule. Toujours liĂ© au DBP, il est filtrĂ© par le glomĂ©rule et rĂ©absorbĂ© dans le tube proximal du rein[27] oĂč il est transformĂ© par l'enzyme 1-alpha hydroxylase en 1,25-dihydroxy-vitamine D3, encore appelĂ©e calcitriol, qui est l'une des formes hormonales actives. Ce mĂ©tabolite actif est transportĂ© dans le sang vers des tissus cibles, se liant avec un rĂ©cepteur spĂ©cifique. Le complexe hormone-rĂ©cepteur migre vers le noyau cellulaire pour activer ou inhiber des gĂšnes[28].

Son mĂ©tabolisme et son seuil d'activitĂ© (et peut-ĂȘtre ses fonctions) semblent varier selon que l'organisme soit celui d'un nourrisson[29], d'un enfant[29], d'une femme prĂ©mĂ©nopausĂ©e[29], selon sa contamination par certains toxiques (cadmium, plomb par exemple[30]), selon les carences ou la disponibilitĂ© en calcium, ou encore selon l'origine ethnique[29].

Régulation du calcium dans le corps humain. Le rÎle de la vitamine D est représenté en orange.

La parathormone (PTH) stimule l'expression du gÚne de l'enzyme 1-alpha-hydroxylase. Elle favorise l'hydroxylation sur le carbone no 1 et donc stimule la production de la forme active de la vitamine D (1-25-dihydroxy-vitamine D). En revanche, l'absence de PTH favorise une hydroxylation différente qui ne permet pas d'avoir la forme active. Elle se fait (au niveau du rein) sur le carbone 24 par l'enzyme 24-hydroxylase, ce qui donne le 24,25-dihydroxy-cholécalciférol moins actif que le 1,25-dihydroxycholecalciferol[31]. La calcitonine diminue les taux sanguins de calcium et s'oppose aux effets de la parathormone[32].

RĂŽle sur le calcium

La vitamine D est nécessaire à plusieurs actions physiologiques et à la robustesse du squelette humain.

Elle permet (avec la mĂ©naquinone) l'absorption de calcium par l'intestin, la rĂ©absorption du calcium et du phosphore par les reins (diminue la calciurie) et la rĂ©sorption osseuse par les ostĂ©oclastes. Il existe un dĂ©lai d'action entre le moment de l'administration de vitamine D et celui oĂč l'absorption du calcium augmente sous son effet. L'action dĂ©pend de la vitamine D disponible et de la charge calcique de l'os. La vitamine D fixe le calcium sur l'os Ă  dose physiologique alors qu'elle le libĂšre Ă  trop forte dose (hypervitaminose), provoquant une hypercalcĂ©mie.

Au cours de la croissance, son site d'action privilĂ©giĂ© est la zone mĂ©taphysaire, oĂč le cartilage de conjugaison se transforme en tissu osseux.

MĂ©canisme d'action

La vitamine D se fixe sur un récepteur nucléaire spécifique, le récepteur de la vitamine D, qui une fois activé se lie sur les séquences promotrices présentes sur l'ADN des gÚnes cibles, activant leur transcription, ce qui expliquerait les effets variés observés[13]. Les femmes qui ont le plus de vitamine D dans le corps auraient des télomÚres plus longs que celles qui manquent de cette vitamine ce qui pourrait avoir des effets bénéfiques sur le vieillissement[33].

Apport alimentaire

La vitamine D chez l'Homme provient, soit d'une synthÚse directe à partir des dérivés du cholestérol dans l'organisme via l'exposition aux UV, soit des apports alimentaires.

Sources

La vitamine D2 ou ergocalciférol est présente notamment dans certains champignons et végétaux (en faible quantité), tandis que la vitamine D3 ou cholécalciférol est d'origine animale, concentrée dans les huiles de foie de poisson et dans une moindre mesure, dans les poissons, le lait, le beurre, le fromage. Elle est également présente dans certains lichens (utilisés dans des compléments alimentaires sans produits animaux)[34] - [35].

Peu d'aliments courants apportent une quantitĂ© apprĂ©ciable de vitamine D (l'apport quotidien gĂ©nĂ©ralement recommandĂ© est de 15 ÎŒg = 600 UI, y compris la vitamine D apportĂ©e par le Soleil ; voir Apports recommandĂ©s).

Aliment Teneur en
ÎŒg pour 100 g[36]
Huile de foie de morue 200 Ă  250
Foie de morue appertisé, égoutté 54,3
Huile de flétan 22,5[37]
Saumon, Hareng, Anchois 8-20
Sardine, Maquereau 7-12
Margarine 0-10
Flétan cuit (cru) 5,8[38] (4,7[39])
Thon 2-6
ƒuf 2
Beurre 0,6-1,5

Les vĂ©gĂ©taux ne contiennent que de faibles doses d'ergocalcifĂ©rol. Les champignons sauvages comme Boletus edulis (ou « CĂšpe de Bordeaux »), contiennent environ ”g d'ergocalcifĂ©rol pour 100 g de poids sec, alors que cette vitamine est presque totalement absente dans les champignons cultivĂ©s comme Agaricus bisporus (« champignon de Paris »), qui contiennent en revanche de l'ergostĂ©rol, un prĂ©curseur de la vitamine D[40]. Les champignons de Paris sĂ©chĂ©s et exposĂ©s Ă  un rayonnement UV peuvent ainsi avoir des teneurs en vitamine D2 supĂ©rieures Ă  400 Â”g/g de poids sec[41].

La vitamine D existe sous la forme de compléments alimentaires, soit concentré d'huile de foie de poisson, soit à partir de laine de mouton (lanoline)[42], soit sous forme végétale à partir de levure exposée aux UV[43].

La forme D3 (cholécalciférol) est rare dans les végétaux mais existe néanmoins, notamment dans certains lichens[44], dont on peut l'extraire pour produire des compléments convenant aux personnes véganes[45]. Elle est également présente en quantité notable dans les feuilles (seule partie étudiée en 2013) de certaines plantes de la famille des solanacées[46].

Apports recommandés

En 1992, les apports nutritionnels conseillĂ©s (ANC) pour la population adulte française Ă©taient de 12 ÎŒg (ou 480 UI) par jour. Ils ont ensuite Ă©tĂ© abaissĂ©s en 2001 Ă  ”g (ou 200 UI) par jour.

Finalement, en 2012, l'AcadĂ©mie nationale de mĂ©decine française a rĂ©Ă©valuĂ© cette estimation et recommande dĂ©sormais un apport quotidien de 800 UI jusqu'Ă  50 ans, et davantage au-delĂ [47]. L'apport recommandĂ© la mĂȘme annĂ©e par SantĂ© Canada Ă©tait un peu plus faible : il s'Ă©tablissait Ă  600 UI/jour de 9 Ă  70 ans, et Ă  800 UI/jour aprĂšs 70 ans, sur la base d'une « exposition minimale au Soleil »[48].

Carence et insuffisance

En raison de nombreux facteurs influençant les rĂ©sultats des dosages, il n'y a pas de consensus international sur la valeur normale de la 25-OH-vitamine D[49]. La carence (sĂ©vĂšre) est dĂ©finie par un taux sanguin de 25-hydroxyvitamine D infĂ©rieur Ă  25 nmol/l (10 ng/ml). Elle est Ă  l'origine du rachitisme et de l'ostĂ©omalacie. L'insuffisance est dĂ©finie par un taux sanguin de 25-hydroxyvitamine D infĂ©rieur Ă  75 nmol/l (30 ng/ml)[50]. Selon cette dĂ©finition, la carence concerne plus d'un milliard de personnes sur Terre et plus de la moitiĂ© des femmes mĂ©nopausĂ©es[23].

Causes

Les situations de carence sont souvent en rapport avec une exposition insuffisante au Soleil.

Les principaux groupes Ă  risque sont les suivants :

  • les personnes ĂągĂ©es sĂ©journant en institution et les personnes trĂšs ĂągĂ©es en gĂ©nĂ©ral (peu d'exposition solaire, baisse de l'exposition) ;
  • les personnes Ă  peau foncĂ©e ou noire[51] ;
  • en hiver, les personnes vivant Ă  des latitudes Ă©levĂ©es (cas de la France mĂ©tropolitaine)[52] - [53] - [54], car l'angle d'incidence du Soleil est faible, si bien que les UV-B responsables de la synthĂšse de la vitamine D sont absorbĂ©s davantage par la couche d'ozone ;
  • les personnes qui ne peuvent s'exposer au Soleil en raison de maladies de peau (vitiligo, etc.) ;
  • les personnes souffrant d'un excĂšs de poids (la vitamine D est stockĂ©e dans les graisses). Les personnes obĂšses pourraient avoir besoin de deux Ă  trois fois plus de vitamine D que les autres[55] (l'exposition est difficile, puisque la molĂ©cule peine Ă  entrer en contact avec la lumiĂšre) ;
  • les enfants nourris au sein, si la mĂšre ne prend pas un supplĂ©ment appropriĂ©[56]. En effet, il est soulignĂ© dans cette Ă©tude que la recommandation de 400 UI par jour est largement insuffisante pour la mĂšre et Ă  plus forte raison pour l'enfant, mais que 6 400 UI se sont avĂ©rĂ©s efficaces et sĂ©curitaires. Leur conclusion est que 2 000 UI ou plus sont obligatoires pour combler les besoins du nourrisson ;
  • les personnes souffrant d'une obstruction des voies biliaires (malabsorption des graisses) ;
  • les personnes souffrant d'une insuffisance rĂ©nale.

D'autres facteurs incluent :

  • vivre en intĂ©rieur et se dĂ©placer en voiture, les vitres bien que laissant passer la lumiĂšre, ne permettent pas la formation de vitamine D par la peau car elles bloquent les UV-B ;
  • la formation de vitamine D nĂ©cessite du cholestĂ©rol ou de l’ergostĂ©rol. Les mĂ©dicaments qui baissent le cholestĂ©rol gĂȘnent la production de vitamine D ;
  • le port permanent de vĂȘtements couvrants[57] - [58] - [59] - [60] - [61].

Risques associés

Les études citées sont essentiellement des études observationnelles montrant une corrélation entre un taux sanguin faible de vitamine D et divers événements. Cette corrélation ne suffit pas naturellement pour affirmer qu'il s'agit d'une conséquence d'un déficit mais fait simplement poser la question d'un rapport possible de cause à effet.

Une carence en vitamine D serait associĂ©e Ă  un excĂšs de mortalitĂ©, toutes causes confondues[62]. Une autre Ă©tude a montrĂ© une mortalitĂ© en forme de courbe en J inversĂ© avec une valeur optimale Ă  50–60 nmol/L. La mortalitĂ© Ă©tait supĂ©rieure avec des valeurs plus basses ou plus hautes[63].

Une carence en vitamine D provoquerait une faiblesse et des douleurs musculaires[64] - [65] - [66] (la vitamine D est nĂ©cessaire Ă  la relaxation musculaire indĂ©pendamment des valeurs du calcium et des phosphates sanguins[67]) et Ă  un stade plus avancĂ©, une ostĂ©omalacie chez l'adulte. Elle augmente le risque de fracture et peut ĂȘtre cause de rachitisme chez l'enfant.

La carence en vitamine D serait associĂ©e avec un risque plus important de cancer du sein[68] - [69] - [70], du tube digestif[70] et de la prostate[71]. Des chercheurs ont montrĂ© que la vitamine D ralentit l'action d'une protĂ©ine clĂ© dans le processus de dĂ©veloppement des cellules cancĂ©reuse du cĂŽlon. La stimulation du rĂ©cepteur de la vitamine D inhibe l'action de la protĂ©ine ÎČ-catĂ©nine, bloquant la transformation de cellules intestinales en cellules cancĂ©reuses. Le manque de vitamine D rend le cancer plus agressif, par contre la protection n'influence pas l'apparition des tumeurs mais rĂ©duit leur agressivitĂ© pendant la phase de croissance. La vitamine D joue donc un rĂŽle protecteur important dans le dĂ©veloppement du cancer du cĂŽlon et une carence en cette vitamine est un facteur de risque[72] - [73].

La carence en vitamine D serait associée avec un risque plus important de maladies cardiovasculaires[74]. La concentration sanguine en vitamine D serait inversement corrélée à la prévalence de l'hypertension artérielle, du diabÚte et de l'obésité[75].

Un taux bas de vitamine D semble ĂȘtre corrĂ©lĂ© avec un dĂ©ficit cognitif chez les personnes ĂągĂ©es[76] - [77]. Une carence en vitamine D pourrait multiplier par deux le risque de schizophrĂ©nie[78]. Il semble exister une corrĂ©lation inverse entre le taux sanguin de vitamine D et le risque de dĂ©velopper une sclĂ©rose en plaques[79] - [80]. Cette corrĂ©lation n'a Ă©tĂ© retrouvĂ©e que chez les personnes Ă  la peau blanche.

Au cours de la grossesse, la carence en vitamine D a plusieurs conséquences chez la femme enceinte : risque accru de prééclampsie, de petit poids de naissance, de vaginose bactérienne[81].

Le taux sanguin de vitamine D semble inversement corrélé avec le risque de dépression[10] - [82].

Dosage

Taux sanguins mondiaux de vitamine D chez les adultes (nmol/L)[83] - [84].
  • > 75
  • 50-74
  • 25-49

Le dosage de la vitamine D est un examen courant de biologie médicale. Il consiste à mesurer la concentration de la vitamine D totale (Ergocalciférol + Cholécalciférol) dans le sérum prélevé lors d'une prise de sang.

La mesure de la vitamine D n'est pas standardisĂ©e et les diffĂ©rentes techniques disponibles (chimiluminescence, techniques immuno-enzymatiques, etc.) ont des spĂ©cificitĂ©s diffĂ©rentes selon les formes de la vitamine D. Les experts s'accordent sur des valeurs souhaitables de 25-hydroxy-vitamine D dans le sang comprises entre 30 et 70 ng/ml[85]. On rencontre aussi des mesures exprimĂ©es en nmol/l, avec des valeurs recommandĂ©es entre 75 et 175 nmol/L (la conversion de nmol/L Ă  ng/ml se fait en divisant par 2,496[86]).

On utilise aussi, plus rarement, le dosage du calcitriol pour évaluer une altération du métabolisme de la vitamine D[87] : rachitisme vitamino-résistant, hypercalcémie de la sarcoïdose, etc.

En France, le dosage sanguin de la vitamine D n'est pas remboursĂ© par l'assurance maladie en dehors d'indications prĂ©cises (suspicion de rachitisme, d’ostĂ©omalacie, suivi ambulatoire de l’adulte transplantĂ© rĂ©nal au-delĂ  de trois mois aprĂšs transplantation, avant et aprĂšs une chirurgie bariatrique, Ă©valuation et prise en charge des personnes ĂągĂ©es sujettes aux chutes rĂ©pĂ©tĂ©es, respect des rĂ©sumĂ©s des caractĂ©ristiques des produits (RCP) des mĂ©dicaments prĂ©conisant ce dosage)[88].

Supplémentation

Un manque de vitamine D a Ă©tĂ© associĂ© au risque de contracter certaines maladies non transmissibles et infectieuses, mais il est souvent difficile de savoir si le manque de vitamine D est une consĂ©quence ou un facteur de l'infection[89]. Par ailleurs, des contradictions existent concernant les rĂ©sultats des Ă©tudes sur les bĂ©nĂ©fices supposĂ©s de la supplĂ©mentation en vitamine D[90]. Plusieurs revues ont montrĂ© de nombreuses lacunes de connaissance Ă  combler[91] - [92]. On ne retrouve pas d'association entre supplĂ©mentation en vitamine D et mortalitĂ©, densitĂ© minĂ©rale osseuse des enfants et adolescents en bonne santĂ©, cancer du sein, cancer de la prostate et mucoviscidose[93]. Un autre biais mĂ©thodologique est que la majoritĂ© des observations ont Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©es non Ă  partir d'essais cliniques mais d'Ă©tudes d'association sur des populations nordiques qui manquent d'ensoleillement ou Ă  partir de femmes vieillissantes plus obĂšses et sĂ©dentaires ; ainsi la biologiste Sylvie Demers considĂšre que les bienfaits attribuĂ©s Ă  la vitamine D proviennent en fait des hormones sexuelles fĂ©minines, les progestĂ©rones et ƓstrogĂšnes[94]. Le National Health Service britannique recommande une supplĂ©mentation de 10 ÎŒg en automne et en hiver pour les enfants de plus de 5 ans et pour les adultes, y compris les femmes enceintes et allaitantes[95].

Tandis que les administrations publiques telles que SantĂ© Canada et la Food and Drug Administration recommandent de ne pas cĂ©der Ă  l'engouement actuel pour la vitamine D, un grand nombre de chercheurs et de spĂ©cialistes, ainsi que plusieurs organismes tels qu'OstĂ©oporose Canada[96] et la SociĂ©tĂ© canadienne du cancer (en) estiment qu'il est plus prudent de ne pas attendre et de consommer des doses de 4 000 Ă  6 000 UI[97].

Effets sur l'ostéoporose

La vitamine D (Ă  plus de 700 UI/jour) associĂ©e Ă  une supplĂ©mentation en calcium a un lĂ©ger effet bĂ©nĂ©fique sur la densitĂ© osseuse et la diminution du risque de fracture et de chutes[29] - [98], mais ces avantages peuvent ĂȘtre rĂ©duits Ă  des sous-groupes spĂ©cifiques (pas d'effet chez le nourrisson ni chez certaines personnes ĂągĂ©es)[29]. Une dose de 700 UI/par jour se situe entre le placebo et l'intervention thĂ©rapeutique, selon les critĂšres de The Endocrine Society et du Vitamin D Council, qui recommandent, respectivement, 1 500 Ă  2 000 UI et 5 000 UI par jour pour des personnes n'ayant aucun trouble de santĂ©[99].

En pratique, chez les personnes ĂągĂ©es, la supplĂ©mentation en vitamine D diminuerait sensiblement le risque de fractures (surtout hanches et vertĂšbres)[3] et amĂ©liore l'Ă©quilibre et la tonicitĂ© musculaire, malgrĂ© quelques Ă©tudes rĂ©centes semblant suggĂ©rer le contraire[100]. En particulier la supplĂ©mentation systĂ©matique chez la personne de plus de 50 ans n'a pas d'intĂ©rĂȘt dĂ©montrĂ© sur la prĂ©vention des fractures[101].

Un traitement par vitamine D et calcium serait utile sans faire de dosage en cas de fracture ostĂ©oporotiques des personnes ĂągĂ©es de plus de 65 ans. Une surveillance de la calcĂ©mie permettrait de surveiller l'absence de surdosage[49].

Effets sur le cancer

Plusieurs arguments, indirects, font penser que la vitamine D participe Ă  la prĂ©vention des cancers[102]. D'une part, on observe nettement moins de cancers colorectaux dans les pays du Sud que du Nord (pour l'hĂ©misphĂšre Nord), et ce, sur tous les continents. D'autre part, l'administration de vitamine D3, ou de cholĂ©calcifĂ©rols modifiĂ©s, inhibe la cancĂ©rogenĂšse colorectale induite chez des rongeurs (plusieurs Ă©tudes rapportĂ©es[103]). Plusieurs Ă©tudes observationnelles[104] semblent indiquer une baisse significative de certains cancers, dont ceux du sein (risque 50 % plus faible avec un taux de 130 nmol/l (52 ng/ml), obtenu avec une supplĂ©mentation de 4 000 UI par jour, qu'avec un taux infĂ©rieur Ă  32 nmol/l (13 ng/ml))[21]. Une supplĂ©mentation de 400 UI par jour n'a pas montrĂ© de protection contre le cancer colorectal. En revanche, elle a dĂ©montrĂ© une corrĂ©lation inverse significative entre le risque de cancer colorectal et le taux de 25-hydroxyvitamine D (le risque Ă©tant le plus faible avec un taux supĂ©rieur ou Ă©gal Ă  58 nmol/l (23 ng/ml))[105]. D'autres Ă©tudes de moindre ampleur indiquent une rĂ©duction de prĂšs de 60 % de la survenue de cancers tout-venant chez des femmes mĂ©nopausĂ©es[106] mais qui n'est pas retrouvĂ©e partout[107]. Cependant un taux Ă©levĂ© de 25-hydroxyvitamine D pourrait augmenter le risque de cancer du pancrĂ©as[108]. La supplĂ©mentation en vitamine D rĂ©duirait la mortalitĂ© par cancer d'approximativement 15 %[109].

Effets cardiovasculaires

Une supplémentation en cette vitamine diminuerait sensiblement le risque cardiovasculaire[110], mais serait par contre inefficace pour faire baisser la tension artérielle[111].

Dans un petit essai en double aveugle, randomisĂ© et contrĂŽlĂ© par placebo, la vitamine D3 associĂ©e au calcium (500 mg de calcium par jour plus 50 000 UI de vitamine D3 par semaine en une prise) a amĂ©liorĂ© la fraction d'Ă©jection ventriculaire gauche de 5 %, et le degrĂ© d'insuffisance cardiaque tel que dĂ©fini par la classification fonctionnelle de la New York Heart Association, chez les patients souffrant d'insuffisance cardiaque[112].

Cependant, une méta-analyse d'essais randomisés contrÎlés, publiée en 2022, conclut que la supplémentation en vitamine D n'est pas associée à une réduction du risque d'accidents cardiovasculaires[113].

Effets au cours de la grossesse

Une supplĂ©mentation en vitamine D des femmes enceintes prĂ©vient la bronchiolite par virus respiratoire syncytial (VRS) de leurs nourrissons : sur 5 millions de nourrissons contractant un VRS aux États-Unis, 1 million de cas seraient Ă©vitĂ©s si les mĂšres prenaient cette vitamine, qui peut aussi combattre l'Ă©puisement et le diabĂšte pendant la grossesse[114]. Les bĂ©bĂ©s ayant moins de vitamine D sanguine (taux corrĂ©lĂ© avec la prise de supplĂ©ments chez la mĂšre pendant la grossesse), risquent six fois plus de contracter une bronchiolite Ă  VRS que ceux qui en ont le plus[115].

La supplémentation vitaminique réduit le risque de petit poids à la naissance[116].

Effets sur la dépression

Selon une revue systĂ©matique et une mĂ©ta-analyse d'essais randomisĂ©s contrĂŽlĂ©s, la supplĂ©mentation en vitamine D semble ĂȘtre efficace uniquement chez les personnes atteintes de troubles dĂ©pressifs majeurs et chez celles prĂ©sentant des symptĂŽmes dĂ©pressifs antĂ©nataux/postnatals[9].

Effets sur le diabĂšte de type 2

Une méta-analyse de huit études a montré que la supplémentation en vitamine D réduit significativement le risque de diabÚte de type 2 chez les patients prédiabétiques non obÚses[117]. Une autre méta-analyse de 37 articles a révélé que la supplémentation en vitamine D améliorait significativement le contrÎle glycémique (modÚle d'évaluation homéostatique de la résistance à l'insuline [HOMA-IR]), l'hémoglobine A1C (HbA1C) et le taux de glucose à jeun (FBG) chez les personnes atteintes de diabÚte de type 2[118]. Une revue générale de 2022 a montré que la supplémentation chez les personnes diabétiques semble améliorer modérément les niveaux de protéine C réactive, de TNF-α et de malondialdéhyde[119].

Maladies infectieuses

La vitamine D tend Ă  activer le systĂšme immunitaire innĂ© et Ă  affaiblir le systĂšme immunitaire adaptatif[120]. Une carence est associĂ©e Ă  un risque accru d'infections virales, dont les infections par VIH et la grippe[121] - [122] - [123]. De faibles niveaux semblent ĂȘtre un facteur de risque pour la tuberculose[124], la vitamine D Ă©tait d'ailleurs utilisĂ©e comme traitement dans le passĂ©[125].

On soupçonne de longue date que les enfants rachitiques ont une susceptibilitĂ© marquĂ©e aux infections respiratoires[126] ; une Ă©tude de 2010 Ă©tablit un lien entre le taux de 25(OH)D et le risque de dĂ©velopper une infection virale respiratoire en pĂ©riode hivernale[127]. Peu d'Ă©tudes laissent penser que la supplĂ©mentation protĂšge de maladies infectieuses, sauf pour certaines infections des voies respiratoires supĂ©rieures : ainsi en 2017, une mĂ©ta-analyse basĂ©e sur 11 321 participants dans 25 essais contrĂŽlĂ©s randomisĂ©s a conclu Ă  une protection contre les infections aiguĂ«s des voies respiratoires, et que les sujets dĂ©ficients, prĂ©sentant de faibles concentrations sĂ©riques (< 25 nmol/L) de 25-hydroxyvitamine D (marqueur du statut en vitamine D), en tirent les meilleurs bĂ©nĂ©fices[128].

COVID-19

Un effet prĂ©sumĂ©ment favorable de la vitamine D vis-Ă -vis de la Covid-19 a Ă©tĂ© proposĂ© dĂšs par la docteure Emmanuelle Faucon[129] - [130]. Selon le Dr Jean-Marc Sabatier, la vitamine D agirait comme un rĂ©gulateur nĂ©gatif (c'est-Ă -dire un frein) du systĂšme rĂ©nine-angiotensine (SRA) qui serait suractivĂ© par l'excĂšs d'angiotensine-2 en prĂ©sence du coronavirus SRAS-CoV-2 se fixant sur le rĂ©cepteur ECA2 (enzyme de conversion de l'angiotensine-2 appartenant au SRA et qui normalement dĂ©grade l'angiotensine-2). Cette suractivation du SRA (qui rĂ©gule – entre autres – les fonctions rĂ©nales, pulmonaires et cardio-vasculaires, ainsi que le microbiote intestinal et l'immunitĂ© innĂ©e) serait directement responsable des diverses pathologies liĂ©es Ă  la COVID-19[129]. Selon Fiona Mitchell et al. (2020), « un nombre croissant de preuves circonstanciĂ©es Ă©tablit dĂ©sormais un lien spĂ©cifique entre les rĂ©sultats du COVID-19 et le statut en vitamine D »[89] - [131].

  • La pandĂ©mie s'est d'abord propagĂ©e dans les zones de moyenne latitude nord oĂč la tempĂ©rature moyenne Ă©tait de 5 Ă  11 °C et une faible humiditĂ©. Aucun lien de cause Ă  effet n'est Ă  ce jour explicite, mais des chercheurs de l'universitĂ© de Cambridge () attirent l'attention sur le fait que la carence en vitamine D (« qui a Ă©galement Ă©tĂ© dĂ©crite comme une pandĂ©mie ») sĂ©vit sous certaines latitudes (en particulier en Europe), Ă  tous les Ăąges et pour toutes les origines ethniques : ainsi, 40 % des EuropĂ©ens manquent de vitamine D (taux de 25 (OH) D <50 nmol/L) et 13 % sont en carence grave (25 (OH) D <30 nmol/L). Une relation quadratique a Ă©tĂ© mise en Ă©vidence entre les niveaux de vitamine D et le degrĂ© de pĂ©nĂ©tration de la COVID-19, selon la latitude[132]. Dans la population gĂ©nĂ©rale, les pays oĂč l'on manque le plus de vitamine D sont situĂ©s dans les rĂ©gions subtropicales (Arabie saoudite 46 %, Qatar 46 %, Iran 33,4 %, Chili 26,4 %) et sous les latitudes moyennes (France 27,3 %, Portugal 21,2 % et Autriche 19,3 %). Les carences sont plus rares dans les rĂ©gions tropicales et aux latitudes Ă©levĂ©es (ex. : NorvĂšge, Finlande, SuĂšde, Danemark et Pays-Bas). La raretĂ© des carences sĂ©vĂšres dans les rĂ©gions proches des pĂŽles pourrait ĂȘtre due Ă  une meilleure conscience de l'importance de la vitamine D dans ces pays et Ă  la consommation de supplĂ©ments et d'aliments enrichis en vitamine D[132]. Selon eux, une sĂ©vĂšre carence en vitamine D pourrait aggraver le taux de mortalitĂ© de la COVID-19.
  • Les malades de la COVID-19 ont gĂ©nĂ©ralement un taux anormalement bas de vitamine D. Cela a Ă©tĂ© montrĂ© en Suisse par des dosages rĂ©trospectifs de 25-hydroxyvitamine D (25 (OH) D) dans le plasma d'une cohorte de patients suisses. Les patients testĂ©s positifs au virus SARS-CoV-2 en avaient (en valeur mĂ©diane) 11,1 ng/mL, soit deux fois moins que le dosage mĂ©dian (24,6 ng/mL) des patients testĂ©s nĂ©gatifs ; cette diffĂ©rence restait valable en stratifiant les patients selon l'Ăąge (> 70 ans)[133].
  • La vitamine D est connue pour interagir avec l'enzyme de conversion de l'angiotensine 2[89].
  • Elle semble favoriser une meilleure production de peptides antimicrobiens dans l'Ă©pithĂ©lium des voies respiratoires (immunitĂ© cellulaire renforcĂ©e).
  • Elle attĂ©nue la rĂ©ponse inflammatoire excessive (choc cytokinique) induite par le systĂšme immunitaire innĂ© face au SARS-CoV-2 (chez les malades atteint par la forme sĂ©vĂšre de la COVID-19, le systĂšme immunitaire innĂ© gĂ©nĂšre un flux trĂšs Ă©levĂ© de cytokines pro-inflammatoires en rĂ©ponse aux infections virales et bactĂ©riennes)[134]. La vitamine D semble freiner la production de cytokines Th1 pro-inflammatoires, tout comme le facteur de nĂ©crose tumorale α et l'interfĂ©ron Îł. L'administration de vitamine D rĂ©duit l'expression des cytokines pro-inflammatoires, tout en favorisant l'expression des cytokines anti-inflammatoires par les macrophages[135].
  • La vitamine D (parmi de nombreux autres facteurs) agit sur le systĂšme immunitaire adaptatif[136] - [137] - [89].

Ceci expliquerait des morbiditĂ© et mortalitĂ© plus Ă©levĂ©es en hiver et dans les pays nordiques, et que « les Noirs et les minoritĂ©s ethniques — qui sont plus susceptibles de souffrir d'une carence en vitamine D parce qu'ils ont la peau foncĂ©e — semblent ĂȘtre plus affectĂ©s que les Blancs par la COVID-19 » (par exemple, en Angleterre et au Pays de Galles les Noirs sont plus de quatre fois plus susceptibles de mourir du COVID-19 que les Blancs)[89]. L'Italie et l'Espagne, deux pays bien ensoleillĂ©s, semblent contredire cette thĂ©orie, mais la prĂ©valence de la carence en vitamine D y est « Ă©tonnamment courante »[89].

Sur ces bases, et sachant que les effets secondaires de cette vitamine sont rares, plusieurs Ă©quipes scientifiques ont suggĂ©rĂ© une supplĂ©mentation prophylactique en vitamine D et/ou l'enrichissement des aliments comme thĂ©rapie adjuvante dans le monde[132] - [89] - [133] - [138]. En effet, la supplĂ©mentation de 4 000 UI par jour pendant un mois a permis de diminuer de 77 % la probabilitĂ© d'ĂȘtre infectĂ©e chez des personnels de santĂ© d'hĂŽpitaux mexicains[139].

Maladies auto-immunes

La vitamine D peut atténuer ou prévenir différentes maladies expérimentales chez l'animal, en particulier dans le modÚle murin (syndrome de fatigue chronique, lupus, polyarthrite rhumatoïde, diabÚte de type 1
)[140].

De nombreuses études épidémiologiques montrent une association entre un déficit en vitamine D et une plus grande fréquence de certaines maladies auto-immunes : diabÚte de type 1, sclérose en plaques[7], polyarthrite rhumatoïde, sclérodermie
 Cependant, le lien de causalité reste encore non prouvé (nécessité d'autres études complémentaires)[140].

Les essais d'utilisation de vitamine D contre des maladies auto-immunes ont eu des résultats discordants, modestes ou encore discutés (sclérose en plaques, polyarthrite rhumatoïde, maladie de Crohn, diabÚte de type 1, lupus érythémateux)[141].

Ainsi, une supplĂ©mentation en vitamine D pourrait ĂȘtre associĂ©e Ă  une diminution du risque de polyarthrite rhumatoĂŻde[142] mais cette hypothĂšse a Ă©tĂ© infirmĂ©e[143]. L'insulino-rĂ©sistance (anomalie donnant un risque de diabĂšte) pourrait ĂȘtre amĂ©liorĂ©e chez les femmes [4], mais dans l'Ă©tude qui le dit, aucune femme n'avait de diabĂšte. La vitamine D interagit avec l'immunitĂ© et serait notamment bĂ©nĂ©fique dans le traitement de la maladie de Crohn[144] - [145].

À haute dose, la vitamine D limiterait l'activitĂ© des lymphocytes s'attaquant Ă  la gaine de myĂ©line de nerfs de patients souffrant de sclĂ©rose en plaques[146].

En 2017, il n'est pas encore possible de conclure sur la valeur d'une supplémentation en vitamine D pour le traitement des maladies auto-immunes ; les études en cours devraient aider à mieux comprendre cette question[141].

Autres effets

  • Douleur : une correction de la carence en vitamine D diminuerait la douleur de patients atteints de fibromyalgie[147].
  • Maladie d'Alzheimer : l'utilisation de la vitamine D contre cette maladie a Ă©tĂ© proposĂ©e[148] - [149].
  • TestostĂ©rone : la vitamine D augmenterait les taux de cette hormone chez des patients rĂ©putĂ©s sains mais carencĂ©s en vitamine D[150].
  • Dermatite atopique : sa sĂ©vĂ©ritĂ© pourrait ĂȘtre attĂ©nuĂ©e par la vitamine D[151] - [152].
  • Fatigue perçue : diminution de celle-ci chez des personnes en bonne santĂ© dĂ©ficientes en vitamine D par l'administration d'une dose unique de 100 000 UI[153].

Effets indésirables

L'humain peut tolĂ©rer au moins 10 000 UI par jour, sans risque particulier selon une Ă©tude dont le premier auteur est affiliĂ© au Council for Responsible Nutrition (en), une organisation professionnelle de producteurs de supplĂ©ments alimentaires[154]. DĂ©passer l'apport nutritionnel de rĂ©fĂ©rence n'est pas rĂ©putĂ© associĂ© Ă  un risque particulier, mais la plupart des essais de doses plus Ă©levĂ©es de vitamine D ne visaient pas Ă  Ă©valuer d'Ă©ventuels inconvĂ©nients Ă  long terme[29]. La prise de supplĂ©ments de vitamine D3 jusqu'Ă  35 000 UI par semaine pendant le dernier trimestre de grossesse dans le cadre d'une Ă©tude menĂ©e en 2013 n'a pas entraĂźnĂ© de problĂšme de santĂ© pour les femmes enceintes ni pour leur fƓtus[155].

Intoxication

L'intoxication Ă  la vitamine D peut provoquer une hypercalcĂ©mie. Ce risque est Ă©tabli en cas de traitement par une dose de vitamine D de 40 000 UI par jour pendant plusieurs mois consĂ©cutifs. Des taux Ă©levĂ©s de 25-(OH)-vitamine D peuvent ĂȘtre observĂ©s lorsqu'on consomme plus de 10 000 UI par jour pendant 3 mois ou plus, ou plus de 300 000 UI sur une pĂ©riode de 24 heures. Il n'est pas souhaitable de dĂ©passer 150 ng/mL[156]. Selon le Groupe de recherche et d’information sur les ostĂ©oporoses, des taux de 25-(OH)-vitamine D de l’ordre de 100 Ă  150 ng/mL sont associĂ©s Ă  un risque faible d’hypercalcĂ©mie[157]. Un taux de 250 ng/mL est attribuĂ© Ă  un risque Ă©levĂ© d’hypercalcĂ©mie.

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