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Thon

Les thons sont des poissons ocĂ©aniques de la famille des scombridĂ©s : thon rouge, thon blanc — ou germon —, thon jaune — ou albacore —, thon patudo et thon rose ou listao. Ces trois derniers sont des thons tropicaux.

Thon
Nom vulgaire ou nom vernaculaire ambigu :
l'appellation « Thon » s'applique en français à plusieurs taxons distincts.
Description de cette image, également commentée ci-aprÚs

Taxons concernés

* Famille concernée :

Le thon est trĂšs largement disponible mais le risque de surpĂȘche est grand. La capture mondiale de thonidĂ©s est de l'ordre de 4,5 millions de tonnes par an[1].

Zoologie

EspĂšces

Cette famille de nageurs vĂ©loces (avec des records de 80 km/h) et de mangeurs voraces (chaque jour jusqu'Ă  30 % de leur poids en petits poissons ou crustacĂ©s) compte une douzaine d'espĂšces. Les voici par ordre dĂ©croissant de quantitĂ©s pĂȘchĂ©es :

  • la bonite Ă  ventre rayĂ©e ou listan ou listao (Katsuwonus pelamis) est un thonidĂ© tropical. C'est l'espĂšce de thon la plus pĂȘchĂ©e avec 2,8 millions de tonnes en 2006 (60 % des pĂȘches de thon)[2].
  • le thon jaune ou albacore (Thunnus albacares) est un thon tropical. Il a Ă©tĂ© observĂ© en plongĂ©e Ă  des profondeurs supĂ©rieures Ă  1 000 m au large des Seychelles et reprĂ©sente 24 % des pĂȘches.
  • le thon obĂšse ou patudo : Thunnus obesus (10 % des pĂȘches)[1].
  • le thon blanc ou germon : Thunnus alalunga' est plus petit que le thon rouge et vit avec ce dernier. Il est pĂȘchĂ© en surface.
  • les trois espĂšces de thons rouges, les plus gros, qui peuvent atteindre jusqu'Ă  500 kilogrammes.
    • Le thon rouge du Nord ou thon rouge de l'Atlantique : Thunnus thynnus, prĂ©sent dans l'Atlantique et la MĂ©diterranĂ©e et autrefois en mer du Nord peut vivre 40 ans et dĂ©passer les 200 kg.
    • Le thon rouge du Sud : Thunnus maccoyii.
    • Le thon rouge du Pacifique : Thunnus orientalis.

Description

Les thons, par leur grande taille, leur hydrodynamisme et leur bonne vision, sont des nageurs trĂšs rapides. Bien qu'ils soient poĂŻkilothermes, ce sont les seuls poissons, avec certains grands requins, qui possĂšdent un systĂšme d'Ă©changeurs de chaleur leur permettant de conserver au chaud leurs muscles et leurs viscĂšres. Ce systĂšme, que l'on nomme rete mirabile, ou rĂ©seau admirable, est basĂ© sur le contact entre des capillaires veineux, dont le sang est rĂ©chauffĂ© par l'activitĂ© musculaire, et des capillaires artĂ©riels, dont le sang froid provenant des branchies se rĂ©chauffe au contact des capillaires veineux. Toutefois, ce systĂšme n'est pas aussi Ă©laborĂ© chez toutes les espĂšces de thons et n'est pas aussi dĂ©veloppĂ© chez les jeunes que chez les adultes. Ce sont les grands thons rouges (pouvant dĂ©passer 4 mĂštres et atteindre 700 kg) qui sont capables de frĂ©quenter les eaux les plus froides, ils sont d'ailleurs pĂȘchĂ©s jusqu'en Islande. À l'inverse de la plupart des espĂšces de poisson qui ont la chair blanche, celle des thons est souvent rose, du fait de leur importante vascularisation.

Le thon est un infatigable migrateur, ce qui permet de le repĂ©rer lors des campagnes de pĂȘche. Les bancs ou mattes rassemblent plusieurs milliers d'individus poursuivant des bancs de sardines, d'anchois, de sprats, de maquereaux, et mĂ©duses[3] dont ils se nourrissent.

Un aliment

Le thon se conserve trĂšs bien en boĂźte de conserve.

Le thon est une source de protĂ©ines, de phosphore, de sĂ©lĂ©nium, de vitamines A et D, et du groupe B. Il est pauvre en cholestĂ©rol, et le thon rouge se dĂ©marque du thon blanc par sa teneur Ă©levĂ©e en acides gras omĂ©ga-3 dont l'acide eĂŻcosapentaĂ©noĂŻque (EPA) et l'acide docosahexanoĂŻque (DHA)[4]. Sa consommation a des effets favorables sur la santĂ© cardiovasculaire et rĂ©duirait la mortalitĂ© par maladie cardiovasculaire, mais en raison de sa position de prĂ©dateur, et parce qu'il contient beaucoup de lipides, le thon rouge a tendance Ă  accumuler des polluants tels que les organochlorĂ©s ou dans la chair le mercure, mĂ©tal trĂšs toxique, notamment sous forme de mĂ©thylmercure. Des analyses faites au dĂ©but des annĂ©es 1970 sur des spĂ©cimens anciens de thons (et d'espadons) Ă©chantillonnĂ©s dans les musĂ©es laissent penser que ce phĂ©nomĂšne n'est pas uniquement dĂ» aux pollutions rĂ©centes[5] - [6]. Enfin, en cas de mauvaises manipulations et/ou de rupture de la chaine du froid le thon (comme les autres poissons scombroĂŻdes, c'est-Ă -dire de cette famille) compte parmi les sources les plus courantes d'intoxication Ă  l'histamine dite dans ce cas scombrotoxisme[7]. Il est en France surveillĂ© dans le cadre du "Plan de surveillance de l'histamine dans les produits de la pĂȘche" (ainsi en 2006, sur 375 prĂ©lĂšvements, 10 non-conformitĂ©s ont Ă©tĂ© mises en Ă©vidence par la DGAL[7]).

Pour des raisons de conservation, le thon est souvent commercialisé en conserve. Au Japon, le thon est consommé cru sous forme de sushi ou de sashimi, des formes de préparation qui tendent à se populariser en Occident ; la partie ventrale, ou thon gras, étant la plus appréciée. De nombreux pays du Pacifique, des cÎtes africaines et de la Méditerranée pouvant le consommer frais, de nombreuses recettes existent, y compris crue ou en marinade de citron (voir notamment poisson cru à la tahitienne).

Économie : pĂȘche et Ă©levage

La madrague

La pĂȘche du thon en Sicile
eau-forte de Jean-Pierre Houël, 1782.

La madrague (Almadraba en espagnol) est une technique de pĂȘche au thon rouge traditionnelle en MĂ©diterranĂ©e. Elle consiste Ă  piĂ©ger des bancs de poissons au cours de leurs migrations le long des cĂŽtes. Des filets de grandes dimensions, appelĂ©s thonaires ou thonnaires ou thonares (tonnara en italien), sont disposĂ©s de maniĂšre Ă  former un piĂšge et Ă  diriger les thons vers la « chambre de mort ». Les filets sont ancrĂ©s au fond et retenus en surface par des flotteurs. Lorsque des poissons sont pris, des bateaux viennent se placer tout autour de la chambre de mort, puis les filets sont relevĂ©s progressivement de maniĂšre Ă  resserrer les thons sur quelques mĂštres carrĂ©s et la mise Ă  mort (matanza en italien) intervient. Cette pĂȘche artisanale, mais qui nĂ©cessite des moyens et de l'organisation, se pratique au printemps et en Ă©tĂ©, notamment au large des cĂŽtes de Sicile et de Tunisie. Son importance s'est tellement rĂ©duite qu'il ne reste plus qu'une poignĂ©e de madragues en Sicile alors qu'il y en avait plus de 250 dans les annĂ©es 1960. Cette mĂ©thode archaĂŻque et peu rentable survit grĂące aux prix Ă©levĂ©s consentis par les acheteurs japonais. Les Japonais consomment 15 % du poisson mondial, mais 90 % du thon rouge.

Il existe deux sortes de madrague : la madrague rentrante et la madrague sortante.

  • La madrague rentrante (1 355 tonnes en 1992) piĂšge les thons en mai et juin, Ă  l'entrĂ©e du dĂ©troit de Gibraltar, au moment oĂč ces poissons gagnent la MĂ©diterranĂ©e pour frayer. On en dĂ©nombre quatre espagnoles (1 271 tonnes) et trois marocaines (84 tonnes).
  • La madrague sortante (770 tonnes en 1992) se pratique sur les cĂŽtes mĂ©diterranĂ©ennes et Ă  l'est de Gibraltar, quand les thons regagnent l'ocĂ©an. Cinq pays sont concernĂ©s : Italie, Tunisie, Maroc, Libye et Espagne. Les madragues font l'objet de critiques : on leur reproche de capturer les femelles au moment oĂč elles vont frayer.

Les appĂąts vivants (pĂȘche Ă  la canne)

PĂȘche Ă  la canne de thons obĂšses.

Cette pĂȘche, crĂ©Ă©e au Portugal en 1926, a Ă©tĂ© ensuite dĂ©veloppĂ©e en Californie avant de se dĂ©velopper en Europe dans les annĂ©es 1950, notamment au Pays basque. Cette technique de pĂȘche consiste Ă  capturer et Ă  conserver vivants de petits poissons tels que des sardines ou des anchois, que l'on utilisera comme appĂąts aprĂšs avoir repĂ©rĂ© un banc de thons. Les thons sont ainsi pĂȘchĂ©s Ă  la canne.

Le but est d'attirer le thon le plus prĂšs du bateau et de l'y maintenir en lançant des sardines ou des anchois vivants. Les pĂȘcheurs mĂȘlent Ă  leurs appĂąts des hameçons sans ardillon au bout de lignes. Les canneurs peuvent alors ferrer leur proie. Des jets d'eau aspergent la surface de l'eau simulant le frĂ©tillement des sardines et dissimulant les pĂȘcheurs. Les thons excitĂ©s deviennent plus faciles Ă  attraper. La pĂȘche Ă  la canne tend Ă  disparaĂźtre en France, mais reste pratiquĂ©e en Afrique ou dans les pays du Pacifique qui disposent de grandes ressources en appĂąts vivants.

Les filets dérivants

La pĂȘche aux thonidĂ©s Ă  l'aide de filets dĂ©rivants (ou filets maillants) a Ă©tĂ© interdite par l'Union europĂ©enne Ă  compter du 1er janvier 2002. Il s'agit de filets flottants de trĂšs grande longueur (plusieurs kilomĂštres) dont les mailles ont Ă©tĂ© Ă©largies pour capturer les espĂšces de grande taille comme les thons. On leur reproche leur manque de sĂ©lectivitĂ© (ils prennent aussi bien les dauphins et les tortues marines) et leur trop grande efficacitĂ©, dangereuse pour le maintien des ressources. Dans un premier temps, l'Union europĂ©enne avait rĂ©glementĂ© leur longueur en fixant un maximum de 2,5 km, suivant en cela les recommandations de l'ONU. Cette mesure, d'ailleurs mal respectĂ©e, s'est avĂ©rĂ©e inefficace.

La senne

Trois thoniers-senneurs amarrés à Port-Vendres, en France.

C'est l'engin de pĂȘche utilisĂ© majoritairement sous les tropiques par les flottilles de thoniers-senneurs congĂ©lateurs. Ce sont de puissants navires de 50 Ă  120 mĂštres munis de moteurs de 4 000 ch. Ils filent 16 nƓuds et sont Ă©quipĂ©s pour dĂ©tecter les bancs de thons grĂące Ă  de l'Ă©lectronique (radar, sonar), des nids de pie et quelquefois des hĂ©licoptĂšres.

La senne utilisĂ©e est un filet gigantesque larguĂ© en arc de cercle autour du bateau. Elle peut recouvrir jusqu'Ă  21 hectares soit deux fois la superficie de la place de la Concorde. Seuls les quais de Dakar, Abidjan ou de Pointe Noire (en Afrique de l'ouest) sont assez vastes pour les dĂ©ployer en cas de grandes rĂ©parations. La campagne de pĂȘche peut durer jusqu'Ă  45 jours (des milliers de milles parcourus). Les bancs de thons sont souvent repĂ©rĂ©s par des hommes munis de puissantes jumelles dans leurs nids de pie (les hommes d'Ă©quipage repĂšrent les oiseaux qui se regroupent au-dessus des bancs, ou les thons qui sautent au-dessus de la surface. Les radars modernes arrivent Ă  dĂ©tecter les oiseaux Ă  trĂšs grande distance). Une fois repĂ©rĂ©, le thonier doit se placer Ă  moins de 10 m sur la droite du banc dans la mĂȘme direction et Ă  la mĂȘme vitesse. Au bon moment, le thonier largue son skiff, entraĂźnant la senne et tente de contourner le banc. L'encerclement et la capture durent en gĂ©nĂ©ral plus d'une heure. Le filet est maintenu Ă  l'eau et les poissons sont rĂ©cupĂ©rĂ©s Ă  l'aide d'une grande Ă©puisette que l'on appelle la salabarde, elle est manƓuvrĂ©e par un palan. Les poissons sont alors immĂ©diatement plongĂ©s dans les cuves du bateau, remplies de saumure rĂ©frigĂ©rĂ©e. Un seul coup de senne peut permettre de capturer jusqu'Ă  200 tonnes de thons et la manƓuvre dure jusqu'Ă  15 heures.

Le skiff sert à la manƓuvre du filet.

Cette technique s'est dĂ©veloppĂ©e dans les annĂ©es 1950 sous l'impulsion de quelques pĂȘcheurs français. La saison du passage du thon dans les eaux cĂŽtiĂšres du golfe de Gascogne est courte et ne dure que 4 Ă  5 mois. C'est sur ce constat que trois canneurs basques ont dĂ©cidĂ© en 1955 d'aller vers le SĂ©nĂ©gal oĂč la sardine et l'albacore sont abondants en hiver. DĂšs 1956, ce sont 25 Ă©quipages qui mettent le cap au sud accompagnĂ©s d'un chalutier servant de congĂ©lateur. En 1961, le Curlinka utilise la premiĂšre senne et en 1963, le premier thonier-senneur Île des Faisans s'Ă©quipe Ă  l'arriĂšre d'un fort canot, le skiff, destinĂ© Ă  la manƓuvre du filet. C'est le dĂ©but de la pĂȘche industrielle du thon. Le marchĂ© europĂ©en en consommait en 1960 160 000 tonnes. Espagnols et Français en produisaient 110 000 tonnes, il y avait donc un marchĂ© de 50 000 tonnes Ă  conquĂ©rir. Ce fut la course aux investissements. Mais, trĂšs vite, le marchĂ© devient saturĂ© et le cours du thon s'Ă©croule. Les ressources s'Ă©puisant sur les cĂŽtes d'Afrique de l'ouest, la flotte française se redĂ©ploie en 1985 dans l'ocĂ©an Indien.

Les pĂȘcheurs traditionnels sachant de façon empirique que les thons se rassemblent sous des objets flottants (bois flottant, vieux cordages, mammifĂšres marins), cette observation a Ă©tĂ© appliquĂ©e Ă  la pĂȘche industrielle par les grands thoniers senneurs. Profitant de ce comportement agrĂ©gatif, encore mal expliquĂ©, ils laissent dĂ©river au grĂ© des courants, des radeaux flottants Ă©quipĂ©s de bouĂ©es (DCP). La senne (gigantesque filet) est alors dĂ©ployĂ©e de part et d’autre de l’embarcation, encerclant le banc de thons venu se rĂ©fugier sous le DCP. Au dĂ©but des annĂ©es 1990, constatant la prise excessive de juvĂ©niles dans ce mode de pĂȘche, les scientifiques, de l'Institut de recherche pour le dĂ©veloppement (IRD) notamment, ont Ă©tudiĂ© les relations entre les espĂšces de thons tropicaux et ce dispositif de pĂȘche et ont mis en question la possibilitĂ© de piĂšge Ă©cologique. En effet, l'Ă©tude de la pĂȘche au thon tropical[8] a rĂ©vĂ©lĂ© que les dispositifs de concentration de poissons (DCP) dĂ©rivants semblaient agir sur les thons de façon trĂšs attractive, les piĂ©geant puis de les entraĂźnant vers des zones Ă©cologiques peu favorables oĂč la nourriture serait moins abondante. L'IRD recommande donc la prudence dans la gestion de la pĂȘche industrielle car, selon l'organisme, malgrĂ© le faisceau de prĂ©somptions, les Ă©tudes ne permettent pas de certifier l'impact nĂ©gatif des DCP sur l’ensemble du cycle de vie des espĂšces suivies et donc s’ils constituent un vĂ©ritable piĂšge Ă©cologique. Au regard des effets biologiques observĂ©s, l'IRD conseille que les DCP dĂ©rivants ne soient pas dĂ©ployĂ©s prĂšs des cĂŽtes oĂč se concentrent les juvĂ©niles de thons pour Ă©viter d’entraĂźner les jeunes poissons — avenir du stock — hors des zones favorables.

La ligne

Vision d'artiste de la pĂȘche Ă  la traĂźne de thons.

Le thon peut ĂȘtre pĂ©chĂ© Ă  la ligne traĂźnante (pĂȘche Ă  la traĂźne). Cette technique a Ă©tĂ© trĂšs utilisĂ©e par les pĂȘcheurs bretons et du Pays basque qui savaient oĂč traĂźner leurs lignes grĂące Ă  plusieurs signes :

  • le bouillonnement de la surface dĂ» aux mouvements des thons lors de leurs chasses aux sardines ;
  • le claquement du sillage de thons dans les vagues ;
  • comme une tache d'huile, le banc de thons serrĂ©s en surface freine le clapot de la mer.

Le thon blanc est traqué de mai à septembre dans l'Atlantique. Les ligneurs parcourent le golfe de Gascogne et l'ouest de l'Irlande.

Les thonidĂ©s peuvent Ă©galement ĂȘtre pĂȘchĂ©s Ă  la canne, sur des bateaux de faible tonnage comme les bonitiers, lorsque le banc se nourrit en surface. Les hameçons sont alors dĂ©pourvus d'ardillon afin de permettre un dĂ©crochage automatique lorsque le poisson retombe sur le pont du navire de pĂȘche. Ce type de pĂȘche cĂŽtiĂšre journaliĂšre est frĂ©quemment pratiquĂ©e dans les zones insulaires tropicales.

Des navires de moyens Ă  gros tonnages pratiquent Ă©galement la pĂȘche Ă  la palangre pour capturer des thons qui sont congelĂ©s ou entreposĂ©s sur un lit de glace au cours de campagnes de pĂȘche de quelques jours Ă  plusieurs semaines. Ce type de pĂȘche est pratiquĂ© par exemple dans le Pacifique Sud[9].

Enjeu Ă©conomique et surpĂȘche

Captures en 2009.
Historique des captures.

Selon les tĂ©moignages anciens, les thons Ă©taient trĂšs abondants dans « la mer herbeuse » (Mer des sargasses) au point qu'on a imaginĂ© dans les annĂ©es 1870 d'aller y exploiter les algues (en les brĂ»lant sur place et en rapportant les cendres pour remplacer le goĂ©mon difficile Ă  collecter en Bretagne)[10] tout en y pĂȘchant le thon pour compenser l'effondrement dĂ©jĂ  constatĂ© des pĂȘcheries europĂ©ennes « Ne pourrait-on pas utiliser cette richesse maintenant que les pĂȘcheries tendent Ă  s'Ă©puiser ? Des bateaux viviers, semblables Ă  ceux confectionnĂ©s en AmĂ©rique, apporteraient dans les ports du poisson frais qui rencontrerait nombre d'acheteurs ».

Dans les annĂ©es 1800 en mer du Nord, en Ă©tĂ© et en automne, les pĂȘcheurs de hareng voyaient autour de leur bateau sur les lieux de pĂȘche les grands thons rouges (ou « scombres ») parfois en grand nombre, mais ils ignoraient comment les pĂȘcher sans danger[11]. Quelques pĂȘcheurs au dĂ©but des annĂ©es 1900 apprennent Ă  les appĂąter et Ă  les pĂȘcher. Dans les annĂ©es 1920, on sait mieux les capturer et on en dĂ©barque beaucoup dans certains ports de pĂȘche d'Europe du nord-ouest. Bien que trĂšs artisanale, cette pĂȘche a entrainĂ© un rapide dĂ©clin des grands thons de l'Atlantique (disparus en quelques dĂ©cennies de cette rĂ©gion marine), au point qu'on pourrait avoir (s'il ne restait quelques tĂ©moignages photographiques) l'impression qu'ils n'ont jamais existĂ©, ou qu'il s'agissait d'une pĂ©riode anormalement et localement riche en thons[11].

Il est certain que le thon rouge Ă©tait localement et saisonniĂšrement trĂšs abondant dans les annĂ©es 1920-1930, car on l'y pĂȘche alors en grande quantitĂ© ; À titre d'exemple, le chalutier Le Touquet, en a dĂ©barquĂ© au port de Boulogne-sur-Mer 12 thons rouges (Thunnus Thunnus L.) « pĂȘchĂ©s en quelques heures » ! Durant cette mĂȘme saison de pĂȘche (1932), rien qu'en , 400 gros thons de la mer du Nord ont Ă©tĂ© dĂ©barquĂ©s Ă  Boulogne et durant la saison de pĂȘche, ce sont environ un millier de thons rouges qui ont Ă©tĂ© dĂ©barquĂ©s, d'un poids moyen de 180 Ă  200 kg (valeur approchant 30 000 euros au cours du thon de 2010[12]). Pour la CPIEM, le Gall (chef du Laboratoire de la station de Boulogne-sur-Mer, et correspondant du Conseil permanent international pour l'exploration de la Mer) conclut[13] - [11] de ses Ă©tudes et enquĂȘtes auprĂšs des pĂȘcheurs que « le thon rouge a toujours pu faire partie de la faune normale de la mer du Nord en tant que visiteur annuel, de juillet Ă  octobre, quand les conditions hydrologiques : influx des eaux atlantiques dans ce domaine lui permettent cette extension de son habitat ». Il estime que les fluctuations observĂ©es chez les thons sont liĂ©s Ă  celles, naturelles des transgressions atlantiques[14], et que donc « le thon ne dĂ©sertera pas encore la mer du Nord »[11].

Ce sont aujourd’hui les industries de la congĂ©lation et de la conserverie qui rĂšglent l'exploitation de la plupart des espĂšces de thon (germon, albacore, etc.) exception faite du thon rouge qui est dans sa quasi-totalitĂ© vivant aprĂšs la pĂȘche. Plus que tout autre, le thon rouge a une grande valeur commerciale (jusqu'Ă  30 000 euros pour un thon de 200 kilos en 2010[12]) et intĂ©resse de nombreuses pĂȘcheries internationales. La pĂȘche au thon est une pratique trĂšs ancienne et n'Ă©tait qu'une pĂȘche d'appoint jusqu'aux annĂ©es 1950. Avec la mise au point d'outils plus performants[15], cette pĂȘche s'est modernisĂ©e : ces outils ont rendu plus efficace la recherche du poisson qui ne se basait avant que sur l'instinct du capitaine, ce qui a permis Ă©galement de minimiser les pĂȘches accessoires et sous taille.

Le thon rouge est victime de la surpĂȘche.

Le niveau actuel de pĂȘche du thon rouge est Ă©valuĂ© Ă  50 000 tonnes annuelles en Atlantique et MĂ©diterranĂ©e (pour un quota de 29 500 tonnes), alors que le taux de prises permettant le renouvellement est estimĂ© Ă  15 000[16], ce qui a dĂ©jĂ  contribuĂ© Ă  la disparition du thon rouge dans l'ouest de l'ocĂ©an Atlantique. Actuellement, le mĂȘme sort est promis au thon rouge de la MĂ©diterranĂ©e d'ici trois Ă  cinq ans si aucune mesure n'est prise contre la surpĂȘche[17].

Une Ă©tude de Greenpeace en 2010 rĂ©vĂšle que prĂšs d'un tiers des boĂźtes de thon en vente sont mal Ă©tiquetĂ©es ou contiennent un mĂ©lange d'espĂšces (thon listao, thon obĂšse et thon albacore, y compris des juvĂ©niles d'espĂšces en dĂ©clin) dans le mĂȘme contenant, pratique interdite dans l'Union europĂ©enne[1].

Le thon en voie de disparition ?

L'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) a relevĂ© que le thon rouge du Pacifique (Thunnus orientalis) Ă©tait une espĂšce vulnĂ©rable et menacĂ©e d'extinction[18]. En cause, la pĂȘche intensive au large des cĂŽtes de la mer Japon pour satisfaire l'appĂ©tit toujours grandissant des Japonais. Un plat qui Ă  lui seul accapare 62 % de la production thoniĂšre[19].

Élevage

Des thons dans un aquarium public.

L'Ă©levage de thon se dĂ©veloppe mĂȘme s'il s'agit en fait d'engraisser des poissons collectĂ©s lors des saisons de pĂȘche pour ensuite les vendre sur le marchĂ© japonais. Les thons sont capturĂ©s par des thoniers-senneurs puis ils sont installĂ©s dans des cages circulaires de 200 000 m3 et nourris avec des poissons fourrages (sardines, maquereaux). Les jeunes thons ont des performances d'engraissement importantes avec une croissance de kg par mois au cours de l'Ă©tĂ©. Ils sont maintenus dans des cages dont la densitĂ© est de 2 Ă  4 kg par mÂł. La Croatie et l'Australie sont les leaders de ce marchĂ©. La reproduction en captivitĂ© est maĂźtrisĂ©e en recherche, mais n'est pas appliquĂ©e Ă  grande Ă©chelle.

Autres acceptions

Dans un registre de langue familier, principalement en France, le terme « thon » qualifie également une personne laide.

Divers

Dans le calendrier républicain français, le 25e jour du mois de ventÎse, est officiellement dénommé jour du Thon.

Notes et références

  1. « Les boßtes de thon ne sont pas toujours celles que l'on croit », sur Le Monde, (consulté le ).
  2. « FAO »(Archive.org ‱ Wikiwix ‱ Archive.is ‱ Google ‱ Que faire ?) [PDF].
  3. (en)the-importance-of-jellyfish-in-the-oceans-food-chain .
  4. Détails sur le site Passeport Santé.
  5. (en)G. E. Miller, P. M. Grant, R. Kishore, F. J. Steinkruger, F. S. Rowland et V. P. Guinn, Mercury Concentrations in Museum Specimens of Tuna and Swordfish ; Science 10 March 1972: vol. 175 no 4026 p. 1121-1122 DOI 10.1126/science.175.4026.1121.
  6. (en)Résumé.
  7. Voir p. 17, in Bilan des plans de surveillance et de contrîle mis en Ɠuvre par la DGAL en 2006[PDF].
  8. La pĂȘche sous objets flottants dĂ©rivants, danger pour la survie des thons tropicaux.
  9. fiche IFREMER.
  10. Scan OCR du Journal géographique Le globe, organe de la société géographique de GenÚve pour ses mémoires et bulletins, 1877 (exemplaire de l'Université d'Ottawa).
  11. M. J. Le Gall, chef du Laboratoire de Boulogne-sur-Mer), Thon et germon / Le thon rouge (Thunnus Thunnus L.) en mer du Nord et dans l'atlantique nord-est , Archives d'Ifremer.
  12. Euronews, Les fermes des thons rouges, , consulté .
  13. J. Le gall. - Contribution à l'étude de la biologie du thon rouge (Thunnus Thunnus). Sur la présence de thons rouges en mer du Nord et dans l'Atlantique Nord-Est. Journal du Conseil permanent international pour l'exploration de la mer, vol. II, no 3, .
  14. Transgressions atlantiques : phĂ©nomĂšne selon Le Gall « confondu avec les marĂ©es profondes, provoquĂ© par les mĂȘmes causes d'ordre astronomique, en prĂ©sente les mĂȘmes rythmes, reconnus et Ă©tablis par les travaux de Petterson, S. Storrow, D'Arcy Thomson et Le Danois ».
  15. Un petit avion pouvait ainsi dĂ©tecter les bancs de thons visuellement, avant que cette utilisation soit interdite. Des satellites du type MĂ©tĂ©osat ou des sonars peuvent Ă©galement participer Ă  la pĂȘche ; ils peuvent entre autres, mesurer les tempĂ©ratures superficielles de l'eau et ainsi localiser les endroits oĂč l'on a le plus de chances de trouver des bancs.
  16. Le Monde du .
  17. (fr)Mais oĂč est donc passĂ© le thon rouge de MĂ©diterranĂ©e ?[PDF], document de Greenpeace.
  18. « L’appĂ©tit mondial pour les ressources pousse de nouvelles espĂšces vers l’extinction – La Liste rouge de l’UICN », sur https://www.iucn.org/fr/, (consultĂ© le ).
  19. Yagishita Yuta, « L'ĂŻle⇔üle d'Iki veut sauver le thon », Mensuel,‎ , p. 17 (ISSN 0026-9395).

Annexes

Articles connexes

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