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Espadon

Xiphias gladius

L'espadon (Xiphias gladius) est une espĂšce de poissons pĂ©lagiques des mers tropicales et tempĂ©rĂ©es, unique reprĂ©sentant de la famille des XiphiidĂ©s. Il peut dĂ©passer les m de long et peser plus de 100 kg. Il possĂšde un long « bec » (le rostre) plutĂŽt aplati qui reprĂ©sente le tiers de la longueur totale de l'animal. L'espadon se nourrit de calmars et de poissons. Sa vitesse de pointe est de l'ordre de 40 km/h[1].

Étymologie

Le terme « espadon » vient de l'italien spadone qui signifie « grande épée ». Il est nommé swordfish en anglais, Schwertfisch en allemand et pez espada en espagnol, soit littéralement « poisson-épée »[2].

Dans les pays francophones, l'espadon est aussi appelé « espadron » aux Seychelles et « poisson porte-épée » en Mauritanie[3].

Son nom binomial, Xiphias gladius, vient du grec ÎŸÎŻÏ†ÎżÏ‚ (xĂ­fos) et du latin gladius qui signifient tous deux « Ă©pĂ©e ».

Description

Anatomie

De forme allongĂ©e et cylindrique, l'espadon se reconnaĂźt aisĂ©ment par son trĂšs long rostre (« Ă©pĂ©e ») caractĂ©ristique, d'une longueur comparable Ă  celle du corps[4] - [5]. Cet attribut lui donne des airs de ressemblance avec les marlins (famille des IstiophoridĂ©s) bien que leur physiologie soit assez diffĂ©rente (le rostre est beaucoup plus court) et qu'ils n'appartiennent pas Ă  la mĂȘme famille[6].

Sa couleur varie d'un brun noir sur sa partie dorsale Ă  un brun plus clair sur sa partie ventrale[5]. Ses nageoires sont brunes ou brun noir[4].

Il peut mesurer jusqu'Ă  455 cm de longueur et atteindre les 537 kg[5]. Son espĂ©rance de vie est d'une dizaine d'annĂ©es en mer MĂ©diterranĂ©e mais peut aller jusqu'Ă  quinze ans.


Différence avec les marlins

L'espadon se distingue des IstiophoridĂ©s par son rostre aplati et non conique, l'absence de dents et d'Ă©cailles visibles chez l'adulte, des nageoires dorsales et anales distinctement sĂ©parĂ©es chez l'adulte, l'absence de nageoires pelviennes et la prĂ©sence d'une seule carĂšne latĂ©rale de chaque cĂŽtĂ© du pĂ©doncule caudal[5] - [4] - [7]. De plus, l’Ɠil de l'espadon est trĂšs grand, en conformitĂ© avec sa prĂ©dation essentiellement nocturne et sa tendance Ă  descendre plus bas que les marlins dans la colonne d'eau.

La peau des espadons diffÚre beaucoup de celle des marlins, qui chez l'adulte présente des protubérances en forme de V [écailles osseuses][8] - [9], alors que la peau de l'espadon adulte apparait lisse car ses écailles sont profondément encastrées dans le derme[7] - [10].

Physiologie

Bien qu'étant un animal ectotherme, l'espadon possÚde un organe spécial prÚs des yeux qui lui permet de réchauffer ses yeux et son cerveau de 10 à 15 °C par rapport à la température de l'eau. Ce réchauffement permettrait de grandement améliorer sa vision, et donc sa capacité de prédation[11]. Un tel mécanisme n'est recensé que sur quelques espÚces de poissons prédateurs tels le marlin, le thon et certains requins[12].

Comme souvent chez les grands pĂ©lagiques, l'espadon est prĂ©disposĂ© Ă  la nage rapide. Toutefois, contrairement aux ThonidĂ©s qui possĂšdent un fort pourcentage de muscles rouges propices Ă  une nage soutenue, l'espadon possĂšde un plus fort pourcentage de muscles blancs ce qui le rend plus apte Ă  des pointes de vitesse[13]. Cependant, la vitesse de pointe de l'espadon a Ă©tĂ© longtemps surestimĂ©e[14]. Une Ă©tude sur des grands poissons proches de l'espadon, comme le marlin, a montrĂ© qu'elle pouvait au plus ĂȘtre de l'ordre de 40 km/h[1], ce qui est trĂšs infĂ©rieur aux marlins. Par ailleurs, l'espadon ne pourrait dĂ©passer des vitesses de 50 km/h sans expĂ©rimenter de cavitation. Ainsi, il ne nagerait qu'exceptionnellement Ă  plus de 30 km/h[15].

Alimentation

L'espadon est un prédateur. Il se sert de sa vision développée, capable de s'adapter à un large spectre de luminosité, pour chasser ses proies aussi bien la nuit que le jour, et jusqu'à des profondeurs importantes[16]. Il se nourrit essentiellement de poissons, mais aussi de crustacés et de calmars[17].

Habitat et répartition

Répartition géographique de l'espadon.

L'espadon est un poisson pĂ©lagique, essentiellement ocĂ©anique, qui vit gĂ©nĂ©ralement entre 200 et 600 m de profondeur et dans des eaux Ă  la tempĂ©rature comprise entre 18 et 22 °C[4] (un peu moins en MĂ©diterranĂ©e).

On le retrouve dans les eaux tropicales et tempérées des océans du monde entier. Il est ainsi présent dans les océans Atlantique, Pacifique et Indien, ainsi que dans des mers comme la mer Méditerranée, la mer Noire et la mer de Marmara[18].

TrÚs mobile, l'espadon migre souvent vers des eaux plus chaudes en hiver et plus froides en été.

Parasites

Comme la plupart des poissons, l'espadon est l'hĂŽte de nombreux parasites, dont des cestodes, digĂšnes, monogĂšnes, nĂ©matodes et copĂ©podes. Treize taxa de parasites ont Ă©tĂ© identifiĂ©s dans les espadons de MĂ©diterranĂ©e[19]. Certains parasites, en particulier les larves d’Anisakis spp. identifiĂ©es par des marqueurs gĂ©nĂ©tiques, pourraient ĂȘtre utilisĂ©s comme « marqueurs biologiques » et soutenir l’existence d’un stock d’espadon de MĂ©diterranĂ©e[19].

L'espadon et l'Homme

PĂȘche

Volume en tonne d'espadons pĂȘchĂ©s dans le monde entre 1950 et 2009 selon la FAO.
Espadon grillé (poisson (aliment)).

L'espadon Ă©tait dĂ©jĂ  pĂȘchĂ© il y a plus de 3500 ans dans le dĂ©troit de Messine, entre le XVII° et le XVe siĂšcle avant notre Ăšre comme le tĂ©moigne la dĂ©couverte d'os d'espadon dans des villages datant de l'Ăąge du bronze[20].

L'espadon est l'un des poissons prĂ©fĂ©rĂ©s des pĂȘcheurs. La vitesse, la force, le poids et la silhouette cĂ©lĂšbre de l'espadon en ont fait l'une des cibles prĂ©fĂ©rĂ©es de la pĂȘche sportive, avec un matĂ©riel spĂ©cialisĂ©. Ce loisir, en expansion, contribue Ă  mettre en danger ce poisson et Ă  faire prolifĂ©rer certaines espĂšces dont il se nourrit habituellement.

Utilisation alimentaire

L'espadon est l'un des poissons les plus recherchés dans le monde pour sa chair[21]. Il est catégorisé dans les poissons semi-gras[22]. Il contient toutefois des doses souvent élevées de mercure et fait aussi (comme certains autres grands prédateurs pélagiques) partie des espÚces naturellement riches en histamine, susceptible de déclencher une forme d'intoxications alimentaires (scombrotoxisme) à la suite de la conversion de l'histidine en histamine (par l'action de décarboxylases microbiennes en cas de rupture de la chaine du froid)[23].

Protection

Depuis 1991, la Commission internationale pour la conservation des thonidĂ©s de l'Atlantique (CICTA) a multipliĂ© les recommandations et Ă©tabli des quotas de prises par pays, ainsi que des minima de taille et d'Ăąge. Mais ces poissons continuent Ă  ĂȘtre capturĂ©s jeunes, et l'Ă©tat des stocks s'en ressent.

Dans la culture

La confusion fréquente entre l'espadon et le marlin est trÚs ancienne. Déjà, la premiÚre édition française du Vieil Homme et la Mer parlait d'un espadon, alors qu'Hemingway, lui, parlait bien d'un énorme marlin.

Illustration d'un marlin voilier (Istiophorus platypterus) : les marlins sont plus gros que les espadons mais ont le rostre bien plus court, et vivent plutÎt prÚs de la surface. Il en existe 11 espÚces différentes.

Galerie

Références

  1. Morten B. S. Svendsen, Paolo Domenici, Stefano Marras et Jens Krause, « Maximum swimming speeds of sailfish and three other large marine predatory fish species based on muscle contraction time and stride length: a myth revisited », Biology Open, vol. 5, no 10,‎ , p. 1415–1419 (ISSN 2046-6390, PMID 27543056, PMCID PMC5087677, DOI 10.1242/bio.019919, lire en ligne, consultĂ© le ).
  2. ICCAT, 2006-2009, 191-193.
  3. Common names of Xiphias gladius, Fishbase, (page consultée le 22 mars 2013).
  4. Susie Gardieff, Swordfish, Florida Museum of Natural History, (page consultée le 21 mars 2013).
  5. ICCAT, 2006-2009, 193-194
  6. J. Pepperell, Fishes of the Open Ocean: A Natural History and Illustrated Guide, 2010, (ISBN 978-0-226-65539-0).
  7. Nakamura, 1985, p. 48.
  8. Nakamura I (1985) FAO species catalogue. Vol. 5. Billfishes of the world. An annotated and illustrated catalogue of marlins, sailfishes, spearfishes, and swordfishes known to date. FAO Fish Synop 5: 1–65.
  9. Sagong W, Kim C, Choi S, Jeon WP, Choi H (2008) Does the sailfish reduce the skin friction like the shark skin? Phys Fluids 20: 101510
  10. Govoni JJ, West MA, Zivotofsky D, Zivotofsky AZ, Bowser PR, et al. (2004) Ontogeny of squamation in swordfish, Xiphias gladius. Copeia 2004(2): 391–396
  11. K.A. Fritsches, R.W. Brill, E.J. Warrant, Warm Eyes Provide Superior Vision in Swordfishes, Current Biology, 15, 2005, 55−58.
  12. M. Hopkin, Swordfish heat their eyes for better vision, Nature, 10 janvier 2005, (page consultée le 21 mars 2013).
  13. ICCAT, 2006-2009, 199-200.
  14. (en) Colin Barras, « The one thing everyone knows about swordfish is wrong », sur www.bbc.com (consulté le )
  15. Stefano Marras, Takuji Noda, John F. Steffensen et Morten B. S. Svendsen, « Not So Fast: Swimming Behavior of Sailfish during Predator–Prey Interactions using High-Speed Video and Accelerometry », Integrative and Comparative Biology, vol. 55, no 4,‎ , p. 719–727 (ISSN 1540-7063 et 1557-7023, DOI 10.1093/icb/icv017, lire en ligne, consultĂ© le ).
  16. David Guyomard, François Poisson, Jean-Michel Stretta, L'espadon, espĂšce cible de la pĂȘche palangriĂšre rĂ©unionnaise, 73-76. Dans : Michel Petit, FrĂ©dĂ©ric Huynh, Halieutique et environnement ocĂ©anique : le cas de la pĂȘche palangriĂšre Ă  l'espadon depuis l'Ăźle de la RĂ©union, IRD Éditions, 2006.
  17. UICN, consulté lors d'une mise à jour du lien externe
  18. ICCAT, 2006-2009, 200-201.
  19. Mattiucci, S., Garcia, A., Cipriani, P., Santos, M. N., Nascetti, G. & Cimmaruta, R. 2014: Metazoan parasite infection in the swordfish, Xiphias gladius, from the Mediterranean Sea and comparison with Atlantic populations: implications for its stock characterization. Parasite, 21, 35. DOI 10.1051/parasite/2014036 PMID 25057787
  20. Marie-Paul Zierski et Philipp Röhlich, La grande encyclopédie des animaux, Terres éditions, , 320 p. (ISBN 978-2-35530-295-4), Espadon page 171
  21. Ellis 2013, p. 218.
  22. HĂ©lĂšne Roudaut, Évelyne Lefrancq, Alimentation thĂ©orique, Wolters Kluwer France, 2005, p. 134.
  23. voir p 17, in Bilan des plans de surveillance et de contrîle mis en Ɠuvre par la DGAL en 2006

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

Références taxinomiques

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