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Anisakis

Anisakis est un genre de nĂ©matodes parasites, qui au cours de leur vie passent par des poissons et des mammifĂšres marins. Ils peuvent infecter les ĂȘtres humains et provoquent l'anisakiase. La consommation de poisson cru infectĂ© par Anisakis spp. peut provoquer une rĂ©action allergique chez les personnes prĂ©alablement sensibilisĂ©es par un autre contact, dont l’organisme produit donc des immunoglobulines E (IgE) spĂ©cifiques, avec parfois (comme toute rĂ©action allergique) un choc anaphylactique .

Étymologie

Le genre Anisakis a été créé en 1845[1] par Félix Dujardin comme sous-genre du genre Ascaris Linné, 1758. Dujardin n'a pas explicitement détaillé l'étymologie, mais a écrit que le sous-genre comprend les espÚces dont les mùles ont des spicules inégaux (Dujardin[1], page 220); ainsi le nom Anisakis est basé sur anis- (préfixe grec pour différent) et akis (grec pour épine ou spicule). Deux espÚces ont été incluses dans le nouveau sous-genre, Ascaris (Anisakis) distans Rudolphi, 1809 et Ascaris (Anisakis) simplex Rudolphi, 1809.

Cycle biologique

Cycle biologique complexe du ver Anisakis.

Anisakis spp. a un cycle de vie complexe qui le fait passer par un certain nombre d’hĂŽtes au cours de sa vie. Les Ɠufs Ă©closent dans l'eau de mer et les larves sont mangĂ©es par des crustacĂ©s pĂ©lagiques, gĂ©nĂ©ralement des Euphausiidae qui constituent le premier hĂŽte intermĂ©diaire. Le crustacĂ© infectĂ© est mangĂ© Ă  son tour par un deuxiĂšme hĂŽte intermĂ©diaire, poisson ou cĂ©phalopode, tels le calmar ou la seiche. Le nĂ©matode creuse dans la paroi de l’intestin et s’enkyste Ă  l’intĂ©rieur d’une enveloppe protectrice, d'habitude sur la face extĂ©rieure des organes viscĂ©raux, mais de temps en temps dans le muscle ou sous la peau. Le cycle parasitaire s’achĂšve quand un poisson infectĂ© est mangĂ© par son hĂŽte dĂ©finitif qui est un mammifĂšre marin, soit un cĂ©tacĂ© comme une baleine ou un dauphin soit un pinnipĂšde comme le phoque, ou encore un oiseau de mer. Le nĂ©matode s’exkyste dans l'intestin (c'est-Ă -dire sort de son kyste), se nourrit, grandit, s’accouple, et les Ɠufs sortent dans l'eau de mer dans les fĂšces de l’hĂŽte. Comme le tube digestif d'un mammifĂšre marin est fonctionnellement trĂšs semblable Ă  celui d'un ĂȘtre humain, Anisakis spp. est capable d'infecter les personnes qui mangent le poisson cru ou insuffisamment cuit, provoquant l'anisakiase. GrĂące Ă  l'apparition des techniques gĂ©nĂ©tiques modernes dans l'identification et la classification scientifique des espĂšces au cours des vingt derniĂšres annĂ©es, le genre s’est rĂ©vĂ©lĂ© prĂ©senter une grande biodiversitĂ©[2]. On a dĂ©couvert que chaque espĂšce d'hĂŽte final abrite sa propre espĂšce d’Anisakis spp., biochimiquement et gĂ©nĂ©tiquement identifiable, Ă  reproduction endogame. Plusieurs espĂšces d’Anisakis morphologiquement semblables peuvent ainsi constituer un complexe d'espĂšces cryptiques. Cette dĂ©couverte a permis d’utiliser la proportion d'espĂšces cryptiques diffĂ©rentes dans un poisson comme indicateur de l'identitĂ© d’une population dans les stocks de poisson.

Morphologie

Une vue au microscope Ă©lectronique Ă  balayage des piĂšces buccales d’Anisakis

Les anisakidĂ©s partagent les particularitĂ©s communes Ă  tous les nĂ©matodes : plan du corps vermiforme, section transversale de forme arrondie et absence de segmentation. La cavitĂ© corporelle se rĂ©duit Ă  un pseudocoelome Ă©troit. La bouche est placĂ©e en avant et entourĂ©e de sortes de tentacules qui servent Ă  l’alimentation et aux sensations tactiles, l’anus est lĂ©gĂšrement excentrĂ© par rapport Ă  la partie arriĂšre. L’épiderme sĂ©crĂšte une cuticule qui protĂšge le corps des sucs digestifs.

Comme dans le cas de tous les parasites qui ont un cycle de vie complexe impliquant le passage dans plusieurs hĂŽtes, quelques dĂ©tails de la morphologie varient en fonction de l’hĂŽte et l’étape du cycle de vie. Dans le stade qui infecte le poisson, Anisakis prĂ©sente une forme enroulĂ©e caractĂ©ristique qui Ă©voque un ressort de montre. DĂ©roulĂ© il atteint environ cm. Dans l’hĂŽte final, il est plus long, plus Ă©pais et plus robuste, en fonction de l’environnement plus dangereux qu’il trouve dans le tube digestif d’un mammifĂšre.

Implications sanitaires

Deux risques induits par les anisakidés existent pour la santé humaine :

  1. l'infestation (parasitose dite anisakiase) aprÚs ingestion de poissons mal préparés ;
    Les signes cliniques varient selon le lieu oĂč les larves s'installent (elles sont infectante pour l'homme Ă  leur troisiĂšme stade [L3] de dĂ©veloppement), mais le symptĂŽme le plus courant est une inflammation gastrique. La pseudoterranovose est la maladie induite par des membres du genre Pseudoterranova. Ces deux genres d'anisakidĂ©s induisent des parasidoses de plus en plus souvent signalĂ©es chez l'Homme dans le monde[3], et on signale de plus en plus d'infections gastro-intestinales accompagnĂ©es de rĂ©actions allergiques causĂ©es par Anisakis simplex et Anisakis pegreffii.
  2. une éventuelle réaction allergique (anaphylaxie parfois) à des molécules libérées par les vers (morts ou vifs) dans la chair du poisson[4] - [5] - [6]. La Tropomyosine (une protéine commune, et présente dans la chair de l'ascaris et de l'anisakis) a été soupçonnée puis disculpée[7]. Cette allergie pourrait avoir été sous-estimée[8];
    L'Anisakis est le parasite qui en 2019 présente le plus grand nombre d'allergÚnes enregistrés auprÚs de l'IUIS (International Union of Immunological Societies)[3].

Beaucoup de patients sont asymptomatiques mais prĂ©sentent un taux Ă©levĂ©s d’IgE dirigĂ©es contre A. simplex. L'allergie Ă  l'Anisakis est souvent cachĂ©e par des rĂ©actions croisĂ©es avec d’autres allergĂšnes et le diagnostic est encore plus difficile chez l’enfant qui prĂ©sentent souvent des allergies croisĂ©es avec des allergĂšnes produits par d'autres parasites[6]. « Les tests cutanĂ©s positifs pour A. simplex correspondent habituellement aux patients ayant des tests positifs pour les autres allergĂšnes » ce qui complique le diagnostic. L’antigĂšne sĂ©crĂ©toire/excrĂ©toire est le plus spĂ©cifique pour identifier les patients parasitĂ©s[6]. Le poisson n'est peut ĂȘtre pas alors la seule source d'allergĂšne provenant de ce genre de parasite, car ces nĂ©matodes utilisent le zooplancton marin et diffĂ©rents crustacĂ©s comme hĂŽtes intermĂ©diaires ou paratĂ©niques.

Une veille sanitaire est organisée, avec par exemple en France des études[9] faites sur le poisson débarqué dans le port de Boulogne-sur-Mer (premier port français en termes de tonnage de poissons traité)

Pour Ă©viter tout risque, sont recommandĂ©es 20 min de cuisson Ă  plus de 60 °C, ou la congĂ©lation au-dessous de −20 °C durant 24 h ; tous les AnisakidĂ©s sont alors tuĂ©s[6].

Une enquĂȘte rĂ©trospective, rĂ©alisĂ©e au cours des annĂ©es 2010-2014 auprĂšs des laboratoires de parasitologie des hĂŽpitaux universitaires de France a montrĂ© que 37 cas d’anisakidose ont Ă©tĂ© rĂ©pertorĂ©s sur cette pĂ©riode : 7 cas certains avec prĂ©sence du ver, 12 cas possibles se caractĂ©risant par des douleurs abdominales aprĂšs consommation de poisson cru et la prĂ©sence de prĂ©cipitines anti-Anisakis et 18 cas allergiques dĂ©finis comme des manifestations aiguĂ«s aprĂšs consommation de poisson associĂ©es Ă  des IgE spĂ©cifiques anti-Anisakis. Par rapport aux enquĂȘtes prĂ©cĂ©dentes en France, cette Ă©tude a montrĂ© une diminution des cas cliniques d’anisakidose mais a mis en relief le potentiel allergique Ă©mergent des anisakidĂ©s[10].

Liste des espĂšces

Cette liste ne présente que les espÚces européennes.

  • Anisakis pegreffii Campana-Rouget & Biocca 1955
  • Anisakis physeteris Baylis 1923
  • Anisakis simplex (Rudolphi 1809) - Ver de hareng

Bibliographie

  1. (en) Akbar A, Ghosh H, « Anisakiasis—a neglected diagnosis in the West », Allergy, vol. 37, no 1,‎ , p. 7–9
  2. (en) Grabda, J., « Studies on the life cycle and morphogenesis of Anisakis simplex (Rudolphi, 1809)(Nematoda: Anisakidae) cultured in vitro », Acta Ichthyologica et Piscatoria, vol. 6, no 1,‎ , p. 119–131
  3. (en) Lorenzo S, Iglesias R, Leiro J, Ubeira FM, Ansotegui I, Garcia M, Fernandez de Corres L, « Usefulness of currently available methods for the diagnosis of Anisakis simplex allergy », Allergy, vol. 55,‎ , p. 627–33
  4. (en) Mattiucci S., Nascetti G., Tortini E., Ramadori L., Abaunza P. & Paggi L, « Composition and structure of metazoan parasitic communities of European hake (Merluccius merluccius) from Mediterranean and Atlantic waters: stock implications », Parassitologia, vol. 42, no S1,‎ , p. 176–186
  5. (en) Orecchia P, Paggi L, Mattiucci S, Smith JW, Nascetti G & Bullini L, « Electrophoretic identification of larvae and adults of Anisakis (Ascaridida:Anisakidae) », J Helminthol, vol. 60, no 4,‎ , p. 331–9
  6. (en) Pacios E, Arias-Diaz J, Zuloaga J, Gonzalez-Armengol J, Villarroel P, Balibrea JL, « Albendazole for the treatment of anisakiasis ileus », Clin Infect Dis, vol. 41,‎ , p. 1825–6

Liens externes

Notes et références

  1. Dujardin F. 1845. Histoire naturelle des helminthes ou vers intestinaux. xvi, 654+15 pp. (accĂšs libre)
  2. S. Mattiucci et G. Nascetti, « Molecular systematics, phylogeny and ecology of anisakid nematodes of the genus Anisakis Dujardin, 1845: an update », Parasite, vol. 13, no 2,‎ , p. 99–113 (ISSN 1252-607X, PMID 16800118, DOI 10.1051/parasite/2006132099, lire en ligne) (accĂšs libre)
  3. Aibinu, I. E., Smooker, P. M., & Lopata, A. L. (2019). [ Anisakis nematodes in fish and shellfish-from infection to allergies] . International Journal for Parasitology: Parasites and Wildlife |résumé.
  4. Choi, S. J., Lee, J. C., Kim, M. J., Hur, G. Y., Shin, S. Y., & Park, H. S. (2009) The clinical characteristics of Anisakis allergy in Korea. The Korean journal of internal medicine, 24(2), 160.
  5. Nieuwenhuizen, N., Lopata, A. L., Jeebhay, M. F., De'Broski, R. H., Robins, T. G., & Brombacher, F. (2006). Exposure to the fish parasite Anisakis causes allergic airway hyperreactivity and dermatitis. Journal of Allergy and Clinical Immunology, 117(5), 1098-1105.
  6. Valls, A., Pascual, C. Y., & Esteban, M. M. (2005). Anisakis allergy: an update. Revue française d'allergologie et d'immunologie clinique, 45(2), 108-113|résumé.
  7. Asturias, J. A., Eraso, E., Moneo, I., & Martinez, A. (2000) Is tropomyosin an allergen in Anisakis?. Allergy, 55(9), 898-898.
  8. de Pécoulas, P. E., Paugam, A., & Bourée, P. (2014). Anisakiose et allergie: une association morbide négligée?. Revue Francophone des Laboratoires, 2014(464), 89-95.
  9. Angot V (1992) Infestation de 7 poissons de consommation courante par des larves de nematodes anisakides : efficacité des méthodes de filetage; conséquences sanitaires et prophylactiques (ThÚse de Doctorat, Université de Rouen)
  10. HĂ©lĂšne Yera, Émilie FrĂ©alle, Emmanuel Dutoit et Jean Dupouy-Camet, « A national retrospective survey of anisakidosis in France (2010-2014): decreasing incidence, female predominance, and emerging allergic potential », Parasite, vol. 25,‎ , p. 23 (ISSN 1776-1042, PMID 29637891, DOI 10.1051/parasite/2018016, lire en ligne AccĂšs libre)
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