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Anisakiase

L'anisakiase ou anisakidose est une parasitose cosmopolite, observée surtout au Japon (aprÚs consommation de sushi et de sashimi), en Scandinavie (foies de cabillaud), aux Pays-Bas (harengs conservés ou Maatjes) et le long de la cÎte Pacifique de l'Amérique du Sud (ceviches).

Anisakiase
Description de cette image, également commentée ci-aprÚs
Anisakis simplex, un parasite cosmopolite responsable de l’anisakiase.
Classification et ressources externes
CIM-10 B81.0
CIM-9 127.1
DiseasesDB 32147
MeSH D017129

Wikipédia ne donne pas de conseils médicaux Mise en garde médicale

Anisakis est un genre de nĂ©matodes parasites, qui au cours de leur vie passent par des poissons et des mammifĂšres marins. Ils peuvent infecter les ĂȘtres humains et provoquent l'anisakiase. La consommation de poisson cru infectĂ© par Anisakis spp. peut provoquer une rĂ©action avec un choc anaphylactique chez les personnes sensibilisĂ©es dont l’organisme produit des immunoglobulines E (IgE) spĂ©cifiques.

Parasites en cause

Anisakis spp., familiÚrement appelé ver du hareng, ver de morue, ver de baleine ; Pseudoterranova spp., ver de phoque.

Ce sont des nĂ©matodes de l’ordre des Ascaridida, de la famille des anisakidĂ©s.

Le genre Anisakis comprend plusieurs espĂšces : A. pegreffii, A. physeteris, A. schupakovi, A. simplex, A. typica, A. ziphidarum.

Pseudoterranova decipiens est un complexe d'espĂšces.

Les anisakidés constituent un risque pour la santé humaine de deux façons :

  • par infestation aprĂšs ingestion de poissons mal prĂ©parĂ©s ;
  • par rĂ©action allergique aux produits chimiques exĂ©crĂ©s par les vers dans la chair du poisson.

Liste des espùces d’Anisakis

N.B. : cette liste ne présente que les espÚces européennes.

  • Anisakis pegreffii Campana-Rouget & Biocca, 1955
  • Anisakis physeteris Baylis, 1923
  • Anisakis simplex (Rudolphi, 1809) Dujardin, 1845 - Ver du hareng

Infestation

Larves d'Anisakidés dans la cavité corporéale d'un hareng (Clupea harengus).

L’anisakiase est la maladie due Ă  l'infestation par des vers Anisakis. On la rencontre frĂ©quemment dans les aires gĂ©ographiques oĂč le poisson est consommĂ© cru, peu cuit ou conservĂ© dans des prĂ©parations Ă  faible teneur en saumure ou acide acĂ©tique. Parmi les diffĂ©rentes prĂ©parations culinaires pouvant ĂȘtre Ă  l’origine de contaminations, citons les sushis (poisson cru), la boutargue (prĂ©paration Ă  base d’Ɠufs de poisson), les rollmops (harengs marinĂ©s dans du vin blanc ou du vinaigre), le hareng saur (poisson fumĂ©), le poisson Ă  la tahitienne ou le « ceviche » (poisson cuit dans du citron). Les aires de plus grande frĂ©quence sont la Scandinavie (consommation de foie de morue), le Japon (consommation de sushi et de sashimi), les Pays-Bas (consommation de harengs fermentĂ©s infectĂ©s Maatjes) et le long de la cĂŽte Pacifique de l'AmĂ©rique du Sud (consommation de ceviche). La cuisson Ă  60 °C, ou la congĂ©lation au-dessous de −20 °C durant 24 h sont des mĂ©thodes efficaces pour tuer les AnisakidĂ©s[1].

Chez l'humain, les larves vivantes d'anisakidĂ©s meurent en quelques jours aprĂšs l’ingestion et n’évoluent jamais en adultes (impasse parasitaire).

Dans les heures qui suivent l'ingestion de larves contagieuses peuvent survenir des nausĂ©es, des vomissements et des douleurs abdominales violentes. Occasionnellement des larves peuvent ĂȘtre expulsĂ©es dans les crachats.

Cependant, aprĂšs un repas contaminant (l’ingestion d’une seule larve suffit Ă  provoquer la maladie), les larves peuvent se fixer sur la paroi du tube digestif et tenter de s'y enfoncer, dĂ©terminant plusieurs syndromes, dont les principaux sont :

  • manifestations pseudo-ulcĂ©reuses, en cas de fixation Ă  la paroi gastrique ou duodĂ©nale ; elles surviennent quelques heures aprĂšs l'ingestion, et peuvent s'accompagner de troubles rĂ©flexes du transit (dilatation aigĂŒe de l'estomac) ;
  • occlusion : la fixation indolore d'une larve dans l'ilĂ©on va entraĂźner la constitution en quelques semaines d'un granulome Ă©osinophile dont les dimensions peuvent ĂȘtre telles qu’il peut provoquer un ilĂ©us. La nĂ©crose de cette formation peut aussi conduire Ă  des abcĂšs septiques ou provoquer des symptĂŽmes Ă©voquant la maladie de Crohn.

Le diagnostic peut ĂȘtre fait par une fibroscopie gastrique qui permet de visualiser et d’extirper des larves de 2 centimĂštres, ou par l'examen anatomopathologique du tissu prĂ©levĂ© par une biopsie ou au cours d’une intervention chirurgicale. L'examen anatomopathologique de piĂšces opĂ©ratoires (granulome Ă  Ă©osinophiles) ne peut toutefois fournir qu'une orientation diagnostique, les parasites Ă©tant souvent dilacĂ©rĂ©s et vus en section sur les coupes.

On pense que les humains courent davantage de risque de contracter l'anisakiase en consommant des poissons sauvages que des poissons Ă©levĂ©s dans des fermes aquacoles, parce que le procĂ©dĂ© de broyage utilisĂ© pour la fabrication des granulĂ©s servant de nourriture aux poissons d’élevage tue les parasites. Une Ă©tude faite en 2003 par la FAO de l’ONU n'a trouvĂ© aucun parasite chez les saumons d’élevage, contrairement aux saumons sauvages parmi lesquels les parasites ont Ă©tĂ© frĂ©quemment retrouvĂ©s.

Le nombre de cas confirmĂ©s par la dĂ©couverte de larves est de plus de 2 500 par an au Japon, pays industrialisĂ© le plus touchĂ©. Aux États-Unis, l'incidence serait de 10 cas par an. En Europe, les pays oĂč l'anisakiase est communĂ©ment rapportĂ©e sont l'Espagne, la NorvĂšge, les Pays-Bas et le Royaume-Uni. L'incidence exacte est difficile Ă  connaĂźtre, mais semble ĂȘtre de moins de 20 cas par pays et par an. En France, un rapport de l'InVS estimait en 1990 l'incidence Ă  8 cas par an.

Beaucoup de pays recommandent que tous les types de poissons prĂ©sentant un risque Ă  ĂȘtre consommĂ©s crus soient congelĂ©s pour tuer les parasites.

RĂ©actions allergiques

MĂȘme lorsque le poisson est bien cuit, Anisakis demeure un risque pour la santĂ© humaine. Les anisakidĂ©s et les espĂšces proches comme le ver de phoque ou ver de baleine (Pseudoterranova spp.) et le ver de morue (Hysterothylacium aduncum) libĂšrent des substances biochimiques, dont la principale est la paramyosine, dans les tissus qui les entourent lorsqu’ils infectent un poisson. Il arrive aussi qu’on consomme accidentellement ces produits, Ă  l'intĂ©rieur d'un filet de poisson.

Les personnes sensibilisĂ©es aux nĂ©matodes peuvent, aprĂšs avoir mangĂ© du poisson infectĂ© par Anisakis spp., prĂ©senter des manifestations allergiques allant de l’urticaire aux rĂ©actions anaphylactiques sĂ©vĂšres, souvent confondues avec l’allergie au poisson ou aux coquillages, du fait que les composants allergĂ©niques des anisakidĂ©s sont difficiles Ă  tester et qu'il se produit souvent, lors des tests, des rĂ©actions positives avec d’autres allergĂšnes ; des rĂ©actions croisĂ©es avec les autres parasitoses Ă  NĂ©matodes sont frĂ©quemment observĂ©es.

Le diagnostic immunologique utilise le plus souvent des extraits larvaires d’Anisakis spp. La sensibilisation aux allergĂšnes des anisakidĂ©s se traduit Ă©galement par la prĂ©sence d'IgE spĂ©cifiques. L'identification de l'anisakiase allergique et de la sensibilisation aux allergĂšnes des Anisakis constitue un problĂšme qui peut concerner une fraction importante de la population dans les pays oĂč la consommation de poisson est importante (jusqu'Ă  14 % de prĂ©valence dans certaines rĂ©gions d'Espagne).

Traitement

Pour le ver, les humains sont une impasse parasitaire. Les larves d’Anisakis et de Pseudoterranova ne peuvent pas survivre chez l'humain et finissent par mourir. Le traitement est donc dans la grande majoritĂ© des cas purement symptomatique. La seule indication pour un traitement est une occlusion intestinale par les larves d’Anisakis, qui peuvent exiger une intervention chirurgicale d’urgence, bien qu'il y ait des observations de cas oĂč le traitement par l’albendazole est parvenu Ă  Ă©viter la chirurgie (Pacios et al., 2005). Les benzimidazoles (albendazole[2], flubendazole, mĂ©bendazole) et l'ivermectine sont actifs sur les larves fixĂ©es Ă  la paroi du tube digestif.

Prévalence

Les larves d’Anisakis sont des parasites rĂ©pandus chez les poissons de mer (selon les espĂšces et les lieux de capture, de 15 Ă  100 % des poissons de mer seraient parasitĂ©s) et anadromes (poissons qui vivent en mer mais se reproduisent en riviĂšre, comme le saumon, les anguilles, et les Ă©perlans), et elles peuvent Ă©galement ĂȘtre retrouvĂ©es chez les cĂ©phalopodes, par exemple le calmar et la seiche (le taux d’infestation serait moindre, de l’ordre de 20 Ă  35 %). En revanche, ils sont absents chez les poissons vivant dans des eaux Ă  basse salinitĂ©, Ă  cause des exigences physiologiques des Euphausiidae, qui sont indispensables pour qu’elles accomplissent leur cycle parasitaire. Les Anisakis sont Ă©galement rares dans les zones oĂč les cĂ©tacĂ©s sont peu rĂ©pandus, comme la partie mĂ©ridionale de la mer du Nord (Grabda, 1976). En France, diffĂ©rentes enquĂȘtes sur les poissons commerciaux les plus souvent consommĂ©s ont permis de retrouver des taux d’infestation de l’ordre de 80 % pour les anchois, 30 % pour les maquereaux, 70 % pour les merlans, 90 % pour les merlus et 60 % pour les chinchards.

Prévention

PĂȘche

Certaines conditions de pĂȘche peuvent favoriser la contamination : lorsque le poisson est conservĂ© Ă  tempĂ©rature ambiante, ou mal rĂ©frigĂ©rĂ©, les intestins se nĂ©crosent en 6 Ă  8 heures, et les larves qui y sont Ă©ventuellement prĂ©sentes migrent en direction des tissus avoisinants.

Industrie agroalimentaire

La prophylaxie collective de l'anisakiase est basée sur les principes définis dans le rÚglement CE/853/2004 du Parlement européen et du Conseil du :

  • rĂ©frigĂ©ration rapide ou traitement (dĂ©coupe puis congĂ©lation) des produits de la pĂȘche sur les navires ;
  • maintien de la chaĂźne du froid, inspection visuelle sur place et au laboratoire des produits livrĂ©s Ă  la consommation, et congĂ©lation prĂ©alable des produits pour les restaurants servant du poisson cru.

Selon les normes amĂ©ricaines, les larves d'anisakidĂ©s sont dĂ©truites par congĂ©lation express Ă  −35 °C, maintenue pendant au moins 15 heures, ou par congĂ©lation classique Ă  −20 °C pendant au moins 7 jours. Selon le rĂšglement CE/ 853/2004, 24 heures Ă  −20 °C seraient suffisants.

Quelle que soit la norme, ces procédures n'inactivent pas les allergÚnes.

  • Le chauffage Ă  plus de 55 °C tue les larves en moins d'une minute, et dĂ©nature probablement certains allergĂšnes (paramyosine).
  • Une pression de 200 MPa pendant 10 min Ă  une tempĂ©rature comprise entre 0 et 15 °C tue les larves.

Compte tenu de l'aptitude des larves à la survie dans les solutions salines ou acides (vinaigre et citron), les techniques d'assainissement des denrées alimentaires devraient utiliser des concentrations de conservateur telles que le produit fini serait non conforme du point de vue organoleptique et de la salubrité.

ContrĂŽle sanitaire des aliments

Dans les produits de la pĂȘche, pour dĂ©tecter les larves, la mĂ©thode de rĂ©fĂ©rence est l'examen de piĂšces, filets par exemple, par transillumination. La transparence des vers du genre Anisakis rend leur repĂ©rage difficile, en particulier si la chair du poisson est foncĂ©e ou si le morceau est Ă©pais. Ce n’est pas le cas pour le genre Pseudoterranova dont les larves ont une coloration plutĂŽt foncĂ©e, rougeĂątre.

Prévention individuelle

En général les larves sont présentes dans la cavité abdominale des poissons, enroulées en spirale, entourées par une capsule. Elles sont libres, ou plus souvent plaquées à la surface du mésentÚre et plus rarement dans le tissu musculaire. Elles ont de fortes capacités de survie aux températures négatives, dans les solutions salines et dans le vinaigre.

  • La prophylaxie individuelle du parasitisme par les larves d'anisakidĂ©s repose sur la cuisson Ă  cƓur du poisson de mer frais.
  • Pour les amateurs de poisson cru, il est conseillĂ© la congĂ©lation pendant 7 jours dans un congĂ©lateur domestique. Une Ă©viscĂ©ration rapide du poisson aprĂšs l’achat est conseillĂ©e. La dĂ©coupe en tranches fines (carpaccio) plutĂŽt qu'en tranches Ă©paisses ou en cubes permet de dĂ©tecter un Ă©ventuel parasitisme mais il faut prĂ©ciser que la partie antĂ©rieure d’une larve d’Anisakis simplex coupĂ©e en 2 morceaux reste capable de pĂ©nĂ©trer la paroi du tube digestif.
  • Pour les individus souffrant d'allergie aux antigĂšnes anisakiens, l'Ă©viction alimentaire est la seule solution.

RĂšglementation

RÚglement (CE) no 853/2004 du Parlement européen et du Conseil du (chapitres III et V).

Notes et références

  1. GwenaĂ«l Vourc'h et al., Les zoonoses : Ces maladies qui nous lient aux animaux, Éditions QuĂŠ, coll. « EnjeuxScience », (ISBN 978-2-7592-3270-3, lire en ligne), Qui nous transmet quoi et comment ?, « Les aliments : transmission par ingestion », p. 54, accĂšs libre.
  2. (en) Pacios E, Arias-Diaz J, Zuloaga J, Gonzalez-Armengol J, Villarroel P, Balibrea JL, « Albendazole for the treatment of anisakiasis ileus », Clin Infect Dis, vol. 41,‎ , p. 1825–6
  1. (en) Akbar A., Ghosh H., « Anisakiasis—a neglected diagnosis in the West », Allergy, vol. 37, no 1,‎ , p. 7–9
  2. (en) Grabda, J., « Studies on the life cycle and morphogenesis of Anisakis simplex (Rudolphi, 1809)(Nematoda: Anisakidae) cultured in vitro », Acta Ichthyologica et Piscatoria, vol. 6, no 1,‎ , p. 119–131
  3. (en) Lorenzo S, Iglesias R, Leiro J, Ubeira FM, Ansotegui I, Garcia M, Fernandez de Corres L, « Usefulness of currently available methods for the diagnosis of Anisakis simplex allergy », Allergy, vol. 55,‎ , p. 627–33
  4. (en) Mattiucci S., Nascetti G., Tortini E., Ramadori L., Abaunza P. & Paggi L, « Composition and structure of metazoan parasitic communities of European hake (Merluccius merluccius) from Mediterranean and Atlantic waters: stock implications », Parassitologia, vol. 42, no S1,‎ , p. 176–186
  5. (en) Orecchia P, Paggi L, Mattiucci S, Smith JW, Nascetti G & Bullini L, « Electrophoretic identification of larvae and adults of Anisakis (Ascaridida:Anisakidae) », J Helminthol, vol. 60, no 4,‎ , p. 331–9

Liens externes

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