Total autorisé de capture
Dans le domaine des pĂȘches maritimes, pour le droit europĂ©en et le droit français, un « total autorisĂ© de capture » ou TAC est (sur un stock dĂ©terminĂ© d'une espĂšce halieutique) la « quantitĂ© en poids de capture que l'on dĂ©cide de ne pas dĂ©passer, au vu de l'analyse biologique de l'Ă©tat actuel du stock, afin d'assurer la pĂ©rennitĂ© de son exploitation ». Ce quota fixĂ© par l'Organisation des pĂȘches de l'Atlantique nord-ouest est le principal moyen de limiter la surpĂȘche et ses impacts sociaux, Ă©conomiques et environnementaux.
L'Union europĂ©enne Ă©tablit annuellement des possibilitĂ©s de pĂȘche (quotas de pĂȘche + effort de pĂȘche admissible, cet effort Ă©tant dĂ©fini par un rĂšglement de 2002 comme « la capacitĂ© de pĂȘche (mesurĂ©e en fonction de la taille des navires, en tonnage ou en puissance motrice ») multipliĂ©e par l'activitĂ© (nombre de jours passĂ©s en mer) pour les pĂȘcheurs europĂ©ens et des eaux communautaires.
Il ne faut pas le confondre avec le « total autorisĂ© d'effort de pĂȘche » ou TAE qui est le « contingentement de l'effort de pĂȘche global dans une unitĂ© de gestion de la ressource ».
Les modes d'établissement et de surveillance des quotas sont discutés dans le cadre de la réforme de la PCP[1].
Cette proposition repose sur les avis scientifiques du comitĂ© scientifique, technique et Ă©conomique de la pĂȘche (CSTEP), un groupe de scientifiques indĂ©pendants mis en place pour donner Ă la Commission des conseils sur tous les aspects de la politique de la pĂȘche. Mais la proposition de la Commission intĂšgre Ă©galement la contribution importante des parties prenantes, notamment des Conseils consultatifs rĂ©gionaux (CCR), ce qui permet Ă la Commission de tenir compte de l'expĂ©rience des pĂȘcheurs, qui sont le plus directement concernĂ©s.
Mise en place
Les TAC et quotas sont dĂ©cidĂ©s par les Ătats membres au Conseil, sur la base d'une proposition de la Commission europĂ©enne.
Ceci se fait sur des bases scientifiques (avec l'aide du CIEM ou Conseil international pour l'exploration de la mer) pour permettre une pĂȘche durable Ă©vitant l'Ă©puisement des ressources halieutiques.
Ils sont rĂ©partis entre les pays de l'Union EuropĂ©enne sous la forme de quotas nationaux. Lorsqu'un quota applicable Ă une espĂšce est Ă©puisĂ©, le pays se voit dans l'obligation de fermer la pĂȘcherie concernĂ©e[2].
Histoire
Cette mesure de protection est apparue pour apporter une solution aux problĂšmes de surexploitation de stocks de poissons qui Ă la fin dĂ» au XIXe siĂšcle menaçait l'activitĂ© de pĂȘche dans plusieurs secteurs, des techniques de pĂȘche de plus en plus efficaces aggravant encore ce phĂ©nomĂšne.
En 1845, le Juge J. PerrĂšve (ancien procureur du roi qui s'est intĂ©ressĂ© Ă la rĂ©gulation de la chasse et de la pĂȘche par la lĂ©gislation) Ă©crivait « La loi des Chinois, qui ne permet de tuer une bĂȘte que lorsqu'elle est parvenue Ă la grosseur ordinaire de son espĂšce, est tout Ă fait conforme aux intĂ©rĂȘts de la reproduction du gibier et au droit naturel. On doit en dire autant de celle qui, en France, dĂ©fend la pĂȘche avec des filets dont les mailles seraient trop Ă©troites pour laisser Ă©chapper les petits poissons »[3].
Pour faire face Ă l'Ă©puisement des ressources, les flottes de pĂȘche industrielle se sont tournĂ©es vers des poissons moins connus ou apprĂ©ciĂ©s du public, quitte Ă les transformer avant leur mise sur le marchĂ© (surimi), mais mĂȘme les stocks poissons des grands fonds ont montrĂ© des signes d'Ă©puisement.
Prenant conscience du phĂ©nomĂšne de surpĂȘche Ă partir des annĂ©es 1970, de nombreux pays dĂ©veloppĂ©s ont mis progressivement en place une rĂ©glementation visant Ă limiter les volumes pĂȘchĂ©s (politique de quotas) et amĂ©liorer la sĂ©lectivitĂ© des instruments de pĂȘche en s'appuyant sur des analyses scientifiques de l'Ă©tat des stocks et du renouvellement des populations de poisson. Les poissons de grands fonds font partie de ceux qui rĂ©gressent le plus vite. Le et pour 2 ans, le Conseil de l'Europe a dĂ©cidĂ© de rĂ©duire ses quotas de pĂȘche ou TAC (Total autorisĂ© de capture)[4] pour les grands fonds. Les TAC pour le requins des profondeurs ont Ă©tĂ© rĂ©duites de 50 % et seront nulles en 2010. La pĂȘche du poisson empereur pourrait ĂȘtre interdite en 2010 aussi et les quotas devraient pour le grenadier ĂȘtre rĂ©duits de 15 % en 2009 et de 5 % en 2010. Sur certaines zones un observateur devra ĂȘtre Ă bord lors de la pĂȘche Ă la lingue bleue qui fera aussi l'objet d'une rĂ©duction de quotas[5].
Le , la Commission européenne a proposé une révision des TAC[6] - [7]pour 2012 en Atlantique et mer du Nord. Selon cette proposition, 9 stocks halieutiques devraient voir leur TAC augmenter en 2012, tandis que les TAC de 53 autres stocks seraient réduits.
« Les modifications proposĂ©es reprĂ©senteraient une rĂ©duction globale des TAC (en poids) de 11 % par rapport Ă l'annĂ©e 2011 »[7]. Cette rĂ©vision des TAC entre dans le cadre de la stratĂ©gie europĂ©enne pour la pĂȘche, qui affiche un objectif de rĂ©alisation du RMD (Rendement maximal durable) en 2015.
Types de TACs
On distingue :
- TAC de précaution (precautionary TAC pour les anglo-saxons) : Il s'agit du « Total autorisé de capture établi en l'absence de données suffisantes pour un diagnostic précis de l'état d'un stock, de façon à ne pas hypothéquer l'avenir de l'exploitation de ce stock ou à éviter les déclarations erronées ».
- TAC pluriannuel (multiannual TAC pour les anglo-saxons) : Il s'agit du « total autorisé de capture défini pour une période dépassant l'année civile ».
- TAC plurispécifique (multispecies TAC) : Il s'agit du « Total autorisé de capture global combinant les TAC d'espÚces capturables ensemble ».
Mesures complémentaires
Les TACs sont accompagnés de diverses mesures de d'auto-contrÎle et de contrÎle (dont parfois observateurs à bord), et de normes de taille minimale de capture (« Taille des individus d'une espÚce ou d'un groupe d'espÚces, en dessous de laquelle sont interdits le stockage à bord, le transbordement, le transport, le débarquement et la commercialisation »)[8].
Prospective
Le Livre vert sur la rĂ©forme de la politique commune de la pĂȘche (PCP)() visait notamment Ă prĂ©parer la gestion de la pĂȘche aprĂšs 2013. La Commission europĂ©enne y reconnaĂźt l'Ă©chec de la PCP des annĂ©es 1990 et 2000 et invite (via une consultation publique[9]) tous les acteurs concernĂ©s Ă prĂ©senter leurs analyses et propositions.
Deux tendances semblent Ă©merger concernant les quotas individuels :
- quotas individuels transfĂ©rables visant selon la commission Ă responsabiliser les professionnels, et Ă la surcapacitĂ© de pĂȘche en Europe via la loi du marchĂ©. C'est un projet par exemple soutenu par la ministre danoise, Eva Kjer Hansen qui propose aussi d'abandonner les quotas basĂ©s sur les volumes dĂ©barquĂ©s pour des quotas basĂ©s sur les captures rĂ©elles (ce qui implique des dispositifs de contrĂŽle plus efficaces, mais ce systĂšme expĂ©rimentĂ© au Danemark depuis 2007 a permis de rĂ©duire les rejets et de mieux responsabiliser les pĂȘcheurs, qui ont adaptĂ© leurs capacitĂ©s de pĂȘche Ă cette nouvelle approche. Mme Kjer Hansen a proposĂ© dans un premier temps d'Ă©tendre ce systĂšme Ă toute la Baltique.
- quotas individualisés et mutualisés, non-transférables par vente(1), que propose Michel Barnier.
Pour gĂ©rer son systĂšme des quotas, la France souhaite conserver une gestion publique, compatible avec les rĂ©formes envisagĂ©es (par le Livre vert) de dĂ©centralisation, chaque Ătat-membre pouvant choisir le systĂšme lui convenant le mieux.
Notes et références
- Site consacré à la réforme de la PCB ((en))
- (en) « TAC et quotas », sur PĂȘche - Commission europĂ©enne, (consultĂ© le )
- J. PerrĂšve (1845), TraitĂ© des dĂ©lits et des peines de chasse dans les forĂȘts de l'Ătat, les propriĂ©tĂ©s de la liste civile, des communes, des Ă©tablissements publics et des particuliers, chez P. A. Manceron, 1845, 464 p.
- vocabulaire normalisĂ© officiel du domaine de la pĂȘche en France
- Journal Le marin, 31 octobre 2008, p. 4.
- Proposition de RĂšglement du Conseil Ă©tablissant, pour 2012, les possibilitĂ©s de pĂȘche des navires de l'Union pour certains stocks ou groupes de stocks halieutiques ne faisant pas l'objet de nĂ©gociations ou d'accords internationaux
- Commission EuropĂ©enne â CommuniquĂ© de presse. PĂȘche: la Commission propose les possibilitĂ©s de pĂȘche applicables pour l'annĂ©e 2012 aux stocks halieutiques de l'UE dans l'Atlantique et la mer du Nord
- DĂ©finition adoptĂ©e et publiĂ©e au Journal officiel de la RĂ©publique française En savoir plus sur le vocabulaire et les dĂ©finitions officielles des pĂȘche maritimes en France (Journal Officiel du 30 novembre 2001)
- La Commission a ouvert en avril 2009 une vaste consultation sur l'avenir de la politique commune de la pĂȘche europĂ©enne. Elle sera close le 31 dĂ©cembre 2009. Une synthĂšse des contributions sera faite par la Commission dĂ©but 2010, avant prĂ©sentation d'un projet de rĂšglement au Parlement et au Conseil dĂ©but 2011, qui pourrait ĂȘtre appliquĂ© avant le 1er janvier 2013
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
- Ifremer (Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer)
- FAO, dĂ©partement des pĂȘches
- Situation mondiale des pĂȘches et de lâaquaculture rĂ©sumĂ© de GreenFacts du rapport scientifique de la FAO
- Direction gĂ©nĂ©rale de la pĂȘche et des affaires maritimes
- ComitĂ© National des PĂȘches Maritimes et des Ălevages Marins (CNPMEM)
- Centre National d'Interprétation des Captures de Salmonidés migrateurs (CNICS - ONEMA)