Vitamine A
La vitamine A est une vitamine liposoluble.
Dans l'organisme, elle existe sous forme de rétinol, de rétinal, d'acide rétinoïque (trétinoïne) et de phosphate de rétinyle. Ces molécules sont altérées par l'oxygÚne de l'air, altérations accélérées par la lumiÚre et la chaleur.
Les aliments d'origine animale (viandes, produits laitiers et surtout foie) contiennent du rĂ©tinol et des esters de rĂ©tinol alors que les vĂ©gĂ©taux contiennent essentiellement des carotĂšnes qui sont des prĂ©curseurs du rĂ©tinol. Une molĂ©cule de bĂȘta-carotĂšne, par hydrolyse de la liaison 15-15âČ sous l'influence d'un carotĂ©noĂŻde mono-oxygĂ©nase (ÎČ-carotĂšne 15,15âČ mono-oxygĂ©nase), donne deux molĂ©cules de vitamine A. Par contre, les deux autres carotĂšnes (alpha et gamma) ne donnent naissance qu'Ă une seule molĂ©cule de vitamine A.
Les besoins quotidiens en vitamine A pour un adulte sont estimés à 2 400 UI (femme, femme enceinte exceptée) ou à 3 400 UI (homme) soit de 0,7 à 1 mg environ.
Une unitĂ© internationale de vitamine A correspond Ă 0,3 ÎŒg de rĂ©tinol. Le rĂ©tinol est considĂ©rĂ© comme l'unitĂ© de base, le rĂ©tinol-Ă©quivalent, ce qui permet de comparer l'activitĂ© vitaminique des diffĂ©rents dĂ©rivĂ©s de la vitamine A.
La vitamine A est impliquĂ©e dans la croissance des os et la synthĂšse de pigments de l'Ćil. Le rĂ©tinol est parfois utilisĂ© dans le traitement des acnĂ©s sĂ©vĂšres.
La vitamine A et la vision
Un sĂ©vĂšre dĂ©ficit en vitamine A peut provoquer une cĂ©citĂ© ; il se manifeste par une peau pĂąle et sĂšche. Si elle est prolongĂ©e, la carence en vitamine A peut ĂȘtre mortelle, tout comme une surdose : le foie de certains animaux, comme celui de l'ours polaire, peut contenir une dose de vitamine A potentiellement toxique pour un ĂȘtre humain.
La vitamine A est une vitamine importante pour la vision. GrĂące Ă ses diffĂ©rentes formes (rĂ©tinol/rĂ©tinal all-trans/9-cis/11-cis ; correspondantes Ă une isomĂ©rie de la chaĂźne isoprĂ©nique) aussi appelĂ©s vitamĂšres, elle intervient pour former une photopile dans les cellules nerveuses de l'Ćil : les bĂątonnets. Avec l'opsine, le rĂ©tinal 11-cis forme la rhodopsine oĂč l'atome d'oxygĂšne est remplacĂ© par un azote protonĂ© liĂ© au reste de la protĂ©ine. Les doubles liaisons forment un systĂšme conjuguĂ© qui absorbe un photon pour se dĂ©plier, devenant tous-trans. Le proton liĂ© Ă l'azote au bout du systĂšme conjuguĂ© est alors transportĂ© Ă travers la protĂ©ine et dĂ©clenche l'influx nerveux. La protĂ©ine devient la mĂ©tarhodopsine II qui se dissocie en opsine et en rĂ©tinal all-trans. AprĂšs action d'une enzyme appelĂ©e dĂ©shydrogĂ©nase, le rĂ©tinal all trans est transformĂ© en rĂ©tinol all trans, subit l'action d'une isomĂ©rase et enfin d'une seconde dĂ©shydrogĂ©nase, pour redonner du rĂ©tinal 11-cis et boucler ainsi le cycle visuel.
On trouve de grandes quantitĂ©s de vitamine A dans le lait, les Ćufs et le foie. La provitamine A se retrouve dans les carottes, les abricots, les kakis ou les Ă©pinards.
La vitamine A et la peau
Consommer des aliments riches en vitamine A, comme le foie, la carotte, le melon, l'abricot, la pĂȘche jaune ou la mangue, permettrait[1] - [2] d'obtenir un teint hĂąlĂ© (brun) tout en favorisant l'hydratation de la peau. Elle stimulerait la production de mĂ©lanine qui est le pigment responsable de la couleur de la peau.
Teneur en vitamine A des aliments
Le tableau ci-dessous donne une simplification (certains aliments et modes de prĂ©paration/cuisson sont omis) du classement des aliments riches en rĂ©tinol et bĂȘta-carotĂšnes fournit par l'Anses[3] - [4]
Provitamine A (BĂȘta-carotĂšne) | Vitamine A (RĂ©tinol) | ||
---|---|---|---|
Aliment | Teneur moyenne (mg/100 g) | Aliment | Teneur moyenne (mg/100 g) |
Kombu ou kombu japonais, séchée ou déshydratée | 393 | Huile de foie de morue | 30 |
Wakamé, séchée ou déshydratée | 104 | Foie d'oie, cru | 20,4 |
Carotte, déshydratée | 34 | Foie de volaille, cuit | 18,7 |
Dulse, séchée ou déshydratée | 15,7 | Foie de veau, cru | 13,8 |
Carotte, surgelée, crue | 12,8 | Foie de canard, cru | 12 |
Fucus vésiculeux, séché ou déshydraté | 12,4 | Foie de dinde, cuit | 10,8 |
Patate douce, cuite | 10,5 | Foie de porc, cru | 10,3 |
Ăpinard, surgelĂ©, cuit | 7,24 | Foie de poulet, cru | 8,49 |
Poivron rouge, sautĂ©/poĂȘlĂ© sans matiĂšre grasse | 7,12 | Foie de gĂ©nisse, cuit | 7,73 |
Potiron, appertisé, égoutté | 6,94 | Foie gras (canard), cuit | 5,4 |
Haricot de mer, séchée ou déshydratée | 6,62 | Foie de morue, cru | 5,1 |
Chou frisé, cru | 5,93 | Foie de lapin, cru | 4,53 |
pissenlit, cru | 5,85 | Terrine de canard | 4,35 |
Macédoine de légumes, appertisée, égouttée | 5,67 | Pùté de lapin | 4 |
Potimarron, pulpe, bouilli/cuit Ă l'eau | 5,31 | Anguille, crue | 1,28 |
Laitue romaine, crue | 5,23 | Anguille, crue | 1,28 |
Persil, frais | 5,05 | Jaune d'oeuf, en poudre | 0,904 |
Marjolaine, séchée | 4,81 | Beurre à 80% MG, salé | 0,887 |
Il est important de noter que selon l'Anses, 6 mg de bĂȘta-carotĂšne ont la mĂȘme activitĂ© que 1 mg de rĂ©tinol et que classiquement, il est conseillĂ© qu'environ 60% de l'apport soit sous forme de carotĂ©noĂŻdes[5] (donc les deux colonnes ne sont pas facilement comparables).
MĂ©tabolisme de la vitamine A
Absorption
L'absorption se fait par l'intestin et nécessite la présence de graisses et de sels biliaires.
La thyroxine la favorise.
Stockage
Le stockage s'effectue presque uniquement dans les cellules stellaires (anciennement cellules de Ito) du foie, beaucoup plus accessoirement dans les capsules surrénales, les testicules, les ovaires et les reins.
Taux sanguin
La rétinolémie est normalement comprise entre 100 et 120 U.I. par litre dans le sérum. En réalité, ce taux peut subir des élévations passagÚres, en rapport avec les ingestions alimentaires.
Au-dessous de 70 U.I., on peut admettre une carence. Cependant, le taux sanguin n'est pas un reflet fidÚle du taux viscéral, hépatique en particulier. La protéine transporteuse est le RBP4 ((en) retinol binding protein 4).
Excrétion
LâexcrĂ©tion est nulle chez l'individu sain, elle peut apparaĂźtre dans l'urine au cours de certaines maladies (pneumonie, nĂ©phrite, diabĂšte, anĂ©mie), toujours avec albuminurie.
MĂ©tabolisme des carotĂšnes
L'hydrolyse des carotÚnes avec production de rétinol se ferait classiquement sous l'influence d'une enzyme d'origine hépatique, la caroténase. En fait la transformation des carotÚnes a avant tout un siÚge intestinal et le rÎle du foie, en tout cas secondaire, n'est pas établi.
Carence en vitamine A
Besoins quotidiens
Pour l'adulte sain, les besoins quotidiens sont de l'ordre de 2 500 Ă 5 000 U.I.[6].
Ces besoins peuvent ĂȘtre accrus au cours de certaines circonstances physiologiques.
Pour l'enfant, ils sont généralement de 2 000 à 4 500 U.I. de 1 à 12 ans et, pour l'adolescent, de 5 000 à 6 000 U.I. de 13 à 20 ans.
Pendant la grossesse et l'allaitement, l'apport quotidien doit atteindre 6 000 Ă 8 000 U.I.[7].
Causes de la carence
La carence d'apport est, le plus souvent, responsable de l'hypovitaminose A, en particulier chez le nourrisson soumis Ă un rĂ©gime sans lait. Les adultes peuvent Ă©galement souffrir d'un apport insuffisant lorsqu'ils se soumettent Ă des rĂ©gimes stricts, Ă©liminant de leur diĂ©tĂ©tique : laitages, Ćufs, graisses, lĂ©gumes verts ou autres lĂ©gumes (carottes, pommes de terre douces, poivrons, citrouille...) et de fruits (melons cantaloups, mangues et abricots)[8].
Ă cĂŽtĂ© de cette carence d'apport il existe Ă©galement une carence d'utilisation, car le mĂ©tabolisme de la vitamine A exige l'intĂ©gritĂ© des fonctions hĂ©patiques et intestinales. De plus, les troubles du transit intestinal inhibent la transformation du bĂȘta-carotĂšne en vitamine A.
SymptĂŽmes de la carence
Les premiers signes de la carence sont la photophobie et la cécité crépusculaire. Il s'ajoute rapidement des troubles divers portant sur la croissance, entraßnant la dédifférenciation des épithéliums avec diminution de la résistance aux infections et affectant certaines glandes endocrines et les divers métabolismes.
GĂ©ographie de la carence
En raison de la pauvretĂ© ou d'une alimentation devenue trop industrielle, la population la plus carencĂ©e a fortement augmentĂ© dans les pays pauvres du sud[9]. Vers 1995, ces carences causaient des cĂ©citĂ©s, et une morbiditĂ© et mortalitĂ© accrues chez environ 200 millions d'enfants. Dans le monde, annuellement, 250 000 Ă 500 000 enfants devenaient aveugles, 2â3 mourant quelques mois plus tard.
Surdosage en vitamine A
Ils sont beaucoup plus rares et d'origine volontaire (supplémentation excessive). Ils peuvent se compliquer d'une hypertension portale. Le diagnostic est essentiellement fait par l'interrogatoire, le dosage du rétinol sanguin ne reflétant pas l'état des stocks[10].
Le surdosage en vitamine A peut Ă©galement ĂȘtre responsable d'hypercalcĂ©mies[11].
Indications thérapeutiques de la vitamine A
L'administration de la vitamine A est indiquée non seulement au cours des symptÎmes de carence mais aussi contre certains troubles métaboliques et en cas de prédisposition aux infections.
La vitamine A est également utile à titre prophylactique lors de circonstances physiologiques qui en accroissent les besoins (grossesse car risque d'effet tératogÚne[12], allaitement, syndrome prémenstruel) mais aussi dans d'autres circonstances telles que : retard de croissance, diminution de la résistance aux infections, photophobie, héméralopie, xérophtalmie, kératomalacie, ichtyose, kératose piliaire, hyperkératose, acné, cheveux secs, ternes et cassants.
Cependant, elle possÚde des mises en garde, par exemple lors de grossesses, du fait de malformations de l'enfant (effet tératogÚne) constatées sur des femmes ayant pris trop de vitamine A.
La supplĂ©mentation systĂ©matique chez l'enfant, dans les pays oĂč le dĂ©ficit est endĂ©mique, montre une rĂ©duction de la mortalitĂ©[13]. Par contre, elle semble ĂȘtre inefficace, et peut-ĂȘtre mĂȘme dĂ©lĂ©tĂšre chez les filles, lorsque la vitamine A est administrĂ©e chez le nouveau-nĂ©[14].
Des recherches menĂ©es conjointement par des chercheurs chinois (UniversitĂ© de Chongqing) et canadiens (UniversitĂ© de la Colombie-Britannique) ont montrĂ©, sur l'animal, quâen cas de carence en vitamine A, les rongeurs sont davantage affectĂ©s par la formation de plaques amyloĂŻdes, caractĂ©ristiques de la maladie dâAlzheimer, et par des troubles cognitifs, concernant en particulier la mĂ©moire[15].
Notes et références
- « L'alimentation, votre meilleur atout pour avoir un teint halé » (consulté le )
- « Bronzage : 21 aliments qui donnent le teint hùlé naturellement », sur Biba Magazine, (consulté le )
- « Ciqual », sur ciqual.anses.fr (consulté le )
- « Ciqual », sur ciqual.anses.fr (consulté le )
- « Vitamine A & carotĂ©noĂŻdes provitaminiques », sur Anses - Agence nationale de sĂ©curitĂ© sanitaire de lâalimentation, de lâenvironnement et du travail, (consultĂ© le )
- Le docteur Jean Valnet dit « on estime à 5 000 unités internationales - soit 2 mg - la dose de vitamine A nécessaire quotidiennement » ( Dr J Valnet, Se soigner par les légumes, les fruits et les céréales, Livre de Poche, page 68, (ISBN 978-2-253-03655-5).
- « Complément alimentaire : Vitamine A » , sur Vidal, (consulté le )
- (en) « Office of Dietary Supplements - Vitamin A », sur ods.od.nih.gov (consulté le )
- carte[PDF] FAO/OMS/ONU réalisée à l'occasion du Sommet mondial de l'alimentation, Rome, 13-17 novembre 1996.
- Beste LA, Moseley RH, Saint S, Cornia PB, Too much of a good thing, N Engl J Med, 2016 ; 374 : 873-878.
- « SFEndocrino », sur www.sfendocrino.org (consulté le )
- http://www.cbip.be/GGR/MPG/MPG_NBA.cfm.
- (en) Fawzi WW, Chalmers TC, Herrera MG, Mosteller F, Vitamin A supplementation and child mortality. A meta-analysis, JAMA, 1993;269:898-903.
- (en) Benn CS, Fisker AB, Napirna BM, Roth A, Diness BR, Lausch KR, et al. Vitamin A supplementation and BCG vaccination at birth in low birthweight neonates: two by two factorial randomised controlled trial, BMJ, 2010;340:c1101.
- « Une carence en vitamine A impliquĂ©e dans le dĂ©clin cognitif et la maladie dâAlzheimer », sur www.rtflash.fr (consultĂ© le )