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Huile de foie de morue

L'huile de foie de morue est un dérivé du foie de la morue (poisson). Par le passé, c'était un supplément nutritionnel donné communément aux enfants, pour les problÚmes de rachitisme et de croissance osseuse.

Huile de foie de morue
Image illustrative de l’article Huile de foie de morue
Sous forme de capsules gélifiées.
Identification
No CAS 8001-69-2
No CE 232-289-6
Propriétés chimiques
Indice d’iode 137–166 [1]
Indice d’acide 5,6 [1]
Indice de saponification 171–189 [1]
Propriétés physiques
T° fusion −3 °C [1]
Masse volumique 0,92–0,93 g·cm-3 [1]
Propriétés optiques
Indice de réfraction 1,481 [1]

Unités du SI et CNTP, sauf indication contraire.
Publicité pour l'huile de foie de morue (1914).

Cette huile est composée d'acide docosahexaénoïque (DHA) et d'acide eicosapentaénoïque (EPA), étant des acides gras polyinsaturés non fabriqués par l'organisme et uniquement apportés par l'alimentation (l'EPA est obtenu à partir de l'acide α-linolénique). L'huile de foie de morue est également une source de vitamine A et vitamine D, ce qui la distingue des autres huiles de poisson.

IntĂ©rĂȘt nutritionnel

L'intĂ©rĂȘt nutritionnel de l'huile de foie de morue, au travers de l'EPA et du DHA, a Ă©tĂ© validĂ© par la Commission europĂ©enne de validation des allĂ©gations qui confirme son efficacitĂ© pour sa contribution :

  • au dĂ©veloppement normal du cerveau du fƓtus et des nourrissons[2] (commission de rĂ©gulation EU no 440/2011 du 16/05/2012)
  • Ă  l'entretien du fonctionnement normal du cƓur (commission de rĂ©gulation EU no 432/2012 du 16/05/2012)
  • Ă  l'entretien d'une vision normale (commission de rĂ©gulation EU no 432/2012 du 16/05/2012)
  • au maintien d'une concentration normale de triglycĂ©ride dans le sang (commission de rĂ©gulation EU no 536/2013 du 11/06/2013)
  • au maintien d'une pression sanguine normale (commission de rĂ©gulation EU no 536/2013 du 11/06/2013)[3] - [4]

En résumé, l'huile de foie de morue joue un rÎle bénéfique pour :

  • la protection cardiaque[5]
  • la vision[6]
  • les fonctions cognitives[7] et le bien-ĂȘtre Ă©motionnel[8]
  • les gĂȘnes articulaires et l'inflammation[9]
  • le dĂ©veloppement du fƓtus et du nourrisson[10]

Elle est traditionnellement recommandée en cas d'ostéoporose[11] ou de fracture (apport en vitamine D) et de déficit en vitamine A qui a des conséquences néfastes pour la vision[12] et la peau.

Cette huile était aussi utilisée autrefois par les marins du nord de l'Europe, appliquée sur leur peau, pour se protéger du soleil.

Composition
Nutriment Valeur pour 100 g[13]
Vitamine A 100 000 UI
Vitamine D 10 000 UI (250 Â”g[14])
Acides gras saturĂ©s 22,608 g
Acides gras monoinsaturĂ©s 46,711 g
Acides gras polyinsaturĂ©s 22,541 g

Fabrication

Cette huile est fabriquée par cuisson de foies de morues à la vapeur, puis écrasement et décantation des foies cuits pour en extraire l'huile. Le mauvais goût de l'huile est aujourd'hui largement atténué grùce au progrÚs dans les techniques d'extraction et au procédé de filtration.

Par contraste, les huiles de poisson sont extraites des corps entiers de poissons, durant la fabrication des farines de poisson. Si l'huile de foie de morue et les huiles de poisson peuvent paraßtre en quelque sorte similaires, leur composition chimique diffÚre : l'huile de poisson contient beaucoup moins de vitamines A et D comparée à celle de foie de morue.

Forme galénique

Il existe deux formes galéniques pour ce complément alimentaire, soit sous forme de gélules souples soit directement sous forme liquide en bouteille. L'avantage de la gélule réside dans sa neutralité en goût mais avec la contrainte de l'ingestion. L'avantage de l'huile de foie de morue sous forme liquide est sa meilleure biodisponibilité.

Présence naturelle dans des plats gastronomiques

L’huile de foie de morue n’est pas consommĂ©e telle quelle en gastronomie mais elle est prĂ©sente en forte quantitĂ© dans le foie de morue utilisĂ© traditionnellement en cuisine. Par exemple, fumĂ© au bois de hĂȘtre, le foie de morue peut notamment ĂȘtre consommĂ© en entrĂ©e Ă©talĂ© ou en fine tranche sur du pain grillĂ©. Le foie de morue peut aussi ĂȘtre dĂ©gustĂ© en salade.

Risques pour la santé

RĂ©tinol (Vitamine A).

Risque d'hypervitaminose

Une cuillĂšre Ă  soupe (13,6 g) d'huile de foie de morue contient 136 % du maximum journalier Ă  ne pas dĂ©passer pour la vitamine A (RĂ©tinol)[15] - [16]. La vitamine A s'accumule dans le foie, et peut atteindre une concentration suffisante pour provoquer une hypervitaminose A[17]. La dose toxique de vitamine A est estimĂ©e Ă  25 000 UI/kg (voir surdosage en vitamine A), soit environ 1,25 kg d'huile de foie de morue pour une personne de 50 kg.

Le taux de vitamine A varie beaucoup d'un Ă©chantillon Ă  l'autre, avec un possible risque de surdosage si ce produit est pris en grande quantitĂ© comme source d'omĂ©ga-3[18]. De plus, elle peut contenir certains polluants[18]. Les risques peuvent ĂȘtre rĂ©duits quand l'huile est filtrĂ©e, raffinĂ©e ou purifiĂ©e[19].

Il est recommandé aux femmes enceintes de consulter un médecin avant de consommer de l'huile de foie de morue[20]. Une prise significative d'huile de foie de morue pour les femmes enceintes est associée à un risque presque cinq fois plus élevé d'hypertension gestationnelle. Une étude note cependant que « la teneur en n-3 LCPUFA pourrait avoir des effets positifs jusqu'à un certain niveau, mais négatifs à hautes doses. »[21].

RĂ©servoir de polluants

Chez les animaux évolués, le foie est l'un des principaux organes de détoxication du systÚme sanguin. Certains des polluants ingérés ou inhalés, puis transportés par le sang, y sont plus ou moins durablement stocké et accumulés.

À titre d'exemple, une Ă©tude a portĂ© sur le taux de polluants organochlorĂ©s (PCB, DDT, HCH (BHC), LHCB, aldrine, dieldrine, chlordanes, heptachlore et Ă©poxyde d'heptachlore) d'Ă©chantillons d'huile de foie de morue provenant du sud de la Baltique (entre 1971 et 1989)[22]. Concernant le DDT retrouvĂ©s dans ces huiles, il a fortement diminuĂ© sur cette pĂ©riode de 18 ans ; mais les PCB, le HCB, l'aldrine et la dieldrine n'y ont que lentement diminuĂ© ; alors que le taux de HCH (gamma-hexachlorocyclohexane) ne changeaient pas[22]. Les taux de composĂ©s de chlordane ont eux augmentĂ© jusqu'au dĂ©but des annĂ©es 1980 avant de diminuer[22]. Les teneurs en heptachlore et Ă©poxyde d'heptachlore variaient beaucoup sur la pĂ©riode, mais sans tendance temporelle marquĂ©e. Et des polluants Ă©mergent comme les substances per- et polyfluoroalkylĂ©es n'y Ă©taient simplement pas mesurĂ©s[22].

Une Ă©tude plus rĂ©cente (2017) a dosĂ© 16 substances per- et polyfluoroalkylĂ©es diffĂ©rentes dans 200 foies de morue provenant de 15 fjords et 15 ports norvĂ©giens. L'acide perfluorooctanesulfonique Ă©tait le plus prĂ©sent (72 % des Ă©chantillons Ă©taient contaminĂ©s) et aux plus hautes doses (jusqu'Ă  21,8 Â”g kg−1 poids humide dans un Ă©chantillon de KragerĂž Ă  l'Est de la NorvĂšge) ; les fjords et les ports de l'est en contiennent plus qu'Ă  l'Ouest du pays. Mais des taux Ă©levĂ©s d'acide perfluorooctanesulfonique ont Ă©tĂ© trouvĂ©s au nord (Ă  Narvik notamment, ce qui fait Ă©voquer une source locale de pollution)[23].

Une Ă©tude a conclu que l'huile de foie de morue utilisĂ©e en pisciculture dans la nourriture animale peut ĂȘtre remplacĂ©e par de l'huile de lin[24].

Goût

Enfin, son goĂ»t et/ou sa consistance, souvent jugĂ©s dĂ©sagrĂ©ables, ont longtemps rebutĂ© les personnes qui en prenaient. À TĂŒbingen en Allemagne, boire un verre d'huile de foie de morue est notamment utilisĂ© comme gage pour le perdant de la Stocherkahnrennen (de), une course de barques de l'universitĂ©.

Notes et références

  1. (en) J. G. Speight, Norbert Adolph Lange, Lange's handbook of chemistry, McGraw-Hill, , 16e Ă©d., 1623 p. (ISBN 0071432205), p. 2.808.
  2. (en) Alan S. Ryan, James D. Astwood, Sheila Gautier et Connye N. Kuratko, « Effects of long-chain polyunsaturated fatty acid supplementation on neurodevelopment in childhood: a review of human studies », Prostaglandins, Leukotrienes, and Essential Fatty Acids, vol. 82, nos 4-6,‎ , p. 305–314 (ISSN 1532-2823, PMID 20188533, DOI 10.1016/j.plefa.2010.02.007, lire en ligne, consultĂ© le )
  3. Journal de référence EFSA.
  4. Commission Européenne de validation des allégations.
  5. Étude du Dr Mozaffarian de Harvard School of public health Ann Intern Med. 2013 Apr 2;158(7):515-25. doi: 10.7326/0003-4819-158-7-201304020-00003.
  6. Reducing the genetic risk of age-related macular degeneration with dietary antioxidants, zinc, and ω-3 fatty acids: the Rotterdam study. Ho L1, van Leeuwen R, Witteman JC, van Duijn CM, Uitterlinden AG, Hofman A, de Jong PT, Vingerling JR, Klaver CC.
  7. Acta Paediatr. 2010 Jan;99(1):72-7. doi: 10.1111/j.1651-2227.2009.01545.x. Fish consumption and school grades in Swedish adolescents: a study of the large general population. Kim JL1, Winkvist A, Aberg MA, Aberg N, Sundberg R, Torén K, Brisman J.
  8. (en) Robert K. McNamara, « DHA Deficiency and Prefrontal Cortex Neuropathology in Recurrent Affective Disorders, , », The Journal of Nutrition, vol. 140, no 4,‎ , p. 864–868 (ISSN 0022-3166, PMID 20147466, PMCID PMC2838627, DOI 10.3945/jn.109.113233, lire en ligne, consultĂ© le )
  9. James MJ, Gibson RA, Cleland LG. Dietary polyunsaturated fatty acids and inflammatory mediator production. Am J Clin Nutr. 2000 Jan;71(1 Suppl):343S-8S.
  10. "Effet de la supplémentation en acides gras polyinsaturés à longue chaine sur le développement neurologique de l'enfant" As Ryan, Jd Astwood, S Gautier, Cn Kurakto, Eb Nelson, M Salem Martek biosciences corporation, Columbia, USA.
  11. Use of calcium or calcium in combination with vitamin D supplementation to prevent fractures and bone loss in people aged 50 years and older: a meta-analysis. Tang BM1, Eslick GD, Nowson C, Smith C, Bensoussan A.
  12. Selective deficits in erythrocyte docosahexaenoic acid composition in adult patients with bipolar disorder and major depressive disorder. McNamara RK1, Jandacek R, Rider T, Tso P, Dwivedi Y, Pandey GN.
  13. (en) USDA, « National Nutrient Database for Standard Reference (release 27) » (consulté le ).
  14. Anses, « Anses Table Ciqual 2012 Composition nutritionnelle des aliments », (consulté le ).
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  16. Jane Higdon, Ph.D. of the Linus Pauling Institute "Linus Pauling Institute Micronutirent Center" Oregon State University.
  17. (en) Paul Lips, « Hypervitaminosis A and fractures », The New England Journal of Medicine, vol. 348, no 4,‎ , p. 347–349 (ISSN 1533-4406, PMID 12540650, DOI 10.1056/NEJMe020167, lire en ligne, consultĂ© le )
  18. « Oméga-3 (huile de poisson) », sur http://www.passeportsante.net/, (consulté le ).
  19. Harold E. Bays, « Safety considerations with omega-3 fatty acid therapy », The American Journal of Cardiology, vol. 99, no 6A,‎ , p. 35C–43C (ISSN 0002-9149, PMID 17368277, DOI 10.1016/j.amjcard.2006.11.020, lire en ligne, consultĂ© le )
  20. Anne M. Myhre, Monica H. Carlsen, Siv K. BĂžhn et Heidi L. Wold, « Water-miscible, emulsified, and solid forms of retinol supplements are more toxic than oil-based preparations », The American Journal of Clinical Nutrition, vol. 78, no 6,‎ , p. 1152–1159 (ISSN 0002-9165, PMID 14668278, DOI 10.1093/ajcn/78.6.1152, lire en ligne, consultĂ© le )
  21. A. S. Olafsdottir, G. V. Skuladottir, I. Thorsdottir et A. Hauksson, « Relationship between high consumption of marine fatty acids in early pregnancy and hypertensive disorders in pregnancy », BJOG: an international journal of obstetrics and gynaecology, vol. 113, no 3,‎ , p. 301–309 (ISSN 1470-0328, PMID 16487202, DOI 10.1111/j.1471-0528.2006.00826.x, lire en ligne, consultĂ© le )
  22. (en) Kurunthachalam Kannan, Jerzy Falandysz, Nobuyoshi Yamashita et Shinsuke Tanabe, « Temporal trends of organochlorine concentrations in cod-liver oil from the southern Baltic proper, 1971–1989 », Marine Pollution Bulletin, vol. 24, no 7,‎ , p. 358–363 (DOI 10.1016/0025-326X(92)90373-E, lire en ligne, consultĂ© le ).
  23. (en) Stig Valdersnes, Bente M. Nilsen, Joar F. Breivik et AsbjĂžrn Borge, « Geographical trends of PFAS in cod livers along the Norwegian coast », PLOS ONE, vol. 12, no 5,‎ , e0177947 (ISSN 1932-6203, PMID 28531177, PMCID PMC5439708, DOI 10.1371/journal.pone.0177947, lire en ligne, consultĂ© le ).
  24. Abeer E. Azizia, « Effects of Dietary Substitution of Cod Liver Oil by Vegetable Oils on Fatty Acid Composition in Liver and Muscles, Lipoprotein Lipase Gene Expression and Intestinal Histomorphology in Juvenile Nile Tilapia (Oreochromis niloticus) », Journal of Veterinary Science and Medical Diagnosis, vol. 04, no 02,‎ (ISSN 2325-9590, DOI 10.4172/2325-9590.1000155, lire en ligne, consultĂ© le ).

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