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SARS-CoV-2

Le SARS-CoV-2 (acronyme anglais de severe acute respiratory syndrome coronavirus 2), soit coronavirus 2 du syndrome respiratoire aigu sévÚre, est le virus responsable de la Covid-19. Son acronyme est parfois partiellement francisé en SRAS-CoV-2[Note 1] - [Note 2]. Ce coronavirus hautement pathogÚne a été découvert en dans la ville de Wuhan (province de Hubei, en Chine).

Le SARS-CoV-2 est un virus à ARN monocaténaire de polarité positive du groupe IV de la classification Baltimore. C'est une souche nouvelle de l'espÚce SARSr-CoV, dans le genre betacoronavirus qui regroupe entre autres les SARS-CoV-1 et MERS-CoV.

Vue au microscope Ă©lectronique Ă  balayage de particules virales de SARS-CoV-2 (en jaune), le virus qui cause la maladie Covid-19 - ici isolĂ© d'un patient aux États-Unis, Ă©mergeant de la surface de cellules (bleues / roses) cultivĂ©es en laboratoire.
SARS-CoV-2 isolĂ© d'un patient aux États-Unis (en jaune, vue au microscope Ă©lectronique Ă  balayage, Ă©mergeant de la surface des cellules infectĂ©es cultivĂ©es en laboratoire).

Dans un contexte de faible immunité collective, le SARS-CoV-2 circule presque toute l'année. Avec le temps, il est possible que le SARS-CoV-2 circule sur un mode épidémique plus saisonnier, entre janvier et mai dans les zones à climat tempéré, tout comme le HCoV-NL63, le HCoV-229E et le HCoV-OC43, des coronavirus responsables de simples rhumes.

Le SARS-CoV-2 est principalement transmis par les microgouttelettes et aĂ©rosols et a un tropisme particulier pour le systĂšme respiratoire supĂ©rieur (nez, trachĂ©e) et infĂ©rieur (bronches, poumons). Un site complĂ©mentaire de rĂ©plication primaire est le systĂšme digestif, en particulier l’estomac et les intestins. Le SARS-CoV-2 peut se dissĂ©miner dans l’organisme via les neurones. Lorsque le SARS-CoV-2 atteint le systĂšme nerveux central, il peut se produire une perte totale ou partielle d’odorat (anosmie). Le SARS-CoV-2 a de nombreux sites secondaires de rĂ©plication : le systĂšme cardiovasculaire, le systĂšme immunitaire, le systĂšme endocrinien, le systĂšme urinaire, le systĂšme reproducteur et les glandes sudoripares de la peau.

Le principal rĂ©cepteur cellulaire utilisĂ© par le SARS-CoV-2 pour infecter des cellules est l’enzyme ACE2. Ce rĂ©cepteur est reconnu par la protĂ©ine S du SARS-CoV-2 qui opĂšre l'essentiel du processus d’entrĂ©e du virus dans une cellule. Le SARS-CoV-2 possĂšde au total environ 29 protĂ©ines virales. Certaines d’entre elles sont spĂ©cialisĂ©es dans le dĂ©tournement de la machinerie de la cellule infectĂ©e. D’autres participent activement Ă  la rĂ©plication du gĂ©nome viral. Le SARS-CoV-2 peut infecter des cellules par fusion directe ou en Ă©tant absorbĂ© par une cellule via un processus d’endocytose. Le SARS-CoV-2 a aussi la facultĂ© de fusionner des cellules infectĂ©es avec les cellules non infectĂ©es avoisinantes, formant des « syncytia », c’est-Ă -dire des cellules gĂ©antes englobant des dizaines de cellules productrices de virus.

PrĂ©sentant une vitesse actuelle de mutation de l’ordre de 5,2 à 8,1 Ă— 10−3 substitutions par site et par an, le SARS-CoV-2 est l'un des virus qui mutent le plus vite au monde.

La réponse immunitaire face au SARS-CoV-2 diffÚre d'un patient à l'autre : 40 % sont asymptomatiques, 40 % développent une Covid légÚre, 15 % une forme modérée pouvant conduire à un Covid long, et 5 % une Covid sévÚre pouvant nécessiter des soins de réanimation. La réponse immunitaire innée et adaptative des formes sévÚres de Covid-19 est globalement contre-productive et génÚre autant de dégùts dans l'organisme que le virus.

L'origine du SARS-CoV-2 n'est pas rĂ©solue. Le rĂ©servoir animal des sarbecovirus se trouve chez les chauve-souris asiatiques du genre Rhinolophus (les rhinolophes). Son adaptation Ă  l'humain pourrait rĂ©sulter d’un passage direct des chauves-souris aux humains, mais il est Ă©galement possible qu'elle se soit faite par une transmission impliquant un hĂŽte intermĂ©diaire encore indĂ©terminĂ©, ou soit le fruit d'un gain de fonction en laboratoire[2].

Coronavirus 2 du syndrome respiratoire aigu sévÚre

Virologie

ModÚle scientifique du SARS-Cov-2. Chaque pic (protéine Spike) est ici mobile, car à triple articulation[3] (ce qui n'est pas le cas pour les protéines Spikes du virus grippal)[3].

Classification

Le virus SARS-CoV-2 forme une souche virale gĂ©nĂ©tiquement distincte des autres coronavirus humains comme le MERS-CoV ou d'autres plus bĂ©nins, mais il appartenant Ă  la mĂȘme espĂšce biologique que le SARS-CoV-1, le virus du SRAS[4]: comme celui-ci il appartient Ă  l'espĂšce SARSr-CoV (severe acute respiratory syndrom-related coronavirus), dans le sous-genre Sarbecovirus[5] - [6] - [7], le genre Betacoronavirus et la famille Coronaviridae[4].

Morphologie et génome

La morphologie des virions est typique de celle des coronavirus[8], notamment par son halo de protubĂ©rances constituĂ©es de polymĂšres de protĂ©ines virales spiculĂ©es (« spikes » en anglais), qui leur a donnĂ© leur nom de « virus Ă  couronne ». Le diamĂštre du virion de SARS-CoV-2 est compris entre 60 et 140 nm[9], contre 50 Ă  80 nm pour celui du SARS-CoV-1[10] - [8] - [Note 3].

Le gĂ©nome du SARS-CoV-2 est constituĂ© d'un ARN simple-brin de 29 903 nuclĂ©otides[11] - [12] - [13]. En ce qui concerne l'homologie des nuclĂ©otides, le SARS-CoV-2 est Ă  79,5 % identique Ă  celui du SARS-CoV[14] et Ă  50 % identique Ă  celui du MERS-CoV[15].

Filiation génétique

Les sarbecovirus ont pour réservoir animal les chauves-souris du genre Rhinolophus, les rhinolophes.

Le SARS-CoV-2 présente des similitudes avec les Betacoronavirus trouvés chez des chauves-souris et des pangolins[16] - [17].

L'arbre phylogénétique de la branche des coronavirus apparentés au SARS-CoV-2, tel qu'obtenu sur la base du gÚne RdRp, est le suivant[18] - [19] - [20] :



Rc-o319, proche à 81 % du SARS-CoV-2, Rhinolophus cornutus, Iwate, Japon (récolté en 2013, publié en 2020)[21]





SL-ZXC21, 88 %, Rhinolophus pusillus, Zhoushan, Zhejiang (récolté en 2015, publié en 2018)[22]



SL-ZC45, 88 %, Rhinolophus pusillus, Zhoushan, Zhejiang (récolté en 2017, publié en 2018)[22]





SL-CoV-GX, 89 %, Manis javanica, Asie du Sud-Est (récolté en 2017, publié en 2020)[23]




SL-CoV-GD, 91 %, Manis javanica, Asie du Sud-Est[24]





RacCS203, 91,5 %, Rhinolophus acuminatus, Chachoengsao, Thaïlande (métagénome de 4 coronavirus collectés en juin 2020, publié en 2021)[19]






RmYN02, 93,3 %, Rhinolophus malayanus, Mengla, Yunnan (récolté en juin 2019, publié en 2020)[25]



RpYN06, 94.4 %, Rhinolophus pusillus, Mengla, Yunnan (récolté en mai 2020, publié en 2021)[18]





RshSTT182, 92,6 %, Rhinolophus shameli, Stoeng Treng, Cambodge (récolté en 2010, publié en 2021)[20]



RaTG13, 96,1 %, Rhinolophus affinis, Mojiang, Yunnan (récolté en 2013, publié en 2020)[26]





SARS-CoV-2 (100 %)










SARS-CoV-1, proche Ă  79 % du SARS-CoV-2


En matiĂšre d'homologie, le SARS-CoV-2 est :

Le SARS-CoV-2 est trĂšs proche de la souche RaTG13 (un sarbecovirus qui pourrait s'ĂȘtre adaptĂ© aux rongeurs[37] - [38]). Mais sa protĂ©ine S en est trĂšs diffĂ©rente. Le domaine de liaison au rĂ©cepteur (RBD) du SARS-CoV-2 est en revanche trĂšs proche de celui de BANAL-52.

Mais le SARS-CoV-2 présente aussi deux innovations déterminantes pour son adaptation à l'humain :

  1. La mutation T372A dans le RBD facilite la liaison au rĂ©cepteur ACE2 humain[39] (mais aussi du pangolin et de R. macrotis (it)), on la trouve dans tous les SARS-CoV-2 et seulement chez eux. Ce qui pourrait en partie expliquer pourquoi la protĂ©ine S du SARS-CoV-2 a une affinitĂ© pour le rĂ©cepteur ACE2 humain 10 Ă  20 fois plus Ă©levĂ©e que celle du virus du SARS-CoV-1[40] - [41].
  2. L'insertion d'une séquence de 4 acides aminés -S[PRRA]RSV- au site de clivage (-RS-) affichant une séquence -RRAR- qui permet chez l'humain l'activation du clivage par la furine[42]. De telles séquences se retrouvent dans d'autres coronavirus humains mais pas chez les sarbecovirus, SARS-CoV-1 inclus (Le MERS-CoV, un merbecovirus humain, a pour sa part une séquence différente -PRSVRSV-).

Description

Structure protéique du virus

Spicule homotrimÚre du SARS-CoV-2, avec une sous-unité protéique mise en évidence ; « domaine de liaison » avec l'ACE2 mis en évidence
Spicule homotrimÚre du SARS-CoV-2, avec une sous-unité protéique mise en évidence ; « domaine de liaison » avec l'ACE2 mis en évidence
Représentation du péplomÚre, glycoprotéine du SARS-CoV-2 (PDB: 6VSB), formant le spicule. La protéine entiÚre est un homotrimÚre, dont un seul monomÚre est détaillé ici, le reste du trimÚre étant représenté en gris. Certaines parties de la structure réelle ne sont pas représentées. Sont représentés les domaines protéiques, du N-terminal (lettre N) au C-terminal (lettre C): Domaine N-terminal (bleu) ; domaine de liaison au récepteur ACE2 (magenta); structure générale (cyan); hélice centrale (orange); le domaine du connecteur qui ancre le péplomÚre à l'enveloppe lipidique du virus (violet). Les liaisons disulfure sont en jaune, et les glucides en rouge. Le « plancher » gris présente la membrane lipidique du virus

Comme d'autres coronavirus, le SARS-CoV-2 possÚde quatre protéines structurales :

  1. ProtĂ©ine S (dite protĂ©ine spike, spicule ou protĂ©ine spiculaire) : elle forme les pĂ©plomĂšres, protubĂ©rances de la « couronne » caractĂ©ristique des coronavirus. Ces pĂ©plomĂšres jouent un rĂŽle clĂ© dans la liaison du virus Ă  un ou plusieurs rĂ©cepteurs en surface d'une cellule[43]. La protĂ©ine S semble ĂȘtre l'un des principaux dĂ©terminants du tropisme du SARS-CoV-2[44].
    La publication du génome viral a permis de modéliser sa structure tridimensionnelle (voir ci-contre). Elle a aussi été décrite au niveau atomique par la microscopie électronique cryogénique[41] - [45] ;
  2. Protéine E (enveloppe) ;
  3. Protéine M (membrane) ;
  4. Protéine N (nucléocapside) ; c'est elle qui enveloppe et protÚge l'ARN viral (le code génétique du virus).

Les protéines S, E et M constituent, ensemble, l'enveloppe virale[43].

GĂ©nome

Organisation du génome du SARS-CoV-2 qui se décompose en 11 gÚnes, 15 ORF et 33 protéines virales ?

Le gĂ©nome du SARS-CoV-2 contient 11 gĂšnes[46] reconnaissant 15 Open Reading Frame (ORF) permettant de produire entre 29 et 33 protĂ©ines virales aprĂšs protĂ©olyse. Initialement 29 protĂ©ines virales avaient Ă©tĂ© identifiĂ©es[47]. Fin 2020 au moins 4 autres protĂ©ines virales supplĂ©mentaires ont Ă©tĂ© proposĂ©es (ORF2b, ORF3c, ORF3d et ORF3d-2)[48].

Le génome du SARS-CoV-2 a une coiffe à son extrémité 5' et une queue polyadénylée à son extrémité 3'[49] :

  • Ă  son extrĂ©mitĂ© 5', sont placĂ©s les gĂšnes ORF1a et ORF1b codant des protĂ©ines non structurales (NSP). ORF1a et ORF1b reprĂ©sentent deux tiers du gĂ©nome et se chevauchent lĂ©gĂšrement et sont donc parfois confondus et appelĂ©s ORF1ab. ORF1ab est considĂ©rĂ© comme un gĂšne unique codant 16 protĂ©ines dont plusieurs sont des enzymes qui ont un rĂŽle essentiel dans la rĂ©plication et l’expression du gĂ©nome[50] ;
  • Ă  son extrĂ©mitĂ© 3', sont placĂ©s les dix gĂšnes qui codent les protĂ©ines structurales et accessoires. Le SARS-CoV-2 a quatre gĂšnes spĂ©cifiques Ă  des protĂ©ines structurales : S, M, E et N. Le gĂšne de la protĂ©ine N intĂšgre Ă©galement les ORF permettant de produire deux protĂ©ines accessoires : 9b et 9c[46]. En plus, le SARS-CoV-2 a six gĂšnes associĂ©s Ă  des protĂ©ines accessoires : 3a, 6, 7a, 7b, 8, et 10. Le gĂšne de l'ORF3a code Ă©galement l'essentiel de la protĂ©ine ORF3b[51] - [52] et de 3 autres protĂ©ines virales (ORF3c, ORF3d et ORF3d-2). Il est Ă©galement suggĂ©rĂ© que l'ORF codant la protĂ©ine S produit une seconde protĂ©ine baptisĂ©e ORF2b[48].

Les protéines accessoires du SARS-CoV-2 divergent en partie de celles du SARS-CoV-1[46] :

  • les SARS-CoV-2 et SARS-CoV-1 ont en commun les protĂ©ines 3a, 6, 7a, 7b, 9b et 9c ;
  • les protĂ©ines 3b et 8 du SARS-CoV-2 sont diffĂ©rentes des protĂ©ines 3b, 8a et 8b du SARS-CoV-1. Les protĂ©ines ORF3b et ORF8 seraient avec la protĂ©ine N, les premiĂšres cibles des anticorps produits par les lymphocytes B aprĂšs une infection au SARS-CoV-2. Et ce bien avant que des anticorps ne soient produits contre des fragments de la protĂ©ine S. Ce qui laisse Ă  penser que les protĂ©ines ORF3b et ORF8 sont d’une grande importance dans la pathogĂ©nĂšse[53] ;
  • le SARS-CoV-2 aurait 5 protĂ©ines accessoires inĂ©dites : 10, 2b, 3c, 3d et 3d-2[48].
GÚnes exprimés par SARS-CoV-2[46]
ORF Nucléotide début Nucléotide fin Nombre de codons Protéine
ORF1a 266 13 483 4 405 PolyprotĂ©ines Pp1a et Pp1ab
ORF1b 13 484 21 555 2 691 PolyprotĂ©ine Pp1ab
ORF2 21 563 25 384 1 273 PĂ©plomĂšre (protĂ©ine S) + ORF2b
ORF2b[48] 21 744 21 860 39 La protĂ©ine ORF2b est localisĂ©e aux codons 60 Ă  99 de la protĂ©ine S - protĂ©ine inĂ©dite
ORF3a 25 393 26 220 275 ProtĂ©ines ORF3a + ORF3c + ORF3d + ORF3d-2 + ORF3b
ORF3c[48] 25 457 25 579 41 La protĂ©ine ORF3c est localisĂ©e aux codons 21 Ă  62 de ORF3a - protĂ©ine inĂ©dite
ORF3d[48] 25 524 25 694 57 La protĂ©ine ORF3d est localisĂ©e aux codons 43 Ă  100 de ORF3a - protĂ©ine inĂ©dite
ORF3d-2[48] 25 596 25 694 33 La protĂ©ine ORF3d-2 est localisĂ©e aux codons 67 Ă  100 de ORF3a - protĂ©ine inĂ©dite
ORF3b 25 814 26 281[51] 156 ORF3b est Ă  cheval sur ORF3a et ORF4. ORF3b est initialement tronquĂ©e et a 4 paliers d'Ă©volution (4 codons STOP). Stade 1 initial : ORF3b1 de 22 codons (localisĂ©e aux codons 141-163 d’ORF3a). Stade 2 : ORF3b1+2 de 56 codons (localisĂ©e aux codons 141-197 d’ORF3a). Stade 3 : ORF3b1+2+3 de 78 codons (localisĂ©e aux codons 141-219 d’ORF3a). Stade 4 : ORF3b1+2+3+4 de 156 codons (localisĂ©e au codon 141 d’ORF3a jusqu’au codon 13 d’ORF4)[51]
ORF4 26 245 26 472 75 ProtĂ©ine d'enveloppe (protĂ©ine E)
ORF5 26 523 27 191 222 ProtĂ©ine membranaire (protĂ©ine M)
ORF6 27 202 27 387 61 ProtĂ©ine ORF6
ORF7a 27 394 27 759 121 ProtĂ©ine ORF7a
ORF7b 27 756 27 887 43 ProtĂ©ine ORF7b
ORF8 27 894 28 259 121 ProtĂ©ine ORF8
ORF9 28 274 29 533 419 PhosphoprotĂ©ine de capside (protĂ©ine N) + ProtĂ©ine ORF9b + ProtĂ©ine ORF9c
ORF9b 28 284 28 572 97 ORF9b correspond aux codons 4 Ă  101 de l’ORF9
ORF9c 28 729 28 950 73 ORF9c correspond aux codons 152 Ă  225 de l’ORF9
ORF10 29 558 29 674 38 ProtĂ©ine ORF10 - protĂ©ine inĂ©dite

Cycle de réplication

Cycle viral de rĂ©plication : (1) entrĂ©e du virus Ă  l’intĂ©rieur de la cellule, (2) dĂ©tournement de la cellule par le virus, (3) rĂ©plication en sĂ©rie du virus par la cellule

Comme c'est gĂ©nĂ©ralement le cas des virus, le cycle de rĂ©plication du SARS-CoV-2 se traduit par (1) l’entrĂ©e du virus Ă  l’intĂ©rieur de la cellule, (2) le dĂ©tournement de la machinerie cellulaire par le virus, (3) la rĂ©plication du virus par la cellule et/ou la rĂ©alisation de taches bien prĂ©cises par la cellule rĂ©pondant aux besoins du virus.

Entrée dans une cellule

La protĂ©ine S du SARS-CoV-2 est le principal acteur dans l'infection des cellules. La protĂ©ine S est constituĂ©e de deux sous-unitĂ©s fonctionnelles : la sous-unitĂ© S1 permet la liaison du virus au rĂ©cepteur de la cellule hĂŽte et la sous-unitĂ© S2 assure la fusion de l’enveloppe virale avec la membrane cellulaire[54]. La sous-unitĂ© S1 contient deux domaines (le RBD et le NTD) qui chacun reconnaĂźt des rĂ©cepteurs cellulaires diffĂ©rents. Le principal domaine utilisĂ© jusqu'Ă  prĂ©sent par le SARS-CoV-2 est le RBD. Le RBD permet la liaison au rĂ©cepteur ACE2[55] - [56] - [57]. Le NTD est un domaine secondaire. Le NTD permet au SARS-CoV-2 de s'attacher aux rĂ©cepteurs L-SIGN (en) s'exprimant fortement dans les poumons, le foie, les reins et les ganglions lymphatiques, ou aux rĂ©cepteurs DC-SIGN (en), rĂ©pandus dans les cellules dendritiques, matures ou non[58] - [59].

Une fois que la sous-unitĂ© S1 est liĂ©e Ă  un rĂ©cepteur (le plus souvent ACE2), deux clivages protĂ©olytiques successifs sont nĂ©cessaires. Le premier clivage coupe la protĂ©ine S en S1 et S2. Le second appelĂ© S2' libĂšre l'extrĂ©mitĂ© du peptide de fusion (FP) qui comme son nom l'indique amorce la fusion du virion avec la cellule. Une des originalitĂ©s de la protĂ©ine S du SARS-CoV-2 est qu’elle intĂšgre une sĂ©quence d'activation atypique pour un coronavirus[60] au site de clivage S1 / S2, similaire aux sĂ©quences observĂ©es dans les virus de grippe. Ainsi, Ă  l’instar du virus de la grippe, la protĂ©ine S du SARS-CoV-2 peut ĂȘtre clivĂ©e Ă  l’aide d’une protĂ©ase qui se trouve en abondance dans le plasma humain : la furine. Les scientifiques suggĂšrent que cette capacitĂ© Ă  pouvoir effectuer le clivage S1 / S2 par la furine est la raison pour laquelle le SARS-CoV-2 a causĂ© une Ă©pidĂ©mie humaine[61].

DĂ©tournement de la cellule

ConcrĂštement la fusion avec une cellule consiste en l'introduction du gĂ©nome viral avec la protĂ©ine N du SARS-CoV-2 dans la cellule. Une fois dans la cellule, la protĂ©ine N bloque la production d’interfĂ©ron[62] - [63]. Les interfĂ©rons sont des molĂ©cules de signalisation qui permettent d'alerter les cellules voisines qu'une infection est en cours[64]. Dans le mĂȘme temps, l’ARN viral est traduit par les ribosomes de la cellule hĂŽte qui se mettent Ă  produire des protĂ©ines virales[65] - [52].

Une fois synthĂ©tisĂ©es par les ribosomes, une grande partie des 16 protĂ©ines non structurales du SARS-CoV-2 s'assemblent pour former le Complexe RĂ©plicase-Transcriptase (CRT) indispensable Ă  la rĂ©plication en sĂ©rie du gĂ©nome viral. D'autres protĂ©ines non structurales sont en charge de prendre le contrĂŽle de la machinerie traductionnelle de la cellule et d'Ă©teindre la traduction « normale » qui jusque lĂ  fonctionne, empĂȘchant ainsi la synthĂšse de protĂ©ines interfĂ©rons par les ribosomes. Nsp1 se fixe ainsi au ribosome de la cellule hĂŽte et bloque tous les ARN messagers de la cellule, sauf ceux liĂ©s au gĂ©nome du virus[66]. D'autres protĂ©ines virales sont plus ou moins spĂ©cialisĂ©es dans l'inhibition des interfĂ©rons : nsp3[67], ORF3b[51], ORF6[68] - [69] - [70], ORF9b[71] - [72] et ORF9c[73] - [74] - [75]. La protĂ©ine du SARS-CoV-2 ayant la plus forte activitĂ© anti-interfĂ©ron semble ĂȘtre ORF3b. Et il est suggĂ©rĂ© qu'au grĂ© des mutations Ă  venir, la protĂ©ine ORF3b pourrait progressivement exercer une activitĂ© anti-interfĂ©ron de plus en plus forte[51].

Des protĂ©ines virales vont aussi exercer une activitĂ© empĂȘchant la synthĂšse d'un antigĂšne. Un antigĂšne est une molĂ©cule permettant aux globules blancs de reconnaĂźtre un pathogĂšne et de lutter contre en mobilisant la mĂ©moire immunitaire. Les protĂ©ines virales ORF8[76] - [77] et ORF3a[78] empĂȘchent la synthĂšse d'un antigĂšne par la cellule infectĂ©e. Tandis que la protĂ©ine S active des rĂ©cepteurs sur la cellule infectĂ©e (rĂ©cepteurs HLA-E) qui protĂšgent la cellule infectĂ©e contre une destruction par les lymphocytes NK[79] - [80].

Production des virions

AprĂšs avoir pris le contrĂŽle de la cellule infectĂ©e, et alors que le Complexe RĂ©plicase-Transcriptase (CRT) rĂ©plique en sĂ©rie le gĂ©nome viral, les ribosomes sont mobilisĂ©s pour produire en sĂ©rie des protĂ©ines virales structurales. Ces protĂ©ines s’assemblent entre elles dans le lumen (l’intĂ©rieur) d’un compartiment dĂ©rivĂ© du rĂ©ticulum endoplasmique[81]. Cette Ă©tape est appelĂ©e le bourgeonnement[81]. D’abord, une protĂ©ine N (nuclĂ©ocapside) se fixe Ă  une copie d'ARN et l’empaquette dans une protĂ©ine M (membrane) qui donne sa forme au virion[81]. Ensuite des protĂ©ines S sont incorporĂ©es[81]. La protĂ©ine M dirige la plupart des interactions protĂ©ine-protĂ©ine nĂ©cessaires Ă  l'assemblage des virus aprĂšs sa liaison Ă  la nuclĂ©ocapside[82]. La protĂ©ine E contribue Ă  l’assemblage et Ă  la libĂ©ration du virion hors de la cellule infectĂ©e, en suivant la voie de sĂ©crĂ©tion (appareil de Golgi, puis vĂ©sicules sĂ©crĂ©toires)[52]. Le virion quitte le milieu intracellulaire par exocytose, et est prĂȘt Ă  infecter une autre cellule.

Syncytia

Dans des organes tels que les poumons, les reins ou le foie, les cellules Ă©pithĂ©liales sont Ă©troitement compactĂ©es, l’espace extracellulaire est trĂšs limitĂ©. Le SARS-CoV-2 y tire un avantage. Les cellules infectĂ©es peuvent fusionner avec les cellules non infectĂ©es avoisinantes, formant des « syncytia », c’est-Ă -dire des cellules gĂ©antes englobant des dizaines de cellules productrices de virus[83]. Ce processus est mĂ©diĂ© par la protĂ©ine S nouvellement synthĂ©tisĂ©e qui s'accumule Ă  la surface de la cellule infectĂ©e. Mais la formation de syncytia peut se faire aussi par « fusion from without (FFWO) », c’est-Ă -dire par des cellules infectĂ©es qui n’ont pas encore rĂ©pliquĂ© la protĂ©ine S[84].

Ce mode d’infection permet au SARS-CoV-2 d’infecter vite un grand nombre de cellules avec une faible quantitĂ© de protĂ©ines S. Lorsque le SARS-CoV-2 infecte de nouvelles cellules au sein d’un syncytium, les anticorps se rĂ©vĂšlent d’une faible efficacitĂ©[84]. En revanche, IFITM (en), (interferon-inducible transmembrane protein), une protĂ©ine transmembranaire produite en prĂ©sence d'interfĂ©rons, peut bloquer cette fusion. Mais son effet peut ĂȘtre contrecarrĂ© par TMPRSS2 qui facilite la formation de syncytia[83].

Primaire

Les voies respiratoires supĂ©rieures (nez, pharynx) et infĂ©rieures (bronches, poumons) sont le principal site de rĂ©plication primaire. Un site complĂ©mentaire de rĂ©plication primaire est le systĂšme digestif, en particulier l’estomac et les intestins. Des particules du SARS-CoV-2 sont facilement dĂ©tectĂ©es dans les selles[85], ce qui a permis de suivre le dĂ©veloppement de l'Ă©pidĂ©mie via des analyses d'eaux d'Ă©gouts[86]. Le SARS-CoV-2 se rĂ©plique nĂ©anmoins moins bien dans le systĂšme digestif que dans le systĂšme respiratoire[87]. L’infection du systĂšme digestif se fait probablement par auto-infection, c'est-Ă -dire par absorption de mucus nasal infectĂ©.

Secondaire

Les sites de rĂ©plication secondaires du SARS-CoV-1 dans les formes sĂ©vĂšres sont le cƓur, les glandes sudoripares de la peau, les reins et le systĂšme endocrinien qui rĂ©gule les hormones (glandes surrĂ©nales, la parathyroĂŻde et l’hypophyse)[88] - [89]. Pour le SARS-CoV-2, les formes sĂ©vĂšres (et modĂ©rĂ©es[90] ?), sont susceptibles d’infecter ces mĂȘmes organes, mais Ă©galement :

Globules blancs

Certaines sĂ©quences de la protĂ©ine S des coronavirus ont Ă©tĂ© identifiĂ©es comme activant les anticorps facilitants. Dans le cas du SARS-CoV-1, il s’agissait de la sĂ©quence d’acides aminĂ©s LYQDVNC situĂ©e aux codons 597-603.

Le SARS-CoV-2 est capable de se rĂ©pliquer dans certains globules blancs. In vitro, face Ă  des globules blancs, le SARS-CoV-2 infecte en prioritĂ© les monocytes (44,3 %), les lymphocytes T CD4+ (14,2 %), les lymphocytes T CD8 (13,5 %) et les lymphocytes B (7,58 %). In vivo, l’infection des globules blancs par le SARS-CoV-2 est diffĂ©rente. Dans le cas de Covid sĂ©vĂšre, des monocytes et lymphocytes B peuvent ĂȘtre infectĂ©s et, dans une moindre mesure, des lymphocytes T[97] - [98].

Des virus tels que les coronavirus peuvent infecter les globules blancs, par un mĂ©canisme connu sous le nom de facilitation dĂ©pendante des anticorps (ADE), comme cela a Ă©tĂ© mis en Ă©vidence avec le SARS-CoV-1 et le MERS-CoV[99]. MĂȘme si aucun cas d'une telle ADE n'a pu ĂȘtre constatĂ© pour l'instant avec le SARS-CoV-2, ce risque incite Ă  la prudence tant dans la recherche vaccinale que pour les traitements expĂ©rimentaux Ă  base de sĂ©rums de patients infectĂ©s ou d'anticorps monoclonaux[100].

Dans le cas du SARS-CoV-1, la sĂ©quence activant les anticorps facilitants est l’épitope peptidique « LYQDVNC » localisĂ© sur le fragment « SD2 » de la protĂ©ine S. Cette sĂ©quence est prĂ©sente dans la souche originelle du SARS-CoV-2 (celle de Wuhan) et correspond aux codons de la protĂ©ine S : L611, Y612, Q613, D614, V615, N616, C617[99]. La mutation D614G sur la protĂ©ine S, qui est devenue dominante parmi les variants du SARS-CoV-2, a transformĂ© la sĂ©quence « LYQDVNC » en « LYQGVNC », et semblerait empĂȘcher le phĂ©nomĂšne d'anticorps facilitants[101].

D'autres mécanismes pouvant générer des anticorps facilitants ont été proposés pour le SARS-CoV-2. Certains anticorps ciblant le RBD de la protéine S du SARS-CoV-2 seraient susceptibles d'activer le récepteur FcγRIIB[102], reconnu par les lymphocytes B. Tandis que certains anticorps ciblant le NTD[103] - [104] - [105], pourraient activer :

Chez le coronavirus du chat, un des rares coronavirus capable de se reproduire activement dans un globule blanc (les macrophages), le phĂ©nomĂšne des anticorps facilitants induit une pĂ©ritonite infectieuse (PIF). À noter que pour soigner la PIF, le GS-441524, autre nom du remdesivir, s’est montrĂ© efficace[106].

Dissémination

AprĂšs s’ĂȘtre rĂ©pliquĂ© localement au niveau des voies respiratoires et Ă©ventuellement dans le systĂšme digestif, le SARS-CoV-2 peut se dissĂ©miner dans l'organisme via 3 voies :

Incubation et charge virale

La pĂ©riode d’incubation est le dĂ©lai entre la contamination et l’apparition des premiers symptĂŽmes de la maladie. Dans le cas d'une infection au SARS-CoV-2, la pĂ©riode d'incubation varie entre deux et quatorze jours[109]. La pĂ©riode d'incubation mĂ©diane est de 5 jours, et 97,5 % de ceux qui dĂ©veloppent des symptĂŽmes le font en moins de 11,5 jours[110].

SymptÎmes de la maladie à coronavirus 2019, causée par le SARS-CoV-2.

Bien que des Ă©tudes aient suggĂ©rĂ© que le pic de charge virale dans les voies respiratoires supĂ©rieures (nez, pharynx) soit atteint avant l'apparition des premiers symptĂŽmes de la maladie, il semble que le pic se produise en fait peu de temps aprĂšs, voire 3 Ă  5 jours aprĂšs. Ce pic est suivi d'une clairance continue du SARS-CoV-2 dans l’organisme. Dans les voies respiratoires supĂ©rieures, l'ordre de grandeur du pic viral est similaire entre les individus asymptomatiques et symptomatiques infectĂ©s, autour de 70 millions de copies d'ARN/mL par test PCR. NĂ©anmoins, de maniĂšre assez similaire Ă  la grippe, la clairance virale est plus rapide chez les individus asymptomatiques que chez ceux qui sont symptomatiques[111]. Plus de la moitiĂ© des contaminations serait le fait de porteurs asymptomatiques[112].

Les asymptomatiques peuvent tolĂ©rer un certain degrĂ© d'infection des voies respiratoires infĂ©rieures sans dĂ©velopper de symptĂŽmes. IndĂ©pendamment de l’ñge, environ 40 Ă  50 % des Covid-19 asymptomatiques pourraient prĂ©senter des anomalies radiographiques des poumons, le plus souvent des nodules en verre dĂ©poli[113] - [114]. Le verre dĂ©poli aigu exprime un ƓdĂšme, une hĂ©morragie ou simplement une inflammation pulmonaire. GĂ©nĂ©ralement il faut moins de 3 mois pour que ces nodules disparaissent[115].

Il est suggĂ©rĂ© que le taux de lĂ©talitĂ© apparente (dĂ©cĂšs/cas confirmĂ©s) du SARS-CoV-2 serait autour de 2 %, tandis que le taux de lĂ©talitĂ© rĂ©elle (dĂ©cĂšs/cas rĂ©els) est autour de 0,8 %[116], ce qui est Ă©levĂ© au regard de la contagiositĂ© du SARS-CoV-2. Les personnes dĂ©veloppant des formes sĂ©vĂšres sont gĂ©nĂ©ralement ĂągĂ©es ou en surpoids, ou prĂ©sentent des comorbiditĂ©s (hypertension, diabĂšte, cancers, etc.). En France, en 2020, l'Ăąge mĂ©dian des dĂ©cĂšs est de 84 ans[117], et 75 % des patients dĂ©cĂ©dĂ©s ont plus de 75 ans[118]. Le taux de mortalitĂ© des malades admis en rĂ©animation est compris suivant les hĂŽpitaux entre 10 %[119] et 40 %[120].

Une typologie à affiner pour distinguer les différentes réponses immunitaires face au SARS-CoV-2 est :

  • 40 % d’asymptomatiques[121] ;
  • 40 % de symptomatiques lĂ©gers, type grippe ;
  • 15 % de formes modĂ©rĂ©es pouvant conduire Ă  une Covid long[122] ;
  • 5 % de formes sĂ©vĂšres pouvant nĂ©cessiter des soins de rĂ©animation[123].

Covid léger

De maniĂšre probablement assez similaire Ă  la grippe, l'ARN viral du SARS-CoV-2 finit par ĂȘtre dĂ©tectĂ© par des globules blancs « sentinelles » comme les cellules dendritiques ou les macrophages. La dĂ©tection du virus conduit Ă  la sĂ©crĂ©tion d'interfĂ©rons de type I (IFN), de chimiokines et de cytokines pro-inflammatoires[124], induisant un Ă©tat antiviral gĂ©nĂ©ralisĂ©. Sur le site de l'infection des globules blancs spĂ©cifiques Ă  la rĂ©ponse innĂ©e sont recrutĂ©s. Les plus importants sont les lymphocytes NK qui pilotent la clairance virale. Les monocytes et les neutrophiles vont aider Ă  Ă©liminer les cellules mortes infectĂ©es[124].

Chez les Covid-19 asymptomatiques, ces mĂ©canismes de dĂ©fense du systĂšme immunitaire innĂ© pourraient ĂȘtre suffisants pour venir Ă  bout du SARS-CoV-2. Chez les Covid-19 lĂ©gĂšrement symptomatiques, la clairance ultime vient avec l’immunitĂ© adaptative oĂč interviennent les lymphocytes T et les lymphocytes B. L'immunitĂ© adaptative ou la mĂ©moire immunitaire est activĂ©e dĂšs qu'un globule blanc « sentinelle » prĂ©sente un antigĂšne, c'est-Ă -dire un fragment du SARS-CoV-2, aux lymphocytes T dans un ganglion lymphatique[125]. Les lymphocytes sont les seuls globules blancs Ă  avoir une mĂ©moire[126]. L’immunitĂ© adaptative s’appuie sur :

La trĂšs grande majoritĂ© de la population mondiale a dĂ©jĂ  contractĂ© un rhume Ă  cause d’un coronavirus bĂ©nin comme le HCoV-NL63, le HCoV-229E ou encore le HCoV-OC43[127]. À la suite de cette infection, des lymphocytes T Ă  mĂ©moire ont conservĂ© une immunitĂ© cellulaire de combat et sont capables de la mobiliser contre le SARS-CoV-2, une fois que l'antigĂšne leur a Ă©tĂ© prĂ©sentĂ©. Il s’agit donc d’une immunitĂ© cellulaire croisĂ©e[128] - [129] - [130]. En revanche il est suggĂ©rĂ© qu'il n'existe pas d'immunitĂ© croisĂ©e pour les lymphocytes B qui produisent des anticorps[131]. Dans le cas d'une infection par le SARS-CoV-2, seuls les anticorps ciblant la protĂ©ine S du SARS-CoV-2 se rĂ©vĂ©leraient neutralisants[105]. Les anti-S commencent Ă  ĂȘtre dĂ©tectĂ©s en sĂ©rologie, environ deux semaines aprĂšs l’infection. Les anticorps contre la protĂ©ine S ciblent seulement quelques fragments spĂ©cifiques : le RBD reprĂ©sente entre 65 et 77 % des anti-S, et le NTD reprĂ©sente entre 6 et 20 % des anti-S[104].

Les rĂ©sultats de plusieurs Ă©quipes mettent en Ă©vidence que tous les patients infectĂ©s ne dĂ©veloppent pas de rĂ©ponse anticorps. Le taux d’anticorps Ă©tait significativement plus Ă©levĂ© chez les patients plus ĂągĂ©s[128]. L’ensemble Ă©voque que l’on peut guĂ©rir de l’infection en l’absence d’anticorps et que ceci est particuliĂšrement vrai pour les plus jeunes et les patients asymptomatiques, faisant Ă©voquer l’importance de l’immunitĂ© innĂ©e et de l’immunitĂ© cellulaire dans la clairance virale[128].

Covid sévÚre

Dans les formes modĂ©rĂ©es de Covid-19 et particuliĂšrement dans celles sĂ©vĂšres, la rĂ©ponse innĂ©e est inefficiente. Elle se caractĂ©rise par un taux d’interfĂ©rons de type I et III relativement bas[132]. Et surtout dans la semaine consĂ©cutive Ă  l’infection, il est observĂ© chez ces patients une chute des lymphocytes T, avec une lymphopĂ©nie en forme de V. Toutes les situations de stress aigu peuvent se compliquer de lymphopĂ©nie via l’augmentation des taux circulants de cortisol par le systĂšme endocrinien et spĂ©cifiquement par les glandes corticosurrĂ©nales. Alors que chez un individu en bonne santĂ©, le taux de cortisol est gĂ©nĂ©ralement autour de 375 nmol/L[133], chez les patients Covid-19 en Ă©tat de stress, ce taux atteint rapidement 620 nmol/L[134] - [135].

La rarĂ©faction des lymphocytes est rapidement compensĂ©e par une synthĂšse massive de neutrophiles (neutrophilie)[136] - [137]. Les neutrophiles qui se substituent aux lymphocytes pour lutter contre le SARS-CoV-2 libĂšrent dans les tissus infectĂ©s des « NEToses », c’est-Ă -dire des fibres composĂ©es d'ADN et de protĂ©ines, dont la fonction est de piĂ©ger des micro-organismes pathogĂšnes (bactĂ©ries ou autres). Un excĂšs de neutrophiles contribue Ă  la thrombogĂ©nĂšse, c'est-Ă -dire Ă  la formation de caillots sanguins[138].

La rĂ©ponse immunitaire innĂ©e et adaptative des formes sĂ©vĂšres de Covid-19 est globalement contre-productive et gĂ©nĂšre autant de dĂ©gĂąts dans l'organisme que le virus. Du fait de la lymphopĂ©nie, les lymphocytes T sont recrutĂ©s en nombre rĂ©duit. Ces lymphocytes T sur-expriment le rĂ©cepteur CD69, la protĂ©ine Tim-3 (en) et le facteur de transcription aiolos (en), ce qui a pour effet une production massive d’interfĂ©rons gamma (IFN-Îł)[132] - [139] - [140]. En rĂ©ponse Ă  l’élĂ©vation du taux d’IFN-Îł, les monocytes et macrophages sĂ©crĂštent massivement de l’IP-10 (en), une chimiokine appelĂ©e Ă©galement CXCL10. L’élĂ©vation du taux de CXCL10 annonce le syndrome de dĂ©tresse respiratoire aiguĂ« de la Covid-19[141].

La concomitance de l’apparition des anticorps, deux semaines aprĂšs l’infection, avec l’orage cytokinique, ainsi que la corrĂ©lation positive entre le taux d’anticorps et la sĂ©vĂ©ritĂ© de l’infection a fait envisager l’hypothĂšse que les anticorps puissent ĂȘtre impliquĂ©s dans les mĂ©canismes physiopathologiques[128]. Dans une Ă©tude auprĂšs de 15 patients Covid-19 brĂ©siliens admis en soins intensifs, la moitiĂ© des patients prĂ©sentaient une infection des globules blancs[97] - [98]. TrĂšs peu, sinon aucun des lymphocytes T Ă©tait infectĂ©. En revanche les lymphocytes B Ă©taient particuliĂšrement ciblĂ©s par le SARS-CoV-2[97] - [98].

Peut-ĂȘtre en lien avec des anticorps non neutralisants et facilitants, il est observĂ© une prolifĂ©ration de monocytes / macrophages qui sĂ©crĂštent des niveaux Ă©levĂ©s de cytokines et chimiokines notamment des IL-6, IL-8 et IL-10[142]. Les formes sĂ©vĂšres nĂ©cessitant une hospitalisation en unitĂ© de soins intensifs se dĂ©marquent en particulier par des concentrations plus Ă©levĂ©es de IP-10/CXCL10 (en), MCP-1/CCL2 et TNFα[141].

Les taux de cytokines de la Covid-19 sĂ©vĂšre ne sont pas spĂ©cialement Ă©levĂ©s, en comparaison d’un choc septique ou d'une infection respiratoire aiguĂ« sĂ©vĂšre classique[143]. Pourtant il se produit bien un orage cytokinique avec la Covid-19, ce qui concrĂštement se traduit par un processus incontrĂŽlĂ© de mort cellulaire par pyroptose (en), apoptose et nĂ©croptose des tissus infectĂ©s[144]. La mort cellulaire est mesurable par le taux sĂ©rique de lactate dĂ©shydrogĂ©nase (LDH). Chez plus de 95 % des patients dĂ©cĂ©dĂ©s de la Covid, le taux de LDH est au-dessus du seuil de tolĂ©rance qui est fixĂ© Ă  250 U/L[145]. Et ce processus de destruction cellulaire est induit par le cocktail de cytokines de la Covid-19[144]. Il est suggĂ©rĂ© que la production concomitante de TNFα et d’IFNÎł induit une production dĂ©lĂ©tĂšre d'oxyde nitrique, Ă  l’origine d'une mort cellulaire incontrĂŽlable et in fine du syndrome de dĂ©tresse respiratoire aiguĂ«[144]. L’utilisation Ă  forte dose de corticoĂŻdes pour soigner des Covid sĂ©vĂšres inhibe les IFNÎł[146] et par consĂ©quent pourrait empĂȘcher la production mortelle d'oxyde nitrique.

Mutation et variants

D'abord rĂ©putĂ© stable[147], le SARS-CoV-2 s’avĂšre en fait un virus extrĂȘmement instable[148] - [149].

Les mutations de la protĂ©ine S sont celles qui ont Ă©tĂ© le plus mĂ©diatisĂ©es. La premiĂšre mutation d'importance est D614G qui a favorisĂ© l'infectivitĂ© du SARS-CoV-2[150]. À partir de dĂ©cembre 2020, le variant anglais se distingue par au moins 17 modifications (mutations ou dĂ©lĂ©tions), toutes protĂ©ines virales confondues, un record[151]. La plus connue des mutations est N501Y qui a amĂ©liorĂ© la liaison du RBD avec le rĂ©cepteur ACE2[151]. Le variant anglais multiplie par deux l’infectivitĂ© du virus[152]. En parallĂšle apparaissent les variants sud-africain et brĂ©silien qui ont la particularitĂ© de partager avec le variant anglais la mutation N501Y. Mais ces deux variants contiennent surtout des mutations comme E484K qui affaiblissent l’efficacitĂ© des anticorps des vaccins de premiĂšre gĂ©nĂ©ration et facilitent les rĂ©infections au SARS-CoV-2[153].

Au total, fin mars 2021, sur les 1 273 codons de la protĂ©ine S, il est recensĂ© 28 mutations (2 %) qui se propagent[154] :

  • 11 d’entre elles (40 %) concernent le NTD : mutations aux codons 18, 69, 70, 80, 138, 144, 215, 222, 241, 242 et 243 ;
  • 6 d’entre elles (20 %) concernent le RBD : mutations aux codons 417, 439, 452, 477, 484 et 501 ;
  • 4 concernent les SD1 et SD2 : mutations aux codons 570, 614, 677 et 681.

Le NTD est le fragment le plus instable de la protéine S, autrement dit celui qui mute le plus rapidement. Il est anticipé que la prochaine mutation majeure sur le NTD se produise sur le codon 248. Cette mutation pourrait encore affaiblir davantage les anticorps des vaccins de premiÚre génération (AstraZeneca, Pfizer, Moderna
)[155] - [156].

En dehors de la protéine S, fin mars 2021, le SARS-CoV-2 concentre de fortes mutations sur :

  • ORF9c : sur les 73 codons de cette protĂ©ine, sept (10 %) sont en pleine Ă©volution : 194, 199, 202, 203, 204, 205 et 220[154]. La protĂ©ine ORF9c est essentielle au SARS-CoV-2 pour dĂ©rĂ©guler Ă  son profit les gĂšnes des cellules infectĂ©es[73] - [74] - [75] ;
  • ORF9b : sur ses 97 codons, quatre (4 %) mutent assez fortement : 10, 16, 32 et 70[154]. Outre son activitĂ© anti-interfĂ©rons, la protĂ©ine ORF9b bloque l’apoptose (autodestruction de la cellule)[71] - [72] ;
  • ORF8 : sur ses 121 codons, sept (6 %) ont dĂ©jĂ  des mutations bien avancĂ©es : 27, 52, 68, 73, 84 et 92[154]. La protĂ©ine ORF8 permet au SARS-CoV-2 de bloquer la prĂ©sentation d’un antigĂšne par le CMH-I des cellules infectĂ©es, ce qui retarde la rĂ©ponse immunitaire adaptative[76] - [77] ;
  • ORF3b : sur les 156 codons de cette protĂ©ine, seulement quatre connaissent une forte Ă©volution : 171, 172, 174 et 223[154]. Mais ORF3b est la protĂ©ine du SARS-CoV-2 exerçant la plus forte activitĂ© anti-interfĂ©rons. Et surtout ORF3b est tronquĂ©e. L’ORF3b qui la code contient quatre codons-stop qui devraient sauter au fur et Ă  mesure des mutations et permettre progressivement Ă  cette protĂ©ine d’exercer une activitĂ© anti-interfĂ©rons de plus en plus forte[51].

Finalement, il existe des milliers de variants du SARS-CoV-2, certains influencent négativement la santé des humains, les diagnostics et les vaccins[157]. Globalement, les variants du SARS-CoV-2 qui s'imposent sont ceux qui sont les plus contagieux ou qui échappent aux vaccins de premiÚre génération.

Vitesse d’évolution du SARS-CoV-2 en comparaison d’autres virus
Virus Vitesse de mutation (Substitutions/site/an)
Mutation la + rapide Polio[158] ∌1,0 Ă— 10−2
SARS-CoV-2[148] - [149] 5,2 Ă  8,1 Ă— 10−3
VIH-1[159] 3 Ă  8 Ă— 10−3
Grippe[159] 2 Ă  8 Ă— 10−3
Virus de l'hĂ©patite C[160] 1,5 Ă— 10−3
Virus de l'hĂ©patite A[161] 1,21 Ă  2 Ă— 10−3
Ebola[162] 1,2 Ă— 10−3
Dengue[159] 7 Ă  9 Ă— 10−4
Rougeole[163] 6,0 Ă  6,5 Ă— 10−4
Virus de la rage[164] 5 Ă— 10−4
Virus de l'encĂ©phalite japonaise[165] 3,5 Ă  5,3 Ă— 10−4
HCov-229E[166] 3 Ă  8 Ă— 10−4
Virus de la fiĂšvre jaune[159] 2 Ă  5 Ă— 10−4
Varicelle[167] 1,82 Ă— 10−5 Ă  3,8 Ă— 10−6
Virus de l'hĂ©patite B ~10−6
HPV-18[168] ∌4,5 Ă— 10−7
Mutation la plus lente EBV[169] ~10−9

Nom du virus et de la maladie

D'abord dĂ©nommĂ© « coronavirus de Wuhan »[170] puis « nouveau coronavirus 2019 » (2019-nCoV), son nom officiel SARS-CoV-2 (pour « severe acute respiratory syndrome coronavirus 2 », en anglais) a Ă©tĂ© dĂ©fini le par l'International Committee on Taxonomy of Viruses (ICTV)[1]. La forme longue en français de l’acronyme SARS-CoV-2 est dĂ©signĂ©e par l’OMS « coronavirus 2 du syndrome respiratoire aigu sĂ©vĂšre »[171], tandis que l’Office quĂ©bĂ©cois de la langue française le dĂ©signe « coronavirus du syndrome respiratoire aigu sĂ©vĂšre 2 » et francise partiellement l'acronyme en SRAS-CoV-2[170] - [Note 1] - [Note 2].

Le groupe d'Ă©tude Nidovirales de l'ICTV a proposĂ© le nom SARS-CoV-2 au terme d'une analyse taxonomique poussĂ©e[4]. Ce travail montre notamment que le nouveau coronavirus appartient Ă  la mĂȘme espĂšce biologique (SARSr-CoV) que SARS-CoV-1 qui avait causĂ© l'Ă©pidĂ©mie de SRAS en 2003, mĂȘme si le syndrome observĂ© en 2019 diffĂšre du SRAS Ă  proprement parler.

SimultanĂ©ment, l'OMS donne Ă  la maladie liĂ©e au virus le nom officiel de « maladie Ă  coronavirus 2019 » (COVID-19[171] - [172], de l'anglais coronavirus disease 2019) qui avant Ă©tait informellement dĂ©nommĂ©e « pneumonie de Wuhan ». À noter que Covid-19 dĂ©signe la maladie et non le coronavirus, d'oĂč des recommandations de l'employer au fĂ©minin[173] - [174].

MĂȘme si nommer diffĂ©remment la maladie et l'agent qui la cause est habituel (exemple : le VIH cause le sida), et si la dĂ©finition des espĂšces biologiques dĂ©pend d'autres Ă©lĂ©ments que ceux purement conjoncturels (exemple : Botrytis cinerea cause la pourriture grise mais aussi la pourriture noble recherchĂ©e pour la vinification des sauternes), l'apparition des deux noms le mĂȘme jour a d'abord suscitĂ© quelques incomprĂ©hensions tant dans le public peu averti mais sensibilisĂ© par une situation de crise[175], que dans la communautĂ© scientifique[176] - [177].

Selon l'historien FrĂ©dĂ©ric Vagneron, « c’est sans doute la premiĂšre fois dans l’histoire que l’on a dĂ©tectĂ© un virus avant mĂȘme de donner un nom Ă  la maladie qu’il provoque »[178].

Ressources scientifiques

L'émergence de SARS-CoV-2, jusque là inconnu de la communauté scientifique, a donné lieu en quelques semaines à une explosion sans précédent de production scientifique, à son partage à l'échelle planétaire et à son application pour la mise au point de tests de dépistage, de vaccins et de traitements, pour le bénéfice public mais soulevant parfois des questions de fiabilité[179] - [180].

Les archives de prĂ©publications, notamment bioRxiv et medRxiv, et divers forums de chercheurs, permettent une diffusion rapide — mais non formellement approuvĂ©e par les pairs — de l'information scientifique concernant SARS-CoV-2[181]. BioRxiv a publiĂ© le premier preprint sur SARS-CoV-2 (alors nommĂ© 2019-nCoV) le [182] et medRxiv le [183].

Les premiÚres publications scientifiques validées par les pairs datent du [184]. Plusieurs grandes revues et grands éditeurs scientifiques, devant l'urgence de la situation, ont décidé de rendre disponibles hors abonnement certaines publications scientifiques sur le nouveau coronavirus et la pneumonie associée. C'est notamment le cas de Elsevier[185], The Lancet[186], The New England Journal of Medicine[187], Science[188], Springer-Nature[189] ou encore Wiley[190].

Le 2 avril 2020, la Commission européenne a ouvert un portail de données dédié[191], appuyé sur l'infrastructure ELIXIR (en), afin de faciliter la collecte et le partage des données de recherche disponibles[192] : séquences, données d'expression, protéines, structures, littérature, autres. Cette ressource sert au passage de pilote pour la mise en place du dispositif European Open Science Cloud (EOSC).

Une plateforme internationale en open-data, GISAID, est destinĂ©e Ă  recueillir les donnĂ©es sur le sĂ©quençage du gĂ©nome du virus, et qui a par ailleurs Ă©tendu sa collecte Ă  des donnĂ©es Ă©pidĂ©miologiques. Ces donnĂ©es sont exploitĂ©es par un projet lui aussi en accĂšs libre, NextStrain[193]. Au , GISAID recense plus de 63 000 sĂ©quences du gĂ©nome. Il semblerait toutefois qu'en raison d'enjeux financiers ou de pouvoir, le partage des donnĂ©es se tarisse aprĂšs le pic de la pandĂ©mie. Selon Mediapart (Ă  la date de juillet 2020), la France n'aurait publiĂ© que « 394 gĂ©nomes dans cette base, soit Ă  peine 1 % du nombre total de gĂ©nomes partagĂ©s au niveau international »[194].

Illustration iconique

Illustration d'un virion de SARS-CoV-2, crĂ©Ă©e par Alissa Eckert et Dan Higgins, du DĂ©partement de la SantĂ© et des Services sociaux des États-Unis en 2020.
Casque de moto en forme de SARS-CoV-2, porté par un policier en mars 2020 (Inde).

La modĂ©lisation de la particule (virion) de SARS-CoV-2 par les illustrateurs mĂ©dicaux Alissa Eckert et Dan Higgins, des centres pour le contrĂŽle et la prĂ©vention des maladies, les principales agences fĂ©dĂ©rales des États-Unis en matiĂšre de protection de la santĂ© publique, s'est imposĂ©e aux mĂ©dias du monde entier comme l'image iconique du virus ; quand bien mĂȘme des illustrations plus prĂ©cises sont apparues ultĂ©rieurement. En pleine pandĂ©mie, elle fait la Une de la presse et des Ă©missions tĂ©lĂ©visuelles ; les gens se l'approprient Ă  travers des dĂ©guisements, des peluches ou des piñatas cathartiques. Elle en devient le symbole[195].

Diffusée sous licence libre au tout début de l'épidémie à partir de , il s'agit de la premiÚre modélisation du virus créée afin d'alerter la population américaine.

Basée sur une photographie en noir & blanc issue du Centre chinois pour le contrÎle et la prévention des maladies de Pékin, son rendu est colorisé et stylisé, et n'est pas strictement fidÚle à la réalité scientifique[195]. En effet, la lumiÚre polarisée, la texture granuleuse, la rondeur parfaite de la cellule ainsi que les couleurs chaudes sont des mises en scÚne. Ainsi, le rouge des protéines S évoque inconsciemment le danger et le sang ; les grains jaunes des protéines E et orange des protéines M sont gommés pour mettre en valeur les protéines S qui figurent l'identité du virus. Selon l'historienne de l'art Fleur Hopkins-Loféron, cette illustration est l'héritiÚre de l'image du virus du SIDA : une boule rougeoyante inquiétante ornée de piquants agressifs[195].

En 2020, cette modélisation reçoit le prix Beazley décerné par le Design Museum de Londres[195].

Notes et références

Notes

  1. L'acronyme SRAS-CoV-2 est presque uniquement utilisé au Canada et en Suisse romande.
  2. L'OMS, en français, recommande l'usage du nom officiel défini par l'ICTV [c'est-à-dire SARS-CoV-2] (voir Appellation de la maladie à coronavirus 2019 (COVID-19) et du virus qui la cause, § Quel est le nom utilisé par l'OMS pour le virus ?).
  3. Dans tous les cas, le virion est toujours d'une taille largement suffisante pour ĂȘtre assez facilement visible au microscope Ă©lectronique, y compris sur des coupes minces, sans toutefois qu'on puisse le distinguer par sa forme d'autres coronavirus.

Références

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Voir aussi

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Articles connexes

Liens externes


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