SARS-CoV-2
Le SARS-CoV-2 (acronyme anglais de severe acute respiratory syndrome coronavirus 2), soit coronavirus 2 du syndrome respiratoire aigu sévÚre, est le virus responsable de la Covid-19. Son acronyme est parfois partiellement francisé en SRAS-CoV-2[Note 1] - [Note 2]. Ce coronavirus hautement pathogÚne a été découvert en dans la ville de Wuhan (province de Hubei, en Chine).
Le SARS-CoV-2 est un virus à ARN monocaténaire de polarité positive du groupe IV de la classification Baltimore. C'est une souche nouvelle de l'espÚce SARSr-CoV, dans le genre betacoronavirus qui regroupe entre autres les SARS-CoV-1 et MERS-CoV.
Dans un contexte de faible immunité collective, le SARS-CoV-2 circule presque toute l'année. Avec le temps, il est possible que le SARS-CoV-2 circule sur un mode épidémique plus saisonnier, entre janvier et mai dans les zones à climat tempéré, tout comme le HCoV-NL63, le HCoV-229E et le HCoV-OC43, des coronavirus responsables de simples rhumes.
Le SARS-CoV-2 est principalement transmis par les microgouttelettes et aĂ©rosols et a un tropisme particulier pour le systĂšme respiratoire supĂ©rieur (nez, trachĂ©e) et infĂ©rieur (bronches, poumons). Un site complĂ©mentaire de rĂ©plication primaire est le systĂšme digestif, en particulier lâestomac et les intestins. Le SARS-CoV-2 peut se dissĂ©miner dans lâorganisme via les neurones. Lorsque le SARS-CoV-2 atteint le systĂšme nerveux central, il peut se produire une perte totale ou partielle dâodorat (anosmie). Le SARS-CoV-2 a de nombreux sites secondaires de rĂ©plication : le systĂšme cardiovasculaire, le systĂšme immunitaire, le systĂšme endocrinien, le systĂšme urinaire, le systĂšme reproducteur et les glandes sudoripares de la peau.
Le principal rĂ©cepteur cellulaire utilisĂ© par le SARS-CoV-2 pour infecter des cellules est lâenzyme ACE2. Ce rĂ©cepteur est reconnu par la protĂ©ine S du SARS-CoV-2 qui opĂšre l'essentiel du processus dâentrĂ©e du virus dans une cellule. Le SARS-CoV-2 possĂšde au total environ 29 protĂ©ines virales. Certaines dâentre elles sont spĂ©cialisĂ©es dans le dĂ©tournement de la machinerie de la cellule infectĂ©e. Dâautres participent activement Ă la rĂ©plication du gĂ©nome viral. Le SARS-CoV-2 peut infecter des cellules par fusion directe ou en Ă©tant absorbĂ© par une cellule via un processus dâendocytose. Le SARS-CoV-2 a aussi la facultĂ© de fusionner des cellules infectĂ©es avec les cellules non infectĂ©es avoisinantes, formant des « syncytia », câest-Ă -dire des cellules gĂ©antes englobant des dizaines de cellules productrices de virus.
PrĂ©sentant une vitesse actuelle de mutation de lâordre de 5,2âĂ 8,1 ĂâŻ10â3 substitutions par site et par an, le SARS-CoV-2 est l'un des virus qui mutent le plus vite au monde.
La réponse immunitaire face au SARS-CoV-2 diffÚre d'un patient à l'autre : 40 % sont asymptomatiques, 40 % développent une Covid légÚre, 15 % une forme modérée pouvant conduire à un Covid long, et 5 % une Covid sévÚre pouvant nécessiter des soins de réanimation. La réponse immunitaire innée et adaptative des formes sévÚres de Covid-19 est globalement contre-productive et génÚre autant de dégùts dans l'organisme que le virus.
L'origine du SARS-CoV-2 n'est pas rĂ©solue. Le rĂ©servoir animal des sarbecovirus se trouve chez les chauve-souris asiatiques du genre Rhinolophus (les rhinolophes). Son adaptation Ă l'humain pourrait rĂ©sulter dâun passage direct des chauves-souris aux humains, mais il est Ă©galement possible qu'elle se soit faite par une transmission impliquant un hĂŽte intermĂ©diaire encore indĂ©terminĂ©, ou soit le fruit d'un gain de fonction en laboratoire[2].
Coronavirus 2 du syndrome respiratoire aigu sévÚre
Virologie
Classification
Le virus SARS-CoV-2 forme une souche virale gĂ©nĂ©tiquement distincte des autres coronavirus humains comme le MERS-CoV ou d'autres plus bĂ©nins, mais il appartenant Ă la mĂȘme espĂšce biologique que le SARS-CoV-1, le virus du SRAS[4]: comme celui-ci il appartient Ă l'espĂšce SARSr-CoV (severe acute respiratory syndrom-related coronavirus), dans le sous-genre Sarbecovirus[5] - [6] - [7], le genre Betacoronavirus et la famille Coronaviridae[4].
Morphologie et génome
La morphologie des virions est typique de celle des coronavirus[8], notamment par son halo de protubérances constituées de polymÚres de protéines virales spiculées (« spikes » en anglais), qui leur a donné leur nom de « virus à couronne ». Le diamÚtre du virion de SARS-CoV-2 est compris entre 60 et 140 nm[9], contre 50 à 80 nm pour celui du SARS-CoV-1[10] - [8] - [Note 3].
Le génome du SARS-CoV-2 est constitué d'un ARN simple-brin de 29 903 nucléotides[11] - [12] - [13]. En ce qui concerne l'homologie des nucléotides, le SARS-CoV-2 est à 79,5 % identique à celui du SARS-CoV[14] et à 50 % identique à celui du MERS-CoV[15].
Filiation génétique
Les sarbecovirus ont pour réservoir animal les chauves-souris du genre Rhinolophus, les rhinolophes.
Le SARS-CoV-2 présente des similitudes avec les Betacoronavirus trouvés chez des chauves-souris et des pangolins[16] - [17].
L'arbre phylogénétique de la branche des coronavirus apparentés au SARS-CoV-2, tel qu'obtenu sur la base du gÚne RdRp, est le suivant[18] - [19] - [20] :
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SARS-CoV-1, proche Ă 79 % du SARS-CoV-2 | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
- Animal hĂŽte :
- chauve-souris
- pangolin
- humain
En matiĂšre d'homologie, le SARS-CoV-2 est :
- à 96 % identique à celui de BetaCoV/bat/Yunnan/RaTG13/2013, un coronavirus d'une chauve-souris chinoise du genre Rhinolophe : Rhinolophus affinis[27] - [28] et à prÚs de 97 % de BANAL-52 découvert récemment au Laos[29] - [30] ;
- à 91 % identique à un coronavirus présent chez les pangolins javanais[31] - [32] - [33] - [34] - [35] - [36].
Le SARS-CoV-2 est trĂšs proche de la souche RaTG13 (un sarbecovirus qui pourrait s'ĂȘtre adaptĂ© aux rongeurs[37] - [38]). Mais sa protĂ©ine S en est trĂšs diffĂ©rente. Le domaine de liaison au rĂ©cepteur (RBD) du SARS-CoV-2 est en revanche trĂšs proche de celui de BANAL-52.
Mais le SARS-CoV-2 présente aussi deux innovations déterminantes pour son adaptation à l'humain :
- La mutation T372A dans le RBD facilite la liaison au récepteur ACE2 humain[39] (mais aussi du pangolin et de R. macrotis (it)), on la trouve dans tous les SARS-CoV-2 et seulement chez eux. Ce qui pourrait en partie expliquer pourquoi la protéine S du SARS-CoV-2 a une affinité pour le récepteur ACE2 humain 10 à 20 fois plus élevée que celle du virus du SARS-CoV-1[40] - [41].
- L'insertion d'une séquence de 4 acides aminés -S[PRRA]RSV- au site de clivage (-RS-) affichant une séquence -RRAR- qui permet chez l'humain l'activation du clivage par la furine[42]. De telles séquences se retrouvent dans d'autres coronavirus humains mais pas chez les sarbecovirus, SARS-CoV-1 inclus (Le MERS-CoV, un merbecovirus humain, a pour sa part une séquence différente -PRSVRSV-).
Description
Structure protéique du virus
Comme d'autres coronavirus, le SARS-CoV-2 possÚde quatre protéines structurales :
- ProtĂ©ine S (dite protĂ©ine spike, spicule ou protĂ©ine spiculaire) : elle forme les pĂ©plomĂšres, protubĂ©rances de la « couronne » caractĂ©ristique des coronavirus. Ces pĂ©plomĂšres jouent un rĂŽle clĂ© dans la liaison du virus Ă un ou plusieurs rĂ©cepteurs en surface d'une cellule[43]. La protĂ©ine S semble ĂȘtre l'un des principaux dĂ©terminants du tropisme du SARS-CoV-2[44].
La publication du génome viral a permis de modéliser sa structure tridimensionnelle (voir ci-contre). Elle a aussi été décrite au niveau atomique par la microscopie électronique cryogénique[41] - [45] ; - Protéine E (enveloppe) ;
- Protéine M (membrane) ;
- Protéine N (nucléocapside) ; c'est elle qui enveloppe et protÚge l'ARN viral (le code génétique du virus).
Les protéines S, E et M constituent, ensemble, l'enveloppe virale[43].
GĂ©nome
Le génome du SARS-CoV-2 contient 11 gÚnes[46] reconnaissant 15 Open Reading Frame (ORF) permettant de produire entre 29 et 33 protéines virales aprÚs protéolyse. Initialement 29 protéines virales avaient été identifiées[47]. Fin 2020 au moins 4 autres protéines virales supplémentaires ont été proposées (ORF2b, ORF3c, ORF3d et ORF3d-2)[48].
Le génome du SARS-CoV-2 a une coiffe à son extrémité 5' et une queue polyadénylée à son extrémité 3'[49] :
- Ă son extrĂ©mitĂ© 5', sont placĂ©s les gĂšnes ORF1a et ORF1b codant des protĂ©ines non structurales (NSP). ORF1a et ORF1b reprĂ©sentent deux tiers du gĂ©nome et se chevauchent lĂ©gĂšrement et sont donc parfois confondus et appelĂ©s ORF1ab. ORF1ab est considĂ©rĂ© comme un gĂšne unique codant 16 protĂ©ines dont plusieurs sont des enzymes qui ont un rĂŽle essentiel dans la rĂ©plication et lâexpression du gĂ©nome[50] ;
- à son extrémité 3', sont placés les dix gÚnes qui codent les protéines structurales et accessoires. Le SARS-CoV-2 a quatre gÚnes spécifiques à des protéines structurales : S, M, E et N. Le gÚne de la protéine N intÚgre également les ORF permettant de produire deux protéines accessoires : 9b et 9c[46]. En plus, le SARS-CoV-2 a six gÚnes associés à des protéines accessoires : 3a, 6, 7a, 7b, 8, et 10. Le gÚne de l'ORF3a code également l'essentiel de la protéine ORF3b[51] - [52] et de 3 autres protéines virales (ORF3c, ORF3d et ORF3d-2). Il est également suggéré que l'ORF codant la protéine S produit une seconde protéine baptisée ORF2b[48].
Les protéines accessoires du SARS-CoV-2 divergent en partie de celles du SARS-CoV-1[46] :
- les SARS-CoV-2 et SARS-CoV-1 ont en commun les protéines 3a, 6, 7a, 7b, 9b et 9c ;
- les protĂ©ines 3b et 8 du SARS-CoV-2 sont diffĂ©rentes des protĂ©ines 3b, 8a et 8b du SARS-CoV-1. Les protĂ©ines ORF3b et ORF8 seraient avec la protĂ©ine N, les premiĂšres cibles des anticorps produits par les lymphocytes B aprĂšs une infection au SARS-CoV-2. Et ce bien avant que des anticorps ne soient produits contre des fragments de la protĂ©ine S. Ce qui laisse Ă penser que les protĂ©ines ORF3b et ORF8 sont dâune grande importance dans la pathogĂ©nĂšse[53] ;
- le SARS-CoV-2 aurait 5 protéines accessoires inédites : 10, 2b, 3c, 3d et 3d-2[48].
ORF | Nucléotide début | Nucléotide fin | Nombre de codons | Protéine |
---|---|---|---|---|
ORF1a | 266 | 13 483 | 4 405 | Polyprotéines Pp1a et Pp1ab |
ORF1b | 13 484 | 21 555 | 2 691 | Polyprotéine Pp1ab |
ORF2 | 21 563 | 25 384 | 1 273 | PéplomÚre (protéine S) + ORF2b |
ORF2b[48] | 21 744 | 21 860 | 39 | La protéine ORF2b est localisée aux codons 60 à 99 de la protéine S - protéine inédite |
ORF3a | 25 393 | 26 220 | 275 | Protéines ORF3a + ORF3c + ORF3d + ORF3d-2 + ORF3b |
ORF3c[48] | 25 457 | 25 579 | 41 | La protéine ORF3c est localisée aux codons 21 à 62 de ORF3a - protéine inédite |
ORF3d[48] | 25 524 | 25 694 | 57 | La protéine ORF3d est localisée aux codons 43 à 100 de ORF3a - protéine inédite |
ORF3d-2[48] | 25 596 | 25 694 | 33 | La protéine ORF3d-2 est localisée aux codons 67 à 100 de ORF3a - protéine inédite |
ORF3b | 25 814 | 26 281[51] | 156 | ORF3b est Ă cheval sur ORF3a et ORF4. ORF3b est initialement tronquĂ©e et a 4 paliers d'Ă©volution (4 codons STOP). Stade 1 initial : ORF3b1 de 22 codons (localisĂ©e aux codons 141-163 dâORF3a). Stade 2 : ORF3b1+2 de 56 codons (localisĂ©e aux codons 141-197 dâORF3a). Stade 3 : ORF3b1+2+3 de 78 codons (localisĂ©e aux codons 141-219 dâORF3a). Stade 4 : ORF3b1+2+3+4 de 156 codons (localisĂ©e au codon 141 dâORF3a jusquâau codon 13 dâORF4)[51] |
ORF4 | 26 245 | 26 472 | 75 | Protéine d'enveloppe (protéine E) |
ORF5 | 26 523 | 27 191 | 222 | Protéine membranaire (protéine M) |
ORF6 | 27 202 | 27 387 | 61 | Protéine ORF6 |
ORF7a | 27 394 | 27 759 | 121 | Protéine ORF7a |
ORF7b | 27 756 | 27 887 | 43 | Protéine ORF7b |
ORF8 | 27 894 | 28 259 | 121 | Protéine ORF8 |
ORF9 | 28 274 | 29 533 | 419 | Phosphoprotéine de capside (protéine N) + Protéine ORF9b + Protéine ORF9c |
ORF9b | 28 284 | 28 572 | 97 | ORF9b correspond aux codons 4 Ă 101 de lâORF9 |
ORF9c | 28 729 | 28 950 | 73 | ORF9c correspond aux codons 152 Ă 225 de lâORF9 |
ORF10 | 29 558 | 29 674 | 38 | Protéine ORF10 - protéine inédite |
Cycle de réplication
Comme c'est gĂ©nĂ©ralement le cas des virus, le cycle de rĂ©plication du SARS-CoV-2 se traduit par (1) lâentrĂ©e du virus Ă lâintĂ©rieur de la cellule, (2) le dĂ©tournement de la machinerie cellulaire par le virus, (3) la rĂ©plication du virus par la cellule et/ou la rĂ©alisation de taches bien prĂ©cises par la cellule rĂ©pondant aux besoins du virus.
Entrée dans une cellule
La protĂ©ine S du SARS-CoV-2 est le principal acteur dans l'infection des cellules. La protĂ©ine S est constituĂ©e de deux sous-unitĂ©s fonctionnelles : la sous-unitĂ© S1 permet la liaison du virus au rĂ©cepteur de la cellule hĂŽte et la sous-unitĂ© S2 assure la fusion de lâenveloppe virale avec la membrane cellulaire[54]. La sous-unitĂ© S1 contient deux domaines (le RBD et le NTD) qui chacun reconnaĂźt des rĂ©cepteurs cellulaires diffĂ©rents. Le principal domaine utilisĂ© jusqu'Ă prĂ©sent par le SARS-CoV-2 est le RBD. Le RBD permet la liaison au rĂ©cepteur ACE2[55] - [56] - [57]. Le NTD est un domaine secondaire. Le NTD permet au SARS-CoV-2 de s'attacher aux rĂ©cepteurs L-SIGN (en) s'exprimant fortement dans les poumons, le foie, les reins et les ganglions lymphatiques, ou aux rĂ©cepteurs DC-SIGN (en), rĂ©pandus dans les cellules dendritiques, matures ou non[58] - [59].
Une fois que la sous-unitĂ© S1 est liĂ©e Ă un rĂ©cepteur (le plus souvent ACE2), deux clivages protĂ©olytiques successifs sont nĂ©cessaires. Le premier clivage coupe la protĂ©ine S en S1 et S2. Le second appelĂ© S2' libĂšre l'extrĂ©mitĂ© du peptide de fusion (FP) qui comme son nom l'indique amorce la fusion du virion avec la cellule. Une des originalitĂ©s de la protĂ©ine S du SARS-CoV-2 est quâelle intĂšgre une sĂ©quence d'activation atypique pour un coronavirus[60] au site de clivage S1 / S2, similaire aux sĂ©quences observĂ©es dans les virus de grippe. Ainsi, Ă lâinstar du virus de la grippe, la protĂ©ine S du SARS-CoV-2 peut ĂȘtre clivĂ©e Ă lâaide dâune protĂ©ase qui se trouve en abondance dans le plasma humain : la furine. Les scientifiques suggĂšrent que cette capacitĂ© Ă pouvoir effectuer le clivage S1 / S2 par la furine est la raison pour laquelle le SARS-CoV-2 a causĂ© une Ă©pidĂ©mie humaine[61].
DĂ©tournement de la cellule
ConcrĂštement la fusion avec une cellule consiste en l'introduction du gĂ©nome viral avec la protĂ©ine N du SARS-CoV-2 dans la cellule. Une fois dans la cellule, la protĂ©ine N bloque la production dâinterfĂ©ron[62] - [63]. Les interfĂ©rons sont des molĂ©cules de signalisation qui permettent d'alerter les cellules voisines qu'une infection est en cours[64]. Dans le mĂȘme temps, lâARN viral est traduit par les ribosomes de la cellule hĂŽte qui se mettent Ă produire des protĂ©ines virales[65] - [52].
Une fois synthĂ©tisĂ©es par les ribosomes, une grande partie des 16 protĂ©ines non structurales du SARS-CoV-2 s'assemblent pour former le Complexe RĂ©plicase-Transcriptase (CRT) indispensable Ă la rĂ©plication en sĂ©rie du gĂ©nome viral. D'autres protĂ©ines non structurales sont en charge de prendre le contrĂŽle de la machinerie traductionnelle de la cellule et d'Ă©teindre la traduction « normale » qui jusque lĂ fonctionne, empĂȘchant ainsi la synthĂšse de protĂ©ines interfĂ©rons par les ribosomes. Nsp1 se fixe ainsi au ribosome de la cellule hĂŽte et bloque tous les ARN messagers de la cellule, sauf ceux liĂ©s au gĂ©nome du virus[66]. D'autres protĂ©ines virales sont plus ou moins spĂ©cialisĂ©es dans l'inhibition des interfĂ©rons : nsp3[67], ORF3b[51], ORF6[68] - [69] - [70], ORF9b[71] - [72] et ORF9c[73] - [74] - [75]. La protĂ©ine du SARS-CoV-2 ayant la plus forte activitĂ© anti-interfĂ©ron semble ĂȘtre ORF3b. Et il est suggĂ©rĂ© qu'au grĂ© des mutations Ă venir, la protĂ©ine ORF3b pourrait progressivement exercer une activitĂ© anti-interfĂ©ron de plus en plus forte[51].
Des protĂ©ines virales vont aussi exercer une activitĂ© empĂȘchant la synthĂšse d'un antigĂšne. Un antigĂšne est une molĂ©cule permettant aux globules blancs de reconnaĂźtre un pathogĂšne et de lutter contre en mobilisant la mĂ©moire immunitaire. Les protĂ©ines virales ORF8[76] - [77] et ORF3a[78] empĂȘchent la synthĂšse d'un antigĂšne par la cellule infectĂ©e. Tandis que la protĂ©ine S active des rĂ©cepteurs sur la cellule infectĂ©e (rĂ©cepteurs HLA-E) qui protĂšgent la cellule infectĂ©e contre une destruction par les lymphocytes NK[79] - [80].
Production des virions
AprĂšs avoir pris le contrĂŽle de la cellule infectĂ©e, et alors que le Complexe RĂ©plicase-Transcriptase (CRT) rĂ©plique en sĂ©rie le gĂ©nome viral, les ribosomes sont mobilisĂ©s pour produire en sĂ©rie des protĂ©ines virales structurales. Ces protĂ©ines sâassemblent entre elles dans le lumen (lâintĂ©rieur) dâun compartiment dĂ©rivĂ© du rĂ©ticulum endoplasmique[81]. Cette Ă©tape est appelĂ©e le bourgeonnement[81]. Dâabord, une protĂ©ine N (nuclĂ©ocapside) se fixe Ă une copie d'ARN et lâempaquette dans une protĂ©ine M (membrane) qui donne sa forme au virion[81]. Ensuite des protĂ©ines S sont incorporĂ©es[81]. La protĂ©ine M dirige la plupart des interactions protĂ©ine-protĂ©ine nĂ©cessaires Ă l'assemblage des virus aprĂšs sa liaison Ă la nuclĂ©ocapside[82]. La protĂ©ine E contribue Ă lâassemblage et Ă la libĂ©ration du virion hors de la cellule infectĂ©e, en suivant la voie de sĂ©crĂ©tion (appareil de Golgi, puis vĂ©sicules sĂ©crĂ©toires)[52]. Le virion quitte le milieu intracellulaire par exocytose, et est prĂȘt Ă infecter une autre cellule.
Syncytia
Dans des organes tels que les poumons, les reins ou le foie, les cellules Ă©pithĂ©liales sont Ă©troitement compactĂ©es, lâespace extracellulaire est trĂšs limitĂ©. Le SARS-CoV-2 y tire un avantage. Les cellules infectĂ©es peuvent fusionner avec les cellules non infectĂ©es avoisinantes, formant des « syncytia », câest-Ă -dire des cellules gĂ©antes englobant des dizaines de cellules productrices de virus[83]. Ce processus est mĂ©diĂ© par la protĂ©ine S nouvellement synthĂ©tisĂ©e qui s'accumule Ă la surface de la cellule infectĂ©e. Mais la formation de syncytia peut se faire aussi par « fusion from without (FFWO) », câest-Ă -dire par des cellules infectĂ©es qui nâont pas encore rĂ©pliquĂ© la protĂ©ine S[84].
Ce mode dâinfection permet au SARS-CoV-2 dâinfecter vite un grand nombre de cellules avec une faible quantitĂ© de protĂ©ines S. Lorsque le SARS-CoV-2 infecte de nouvelles cellules au sein dâun syncytium, les anticorps se rĂ©vĂšlent dâune faible efficacitĂ©[84]. En revanche, IFITM (en), (interferon-inducible transmembrane protein), une protĂ©ine transmembranaire produite en prĂ©sence d'interfĂ©rons, peut bloquer cette fusion. Mais son effet peut ĂȘtre contrecarrĂ© par TMPRSS2 qui facilite la formation de syncytia[83].
Primaire
Les voies respiratoires supĂ©rieures (nez, pharynx) et infĂ©rieures (bronches, poumons) sont le principal site de rĂ©plication primaire. Un site complĂ©mentaire de rĂ©plication primaire est le systĂšme digestif, en particulier lâestomac et les intestins. Des particules du SARS-CoV-2 sont facilement dĂ©tectĂ©es dans les selles[85], ce qui a permis de suivre le dĂ©veloppement de l'Ă©pidĂ©mie via des analyses d'eaux d'Ă©gouts[86]. Le SARS-CoV-2 se rĂ©plique nĂ©anmoins moins bien dans le systĂšme digestif que dans le systĂšme respiratoire[87]. Lâinfection du systĂšme digestif se fait probablement par auto-infection, c'est-Ă -dire par absorption de mucus nasal infectĂ©.
Secondaire
Les sites de rĂ©plication secondaires du SARS-CoV-1 dans les formes sĂ©vĂšres sont le cĆur, les glandes sudoripares de la peau, les reins et le systĂšme endocrinien qui rĂ©gule les hormones (glandes surrĂ©nales, la parathyroĂŻde et lâhypophyse)[88] - [89]. Pour le SARS-CoV-2, les formes sĂ©vĂšres (et modĂ©rĂ©es[90] ?), sont susceptibles dâinfecter ces mĂȘmes organes, mais Ă©galement :
- le systĂšme immunitaire : le SARS-CoV-2 peut se rĂ©pliquer dans le systĂšme lymphatique au niveau de la bouche (tonsille palatine), du cou (cervical lymph nodes[90]), des poumons (hilar lymph nodes[91]) et des artĂšres (paraaort. lymph nodes)[87]. Le SARS-CoV-2 peut infecter la rate qui est un organe de stockage de globules rouges et de lymphocytes[91] - [92] - [93]. Le SARS-CoV-2 est Ă©galement capable de se rĂ©pliquer dans lâappendice qui fabrique des lymphocytes pour les intestins[87] - [94] ;
- le systĂšme nerveux central : le SARS-CoV-2 peut se rĂ©pliquer dans la moĂ«lle osseuse (colonne vertĂ©brale) qui est le lieu de production des globules blancs[87]. Le SARS-CoV-2 peut Ă©galement se reproduire dans le cerveau. Il a Ă©tĂ© dĂ©tectĂ© dans le lobe frontal, lâhippocampe, le cervelet et le pont de Varole[87] - [95]. Du fait de leur neurotropisme, les coronavirus humains peuvent sur des sujets ayant une prĂ©disposition gĂ©nĂ©tique, contribuer au dĂ©veloppement ou Ă lâaggravation de maladies neurologiques comme la sclĂ©rose en plaques, la maladie dâAlzheimer, ou encore des encĂ©phalites rĂ©currentes[96] ;
- le systĂšme gĂ©nital : le SARS-CoV-2 peut migrer et se reproduire dans les testicules et lâutĂ©rus[87], alors que le SARS-CoV-1 en Ă©tait incapable[88] - [89].
Globules blancs
Le SARS-CoV-2 est capable de se rĂ©pliquer dans certains globules blancs. In vitro, face Ă des globules blancs, le SARS-CoV-2 infecte en prioritĂ© les monocytes (44,3 %), les lymphocytes T CD4+ (14,2 %), les lymphocytes T CD8 (13,5 %) et les lymphocytes B (7,58 %). In vivo, lâinfection des globules blancs par le SARS-CoV-2 est diffĂ©rente. Dans le cas de Covid sĂ©vĂšre, des monocytes et lymphocytes B peuvent ĂȘtre infectĂ©s et, dans une moindre mesure, des lymphocytes T[97] - [98].
Des virus tels que les coronavirus peuvent infecter les globules blancs, par un mĂ©canisme connu sous le nom de facilitation dĂ©pendante des anticorps (ADE), comme cela a Ă©tĂ© mis en Ă©vidence avec le SARS-CoV-1 et le MERS-CoV[99]. MĂȘme si aucun cas d'une telle ADE n'a pu ĂȘtre constatĂ© pour l'instant avec le SARS-CoV-2, ce risque incite Ă la prudence tant dans la recherche vaccinale que pour les traitements expĂ©rimentaux Ă base de sĂ©rums de patients infectĂ©s ou d'anticorps monoclonaux[100].
Dans le cas du SARS-CoV-1, la sĂ©quence activant les anticorps facilitants est lâĂ©pitope peptidique « LYQDVNC » localisĂ© sur le fragment « SD2 » de la protĂ©ine S. Cette sĂ©quence est prĂ©sente dans la souche originelle du SARS-CoV-2 (celle de Wuhan) et correspond aux codons de la protĂ©ine S : L611, Y612, Q613, D614, V615, N616, C617[99]. La mutation D614G sur la protĂ©ine S, qui est devenue dominante parmi les variants du SARS-CoV-2, a transformĂ© la sĂ©quence « LYQDVNC » en « LYQGVNC », et semblerait empĂȘcher le phĂ©nomĂšne d'anticorps facilitants[101].
D'autres mécanismes pouvant générer des anticorps facilitants ont été proposés pour le SARS-CoV-2. Certains anticorps ciblant le RBD de la protéine S du SARS-CoV-2 seraient susceptibles d'activer le récepteur FcγRIIB[102], reconnu par les lymphocytes B. Tandis que certains anticorps ciblant le NTD[103] - [104] - [105], pourraient activer :
- le récepteur FcγRIIa reconnu par les macrophages, les neutrophiles, les eosinophiles, les thrombocytes, les cellules de Langerhans ;
- le récepteur FcγRIIIa reconnu par les lymphocytes NK et les macrophages.
Chez le coronavirus du chat, un des rares coronavirus capable de se reproduire activement dans un globule blanc (les macrophages), le phĂ©nomĂšne des anticorps facilitants induit une pĂ©ritonite infectieuse (PIF). Ă noter que pour soigner la PIF, le GS-441524, autre nom du remdesivir, sâest montrĂ© efficace[106].
Dissémination
AprĂšs sâĂȘtre rĂ©pliquĂ© localement au niveau des voies respiratoires et Ă©ventuellement dans le systĂšme digestif, le SARS-CoV-2 peut se dissĂ©miner dans l'organisme via 3 voies :
- via le transport axonal c'est-Ă -dire les neurones. Le SARS-CoV-2 peut infecter le nerf phrĂ©nique[87] qui est le nerf du diaphragme, le muscle principal de la ventilation pulmonaire, permettant l'inspiration. Et dans un modĂšle animal hamster, des antigĂšnes du SARS-CoV-2 ont Ă©tĂ© dĂ©tectĂ©s Ă la jonction entre le bulbe olfactif et le nerf olfactif. Autrement dit, l'infection des neurones sensoriels olfactifs se ferait via le transport axonal et serait Ă l'origine de la perte totale ou partielle dâodorat (anosmie) chez les patients Covid-19[107]. Il est suggĂ©rĂ© que la neuropiline 1 pourrait faciliter le transport axonal du SARS-CoV-2[108] ;
- via un cheval de Troie : par sa capacitĂ© Ă reconnaĂźtre les rĂ©cepteurs DC-SIGN (en) et L-SIGN (en), le SARS-CoV-2 peut infecter ou sâagripper Ă des globules blancs comme les monocytes, les macrophages ou les cellules dendritiques. Il est trĂšs probable que le SARS-CoV-2 les utilise comme un cheval de Troie pour migrer vers dâautres organes en empruntant soit la circulation sanguine, soit le systĂšme lymphatique[93] - [92]. Le SARS-CoV-2 peut circuler dans le systĂšme lymphatique et l'infecter, mĂȘme dans des formes modĂ©rĂ©es de Covid-19[90] ;
- via une virĂ©mie : dans les formes les plus sĂ©vĂšres du Covid-19, si le SARS-CoV-2 se rĂ©plique trĂšs activement dans les cellules endothĂ©liales des vaisseaux sanguins (artĂšres, veines), en particulier dans les vaisseaux des poumons et du cĆur, il peut se produire une virĂ©mie[87]. Autrement dit, le virus circule dans le sang et se rĂ©pand dans dâautres organes sans utiliser spĂ©cifiquement de cheval de Troie.
Incubation et charge virale
La pĂ©riode dâincubation est le dĂ©lai entre la contamination et lâapparition des premiers symptĂŽmes de la maladie. Dans le cas d'une infection au SARS-CoV-2, la pĂ©riode d'incubation varie entre deux et quatorze jours[109]. La pĂ©riode d'incubation mĂ©diane est de 5 jours, et 97,5 % de ceux qui dĂ©veloppent des symptĂŽmes le font en moins de 11,5 jours[110].
Bien que des Ă©tudes aient suggĂ©rĂ© que le pic de charge virale dans les voies respiratoires supĂ©rieures (nez, pharynx) soit atteint avant l'apparition des premiers symptĂŽmes de la maladie, il semble que le pic se produise en fait peu de temps aprĂšs, voire 3 Ă 5 jours aprĂšs. Ce pic est suivi d'une clairance continue du SARS-CoV-2 dans lâorganisme. Dans les voies respiratoires supĂ©rieures, l'ordre de grandeur du pic viral est similaire entre les individus asymptomatiques et symptomatiques infectĂ©s, autour de 70 millions de copies d'ARN/mL par test PCR. NĂ©anmoins, de maniĂšre assez similaire Ă la grippe, la clairance virale est plus rapide chez les individus asymptomatiques que chez ceux qui sont symptomatiques[111]. Plus de la moitiĂ© des contaminations serait le fait de porteurs asymptomatiques[112].
Les asymptomatiques peuvent tolĂ©rer un certain degrĂ© d'infection des voies respiratoires infĂ©rieures sans dĂ©velopper de symptĂŽmes. IndĂ©pendamment de lâĂąge, environ 40 Ă 50 % des Covid-19 asymptomatiques pourraient prĂ©senter des anomalies radiographiques des poumons, le plus souvent des nodules en verre dĂ©poli[113] - [114]. Le verre dĂ©poli aigu exprime un ĆdĂšme, une hĂ©morragie ou simplement une inflammation pulmonaire. GĂ©nĂ©ralement il faut moins de 3 mois pour que ces nodules disparaissent[115].
Il est suggéré que le taux de létalité apparente (décÚs/cas confirmés) du SARS-CoV-2 serait autour de 2 %, tandis que le taux de létalité réelle (décÚs/cas réels) est autour de 0,8 %[116], ce qui est élevé au regard de la contagiosité du SARS-CoV-2. Les personnes développant des formes sévÚres sont généralement ùgées ou en surpoids, ou présentent des comorbidités (hypertension, diabÚte, cancers, etc.). En France, en 2020, l'ùge médian des décÚs est de 84 ans[117], et 75 % des patients décédés ont plus de 75 ans[118]. Le taux de mortalité des malades admis en réanimation est compris suivant les hÎpitaux entre 10 %[119] et 40 %[120].
Une typologie à affiner pour distinguer les différentes réponses immunitaires face au SARS-CoV-2 est :
- 40 % dâasymptomatiques[121] ;
- 40 % de symptomatiques légers, type grippe ;
- 15 % de formes modérées pouvant conduire à une Covid long[122] ;
- 5 % de formes sévÚres pouvant nécessiter des soins de réanimation[123].
Covid léger
De maniĂšre probablement assez similaire Ă la grippe, l'ARN viral du SARS-CoV-2 finit par ĂȘtre dĂ©tectĂ© par des globules blancs « sentinelles » comme les cellules dendritiques ou les macrophages. La dĂ©tection du virus conduit Ă la sĂ©crĂ©tion d'interfĂ©rons de type I (IFN), de chimiokines et de cytokines pro-inflammatoires[124], induisant un Ă©tat antiviral gĂ©nĂ©ralisĂ©. Sur le site de l'infection des globules blancs spĂ©cifiques Ă la rĂ©ponse innĂ©e sont recrutĂ©s. Les plus importants sont les lymphocytes NK qui pilotent la clairance virale. Les monocytes et les neutrophiles vont aider Ă Ă©liminer les cellules mortes infectĂ©es[124].
Chez les Covid-19 asymptomatiques, ces mĂ©canismes de dĂ©fense du systĂšme immunitaire innĂ© pourraient ĂȘtre suffisants pour venir Ă bout du SARS-CoV-2. Chez les Covid-19 lĂ©gĂšrement symptomatiques, la clairance ultime vient avec lâimmunitĂ© adaptative oĂč interviennent les lymphocytes T et les lymphocytes B. L'immunitĂ© adaptative ou la mĂ©moire immunitaire est activĂ©e dĂšs qu'un globule blanc « sentinelle » prĂ©sente un antigĂšne, c'est-Ă -dire un fragment du SARS-CoV-2, aux lymphocytes T dans un ganglion lymphatique[125]. Les lymphocytes sont les seuls globules blancs Ă avoir une mĂ©moire[126]. LâimmunitĂ© adaptative sâappuie sur :
- lâimmunitĂ© cellulaire qui implique les lymphocytes T dont les 3 fonctions sont de (1) coordonner la rĂ©ponse immunitaire avec les lymphocytes T CD4, (2) tuer les cellules infectĂ©es avec les lymphocytes T CD8, et (3) rĂ©guler lâintensitĂ© et la durĂ©e de la rĂ©ponse ;
- lâimmunitĂ© humorale câest-Ă -dire sur les lymphocytes B producteurs dâanticorps.
La trĂšs grande majoritĂ© de la population mondiale a dĂ©jĂ contractĂ© un rhume Ă cause dâun coronavirus bĂ©nin comme le HCoV-NL63, le HCoV-229E ou encore le HCoV-OC43[127]. Ă la suite de cette infection, des lymphocytes T Ă mĂ©moire ont conservĂ© une immunitĂ© cellulaire de combat et sont capables de la mobiliser contre le SARS-CoV-2, une fois que l'antigĂšne leur a Ă©tĂ© prĂ©sentĂ©. Il sâagit donc dâune immunitĂ© cellulaire croisĂ©e[128] - [129] - [130]. En revanche il est suggĂ©rĂ© qu'il n'existe pas d'immunitĂ© croisĂ©e pour les lymphocytes B qui produisent des anticorps[131]. Dans le cas d'une infection par le SARS-CoV-2, seuls les anticorps ciblant la protĂ©ine S du SARS-CoV-2 se rĂ©vĂ©leraient neutralisants[105]. Les anti-S commencent Ă ĂȘtre dĂ©tectĂ©s en sĂ©rologie, environ deux semaines aprĂšs lâinfection. Les anticorps contre la protĂ©ine S ciblent seulement quelques fragments spĂ©cifiques : le RBD reprĂ©sente entre 65 et 77 % des anti-S, et le NTD reprĂ©sente entre 6 et 20 % des anti-S[104].
Les rĂ©sultats de plusieurs Ă©quipes mettent en Ă©vidence que tous les patients infectĂ©s ne dĂ©veloppent pas de rĂ©ponse anticorps. Le taux dâanticorps Ă©tait significativement plus Ă©levĂ© chez les patients plus ĂągĂ©s[128]. Lâensemble Ă©voque que lâon peut guĂ©rir de lâinfection en lâabsence dâanticorps et que ceci est particuliĂšrement vrai pour les plus jeunes et les patients asymptomatiques, faisant Ă©voquer lâimportance de lâimmunitĂ© innĂ©e et de lâimmunitĂ© cellulaire dans la clairance virale[128].
Covid sévÚre
Dans les formes modĂ©rĂ©es de Covid-19 et particuliĂšrement dans celles sĂ©vĂšres, la rĂ©ponse innĂ©e est inefficiente. Elle se caractĂ©rise par un taux dâinterfĂ©rons de type I et III relativement bas[132]. Et surtout dans la semaine consĂ©cutive Ă lâinfection, il est observĂ© chez ces patients une chute des lymphocytes T, avec une lymphopĂ©nie en forme de V. Toutes les situations de stress aigu peuvent se compliquer de lymphopĂ©nie via lâaugmentation des taux circulants de cortisol par le systĂšme endocrinien et spĂ©cifiquement par les glandes corticosurrĂ©nales. Alors que chez un individu en bonne santĂ©, le taux de cortisol est gĂ©nĂ©ralement autour de 375 nmol/L[133], chez les patients Covid-19 en Ă©tat de stress, ce taux atteint rapidement 620 nmol/L[134] - [135].
La rarĂ©faction des lymphocytes est rapidement compensĂ©e par une synthĂšse massive de neutrophiles (neutrophilie)[136] - [137]. Les neutrophiles qui se substituent aux lymphocytes pour lutter contre le SARS-CoV-2 libĂšrent dans les tissus infectĂ©s des « NEToses », câest-Ă -dire des fibres composĂ©es d'ADN et de protĂ©ines, dont la fonction est de piĂ©ger des micro-organismes pathogĂšnes (bactĂ©ries ou autres). Un excĂšs de neutrophiles contribue Ă la thrombogĂ©nĂšse, c'est-Ă -dire Ă la formation de caillots sanguins[138].
La rĂ©ponse immunitaire innĂ©e et adaptative des formes sĂ©vĂšres de Covid-19 est globalement contre-productive et gĂ©nĂšre autant de dĂ©gĂąts dans l'organisme que le virus. Du fait de la lymphopĂ©nie, les lymphocytes T sont recrutĂ©s en nombre rĂ©duit. Ces lymphocytes T sur-expriment le rĂ©cepteur CD69, la protĂ©ine Tim-3 (en) et le facteur de transcription aiolos (en), ce qui a pour effet une production massive dâinterfĂ©rons gamma (IFN-Îł)[132] - [139] - [140]. En rĂ©ponse Ă lâĂ©lĂ©vation du taux dâIFN-Îł, les monocytes et macrophages sĂ©crĂštent massivement de lâIP-10 (en), une chimiokine appelĂ©e Ă©galement CXCL10. LâĂ©lĂ©vation du taux de CXCL10 annonce le syndrome de dĂ©tresse respiratoire aiguĂ« de la Covid-19[141].
La concomitance de lâapparition des anticorps, deux semaines aprĂšs lâinfection, avec lâorage cytokinique, ainsi que la corrĂ©lation positive entre le taux dâanticorps et la sĂ©vĂ©ritĂ© de lâinfection a fait envisager lâhypothĂšse que les anticorps puissent ĂȘtre impliquĂ©s dans les mĂ©canismes physiopathologiques[128]. Dans une Ă©tude auprĂšs de 15 patients Covid-19 brĂ©siliens admis en soins intensifs, la moitiĂ© des patients prĂ©sentaient une infection des globules blancs[97] - [98]. TrĂšs peu, sinon aucun des lymphocytes T Ă©tait infectĂ©. En revanche les lymphocytes B Ă©taient particuliĂšrement ciblĂ©s par le SARS-CoV-2[97] - [98].
Peut-ĂȘtre en lien avec des anticorps non neutralisants et facilitants, il est observĂ© une prolifĂ©ration de monocytes / macrophages qui sĂ©crĂštent des niveaux Ă©levĂ©s de cytokines et chimiokines notamment des IL-6, IL-8 et IL-10[142]. Les formes sĂ©vĂšres nĂ©cessitant une hospitalisation en unitĂ© de soins intensifs se dĂ©marquent en particulier par des concentrations plus Ă©levĂ©es de IP-10/CXCL10 (en), MCP-1/CCL2 et TNFα[141].
Les taux de cytokines de la Covid-19 sĂ©vĂšre ne sont pas spĂ©cialement Ă©levĂ©s, en comparaison dâun choc septique ou d'une infection respiratoire aiguĂ« sĂ©vĂšre classique[143]. Pourtant il se produit bien un orage cytokinique avec la Covid-19, ce qui concrĂštement se traduit par un processus incontrĂŽlĂ© de mort cellulaire par pyroptose (en), apoptose et nĂ©croptose des tissus infectĂ©s[144]. La mort cellulaire est mesurable par le taux sĂ©rique de lactate dĂ©shydrogĂ©nase (LDH). Chez plus de 95 % des patients dĂ©cĂ©dĂ©s de la Covid, le taux de LDH est au-dessus du seuil de tolĂ©rance qui est fixĂ© Ă 250 U/L[145]. Et ce processus de destruction cellulaire est induit par le cocktail de cytokines de la Covid-19[144]. Il est suggĂ©rĂ© que la production concomitante de TNFα et dâIFNÎł induit une production dĂ©lĂ©tĂšre d'oxyde nitrique, Ă lâorigine d'une mort cellulaire incontrĂŽlable et in fine du syndrome de dĂ©tresse respiratoire aiguĂ«[144]. Lâutilisation Ă forte dose de corticoĂŻdes pour soigner des Covid sĂ©vĂšres inhibe les IFNÎł[146] et par consĂ©quent pourrait empĂȘcher la production mortelle d'oxyde nitrique.
Mutation et variants
D'abord rĂ©putĂ© stable[147], le SARS-CoV-2 sâavĂšre en fait un virus extrĂȘmement instable[148] - [149].
Les mutations de la protĂ©ine S sont celles qui ont Ă©tĂ© le plus mĂ©diatisĂ©es. La premiĂšre mutation d'importance est D614G qui a favorisĂ© l'infectivitĂ© du SARS-CoV-2[150]. Ă partir de dĂ©cembre 2020, le variant anglais se distingue par au moins 17 modifications (mutations ou dĂ©lĂ©tions), toutes protĂ©ines virales confondues, un record[151]. La plus connue des mutations est N501Y qui a amĂ©liorĂ© la liaison du RBD avec le rĂ©cepteur ACE2[151]. Le variant anglais multiplie par deux lâinfectivitĂ© du virus[152]. En parallĂšle apparaissent les variants sud-africain et brĂ©silien qui ont la particularitĂ© de partager avec le variant anglais la mutation N501Y. Mais ces deux variants contiennent surtout des mutations comme E484K qui affaiblissent lâefficacitĂ© des anticorps des vaccins de premiĂšre gĂ©nĂ©ration et facilitent les rĂ©infections au SARS-CoV-2[153].
Au total, fin mars 2021, sur les 1 273 codons de la protéine S, il est recensé 28 mutations (2 %) qui se propagent[154] :
- 11 dâentre elles (40 %) concernent le NTD : mutations aux codons 18, 69, 70, 80, 138, 144, 215, 222, 241, 242 et 243 ;
- 6 dâentre elles (20 %) concernent le RBD : mutations aux codons 417, 439, 452, 477, 484 et 501 ;
- 4 concernent les SD1 et SD2 : mutations aux codons 570, 614, 677 et 681.
Le NTD est le fragment le plus instable de la protĂ©ine S, autrement dit celui qui mute le plus rapidement. Il est anticipĂ© que la prochaine mutation majeure sur le NTD se produise sur le codon 248. Cette mutation pourrait encore affaiblir davantage les anticorps des vaccins de premiĂšre gĂ©nĂ©ration (AstraZeneca, Pfizer, ModernaâŠ)[155] - [156].
En dehors de la protéine S, fin mars 2021, le SARS-CoV-2 concentre de fortes mutations sur :
- ORF9c : sur les 73 codons de cette protéine, sept (10 %) sont en pleine évolution : 194, 199, 202, 203, 204, 205 et 220[154]. La protéine ORF9c est essentielle au SARS-CoV-2 pour déréguler à son profit les gÚnes des cellules infectées[73] - [74] - [75] ;
- ORF9b : sur ses 97 codons, quatre (4 %) mutent assez fortement : 10, 16, 32 et 70[154]. Outre son activitĂ© anti-interfĂ©rons, la protĂ©ine ORF9b bloque lâapoptose (autodestruction de la cellule)[71] - [72] ;
- ORF8 : sur ses 121 codons, sept (6 %) ont dĂ©jĂ des mutations bien avancĂ©es : 27, 52, 68, 73, 84 et 92[154]. La protĂ©ine ORF8 permet au SARS-CoV-2 de bloquer la prĂ©sentation dâun antigĂšne par le CMH-I des cellules infectĂ©es, ce qui retarde la rĂ©ponse immunitaire adaptative[76] - [77] ;
- ORF3b : sur les 156 codons de cette protĂ©ine, seulement quatre connaissent une forte Ă©volution : 171, 172, 174 et 223[154]. Mais ORF3b est la protĂ©ine du SARS-CoV-2 exerçant la plus forte activitĂ© anti-interfĂ©rons. Et surtout ORF3b est tronquĂ©e. LâORF3b qui la code contient quatre codons-stop qui devraient sauter au fur et Ă mesure des mutations et permettre progressivement Ă cette protĂ©ine dâexercer une activitĂ© anti-interfĂ©rons de plus en plus forte[51].
Finalement, il existe des milliers de variants du SARS-CoV-2, certains influencent négativement la santé des humains, les diagnostics et les vaccins[157]. Globalement, les variants du SARS-CoV-2 qui s'imposent sont ceux qui sont les plus contagieux ou qui échappent aux vaccins de premiÚre génération.
Virus | Vitesse de mutation (Substitutions/site/an) | |
---|---|---|
Mutation la + rapide | Polio[158] | âŒ1,0 ĂâŻ10â2 |
SARS-CoV-2[148] - [149] | 5,2 Ă 8,1 ĂâŻ10â3 | |
VIH-1[159] | 3 Ă 8 ĂâŻ10â3 | |
Grippe[159] | 2 Ă 8 ĂâŻ10â3 | |
Virus de l'hĂ©patite C[160] | 1,5 ĂâŻ10â3 | |
Virus de l'hĂ©patite A[161] | 1,21 Ă 2 ĂâŻ10â3 | |
Ebola[162] | 1,2 ĂâŻ10â3 | |
Dengue[159] | 7 Ă 9 ĂâŻ10â4 | |
Rougeole[163] | 6,0 Ă 6,5 ĂâŻ10â4 | |
Virus de la rage[164] | 5 ĂâŻ10â4 | |
Virus de l'encĂ©phalite japonaise[165] | 3,5 Ă 5,3 ĂâŻ10â4 | |
HCov-229E[166] | 3 Ă 8 ĂâŻ10â4 | |
Virus de la fiĂšvre jaune[159] | 2 Ă 5 ĂâŻ10â4 | |
Varicelle[167] | 1,82 ĂâŻ10â5 Ă 3,8 ĂâŻ10â6 | |
Virus de l'hĂ©patite B | ~10â6 | |
HPV-18[168] | âŒ4,5 ĂâŻ10â7 | |
Mutation la plus lente | EBV[169] | ~10â9 |
Nom du virus et de la maladie
D'abord dĂ©nommĂ© « coronavirus de Wuhan »[170] puis « nouveau coronavirus 2019 » (2019-nCoV), son nom officiel SARS-CoV-2 (pour « severe acute respiratory syndrome coronavirus 2 », en anglais) a Ă©tĂ© dĂ©fini le par l'International Committee on Taxonomy of Viruses (ICTV)[1]. La forme longue en français de lâacronyme SARS-CoV-2 est dĂ©signĂ©e par lâOMS « coronavirus 2 du syndrome respiratoire aigu sĂ©vĂšre »[171], tandis que lâOffice quĂ©bĂ©cois de la langue française le dĂ©signe « coronavirus du syndrome respiratoire aigu sĂ©vĂšre 2 » et francise partiellement l'acronyme en SRAS-CoV-2[170] - [Note 1] - [Note 2].
Le groupe d'Ă©tude Nidovirales de l'ICTV a proposĂ© le nom SARS-CoV-2 au terme d'une analyse taxonomique poussĂ©e[4]. Ce travail montre notamment que le nouveau coronavirus appartient Ă la mĂȘme espĂšce biologique (SARSr-CoV) que SARS-CoV-1 qui avait causĂ© l'Ă©pidĂ©mie de SRAS en 2003, mĂȘme si le syndrome observĂ© en 2019 diffĂšre du SRAS Ă proprement parler.
SimultanĂ©ment, l'OMS donne Ă la maladie liĂ©e au virus le nom officiel de « maladie Ă coronavirus 2019 » (COVID-19[171] - [172], de l'anglais coronavirus disease 2019) qui avant Ă©tait informellement dĂ©nommĂ©e « pneumonie de Wuhan ». Ă noter que Covid-19 dĂ©signe la maladie et non le coronavirus, d'oĂč des recommandations de l'employer au fĂ©minin[173] - [174].
MĂȘme si nommer diffĂ©remment la maladie et l'agent qui la cause est habituel (exemple : le VIH cause le sida), et si la dĂ©finition des espĂšces biologiques dĂ©pend d'autres Ă©lĂ©ments que ceux purement conjoncturels (exemple : Botrytis cinerea cause la pourriture grise mais aussi la pourriture noble recherchĂ©e pour la vinification des sauternes), l'apparition des deux noms le mĂȘme jour a d'abord suscitĂ© quelques incomprĂ©hensions tant dans le public peu averti mais sensibilisĂ© par une situation de crise[175], que dans la communautĂ© scientifique[176] - [177].
Selon l'historien FrĂ©dĂ©ric Vagneron, « câest sans doute la premiĂšre fois dans lâhistoire que lâon a dĂ©tectĂ© un virus avant mĂȘme de donner un nom Ă la maladie quâil provoque »[178].
Ressources scientifiques
L'émergence de SARS-CoV-2, jusque là inconnu de la communauté scientifique, a donné lieu en quelques semaines à une explosion sans précédent de production scientifique, à son partage à l'échelle planétaire et à son application pour la mise au point de tests de dépistage, de vaccins et de traitements, pour le bénéfice public mais soulevant parfois des questions de fiabilité[179] - [180].
Les archives de prĂ©publications, notamment bioRxiv et medRxiv, et divers forums de chercheurs, permettent une diffusion rapide â mais non formellement approuvĂ©e par les pairs â de l'information scientifique concernant SARS-CoV-2[181]. BioRxiv a publiĂ© le premier preprint sur SARS-CoV-2 (alors nommĂ© 2019-nCoV) le [182] et medRxiv le [183].
Les premiÚres publications scientifiques validées par les pairs datent du [184]. Plusieurs grandes revues et grands éditeurs scientifiques, devant l'urgence de la situation, ont décidé de rendre disponibles hors abonnement certaines publications scientifiques sur le nouveau coronavirus et la pneumonie associée. C'est notamment le cas de Elsevier[185], The Lancet[186], The New England Journal of Medicine[187], Science[188], Springer-Nature[189] ou encore Wiley[190].
Le 2 avril 2020, la Commission européenne a ouvert un portail de données dédié[191], appuyé sur l'infrastructure ELIXIR (en), afin de faciliter la collecte et le partage des données de recherche disponibles[192] : séquences, données d'expression, protéines, structures, littérature, autres. Cette ressource sert au passage de pilote pour la mise en place du dispositif European Open Science Cloud (EOSC).
Une plateforme internationale en open-data, GISAID, est destinée à recueillir les données sur le séquençage du génome du virus, et qui a par ailleurs étendu sa collecte à des données épidémiologiques. Ces données sont exploitées par un projet lui aussi en accÚs libre, NextStrain[193]. Au , GISAID recense plus de 63 000 séquences du génome. Il semblerait toutefois qu'en raison d'enjeux financiers ou de pouvoir, le partage des données se tarisse aprÚs le pic de la pandémie. Selon Mediapart (à la date de juillet 2020), la France n'aurait publié que « 394 génomes dans cette base, soit à peine 1 % du nombre total de génomes partagés au niveau international »[194].
Illustration iconique
La modĂ©lisation de la particule (virion) de SARS-CoV-2 par les illustrateurs mĂ©dicaux Alissa Eckert et Dan Higgins, des centres pour le contrĂŽle et la prĂ©vention des maladies, les principales agences fĂ©dĂ©rales des Ătats-Unis en matiĂšre de protection de la santĂ© publique, s'est imposĂ©e aux mĂ©dias du monde entier comme l'image iconique du virus ; quand bien mĂȘme des illustrations plus prĂ©cises sont apparues ultĂ©rieurement. En pleine pandĂ©mie, elle fait la Une de la presse et des Ă©missions tĂ©lĂ©visuelles ; les gens se l'approprient Ă travers des dĂ©guisements, des peluches ou des piñatas cathartiques. Elle en devient le symbole[195].
Diffusée sous licence libre au tout début de l'épidémie à partir de , il s'agit de la premiÚre modélisation du virus créée afin d'alerter la population américaine.
Basée sur une photographie en noir & blanc issue du Centre chinois pour le contrÎle et la prévention des maladies de Pékin, son rendu est colorisé et stylisé, et n'est pas strictement fidÚle à la réalité scientifique[195]. En effet, la lumiÚre polarisée, la texture granuleuse, la rondeur parfaite de la cellule ainsi que les couleurs chaudes sont des mises en scÚne. Ainsi, le rouge des protéines S évoque inconsciemment le danger et le sang ; les grains jaunes des protéines E et orange des protéines M sont gommés pour mettre en valeur les protéines S qui figurent l'identité du virus. Selon l'historienne de l'art Fleur Hopkins-Loféron, cette illustration est l'héritiÚre de l'image du virus du SIDA : une boule rougeoyante inquiétante ornée de piquants agressifs[195].
En 2020, cette modélisation reçoit le prix Beazley décerné par le Design Museum de Londres[195].
Notes et références
Notes
- L'acronyme SRAS-CoV-2 est presque uniquement utilisé au Canada et en Suisse romande.
- L'OMS, en français, recommande l'usage du nom officiel défini par l'ICTV [c'est-à -dire SARS-CoV-2] (voir Appellation de la maladie à coronavirus 2019 (COVID-19) et du virus qui la cause, § Quel est le nom utilisé par l'OMS pour le virus ?).
- Dans tous les cas, le virion est toujours d'une taille largement suffisante pour ĂȘtre assez facilement visible au microscope Ă©lectronique, y compris sur des coupes minces, sans toutefois qu'on puisse le distinguer par sa forme d'autres coronavirus.
Références
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Voir aussi
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Articles connexes
- Maladie à coronavirus 2019 - Pandémie de Covid-19
- Variants du SARS-CoV-2
- Test diagnostique du SARS-CoV-2
- SARS-CoV-2 chez les animaux
- Coronavirus lié au syndrome respiratoire aigu sévÚre (espÚce)
- Enzyme de conversion de l'angiotensine 2 (ACE2), porte d'entrée du virus
- Virologie
- Syndrome respiratoire aigu sévÚre (SRAS)
- SARS-CoV (coronavirus du SRAS)
- Coronavirus du syndrome respiratoire du Moyen-Orient
Liens externes
- Ressources relatives à la santé :
- (en) Medical Subject Headings
- (cs + sk) WikiSkripta
- Ressources relatives au vivant :
- CDC chinois (Chinese Center for Disease Control and Prevention)
- Institut de Biologie des Agents pathogĂšnes (Institute of Pathogen Biology)
- Carte de l'épidémie actualisée en temps réel par le Center for Systems Science and Engineering de la Johns Hopkins University de Baltimore
- (en-US) Gardner L., « Mapping the Wuhan Coronavirus (2019-nCoV) », sur systems.jhu.edu, (consulté le )
- Questions fréquentes sur les nouveaux coronavirus et Rapports quotidiens de situation sur le nouveau Coronavirus (2019-nCoV) [en anglais] par l'Organisation Mondiale de la Santé
- Fiche-maladie réguliÚrement actualisée par l'Institut Pasteur
- « Coronavirus 2019-nCoV : le point sur la situation en France et dans le monde », sur le site du Dictionnaire Vidal (consulté le ).
- "Analyses bioinformatiques du coronavirus 2019-nCoV : pourquoi et comment ?", article rédigé par deux bioinformaticiens sur bioinfo-fr.net, 05 février 2020
- "Conseil scientifique COVID-19", Avis du Conseil scientifique COVID-19 (.fr)
- "Infection au nouveau Coronavirus (SARS-CoV-2), COVID-19, France et Monde", Chiffres officiels français, des derniers jours.
- Zsuzsanna Varga, Andreas J. Flammer, Peter Steiger, Martina Haberecker, Rea Andermatt, Annelies Zinkernagel et al., « Electron microscopy of SARS-CoV-2: a challenging task â Authors' reply », (consultĂ© le ).