Trachée
En anatomie, la trachĂ©e (du grec ÏÏαÏΔÎčα, « rude, raboteuse ») est un conduit constituĂ© de tissu fibreux et cartilagineux reliant le larynx en haut aux bronches principales gauche et droite en bas. Appartenant Ă l'appareil respiratoire, elle permet de conduire l'air entre ces structures.
Chez l'humain
La trachée est le conduit élastique fibro-cartilagineux reliant le larynx aux bronches. Elle permet, lors de la respiration, de conduire l'air depuis le larynx vers les bronches pendant l'inspiration, et inversement pendant l'expiration.
Anatomie topographique
La trachĂ©e naĂźt dans le cou au niveau de la sixiĂšme vertĂšbre cervicale et fait suite au larynx. Elle plonge ensuite dans le thorax oĂč elle chemine dans le mĂ©diastin (Ă l'arriĂšre du sternum et entre les poumons) avant de se diviser en bronches principale droite et gauche. La bifurcation trachĂ©ale est appelĂ©e « carĂšne trachĂ©ale»[1]. Celle-ci s'opĂšre en regard du disque intervertĂ©bral entre T4 et T5. Elle chemine Ă l'avant de l'Ćsophage, avec qui elle partage sa micro-vascularisation.
La trachĂ©e mesure entre 120 et 150 mm de long pour 14 Ă 15 mm de diamĂštre. Elle comporte de 16 Ă 20 Ă©lĂ©ments cartilages en forme de fer Ă cheval, placĂ©s horizontalement et dont la partie ouverte regarde en arriĂšre (cela permet Ă lâĆsophage de se dilater/dĂ©former pour faire passer le bol alimentaire). Ces Ă©lĂ©ments sont superposĂ©s, et sĂ©parĂ©s par du tissu fibreux. Ils forment les parois antĂ©rieure et latĂ©rales de la trachĂ©e. La paroi postĂ©rieure est une fine membrane musculaire lisse.
Vascularisation
La vascularisation artĂ©rielle, au niveau cervical, est issue des artĂšres thyroĂŻdiennes infĂ©rieures et, au niveau thoracique, de plusieurs rameaux artĂ©riels variables (artĂšres thymiques et bronchiques). Les artĂ©rioles forment des arcades circulant de part et d'autre de la trachĂ©e, au contact de l'angle postĂ©rieur de la cartilagineuse et de la membraneuse[1]. Le sang veineux chemine par le plexus veineux thyroĂŻdien infĂ©rieur. La lymphe se draine par des nĆuds lymphatiques trachĂ©aux.
Histologie
La trachée est divisée en trois parties : la muqueuse, la sous-muqueuse et l'adventice.
La muqueuse comprend un épithélium pseudo-stratifié cilié constitué de cellules ciliées, de cellules caliciformes mucosécrétantes et de cellules souches dites basales servant au renouvellement de l'épithélium. On retrouve également quelques cellules neuro-endocrines produisant des hormones influençant l'état de contraction des muscles, mais elles sont essentiellement présentes dans les bronches. On y trouve également un chorion conjonctif.
La sous-muqueuse est un tissu conjonctif peu distinct de celui du chorion de la muqueuse, on y trouve des glandes acineuses à sécrétion séro-muqueuses (certaines avec des prédispositions muqueuses, d'autres séreuses).
Alors que l'adventice est de nature conjonctive, renfermant du tissu adipeux, des vaisseaux sanguins et des nerfs.
Embryologie
Durant l'embryogenĂšse, la trachĂ©e se forme Ă partir du dĂ©but de la quatriĂšme semaine, lorsqu'apparaĂźt un sillon Ă la face antĂ©rieure de l'intestin primitif. Ce sillon est tapissĂ© d'un revĂȘtement appelĂ© endoderme, qui donnera la muqueuse respiratoire. Ensuite, le sillon s'agrandit et forme une poche, le diverticule respiratoire laryngotrachĂ©al. Ă son extrĂ©mitĂ© se dĂ©veloppera le bourgeon pulmonaire. Ă la fin de la quatriĂšme semaine, le diverticule respiratoire se sĂ©pare de l'intestin primitif par les replis ĆsotrachĂ©aux. Ceux-ci vont fusionner entre eux pour donner le septum trachĂ©o-Ćsophagien, qui sĂ©pare la trachĂ©e, Ă l'avant, de l'Ćsophage, Ă l'arriĂšre. Les anneaux cartilagineux se dĂ©veloppent Ă partir de la dixiĂšme semaine[1].
Pathologie
La trachĂ©e peut ĂȘtre le siĂšge de pathologies Ă retentissement respiratoire aigu, le plus souvent du fait d'un traumatisme ou de la prĂ©sence d'un corps Ă©tranger. Elle peut ĂȘtre aussi le siĂšge de pathologie congĂ©nitale, infectieuse, inflammatoire (trachĂ©ite) ou cancĂ©reuse. Plusieurs de ces pathologies peuvent entraĂźner une trachĂ©omalacie ou une stĂ©nose trachĂ©ale.
Traitement spécifique
La trachéotomie est une technique qui permet de ventiler un patient en shuntant la partie supérieure de l'appareil respiratoire.
En chirurgie, plusieurs équipes internationales (notamment d'aprÚs la technique du Pr Paolo Maccharini, à Barceleone, puis à Stockholm) ont produit une trachée artificielle autologue (greffe construite à partir des cellules du patient, et donc sans risque de rejet). De la peau et des fragments de cartilage costal ont été prélevés sur le patient, puis ces fragments ont été insérés entre la peau et un tube siliconé garantissant une rigidité à l'ensemble. Ces éléments ont été ensuite suturés[2].
Chez les arthropodes
Le systÚme respiratoire des arthropodes terrestres est un réseau ouvert de stigmates, de trachées et de trachéoles qui assure le transfert des gaz métaboliques vers les tissus. Les stigmates des arthropodes sont appelés spiracles.
La distribution des stigmates varie Ă©normĂ©ment dâun ordre dâinsecte Ă lâautre, mais en gĂ©nĂ©ral chaque segment du corps de lâanimal ne comporte quâune paire de stigmates, qui communique Ă une poche (atrium) suivie dâun tube trachĂ©al relativement grand. Ces trachĂ©es sont des invaginations de lâexosquelette cuticulaire qui desservent tout le corps de lâinsecte par des anastomoses dont le diamĂštre va de quelques micromĂštres Ă 0,8 mm. Les trachĂ©oles, qui sont des conduits plus petits, pĂ©nĂštrent Ă lâintĂ©rieur des cellules et constituent autant de sites de diffusion pour lâeau, lâoxygĂšne, et le gaz carbonique. La circulation des gaz Ă travers ce systĂšme respiratoire est assurĂ©e par contraction ou diffusion passive. Contrairement au sang des vertĂ©brĂ©s, lâhĂ©molymphe des insectes ne transporte gĂ©nĂ©ralement pas dâoxygĂšne : c'est dâailleurs lâun des facteurs qui limite leur taille.
La cuticule dâun tube trachĂ©al comporte des renflements ou Ă©paississements localisĂ©s dits tĂŠnidia. Ces Ă©paississements peuvent ĂȘtre courbes ou hĂ©licoĂŻdaux. Les trachĂ©es peuvent aussi communiquer avec des vĂ©sicules oĂč lâair est stockĂ© (dans la tĂȘte, le thorax, ou lâabdomen). Plusieurs variĂ©tĂ©s dâinsectes, comme les sauterelles et les abeilles, peuvent par remplissage des vĂ©sicules d'air de leur abdomen, contrĂŽler le dĂ©bit dâair Ă travers leur corps. Chez certains insectes aquatiques, les trachĂ©es reçoivent le gaz directement depuis la surface du corps, via des espĂšces de branchies. Quoiqu'elles soient des organes internes, les trachĂ©es des arthropodes sont elles aussi renouvelĂ©es lors de la mue (ecdysis).
Certains cloportes ont dĂ©veloppĂ© une pseudo-trachĂ©e, les corpora allata : il s'agit d'un ensemble de conduits amenant, avec lâair ambiant, de lâoxygĂšne qui sera dissous dans leur hĂ©molymphe ; on trouve un systĂšme similaire chez certaines espĂšces de chenilles.
Notes et références
- (en) Cet article est partiellement ou en totalitĂ© issu de lâarticle de WikipĂ©dia en anglais intitulĂ© « Invertebrate trachea » (voir la liste des auteurs).
- M. Hitier, M. LoĂ€ec, V. Patron, E. Edy et S. Moreau, « TrachĂ©e : anatomie, physiologie, endoscopie et imagerie », EMC - Oto-rhino-laryngologie, Elsevier BV, vol. 8, no 2,â , p. 1-18 (ISSN 0246-0351, DOI 10.1016/s0246-0351(12)55897-6, lire en ligne).
- « Chirurgie : une nouvelle trachée faite de peau et d'os » Sciences et Avenir no 767 p. 34 - 1/2011) notice 1854
Liens externes
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