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Rhinolophe

Rhinolophus ‱ Fer à cheval

Le genre Rhinolophus regroupe des chauves-souris connues sous le nom de rhinolophes, rhinolophes vrais[1] ou chauves-souris fer Ă  cheval. Ce genre est le seul de la sous-famille des RhinolophinĂ©s (Rhinolophinae) et mĂȘme de la famille des Rhinolophidae depuis que les Hipposiderinae sont traitĂ©s comme une famille Ă  part entiĂšre, celle des Hipposideridae.

Les espĂšces de rhinolophes sont rĂ©parties dans tout l’Ancien Monde, de l’Europe et l’Afrique jusqu’à l’Asie et l’Australie. Elles se caractĂ©risent par les membranes nasales contournĂ©es qui entourent leur nez et en particulier par la membrane infĂ©rieure en forme de fer Ă  cheval. Ces membranes serviraient Ă  focaliser l’onde ultrasonore Ă©mise par leurs narines, et leurs grandes oreilles serviraient Ă  capter l’onde d'Ă©cho. Elles utilisent ce systĂšme d’écholocation sophistiquĂ© pour naviguer et chasser la nuit.

Les chauves-souris fer Ă  cheval sont des rĂ©servoirs importants de coronavirus. Les destructions de leur habitat naturel tendent Ă  les rapprocher des implantations humaines. De plus, si les Rhinolophus sont rarement consommĂ©s comme viande de brousse (ou yewei, 野摳, au sud de la Chine), certaines d'entre elles, comme Rhinolophus thomasi, sont vendues Ă  des fins mĂ©dicinales en Chine et en Asie du Sud-Est. Ces contacts accroissent les risques de transmission de pathogĂšnes Ă  l'humain[2].

Étymologie

Le nom de genre Rhinolophus vient du grec rhis ΄ρÎčς, « nez » et lophos Î»ÏŒÏ†ÎżÏ‚ « crĂȘte, panache », pour Ă©voquer leur nez bordĂ© de membranes.

En 1765, Buffon Ă©crivait dans le chapitre sur la Chauve-souris de son Histoire naturelle des animaux t. 13 : « il y en a une que nous avons appelĂ©e le Fer-Ă -cheval, parce qu’elle porte au-devant de sa face un relief exactement semblable Ă  la forme d’un fer Ă  cheval »[3].

Taxonomie

Histoire de la taxonomie

R. ferrumequinum, se fixe Ă  la paroi rocheuse par les pattes arriĂšres et s'enveloppe de ses ailes telle une grande cape isolante

La premiĂšre Ă©tude de synthĂšse et de recherche sur les chauves-souris fut donnĂ©e par Daubenton en 1759 dans un mĂ©moire prĂ©sentĂ© devant l’AcadĂ©mie royale des sciences. Pour la premiĂšre fois, par l’usage du pluriel gĂ©nĂ©rique, ces animaux sont rassemblĂ©s dans un groupe particulier. Il dĂ©crit 7 espĂšces de la faune europĂ©enne, en faisant jouer Ă  la denture un rĂŽle de choix[4].

En 1799, LacépÚde publie une Table des divisions, sous-divisions, ordre et genres des mammifÚres dans lequel est introduit le genre Rhinolophus. Les chauves-souris se trouvent dans la seconde division des mammifÚres alors que la quasi-totalité du monde scientifique les plaçait encore dans les « quadrupÚdes ». Dans la premiÚre sous-division, intitulée ChiroptÚre, on trouve les genres:

  • 63e Chauves-souris (Vespertillo) : 2 ou 4 incisives supĂ©rieures, 6 ou 8 incisives infĂ©rieures
  • ...
  • 65e Rhinolophes (Rhinolophus) : 2 ou 4 incisives supĂ©rieures, 4 incisives infĂ©rieures
    • 1 La chauve-souris fer-Ă -cheval Rhinolophus ferrum-equinum
    • 2 La chauve-souris musaraigne Rhinolophus soricinus

En 1825, le zoologiste britannique Gray divise les Vespertilionidae en sous-familles dont la Rhinolophina. Il est aussi considĂ©rĂ© comme le crĂ©ateur de la famille des Rhinolophidae[5]. En 1907, le genre des Hipposideros des Rhinilophidae est montĂ© au niveau d’une nouvelle famille, les Hipposideridae.

Nombreuses espĂšces encore inconnues

Selon Nancy Simmons, conservatrice au musée américain d'histoire naturelle de New York, les rhinolophes forment encore en 2022 un groupe complexe encore incomplÚtement échantillonné. Une étude des données appels d'écholocation et des données génomiques (ADN mitochondrial) acquises dans le sud de la Chine et en Asie du Sud-Est de 2015 à 2020 (publiée dans Frontiers in Ecology and Evolution le 29 mars 2022) laissent penser que plusieurs dizaines d'espÚces de rhinologies sont encore inconnues de la science en Asie du Sud-Est on feraient parti d'un complexe d'espÚces cryptiques). Comme les plus proches parents connus du SRAS-CoV-2 ont été trouvés chez des chauves-souris Rhinolophus affinis dans la province du Yunnan (sud-ouest de la Chine)[6], et chez trois espÚces de Rhinolophes au Laos[7], il semble urgent de mieux connaitre et comprendre ce taxon. Rien qu'en Chine, plus de 11 espÚces nouvelles ont été identifiées par ce travail[8].

Le taxon Rhinolophus sinicus pourrait par exemple en rĂ©alitĂ© ĂȘtre composĂ© de six espĂšces distinctes. Dans l'ensemble, ils ont estimĂ© qu'environ 40% des espĂšces en Asie n'ont pas Ă©tĂ© formellement dĂ©crites[8].

Histoire Ă©volutive

L'ancĂȘtre commun le plus rĂ©cent de Rhinolophus vivait il y a environ 34 Ă  40 millions d'annĂ©es[9] en se sĂ©parant de la lignĂ©e hipposidĂ©ride pendant l'ÉocĂšne.

Une Ă©tude de 2016 utilisant l' ADN mitochondrial et nuclĂ©aire a placĂ© les chauves-souris fer Ă  cheval au sein des Yinpterochiroptera en tant que sƓur des Hipposideridae[10].

La famille des Rhinolophidae est reprĂ©sentĂ©e actuellement par un seul genre, les Rhinolophus. La famille et le genre sont monophylĂ©tiques (tous leurs membres et rien qu’eux descendent d’un ancĂȘtre commun). En 2019, il y avait 106 espĂšces dĂ©crites de Rhinolophus - ce qui en fait le genre le plus riche en espĂšces aprĂšs les Myotis.

Les Rhinolophidae ont possédé un second genre, les Palaeonycteris, maintenant éteint. Il était représenté par Palaeonycteris robustus, du MiocÚne inférieur, dont les restes fossilisés ont été trouvés à Saint-Gérand-le-Puy, prÚs de Vichy[11].

Les Rhinolophidae sont distribuĂ©s dans tout l’Ancien Monde : de l’Europe occidentale et de l’Afrique jusqu’à l’Asie orientale, Chine, Japon, Philippine et Australie[12]. Elles ne sont pas prĂ©sentes en AmĂ©rique.

Caractéristiques communes

TĂȘte de rhinolophus, a selle, b fer de lance, c Ɠil, d division entre les narines, e fer-Ă -cheval
Rhinolophus andamanensis, A oreille, B vue frontale des feuilles nasales, C vue latérale montrant la forme de la selle, D holotype
CrĂąne de R. ferrumequinum, la grande fer Ă  cheval, montrant l’inflation rostrales proĂ©minente sur le museau, la grosse canine supĂ©rieure

Morphologie

Les chauves-souris fer Ă  cheval (Rhinolophus) sont considĂ©rĂ©es comme des Microchiroptera de taille moyenne ou petite (mais le sous-ordre des Microchiroptera a laissĂ© la place au Yinpterochiroptera). Elles ont une longueur totale (tĂȘte et corps) allant de 35 Ă  110 mm.

Le nez des Rhinolophes est placĂ© dans une cavitĂ© bordĂ©e de membranes en forme de fer Ă  cheval, au-dessus duquel s’élĂšve une feuille nasale postĂ©rieure, dressĂ©e, triangulaire, pointant entre les yeux, nommĂ©e le fer de lance. La selle est une membrane plate en forme de crĂȘte au centre du nez, s’élevant de derriĂšre les narines et pointant perpendiculairement au crĂąne[13].

La formule dentaire des rhinolophes est 1123/2133=32, c’est-Ă -dire que la demi-mĂąchoire supĂ©rieure comporte 1 incisive, 1 canine, 2 prĂ©molaires, et 3 molaires et la demi-mĂąchoire infĂ©rieure possĂšde en plus 1 incisive et 1 prĂ©molaire. Les jeunes perdent leurs dents de lait alors qu’ils sont encore in utero. Ils naissent avec les 4 canines sorties qui leur servent Ă  s’accrocher Ă  leur mĂšre. Les femelles possĂšdent, en plus des deux mamelles pectorales, une paire de mamelles inguinales non fonctionnelles qui permettent aux jeunes de s’accrocher fermement pendant les premiĂšres semaines, en particulier pendant le vol de leur mĂšre[14].

Les oreilles sont grandes, Ă  peu prĂšs aussi larges que longues ; elles manquent d’oreillons (ou tragus). Les yeux sont trĂšs petits. Les fers Ă  cheval Ă©mettent des ultrasons par les orifices nasaux et non par la bouche. Les Ă©chos sont perçus par les oreilles. Ce systĂšme d’émetteur-rĂ©cepteur d’ultrasons leur permet de localiser les proies et les obstacles durant la nuit. L’écholocalisation est utilisĂ©e par les microchiroptĂšres, des cĂ©tacĂ©s (dauphin, orques...), des musaraignes, etc.

Les chauves-souris volent grĂące Ă  une fine membrane, nommĂ©e Patagium, qui s’étend depuis leurs flancs jusqu’au bout des doigts et inclut Ă©galement la queue et les pattes postĂ©rieures.

Les rhinolophes ont un pelage de couleur trĂšs variable suivant les espĂšces, allant du noirĂątre au brun rougeĂątre Ă  la fourrure dorsale rouge-orange vif.

Biologie et Ă©cologie

Ils gĂźtent dans des grottes ou des cavitĂ©s plus Ă©troites ; certaines espĂšces sont seules sur les sites, d’autres se rassemblent en colonie de quelques dizaines de milliers d’individus.

DĂšs que la tempĂ©rature extĂ©rieure descend en dessous de 10 °C, les chauves-souris doivent entrer en hibernation. Les rhinolophes dorment dans des cavitĂ©s oĂč rĂšgne une tempĂ©rature de 5 Ă  10 °C et une hygromĂ©trie d’au moins 75 %. Les grottes d’hibernation sont en gĂ©nĂ©ral grandes.

Dans beaucoup d’espĂšces de Rhinolophes, il y a un dĂ©lai important entre l’accouplement et la naissance : les femelles stockent le sperme dans leur utĂ©rus jusqu’à ce que les conditions soient optimum pour la gestation et la parturition. Pour les espĂšces qui hibernent, la pĂ©riode de stockage correspond Ă  la pĂ©riode d’hibernation. En gĂ©nĂ©ral, les femelles donnent naissance Ă  un seul petit.

Rhinolophus trifoliatus, les feuilles nasales fortement sillonnĂ©es aident Ă  focaliser l’onde sonore Ă©mise, pour rĂ©duire les perturbations de l’environnement et les grandes oreilles captent l'onde en Ă©cho

Les chauves-souris fer Ă  cheval ont de trĂšs petits yeux, ayant un champ de vision limitĂ© par leurs feuilles nasales. Il est donc probable que leur vue ne joue pas un rĂŽle important. Pour naviguer, elles utilisent un systĂšme d’écholocation qui chez certaines espĂšces est trĂšs sophistiquĂ©. Alors que certaines chauves-souris utilisent une Ă©cholocation modulĂ©e en frĂ©quence, les chauves-souris Ă  fer Ă  cheval utilisent une Ă©cholocation Ă  frĂ©quence constante (Ă©galement appelĂ©e Ă©cholocation Ă  frĂ©quence unique[15])

RĂ©gime alimentaire et recherche de nourriture

Comparaison des silhouettes du rhinolophe Rhinolophus pearsonii (en haut) et du molosse Tadarina teniotis (en bas). Les ailes du molosse sont adaptées pour un vol rapide et moins maniable

Les fers Ă  cheval sont des insectivores, consommant aussi Ă  l’occasion des araignĂ©es. Il existe deux stratĂ©gies de recherche de nourriture :

  • soit la chauve-souris vole lentement et bas au-dessus du sol, en passant au milieu des arbres et des buissons. À proximitĂ© d’une proie, elle fond sur elle pour la capturer
  • soit la chauve-souris s’installe aux aguets sur un perchoir et lorsqu’une proie passe alentour, elle s’envole pour la capturer.

Les rhinolophes ont des ailes larges et de grande surface par rapport à leur masse corporelle. Ces facteurs leur donnent une agilité accrue qui leur permet de faire des virages rapides et serrés à vitesses lentes[16].

Relations avec les humains

RĂ©servoirs de coronavirus et d’autres virus

Les chauves-souris fer Ă  cheval sont des rĂ©servoirs importants de coronavirus[17] - [18](abr. CoV). Depuis les annĂ©es 2000, plusieurs Ă©pidĂ©mies de maladies virales sont apparues en Asie oĂč les coronavirus sont passĂ©s des chauves-souris Ă  l’humain. À la suite du passage du virus de l’animal Ă  l’humain (ou zoonose), l’épidĂ©mie peut se propager Ă  des millions de personnes si une transmission interhumaine s’établit (en l’absence de vaccins).

Entre 2003 et 2017, trois coronavirus zoonotiques ont Ă©tĂ© identifiĂ©s comme la cause d’épidĂ©mies de grande envergure : le Syndrome respiratoire aigu sĂ©vĂšre (SRAS en français, SARS en anglais), le Syndrome respiratoire du Moyen-Orient (MERS) et le Syndrome de diarrhĂ©es porcines (SADS).

L’épidĂ©mie mondiale de SRAS a dĂ©butĂ© en Chine dans la ville de Foshan (province de Guangdong) en 2002. Le coronavirus responsable de l’épidĂ©mie du SRAS qui a affectĂ© 11 pays a Ă©tĂ© identifiĂ© en 2003[19] et nommĂ© SARS-CoV. Rapidement, il a pu ĂȘtre Ă©tabli que la source de ces coronavirus se trouvait chez des chauves-souris[20]. Par la suite des CoV liĂ©s au SRAS (SARSr-CoV) ont Ă©tĂ© trouvĂ©s dans des civettes palmistes communes provenant de marchĂ©s d’animaux vivants de la province de Canton et dans divers espĂšces de chauves-souris fer Ă  cheval, rĂ©servoir premier des SARS-CoV[21].

Quinze ans aprÚs, une diarrhée épidémique porcine SADS (Severe Acute Diarrhea Syndrome) dévaste la production porcine chinoise. Cette seconde épidémie qui est partie à nouveau de la province de Canton, a été aussi été provoquée par un coronavirus, nommé le SADS-CoV.

Entre-temps, au Moyen-Orient, le Syndrome respiratoire du Moyen-Orient (MERS, Middle East Respiratory Syndrome) s’étend Ă  27 pays, en 2012. Il est lui aussi causĂ© par un coronavirus, nommĂ© MERS-CoV[22] dont les plus proches parents connus sont les coronavirus de chauve-souris HKU4 et HKU5 et dont l’hĂŽte intermĂ©diaire est le dromadaire.

En , soit huit mois avant la nouvelle Ă©pidĂ©mie de coronavirus de Wuhan, Zhou Peng et Shi Zhengli[23] de l’Institut de virologie de Wuhan prĂ©venaient les Ă©pidĂ©miologistes qu'« il est gĂ©nĂ©ralement admis que les CoV transmis par les chauves-souris rĂ©apparaĂźtront pour provoquer la prochaine Ă©pidĂ©mie. À cet Ă©gard, la Chine est un « point chaud » probable [zone Ă  haut risque]. Le dĂ©fi consiste Ă  prĂ©voir quand et oĂč de telles Ă©pidĂ©mies surviendront pour les prĂ©venir au mieux ».

En , une maladie infectieuse émergente nommée COVID-19, causée par un nouveau coronavirus, le SARS-CoV-2, apparaßt comme prévu par l'institut de Wuhan, et se propage en Chine puis dans le monde entier. Ce nouveau coronavirus est apparenté au coronavirus responsable du SARS et comme eux, il possÚde des similitudes avec les Betacoronavirus des chauves-souris fer à cheval[17].

Plusieurs chauves-souris fer de cheval ont été testées séropositives pour les SARSr-CoV : Rhinolophus pusillus, R. macrotis, R. sinicus, R. pearsoni[21]


Outre les coronavirus, les chauves-souris sont aussi un rĂ©servoir naturel du virus Marburg et des virus Nipah et Hendra, qui ont provoquĂ© des maladies humaines et des Ă©pidĂ©mies en Afrique, en Malaisie, au Bangladesh et en Australie. Elles peuvent cependant hĂ©berger ces virus sans tomber malade. On pense qu'elles sont le rĂ©servoir naturel du virus Ebola. Elles sont Ă©galement porteuses du virus de la rage, mais dans ce cas, elles sont touchĂ©es par la maladie[24]. Les chauves-souris hĂ©bergent une proportion significativement plus Ă©levĂ©e de zoonoses que tous les autres mammifĂšres. Le Dr Peter Daszak souligne qu'il est essentiel d'arrĂȘter la vente d'animaux de la faune sauvage sur les marchĂ©s pour limiter les futures Ă©pidĂ©mies.

ÉMERGENCES INFECTIEUSES À CORONAVIRUS
ÉpidĂ©mieLieu d’origineEspĂšce sourceEspĂšce intermĂ©diaireCoronavirus humainRĂ©cepteurTaux de mortalitĂ©
SARS,
2002-2003
GuangdongRhinolophus sinicus[25]Civette palmiste commune
Paradoxurus hermaphroditus
SARS-CoV-1ACE210 %
MERS, 2012Moyen-OrientRhinolopheDromadaireMERS-CovDPP4 (CD26)35 %
COVID-19,
2019-2020
WuhanRhinolophuspas d'hĂŽte connu
(Pangolin un temps suspecté)
SARS-CoV-2ACE21-2 % ?

Trois hypothĂšses liant l’émergence du coronavirus aux activitĂ©s humaines ont Ă©tĂ© avancĂ©es :

  • l’anthropisation globale du monde, la destruction des habitats naturels, l’intensification agronomique et d’élevage
  • les marchĂ©s d’animaux sauvages, la consommation de « viande de brousse » de yewei (civettes, pangolins, etc.) et l’utilisation de substances animales dans la pharmacopĂ©e traditionnelle chinoise (aile de chauve-souris, excrĂ©ment de chauve-souris du Shennong bencao jing)
  • l’accident de laboratoire : en , les rĂ©seaux sociaux chinois ont accusĂ© l’Institut de virologie de Wuhan d’avoir laissĂ© Ă©chapper le coronavirus responsable d’épidĂ©mie du Covid-19. Les attaques se sont focalisĂ©es sur une chercheuse Shi Zhengli, surnommĂ©e « batwoman » par ses collĂšgues parce qu’elle avait passĂ© les 16 derniĂšres annĂ©es Ă  explorer les grottes de 28 provinces chinoises pour Ă©chantillonner les virus portĂ©s par les chauves-souris[26] - [27]. Avec son Ă©quipe, elle a dĂ©couvert des centaines de coronavirus transmis par les chauves-souris dans une grotte prĂšs de Kunming, la capitale de Yunnan, dont certaines souches sont trĂšs proches du coronavirus du SARS de 2002-2003[25] (portĂ©es par des rhinolophes). Puis en , aprĂšs la publication de la sĂ©quence du gĂ©nome du nouveau coronavirus apparu fin 2019 Ă  Wuhan, son Ă©quipe a Ă©tabli que ce nouveau coronavirus SARS-Cov2 est identique Ă  96 % Ă  une souche de coronavirus de chauves-souris Rhinolophus affinis, trouvĂ©e dans le Yunnan[17]. En rĂ©ponse aux accusations, Shi a alors affirmĂ© : « Je jure sur ma vie, que [le virus] n'a rien Ă  voir avec le laboratoire », elle prĂ©cisa que « Le nouveau coronavirus 2019 c’est la Nature qui punit les humains pour avoir gardĂ© des habitudes de vie non civilisĂ©es »[28], ce qui dans la phrasĂ©ologie chinoise doit vouloir dire des « habitudes archaĂŻques », comme continuer Ă  avoir des marchĂ©s de faune sauvage yewei, vendant des civettes, pangolins, blaireaux et crocodiles pour la consommation comme des alicaments.

Autres virus

Les rhinolophes sont Ă©galement associĂ©s Ă  les orthoreovirus, flavivirus et hantavirus. Ils ont Ă©tĂ© testĂ©s positifs pour les orthoreovirus mammaliens (Mammalian orthoreovirus, abr. MRV), y compris un MRV de type 1 isolĂ© de la petite chauve-souris fer Ă  cheval (Rhinolophus hipposideros), et un MRV de type 2 isolĂ© de la Rhinolophus pusillus. Les MRV spĂ©cifiques trouvĂ©s dans les rhinolophes n’ont pas Ă©tĂ© liĂ©s Ă  une infection humaine bien que les humains puissent tomber malades par exposition Ă  d’autres MRV[29]. La Rhinolophus rouxii a Ă©tĂ© testĂ©e positive pour la fiĂšvre de Kyasanur, une fiĂšvre hĂ©morragique virale d’Inde, transmise Ă  l’humain par piqĂ»res de tiques. Le taux de mortalitĂ© est de 2 Ă  10 %. Le virus de Longquan, un genre d’hantavirus, a Ă©tĂ© dĂ©tectĂ© chez des rhinolophes fer de cheval asiatiques (R. sinicus, R. cornutus)[30].

Usages alimentaires et médicinaux

  • Les rhinolophes consommĂ©s comme viande de brousse

Les mĂ©dias se sont fait l’écho qu’à l’origine des Ă©pidĂ©mies de sida et d’Ebola se trouvait la consommation de viande de brousse en Afrique. Les virus VIH seraient ainsi passĂ©s du chimpanzĂ© Ă  l’humain, et ceux d’Ebola des MĂ©gachiroptĂšres (chauves-souris frugivores) Ă  l’humain. Mais une Ă©tude globale de Mickleburgh et al. de 2009[31] a montrĂ© que la consommation de viande de brousse ne se limitait pas Ă  l’Afrique tropicale et concernait aussi toute la zone tropicale de l’Ancien Monde : en particulier, des niveaux Ă©levĂ©s de prĂ©lĂšvement de chauves-souris sont signalĂ©s dans toute l’Asie, les Ăźles du Pacifique et de l’ocĂ©an Indien occidental.

En Chine, avant l’épidĂ©mie de SRAS de 2002-2003, la consommation de viande de chauve-souris Ă©tait rĂ©pandue dans les provinces de la Chine du Sud : Guangdong, Guangxi, Sichuan, Hainan et le Sud-Ouest. Beaucoup de restaurants de Canton et des grandes villes du sud de la Chine (Guangdong, Guanxi) avaient les chauves-souris Ă  leur menu. En outre, des chauves-souris vivantes Ă©taient vendues dans les marchĂ©s de produits frais[31]. Dans les villages reculĂ©s, les gens ont l’habitude de capturer des chauves-souris pour les manger. AprĂšs l’épidĂ©mie de SARS, la Chine avait interdit la consommation et le commerce d’animaux sauvages, « avant de les rĂ©autoriser trois mois plus tard » nous indique Le Monde[32]. Lorsque Kerry Bowman, un bioĂ©thicien canadien, a visitĂ© le marchĂ© de fruits de mer de Wuhan en 2017, il a dĂ©nombrĂ© la prĂ©sence de 56 espĂšces animales vivantes dont les deux tiers Ă©taient des espĂšces sauvages[33]. À la suite de la derniĂšre Ă©mergence de coronavirus Ă  Wuhan fin 2019, le gouvernement chinois a fait fermer 20 000 fermes d’élevages d’animaux sauvages, paons, civettes, porcs-Ă©pics, autruches, etc. Un rapport officiel de 2017 a Ă©valuĂ© le secteur d’élevage de la faune sauvage Ă  520 milliards de yuans, soit 67 milliards d’euros[34]. Mettre fin Ă  un secteur Ă©conomique de cette importance, employant 14 millions de personnes, ne peut se faire sans efforts pour changer les croyances traditionnelles des gens et sans fournir des moyens alternatifs de subsistance[35].

Dans les autres pays d’Asie tropicale moins dĂ©veloppĂ©s que la Chine, la chasse et le commerce de viande de brousse reste des activitĂ©s marginales. En Birmanie, les chauves-souris Rhinolophus marshalli, sont vendues localement pour fournir quelques revenus d’appoint. La population de chauves-souris n’est pas menacĂ©e par la chasse. En GuinĂ©e, toutes les espĂšces de chauves-souris sont chassĂ©es dans les grottes pour la consommation ; les prĂ©lĂšvements de Rhinolophus maclaudi en Haute GuinĂ©e ont beaucoup augmentĂ©. Toute la population de chauves-souris d’une grotte peut ĂȘtre dĂ©cimĂ©e en une fois. En Nouvelle-CalĂ©donie, la chasse aux chauves-souris est autorisĂ©e seulement les week-ends du mois d’avril, avec un maximum de 5 prises par personne et par jour[31].

  • RemĂšdes traditionnels

La pharmacopĂ©e traditionnelle chinoise utilise depuis l’AntiquitĂ©, beaucoup de substances animales et continue de le faire malgrĂ© les dangers de contaminations par des agents infectieux et la menace qu’elle fait peser sur la survie des espĂšces sauvages utilisĂ©es (ex : rhinoceros). Le premier manuel de matiĂšre mĂ©dicale, le Shennong bencao jing ou celui du trĂšs cĂ©lĂšbre mĂ©decin du XVIe siĂšcle, le Bencao gangmu de Li Shizhen, prĂŽnent l’utilisation d’excrĂ©ments de chauves-souris (ć€©éŒ ć±Ž Tiānshǔ shǐ) ou l’aile de chauve-souris (äŒçżŒ fĂș yĂŹ)[36] - [37]. Li Shizhen examine les effets de chaque partie de l'animal : sa chair, son cerveau, son sang et sa bile, ses excrĂ©ments. Certains morceaux considĂ©rĂ©s comme puissants (youdu) sont utilisĂ©s pour leurs effets thĂ©rapeutiques, d’autres non toxiques (wudu) servent plutĂŽt dans les rĂ©gimes diĂ©tĂ©tiques, ce qui encourage leur consommation rĂ©guliĂšre.

La pharmacopĂ©e grĂ©co-romaine de Dioscoride (Ier) qui fera rĂ©fĂ©rence en Europe pendant 1 500 ans, comporte des fiches sur 583 plantes mĂ©dicinales, 84 animaux ou productions animales et 89 minĂ©raux ou substances inorganiques. Aucune chauve-souris n’est mentionnĂ©e. Par contre dans l’Histoire naturelle de Pline[38], les chauves-souris sont mentionnĂ©es dans quelques sections sur des exemples « de tromperie des mages » qui « vantent aussi son sang, avec du cardon, parmi les principaux remĂšdes contre les morsures de serpents » (HN, XXIX, 83). Au XVIe siĂšcle, le zoologue suisse Conrad Gesner, mentionne une onction d’huile de chauve-souris (bouillie avec du millepertuis, du beurre rance, de l’aristoloche et de l’huile de ricin) contre les rhumatismes[39]. Puis Ă  partir du XVIIe siĂšcle, avec les dĂ©buts de la chimie et de la biologie modernes, l’ouvrage de Dioscoride cessa d’ĂȘtre le manuel de rĂ©fĂ©rence pour la matiĂšre mĂ©dicale europĂ©enne. L'objet de la recherche passa de la matiĂšre mĂ©dicale aux principes actifs, de l'Ă©corce de quinquina Ă  la quinine, du pavot Ă  la morphine.

La pharmacopĂ©e arabe la plus cĂ©lĂšbre est de celle de Ibn al-Baitar (ca 1190-1248) ; elle Ă©numĂšre 1 400 matiĂšres mĂ©dicales, prolongeant ainsi les nombreux remĂšdes de l’AntiquitĂ© grĂ©co-romaine. Elle indique « une chauve-souris tuĂ©e et frottĂ©e sur la rĂ©gion pubienne d’un enfant empĂȘche la croissance des poils. Cuite avec de l’huile de sĂ©same, c’est une embrocation pour la sciatique... »[39]. La cervelle et le cƓur de chauve-souris ont aussi leurs usages spĂ©cifiques.

La pharmacopĂ©e indienne de la mĂ©decine YunĂąni reconnait 200 drogues d’origine animale dont la chauve-souris[39].

Noms vernaculaires

Petit rhinolophe (Rhinolophus hipposideros)

Quelques espÚces ont un nom français.

Note : certaines espĂšces ont plusieurs noms.

Listes d'espĂšces

EspĂšces d'Europe

Liste des rhinolophes d'Europe[43] :

Toutes les espĂšces

Le systÚme d'information taxonomique intégré (ITIS) liste les espÚces suivantes[44] :

  • Rhinolophus acuminatus Peters, 1871
  • Rhinolophus adami Aellen & Brosset, 1968
  • Rhinolophus affinis Horsfield, 1823
  • Rhinolophus alcyone Temminck, 1853
  • Rhinolophus arcuatus Peters, 1871
  • Rhinolophus beddomei K. Andersen, 1905
  • Rhinolophus belligerator Patrick, McCulloch & Ruedas, 2013
  • Rhinolophus blasii Peters, 1867
  • Rhinolophus bocharicus Kastschenko & Akimov, 1917
  • Rhinolophus borneensis Peters, 1861
  • Rhinolophus canuti Thomas & Wroughton, 1909
  • Rhinolophus capensis Lichtenstein, 1823
  • Rhinolophus celebensis K. Andersen, 1905
  • Rhinolophus chiewkweeae Yoshiyuki & Lim, 2005
  • Rhinolophus clivosus Cretzschmar, 1826
  • Rhinolophus coelophyllus Peters, 1867
  • Rhinolophus cognatus K. Andersen, 1906
  • Rhinolophus cohenae Taylor, Stoffberg, Monadjem, Schoeman, Bayliss & Cotterill, 2012
  • Rhinolophus convexus Csorba, 1997
  • Rhinolophus cornutus Temminck, 1834
  • Rhinolophus creaghi Thomas, 1896
  • Rhinolophus damarensis Roberts, 1946
  • Rhinolophus darlingi K. Andersen, 1905
  • Rhinolophus deckenii Peters, 1868
  • Rhinolophus denti Thomas, 1904
  • Rhinolophus eloquens K. Andersen, 1905
  • Rhinolophus euryale Blasius, 1853
  • Rhinolophus euryotis Temminck, 1835
  • Rhinolophus ferrumequinum (Schreber, 1774)
  • Rhinolophus formosae Sanborn, 1939
  • Rhinolophus fumigatus RĂŒppell, 1842
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  • Rhinolophus hildebrandtii Peters, 1878
  • Rhinolophus hilli Aellen, 1973
  • Rhinolophus hillorum Koopman, 1989
  • Rhinolophus hipposideros (Bechstein, 1800)
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  • Rhinolophus huananus Wu, Motokawa & Harada, 2008
  • Rhinolophus imaizumii Hill & Yoshiyuki, 1980
  • Rhinolophus inops K. Andersen, 1905
  • Rhinolophus kahuzi Fahr & Kerbis Peterhans, 2013
  • Rhinolophus keyensis Peters, 1871
  • Rhinolophus landeri Martin, 1838
  • Rhinolophus lepidus Blyth, 1844
  • Rhinolophus luctus Temminck, 1834
  • Rhinolophus mabuensis Taylor, Stoffberg, Monadjem, Schoeman, Bayliss & Cotterill, 2012
  • Rhinolophus maclaudi Pousargues, 1897
  • Rhinolophus macrotis Blyth, 1844
  • Rhinolophus madurensis K. Andersen, 1918
  • Rhinolophus maendeleo Kock, Csorba & Howell, 2000
  • Rhinolophus malayanus Bonhote, 1903
  • Rhinolophus marshalli Thonglongya, 1973
  • Rhinolophus mcintyrei Hill & Schlitter, 1982
  • Rhinolophus megaphyllus Gray, 1834
  • Rhinolophus mehelyi Matschie, 1901
  • Rhinolophus microglobosus Csorba & Jenkins, 1998
  • Rhinolophus mitratus Blyth, 1844
  • Rhinolophus monoceros K. Andersen, 1905
  • Rhinolophus montanus Goodwin, 1979
  • Rhinolophus mossambicus Taylor, Stoffberg, Monadjem, Schoeman, Bayliss & Cotterill, 2012
  • Rhinolophus nereis K. Andersen, 1905
  • Rhinolophus osgoodi Sanborn, 1939
  • Rhinolophus paradoxolophus (Bourret, 1951)
  • Rhinolophus pearsonii Horsfield, 1851
  • Rhinolophus philippinensis Waterhouse, 1843
  • Rhinolophus proconsulis Hill, 1959
  • Rhinolophus pusillus Temminck, 1834
  • Rhinolophus rex G. M. Allen, 1923
  • Rhinolophus robinsoni K. Andersen, 1918
  • Rhinolophus rouxii Temminck, 1835
  • Rhinolophus rufus Eydoux & Gervais, 1836
  • Rhinolophus ruwenzorii J. Eric Hill, 1942
  • Rhinolophus sakejiensis Cotterill, 2002
  • Rhinolophus schnitzleri Wu & Thong, 2011
  • Rhinolophus sedulus K. Andersen, 1905
  • Rhinolophus shameli Tate, 1943
  • Rhinolophus shortridgei K. Andersen, 1918
  • Rhinolophus siamensis Gyldenstolpe, 1917
  • Rhinolophus silvestris Aellen, 1959
  • Rhinolophus simulator K. Andersen, 1904
  • Rhinolophus sinicus K. Andersen, 1905
  • Rhinolophus smithersi Taylor, Stoffberg, Monadjem, Schoeman, Bayliss & Cotterill, 2012
  • Rhinolophus stheno K. Andersen, 1905
  • Rhinolophus subbadius Blyth, 1844
  • Rhinolophus subrufus K. Andersen, 1905
  • Rhinolophus swinnyi Gough, 1908
  • Rhinolophus tatar Bergmans & Rozendaal, 1982
  • Rhinolophus thailandensis Wu, Harada & Motokawa, 2009
  • Rhinolophus thomasi K. Andersen, 1905
  • Rhinolophus trifoliatus Temminck, 1834
  • Rhinolophus virgo K. Andersen, 1905
  • Rhinolophus willardi Kerbis Peterhans & Fahr, 2013
  • Rhinolophus xinanzhongguoensis Zou, GuillĂ©n-Servent, Lim, Eger, Wang & Jiang, 2009
  • Rhinolophus yunanensis Dobson, 1872
  • Rhinolophus ziama Fahr, Vierhaus, Hutterer & Kock, 2002

Annexes

Articles connexes

Liens externes

Notes et références

Notes

    Références

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    Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplĂ©mentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimĂ©dias.