Rhinolophus euryale
Le Rhinolophe euryale[2] (Rhinolophus euryale) est une espĂšce de chauve-souris fer Ă cheval de la famille des Rhinolophidae.
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RĂšgne | Animalia |
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Embranchement | Chordata |
Sous-embr. | Vertebrata |
Classe | Mammalia |
Sous-classe | Placentalia |
Ordre | Chiroptera |
Famille | Rhinolophidae |
Genre | Rhinolophus |
Répartition géographique
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NT : Quasi menacé
Son aire de rĂ©partition sâĂ©tend au nord du Maghreb, dans les pays mĂ©diterranĂ©ens dâEurope, et un peu en Turquie, en Transcaucasie et Iran. En France, il a subi une baisse alarmante de ses effectifs.
Ătymologie
Le nom de genre Rhinolophus vient du grec rhis ÎÏÎčÏ, « nez » et lophos λÏÏÎżÏ Â« crĂȘte, panache », pour Ă©voquer leur nez bordĂ© de membranes (ou feuilles nasales).
LâĂ©pithĂšte spĂ©cifique euryale vient du grec ancien ÎáœÏÏ ÎŹÎ»Î±, EuruĂĄla, lâune des trois Gorgones, reprĂ©sentĂ©e sur les vases grecs avec deux ailes, un visage monstrueux, des crocs de fauve et une chevelure de serpents.
Description
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Le Rhinolophe euryale est une espÚce dont les habitats de chasse et le régime alimentaire sont peu connus en Europe. Comme tous les rhinolophes, le Rhinolophe euryale émet les ultra-sons par le nez et non par la bouche comme les autres MicrochiroptÚres.
- Taille : corps de 4,2 à 5,8 cm, intermédiaire entre le Grand rhinolophe (R. ferrumequinum) et le Petit fer-à -cheval (R. hipposideros)
- Envergure : 30 Ă 32 cm.
- Feuilles nasales[n 1] : le fer Ă cheval ne couvre pas le museau, sa largeur est de 5, 4 Ă 6,7 mm, la selle a les marges presque parallĂšles et lâextrĂ©mitĂ© largement arrondie, la lancette se rĂ©trĂ©cit graduellement jusquâĂ former une pointe Ă©moussĂ©e
- Queue : de 16,2 Ă 31 mm de long
- Ailes[3] : le 3e métacarpe est assez court (32-35 mm, le 4e est généralement de 34,5-37 mm ⊠35,2-38,8 de celui du 5e.
- Poids : 8 Ă 17,5 g.
- Denture : la petite prémolaire P2 est compressée dans un intervalle étroit entre la canine et la seconde prémolaire (P4). La petite prémolaire inférieure (P3) est décalée.
- Oreilles : de taille moyenne ou grande (18,5-23 mm[3]. Elles ne possĂšdent pas de tragus.
- Pelage : doux et dense, la couleur varie selon les individu, certains individus sont grisĂątres dâautres brun-roux, ou fauves. La face ventrale est blanc crĂšme, lĂ©gĂšrement rosĂ©e.
Le Rhinolophe euryale se distingue du Grand rhinolophe ou du rhinolophe de Mehely, par des oreilles rosĂ©es Ă lâintĂ©rieur et le fait quâil ne sâenveloppe jamais complĂštement dans ses ailes lors de lâhibernation.
Sous-espĂšces
Deux sous-espĂšces[3] :
- R. e. euryale, dans le nord-ouest de lâAfrique, de lâEurope mĂ©diterranĂ©enne jusquâĂ lâest au TurkmĂ©nistan et lâIran, les Ăźles mĂ©diterranĂ©ennes
- R. e. judaicus, en Syrie, et du sud de lâIraq jusquâen IsraĂ«l.
Remarque : R. euryale et R. mehelyi ont longtemps Ă©tĂ© confondues. Les critĂšres de distinction sont : la longueur de lâavant-bras, le ratio des phalanges du 4e doigts, la forme et la taille du fer Ă cheval, la longueur du crĂąne.
Aire de distribution
Le Rhinolophe euryale est une espĂšce du sud du PalĂ©artique occidental, sâĂ©tendant dans les pays suivants :
- Maroc, Algérie, Tunisie.
- Portugal, Espagne, centre et sud de la France, Italie, Balkans, GrĂšce, Turquie (ouest et nord), Transcaucasie, TurkmĂ©nie, ouest de lâIran
- Syrie, Liban, Israël[3].
En Europe, la limite nord de son aire de répartition passe par les Pays de Loire, la Franche-Comté et le centre ouest de la Roumanie avec une population isolée en Slovaquie-Hongrie[4].
En France, il a subi une baisse alarmante de ses effectifs entre 1940 et 1980. Actuellement, ils semblent concentrés dans le Sud-Ouest (plus de 50 % des effectifs français connus en hibernation) et Midi-Pyrénées (plus de 50 % des effectifs français connus en reproduction). Les cinq grands noyaux de populations sont la Vienne, le Périgord-Quercy, le piémont pyrénéen, le Bas-Languedoc et la Corse.
Dans les autres rĂ©gions françaises, les populations prĂ©sentes accusent un fort dĂ©clin et le Rhinolophe euryale a presque disparu de Bourgogne, du Centre, de Franche-ComtĂ©, des Pays de la Loire, de RhĂŽne-Alpes et de Provence-Alpes-CĂŽte dâAzur.
Hibernation et reproduction
Les rhinolophes euryales hibernent en gĂ©nĂ©ral dans de profondes cavitĂ©s oĂč la tempĂ©rature est comprise entre 10 et 15 °C et oĂč lâhygromĂ©trie est trĂšs Ă©levĂ©e (90 Ă 95 %). Ils se regroupent par dizaines, centaines voire milliers (2 240 individus dans un site français), se suspendant aux parois ou au plafond. Lâhibernation est assez courte, elle couvre principalement les trois mois dâhiver.
Ă partir de leur premiĂšre annĂ©e, les femelles sâaccouplent en automne dans des cavitĂ©s relativement chaudes (de plus de 12,5 °C). Au terme de lâovulation (diffĂ©rĂ©e Ă la sortie de lâhibernation) et dâune gestation de 2 mois, les naissances se dĂ©roulent de la mi-juin Ă la mi-juillet, avec des variations suivant les annĂ©es et les rĂ©gions. Chaque femelle donne naissance Ă un seul jeune, qui prend son envol au bout de 3-4 semaines[4].
Les rhinolophes euryales cohabitent dans des gĂźtes avec dâautres espĂšces, comme les MinioptĂšres de Schreibers, les Murins Ă oreilles Ă©chancrĂ©es, les Murins de Cappaccini, les Grands et Petits murins, Murin du Maghreb ou les Grands rhinolophes[4].
Les gĂźtes dâhiver peuvent ĂȘtre distants dâune cinquantaine de kilomĂštres des gĂźtes dâĂ©tĂ©. Le maximum connu en Europe est de 134 km.
RĂ©gime alimentaire
- Alimentation insectivore : lépidoptÚres, diptÚres, coléoptÚres.
Le Rhinolophe euryale a un vol trĂšs prĂ©cis. Sa grande manĆuvrabilitĂ© lui permet de capturer des insectes en vol en milieu encombrĂ©. Il chasse aussi Ă l'affĂ»t depuis un perchoir. Son rĂ©gime alimentaire varie en fonction des saisons et des rĂ©gions[4].
Il consomme des LépidoptÚres nocturnes en grande quantité, ainsi que des DiptÚres comme des Tipulidés et en moins grande quantité, des ColéoptÚres comme des Scarabéidés.
Populations et habitats
- Habitat estivale : les femelles gestantes se regroupent dans des gites de mise bas, situĂ©s plutĂŽt dans des cavitĂ©s souterraines quâen milieu bĂąti (chĂąteau, comble d'Ă©glise). La nuit, entre deux phases de chasse, les individus peuvent se reposer dans des gĂźtes nocturnes secondaires (arbre, grange, cavitĂ© annexe).
- Habitat hivernal : grottes, mines à 95 % d'hygrométrie et températures constantes de 10 à 15 °C.
- Lieu de chasse : forĂȘts de feuillus, les petits talwegs boisĂ©s et le long de la ripisylve basse ou arborĂ©e.
- Ultra-son : 102 Ă 104 kHz C.F. longue et F.M. courte et abrupte
- Vol : vol louvoyant, plutÎt lent, sans crochets brusques ni surplace, proche de la végétation.
- Longévité : inconnu.
- Protection : espÚce protégée.
Le Rhinolophe euryale est une espĂšce typiquement troglophile des massifs karstiques, qui gĂźte dans presque tous les habitats souterrains (grottes, anciennes mines, tunnels etc.). En Ă©tĂ©, des colonies sont parfois observĂ©es dans les combles et les greniers. Cette observation est exceptionnelle en Suisse[5]. Au cours dâune mĂȘme saison, le Rhinolophe euryale occupent diffĂ©rents gĂźtes, en fonction des disponibilitĂ©s et des conditions climatiques[4]. En Europe, pour la chasse, lâespĂšce prĂ©fĂšre les formations arborĂ©es de feuillus, les bois bordĂ©s de prairies ou de pelouses, les prĂ©-bois, les haies, principalement dans un rayon de 10 km autour du gĂźte. Toutes les Ă©tudes effectuĂ©es en Europe indiquent que l'espĂšce Ă©vite les espaces dĂ©gagĂ©s[6] - [7] - [8] - [9] - [10] - [11]. La mĂȘme prĂ©fĂ©rence a Ă©tĂ© observĂ©e mĂȘme dans des rĂ©gions plus arides, comme en Iran[12]. En Tunisie, des observations directes (rĂ©gion de Ain Draham, Parc National d'el Feija) et des Ă©tudes par Ă©cholocation (Parc National de l'Ichkeul) semblent confirmer que la prĂ©sence de l'espĂšce se limite aux zones fortement boisĂ©es[12].
En pĂ©riode estivale, les Rhinolophes euryales sortent de leur gĂźte environ 45 minutes aprĂšs le coucher du soleil et y retournent 45 minutes avant le lever[4]. Des pics dâactivitĂ©s sont observĂ©s en dĂ©but et en fin de nuit. Les phases dâactivitĂ© sont entrecoupĂ©es de phases de repos plus ou moins longues, certaines pouvant aller jusquâĂ 5 heures. Le repos sâeffectue dans des gĂźtes secondaires comme des arbres, des granges, des cavitĂ©s ou dans le gĂźte principal.
Statut de protection
En France, selon la liste rouge de lâIUCN, le rhinolophe euryale a le statut de Quasi menacĂ©[13]. Il compte parmi les espĂšces les plus menacĂ©es et seul le Sud abrite encore des populations viables[5].Franche-ComtĂ© : En danger critique dâextinction (CR)
- France : Quasi-menacé (NT)
- Europe : Vulnérable (VU)
- Monde : Quasi-menacé (NT)
Le statut de protection comprend:
- ArrĂȘtĂ© du fixant la liste des mammifĂšres terrestres protĂ©gĂ©s sur lâensemble du territoire français et les modalitĂ©s de leur protection (niveau national)
- Inscription Ă lâannexe II et IV de la Directive europĂ©enne Habitats-Faune-Flore (niveau europĂ©en)
Les effectifs dâadultes recensĂ©s sont dâenviron 15 000 individus en France.
Les pressions anthropiques qui affectent cette espĂšce sont multiples. Le Rhinolpohe euryale est sensible[4]:
- à la fréquentation humaine de ses gßtes
- Ă la disparition des corridors biologiques (haies, ripisylve, etc.)
- à la fragmentation et la dégradation des habitats de chasse (enrésinement, urbanisation, modification des pratiques agricoles)
- Ă lâutilisation intensive de pesticides qui rĂ©duit ses ressources alimentaires.
Notes
- pour la terminomogie, voir Rhinolophe#Morphologie
Références
- Blasius, « Beschrelbung zweler neuer deutscher Fiedermausarten (cf. Rhinolophus) », Archiv fĂŒr Naturgeschichte, vol. p. 52-53,â (lire en ligne)
- Nature et biodiversité algérienne
- G. Csorba, P. Ujhelyi, N. Thomas, Horseshoe Bats of the World (Chiroptera : Rhinolophidae), Alana Books,
- MĂ©lanie NĂ©moz, Alice Brisorgueil (coord.) SFEPM SociĂ©tĂ© Française pour lâĂtude et la Protection des MammifĂšres, MusĂ©um National dâHistoire Naturelle (2004-2008), « Connaissance et Conservation des gĂźtes et habitats de chasse de 3 ChiroptĂšres cavernicoles » (consultĂ© le )
- J. Hausser (coord.), SĂ€ugetiere der Schweiz / MammifĂšres de la Suisse : Mammiferi della Svizzera, Springer-Verlag,
- (en) URTZI GOITI, JOSER AIHARTZA, INAZIO GARIN, JAVIER ZABALA, « Influence of habitat on the foraging behaviour of the Mediterranean horseshoe bat, Rhinolophus euryale », Acta Chiropterologica, 5,â , p. 75â84 (lire en ligne)
- (en) Goiti U., Aihartza J. R., Almenar D., Salsamendi E.,Garin I., « Seasonal foraging by Rhinolophus euryale (Rhinolophidae) in an Atlantic rural landscape in northern Iberian Peninsula », Acta Chiropterologica, 8,â , p. 141â155 (lire en ligne)
- (en) Goiti U., Garin I., Almenar D., Salsamendi E., Aihartza J. R., « Foraging by mediterranean horsheshoe bats (Rhinolophus euryale) in relation to prey distribution and edge habitat », Journal of Mammalogy, 89,â , p. 493â502 (lire en ligne)
- (en) Christian Dietz, Aspects of ecomorphology in the five European horseshoe bats (Chiroptera: Rhinolophidae) in the area of sympatry, TĂŒbingen, Allemagne, ThĂšse de l'UniversitĂ© de TĂŒbingen, , 237 p. (lire en ligne)
- (en) Danilo Russo, Gareth Jones, Antonello Migliozzi, « Habitat selection by the mediterranean horseshoe bat, Rhinolophus euryale (Chiroptera: Rhinolophidae) in a rural area of southern Italy and implications for conservation », Biological Conservation Vol 107,â , p. 71-81 (lire en ligne)
- (en) Danilo Russo, David Almenar, Joserra Aihartza, Urtzi Goiti, Egoitz Salsamendi, Inazio Garin, « Habitat selection in sympatric Rhinolophus mehelyi and R. euryale (Mammalia: Chiroptera). », Journal of Zoology, 266 (3),â , p. 327 - 332 (lire en ligne)
- (en) Sebastien J. Puechmaille, Wassim M. Hizem, Benjamin Allegrini, Awatef Abiadh, « Bat fauna of Tunisia: Review of records and new records, morphometrics and echolocation data », Vespertilio Vol 16,â , p. 211-239 (lire en ligne)
- IUCN, « Mediterranean Horseshoe Bat, Rhinolophus euryale » (consulté le )
Annexes
Liens externes
- (fr) RĂ©fĂ©rence CITES : taxon Rhinolophus euryale (sur le site du ministĂšre français de l'Ăcologie) (consultĂ© le )
- (en) Référence Fauna Europaea : Rhinolophus euryale Blasius, 1853 (consulté le )
- (fr) Référence INPN : Rhinolophus euryale Blasius, 1853 (TAXREF) (consulté le )
- (en) Référence UICN : espÚce Rhinolophus euryale (Blasius, 1853) (consulté le )
- Conseil Chauve-souris blessée
- Contacts chiroptÚres régionaux en France