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Rhinolophus euryale

Le Rhinolophe euryale[2] (Rhinolophus euryale) est une espĂšce de chauve-souris fer Ă  cheval de la famille des Rhinolophidae.

Rhinolophus euryale
Description de cette image, également commentée ci-aprÚs
Un Rhinolophe euryale en vol

EspĂšce

Rhinolophus euryale
Blasius[1], 1853

Répartition géographique

Description de cette image, également commentée ci-aprÚs
RĂ©partition de Rhinolophus euryale

Statut de conservation UICN

( NT )
NT : Quasi menacé

Son aire de rĂ©partition s’étend au nord du Maghreb, dans les pays mĂ©diterranĂ©ens d’Europe, et un peu en Turquie, en Transcaucasie et Iran. En France, il a subi une baisse alarmante de ses effectifs.

Étymologie

Le nom de genre Rhinolophus vient du grec rhis ΄ρÎčς, « nez » et lophos Î»ÏŒÏ†ÎżÏ‚ « crĂȘte, panache », pour Ă©voquer leur nez bordĂ© de membranes (ou feuilles nasales).

L’épithĂšte spĂ©cifique euryale vient du grec ancien Î•áœÏÏ…ÎŹÎ»Î±, EuruĂĄla, l’une des trois Gorgones, reprĂ©sentĂ©e sur les vases grecs avec deux ailes, un visage monstrueux, des crocs de fauve et une chevelure de serpents.

Description

Crane de Rhinolophus euryale

Le Rhinolophe euryale est une espÚce dont les habitats de chasse et le régime alimentaire sont peu connus en Europe. Comme tous les rhinolophes, le Rhinolophe euryale émet les ultra-sons par le nez et non par la bouche comme les autres MicrochiroptÚres.

  • Taille : corps de 4,2 Ă  5,8 cm, intermĂ©diaire entre le Grand rhinolophe (R. ferrumequinum) et le Petit fer-Ă -cheval (R. hipposideros)
  • Envergure : 30 Ă  32 cm.
  • Feuilles nasales[n 1] : le fer Ă  cheval ne couvre pas le museau, sa largeur est de 5, 4 Ă  6,7 mm, la selle a les marges presque parallĂšles et l’extrĂ©mitĂ© largement arrondie, la lancette se rĂ©trĂ©cit graduellement jusqu’à former une pointe Ă©moussĂ©e
  • Queue : de 16,2 Ă  31 mm de long
  • Ailes[3] : le 3e mĂ©tacarpe est assez court (32-35 mm, le 4e est gĂ©nĂ©ralement de 34,5-37 mm ≩ 35,2-38,8 de celui du 5e.
  • Poids : 8 Ă  17,5 g.
  • Denture : la petite prĂ©molaire P2 est compressĂ©e dans un intervalle Ă©troit entre la canine et la seconde prĂ©molaire (P4). La petite prĂ©molaire infĂ©rieure (P3) est dĂ©calĂ©e.
  • Oreilles : de taille moyenne ou grande (18,5-23 mm[3]. Elles ne possĂšdent pas de tragus.
  • Pelage : doux et dense, la couleur varie selon les individu, certains individus sont grisĂątres d’autres brun-roux, ou fauves. La face ventrale est blanc crĂšme, lĂ©gĂšrement rosĂ©e.

Le Rhinolophe euryale se distingue du Grand rhinolophe ou du rhinolophe de Mehely, par des oreilles rosĂ©es Ă  l’intĂ©rieur et le fait qu’il ne s’enveloppe jamais complĂštement dans ses ailes lors de l’hibernation.

Sous-espĂšces

Deux sous-espĂšces[3] :

  • R. e. euryale, dans le nord-ouest de l’Afrique, de l’Europe mĂ©diterranĂ©enne jusqu’à l’est au TurkmĂ©nistan et l’Iran, les Ăźles mĂ©diterranĂ©ennes
  • R. e. judaicus, en Syrie, et du sud de l’Iraq jusqu’en IsraĂ«l.

Remarque : R. euryale et R. mehelyi ont longtemps Ă©tĂ© confondues. Les critĂšres de distinction sont : la longueur de l’avant-bras, le ratio des phalanges du 4e doigts, la forme et la taille du fer Ă  cheval, la longueur du crĂąne.

Aire de distribution

Le Rhinolophe euryale est une espĂšce du sud du PalĂ©artique occidental, s’étendant dans les pays suivants :

  • Maroc, AlgĂ©rie, Tunisie.
  • Portugal, Espagne, centre et sud de la France, Italie, Balkans, GrĂšce, Turquie (ouest et nord), Transcaucasie, TurkmĂ©nie, ouest de l’Iran
  • Syrie, Liban, IsraĂ«l[3].

En Europe, la limite nord de son aire de répartition passe par les Pays de Loire, la Franche-Comté et le centre ouest de la Roumanie avec une population isolée en Slovaquie-Hongrie[4].

En France, il a subi une baisse alarmante de ses effectifs entre 1940 et 1980. Actuellement, ils semblent concentrés dans le Sud-Ouest (plus de 50 % des effectifs français connus en hibernation) et Midi-Pyrénées (plus de 50 % des effectifs français connus en reproduction). Les cinq grands noyaux de populations sont la Vienne, le Périgord-Quercy, le piémont pyrénéen, le Bas-Languedoc et la Corse.

Dans les autres rĂ©gions françaises, les populations prĂ©sentes accusent un fort dĂ©clin et le Rhinolophe euryale a presque disparu de Bourgogne, du Centre, de Franche-ComtĂ©, des Pays de la Loire, de RhĂŽne-Alpes et de Provence-Alpes-CĂŽte d’Azur.

Hibernation et reproduction

Les rhinolophes euryales hibernent en gĂ©nĂ©ral dans de profondes cavitĂ©s oĂč la tempĂ©rature est comprise entre 10 et 15 °C et oĂč l’hygromĂ©trie est trĂšs Ă©levĂ©e (90 Ă  95 %). Ils se regroupent par dizaines, centaines voire milliers (2 240 individus dans un site français), se suspendant aux parois ou au plafond. L’hibernation est assez courte, elle couvre principalement les trois mois d’hiver.

À partir de leur premiĂšre annĂ©e, les femelles s’accouplent en automne dans des cavitĂ©s relativement chaudes (de plus de 12,5 °C). Au terme de l’ovulation (diffĂ©rĂ©e Ă  la sortie de l’hibernation) et d’une gestation de 2 mois, les naissances se dĂ©roulent de la mi-juin Ă  la mi-juillet, avec des variations suivant les annĂ©es et les rĂ©gions. Chaque femelle donne naissance Ă  un seul jeune, qui prend son envol au bout de 3-4 semaines[4].

Les rhinolophes euryales cohabitent dans des gĂźtes avec d’autres espĂšces, comme les MinioptĂšres de Schreibers, les Murins Ă  oreilles Ă©chancrĂ©es, les Murins de Cappaccini, les Grands et Petits murins, Murin du Maghreb ou les Grands rhinolophes[4].

Les gĂźtes d’hiver peuvent ĂȘtre distants d’une cinquantaine de kilomĂštres des gĂźtes d’étĂ©. Le maximum connu en Europe est de 134 km.

RĂ©gime alimentaire

Le Rhinolophe euryale a un vol trĂšs prĂ©cis. Sa grande manƓuvrabilitĂ© lui permet de capturer des insectes en vol en milieu encombrĂ©. Il chasse aussi Ă  l'affĂ»t depuis un perchoir. Son rĂ©gime alimentaire varie en fonction des saisons et des rĂ©gions[4].

Il consomme des LépidoptÚres nocturnes en grande quantité, ainsi que des DiptÚres comme des Tipulidés et en moins grande quantité, des ColéoptÚres comme des Scarabéidés.

Populations et habitats

  • Habitat estivale : les femelles gestantes se regroupent dans des gites de mise bas, situĂ©s plutĂŽt dans des cavitĂ©s souterraines qu’en milieu bĂąti (chĂąteau, comble d'Ă©glise). La nuit, entre deux phases de chasse, les individus peuvent se reposer dans des gĂźtes nocturnes secondaires (arbre, grange, cavitĂ© annexe).
  • Habitat hivernal : grottes, mines Ă  95 % d'hygromĂ©trie et tempĂ©ratures constantes de 10 Ă  15 °C.
  • Lieu de chasse : forĂȘts de feuillus, les petits talwegs boisĂ©s et le long de la ripisylve basse ou arborĂ©e.
  • Ultra-son : 102 Ă  104 kHz C.F. longue et F.M. courte et abrupte
  • Vol : vol louvoyant, plutĂŽt lent, sans crochets brusques ni surplace, proche de la vĂ©gĂ©tation.
  • LongĂ©vitĂ© : inconnu.
  • Protection : espĂšce protĂ©gĂ©e.

Le Rhinolophe euryale est une espĂšce typiquement troglophile des massifs karstiques, qui gĂźte dans presque tous les habitats souterrains (grottes, anciennes mines, tunnels etc.). En Ă©tĂ©, des colonies sont parfois observĂ©es dans les combles et les greniers. Cette observation est exceptionnelle en Suisse[5]. Au cours d’une mĂȘme saison, le Rhinolophe euryale occupent diffĂ©rents gĂźtes, en fonction des disponibilitĂ©s et des conditions climatiques[4]. En Europe, pour la chasse, l’espĂšce prĂ©fĂšre les formations arborĂ©es de feuillus, les bois bordĂ©s de prairies ou de pelouses, les prĂ©-bois, les haies, principalement dans un rayon de 10 km autour du gĂźte. Toutes les Ă©tudes effectuĂ©es en Europe indiquent que l'espĂšce Ă©vite les espaces dĂ©gagĂ©s[6] - [7] - [8] - [9] - [10] - [11]. La mĂȘme prĂ©fĂ©rence a Ă©tĂ© observĂ©e mĂȘme dans des rĂ©gions plus arides, comme en Iran[12]. En Tunisie, des observations directes (rĂ©gion de Ain Draham, Parc National d'el Feija) et des Ă©tudes par Ă©cholocation (Parc National de l'Ichkeul) semblent confirmer que la prĂ©sence de l'espĂšce se limite aux zones fortement boisĂ©es[12].

En pĂ©riode estivale, les Rhinolophes euryales sortent de leur gĂźte environ 45 minutes aprĂšs le coucher du soleil et y retournent 45 minutes avant le lever[4]. Des pics d’activitĂ©s sont observĂ©s en dĂ©but et en fin de nuit. Les phases d’activitĂ© sont entrecoupĂ©es de phases de repos plus ou moins longues, certaines pouvant aller jusqu’à 5 heures. Le repos s’effectue dans des gĂźtes secondaires comme des arbres, des granges, des cavitĂ©s ou dans le gĂźte principal.

Statut de protection

En France, selon la liste rouge de l’IUCN, le rhinolophe euryale a le statut de Quasi menacĂ©[13]. Il compte parmi les espĂšces les plus menacĂ©es et seul le Sud abrite encore des populations viables[5].Franche-ComtĂ© : En danger critique d’extinction (CR)

  • France : Quasi-menacĂ© (NT)
  • Europe : VulnĂ©rable (VU)
  • Monde : Quasi-menacĂ© (NT)

Le statut de protection comprend:

  • ArrĂȘtĂ© du fixant la liste des mammifĂšres terrestres protĂ©gĂ©s sur l’ensemble du territoire français et les modalitĂ©s de leur protection (niveau national)
  • Inscription Ă  l’annexe II et IV de la Directive europĂ©enne Habitats-Faune-Flore (niveau europĂ©en)

Les effectifs d’adultes recensĂ©s sont d’environ 15 000 individus en France.

Les pressions anthropiques qui affectent cette espĂšce sont multiples. Le Rhinolpohe euryale est sensible[4]:

  • Ă  la frĂ©quentation humaine de ses gĂźtes
  • Ă  la disparition des corridors biologiques (haies, ripisylve, etc.)
  • Ă  la fragmentation et la dĂ©gradation des habitats de chasse (enrĂ©sinement, urbanisation, modification des pratiques agricoles)
  • Ă  l’utilisation intensive de pesticides qui rĂ©duit ses ressources alimentaires.

Notes

  1. pour la terminomogie, voir Rhinolophe#Morphologie

Références

  1. Blasius, « Beschrelbung zweler neuer deutscher Fiedermausarten (cf. Rhinolophus) », Archiv fĂŒr Naturgeschichte, vol. p. 52-53,‎ (lire en ligne)
  2. Nature et biodiversité algérienne
  3. G. Csorba, P. Ujhelyi, N. Thomas, Horseshoe Bats of the World (Chiroptera : Rhinolophidae), Alana Books,
  4. MĂ©lanie NĂ©moz, Alice Brisorgueil (coord.) SFEPM SociĂ©tĂ© Française pour l’Étude et la Protection des MammifĂšres, MusĂ©um National d’Histoire Naturelle (2004-2008), « Connaissance et Conservation des gĂźtes et habitats de chasse de 3 ChiroptĂšres cavernicoles » (consultĂ© le )
  5. J. Hausser (coord.), SĂ€ugetiere der Schweiz / MammifĂšres de la Suisse : Mammiferi della Svizzera, Springer-Verlag,
  6. (en) URTZI GOITI, JOSER AIHARTZA, INAZIO GARIN, JAVIER ZABALA, « Influence of habitat on the foraging behaviour of the Mediterranean horseshoe bat, Rhinolophus euryale », Acta Chiropterologica, 5,‎ , p. 75–84 (lire en ligne)
  7. (en) Goiti U., Aihartza J. R., Almenar D., Salsamendi E.,Garin I., « Seasonal foraging by Rhinolophus euryale (Rhinolophidae) in an Atlantic rural landscape in northern Iberian Peninsula », Acta Chiropterologica, 8,‎ , p. 141–155 (lire en ligne)
  8. (en) Goiti U., Garin I., Almenar D., Salsamendi E., Aihartza J. R., « Foraging by mediterranean horsheshoe bats (Rhinolophus euryale) in relation to prey distribution and edge habitat », Journal of Mammalogy, 89,‎ , p. 493–502 (lire en ligne)
  9. (en) Christian Dietz, Aspects of ecomorphology in the five European horseshoe bats (Chiroptera: Rhinolophidae) in the area of sympatry, TĂŒbingen, Allemagne, ThĂšse de l'UniversitĂ© de TĂŒbingen, , 237 p. (lire en ligne)
  10. (en) Danilo Russo, Gareth Jones, Antonello Migliozzi, « Habitat selection by the mediterranean horseshoe bat, Rhinolophus euryale (Chiroptera: Rhinolophidae) in a rural area of southern Italy and implications for conservation », Biological Conservation Vol 107,‎ , p. 71-81 (lire en ligne)
  11. (en) Danilo Russo, David Almenar, Joserra Aihartza, Urtzi Goiti, Egoitz Salsamendi, Inazio Garin, « Habitat selection in sympatric Rhinolophus mehelyi and R. euryale (Mammalia: Chiroptera). », Journal of Zoology, 266 (3),‎ , p. 327 - 332 (lire en ligne)
  12. (en) Sebastien J. Puechmaille, Wassim M. Hizem, Benjamin Allegrini, Awatef Abiadh, « Bat fauna of Tunisia: Review of records and new records, morphometrics and echolocation data », Vespertilio Vol 16,‎ , p. 211-239 (lire en ligne)
  13. IUCN, « Mediterranean Horseshoe Bat, Rhinolophus euryale » (consulté le )

Annexes

Liens externes

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