Test diagnostique du SARS-CoV-2
Un test diagnostique du SARS-CoV-2 peut ĂȘtre effectuĂ© en cas de suspicion de maladie Ă coronavirus 2019 (Covid-19) Ă l'examen clinique et en complĂ©ment Ă des examens approfondis (tomodensitomĂ©trie, etc.). Il peut ĂȘtre effectuĂ© par des tests de rĂ©action en chaĂźne par polymĂ©rase aprĂšs transcriptase inverse pour la dĂ©tection de l'ARN viral (RT-PCR, pour « reverse transcription - polymerase chain reaction ») ou par des tests Ă base d'anticorps ELISA pour la dĂ©tection des protĂ©ines du virion.
L'infrastructure de recherche européenne EVA (European Virus Archive) s'est rapidement organisée pour fournir aux laboratoires de diagnostic du monde entier des éléments viraux destinés à servir de contrÎle pour les tests fondés sur l'ARN ou sur la protéine[1].
Types de tests
Historique de la méthode PCR
La mĂ©thode PCR - lâamplification en chaĂźne par polymĂ©rase (ACP), ou rĂ©action de polymĂ©risation en chaĂźne reverse transcription - polymerase chain reaction (ou PCR en anglais) - est une mĂ©thode de biologie molĂ©culaire d'amplification gĂ©nique in vitro. Cette mĂ©thode PCR est inventĂ©e, en 1983, par Kary Mullis alors chercheur dans la synthĂšse des oligonuclĂ©otides au sein de Cetus Corporation, petite entreprise de biotechnologies californienne. Officiellement reconnu comme pĂšre de la PCR, il reçoit en 1993, Ă 48 ans, le prix Nobel de chimie, « pour sa contribution au dĂ©veloppement des mĂ©thodes pour la chimie de l'ADN et pour son invention de la PCR »[2]. Au dĂ©but des annĂ©es 1990 la PCR Ă©volue avec l'invention de la PCR en temps rĂ©el par Russell Higuchi et de la Q-PCR (Quantitative polymerase chain reaction) qui permet de rĂ©aliser des mesures quantitatives.
PCR pour la Covid-19
L'un des premiers tests par RT-PCR, est développé à La Charité à Berlin en en utilisant la PCR quantitative et a formé la base de 250 000 kits que l'OMS distribue[3]. Le , l'OMS diffuse un protocole-type établi par l'institut Pasteur de Paris[4]. D'aprÚs une étude coréenne, ce dernier test aurait une sensibilité inférieure à la détection du gÚne N[5].
La sensibilité de ce type de test est évaluée de 50 à 60 % et la spécificité est assez mauvaise à 75 %, contre 99 % et 98 % pour les tests PCR multiplex[6], qui ne sont pas encore utilisés au début du mois de .
La société sud-coréenne Kogenebiotech[7] a annoncé le [8] que son kit de détection PowerChek 2019-nCoV Real-time PCR Kit, qui cible le gÚne « E » partagé par tous les betacoronavirus et le gÚne RdRp spécifique du SARS-CoV-2[9], avait reçu une autorisation d'utilisation en urgence (en) de la part des autorités coréennes et américaines.
D'autres sociétés comme Seegene[10] et Solgent[11] ont également développé en leurs versions de kits de détection de qualité clinique appelés « DiaPlexQ » et « Allplex 2019-nCoV Assay » respectivement.
Aux Ătats-Unis, les Centers for Disease Control distribuent le test de diagnostic CDC 2019-Novel Coronavirus (2019-nCoV) Real-Time RT-PCR aux laboratoires de santĂ© publique[12]. Dans les premiĂšres versions, un test gĂ©nĂ©tique sur trois avait donnĂ© des rĂ©sultats non concluants au CDC d'Atlanta ; les tests plus rĂ©cents utilisant deux composants ont Ă©tĂ© jugĂ©s fiables le , permettant aux laboratoires nationaux et locaux d'accomplir rapidement les tests[13] : ce test a Ă©tĂ© approuvĂ© par la Food and Drug Administration (FDA) en vertu d'une autorisation d'utilisation en urgence.
L'université des sciences et technologies de Hong Kong a proposé début février un test RT-PCR microfluidique trÚs rapide[14].
Au , l'OMS a répertorié les laboratoires de référence officiels et les protocoles de développement suivants[15] :
Pays | Institut | Cibles génétiques |
---|---|---|
Allemagne | Charité | RdRp, E, N |
Chine | CDC chinois | ORF 1ab et nucléoprotéine (N) |
Ătats-Unis | CDC amĂ©ricain | Trois cibles dans le gĂšne N |
France | Institut Pasteur, Paris | Deux cibles dans le gĂšne RdRp, E |
Hong Kong | HKU | ORF1b-nsp14, N |
Japon | Institut national des maladies infectieuses | Protéine Spike (PéplomÚre) |
Thaïlande | Institut national de la santé | N |
Le , l'OMS publie la liste des 2 premiers tests RT-PCR utilisables en cas d'urgence : il s'agit des tests genesig Real-Time PCR Coronavirus (COVID-19) de Primerdesign, division de Novacyt, Grande-Bretagne, et cobas SARS-CoV-2 utilisable sur cobas 6800/8800 Systems, de Roche, Ătats-Unis[16]. Cette liste est ensuite complĂ©tĂ©e pour atteindre 21 tests fin [17].
Production des kits de test RT-PCR
DÚs le mois de janvier, tous les fabricants potentiels se sont lancés dans une bataille pour produire les kits de tests RT-PCR : lutte contre le temps pour juguler l'épidémie et lutte commerciale pour ne pas rester à l'écart d'une demande explosive.
Au , le site FINDDX (en)[18] recense plus de 500 tests destinés au diagnostic du SARS-CoV-2, dont 428 commercialisés et 85 en développement. Dans les tests commercialisés, 223 sont des tests virologiques, essentiellement selon la méthode RT-PCR.
Pour la France, le ministÚre de la Santé publie la liste des réactifs de diagnostic par RT-PCR du SARS-CoV-2[19]. à la date du , cette liste recense 7 tests validés par le CNR (Centre national de référence) et 32 tests marqués CE.
La disponibilité effective des réactifs est un point critique dans la politique de dépistage mise en place dans chaque pays. En mars et avril, il y a peu d'informations sur les nombres de kits de test disponibles, soit du cÎté des fabricants : capacité de production et quantité produite, soit du cÎté des pays : quantité commandée, quantité livrée et quantité utilisée.
En plus des kits de réactifs nécessaires, il faut aussi disposer de kits de prélÚvement. Bien qu'ils soient beaucoup plus simples à fabriquer, les médias ont rapporté des pénuries de kits de prélÚvement dans certains pays.
Fiabilité des tests RT-PCR
La fiabilitĂ© des tests RT-PCR fut souvent mise en doute. Cette mauvaise fiabilitĂ© apparente recouvre plusieurs sujets, les uns liĂ©s Ă l'analyse RT-PCR, d'autres liĂ©s Ă l'Ă©volution de la maladie chez un patient, d'autres enfin liĂ©s aux procĂ©dures de mise en Ćuvre.
Concernant la mĂ©thode RT-PCR, c'est une mĂ©thode qui pour certains n'aurait pas intrinsĂšquement une excellente fiabilitĂ©. En effet, il y a, par exemple, pour le Sars-Cov2 de nombreuses et constantes mutations du virus, qui peuvent le rendre moins dĂ©tectable. Pour certains, la sensibilitĂ© serait mauvaise[20] - [6] (la plus faible en moyenne parmi tous les types de tests), la spĂ©cificitĂ© (la capacitĂ© Ă dĂ©tecter le virus recherchĂ© et pas autre chose) assez bonne. Pour d'autres, les tests remonteraient beaucoup trop de faux positifs Ă cause d'une valeur utilisĂ©e du Ct (cycle threshold) trop Ă©levĂ©e, et ne donneraient pas d'indication sur la contagiositĂ©, contrairement aux tests quantitatifs RT-PCR[21] - [22] - [23] - [24] - [25]. On a par ailleurs constatĂ© aussi des dĂ©faillances dans les procĂ©dures et les rĂ©actifs destinĂ©s au diagnostic du SARS-CoV-2. En , le CDC des Ătats-Unis a dĂ©cidĂ© de ne pas utiliser les tests mis au point internationalement et de dĂ©velopper son propre test qui s'est rĂ©vĂ©lĂ© dĂ©fectueux ; en mars et avril, des millions de kits livrĂ©s par la Chine se sont rĂ©vĂ©lĂ©s dĂ©fectueux en Espagne, RĂ©publique tchĂšque, Slovaquie, Turquie et Royaume-Uni.
En France, la validation de chaque kit de réactifs est réalisé par le Centre national de référence (CNR) grùce à une souche virale unique et en utilisant la procédure et l'équipement d'analyse spécifiés par le fabricant.
Sources de faux positifs apparents ou réels :
- réactifs ou procédure incorrecte ou mauvaise sélectivité : le test détecte autre chose que le SARS-CoV-2 ;
- contamination croisée durant le prélÚvement ou durant l'analyse ;
- erreur d'identification du patient, notamment lorsque la procédure n'assure pas une traçabilité automatique par code barre depuis le prélÚvement jusqu'à la délivrance du résultat.
Source de faux négatifs apparents ou réels :
- réactifs ou procédure incorrecte ; le test ne détecte pas suffisamment le SARS-CoV-2 ;
- mutation du virus ; certains rĂ©actifs pourraient ĂȘtre mis en dĂ©faut ; c'est thĂ©oriquement possible, mais pas encore signalĂ© pour le SARS-CoV-2 ;
- mauvais prĂ©lĂšvement ; le virus est prĂ©sent, mais le prĂ©lĂšvement a rĂ©coltĂ© trop peu de virus ; en particulier, on a vu des cas oĂč le prĂ©lĂšvement est rĂ©alisĂ© par le patient, ce qui risque d'ĂȘtre insuffisant, car le prĂ©lĂšvement est trĂšs dĂ©sagrĂ©able ;
- début de l'infection ; la charge virale est encore faible ;
- évolution de l'infection (le cas le plus fréquent) ; aprÚs quelques jours de symptÎmes, la charge virale dans les voies respiratoires supérieures a fortement diminué, bien que le virus soit présent dans l'organisme. Il faut faire des prélÚvements dans les voies respiratoires basses, ou dans les selles. C'est la principale cause de « faux négatifs ». Techniquement, il ne s'agit pas d'un faux négatif, car il n'y a plus de virus présent, mais médicalement, le test étant négatif et la maladie présente, on peut l'appeler faux négatif. Cette précision subtile permet de comprendre les discordances importantes sur les taux de sensibilité rapportés ;
- erreur d'identification du patient ;
- erreur du systĂšme informatique ; par exemple, l'Irlande a rapportĂ© la situation oĂč des tests revenus avec le statut « invalide/indĂ©terminĂ© » ont Ă©tĂ© classĂ©s « nĂ©gatifs » parce que le logiciel utilisĂ© ne connaissait que « positif ou nĂ©gatif »[26].
Pour la recherche : l'analyse RT-PCR est une mĂ©thode de rĂ©fĂ©rence pour les recherches sur le coronavirus, par exemple pour l'Ă©tude de la persistance. Dans ce contexte, elle prĂ©sente un dĂ©faut sĂ©rieux ; l'analyse RT-PCR permet de dĂ©tecter des traces mĂȘme trĂšs faibles de l'ARN du coronavirus, mais elle ne prouve pas que l'on est en prĂ©sence de virions capables d'infecter une cellule. C'est une source de controverses sur certaines Ă©tudes publiĂ©es.
Organisation pratique des tests RT-PCR
Les tests PCR sont bien connus et couramment utilisés pour rechercher des virus humains, animaux ou végétaux. Toutefois, la méthode est assez sophistiquée et n'est pas disponible dans les laboratoires de ville ou les hÎpitaux simples. L'organisation actuelle pour la réalisation des tests PCR est fondée sur des plateaux techniques disposant des installations et des machines d'analyse ; ces plateaux techniques existent dans des laboratoires publics associés aux CHU ou dans des laboratoires privés qui fédÚrent quelques dizaines ou quelques centaines de laboratoires de ville. En France, il y a environ 120 plateaux techniques équipés face aux 3 700 laboratoires de biologie médicale (source INSEE).
Le déroulement d'un test RT-PCR pour diagnostic du SARS-CoV-2 se fait en quatre phases :
- PrĂ©lĂšvement - Identification du patient, prĂ©lĂšvement nasopharyngĂ© avec un Ă©couvillon[27] (Ă ne pas confondre avec le prĂ©lĂšvement nasal, moins profond, utilisĂ© pour certains tests antigĂ©niques[28]) ou prĂ©lĂšvement oropharyngĂ© avec un Ă©couvillon par la bouche jusquâĂ lâarriĂšre-gorge (oropharynx)[29] ou prĂ©lĂšvement salivaire au moins 30 minutes aprĂšs avoir mangĂ© et bu (en crachant dans un tube ou prĂ©levĂ© sous la langue soit en plaçant un Ă©couvillon pendant une minute, soit avec une pipette)[30] - [31], puis conditionnement de l'Ă©chantillon sous triple emballage. Ce prĂ©lĂšvement peut ĂȘtre fait par les laboratoires de ville, les services des hĂŽpitaux, ou mĂȘme les mĂ©decins de ville, Ă condition de disposer du kit de prĂ©lĂšvement. Certaines procĂ©dures prĂ©voient de prendre deux Ă©chantillons pour chaque prĂ©lĂšvement. DurĂ©e : 5 Ă 15 minutes. Ă partir de la mi-, on autorise des prĂ©lĂšvements par la salive mais ceux-ci sont en 2021 limitĂ©s Ă des contextes trĂšs prĂ©cis : milieux-scolaires ou mĂ©dicalisĂ©s et assez peu diffusĂ©s devant la rĂ©ticence des laboratoires[32].
- Collecte et transport - Chaque plateau technique possĂšde une organisation de collecte et de transport pour les laboratoires affiliĂ©s ; les entreprises spĂ©cialisĂ©es dans cette activitĂ© font la tournĂ©e des points de prĂ©lĂšvement et assurent le transport avec les prĂ©cautions sanitaires adĂ©quates ; notamment pour le SARS-CoV-2, les Ă©chantillons doivent ĂȘtre conservĂ©s Ă 4 °C. DurĂ©e pour la collecte et le transport : typiquement un demi-jour Ă un jour, Ă©ventuellement plus rapide si le prĂ©lĂšvement est Ă proximitĂ© du plateau d'analyse.
- Analyse - L'analyse PCR est faite au moyen d'un thermocycleur. Il existe de nombreux types d'appareils correspondant à des usages différents ; ces appareils étant plus ou moins automatisés ; pour l'analyse en masse, les thermocycleurs travaillent par lot de 64 échantillons et peuvent analyser jusqu'à 1 000 à 3 000 échantillons par 24 h (valeur théorique à condition que toute la chaßne suive le rythme). Durée : quel que soit l'appareil d'analyse RT-PCR, il faut compter 3 à 4 heures pour faire l'analyse (préparation, cyclage et lecture du résultat).
- Résultats - La délivrance du résultat au demandeur est faite par voie électronique, donc assez rapide.
En pratique, un test RT-PCR prend 1â2 jour Ă 2 jours. Dans les mĂ©dias, la durĂ©e du test complet est souvent confondue avec la durĂ©e du prĂ©lĂšvement qui en est la partie visible. Certains Ă©tats (Irlande, Californie) rapportent des situations oĂč il faut une Ă deux semaines pour obtenir le rĂ©sultat car la quantitĂ© de prĂ©lĂšvements rĂ©alisĂ©s est largement supĂ©rieure aux capacitĂ©s d'analyse.
Cette organisation est en place en France et fonctionne correctement lorsqu'il s'agit de traiter quelques dizaines ou quelques centaines d'Ă©chantillons par jour. Pour augmenter massivement le nombre d'Ă©chantillons traitĂ©s par jour, les difficultĂ©s viennent du nombre de kits de prĂ©lĂšvement et de rĂ©actif et du nombre de machines d'analyse disponibles, mais aussi du manque de personnel qualifiĂ© lorsque l'analyse est semi-automatique, du fait qu'un kit de rĂ©actif est validĂ© pour un type de machine â ce qui complique l'approvisionnement â, et du fait que les laboratoires sont Ă©quipĂ©s de nombreux logiciels diffĂ©rents et que les formats de transferts de donnĂ©es ne sont pas unifiĂ©s - ce qui complique la rĂ©organisation des rĂ©seaux de laboratoires. Depuis le , les tests PCR sont pris en charge Ă 100 % par la sĂ©curitĂ© sociale, sans ordonnance.
Test multiparamĂ©triques â acide nuclĂ©ique
Le test d'analyse métagénomique Explify Respiratory d'IDbyDNA identifie en moins d'une heure plus de 900 agents pathogÚnes respiratoires, dont le SARS-CoV-2. Le délai d'exécution, entre la réception de l'échantillon et le résultat du test est de 36 heures. Il est plus cher que les tests RT-PCR[33].
Tests dits « antigéniques »: recherche d'antigÚnes
Ces tests (appelés lateral flow tests en anglais) donnent un résultat en 15 minutes à 30 minutes, et sont fondés sur la recherche d'antigÚnes du virus[34]. Les premiers test arrivés sur le marché avaient, en juin 2020, une sensibilité assez modeste (60,2 %) et une trÚs bonne spécificité (99,2 %). Leurs successeurs, dÚs l'automne 2020, offrent des sensibilités et spécificités supérieures à 95 %[35]. Les capacités de production sont cependant, au début de l'été 2020, faibles[36] - [37] en comparaison des besoins pour opérer un déconfinement[38] de la population dans les conditions les meilleures. Contrairement à ce qui est rapporté par de nombreux médias la sensibilité du test majoritairement disponible en France[39] (Abbott), de 93 %[40] pourrait sembler meilleure que celle des tests PCR[41].
Il existe trois tests antigĂ©niques autorisĂ©s en France : le test antigĂ©nique nasopharyngĂ© (rĂ©alisĂ© par des professionnels), le test antigĂ©nique nasal (rĂ©alisĂ© par des professionnels) et l'auto-test antigĂ©nique nasal (rĂ©alisĂ© par la personne elle-mĂȘme) qui peut ĂȘtre supervisĂ© par un professionnel pour l'obtention du pass sanitaire. Les tests par prĂ©lĂšvement nasal au lieu de nasopharyngĂ© sont moins profonds[28] - [42]. Il existe Ă©galement des tests antigĂ©niques salivaires mais qui ne sont plus remboursĂ©s car pas assez fiables, contrairement aux tests PCR salivaires[43].
Tests sérologiques : recherche d'anticorps
Un test sĂ©rologique dĂ©tecte la prĂ©sence d'anticorps de classe IgG ou IgM dĂ©veloppĂ©s Ă la suite d'une infection par le coronavirus 2019 (de cinq jours aprĂšs jusqu'Ă plusieurs mois aprĂšs), dans le sang. Comme pour les tests RT-PCR, l'intĂ©rĂȘt du test dĂ©pend de l'antigĂšne dĂ©tectĂ©. Des tests rapides (Ă©chantillon Ă l'unitĂ© en 15 Ă 30 minutes) et en format microplate ELISA (pour les laboratoires, pour 50 Ă 100 Ă©chantillons en deux heures) ont Ă©tĂ© rendus disponibles tĂŽt durant l'Ă©pidĂ©mie mais ont Ă©tĂ© peu utilisĂ©s, car s'ils ont une trĂšs bonne spĂ©cificitĂ© (100 %), la sensibilitĂ© maximale est de 70 % (aprĂšs 10 jours d'incubation) et ils ne dĂ©tectent pas d'anticorps durant les 5 Ă 7 premiers jours d'incubation[44]. La sensibilitĂ© peut aussi ĂȘtre encore un peu plus faible dans la population la plus ĂągĂ©e, en raison du phĂ©nomĂšne d'immunosĂ©nescence. Ils ne semblent pas pouvoir ĂȘtre utilisĂ©s seuls pour faire du dĂ©pistage[45], leur intĂ©rĂȘt principal Ă©tant pour le suivi Ă©pidĂ©miologique :
Les tests sérologiques permettent aux épidémiologistes et aux décideurs publics de connaitre la part de la population générale qui a été réellement été infectée depuis le début de la pandémie, d'évaluer le nombre de cas asymptomatiques et de préciser le coefficient de contamination de l'épidémie[46]. Début , personne ne connait encore ce nombre réel d'asymptomatiques, ni le rÎle exact des enfants infectés mais asymptomatiques (à éclaircir avant la réouverture les écoles)[46]. Finalement, ces tests confortent la compréhension épidémiologique de Covid-19 apportées par des études étrangÚres sur des bases cliniques, et sont surtout un élément clé pour statuer de la réponse à la pandémie d'une population donnée[46].
Lors d'essais cliniques d'un vaccin, ils permettent de vérifier que le vaccin fonctionne réellement (immunise).
Ils peuvent aussi aider Ă rechercher rĂ©trospectivement aprĂšs des semaines ou mois s'il y eut une infection chez un individu (infection suspectĂ©e, enquĂȘte de contact d'un infectĂ©), et mesurer l'exposition rĂ©trospective d'un groupe.
Historique : la conception de ces tests est facile techniquement, mais la valeur du test repose sur le choix de l'antigÚne détecté ce qui dépend de la compréhension croissante de la maniÚre dont l'« enrobage viral » (capside) déclenche la reconnaissance et la neutralisation du virus par un systÚme immunitaire sain[46]. Depuis avril 2020, de nombreux laboratoires et entreprises de diagnostic sont en compétition pour les produire en masse, car la plupart des gouvernements vont les acheter par millions, pour leurs contrÎles, et pour les particuliers. Sous l'égide de l'OMS et « avec leurs régulateurs nationaux, les gouvernements doivent trouver un équilibre entre l'urgence et les préoccupations quotidiennes de sensibilité et de spécificité qui s'appliquent à tout nouveau diagnostic médical »[46].
Un malade ayant Ă©tĂ© infectĂ© par la Covid-19 est probablement immunisĂ© pour des mois ou annĂ©es (ce qui reste Ă confirmer). Sur la base de cette forte probabilitĂ©, face Ă l'urgence de « ramener les gens au travail et de rouvrir les frontiĂšres - et ceux dont l'immunitĂ© peut ĂȘtre dĂ©montrĂ©e pourraient reprendre le travail sans risque » et face Ă une pĂ©nurie d'agents de santĂ© un tel test peut montrer qu'un agent de santĂ© pourrait Ă moindre risque ou sans risque retourner au travail ; certaines autoritĂ©s ont dĂ©cidĂ© exceptionnellement d'allĂ©ger leurs critĂšres d'Ă©valuation, depuis mi-mars pour la FDA[46].
Nota :
- un test immunologique analyse un Ă©chantillon de sĂ©rum sanguin ; il peut ĂȘtre positif bien aprĂšs la guĂ©rison, alors que le virus n'est plus prĂ©sent, mais lors de la pĂ©riode d'incubation ce test est beaucoup moins sensible qu'un test PCRn et nĂ©gatif les premiers 6 jours en moyenne dans le cas du SARS-CoV-2; il n'Ă©value donc non pas l'infection virale prĂ©sente, mais l'immunitĂ© au virus[47]. S'il Ă©tait utilisĂ© dans le but de dĂ©tection en sortie d'une pĂ©riode de confinement, il est susceptible de ne pas dĂ©tecter tous les profils contaminĂ©s car sa sensibilitĂ© n'est que de 70 % pendant les 10 premiers jours de l'infection[48].
- Il conviendra de faire attention en cas de thérapie par transfert de plasma de personnes infectées et guéries (immunisation passive): dans ce cas le test sera positif, c'est-à -dire indiquera que la personne a au moment du test les anticorps recherchés, sans préciser que l'infection a été (déjà ) jugulée, et si l'immunité n'est que briÚvement apportée par le traitement ou acquise .
Tests immunologiques disponibles :
- Le , le premier test immunologique pour le SARS-CoV-2 a été décrit en Chine par une équipe du Wuhan Institute of Virology[49] - [50] ; Le premier test rapide a été créé par la société de biotechnologie franco-finlandaise Mobidiag (aidée à hauteur de 25 millions d'euros par la banque européenne d'investissement en 2019)[51] mais il est fabriqué par le groupe chinois Autobio Diagnostics (leader pour le diagnostic clinique en Chine) puis distribué par Mobidiag et des distributeurs locaux (sauf au Portugal, aux Pays-Bas et en Ukraine)[52]. Ce premier immuno-test fonctionne via les deux plateformes Amplidiag et Novodiag de ; l'immunodosage de certains IgG et IgM dans le sérum, le sang total ou le plasma prend environ 15 minutes.
Mobidiag a ensuite créé deux tests moléculaires complémentaires (Novodiag COVID-19 et Amplidiag COVID-19)[52] ;
- Le , une Ă©quipe de la Ăcole de mĂ©decine Duke â NUS (en) de Singapour a annoncĂ© un autre test d'anticorps pour le SARS-CoV-2, donnant un rĂ©sultat en quelques jours[50] - [53].
- Le , une autre société sud-coréenne (PCL) a demandé l'homologation accélérée auprÚs du ministÚre de la Sécurité alimentaire et des médicaments de Corée du Sud d'un kit dit « COVID-19 Ag GICA Rapid », bien plus rapide qu'un kit de détection fondé sur la RT-PCR en temps réel ; PCL affirme que son kit pose un diagnostic en 10 minutes.
D'autres sociétés[54], à travers le monde, ont mis au point des tests dont l'entreprise Bretonne NG Biotech qui a remporté le marché français. Cependant cette Pme indique avoir une capacité de production mensuelle de 500 000 tests à partir du début mai[55], ce qui ne couvrira qu'une trÚs petite partie des besoins qu'implique un dépistage massif lors d'un déconfinement[56].
Tests fondés sur l'enzyme Cas12
Un procédé fondé sur l'enzyme cas12 permet en 40 minutes, uniquement avec les réactifs du test de visualiser ou non la contamination. L'étude a porté sur 83 patients et donnerait une valeur prédictive positive de 95 % et négative de 100 %[57].
RT-LAMP
La reverse transcription loop-mediated isothermal amplification (amplification isotherme mĂ©diĂ©e par une boucle de transcription inverse), ou RT-LAMP, est une technique d'amplification d'acides nuclĂ©iques en une seule Ă©tape qui combine l'amplification isotherme mĂ©diĂ©e par les boucles (LAMP) et la transcription inverse. Les tests peuvent ĂȘtre effectuĂ©s sans isolement de l'ARN, en dĂ©tectant la prĂ©sence du SARS-CoV-2 directement Ă partir d'Ă©couvillons ou de salive[58] - [59] - [60].
Diagnostic par scanner pulmonaire
Le scanner pulmonaire, un outil d'imagerie de routine pour le diagnostic de la pneumonie, est rapide et relativement facile Ă rĂ©aliser en complĂ©ment Ă l'examen clinique, sans ĂȘtre un test de dĂ©tection virale Ă proprement parler. Une recherche a rĂ©vĂ©lĂ© que la sensibilitĂ© de la mĂ©thode pour la dĂ©tection de la Covid-19 Ă©tait de 98 %, Ă comparer Ă une sensibilitĂ© de 71 % pour la RT-PCR[61]. Pour cette Ă©tude, des chercheurs de l'hĂŽpital Tongji de Wuhan, en Chine, ont entrepris d'Ă©tudier la valeur diagnostique et la cohĂ©rence de l'imagerie thoracique par rapport au test RT-PCR pour le diagnostic de Covid-19.
DĂ©tection dans la salive par des chiens
Une étude pilote menée avec des chiens a montré un taux de détection de 94 %[62].
Diagnostic symptomatique
L'impossibilitĂ© de reconnaĂźtre le goĂ»t sucrĂ© du salĂ© peut ĂȘtre un signe indicatif d'une infection[63] - [64] - [65].
Analyse de l'air expiré
Il existe des détecteurs électroniques de Sars-Cov2 dans l'air intérieur mais leur coût reste encore élevé[66] - [67], surtout s'ils utilisent un spectromÚtre de masse[68]. Le coût d'utilisation serait toutefois plus faible que celui des tests PCr[69].
Visée des tests
Les tests peuvent ĂȘtre utilisĂ©s par diffĂ©rents intervenants : des mĂ©decins qui auront une optique de diagnostic ou de sa confirmation, des responsables sanitaires qui souhaitent mettre en Ćuvre une campagne de dĂ©pistage, des Ă©pidĂ©miologistes qui souhaitent Ă©valuer le niveau de dissĂ©mination de l'Ă©pidĂ©mie pour conseiller les dĂ©cideurs sur les mesures collectives ou individuelles d'isolement Ă prescrire.
Diagnostic
Dans l'optique diagnostique, un test a d'autant plus d'intĂ©rĂȘt que sa valeur prĂ©dictive positive est importante. L'avis gĂ©nĂ©ral du corps mĂ©dical est que le test du coronavirus Ă visĂ©e diagnostique est peu utile, que l'on peut se contenter d'une Ă©valuation par les symptĂŽmes. En effet, si le patient ne manifeste pas les symptĂŽmes caractĂ©ristiques de l'infection, il intĂ©resse a priori peu le mĂ©decin dans la mesure oĂč il ne requiert a priori pas d'action de sa part. De plus devant la pĂ©nurie de tests de dĂ©tection, en proportion du niveau de l'Ă©pidĂ©mie, la dĂ©tection n'est pas requise par les autoritĂ©s publiques au titre d'un Ă©ventuel traitement prĂ©ventif. Au dĂ©but mai 2020, il n'y a d'ailleurs pas de traitement des cas avĂ©rĂ©s, en phase prĂ©-symptomatique qui soit reconnu par l'acadĂ©mie de mĂ©decine.
La sensibilitĂ© assez mauvaise des tests PCR, proche de 60 % dans la population gĂ©nĂ©rale, a semble-t-il contribuĂ© Ă rejeter un doute sur l'efficacitĂ© et donc l'utilitĂ© des tests pour le diagnostic dans la population gĂ©nĂ©rale mĂȘme si une majoritĂ© de contaminĂ©s est asymptomatique[70]. En utilisant les valeurs des spĂ©cificitĂ©s (99,2 %) et sensibilitĂ© (60,2 %) du test de recherche d'antigĂšnes du virus, et une prĂ©valence mi-avril de 2,38 %[71], on trouve une valeur prĂ©dictive positive par test vaut 0,65 et une valeur prĂ©dictive nĂ©gative 0,99[72]. En utilisant les valeurs de spĂ©cificitĂ© (75 %) et sensibilitĂ© (55 %) du test Rt-PCR, et une prĂ©valence mi-avril de 2,38 %[71], on trouve une valeur prĂ©dictive positive de 0,49 et une valeur prĂ©dictive nĂ©gative de 0,985.
La valeur de 0,49 de la valeur prédictive positive[73], en prenant en compte la prévalence estimée début avril, montre l'importance des critÚres d'inclusion si on veut comparer l'efficacité des traitements de deux études, pour éviter un biais de sélection. Il y avait en effet à cette date une proportion[74] en moyenne d'au moins 1/2 de faux positif si le critÚre d'inclusion est uniquement fondé sur un test Pcr. Si de plus 80 % des patients guérissent sans symptÎmes, la seule sélection des patients symptomatiques retient des profils spécifiques, avec des chances de guérison moins élevées, que si la sélection retient d'autres types de patients.
La similaritĂ© des symptĂŽmes de l'Ă©pidĂ©mie avec ceux de la grippe, fait par ailleurs qu'en pratique les tests ont Ă©tĂ© systĂ©matiquement utilisĂ©s, pour confirmer le diagnostic clinique afin semble-t-il d'Ă©viter des hospitalisations inutiles, alors que l'intĂ©gration du nouveau Sars-Cov2 Ă un test MultiPlex Pcr[75] se justifie peut-ĂȘtre davantage, en particulier en pĂ©riode hivernale[76]. ComplĂ©ter le test PCR par un scanner pulmonaire apporterait sans doute une valeur prĂ©dictive positive, plus Ă©levĂ©e de 0,74[77], qu'un test Pcr seul qui n'est individuellement pas trĂšs performant en comparaison d'un diagnostic Ă partir d'un scanner pulmonaire associĂ© Ă un traitement d'images[78] (sensibilitĂ© 94 %, spĂ©cificitĂ© 98 %) ou d'un test Pcr multiplex (sensibilitĂ© 99 %, spĂ©cificitĂ© 98 %). Ainsi, pour Ă©viter un faux nĂ©gatif rĂ©sultant, d'un test PCr en prĂ©sence de symptĂŽmes, un scanner thoracique[20] peut ĂȘtre envisagĂ©.
Une étude rétrospective chinoise, publiée le dans le Journal of Clinical Virology, portant sur 301 malades hospitalisés présentant des formes moyennes ou sévÚres (mais dont aucun n'a nécessité un transfert en U.S.I.), 1 113 RT-PCR ont été effectués chez ces patients sur des prélÚvements nasaux ou laryngés (nez et bouche). Cette étude permet d'établir la dynamique de la RT-PCR[79] :
0-7 jours | 8-14 jours | 15-21 jours | 22-28 jours | Plus de 28 jours |
---|---|---|---|---|
97,9 % | 68,8 % | 36,3 % | 30 % | 26,3 % |
Une méta-analyse publiée le dans le Annals of Internal Medicine évoque aussi des faux négatifs évoluant de 38 % à J5 (jour moyen de début des symptÎmes) à 20 % à J8 pour remonter à 21 % à J9 puis 66 % à J21[80] - [81].
DĂ©pistage
L'autre utilisation d'un test est de permettre le tri des contaminĂ©s afin d'Ă©viter le plus possible la dissĂ©mination de l'Ă©pidĂ©mie. Dans cette optique le test a d'autant plus d'intĂ©rĂȘt qu'il a au moins une valeur prĂ©dictive positive ou nĂ©gative importante. Ce sont davantage les dĂ©cideurs: gestionnaires des politiques sanitaires[82] - [83], directeurs d'hĂŽpitaux[84], gestionnaires de rĂ©sidences pour personnes ĂągĂ©es[85], responsables d'entreprises[86] qui sont concernĂ©s dans ce but. Si on utilise les tests sĂ©rologiques ou Rt-Pcr la fiabilitĂ© d'un tri repose en particulier sur la bonne valeur prĂ©dictive nĂ©gative obtenue, en particulier si on renouvelle rĂ©guliĂšrement les prescriptions.
Quel test utiliser ?
La valeur prédictive négative est assez complexe à évaluer car elle dépend en théorie des valeurs déclarées du test (sensibilité, spécificité), de la prévalence. Mais en pratique la sensibilité affichée est une moyenne, qui varie beaucoup suivant la situation du patient au moment du test : incubation, séroconversion. La Fondation suisse Find (en) recense les valeurs des spécificités et sensibilités des tests de détection du SARS-CoV-2[87]. On voit à partir des données fournies que si la plupart des tests sérologiques offrent une spécificité supérieure à 90 %, peu ont une sensibilité supérieure à 90 % et aucun durant les 7 premiers jours de l'infection ; qu'il y a par ailleurs peu d'offres de tests antigéniques.
La valeur prédictive négative de 0,985 permet en théorie d'utiliser les tests Rt-Pcr pour effectuer un tri, mais en pratique, on constaterait cependant une proportion importante allant de 30 %[88] à 75 % de faux négatifs[89] - [90], qui pourrait s'expliquer par les difficultés pratiques lors du prélÚvement utilisé pour le test. Ils sont en France, fin avril, les seuls types de tests qui ont été utilisés pour le dépistage.
Les tests sĂ©rologiques prĂ©sentent un taux de faux nĂ©gatifs plus Ă©levĂ©[91] que les tests antigĂ©niques, qui semblent les plus simples et les plus fiables d'utilisation, mĂȘme si mi-avril, ils ne sont pas produits en France. En pratique, ils sont quasiment inutilisables pour faire du dĂ©pistage. En effet, le but d'un test de dĂ©pistage est de sĂ©lectionner la partie de la population qui est potentiellement contaminante et de la mettre Ă l'isolement lors de cette pĂ©riode. Or le rĂ©sultat positif d'un test sĂ©rologique signifie avec une probabilitĂ© probablement supĂ©rieure Ă 50 % que le patient a Ă©tĂ© contaminant mais ne l'est plus, qu'il n'a le plus souvent plus de charge virale, et il a donc peu d'intĂ©rĂȘt en moyenne de le mettre Ă l'isolement (mĂȘme si on ne peut parler pour le test de faux positif). Ainsi, il n'aurait pas beaucoup de sens de mettre Ă l'isolement pendant trois semaines, les 5 % de la population[92] qui sont immunisĂ©s contre le virus, et sont donc dĂ©tectĂ©s positivement pour le test. Ă l'inverse, ceux qui ont Ă©tĂ© dĂ©tectĂ©s positivement il y a plus d'un mois, n'ont aucune raison objective d'ĂȘtre contraints par des mesures de confinement qui pourraient ĂȘtre dĂ©cidĂ©es dans un territoire, car ils ont une trĂšs forte probabilitĂ© d'ĂȘtre immunisĂ©s et non contaminants[93]. De plus, Ă cause de la pĂ©riode d'incubation qui peut durer 20 jours, un rĂ©sultat nĂ©gatif ne signifie pas non plus avec une probabilitĂ© importante (car la sensibilitĂ© est mauvaise pendant cette pĂ©riode) que le patient n'est plus contaminant Ă l'avenir[45]: la proportion de faux nĂ©gatifs est donc importante en particulier pendant cette pĂ©riode. La politique, dĂ©cidĂ©e mi-mai, consistant Ă faire bĂ©nĂ©ficier sur prescription le personnel mĂ©dical d'un test sĂ©rologique[94], ne peut s'apparenter Ă une politique de dĂ©pistage, mais plutĂŽt Ă un suivi Ă©pidĂ©miologique, mĂȘme s'il aurait aussi pu ĂȘtre effectuĂ© par sondages. Cependant le rĂ©sultat positif d'un test sĂ©rologique permet de s'assurer avec une trĂšs forte probabilitĂ© de l'immunitĂ© de la personne testĂ©e, et par exemple de l'inutilitĂ© de se soumettre Ă la vaccination ou Ă une pĂ©riode d'isolement aprĂšs un test Pcr positif.
Un tri de population est d'autant plus efficace que celui-ci est fait plus tĂŽt dans l'Ă©volution de l'Ă©pidĂ©mie, car la valeur prĂ©dictive nĂ©gative diminue quand la prĂ©valence augmente. En calculant la valeur prĂ©dictive d'un test sĂ©rologique sur la base d'une prĂ©valence de 0,10 (valeur Ă retenir mi-avril selon le ministre de la santĂ©)[95], on trouve une valeur prĂ©dictive nĂ©gative de 0.97, ce qui montre qu'un tri devient moins efficace qu'au dĂ©but de l'Ă©pidĂ©mie (3 % des testĂ©s Ă©tant des faux nĂ©gatifs). Ainsi, au contraire, la prĂ©valence restant par exemple plus faible dans la population cible du personnel mĂ©dical que dans la population gĂ©nĂ©rale (3,6 %[96] - [97] versus 5 %[92]), la valeur diagnostique nĂ©gative dans cette population, pour le test de dĂ©tection d'antigĂšnes du virus, est meilleure[98] que dans la population gĂ©nĂ©rale. Il semble donc prioritaire de faire les tests de dĂ©pistage dans les rĂ©gions oĂč la prĂ©valence est la plus importante[99], ou en expansion [100] - [101] car le tri risque d'ĂȘtre d'autant moins efficace avec la diffusion naturelle de l'Ă©pidĂ©mie dans ces rĂ©gions ou parmi les publics ayant le plus d'interactions sociales[102]. De plus, l'Ă©tude de prĂ©valence publiĂ©e par l'institut Pasteur mi-avril laisse penser que la circulation la plus active du virus est en Ăle-de-France[100], compte-tenu en particulier d'une forte utilisation des transports en commun[103] - [104] - [105] - [106]associĂ©e Ă une prĂ©valence Ă©levĂ©e. Les enfants de moins de 10 ans seraient des porteurs asymptomatiques aussi susceptibles d'ĂȘtre contaminĂ©s que les adultes[107], et pas significativement moins que ceux dont l'Ăąge est compris entre 10 et 19 ans[108] - [109] - [110] - [111] - [112]. Devant la pĂ©nurie des tests de dĂ©tection il serait possible de rĂ©server les tests PCr en deuxiĂšme intention, dans la mesure oĂč une simple analyse sanguine des paramĂštres biologiques peut dĂ©jĂ dĂ©tecter 70 % des infections Ă Sars-Cov2[113].
Les tests de dĂ©pistage rapide (TROD) peuvent ĂȘtre faits en cabinet mĂ©dical, en pharmacie[114] ou en entreprise par un professionnel de santĂ©[115]. Un auto-test quasiment similaire au TROD existe. Le test s'effectue en prĂ©levant une goutte de sang, le plus souvent au bout d'un doigt, et en la mettant en contact avec un rĂ©actif[116].
Les tests par prĂ©lĂšvement nasal tel que le test PCR et le test antigĂ©nique, doivent ĂȘtre rĂ©alisĂ©s avec prĂ©caution par un professionnel de santĂ© prĂ©alablement formĂ© Ă ce test. Aux Ătats-Unis, un test nasal a percĂ© la paroi du cerveau d'une patiente, il s'agit d'un risque trĂšs faible. La patiente avait un problĂšme non diagnostiquĂ© et le test a pu ĂȘtre mal administrĂ© au regard de sa condition. Les personnes ayant Ă©tĂ© opĂ©rĂ©es des sinus devraient envisager de demander des tests oraux si possible[117].
Groupage
Il est Ă©galement possible de faire des tests par poolage par zone ou groupe de poolage, afin d'Ă©conomiser le nombre de tests Ă rĂ©aliser[118] - [119]. Les tests PCR sont assez longs Ă rĂ©aliser et il semblerait y avoir des difficultĂ©s pratiques pour fusionner leurs prĂ©lĂšvements au-delĂ de quelques unitĂ©s. Des tests fondĂ©s sur des groupes allant jusqu'Ă 30 prĂ©lĂšvements ont cependant Ă©tĂ© dĂ©jĂ mis en Ćuvre, in vitro[120] et in vivo[121] - [122]. Certaines stratĂ©gies de groupage permettent aussi de faire des groupes se recouvrant[123] - [124]. Pour rĂ©aliser des tests PCR en grand nombre, on est cependant confrontĂ© au problĂšme de la pĂ©nurie de rĂ©actifs[125]. Les tests sĂ©rologiques ne sont pas recommandĂ©s pour faire du dĂ©pistage, car ils ne mesurent pas la prĂ©sence du virus et donc pas la contagiositĂ©[126]. La technique serait particuliĂšrement bien adaptĂ©e aux tests rapides antigĂ©niques sanguins[127].
Le poolage pourrait ĂȘtre gĂ©nĂ©ralisĂ© pour s'assurer de façon rapide la non contagion d'un groupe d'individus amenĂ©s Ă une certaine coexistence : patients de rĂ©sidences pour personnes ĂągĂ©es (oĂč 50 % des dĂ©cĂšs enregistrĂ©s ont eu lieu[128]), passagers embarquant sur un navire, dĂ©tenus[129] aprĂšs avoir fait une estimation de la prĂ©valence[130] En effet, le dĂ©pistage de clusters en remontant les chaĂźnes de contacts de ceux qui sont dĂ©tectĂ©s positifs se rĂ©vĂšle en pratique inopĂ©rant dans de nombreux cas[131], tandis que le traçage numĂ©rique sur la base du volontariat reste en partie du domaine de l'expĂ©rimentation[132] - [133]. En comparaison d'autres pays le traçage des contacts semble peu efficace en France[134] - [135], tandis que le niveau global de dĂ©tection Ă©tait insuffisant fin juin 2020[136]. Le traçage des contacts est en effet difficile Ă mettre en Ćuvre en phase 3 de l'Ă©pidĂ©mie, quand la prĂ©valence a dĂ©passĂ© un certain seuil. La surveillance des clusters serait par ailleurs une mĂ©thode globalement insuffisante, 80 % des contaminations Ă©tant en rĂ©alitĂ© le fait de 10 % des malades (superinfecteur)[137], rendant probablement nĂ©cessaire l'utilisation de nouvelles mĂ©thodes de dĂ©tection comme les dĂ©tecteurs[138] ou les tests rapides[139]. La dĂ©tection des superinfecteurs est cependant difficile, surtout si l'on s'interdit l'utilisation du groupage[140], ou si l'on utilise pas plus systĂ©matiquement dans une moindre mesure la PCR quantitative[141] - [25] - [22] - [23] ou mieux encore une analyse du taux d'Interleukine 6 [142] ou celle de l'Immunoglobuline G[143], qui permettent de renseigner sur le niveau de contagiositĂ© d'un individu. Ă dĂ©faut, la limitation des situations[144]. oĂč les super-infecteurs sont susceptibles d'ĂȘtre les plus contaminants parait alors opportune. Ă l'inverse compte tenu d'un Ăąge mĂ©dian des dĂ©cĂšs de 84 ans[145], il serait lĂ©gitime d'imposer Ă tous les contacts identifiĂ©s des plus ĂągĂ©s la rĂ©alisation de tests prouvant leur non contagion, en imposant par exemple une surveillance hebdomadaire du personnel mĂ©dical[146] - [147] qui leur est affectĂ©. La rĂ©alisation de tests PCR en nombre a dĂ©jĂ Ă©tĂ© mise en Ćuvre dans des techniques comme la PCR numĂ©rique (en). La PCR digitale, pratiquĂ©e sur un seul prĂ©lĂšvement, a une sensibilitĂ© meilleure pour la dĂ©tection du virus que la PCR [148] - [149] - [150].On pourrait envisager de faire des tests groupĂ©s de prĂ©lĂšvements par la Pcr Digitale[151], avec une trĂšs bonne dĂ©tection de la contamination ou non d'un groupe. Une approche fondĂ©e sur la mĂ©tagĂ©nomique permettrait de tester 19 200 prĂ©lĂšvements simultanĂ©ment [152]. Il existe plus gĂ©nĂ©ralement un support thĂ©orique pouvant donner lieu Ă de nombreuses techniques pratiques de groupage de tests (en). Le 17 mai 2020, le Haut conseil de la santĂ© publique a cependant rendu un avis nĂ©gatif pour l'utilisation du poolage dans l'optique du dĂ©pistage[153], contrairement Ă la pratique de nombreux autres pays (Liste des pays pratiquant le groupage pour la dĂ©tection du COVID-19 (en)). Tout en reconnaissant que la pratique pourrait diminuer significativement le nombre de tests Ă rĂ©aliser, l'autoritĂ© l'a Ă©cartĂ© principalement parce que les outils d'amplification Ă la disposition des laboratoires n'Ă©tant pas directement adaptĂ©s pour ce type de pratique (fractionnement et groupage des Ă©chantillons) ceux-ci nĂ©cessiteraient donc des adaptations, et parce que cela rendrait difficile la facturation des tests Pcr par les laboratoires[154] Ă la sĂ©curitĂ© sociale. La mĂ©thode sera Ă l'opposĂ© Ă©tendue en IsraĂ«l Ă partir du dĂ©but octobre 2020[155]. tandis qu'au mĂȘme moment, 9 millions de Chinois ont Ă©tĂ© testĂ©s en cinq jours par le groupage[127] - [156], par application d'une mĂ©thode dĂ©jĂ validĂ©e dans d'autres agglomĂ©rations Chinoises[157]. L'utilisation du groupage parait pourtant d'autant plus justifiĂ© que mi-mai en moyenne moins de 4 % des tests Pcr rĂ©alisĂ©s Ă l'hĂŽpital sont positifs[158] et parfois beaucoup moins[159]. La pratique permettrait de diminuer sensiblement le dĂ©lai d'analyse des tests non groupĂ©s, qui fin septembre 2020 Ă©tait en France trĂšs frĂ©quemment supĂ©rieur Ă 24h[160] et en zone de grande circulation du virus (rouge) voisin d'une semaine[161] - [162] - . Le risque de diffusion de l'Ă©pidĂ©mie augmente en effet avec le dĂ©lai moyen de rĂ©alisation des tests[163] - [164].
L'emploi des tests reste le meilleur outil Ă disposition de cibler quelle population qui doit ĂȘtre mise Ă l'isolement: celle qui a un test positif. Ceci, mĂȘme si les tests Ă disposition dĂ©tecteront probablement une proportion assez importante de faux positifs, cela ne diminuera pas pour autant sa capacitĂ© Ă identifier efficacement la population rĂ©ellement non contaminante. Par contre si la positivitĂ© vis-Ă -vis d'un test n'est pas par exemple assortie de mesures d'isolement (par exemple doit de retrait au niveau professionnel) le dĂ©pistage manquera ses objectifs. En France, compte tenu dĂ©but juin d'un nombre de dĂ©cĂšs journalier de 60, la maĂźtrise de l'Ă©pidĂ©mie se fait par la surveillance des clusters[165] - [166] et le maintien des mesures barriĂšres[167]. Il semble en effet il avoir des divergences entre les avis du conseil scientifique qui prĂ©conise « un dĂ©pistage massif au moindre symptĂŽme » [168], et les conditions affichĂ©es par le ministĂšre de la santĂ©[169] - [170] qui se limitent, hors prescription mĂ©dicale [171], Ă un dĂ©pistage sur la base d'un traçage des contacts prĂ©sumĂ©s des porteurs symptomatiques, dĂ©tectĂ©s comme tels (hormis les cas de faux nĂ©gatifs), et sur la base du volontariat [172] de ces contacts. Il n'y avait donc pas, jusqu'Ă fin juin et au niveau national, de modification des conditions requises pour bĂ©nĂ©ficier d'un test de dĂ©pistage[173] - [174]. Cependant Ă partir de la fin juin le ministĂšre de la SantĂ© modifie sa politique pour autoriser le dĂ©pistage de toute personne le souhaitant dans les zones de clusters ou pĂ©riphĂ©riques[175], puis le 25 juillet Ă toute personne le souhaitant.
Dépistage par chiens renifleurs (alternative ou complément au test)
Des chiens ont pu ĂȘtre dressĂ©s pour dĂ©tecter Ă l'odeur de la transpiration d'une personne la prĂ©sence de virus actif dans son organisme. En 2020, un malinois a Ă©tĂ© utilisĂ© en Corse, et mi-2021, aprĂšs quatre semaines de formation Ă l'Ăcole nationale vĂ©tĂ©rinaire d'Alfort, un golden retriever de deux ans (Pokaa) est utilisĂ© pour la premiĂšre fois en Ehpad Ă Strasbourg pour dĂ©tecter les malades afin de les isoler et les soigner plus tĂŽt. Selon le Dr Pierre Kohser, mĂ©decin de La RoseliĂšre, « il a reconnu « Ă 100 % » les positifs et les nĂ©gatifs ; capable de « repĂ©rer lâensemble des variants connus », Pokaa score Ă "100 % sur les symptomatiques" et Ă "95 % sur les asymptomatiques", catĂ©gorie quâil est crucial de repĂ©rer, ajoute Alain Legrand (directeur gĂ©nĂ©ral de Handi'chiens, association qui Ă©duque des chiens dâassistance pour personnes en situation de handicap), il peut mĂȘme "dĂ©tecter le virus Ă peu prĂšs 48 heures avant les tests PCR" »[176].
Suivi épidémiologique
Si un dépistage systématique est le plus souhaitable, la pénurie des tests de détection oblige à se contenter d'objectifs moins ambitieux comme des dépistages ciblés (sur la base de critÚres probabilistes de présence) ou le suivi épidémiologique. Utiliser un test dont la sensibilité est au mieux de 70 %, en vue d'estimer la dissémination (ou prévalence) de l'épidémie comportera une marge d'incertitude[177]. On pourra par contre évaluer avec plus de précision, du fait de la spécificité élevée, la part de la population qui n'a pas été contaminée. Les tests sérologiques ont été employés avec succÚs pour ce type de dépistage, car ils mesurent trÚs efficacement les individus ayant fait une séroconversion (immunisés).
L'évaluation de la prévalence[92] est importante car elle intervient dans le calcul des valeurs prédictives des tests. Des estimations géographiques réactualisées de la prévalence à défaut[178]de celles du taux de reproduction de base (ie ) pourraient sans doute permettre de mettre en place une politique géographique de stop-and-go de confinement, comme cela a dans un premier temps été pratiqué dans l'Oise. C'est en effet davantage la dynamique de la contamination que son niveau qu'il est intéressant de surveiller. La surveillance éventuellement mise en place, n'est cependant qu'un moyen d'évaluer la nécessité de mesures de confinement, le niveau d'exigence des mesures barriÚres[179] à mettre en place, mais peut difficilement aller à l'encontre de facteurs préexistants comme la densité de population, les dispositifs médicaux à disposition, la propension à respecter des mesures de confinement, le niveau sanitaire, la promiscuité..
Production de kits de test
La Chine a annoncé qu'elle produisait chaque jour 1,7 million de tests à base d'acide nucléique et 350 000 kits de test d'anticorps au [180].
Le Canada a approuvĂ© un test dâADN portatif, nommĂ© le « cube Spartan » par lâentreprise de biotechnologie basĂ©e Ă Ottawa qui lâa dĂ©veloppĂ©, Spartan Bioscience. Le gouvernement de QuĂ©bec a dĂ©jĂ commandĂ© 200 000 de ces tests[181].
L'Algérie est le deuxiÚme pays africain à produire les tests, aprÚs l'Afrique du Sud. Les tests sont fabriqués par l'entreprise pharmaceutique Vital Care, basée à Alger avec une capacité de production de 200 000 tests par semaine[182].
Collecte d'Ă©chantillons
Le test de RT-PCR en temps rĂ©el peut ĂȘtre effectuĂ© sur des Ă©chantillons respiratoires obtenus par diverses mĂ©thodes, y compris un Ă©couvillonnage nasopharyngĂ© ou un Ă©chantillon d'expectoration[183] - [184]. Les rĂ©sultats sont gĂ©nĂ©ralement disponibles en quelques heures Ă 2 jours[185].
Hong Kong a mis en place un systÚme permettant aux patients suspects de rester à la maison : le service des urgences fournit un tube d'échantillon au patient, celui-ci crache dedans, le renvoie et obtient un résultat de test quelque temps aprÚs[186].
Le NHS britannique a annoncé lui aussi qu'il commencerait à tester les cas suspects à la maison, ce qui évite le risque d'infecter d'autres personnes à l'hÎpital et de devoir désinfecter l'ambulance en cas d'utilisation[187].
Lieux et conditions de prescription des tests
En France, par exemple, la détection se faisait, en mars 2020, dans les hÎpitaux[188]. Le délai était relativement long car il fallait acheminer les prélÚvements dans l'un des 120 centres de détection[189] et réaliser le test PCR qui prend une demi-journée. D'aprÚs l'Imperial College London, il faudrait en effet bloquer « plus de 60 % des contaminations par des mesures de contrÎle pour maßtriser l'épidémie »[190]. Les conditions climatiques ne joueraient pas en faveur d'une atténuation de la diffusion, contrairement à ce qui se produit pour la grippe dite saisonniÚre[191], au moins jusqu'en 2022. Ceci semble par ailleurs confirmé par la diffusion observée dans des pays comme l'Iran ou l'Australie, qui connaissent en début d'année des températures printaniÚres pour l'hémisphÚre nord.
Le taux de patients infectés mais asymptomatiques serait compris entre 1 et 50 %, selon les sources[192] - [193] - [194]. La population juvénile serait pour certains un vecteur de transmission car infectée autant que la population adulte[195], pour d'autres le serait peu[196], en particulier pour les enfants de moins de 14 ans[197].
Un protocole de dĂ©tection systĂ©matique ciblĂ© par foyer ou micro-foyer d'infection, comme il a Ă©tĂ© utilisĂ© dans les pays asiatiques (mĂ©thode de type « Surveillance-containment »[198] - [199]), n'est pas privilĂ©giĂ© par le ministĂšre de la santĂ©, en France[200] - [201], faute de disposer d'assez de tests et de centres de dĂ©tection et de parvenir Ă maĂźtriser complĂštement les questions connexes de pĂ©nuries de masques de protection[202] - [203] - [204] - [205] - [206], de rĂ©actifs[207], (comme de respirateurs[208] en rĂ©animation) due en particulier Ă l'insuffisance de la production nationale[209] - [210]. Les exemples de la contamination de l'EHPAD de Vill'alizĂ©[211] - [212] - [213] - [214] ou encore de la direction de l'AP-HP qui a reconnu qu'il Ă©tait encore possible pour les soignants de travailler « quand les symptĂŽmes sont extrĂȘmement modestes » montrent le danger de reporter la mise en Ćuvre d'un test de dĂ©pistage Ă la phase symptomatique de la maladie alors que la pĂ©riode moyenne d'incubation avant symptĂŽmes est de 6 jours[215]. Ces dĂ©fauts de dĂ©pistage de mise Ă disposition du matĂ©riel de protection du personnel soignant[216] - [217], subis ou rĂ©sultants de nĂ©gligence, seraient juridiquement de nature Ă engager la responsabilitĂ© de l'Ătat, et de la direction de certaines maisons de retraite[218], dans le cadre du principe de prĂ©caution[219], de la non application du droit de retrait[220] ou de mise en danger de la vie d'autrui. Ainsi si le ministre de la santĂ© a dĂ©clarĂ© dans sa confĂ©rence de presse du 28/3/20: « Je demanderai que nous puissions tester en prioritĂ© le personnel des Ehpad », sa demande parait difficilement rĂ©alisable. En effet compte tenu d'un effectif de personnel des maisons de retraite de 430 000 personnes[221], d'une production de tests, fin mars, par jour au niveau national de 12000 , d'une durĂ©e d'incubation du virus de 7 jours, cela impliquerait de rĂ©aliser 430 000 tests hebdomadaires, c'est-Ă -dire largement au-dessus de la capacitĂ© disponible (en comparaison de l'Allemagne oĂč 500 000 tests sont rĂ©alisĂ©s par semaine[222]). Ceci alors que par ailleurs des instructions sont donnĂ©es pour ne pas hospitaliser les rĂ©sidents de maisons de retraite en cas d'infection[223] et que le chiffre de 100 000 morts Ă venir y est jugĂ© probable[224].
Le nombre journalier de tests de dépistage en France est en effet faible comparé aux autres pays: le pays ne serait qu'en 8e position dans le classement des pays par nombre de tests pratiqués, rapportés à la population (8 fois moins de tests qu'en Corée dont la population avoisine les 52 millions)[225] - [226]. Ainsi, d'aprÚs le New England Journal of Medicine, dans une étude portant sur plus de 1 000 patients porteurs du coronavirus et hospitalisés en Chine, seulement 43,8 % des patients avaient de la fiÚvre lors de leur admission[227] et qu'une autre étude indique que les cas asymptomatiques seraient à l'origine de la contamination de 79 % des cas détectés[228].
L'Ă©valuation de la mortalitĂ© apportĂ©e par le virus (de 0,6 % Ă 5 % suivant les pays[229], et probablement de 1 % en moyenne[230]) semble liĂ©e au taux de prescription de tests par habitant effectuĂ©s, et dans une moindre mesure Ă la qualitĂ© des traitements apportĂ©s. En effet, si les chiffres des dĂ©cĂšs sont connus avec une bonne prĂ©cision, ceux des personnes contaminĂ©es sont trĂšs approximatifs du fait de la proportion importante d'asymptomatiques, en particulier si les prescriptions de tests sont rĂ©servĂ©es aux patients symptomatiques en Ă©tat de dĂ©tresse respiratoire. La comparaison des courbes de contamination de la CorĂ©e et d'autres pays[231] permet de supposer une sous-estimation du nombre de cas rĂ©els de contamination en France[232]. En particulier, la mortalitĂ© apparente dix fois plus Ă©levĂ©e en France qu'en Allemagne (dont les capacitĂ©s de dĂ©pistage sont 6 fois[233] - [234] plus Ă©levĂ©es qu'en France) est probablement liĂ©e en grande partie Ă une sous estimation du nombre de cas rĂ©els en France[235] - [236]. Les capacitĂ©s de dĂ©tection en France sont essentiellement limitĂ©es[237] par l'Ă©quipement en appareils thermocycleurs du domaine public, disponibles seulement dans les 120 centres de dĂ©tection. Par ailleurs, malgrĂ© l'arrĂȘtĂ© du [238] autorisant l'ouverture de nouveaux centres de dĂ©pistage, en pratique il a eu assez peu[239] - [240] - [241] d'ouvertures de centres, qui Ă©taient au premier semestre 2020 au nombre d'environ 150 en France, presque uniquement en milieu hospitalier, ce qui accroĂźt les risques de maladies nosocomiales[242] - [243] - [244], (contre par exemple 540[245] - [246] - [247] pour la CorĂ©e). Le , l'OMS appelle Ă tester chaque cas suspect[248]. La France en particulier, d'aprĂšs le journal le Point[249], Ă cause de contraintes rĂ©glementaires, serait privĂ©e, dĂ©but , d'une capacitĂ© hebdomadaire d'au moins 150 000 tests. Cependant la politique de dĂ©pistage reste, Ă la mi-, suivant les pays trĂšs disparate[250], alors que la rĂ©ponse Ă l'Ă©pidĂ©mie planĂ©taire ne peut se faire efficacement sans action coordonnĂ©e des Ătats, et sans s'inspirer de la politique de dĂ©pistage des pays[251] - [252] ayant rĂ©ussi Ă donner une inflexion[253] Ă la courbe des cas dĂ©tectĂ©s. Il y a au niveau europĂ©en une pĂ©nurie de production[254] - [253] des masques de protection qui risque de faire perdurer les contaminations, alors que l'Europe est dĂ©jĂ le premier foyer mondial de l'Ă©pidĂ©mie. Le , le prĂ©sident du conseil scientifique estime qu'un dĂ©pistage gĂ©nĂ©ralisĂ© sera nĂ©cessaire Ă la sortie de la pĂ©riode de confinement[255]. Les capacitĂ©s Françaises de production de tests paraissent cependant insuffisantes mi-avril, pour cet objectif et les commandes de tests faites Ă l'Ă©tranger soumises aux alea rĂ©sultants d'une demande mondiale importante. Ceci alors que les donnĂ©es disponibles mi-mars 2020 laissent penser que la progression de l'Ă©pidĂ©mie en France suivrait, Ă peu de diffĂ©rence prĂšs, celle de l'Italie avec un dĂ©calage de 6 Ă 9 jours de retard[256] - [257] - [258] et que l'effet des mesures de confinement dĂ©cidĂ©es dans ce dernier pays tarde Ă se faire sentir[259] - [260]. La courbe des dĂ©cĂšs laisse cependant espĂ©rer une stabilisation dĂ©but mai[260].
Nombre de tests selon les pays
Selon le journal Le Monde, au [234], on procédait en Allemagne à « 160 000 tests par semaine » (= 22 857 /jour), alors qu'en France on en faisait moins de 2 000 /jour jusqu'au , et 4 000 /jour à partir du .
En Angleterre, selon The Guardian, au [261], on procédait à 4 000 tests/jour et le gouvernement annonçait vouloir parvenir rapidement à 20 000 tests/jour.
Aux Ătats-Unis, selon The New York Times[262], LabCorp annonçait pouvoir effectuer 10 000 tests/jour dĂšs le , puis 20 000 tests/jour Ă la fin du mois de mars ; le secteur public n'ayant effectuĂ© que 30 000 tests durant les cinq semaines prĂ©cĂ©dentes, selon les donnĂ©es de l'universitĂ© Johns-Hopkins. Le , la coordinatrice du groupe de travail de la Maison-Blanche sur le coronavirus annonçait que 50 000 Ă 70 000 tests quotidiens Ă©taient pratiquĂ©s[263].
Au , la France a réalisé 101 046 tests[264] contre 500 000 tests par semaine en Allemagne[265], la Corée du Sud, ayant elle réalisé prÚs de 400 000 tests depuis le début de l'épidémie. En rapportant le nombre de tests à la taille de la population nationale, soit le nombre de tests réalisés pour 10 000 habitants dans chaque pays, la France en réalise pour l'instant 15. Cinq fois moins que l'Allemagne (80) ou la Corée du Sud (77)[264].
On peut souligner la difficultĂ© d'avoir des chiffres fiables et comparables sur le nombre de tests pratiquĂ©s dans chaque pays. DĂ©but , le site Worldometer[266] commence Ă publier le nombre de tests total par pays: Ă la date du , les chiffres sont de 918 460 pour l'Allemagne (ce qui n'est pas cohĂ©rent avec le nombre 500 000 par semaine largement publiĂ© dans les mĂ©dias) et de 224 254 pour la France. RapportĂ© Ă la population, cela donne environ 3 fois plus de tests en Allemagne qu'en France et cette proportion reste stable dans les semaines[267]. Au mĂȘme moment, le site OurWorldInData[268] commence lui aussi Ă prĂ©senter des graphiques du nombre de tests par pays ; dans ses explications, ce site explique que les donnĂ©es sont trĂšs partielles et notamment que l'on ignore souvent si le dĂ©compte officiel concerne le nombre de personnes testĂ©es ou le nombre d'Ă©chantillons testĂ©s.
Dans les décomptes publiés pour chaque pays, il y a une incertitude sur la nature des tests (le type - test virologique RT-PCR ou test d'anticorps - n'étant pas indiqué).
Au , selon Worldometer[266], les pays qui ont rĂ©alisĂ© le plus grand nombre de tests ont testĂ© 1 Ă 3 % de leur population totale - mis Ă part quelques pays tels que l'Islande qui rapporte 12 % de la population testĂ©e, et en supposant que chaque test correspond Ă un individu diffĂ©rent.. Un rapide balayage du tableau de donnĂ©es montre qu'il n'y a un certain niveau de corrĂ©lation entre le nombre total de tests par million dâhabitants et le nombre total de cas dĂ©clarĂ©s. La corrĂ©lation semble plus faible entre le nombre total de tests par million dâhabitants et le nombre total de dĂ©cĂšs par million d'habitants (il faut en effet identifier les malades pour les rapporter Ă un dĂ©cĂšs de type covid).
Le nombre de tests pratiquĂ©s (en) rapportĂ© Ă la population (par million d'habitant), peut ĂȘtre un indicateur quantitatif de la capacitĂ© d'un Ă©tat Ă repĂ©rer les malades contaminĂ©s, mais ne l'est pas systĂ©matiquement. Cette capacitĂ© est aussi liĂ©e Ă la façon dont les tests sont pratiquĂ©s. Il y avait par exemple mi-avril cinq fois moins de tests par million d'habitant pratiquĂ©s au Japon qu'en France, mais le Japon[269] s'est plus orientĂ© plus systĂ©matiquement vers l'identification des clusters, le port du masque[106] - [270] - [271] que vers un dĂ©pistage systĂ©matique. En effet, dans le cadre d'une politique de dĂ©pistage qui doit aussi intĂ©grer une pĂ©nurie de tests, il est important d'essayer de maximiser, Ă un niveau de contagion donnĂ©, le rapport en dĂ©finissant des critĂšres probabilistes (mode de vie, professions, contacts, rĂ©gions ..) susceptibles de cibler le plus possible la population probablement infectĂ©e, afin d'Ă©conomiser au maximum les tests disponibles.
Sécurité des tests
Des réseaux de faux tests ont été repérés durant la pandémie. Des personnes refusant de se faire tester avant de traverser une frontiÚre ou de participer à des événements nécessitant un test négatif ont acheté de faux tests[272]. Des entreprises ont entrepris de fournir des solutions de traçabilité des tests comme des QR codes[273].
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