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Mediapart

Mediapart est un site d'actualité français créé en 2008 par les journalistes François Bonnet, Gérard Desportes, Laurent Mauduit, Edwy Plenel, Marie-HélÚne Smiéjan et Godefroy Beauvallet.

Mediapart
Logo de Mediapart

Adresse www.mediapart.fr
Slogan « Seuls nos lecteurs peuvent nous acheter »
Publicité Non
Langue Français, anglais, espagnol
Nombre d'inscrits 210 589 abonnĂ©s (mars 2023[1])
SiĂšge social 127, avenue Ledru-Rollin
11e arrondissement, Paris
Drapeau de la France France
PropriĂ©taire Le Fonds pour une Presse Libre via SociĂ©tĂ© pour la protection de l’indĂ©pendance de Mediapart
Rédacteur en chef Stéphane AlliÚs et Carine Fouteau
Directeur de la publication Edwy Plenel
Lancement 2008
Revenus 21 313 745 â‚Ź (C.A. 2021)[2]

Reconnu pour la qualitĂ© de son journalisme d'enquĂȘte et ayant une ligne Ă©ditoriale orientĂ©e Ă  gauche, le site est disponible en français, anglais et espagnol.

Mediapart héberge autant les ⁣⁣articles de presse⁣⁣ rédigés par ses journalistes (« le journal ») que ceux des utilisateurs (« le club »).

Depuis 2019, le journal n'est plus détenu par ses actionnaires fondateurs. Il est désormais possédé par une fondation pour la défense de la liberté de la presse [3] - [4].

Mediapart joue un rÎle important dans les révélations lors de l'affaire Woerth-Bettencourt en 2010, l'affaire Sarkozy-Kadhafi en 2012, l'affaire Cahuzac en 2012-2013 ou l'affaire Benalla en 2018-2019.

Ses enquĂȘtes sont Ă  l'origine de dĂ©missions, comme celle du ministre du Budget JĂ©rĂŽme Cahuzac, du ministre de l’Écologie François de Rugy, de la ministre de la DĂ©fense MichĂšle Alliot-Marie ou du dĂ©putĂ© de Paris Denis Baupin [5].

Histoire

Mediapart est un site d'actualité français créé en 2008 par François Bonnet, Gérard Desportes, Laurent Mauduit, Edwy Plenel[6], Marie-HélÚne Smiéjan[7] et Godefroy Beauvallet.

Plusieurs des cofondateurs viennent de la direction du Monde, oĂč ils dĂ©noncent la mise en place fin 2005 du concept de journalisme de validation plutĂŽt que celui d'investigation[8] - [9] - [10] - [11].

La sociĂ©tĂ© crĂ©Ă©e en 2008 est une SociĂ©tĂ© par actions simplifiĂ©e, la SociĂ©tĂ© Ă©ditrice de Mediapart, dont le capital de dĂ©part est constituĂ© d'apports personnels des fondateurs pour un montant total de 1 325 000 euros. Ce capital est ensuite ouvert Ă  deux autres familles d'actionnaires : des investisseurs partenaires et une SociĂ©tĂ© des amis de Mediapart.

Les deux investisseurs partenaires principaux sont Jean-Louis Bouchard (Econocom) et Thierry Wilhelm (Doxa), pour 500 000 euros chacun.

Concernant la Société des Amis de Mediapart, également une SAS, présidée par le mathématicien Michel Broué, elle rassemble 87 donateurs dont Xavier Niel[12] - [13].

AprĂšs l'amorçage de 2008, vers la fin de l'annĂ©e 2010, un point d'Ă©quilibre est atteint grĂące aux 40 000 abonnĂ©s. L'objectif est d'arriver Ă  un modĂšle garantissant l'indĂ©pendance pour s'assurer d'une presse libre, en rachetant l'ensemble des actions.

Mediapart dit s'ĂȘtre endettĂ©e pour le rachat de ces actions Ă  hauteur de 5,5 millions d'euros. En complĂ©ment de cet emprunt, Jean-Louis Bouchard fait don de ses actions, soit un million d’euros. De mĂȘme, Thierry Wilhelm, qui assure un crĂ©dit vendeur de 2,5 millions d’euros, renonce Ă  toucher dans l'immĂ©diat le prix de ses actions. Les cofondateurs de Mediapart font de mĂȘme, garantissant jusqu’en 2026 un crĂ©dit vendeur de 2,9 millions d’euros[14].

Le capital est alors dĂ©tenu par une SociĂ©tĂ© pour la Protection de l'IndĂ©pendance de Mediapart (SPIM) qui elle-mĂȘme est contrĂŽlĂ©e par un fonds de dotation, le Fonds pour une Presse Libre (FPL).

Depuis 2019, le capital de l'entreprise est rendu inviolable. Il n'est plus dĂ©tenu par ses fondateurs mais par une fondation d’intĂ©rĂȘt-gĂ©nĂ©ral[15].

En 2022, Mediapart - via sa société éditrice - devient membre de la Maison des Lanceurs d'Alerte (association loi de 1901)[16].

Caractéristiques

Le nom « Mediapart »

Le titre initialement envisagĂ©, « MediaPart » (apocope de « mĂ©dia participatif »[17]), a rencontrĂ© l'hostilitĂ© de la holding MĂ©dia participations, vaste groupe d'Ă©dition comprenant entre autres une agence de presse religieuse et une activitĂ© Ă©ditoriale dans le domaine de la bande dessinĂ©e, de la vie pratique et de l'Ă©dition religieuse. Une action en justice fut mĂȘme entamĂ©e pour contrefaçon, qui n'a toutefois pas dĂ©passĂ© le stade de la conciliation. Ce qui n'Ă©tait qu'un nom de code temporaire est devenu, de fait, Ă  ce moment-lĂ , le nom du site. Devant la campagne d'appel Ă  l'opinion publique de MediaPart, MĂ©dia-Participations a en effet renoncĂ© Ă  son action judiciaire et acceptĂ© la transformation du titre du journal en Mediapart. Un accord est intervenu sur la dĂ©limitation des champs d'activitĂ© de chaque entreprise[18].

Projet Ă©conomique et Ă©ditorial

Mediapart dĂ©fend un modĂšle oĂč l'abonnement payant doit garantir l'indĂ©pendance journalistique, tout en permettant l'accĂšs Ă  un club participatif de qualitĂ© dont les contenus sont en accĂšs libre. CritiquĂ©e Ă  ses dĂ©buts par les dĂ©fenseurs de la gratuitĂ© totale de l'information sur Internet, cette expĂ©rience nourrit depuis le dĂ©bat sur les modĂšles Ă©conomiques viables pour la presse numĂ©rique[19]. Avec d'autres mĂ©dias en ligne Mediapart est Ă  l'initiative de la crĂ©ation, Ă  l'automne 2009, du syndicat de la presse indĂ©pendante d'information en ligne (SPIIL), dont Edwy Plenel est le secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral[20] et dont Maurice Botbol, prĂ©sident de Indigo Publications, est prĂ©sident. Sa ligne Ă©ditoriale est orientĂ©e Ă  gauche[21].

Structure

Mediapart est édité par la Société éditrice de Mediapart (SAS).

Le 2 juillet 2019, les cofondateurs annoncent une modification de la gouvernance de leur média : sa détention par un fonds de dotation à but non lucratif a pour objectif de préserver son indépendance journalistique[22].

Statut

Mediapart est reconnu service de presse en ligne d'informations politique et générale par la Commission paritaire des publications et des agences de presse (CPPAP)[23].

Équipe

(Entre parenthÚses quelques-uns des organes de presse auxquels les journalistes ont collaboré)

Équipe de direction

  • PrĂ©sident et directeur de la publication : Edwy Plenel (ex-Le Monde)
  • Co-directeurs Ă©ditoriaux : StĂ©phane AlliĂšs et Carine Fouteau[24]
  • Directrice gĂ©nĂ©rale : Marie-HĂ©lĂšne SmiĂ©jan-Wanneroy
  • Directeur technique : Olivier Grange-Labat
  • Directrice administrative et financiĂšre : CĂ©cile Sourd[25]

Équipe de rĂ©daction initiale

Anciens collaborateurs

  • GĂ©rard Desportes, articles publiĂ©s du 12/03/2008 au 25/02/2010[26] ;
  • Erich Inciyan, articles publiĂ©s du 16/03/2008 au 17/12/2010[27] ;
  • Philippe RiĂšs, articles publiĂ©s du 16/03/2008 au 08/09/2018[28] ;
  • Fabrice Lhomme, du 15/01/2008 au 07/04/2011[29] ;
  • Vincent Truffy, articles publiĂ©s du 08/04/2008 au 16/12/2012[30] ;
  • Pierre Puchot, articles publiĂ©s de [31] au 12/04/2017[32] ;
  • Didier Porte, chroniques de Ă  ;
  • Michel de Pracontal[33], articles publiĂ©s du 23/10/2010[34] au 27/11/2017[34].

Équipe de rĂ©daction en 2020

  • International : François Bougon ; Ludovic Lamant ; Rachida El Azzouzi ; Justine Brabant
  • Politique : Ellen Salvi ; Lucie Delaporte ; Pauline Graulle ; Mathilde Goanec : Ilyes Ramdani ;
  • Économie, social, travail : Laurent Mauduit ; Martine Orange ; Dan IsraĂ«l ; GĂ©raldine Delacroix ; Romaric Godin ; Manuel Jardinaud ; Khedidja Zerouali
  • MultimĂ©dias : studio, documentaires, reportages photo, livres : Sophie Dufau ; Fabien Escalona ;
  • EnquĂȘtes : Fabrice Arfi ; Karl Laske ; Yann Philippin ; Antton Rouget ; Michael Hajdenberg ; Michel DelĂ©an, Marine Turchi, Pascale Pascariello
  • SociĂ©tĂ© : JĂ©rĂŽme Hourdeaux ; François Bonnet ; Mathilde Mathieu ; Louise Fessard ; Caroline Coq-Chodorge
  • Environnement, alimentation : Jade Lindgaard ; AmĂ©lie Poinssot ; MickaĂ«l Correia
  • Responsable Ă©ditoriale aux questions de genre : LĂ©naĂŻg Bredoux
  • Éducation : FaĂŻza Zerouala
  • Culture, idĂ©es, littĂ©rature : Antoine Perraud ; Joseph Confavreux ; Patrice Beray
  • Le Club de Mediapart : Sabrina Kassa, Livia Garrigue, Guillaume Chaudet-Foglia
  • DĂ©veloppements Ă©ditoriaux : Donatien Huet
  • Mediapart English : Graham Tearse ; Michael Streeter
  • Mediapart Español : Irene Casado-Sanchez
  • RĂ©vision et correction : Alexandra Buisseret ; Jean-François Demay ; Alain Le Saux ; Sophie Rostain ; Bertrand RouziĂšs
  • Chroniqueurs : RenĂ© Backmann ; Jean-Pierre Perrin ; Hejer Charf
  • Émission quotidienne « A l'air libre »[35] : Valentine Oberti ; Christophe Gueungeau ; Mathieu Magnaudeix[36]

Contenus

Mediapart se prĂ©sente avec deux entrĂ©es principales : Le Journal, tenu par les journalistes professionnels de la rĂ©daction, et Le Club, animĂ© par les internautes abonnĂ©s. Le pari de Mediapart est de faire cohabiter les articles de la rĂ©daction du journal et les contributions des lecteurs (dans les Ă©ditions participatives, dans les blogs personnels, la modĂ©ration se faisant selon un principe de responsabilitĂ© individuelle et collective. Par delĂ  l'indĂ©pendance Ă©ditoriale et Ă©conomique, l'articulation bi-cĂ©phale entre Club et Journal serait, dans l'architecture mĂȘme du site, la condition sine qua non pour faire de Mediapart « le journal de ses lecteurs ». La charte de participation Ă  Mediapart expose les motifs et rĂšgles dĂ©ontologiques en vigueur[37].

Les contenus du journal sont actualisĂ©s trois fois par jour (aux environs de 9, 13, et 19 heures[38]). Chaque « Une » (page d'accueil, page International, page France, page Économie, page Culture et idĂ©es) se prĂ©sente en deux volets : la « Une » de la rĂ©daction de Mediapart et la « Une » du Club, sĂ©lection d'articles des Ă©ditions ou de billets des blogs opĂ©rĂ©e par Mediapart. Le Club possĂšde sa propre entrĂ©e, dont les articles mis en avant sont Ă©galement choisis par la rĂ©daction de Mediapart.

Le journal est prĂ©sent sur les rĂ©seaux sociaux Facebook, Twitter et Instagram. Une Ă©tude publiĂ©e en 2021 concluait notamment que « Mediapart [...] dĂ©tonne par l’intĂ©rĂȘt public gĂ©nĂ©ralement plus grand dans le texte de ses publications Instagram ». Il y met de l'avant ses enquĂȘtes et ses reportages sur des sujets de sociĂ©tĂ©, alors que les autres mĂ©dias francophones « privilĂ©gient les soft news : sujets people, voire racoleurs, la culture, le divertissement, le sport »[39].

Mediapart est partenaire du média Disclose depuis 2018[40].

En octobre 2020, pour la premiÚre fois en France, un journal a décidé de créer un poste de "gender editor"[41]. Mediapart choisit de nommer Lenaïg Bredoux à ce poste. Son rÎle est de veiller à la bonne représentation des femmes dans leur traitement éditorial[42] - [43] - [44].

Éditions participatives

Les Ă©ditions participatives sont des journaux thĂ©matiques collectifs publiĂ©s dans la partie du site appelĂ©e le Club. Les abonnĂ©s peuvent demander la crĂ©ation d'une Ă©dition participative sur une thĂ©matique prĂ©cise selon leurs domaines d'expertise, leurs centres d'intĂ©rĂȘt (arts, histoire, politique, divertissements, rĂ©gion, ville ou pays
). Certains journalistes de Mediapart sont Ă©galement rĂ©dacteurs en chef d'une Ă©dition[45]. Le but de ces Ă©ditions est de crĂ©er un contenu participatif, appariant Journal et Club. Le crĂ©ateur d'une Ă©dition en devient le coordonnateur et animateur. Les Ă©ditions participant Ă  Mediapart doivent, Ă  ce titre, comme chaque contenu postĂ© sur ce site, respecter la charte Ă©ditoriale[46] - [47].

Plus de 250 éditions ont été créées en date de 2010. Plus récemment, des éditions consacrées aux romans policiers ou aux magazines ont été créées (l'édition Revues est créée par Patrice Beray).

EnquĂȘtes et dossiers notables

Mediapart s'est rapidement fait connaĂźtre par ses enquĂȘtes[48]. Ce fut le cas dĂšs le dĂ©but avec « Les folles dĂ©penses de la ministre Rachida Dati » de [49], mais Ă©galement avec la publication du rĂ©quisitoire du Parquet dans la crise financiĂšre de janvier 2008 Ă  la SociĂ©tĂ© gĂ©nĂ©rale (Affaire Kerviel)).

Jusqu'Ă  la divulgation de l'affaire Woerth-Bettencourt, les dĂ©buts de Mediapart sont compliquĂ©s, certaines enquĂȘtes passant inaperçues et les abonnements ne dĂ©collent pas[50].

En 2018, le magazine Les Inrockuptibles note que Mediapart est devenu la rĂ©fĂ©rence en matiĂšre de journalisme d’enquĂȘte[51].

Les enquĂȘtes de Mediapart sont Ă  l'origine de plusieurs dĂ©missions, comme celle du ministre de l’Écologie François de Rugy ou de la ministre de la DĂ©fense MichĂšle Alliot-Marie[52].

Affaire Woerth-Bettencourt

Le , Mediapart rĂ©vĂ©le l'existence et le contenu d'enregistrements effectuĂ©s clandestinement en 2009 et 2010 au domicile de Liliane Bettencourt par son majordome, et montrant des relations inconnues jusqu'alors entre celle-ci et plusieurs membres du gouvernement, en particulier Éric Woerth et ValĂ©rie PĂ©cresse, ainsi qu'avec le prĂ©sident de la RĂ©publique Nicolas Sarkozy lui-mĂȘme, dĂ©clenchant l'affaire Woerth-Bettencourt[53]. Cependant, le , le rapport d'un nouvel interrogatoire subi par l'ex-comptable de Liliane Bettencourt, dont Le Figaro s'est procurĂ© une copie, ferait apparaĂźtre que Mediapart aurait « romancĂ© » les propos de l'ex-comptable en impliquant le prĂ©sident de la RĂ©publique[54]. La rĂ©daction de Mediapart rĂ©pond que l'article retranscrit fidĂšlement les propos du tĂ©moin recueillis en prĂ©sence de tiers[55] - [56].

Commentant l'éclosion de cette affaire qui, selon lui, « affole le camp Sarkozy », le New York Times souligne que Mediapart propose un journalisme d'investigation que les médias dominants ne proposent plus guÚre en France[57].

Dans le contexte de l'affaire Bettencourt, Xavier Bertrand, alors secrétaire-général de l'UMP, prends à partie le site en ligne dénonçant ses « dérapages trÚs graves » et ses « méthodes totalement anti-démocratiques » allant jusqu'à accuser le site d'Edwy Plenel de « méthodes fascistes »[58]. Une plainte est déposée pour diffamation[59] - [60]. En , le ministre est relaxé, les juges de la chambre de la presse considérant que « les propos de Xavier Bertrand ne relevaient pas d'une qualification recouvrant un fait précis »[61].

Affaire Sarkozy-Kadhafi

Le journal publie, en mars puis en , deux notes qui laissent Ă  penser que le rĂ©gime libyen aurait financĂ© Ă  hauteur de 50 millions d'euros la campagne de Nicolas Sarkozy en 2007. C'est le dĂ©but de l'affaire Sarkozy-Kadhafi. Nicolas Sarkozy, candidat Ă  sa rĂ©Ă©lection en 2012, porte alors plainte pour « faux et usages de faux », « recel de faux » et « publication de fausses nouvelles ». En 2016, la justice rend un non-lieu jugeant le document authentique, tout en prĂ©cisant que le jugement ne porte pas « sur la rĂ©alitĂ© ou la faussetĂ© des faits dont ce document Ă©tait censĂ© Ă©tablir l'existence, c'est-Ă -dire un financement allĂ©guĂ© de la campagne Ă©lectorale de 2007 de Nicolas Sarkozy par la Libye »[62]. Mediapart dĂ©pose quant Ă  lui une plainte pour dĂ©nonciation calomnieuse[63].

Affaire JĂ©rĂŽme Cahuzac

Mediapart qui est à l'origine de l'Affaire Cahuzac, un scandale politique français.

AprĂšs avoir portĂ© l'affaire seul et contre tous, le journal met en cause directement le ministre Pierre Moscovici dans cette affaire par l'intermĂ©diaire d'Edwy Plenel le sur la chaĂźne i-TĂ©lĂ©[64]. Edwy Plenel affirme que le ministre de l'Ă©conomie connaissait la situation illicite de son ministre dĂ©lĂ©guĂ© depuis mi-, et que l'enquĂȘte fiscale auprĂšs des banques suisses sur une pĂ©riode restreinte qu'il avait diligentĂ©e sur JĂ©rĂŽme Cahuzac n'aurait Ă©tĂ© qu'une tentative de sauvetage en ultime recours[65].

Affaire Denis Baupin

Le , France Inter[66] et Mediapart[67] publient les tĂ©moignages de huit Ă©lues et collaboratrices d'Europe Écologie Les Verts mettant au jour des affaires de harcĂšlement sexuel, voire d'agression sexuelle, notamment de la part du vice-prĂ©sident de l'AssemblĂ©e nationale Denis Baupin. Celui-ci poursuit le journal pour diffamation mais il est condamnĂ© pour procĂ©dure abusive[68] - [69].

Affaire Benalla

Le , le journal fait l'objet d'une tentative de perquisition conduite par le procureur de la République adjoint Yves Bador dont le but est d'obtenir des informations sur les sources ayant communiqué au journal les enregistrements d'une conversation attribuée à Alexandre Benalla et Vincent Crase[70].

Cette perquisition est effectuée à la demande du procureur de la République de Paris, Rémy Heitz, trois jours aprÚs que le parquet s'est auto-saisi, et sans le mandat d'un juge indépendant[71]. Mediapart refuse cette perquisition, la premiÚre dans l'histoire du journal, et dénonce une tentative du gouvernement d'attenter à la liberté de la presse et à la protection des sources journalistiques[72] - .

Affaire Gaël Perdriau

En 2022, Mediapart met en cause GaĂ«l Perdriau, le maire Les RĂ©publicains de Saint-Étienne (Loire), dans une affaire de chantage visant son premier adjoint, Gilles Artigues[73]. Le parquet de Lyon ouvre une information judiciaire[73]. Mediapart publie le des enregistrements qui Ă©tabliraient l'implication directe du maire dans le chantage, appuyĂ© par son directeur de cabinet Pierre Gautierri[74]. Plusieurs Ă©lus du parti des RĂ©publicains demandent l'exclusion de GaĂ«l Perdriau[75] - [76] - [77]. Le 18 novembre, GaĂ«l Perdriau obtient du tribunal judiciaire de Paris une dĂ©cision inĂ©dite interdisant par avance Ă  Mediapart de publier de nouvelles informations issues de ces enregistrements, concernant notamment Laurent Wauquiez[78]. De nombreuses sociĂ©tĂ©s de journalistes, des Ă©lus de tous bords s'inquiĂštent de cette atteinte grave Ă  la libertĂ© de la presse[79]. Le 25 novembre, les avocats de la presse dĂ©noncent cette bĂ©vue judiciaire Ă  l’occasion d’un « rĂ©fĂ©rĂ©-rĂ©tractation »[80], et obtiennent gain de cause[81].

Controverses

Charlie Hebdo et l'affaire Tariq Ramadan

Fin octobre et dĂ©but novembre 2017, Tariq Ramadan est visĂ© par deux plaintes pour viol et agressions sexuelles[82]. Mediapart ayant fait une enquĂȘte sur Tariq Ramadan en avril 2016[83], les dĂ©tracteurs du journal suggĂšrent que le journal aurait dĂ» dĂ©couvrir, et donc rĂ©vĂ©ler cette affaire durant l'enquĂȘte[84].

Dans un contexte d'affrontements idĂ©ologiques sur le rapport Ă  l’islam[85], l'ancien premier ministre Manuel Valls et Charlie Hebdo (repris par certaines personnalitĂ©s et commentateurs politiques) accusent Mediapart d'avoir fermĂ© les yeux sur le comportement de l'islamologue Tariq Ramadan[84]. Manuel Valls, accuse notamment Edwy Plenel de « complicitĂ©s » avec Tariq Ramadan, ce que Plenel rĂ©fute immĂ©diatement[86] - [87].

Mediapart dĂ©nonce une « campagne nausĂ©abonde oĂč se retrouvent la « fachosphĂšre », quelques journalistes chroniqueurs et Ă©ditocrates, des responsables politiques d’une partie de la gauche socialiste en ruines et de l’extrĂȘme droite »[88]. Il rĂ©fute une quelconque complaisance en rappelant notamment les enquĂȘtes dĂ©montant « la machinerie idĂ©ologique Ramadan » publiĂ©es en 2016[88] - [89] et rĂ©fute les accusations d'avoir « dĂ©libĂ©rĂ©ment ignorĂ© les actes d’un homme aujourd’hui accusĂ© de viols et d’agressions sexuelles »[88].

Affaires judiciaires

Plaintes en diffamation

Le , le journal, qui avait prĂ©tendu que Jean-Marie Le Guen avait militĂ© dans sa jeunesse au sein du Groupe union dĂ©fense (GUD), un groupuscule d'extrĂȘme droite, reconnaĂźt que ces propos Ă©taient « dĂ©nuĂ©s de fondement », ce qui conduit l'intĂ©ressĂ© Ă  retirer sa plainte[90].

Le , Edwy Plenel, Fabrice Arfi et Karl Laske, sont relaxĂ©s par la cour d'appel de Paris aprĂšs une plainte en diffamation d'HervĂ© Gattegno, directeur du Journal du dimanche aprĂšs l'accusation de Mediapart que celui-ci participe Ă  une campagne de dĂ©sinformation dans le but d'« Ă©touffer » l'affaire Sarkozy-Kadhafi. La cour Ă©crit « MĂȘme s'il n'Ă©tait pas trĂšs prudent de la part des journalistes de Mediapart de mettre en avant leur interprĂ©tation personnelle des Ă©coutes et d'ajouter un supplĂ©ment de connivence erronĂ©, il n'en demeure pas moins qu'il est justifiĂ© d'une base factuelle suffisante, fondĂ©e notamment sur des procĂšs-verbaux non dĂ©naturĂ©s, rĂ©vĂ©lateurs de liens trĂšs proches et Ă©troits entre Alexandre Djouhri et HervĂ© Gattegno, permettant ainsi d'imputer Ă  ce dernier une participation Ă  l'entreprise de dĂ©sinformation dĂ©noncĂ©e »[91].

En mars 2019, dans un article dans une interview pour francetvinfo Edwy Plenel affirme: « Sur quelque 200 procÚs, nous n'en avons perdu que cinq »[92].

Le 13 novembre 2020, Mediapart est relaxĂ© par le tribunal aprĂšs deux plaintes en diffamation dĂ©posĂ©es en 2017 par GĂ©rald Darmanin et SĂ©bastien Lecornu, alors respectivement ministre des comptes publics et secrĂ©taire d'Ă©tat auprĂšs du ministre de la transition Ă©cologique[93]. Mediapart avait titrĂ© et Ă©crit dans son paragraphe d'introduction des propos que les deux hommes considĂšrent comme des « atteintes Ă  l'honneur et Ă  la rĂ©putation ». Mediapart avait informĂ© que les deux hommes avaient louĂ© une villa de vacances en Corse appartenant Ă  un ex trafiquant de drogue, condamnĂ© pour ces faits mais les deux hommes d'État ont contestĂ© en stipulant qu'ils ne le savaient pas[94]. En dĂ©pit de leur dĂ©fense, ils n'ont pas eu gain de cause auprĂšs du tribunal qui a donc donnĂ© raison Ă  Mediapart en concluant « l'absence de caractĂšre diffamatoire dans les propos »[95].

En , Mediapart et la journaliste Fanny Pigeaud sont relaxĂ©s en appel au titre de la « bonne foi »[96] - [97] d’une plainte pour diffamation intentĂ©e par Vincent BollorĂ©, BollorĂ© (SAS) et BollorĂ© Africa Logistics (SAS), sur un article de 2016, titrĂ© « Comment le groupe BollorĂ© a ruinĂ© deux entrepreneurs camerounais »[98].

Dans sa brochure « Treize ans d'indĂ©pendance » de mars 2021, Mediapart consacre une section « En Justice ». Dans cette section, le site affirme que sur plus de deux cents procĂ©dures judiciaires Ă  leur encontre, cinq condamnations ont Ă©tĂ© prononcĂ©es. Ce sont : « pour une erreur matĂ©rielle rectifiĂ©e depuis ; une deuxiĂšme du fait d’un dĂ©lai pour le contradictoire insuffisant ; une troisiĂšme pour avoir rectifiĂ© les propos d’une interview ; une quatriĂšme pour un droit de rĂ©ponse qui n’a pas Ă©tĂ© publiĂ© dans les dĂ©lais impartis ; une cinquiĂšme en raison d’une base factuelle insuffisante »[99].

Affaire Benalla

En , quatre journalistes de Mediapart sont convoquĂ©s dans le cadre de l’enquĂȘte prĂ©liminaire sur l’affaire Benalla. Edwy Plenel, Ă©galement convoquĂ©, affirme alors : « Ce sont nos rĂ©vĂ©lations dans l’affaire Benalla qui ont suscitĂ© ce zĂšle du parquet parisien. [
] Ce faisant, il trahit l’esprit de la loi sur la libertĂ© de la presse. [
] Dans cette convocation massive de journalistes de Mediapart comme dans la tentative de perquisition dans nos locaux, c’est bien le pouvoir exĂ©cutif qui agit, puisqu’en France, le parquet lui est soumis au point que l’actuel procureur de la RĂ©publique a Ă©tĂ© personnellement choisi par le chef de l’État »[100].

Aspects Ă©conomiques

Capital

Initialement, aucun financier ne souhaite s'impliquer dans le projet de création de Mediapart. Aidé par Christian Ciganer (beau-frÚre de Nicolas Sarkozy) et Michel Broué, Edwy Plenel parvient finalement à convaincre la femme d'affaires Marie-HélÚne Smiejan d'investir dans le média[50].

Mediapart a rassemblé un capital de presque trois millions d'euros pour son lancement le , avec une augmentation de sept cent mille euros assurés pour le second trimestre 2008.

Sur ces trois millions, 1,325 million sont fournis par les apports personnels des fondateurs (550 000 investis par Edwy Plenel et le mĂȘme montant par Marie-HĂ©lĂšne Smiejan, 100 000 euros par Laurent Mauduit, 80 000 euros par François Bonnet, 40 000 euros par GĂ©rard Desportes).

Le complĂ©ment provient d'une SociĂ©tĂ© des amis de Mediapart, prĂ©sidĂ©e par le mathĂ©maticien Michel BrouĂ©, rĂ©unissant 46 membres fondateurs (dont Xavier Niel, cofondateur d'Iliad, actionnaire pour 200 000 euros[101], Maurice LĂ©vy, PDG de Publicis, pour 5 000 euros, François Vitrani, directeur gĂ©nĂ©ral de la Maison de l'AmĂ©rique latine, pour 5 000 euros Ă©galement). La SAM reprĂ©sente un montant total de 504 000 euros, auxquels s'adjoint 1 million d'euros Ă  parts Ă©gales entre les investisseurs Écofinance (Jean-Louis Bouchard) et Doxa Jean (Thierry Wilhelm)[102].

À partir de l'Ă©tĂ© 2019, Mediapart dĂ©cide de changer sa structure de gouvernance et la rĂ©partition du capital entre actionnaires, afin que la totalitĂ© des parts du mĂ©dia soit dĂ©tenue par un fonds Ă  but non lucratif. C'est une maniĂšre pour les propriĂ©taires de Mediapart de se prĂ©server des alĂ©as du capital, et donc d'assurer l'indĂ©pendance du journal[103]. Le , le rachat de l’ensemble des actionnaires de Mediapart (ses cofondateurs, sa sociĂ©tĂ© des amis, sa sociĂ©tĂ© des salariĂ©s, les sociĂ©tĂ©s Doxa et Ecofinance) est effectuĂ© pour une valorisation de 16,3 millions d’euros. La rĂ©partition du financement est la suivante : 4,4 millions de rĂ©serves ; nouvel emprunt de 5,5 millions d’euros sur 8,5 ans ; don du montant des actions de Jean-Louis Bouchard pour un million d’euros ; un crĂ©dit vendeur de Doxa (Thierry Wilhelm) pour 2,5 millions d’euros ; ainsi qu'un autre crĂ©dit vendeur des quatre cofondateurs de Mediapart pour 2,9 millions d’euros jusqu’en 2026[104].

Les quatre fondateurs, Edwy Plenel, Laurent Mauduit, Marie-HĂ©lĂšne Smiejan et François Bonnet obtiennent ainsi 6,8 millions d’euros, multipliant par plus de cinq leur investissement initial[103], l'opĂ©ration rapportant Ă  Edwy Plenel 2,9 millions d’euros[105].

ModĂšle Ă©conomique

Le journal a choisi une parution sans publicitĂ©. L'accĂšs Ă  la page d'accueil est gratuit, mais la lecture du journal lui-mĂȘme n'est possible que par abonnement payant[106]. L'adhĂ©sion payante est conçue comme le seul moyen de garantir au lecteur qualitĂ© Ă©ditoriale et vĂ©ritable indĂ©pendance journalistique.

Ce choix économique résulte, selon les fondateurs de Mediapart, des difficultés que connaßt la presse française : « seul le web permet de lancer aujourd'hui en France un quotidien indépendant d'information généraliste. Tous les autres supports nécessitent des investissements initiaux trÚs lourds, donc dépendants de puissances financiÚres, soit directement en tant qu'actionnaires, soit indirectement en tant qu'annonceurs publicitaires. » Cette défense d'une presse payante doit affronter le mode de fonctionnement traditionnellement gratuit sur l'Internet, d'aucuns voyant déjà « Mediapart : mort-né ! »[107].

Le principe du gratuit, qui a tant bouleversé ces derniÚres années la presse en ligne comme les journaux traditionnels, arriverait au contraire selon les promoteurs de Mediapart à ses limites. Son choix de devenir un journal de référence passerait ainsi par la réaffirmation d'une presse payante : « les recettes publicitaires actuelles sur Internet sont calculées pour des millions de visiteurs, donc pour un contenu attirant une audience grand public peu compatible avec les exigences d'une presse de qualité et de référence. »

L'objectif affichĂ© est enfin de rassembler environ 65 000 abonnĂ©s au bout de la troisiĂšme annĂ©e, ce qui permet d'Ă©valuer Ă  environ 4 millions d'euros les besoins de financement du journal sur la pĂ©riode. Le directeur Ă©ditorial, François Bonnet, a dĂ©clarĂ© le que le site avait 8 000 abonnĂ©s[108].

En , Mediapart indique que « le plan a Ă©tĂ© revu pour pouvoir atteindre un Ă©quilibre financier autour de 40 000 et reculer l'Ă©chĂ©ance Ă  2012. Ce qui laisse un an et demi pour trouver 15 000 ou 20 000 nouveaux abonnĂ©s »[109]. Le dĂ©clenchement de l'affaire Woerth-Bettencourt a fait gagner au site 5 000 abonnĂ©s au mois de juin, site qui en compte prĂšs de 30 000[110] en . En , les 40 000 abonnĂ©s sont atteints. Quelque 47 500 abonnĂ©s sont comptabilisĂ©s dĂ©but 2011, assurant l'Ă©quilibre financier du titre[111].

Lors de la confĂ©rence de presse tenue Ă  l'occasion du troisiĂšme anniversaire de l'existence du site, le , les indications suivantes sont fournies[112] : Mediapart est rentable depuis . Le bilan 2010 Ă©tant de 4,4 millions d'euros de dĂ©penses pour 3 millions d'euros de recettes. 95 % des revenus de Mediapart viennent des abonnements, 20 % des abonnĂ©s Ă©tant des abonnĂ©s annuels Ă  90 euros et plus de 90 % des abonnĂ©s Ă  1 euro continuant aprĂšs la pĂ©riode d'essai. Le lectorat est composĂ© au dĂ©part 60 % rĂ©gions, 40 % Île-de-France, 90 % en France.

L'Ă©quipe compte 36 CDI , 1 CDD et des stagiaires. Mediapart a levĂ© 5,7 millions d'euros depuis sa crĂ©ation, en majoritĂ© fondateurs, salariĂ©s et amis de Mediapart.

D'aprĂšs le site Rue89[113] et l'Observatoire des subventions[114], Mediapart a, pour l'annĂ©e 2009, reçu de l'État 200 000 euros de subventions, devenant ainsi un des premiers « journaux en ligne » Ă  en bĂ©nĂ©ficier.

Audience

L'audience de Mediapart s'élargit depuis sa création :

  • fin 2010, le site revendique 46 800 abonnĂ©s actifs payants ;
  • en , Edwy Plenel annonce que Mediapart compte 65 000 abonnĂ©s[115] ;
  • en , Mediapart compte prĂšs de 75 000 abonnĂ©s[116] ;
  • en , le site revendique 83 000 abonnĂ©s[117] ;
  • en , le site revendique 100 000 abonnĂ©s[118] ;
  • en , le site revendique 112 000 abonnĂ©s[119] ;
  • en , le site revendique 118 000 abonnĂ©s[120] ;
  • en , le site revendique 130 000 abonnĂ©s[121] ;
  • en , Edwy Plenel annonce que le site dĂ©passe les 150 000 abonnĂ©s[122] ;
  • en , il revendique 169 829 abonnĂ©s[123]. Il se classe alors au 3e rang français (derriĂšre Le Monde et L’Équipe) et au 28e rang mondial des sites internet de mĂ©dias, par nombre d'abonnĂ©s payants[124] - [125] ;
  • en , le pure player revendique 218 099 abonnĂ©s[99] - [126];
  • en , Mediapart annonce avoir 213 533 abonnĂ©s[2];
  • en mars 2023, le site indique compter 210 589 abonnĂ©s numĂ©riques pour l'annĂ©e 2022[127].

Fraude sur le taux de TVA applicable

Mediapart applique la Taxe sur la valeur ajoutĂ©e (TVA) rĂ©duite Ă  2,1 % depuis sa crĂ©ation en 2008, estimant que la loi sur les publications de presse dĂ©tenant un numĂ©ro de CPPAP s'applique Ă  la presse en ligne[128]. NĂ©anmoins, Ă  l'Ă©poque, le ministĂšre du Budget juge que cette TVA ne s'applique pas au statut de la presse en ligne ne s'appuyant pas sur un support papier. Voici comment plusieurs sites subissent des redressements fiscaux : ArrĂȘt sur images en 2009, puis Dijonscope en [128] - [129], et Mediapart en dĂ©cembre 2013.

Le Syndicat de la presse indĂ©pendante d'information en ligne (SPIIL), dont Mediapart, Indigo Publications (La Lettre A, Africa Intelligence...), et ArrĂȘt sur images sont membres fondateurs, rĂ©clame l'application du principe de neutralitĂ© fiscale Ă  la presse numĂ©rique : soit un taux de TVA Ă  2,1 %, identique Ă  celui de la presse imprimĂ©e[128] - [130]. Les membres du syndicat, une soixantaine d'organes de presse en ligne, estiment qu'ils sont dans leur droit d'appliquer la TVA Ă  2,1 %[131].

En fĂ©vrier 2014, le Parlement français promulgue une loi alignant la TVA de la presse en ligne au taux rĂ©duit de 2,1 %, Ă©quivalent de celui de la presse imprimĂ©e, au lieu de 20 %[132], mettant fin Ă  l’inĂ©galitĂ© de traitement entre les deux supports de presse[133]. Se pose par la suite la question de la rĂ©troactivitĂ© de la loi, qui fait alors dĂ©bat[134].

Fin septembre 2014, l'administration fiscale notifie la sociĂ©tĂ© Ă©ditrice du journal Mediapart d’un redressement fiscal de 3,3 millions d'euros pour la pĂ©riode 2008 Ă  2013, pour avoir appliquĂ© le taux de 2,1 % de TVA avant l’entrĂ©e en vigueur de la loi, auquel s'ajoute 200 000 euros de pĂ©nalitĂ©s de retard et 1 million pour « manquement dĂ©libĂ©rĂ© »[135]. Edwy Plenel dĂ©clare Ă  l’AFP que « Ce conflit fiscal est une vengeance de l'affaire Cahuzac de la part d'une partie de l'administration fiscale. Nous irons jusqu'au tribunal administratif s'il le faut. ». Mediapart rĂšgle les 3,3 millions d'euros au fisc mais fait un recours au tribunal administratif pour le paiement de la pĂ©nalitĂ©[136].

En , l'AssemblĂ©e nationale adopte, par 11 voix contre 10, un amendement impliquant une « amnistie fiscale » pour les sites de presse en ligne dont le principal bĂ©nĂ©ficiaire est Mediapart[137] - [138] - [139], avant de finalement le rejeter lors d’une lecture ultĂ©rieure[140].

En , le tribunal administratif de Paris confirme le redressement fiscal de Mediapart et l’applicabilitĂ© du taux de TVA normal de 19,6 % puis 20 % sur la pĂ©riode avant la promulgation de la loi sur la TVA rĂ©duite. En revanche, le tribunal reconnaĂźt la « transparence » de Mediapart dans la liquidation de la TVA, et estime dĂšs lors que la volontĂ© d’éluder l’impĂŽt n’est pas Ă©tablie[141]. En consĂ©quence, il annule la majoration de 1,3 million d’euros appliquĂ©e Ă  la sociĂ©tĂ© Ă©ditrice du journal[142] - [143]. Selon le tribunal, l'administration fiscale aurait dĂ» « remettre en cause les dĂ©clarations de TVA » dĂšs 2008, et ne pas attendre jusqu’au contrĂŽle fiscal de 2013[144].

En juillet 2018, le Ministre de l’Action et des Comptes publics, GĂ©rald Darmanin, fait appel de la dĂ©cision auprĂšs de la cour administrative d'appel de Paris. En appel en , la cour annule le jugement en ce qu'il Ă©cartait la fraude fiscale, ce qui implique que Mediapart est de nouveau rendu redevable de la pĂ©nalitĂ©, portĂ©e Ă  1,4 million d'euros. La sociĂ©tĂ© Ă©ditrice indique qu’elle se pourvoit en cassation devant le Conseil d’État[136].

Rentabilité

Mediapart, aprĂšs une premiĂšre annĂ©e bĂ©nĂ©ficiaire en 2011, atteint 6 millions d'euros de chiffre d'affaires et 700 000 euros de bĂ©nĂ©fices net en 2012[145].

Selon les chiffres fournis par Mediapart en , le journal a connu durant l'annĂ©e 2017 une croissance de 20 % du chiffre d'affaires (dĂ©passant 13 millions d'euros), un rĂ©sultat net de 2,2 millions d'euros (reprĂ©sentant 16 % du chiffre d'affaires), et une augmentation d'environ 8 % du nombre d'abonnĂ©s[146]. Il compte au total 140 000 abonnĂ©s et une Ă©quipe de 83 salariĂ©s permanents. Mediapart signale Ă©galement qu'entre 2008 et 2017, 97 actions en justice ont Ă©tĂ© ouvertes contre le journal. Sur celles-ci 3 condamnations dĂ©finitives ont Ă©tĂ© prononcĂ©es pour diffamation, 69 dĂ©cisions l'ont mis hors de cause (dĂ©sistements, ordonnances de non-lieu, relaxes, nullitĂ©s et irrecevabilitĂ©s des poursuites), et 25 procĂ©dures sont encore en cours[121].

En 2018, Mediapart dĂ©passe les 150 000 abonnĂ©s actifs payants, avec une hausse notable au mois de en plein mouvement des gilets jaunes[147]. Un chiffre en hausse qui fait Ă©voluer son chiffre d'affaires Ă  13,8 millions d'euros contre 13,7 millions l'annĂ©e prĂ©cĂ©dente. Mediapart compte dĂ©sormais 87 salariĂ©s en CDI dont 47 journalistes. Le projet de TV Mediapart, avec diffusion sur le web, n'a en revanche pas Ă©tĂ© poursuivi[148].

En 2020, Mediapart dĂ©passe les 200 000 abonnĂ©s et atteint un chiffre d'affaires de plus de 20 millions d'euros et un rĂ©sultat courant avant impĂŽt de 6,4 millions d'euros[149]. En 2022, le bĂ©nĂ©fice est de 2,6 millions d’euros[105].

Dans la fiction

  • Mediapart apparaĂźt dans la sĂ©rie tĂ©lĂ©visĂ©e Baron noir (2016) et joue un rĂŽle dĂ©cisif dans l'Ă©volution de l'intrigue. Dans cette fiction, la rĂ©daction du site Internet a obtenu des informations extrĂȘmement compromettantes (financement illĂ©gal de la campagne Ă©lectorale prĂ©sidentielle) pour la prĂ©sidence de la RĂ©publique française fictif Francis Laugier (Niels Arestrup) et le protagoniste principal Philippe Rickwaert (Kad Merad). Mediapart envoie une lettre au PrĂ©sident Laugier, lui donnant 48 heures, avant publication, pour apporter explications et prĂ©cisions Ă  intĂ©grer dans l'article. Finalement, les rĂ©vĂ©lations de Mediapart entraĂźnent la dĂ©mission de Laugier et l'arrestation de Philippe Rickwaert.
  • Dans la sĂ©rie tĂ©lĂ©visĂ©e Les Hommes de l'ombre, le site Internet Mediamag, au sein duquel travaille Apolline Vremler (ValĂ©rie Karsenti dans la saison 1, puis Emmanuelle Bach dans les saisons 2 et 3), l'ex-femme du personnage principal Simon Kapita (Bruno Wolkowitch), est un pastiche de Mediapart.
  • Dans le livre de Karim Amellal, Bleu Blanc Noir (2016), Mediapart est mentionnĂ© sous le nom de « MĂ©diaNet », un des seuls journaux Ă  s'Ă©mouvoir de la politique anti-terroriste menĂ©e par Mireille le Faecq, la nouvelle prĂ©sidente de la RĂ©publique.
  • Dans le film BoĂźte noire, Caroline Delmas est une journaliste de Mediapart.

Notes et références

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Annexes

Articles connexes

Bibliographie

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  • Edwy Plenel, Combat pour une presse libre. Le Manifeste de Mediapart, Ă©ditions Galaade, 2012, 54 pages
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Liens externes

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