Marine Turchi
Marine Turchi est une journaliste française née en 1982.
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Sciences Po Lille (jusqu'en ) École supérieure de journalisme de Lille (jusqu'en ) |
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Membre de Mediapart depuis sa création, ses sujets de prédilection sont le Front national et les violences sexuelles.
Biographie
Études
Marine Turchi avance une passion pour la politique depuis son enfance, doublée d'une recherche de la vérité [1]. Diplômée de Sciences-Po Lille en 2005, Marine Turchi écrit ses premiers articles pour La Dépêche du Midi, avant d’intégrer l’École supérieure de journalisme de Lille (ESJ).
Elle en ressort en 2007, spécialisée en presse écrite et multimédia. Passionnée par la politique, elle réalise différentes enquêtes dans le Nord et suit, en stage au service France du Monde la campagne électorale de Jean-Marie Le Pen. Elle passe également par le service société du Nouvel Observateur[2].
Elle remporte en 2007 le prix Charles-Gide des étudiants en journalisme, qui récompense le meilleur reportage d’économie sociale et solidaire. Elle reçoit également le prix Bayard des jeunes journalistes 2007 pour son article « Apprendre le b.a.-ba sur le Web » pour La Croix[3].
Elle rejoint ensuite pendant sept mois la rédaction du magazine Télé 2 semaines, grâce à sa sélection à l’Académie Prisma Presse.
Carrière journalistique
Fraîchement diplômée, Marine Turchi intègre l’équipe de Mediapart à sa création en 2008. Elle est alors la plus jeune journaliste de la rédaction[1].
Suivi de l'extrĂŞme droite (2008-2017)
Pendant neuf ans, elle s’intéresse au Front national, à la droite et aux porosités qui existent entre les deux[4] - [5] - [6]. Selon Marie Claire, elle devient rapidement la « bête noire du FN, et notamment des anciens du GUD »[1]. Durant cette période, elle se voit interdite d’entrée à des événements officiels du parti d'extrême droite ouverts à la presse[7] et refuser toute interview de cadres du parti[8]. En 2017, interrogée par David Dufresne, Marine Turchi explique que « la jeune génération du FN est beaucoup plus intolérante avec les journalistes qu’une partie de la vieille génération ». Et ajoute : « Mediapart a été blacklisté par le FN, et les portes se sont refermées. Plus d’accès, plus d’interviews, plus de déclarations ‟on”. Il a fallu trouver un autre moyen de couvrir ce parti, ses militants, ses électeurs. En un sens, cette interdiction m’a poussée à un traitement plus enquêté sur ce parti »[8]. Questionnée sur le traitement médiatique du mouvement, elle déclare : « Le Front national a toujours suscité, dans un sens comme dans l'autre, des réactions exacerbées, passionnées. Donc le moyen le plus adéquat de le traiter est de rester sur le terrain des faits : décryptage des programmes, bilans de ses villes, votes de ses élus, enquêtes sur ses finances. Des faits, des faits, des faits. »[9]
En janvier 2015, elle est menacée de mort « par un groupe de quatre à cinq personnes, parmi lesquelles Axel Loustau », un proche de Marine Le Pen[10]. Olivier Duguet, trésorier d’un microparti de soutien à Marine Le Pen nommé Jeanne lui dit : « Je vais te tuer ! Je vais te retrouver ! Je vais t'attendre en bas de chez toi ! »[11]. Interrogée sur cet incident lors d'une conférence de presse, la présidente du FN a déclaré : « Si Marine Turchi a quelque chose à reprocher à ces gens, elle peut porter plainte », ajoutant qu'elle continuait de ne pas vouloir « répondre à Mediapart »[11]. Marine Turchi raconte qu'à chaque scoop sur le Rassemblement national, elle a subi des coups de pression. « Des centaines de coups de fils malveillants, des textos d'insultes, son domicile est localisé » », décrit Marie Claire[1].
Poursuivi en diffamation pour un article que Marine Turchi a Ă©crit, Mediapart gagne en appel contre Axel Loustau en juin 2018[12].
Selon Mediapart, Marine Turchi « a subi de la part de [l'extrême-droite] un véritable harcèlement judiciaire, reçu un nombre incalculable d’insultes et de menaces (notamment par SMS sur son propre téléphone), et a été physiquement intimidée à plusieurs reprises »[13].
EnquĂŞtes sur les violences sexuelles (2017-)
En 2015, elle participe à l'ouvrage collectif Informer n'est pas un délit.
Elle travaille Ă©galement sur les violences sexuelles, en particulier sur les affaires Tariq Ramadan et Luc Besson[14] - [15] - [16].
Elle rejoint en 2017 le service EnquĂŞte du journal[1] et travaille sur les violences sexuelles et sexistes en binome avec LĂ©naig Bredoux[17].
Marine Turchi intervient entre 2008 et 2014 à l’ESJ de Lille et au Centre de formation et de perfectionnement des journalistes (CFPJ) de Paris[18].
En 2018, elle renonce à publier une enquête sur des violences sexuelles et Claude Lanzmann après la mort du cinéaste[1]. Elle fait partie des candidatures retenues pour le 82e prix Albert-Londres, pour son travail sur les violences sexuelles[19].
Marine est au courant de tout…
Elle publie en 2017 son premier livre avec Mathias Destal, Marine est au courant de tout…, où elle lève le voile sur l’argent secret, les financements et les hommes de l'ombre du Front national. Dans cet ouvrage de 400 pages, les deux journalistes essaient de comprendre pourquoi Marine Le Pen conserve dans son premier cercle et dans son organisation financière les radicaux du parti alors qu’elle a évincé son père[20]. Pour Marine Turchi, l’enquête qu’elle a conduite avec Mathias Destal s'est déroulée dans un « climat général vraiment hostile »[21]. L'hebdomadaire Marianne estime que ce livre est « une magistrale étude de mœurs qui explore, tout à la fois, les ressorts historiques, économiques et psychologiques du clan frontiste »[22]. Pour Libération, « l’un des mérites de l’ouvrage est de retracer en détail la prise en main du trésor frontiste par un groupe de proches de Marine Le Pen »[23]. Dans un entretien à France Culture, Marine Turchi explique que « L'argent est au coeur de l’histoire du Front national et de ses brouilles familiales et politiques »[24].
Affaire Adèle Haenel
Dans une longue enquête publiée le 3 novembre 2019 sur Mediapart[25], Marine Turchi révèle l’« emprise » qu'a exercée le réalisateur Christophe Ruggia sur la comédienne Adèle Haenel entre 2001 et 2004, pendant et après le tournage du film Les Diables. Celle-ci accuse le réalisateur d'« attouchements » et de « harcèlement sexuel » alors qu'elle était âgée de 12 à 15 ans[26]. Outre les propos d'Adèle Haenel, l'enquête s'appuie sur une trentaine de témoignages et deux lettres signées par le réalisateur à l’attention de la jeune actrice, datant de juillet 2006 et juillet 2007, dans lesquelles il évoque son « amour pour [elle] » et déplore de devoir « continuer à vivre avec cette blessure et ce manque »[27].
Publications
- ouvrage collectif sous la direction de Fabrice Arfi et de Paul Moreira, Informer n'est pas un délit : Ensemble contre les nouvelles censures, Calmann-Lévy, 2015
- Mathias Destal et Marine Turchi, Marine est au courant de tout…, Flammarion, , 411 p.
- Marine Turchi, Faute de preuves, Ă©ditions du Seuil, , 416 p. (ISBN 9782021483567)
Filmographie
- Envoyé spécial. Front national : les hommes de l’ombre - (France 2)[28]
Notes et références
- Françoise-Marie Santucci, « Marine Turchi, celle qui a changé la vie d'Adèle Haenel », sur marieclaire.fr,
- « Marine Turchi | MediaPart », sur presite.mediapart.fr (consulté le ).
- « Apprendre le b.a.-ba sur le Web », La Croix,‎ (ISSN 0242-6056, lire en ligne, consulté le ).
- StreetPress, « Les magouilles du FN pour les nuls », sur StreetPress (consulté le ).
- « François de Rugy : "Ce ne sont pas nos révélations qui ruinent la République, mais les pratiques qu’elles dévoilent", réagit Marine Turchi, journaliste à Mediapart », sur Franceinfo, (consulté le ).
- « Le FN exclut une journaliste de son université d'été », sur LExpress.fr, (consulté le ).
- franceinfo, « Le Rassemblement national qui boycotte un journaliste ? Tout sauf une première », sur francetvinfo.fr,
- David Dufresne, « "La jeune génération du FN est beaucoup plus intolérante avec les journalistes qu’une partie de la vieille génération" », sur davduf.net,
- Vincent Manilève, « La difficile mission des journalistes politiques face au traitement médiatique du Front national », sur slate.fr,
- « Un proche de Marine Le Pen menace de mort une journaliste de Mediapart », sur lemonde.fr,
- « Une journaliste menacée de mort par un proche de Marine Le Pen », sur liberation.fr,
- « Poursuivi pour diffamation, «Mediapart» gagne en appel contre le FN Axel Loustau », sur liberation.fr,
- Mathilde Goanec, David Perrotin, « Couvrir l’extrême droite, affronter la violence politique », sur Mediapart (consulté le )
- « Marine Turchi au Bondy Blog : "Le Front national a un rapport vraiment singulier, difficile, immature avec les journalistes" », sur Bondy Blog, (consulté le ).
- La Rédaction De Mediapart, « Notre dossier: l’affaire Tariq Ramadan », sur Mediapart (consulté le ).
- La Rédaction De Mediapart, « L’affaire Luc Besson », sur Mediapart (consulté le ).
- Emmanuelle Walter, « Une journaliste, une idée fixe #1 : Marine Turchi et les violences sexuelles », sur arretsurimages.net,
- Déclaration d'intérêts de Marine Turchi sur Mediapart.fr.
- « Le 82e Prix Albert Londres sera remis en novembre à Paris », sur tv5monde,
- « Marine Turchi et Mathias Destal : "Marine Le Pen est au courant de certaines ficelles" », sur www.franceinter.fr (consulté le ).
- Mathieu Molard, Maxime Reynié, « Les magouilles du FN pour les nuls », sur streetpress.com,
- Arnaud Bouillin, « Révélations sur l'obsession de Marine Le Pen et du Front national pour l'argent », sur marianne.net,
- Dominique Albertini, « « Marine est au courant de tout », tristes chroniques de l'argent frontiste », sur Libération, (consulté le )
- Anne Fauquembergue, « "L'argent est au cœur de l’histoire du Front national et de ses brouilles familiales et politiques" », sur franceculture.fr,
- Marine Turchi, « #MeToo dans le cinéma : l’actrice Adèle Haenel brise un nouveau tabou » , sur Mediapart, (consulté le )
- Par Ronan TésorièreLe 3 novembre 2019 à 21h57 et Modifié Le 4 Novembre 2019 À 12h24, « L’actrice Adèle Haenel accuse un réalisateur «d’attouchements» alors qu’elle était mineure », sur leparisien.fr, (consulté le )
- Diane Sprimont, « Adèle Haenel : "Les monstres ça n'existe pas. C'est notre société. C'est nous, nos amis, nos pères." », sur www.franceinter.fr, (consulté le )
- « VIDEO. "Envoyé spécial". Front national : les hommes de l'ombre », sur Franceinfo, (consulté le ).