Christophe Ruggia
Christophe Ruggia, né le à Rueil-Malmaison, est un réalisateur, scénariste et producteur français.
Naissance |
Rueil-Malmaison |
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Nationalité | Française |
Profession | Réalisateur, scénariste, producteur |
Biographie
Christophe Ruggia est diplômé du Conservatoire libre du cinéma français et lauréat de la Fondation de la vocation 1993 (Cinéma)[1].
Il conçoit et réalise, en 1991, la campagne de lutte contre le SIDA aux Antilles intitulée Sovè l’anmou (2 × 45 secondes et 2 × 1 min). Après L’Enfance égarée (1993), court-métrage sorti en salle dans le programme Quatre légendes urbaines, il signe Le Gone du Chaâba (1997), un premier long-métrage qu’il accompagne lors de sa sortie en France et dans de nombreux festivals.
Il réalise ensuite deux autres longs métrages, Les Diables (2002) et Dans la tourmente (2011).
Il se fait connaître pour ses nombreux engagements militants[2] - [3] et, selon Libération, il est plusieurs fois coprésident ou vice-président entre 2003 et de la Société des réalisateurs de films (SRF)[3]. Il a été coprésident pour 2014-2015[4].
Prises de position
En 2003, selon Libération, « il joue un rôle prépondérant dans la coordination de lutte » des intermittents du spectacle[3] - [5].
En 2005, peu avant la condamnation du réalisateur Jean-Claude Brisseau pour harcèlement sexuel, il fait partie des signataires d’une pétition de soutien à ce dernier lancée par Les Inrockuptibles. Cette pétition dénonce « la manière dont certains médias ont rendu compte du procès qui lui est fait »[6].
En 2015, il lance avec d'autres cinéastes, « L'appel de Calais », qui dénonce un désengagement de l'état par rapport au problème de la jungle de Calais, où des milliers de migrants vivent dans des conditions misérables[7] - [2].
Il est à l'initiative d'un mouvement de soutien en France au cinéaste ukrainien Oleg Sentsov, un opposant à l'annexion de la Crimée, qui a été condamné par la Russie en 2015 à vingt ans de prison pour « actes de terrorisme » et « trafic d’armes » lors d’un procès jugé « stalinien » par Amnesty international. Alors que le cinéaste ukrainien ne s'alimente plus depuis trois mois, Christophe Ruggia lance en avec un collectif de cinéastes une grève de la faim tournante qu'il organise devant l'ambassade russe à Paris[8] - [9] - [10].
Dans les années 2010, il signe de très nombreuses tribunes et pétitions, défendant notamment les travailleurs sans papiers, les lycéens engagés contre les violences policières, Cédric Herrou — connu pour son aide aux migrants —, les droits de l’homme en Syrie…[2] - [3]
Enquête préliminaire pour agressions sexuelles et harcèlement sexuel
Le paraît un article de Mediapart dans lequel l'actrice Adèle Haenel accuse Christophe Ruggia d'« attouchements » et de « harcèlement sexuel », alors qu'elle avait entre douze et quinze ans[11] - [12] - [13], accusations qu'il réfute par l’intermédiaire de ses avocats puis dans un droit de réponse publié sur Mediapart[note 1]. Il lui demande cependant pardon, déclarant que son « adulation » pour elle a pu être pour cette dernière « pénible à certains moments »[note 2] et dénonce un « pilori médiatique »[note 3]. La Société des réalisateurs de films (SRF) lance une procédure de radiation à son encontre[17].
La réalisatrice Mona Achache, ex-compagne de Christophe Ruggia, a témoigné pour l'enquête de Mediapart : « Il m'avait confié avoir des sentiments amoureux pour Adèle lors de la tournée promotionnelle des Diables. » Elle affirme qu'il lui a parlé d'une scène précise avec contact physique[note 4], et qu'elle l'a ensuite quitté[18] - [19]. Dans une interview pour la « contre-enquête » de Marianne, Christophe Ruggia affirme que la rupture entre lui et Mona Achache a eu lieu après que cette dernière a rencontré un autre homme sur un tournage et que c'est lui qui a quitté l'appartement où ils vivaient ensemble. Il ajoute avoir confié à sa compagne, au début de leur relation, sa « fascination » pour Adèle Haenel, mais, selon lui, « le reste n'est que pure invention[20] - [note 5]. »
Une enquête préliminaire, ouverte par le parquet de Paris pour des chefs d’« agressions sexuelles » sur mineure de moins de 15 ans « par personne ayant autorité » et de « harcèlement sexuel », a été confiée à l'Office central de la répression de la violence faite aux personnes[21]. À la suite de cela, l'actrice dépose plainte contre le réalisateur[22], qui est mis en examen le pour « agressions sexuelles sur mineur de 15 ans par personne ayant autorité sur la victime »[23] - [24].
Filmographie (réalisateur)
- 1992 : Sové l'anmou, court métrage
- 1993 : L'Enfance égarée, court métrage[note 6]
- 1997 : Le Gone du Chaâba
- 2002 : Les Diables
- 2011 : Dans la tourmente
Notes et références
Notes
- Dans ce droit de réponse publié le 6 novembre 2019, il écrit : « Je n’ai jamais eu à son égard, je le redis, les gestes physiques et le comportement de harcèlement sexuel dont elle m’accuse, mais j’ai commis l’erreur de jouer les pygmalions avec les malentendus et les entraves qu’une telle posture suscite. Emprise du metteur en scène à l’égard de l’actrice qu’il avait dirigé et avec laquelle il rêvait de tourner à nouveau[14]. »
- Dans ce droit de réponse, il écrit : « À l’époque, je n’avais pas vu que mon adulation et les espoirs que je plaçais en elle avaient pu lui apparaître, compte tenu de son jeune âge, comme pénibles à certains moments. Si c’est le cas et si elle le peut je lui demande de me pardonner[15]. »
- « J’ai bien conscience du peu de poids que mes propos vont avoir. Votre journaliste a mené une enquête et même si aucune des personnes entendues n’a fait état du moindre geste déplacé de ma part, l’étroitesse de la relation que j’entretenais avec cette adolescente suffit à m’accabler. Mon exclusion sociale est en cours, et je ne peux rien faire pour y échapper[16]. »
- Christophe Ruggia aurait remonté « sa main du ventre d’Adèle à sa poitrine, sous le tee-shirt », alors qu'ils regardaient ensemble un film et qu'Adèle était allongée avec la tête sur ses genoux à lui. Ruggia, voyant la peur dans les yeux d'Adèle, et prenant peur lui-même, aurait alors retiré sa main. Mona Achache a « gardé le silence » car il lui « semblait injuste de parler à la place d’Adèle Haenel[18]. »
- Selon cette « contre-enquête », Mona Achache est toujours amie avec Laetitia Cangioni. Cette dernière a dû quitter le tournage des Diables en 2001 en raison d'un « burn-out » et elle est présentée par Marianne comme étant l'une des quatre personnes qui, lors de l'enquête de Médiapart, ont affirmé « avoir ressenti quelque chose d'anormal » dans la relation entre Ruggia et Haenel pendant ce tournage.
- Court métrage de 25 minutes qui a inspiré, 9 ans plus tard, le long métrage Les Diables
Références
- « Fondation Marcel Bleustein-Blanchet pour la Vocation », sur fondationvocation.org (consulté le )
- Erwana Le Guen, « Affaire Adèle Haenel: Christophe Ruggia, réalisateur militant et peu prolifique », sur Le Figaro.fr, (consulté le )
- Sandra Onana, « Christophe Ruggia, mis en causes », sur Libération.fr, (consulté le )
- Site de l'AFC, 28 juin 2014
- Cyril Simon, « Qui est Christophe Ruggia, le cinéaste accusé d’attouchements par l’actrice Adèle Haenel ? », sur leparisien.fr, (consulté le )
- Lénaïg Bredoux, « Noémie Kocher, victime de Brisseau: «On a tellement été niées» », sur Mediapart, (consulté le ).
- « « Appel de Calais » : quatre cinéastes parmi les « 800 », en éclaireurs », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le )
- « Des cinéastes jeûnent pour faire libérer Oleg Sentsov », sur Télérama.fr, (consulté le )
- « "Oleg Sentsov devient une figure dissidente du XXIe siècle" : des intellectuels français se lancent à leur tour dans une grève de la faim tournante », sur Franceinfo, (consulté le )
- « Christophe Ruggia : « Oleg Sentsov a son corps pour seule arme » », sur Politis.fr, (consulté le )
- « L'actrice Adèle Haenel accuse le réalisateur Christophe Ruggia d’"attouchements" et de "harcèlement sexuel" », sur France info, (consulté le ).
- Marine Turchi, « #MeToo dans le cinéma : l’actrice Adèle Haenel brise un nouveau tabou », sur Mediapart (consulté le ).
- « Violences sexuelles : Adèle Haenel veut que "les bourreaux se regardent en face" », sur Mediapart (consulté le ).
- « Accusations d'Adèle Haenel : "Je n’ai jamais eu à son égard les gestes physiques dont elle m’accuse", se défend le réalisateur Christophe Ruggia », sur Franceinfo, (consulté le ).
- « Harcèlement sexuel : Christophe Ruggia réagit aux accusations d'Adèle Haenel », sur Les Inrocks, (consulté le ).
- « Une enquête judiciaire pour "agressions sexuelles" ouverte après le témoignage d’Adèle Haenel », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le ).
- « Accusations d'Adèle Haenel : le réalisateur Christophe Ruggia n'a pas été radié de la SRF », sur LExpress.fr, (consulté le ).
- Daniel Sprimont, « Adèle Haenel : "Les monstres ça n'existe pas. C'est notre société. C'est nous, nos amis, nos pères." », sur France Inter.fr, (consulté le ).
- Adèle Haenel, interview par Marine Turchi, Adèle Haenel explique pourquoi elle sort du silence, Youtube, (consulté le )..
- « Adèle Haenel, la contre-enquête », sur Marianne, (consulté le ).
- « Allégations de harcèlement : Christophe Ruggia fait l’objet d’une enquête », sur lapresse.ca, .
- « Adèle Haenel porte plainte contre le réalisateur Christophe Ruggia », sur lemonde.fr, (consulté le ).
- « Agression sexuelle : Christophe Ruggia, accusé par Adèle Haenel, placé en garde à vue », sur leparisien.fr, (consulté le ).
- « Accusé par Adèle Haenel, Christophe Ruggia est mis en examen pour "agressions sexuelles sur mineur de 15 ans" », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le ).
Liens externes
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