Droit de réponse
Le droit de réponse permet à toute personne, physique ou morale, nommée dans un média de faire publier sa version des faits.
Droit constitutionnel
Brésil
Le droit de réponse (individuel et collectif) est inscrit dans la Constitution brésilienne (direito de resposta) [1].
LĂ©gislation
Québec
Le droit de réponse n'a aucun statut constitutionnel au Québec et au Canada car il n'est pas prévu dans les Chartes des droits. Cependant, des lois statutaires provinciales peuvent néanmoins reconnaßtre ce droit. La Loi sur la presse du Québec prévoit à son article 7 qu'un journal est obligé de publier à ses frais une réponse qu'une partie qui se croit lésée lui fait tenir[2]. L'article 8 de cette loi dispose que si le journal publie une rétractation et respecte le droit de réponse, il n'y aura plus lieu à poursuite[2].
Conseil de l'Europe
En 1974, le Comité des Ministres du Conseil de l'Europe a voté une résolution qui garantit le droit de réponse à toute personne [3].
Ătats-Unis
Aux Ătats-Unis, en 1969, la FCC (Federal Communications Commission) a Ă©tabli une politique sur le droit de rĂ©ponse aprĂšs lâaffaire Red Lion Broadcasting Co. v. FCC[4]. La politique a ensuite Ă©tĂ© abandonnĂ©e en 1987.
France
Ce droit existe en France, en fonction des médias, depuis la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse, prévu à l'article 13[5], depuis la loi de 1974 sur la communication audiovisuelle, via l'article 6 de sa version remaniée en 1982, et depuis la loi pour la confiance dans l'économie numérique et ses décrets d'application de 2007.
La rĂ©ponse doit ĂȘtre demandĂ©e dans les trois mois Ă compter de la publication de l'article ou de la diffusion. Le mĂ©dia a trois jours pour la publier ou la diffuser, dĂ©lai rĂ©duit Ă 24 heures en pĂ©riode de campagne Ă©lectorale. Il doit la prĂ©senter dans le mĂȘme corps typographique. La diffamation en droit français est plus facile Ă invoquer lorsque le droit de rĂ©ponse est refusĂ©.
Le droit de rĂ©ponse n'est pas conditionnĂ© Ă la mise en cause de l'honneur d'une personne et Ă la rectification de l'erreur matĂ©rielle. Son objectif traditionnel est de permettre une information la plus complĂšte du public. La Cour de cassation a longtemps dĂ©fini ce droit comme « gĂ©nĂ©ral et absolu, celui qui en use Ă©tant seul juge de la teneur, de l'Ă©tendue, de l'utilitĂ© et de la forme de la rĂ©ponse »[6]. DĂšs lors, tout droit de rĂ©ponse, soumis dans les formes, devait ĂȘtre acceptĂ©, sauf s'il Ă©tait contraire aux lois, Ă l'ordre public, aux bonnes mĆurs, Ă l'intĂ©rĂȘt lĂ©gitime des tiers, ou Ă l'honneur du journaliste[6]. Par ailleurs, le droit de rĂ©ponse doit ĂȘtre publiĂ© dans son intĂ©gralitĂ©.
Néanmoins, pour éviter l'opportunisme de personnes, morales ou physiques, qui demanderaient systématiquement des droits de réponse pour publier des tribunes, la jurisprudence a évolué au milieu des années 1990[6] et tend désormais à encadrer ce droit, entre autres en s'appuyant sur la théorie de l'abus de droit[6] et au visa de l'article 10 de la Convention européenne des droits de l'homme concernant la liberté de la presse. En 1994, la Cour d'appel de Paris a ainsi admis le droit de refuser un droit de réponse, qui ne constituait pas, selon la Cour, une « rectification » d'une erreur, mais un « commentaire critique » d'une décision de justice[6].
Avec l'apparition de nouveaux médias, le droit de réponse a été étendu et connaßt alors des limites spécifiques :
- Dans l'audiovisuel français, il ne peut ĂȘtre exercĂ© que s'il y a eu atteinte Ă l'honneur ou Ă la rĂ©putation,
- Sur l'internet français, oĂč il n'y a pas de raretĂ© de place, aprĂšs bien des discussions, la Loi pour la confiance dans l'Ă©conomie numĂ©rique fait partir le dĂ©lai de trois mois du jour oĂč l'article concernĂ© a Ă©tĂ© publiĂ©, et non du jour oĂč il a Ă©tĂ© retirĂ©. Le dĂ©cret d'application du (no 2007-1527)[7] dĂ©clare que la procĂ©dure « ne peut ĂȘtre engagĂ©e lorsque les utilisateurs sont en mesure, du fait de la nature du service de communication au public en ligne, de formuler directement les observations qu'appelle de leur part un message qui les met en cause ».
Il existe des droits similaires dans d'autres pays d'Europe, mais il est loin d'ĂȘtre uniformisĂ©[8].
Nations unies
En 1949, les Nations unies ont reconnu le « droit international de correction » avec la « Convention sur le droit international de correction », entrĂ©e en vigueur le 24 aoĂ»t 1962, afin de lutter contre les informations pouvant portant atteinte Ă lâharmonie entre les nations [9].
Références
- PresidĂȘncia da RepĂșblica, CONSTITUIĂĂO DA REPĂBLICA FEDERATIVA DO BRASIL DE 1988, gov.br, (article 5, V), BrĂ©sil, consultĂ© le 27 aoĂ»t 2021
- Loi sur la presse, RLRQ c P-19, art 7, <https://canlii.ca/t/19jv#art7>, consulté le 2022-05-14
- « Resolution of the Committee of Ministers on the Right of Reply » [PDF],
- Audrey Perry, The First Amendment Encyclopedia - Right to Respond and Right of Reply, mtsu.edu, USA, 2009/2017
- Dont l'alinĂ©a premier prĂ©voit Ă ce jour que : « Le directeur de la publication sera tenu d'insĂ©rer dans les trois jours de leur rĂ©ception, les rĂ©ponses de toute personne nommĂ©e ou dĂ©signĂ©e dans le journal ou Ă©crit pĂ©riodique quotidien sous peine de 3 750 euros d'amende sans prĂ©judice des autres peines et dommages-intĂ©rĂȘts auxquels l'article pourrait donner lieu. »
- Ch. Bigot, «L'exercice du droit de rĂ©ponse ne saurait dĂ©gĂ©nĂ©rer en une tribune libre Ă laquelle les organes de presse ne pourraient se soustraire» â Christophe Bigot â D. 1995, p. 271.
- Décret no 2007-1527 du relatif au droit de réponse applicable aux services de communication au public en ligne et pris pour l'application du IV de l'article 6 de la loi no 2004-575 du pour la confiance dans l'économie numérique
- Emmanuel Derieux, « Le droit de rĂ©ponse doit ĂȘtre transposĂ© Ă l'internet », sur transfert.net.
- Edward H. Lawson, Mary Lou Bertucci, Encyclopedia of Human Rights, Taylor & Francis, Abingdon-on-Thames, 1996, p. 537