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Presse Ă©crite

La presse écrite est l'ensemble des moyens imprimés de diffusion de l’information écrite, ce qui englobe notamment les journaux quotidiens, les publications périodiques et les organismes professionnels liés à la diffusion de l'information.

Histoire de la presse

Des origines lointaines

Page titre de Relation... publié à partir de 1609 à Strasbourg, reconnu comme étant le premier hebdomadaire paru au monde

La presse écrite est d'abord apparue sous différentes formes : les nouvelles qui étaient manuscrites, les occasionnels dès le XVe siècle[1], les libelles, les placards, les almanachs. Souvent, il s'agissait de simples feuilles volantes. Cette presse plus ou moins clandestine était vendue en librairie et par colportage. Dès la Renaissance et aux XVIIe et XVIIIe siècles, une partie de l'information écrite se faisait par voie manuscrite, plus particulièrement dans le domaine de la presse clandestine, mais non exclusivement. Ces ateliers de copistes, dont l'exemple parisien le plus célèbre reste la paroisse Doublet, produisaient des journaux que l'on nommait « nouvelles à la main ».

Le premier périodique imprimé au monde, un hebdomadaire de quatre pages, titré Relation (titre complet : Relation aller Fürnemmen und gedenckwürdigen Historien), fut lancé à Strasbourg en décembre 1605 par Johann Carolus[2].

Un lent développement

Les évolutions techniques (l'invention de l'imprimerie date des années 1450) et la Révolution française ne permirent pas un réel développement de la presse en raison des mesures politiques qui furent prises pour en bloquer sa liberté. Il faudra attendre le milieu du XIXe siècle, la révolution industrielle et les mesures favorisant l'instruction pour que ce développement soit effectif.

L'âge d'or de la presse écrite (1858-1950)

La presse écrite a connu une véritable explosion comme vecteur d'information à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle. Elle occupa une position de monopole de fait, avant que la radio et la télévision ne s'imposent, à leur tour, sur le marché des médias. En France, la loi sur la liberté de la presse est promulguée le .

Le recul actuel de la presse Ă©crite

La presse écrite tend à reculer à la fin du XXe siècle et au début du XXIe siècle, malgré le lancement de nouvelles formes (la presse gratuite, les magazines destinés à des segments de population ciblés) face à la fois à d'autres médias de masse, mais aussi aux médias citoyens. Selon l'OJD, organisme de référence sur la diffusion de la presse, la diffusion des quotidiens et des magazines a perdu 2 % en 2003. Sur dix ans, la diminution est de 8 %. Mais cela cache des disparités profondes : la presse magazine progresse lentement tandis que la presse masculine, ou celle liée au spectacle, concurrencée par le Web, perd des lecteurs.

Pour le contexte nord amĂ©ricain, une Ă©tude de 2006 du chercheur Robert G. Picard a Ă©tabli : « La diffusion des quotidiens Ă©tait de 53,829 millions d’exemplaires vendus chaque jour en 1950, contre 54,626 millions en 2004, alors que la population totale a augmentĂ© de 131,2 millions dans la mĂŞme pĂ©riode ! On est ainsi passĂ© de 353 exemplaires vendus pour 1 000 habitants Ă  183 pour 1 000 Ă  peine, soit une chute de 48,1 %[3]. ». Les difficultĂ©s touchent l'ensemble de la presse, mĂŞme la presse rĂ©gionale ou la presse gratuite, qui avaient un temps pu faire penser qu'elles s'en sortiraient un peu mieux que la presse nationale[4].

En 2018, dans le 32e baromètre de la confiance des Français dans les médias réalisé pour La Croix, seul 6 % des personnes interrogées indiquent la presse écrite comme principale source d'information[5].

Typologie de la presse

La presse écrite regroupe différentes catégories de publications qui peuvent être classées en fonction :

  • de leur rythme de parution (quotidiens, hebdomadaires, mensuels, bimestriels, etc.),
  • de leur contenu (presse spĂ©cialisĂ©e et presse gĂ©nĂ©raliste)
  • ou encore selon leur nature par famille de presse (information, divertissement, publications scientifiques, etc.).

On distingue la presse quotidienne (les quotidiens) et assimilée (comme les hebdomadaires)[6], imprimée sur papier souvent bon marché, de la presse magazine (publications périodiques), plus luxueuse et plus illustrée. Cette dernière a connu une grande diversification qui lui permet d'être plus ciblée, de favoriser la fidélisation de ses lecteurs et de mieux résister à la concurrence des autres médias (dont les médias électroniques).

Presse quotidienne

Kiosque Ă  journaux Ă  Salta (Argentine), en 2009.

Parmi les quotidiens, il convient de distinguer :

Presse périodique

Pour les magazines, plusieurs distinctions s'imposent. La première est celle de la périodicité : leur parution est hebdomadaire (chaque semaine), bimensuelle (deux fois par mois), mensuelle (chaque mois), trimestrielle (chaque trimestre), etc.

Les magazines, dont le traitement de l'actualité est moins pressant que pour les quotidiens, peuvent consacrer davantage de place à des sujets d'enquête (journalisme d'enquête), à des dossiers sur un thème, à des chroniques spécialisées ou à des billets d'humeur. Certains titres sont nettement ciblés pour s'adresser à un public particulier. C'est le cas des magazines féminins, des magazines consacrés à la télévision, à la mode, aux vedettes « people », au sport, à la décoration, à la photographie, au cinéma, à la chasse, au nautisme, aux spectacles, aux voyages, voire aux ordinateurs, aux échecs, au sudoku, etc. Il existe également des mensuels (régionaux, comme le Ravi en PACA, Carnets comtois en Franche-Comté, ou Racines, spécifiquement destinés aux « seniors » de Vendée), ou des hebdomadaires (plus généralement sur un département, comme le Patriote, dans les Alpes-Maritimes, ou La Tribune, en Drôme Ardèche), qui s'intéressent plus spécifiquement à l'actualité d'un territoire donné.

Certains titres de presse périodiques ont pour vocation de faire rire et de dénoncer : il s'agit de la presse satirique.

D'autres publications s'adressent plus particulièrement Ă  un public professionnel. La presse professionnelle est riche de 1 500 titres dans des domaines très variĂ©s de la presse mĂ©dicale Ă  la presse agricole en passant par le commerce et l'artisanat. On peut citer des titres comme Les ActualitĂ©s juridiques, Le Moniteur des Travaux publics, L'Agriculture drĂ´moise, L'Usine nouvelle, etc.

Les magazines d'information, par leur tirage et leur influence, jouent un grand rĂ´le dans la vie politique et Ă©conomique, comme les hebdomadaires Paris Match, L'Express, Le Point, L'Obs, Marianne, VSD, etc.

Enfin, certains titres, sans contenir d'informations rédactionnelles, sont malgré tout assimilés à de la presse, c'est notamment le cas des journaux de petites annonces comme De particulier à particulier pour l'immobilier, La centrale pour les voitures, Bureaux et Commerces pour les transactions commerciales.

Fonctionnement et Ă©conomie de la presse

Distribution de la presse en France

Les Ă©diteurs disposent de deux moyens de commercialisation pour toucher leurs lecteurs: la vente au numĂ©ro qui est assurĂ©e par un rĂ©seau de plus de 28 000 points de vente de proximitĂ© et l'abonnement, ce dernier pouvant ĂŞtre acheminĂ© par postage ou par portage.

Le système de la vente de la presse au numéro est organisé par la loi du dite « loi Bichet », sur une base coopérative destinée à en assurer la neutralité.

Il existe principalement deux entreprises de messageries, dites de « niveau I » :

  • Presstalis (ex-NMPP) est la sociĂ©tĂ© opĂ©ratrice pour cinq coopĂ©ratives de messageries qui dĂ©tiennent 51 % de son capital, les 49 % restant dĂ©tenus par la sociĂ©tĂ© Hachette, elle-mĂŞme opĂ©ratrice de Presstalis (hĂ©ritière des Messageries Hachette). Presstalis et Transport Presse, qui utilise la mĂŞme infrastructure, sont les seules Ă  distribuer des quotidiens nationaux, activitĂ© qui exige une logistique particulière en raison des contraintes d'urgence qui s'y attachent.
  • les Messageries lyonnaises de presse (MLP) se sont spĂ©cialisĂ©es sur la presse magazine de pĂ©riodicitĂ© mensuelle et trimestrielle et distribuent Ă©galement quelques hebdomadaires.

Ces sociétés servent un réseau de dépositaires (dits de « niveau II ») qui alimentent eux-mêmes les diffuseurs (maisons de la presse, marchands de journaux et kiosques, ou de « niveau III »).

La presse quotidienne régionale et départementale dispose de son propre système de distribution qui, pour l'essentiel, alimente directement le niveau III.

L'ensemble du système de distribution de la presse est placé sous la surveillance du Conseil supérieur des messageries de presse, organisme professionnel créé par la loi Bichet.

L'OJD est l’organisme de référence pour la certification des chiffres de tirage, de diffusion et de distribution de la presse française.

Concurrence, segmentation, Internet

Par rapport à des médias audiovisuels, la presse écrite donne souvent davantage de détails dans les informations, du fait de sa forme écrite elle permet surtout au lecteur de rester actif dans sa recherche d'information donc de lui laisser un certain recul critique sur les évènements.

Comme pour les autres médias, on assiste à un recul de la presse écrite, notamment généraliste, compensé partiellement par un essor des publications spécialisées permettant une segmentation par rapport aux centres d'intérêt de chaque catégorie de lecteur.

Internet, média où cette spécialisation et multiplication des sources sont maximales, est souvent désigné comme un gros concurrent de la presse écrite depuis les années 2000, ou bien comme une chance pour celle-ci. Il s'agit de distinguer, de fait, deux aspects d'Internet :

  • Internet comme fournisseur de contenu alternatif : le contenu diffusĂ© par des acteurs « purement internet », c’est-Ă -dire sans pignon sur rue dans le milieu du journalisme traditionnel, est gĂ©nĂ©ralement considĂ©rĂ© comme peu fiable en raison des risques de canulars (hoax, etc.). Ceci Ă©tant, Internet (par exemple via les blogs ou les sites de collectifs) peut permettre l'Ă©mergence de voix alternatives aux mĂ©dias traditionnels, dont l'Ă©coute peut ĂŞtre particulièrement utile en cas d'emballement mĂ©diatique des autres sources, ou bien de contrĂ´le de la presse Ă©crite par un gouvernement par exemple. Le phĂ©nomène des blogs pose toutefois la question de la lĂ©gitimitĂ© et de la compĂ©tence journalistique de l'auteur auto-dĂ©clarĂ©.
  • Internet comme vecteur de l'information : la transmission d'informations journalistiques reprĂ©sente un des usages les plus rĂ©pandus du rĂ©seau Internet, du moins depuis les annĂ©es 1990. Ce moyen de transmission, quelle que soit l'origine de l'information, prĂ©sente notamment l'avantage d'une prĂ©sence mondiale et d'une plus grande capacitĂ© de rĂ©sistance aux censures. Les acteurs traditionnels de la presse Ă©crite utilisent eux-mĂŞmes Internet pour publier leur contenu (souvent gratuitement) et trouver ainsi de nouveaux lecteurs, susceptibles alors de s'intĂ©resser au contenu en version papier. Cependant, en 2005, la presse Ă©crite ne semble toujours pas avoir trouvĂ© de modèle Ă©conomique efficace pour concilier diffusion par Internet et juste rĂ©munĂ©ration du contenu produit.

Un regain relatif de la presse écrite, depuis quelques années, échappe toutefois à celle dite traditionnelle : il s'agit des journaux gratuits, allant désormais bien au-delà des feuilles gratuites de petites annonces de création déjà anciennes, en se lançant cette fois dans l'information générale. En France, on peut citer Métro et 20 minutes, ainsi que Direct Matin, des gratuits édités par des quotidiens locaux. Cette irruption fait peur aux quotidiens payants, qui perdent là des parts du gâteau publicitaire. Les grands quotidiens tentent de lutter contre ce phénomène, mais leur coût élevé ne leur permet pas de réellement rivaliser à terme. Des tentatives de mise en ligne de la presse en format numérique ont vu le jour en 2007. La société Relay de Lagardère Services (Lagardère SCA), la société LeKiosk, via ses applications mobiles et son site web ou encore le site Monkiosque de la société Toutabo propose aux internautes la possibilité de lire en ligne ou en téléchargement des magazines. De même, la société Info-Presse en partenariat avec Numérikiosque, propose en plus des abonnements classiques, des abonnements numériques, ainsi que des formules papier + numérique pour la presse grand public et professionnelle.

Les recettes de la presse

Si elle s'adresse en priorité aux lecteurs, la presse écrite est également un support pour la publicité qui lui procure une part importante de ses recettes (en France 39 % en 1985 contre plus de 60 % pour les États-Unis, l'Allemagne et la Grande-Bretagne). Les éditeurs sont donc tenus de trouver un juste équilibre dans leurs réponses aux attentes, parfois contradictoires, des lecteurs et des annonceurs. La presse écrite, comme d'autres formes de presse, peut être influencée par ces derniers.

Cadre juridique et quatrième pouvoir

La presse russe reçue par le Premier ministre des Pays-Bas, Mark Rutte, pour évoquer la politique économique bilatérale des deux pays.

Les droits à la libre expression et à l'information sont des droits fondamentaux, auxquels on oppose parfois la mondialisation et la mise en place de groupes de presse internationaux très puissants, capable de nuire à la liberté de la presse et au pluralisme auxquels les démocraties sont attachées en pratiquant le dumping.

En France, la focalisation de la presse sur certains cas d'insécurité durant la campagne électorale de 2002 a été évoquée pour expliquer la percée de l'extrême droite. Dans le domaine de la justice, les affaires de Carpentras et d'Outreau ont été citées comme des exemples où les prises de position de la presse ont influencé autant les pouvoirs exécutifs et judiciaires que l'opinion française.

Dépendance et indépendance de la presse

Ce quatrième pouvoir n'est cependant pas, à la différence de l'exécutif et du législatif, contrôlé sous la base du principe « une personne, une voix » : ce sont en effet davantage les annonceurs (et donc le pouvoir d'achat estimé des lecteurs) qui contribuent à la prospérité d'un journal que ses abonnés.
Dans ses Essais sceptiques, le philosophe et parlementaire britannique Bertrand Russell dénonce la mainmise d'intérêts privés sur les moyens d'information comme menace réelle pour l'avenir des démocraties. Cependant, la technologie d'Internet – inexistante quand il écrivait ces lignes – est décrite par deux de ses grandes figures (Richard Stallman ou Eric Raymond) comme un contre-pouvoir efficace.
Cette dépendance de fait aux annonceurs ou aux propriétaires des titres, entravant l'exercice du métier de journaliste est à l'origine du développement de médias indépendants comme : Le Canard enchaîné, Le Monde diplomatique, Charlie Hebdo, Siné Hebdo, La Décroissance, autrefois aussi Hara-Kiri et l'ancienne ligne de Mad Magazine. Certains comme Mediapart refusent les soutiens à la fois de structures privées et publiques qui constituent également un frein à leur liberté[7].

Les journalistes de presse Ă©crite en France

Tout journaliste professionnel écrivant en presse écrite, électronique ou papier, est couvert par la Convention collective nationale de travail des journalistes et le statut de journaliste professionnel, qui accorde au moins un mois de salaire par année d'ancienneté en cas de licenciement et une clause de cession (démission avec les mêmes indemnités) en cas de changement d'actionnaire, en vertu de la loi Brachard, inspirée du Rapport Brachard de 1935. La loi Cressard a donné en 1974 les mêmes droits aux journalistes pigistes, rémunérés au prorata de la longueur des articles.

Qu'il soit mensualisé ou pigiste, le journaliste est salarié en contrat à durée indéterminée, comme le précise la loi Cressard. Si le journalisme lui apporte la majorité de ses revenus, il a droit à la carte de presse, attribuée, après une année probatoire, par la CCIJP, réunissant des professionnels élus, employeurs et salariés. Quatre autres grandes commissions travaillent à la cogestion de la profession de journaliste, en vertu du paritarisme et de la Convention collective nationale de travail des journalistes:

Concentration et droits d'auteur

Afin de respecter les lecteurs et de permettre un minimum de pluralisme dans la circulation des idées, la loi française fixe des limites aux concentrations dans la presse écrite. Pour éviter que des groupes de presse ne rachètent différents titres et copient les articles de l'un à l'autre, les journalistes font valoir leurs droits d'auteur, en demandant une rémunération dissuasive en cas de seconde utilisation en dehors du titre pour lequel ils travaillent. Cette seconde utilisation doit être cadrée par un accord d'entreprise. Si les négociations tardent à en signer un, la Commission des droits d'auteur des journalistes est chargée d'y inciter.

Effets de la presse sur l'opinion

La presse, de par ses choix éditoriaux, de citations[8] et de contenu[9] présente de nombreux biais informationnels et de genre[10], voulus ou non, évitables ou non. On sait que la presse écrite est parfois au service du pouvoir et une source de propagande, mais parfois aussi un contre-pouvoir, et dans certains domaines elle a aussi joué un grand rôle dans la diffusion de contre-cultures[11].

Depuis longtemps des personnalités du monde politique et financier ou des médias achètent des journaux, investissent dans les technologies de l'information et de la communication (dont on devinait dès la fin du XXe siècle, qu'elles allaient rapidement restructurer le monde des médias, presse écrite y compris, via l'Internet[12]) ou cherchent à les contrôler. La presse est un outil d'information reconnu, mais aussi un support majeur pour la publicité (apparue aux XVIIe et XVIIIe siècles sous forme de placards[13], les annonceurs devenant peu à peu le principal financeur du journal[14]), et la presse écrite a été durant les guerres un important outil de propagande. Elle peut aussi influer sur les jugements judiciaires comme l'a démontré l'affaire Dreyfus et bien d'autres[15] - [16]. Il est cependant difficile de mesurer l'effet réel des articles de presse sur l'opinion des gens ou leur choix dans l'isoloir. Quelques expériences récentes à grande échelle ont cependant montré aux États-Unis que la presse y a un réel pouvoir d'influence.

Effets Ă©lectoraux

Les économistes Alan S. Gerber, Dean Karlan et Daniel Bergan ont organisé une expérience à grande échelle pour étudier l'effet de la presse sur le comportement électoral. Peu avant l'élection du gouverneur de Virginie en 2005, ils ont aléatoirement abonné certaines personnes au Washington Post ou au Washington Times. Ils ont également constitué un groupe de contrôle qui n'a été abonné à aucun journal. Ils ne trouvent pas d'effet sur la connaissance politique ou sur la participation électorale. En revanche, les électeurs abonnés à l'un des deux journaux ont voté plus souvent que les autres pour les démocrates[17].

Effets sur l'opinion

Une étude publiée en 2017 a été préparée durant cinq ans par des sociologues dirigés par Gary King de l'université Harvard avec quarante-huit organisations de presse américaines volontaires. Elle a conclu qu'aux États-Unis les médias — même modestes — influencent significativement le débat public. Quand ils ont expérimentalement publié quelques articles sur des sujets politiquement controversés tels que la qualité de l'eau, le dérèglement climatique, l'origine ethnique, l'immigration. Ils ont effectivement stimulé les conversations publiques sur ces sujets et souvent « considérablement ».

Cette Ă©tude n'a pas simplement analysĂ© l'effet de ce que les mĂ©dias publiaient mais elle a utilisĂ© la mĂ©thode dĂ©veloppĂ©e dans le cadre d'essais cliniques pour Ă©valuer les effets de nouveaux mĂ©dicaments (dont effet placebo). L'expĂ©rience a manipulĂ© le choix des sujets de reportage, et en accord avec les organes de presse participant a assignĂ© une semaine de « publication » de sujets controversĂ©s, et une semaine « contrĂ´le » sans publications sur ces thèmes. Ainsi les chercheurs pouvaient mieux mesurer d'Ă©ventuels effets sur la discussion publique. Et après trente-cinq rĂ©pĂ©titions de l'expĂ©rience, les auteurs ont conclu qu'au vu du contenu et du nombre des tweets Ă©mis dans les cinq jours suivant la publication des articles, l'effet Ă©tait marquant : + 63 % en moyenne dans ces cinq jours, mĂŞme dans de petits points de vente de presse (moins de 200 000 pages vues par mois). Selon les auteurs de l'Ă©tude, la presse amĂ©ricaine semble donc dans une certaine mesure modifier l'opinion ou les croyances de certains de ses lecteurs (2,3 % des lecteurs (hommes, femmes, d'orientations politiques diverses, dans toutes les rĂ©gions du pays) changent d'opinion en allant dans le sens du contenu idĂ©ologique des articles d'opinion). Un commentaire de la revue Science signale que si les chercheurs avaient recrutĂ© de grands mĂ©dias traditionnels, l'effet aurait pu ĂŞtre bien plus important car les articles du New York Times sur des sujets peu abordĂ©s (ex. : effets de l'hydrofracturation et de l'exploitation du gaz de schiste sur la qualitĂ© de l'eau potable, a fait augmenter les tweets gĂ©nĂ©raux Ă©voquant la qualitĂ© de l'eau de 300 % dans la journĂ©e mĂŞme. Le pilote de l'Ă©tude estime les tweets reprĂ©sentatifs, car Ă©manant souvent de personnes souhaitant prendre la parole, dont pour influencer la politique ; il aimerait prolonger l'Ă©tude pour voir si des enquĂŞtes collaboratives (ex. : « Panama Papers » rĂ©compensĂ© par le prix Pulitzer) ont un impact diffĂ©rent sur le dĂ©bat public. L'Ă©conomiste Matthew Gentzkow de l'universitĂ© Stanford, rappelle cependant que seuls 20 % des AmĂ©ricains utilisent Twitter ; selon lui d'autres relais d'opinion pourraient donner des rĂ©sultats diffĂ©rents.

Notes et références

  1. « Histoire de la presse en France » (consulté le )
  2. WAN - La presse : quatre siècles de jeunesse !
  3. Bernard Poulet, La Fin des journaux et l’avenir de l’information, Gallimard, 2009 ( Extraits en ligne). (en) Robert G. Picard, « Journalism, Value Creation and the Future of News Organizations », Joan Shorenstein Center on the Press, Cambridge (Massachusetts), Harvard University, Research Paper R-27, 2006, p. 8. [lire en ligne] [PDF]
  4. Mediastases en PACA, reportage du journal provençal le Ravi, octobre 2012
  5. La-Croix.com, « Baromètre médias, les journalistes sommés de se remettre en question », sur La Croix, (consulté le ).
  6. au sens de l'article 39 bis du Code général des impôts français : Sont assimilées à des quotidiens les publications à diffusion départementale ou régionale consacrées principalement à l'information politique et générale, paraissant au moins une fois par semaine et dont le prix de vente n'excède pas de 75 % celui de la majorité des quotidiens
  7. Normand Baillargeon, « 2.Médias indépendants [au Québec] : D’où venons-nous ? Que sommes-nous ? Où allons-nous ? p. 55-82 (In: Diversité et indépendance des médias, Isabelle Gusse) », sur books.openedition.org, (consulté le ).
  8. Charron J (2006). Journalisme, politique et discours rapporté: évolution des modalités de la citation dans la presse écrite au Québec : 1945-1995. Politique et sociétés, 25(2-3), 147-181.
  9. Rosier, L. (2002). La presse et les modalités du discours rapporté: l'effet d'hyperréalisme du discours direct surmarqué. L'information grammaticale, 94(1), 27-32.
  10. Dubois J (1988). Les femmes et l'information. Étude statistique de la place des femmes dans les médias québécois. Communication. Information Médias Théories, 9(2), 111-122.
  11. ex : Leclerc M.F (2017) De la Beat Generation au beatnik: la massification d’une contreculture souterraine par la presse écrite, 1945-1965
  12. Pélissier N & Augey D (2001, December). De l'influence des NTIC sur les organisations de presse : regards croisés sciences économiques/sciences de l'information et de la communication. In La communication d'entreprise: regards croisés sciences de gestion et sciences de l'information et de la communication, Ve colloque du CRIC, Nice. Actes publiés, p. 158-169..
  13. Lugrin G (2006). Généricité et intertextualité dans le discours publicitaire de presse écrite (Vol. 288). Peter Lang.
  14. Sonnac N (2009). http://www.com.ulaval.ca/fileadmin/contenu/Cahiers_Journalisme/PDF/20/01_SONNAC.pdf L’économie de la presse: vers un nouveau modèle d’affaires]. Les cahiers du journalisme, 20, 22-43.
  15. Lepastourel, N., & Testé, B. (2004). L’influence médiatique sur les jugements judiciaires : rôle du style d’écriture dans la formation des jugements. Psychologie française, 49(4), 373-388
  16. Jarnier, J. L. (2017). L’Affaire Dreyfus et l’imagerie de presse en France (1894-1908) (Doctoral dissertation, Paris-4) | notice/résumé
  17. Gerber, Alan S., Dean Karlan, et Daniel Bergan. 2009. « Does the Media Matter? A Field Experiment Measuring the Effect of Newspapers on Voting Behavior and Political Opinions. » American Economic Journal: Applied Economics, 1(2): 35–52. DOI:10.1257/app.1.2.35.

Voir aussi

Bibliographie

  • Moureau (F.), RĂ©pertoire des nouvelles Ă  la main : dictionnaire de la presse manuscrite clandestine, XVIe – XVIIIe siècles, Oxford, Voltaire Foundation, 1999.
  • Le Guide de la Presse, ouvrage collectif, 1 210 pages, Alphom, 2002.
  • Gunter Volz (coord.), Individu et autoritĂ©s : positions de la Presse des Lumières, CRINI, Nantes, 2004, 353 pages, (ISBN 2-86939-176-5).
  • Chauveau Agnès, Tetard Philippe, Introduction Ă  l'histoire des mĂ©dias en France de 1881 Ă  nos jours, Paris, Armand Colin, 1999

Articles connexes

Généraux

Les Ă©diteurs et le produit

La distribution et la vente de la presse

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