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Histoire du journalisme

L'histoire du journalisme retrace l'évolution des activités journalistiques. Elle concerne l'évolution des méthodes et des outils de collection, de vérification, de recoupement et enfin de publication des informations, ainsi que l'évolution de la représentation de ces activités. Les pratiques journalistiques ont fortement évolué en fonction des technologies de l'information et de la communication, en particulier avec l'invention de l'imprimerie, du téléphone, de la radiophonie, de la télévision puis d'Internet, ainsi qu'en réaction à la censure qui leur a été opposée.

Généralités

Le journalisme a été au cours des siècles un métier très controversé, d'abord très subjectif, le principe de protection des sources d'information des journalistes ne se faisant reconnaître que progressivement. On trouve différentes sortes de journalisme apparues au cours des siècles :

  • Les faits divers : appelĂ©s « occasionnels Â» ou « canards sanglants Â», ils viennent des colporteurs du Moyen Ă‚ge qui racontaient les Ă©vènements importants dans les diffĂ©rents villages. Puis, au XVIe siècle, ils parlent de meurtres, de viols, d’accidents. Ils sont racontĂ©s sous la forme d’un rĂ©cit. Ce sont des journaux de très mauvaise qualitĂ© qui cherchent Ă  Ă©tonner et mettent surtout en scène des femmes.
  • François de Sales fait imprimer pĂ©riodiquement des textes qui sont ensuite placardĂ©s en public et distribuĂ©s dans les habitations. Ces pĂ©riodiques sont considĂ©rĂ©s aujourd'hui comme les premiers journaux catholiques au monde. C'est la raison pour laquelle François de Sales est le patron des journalistes[1].
  • Les grandes dĂ©cisions gouvernementales : La Gazette est le premier journal Ă  en diffuser, crĂ©Ă©e par un mĂ©decin, elle explique toutes les dĂ©cisions du gouvernement. elle parle donc surtout de politique. C’est pourquoi toutes les informations vitales sont très contrĂ´lĂ©es par le pouvoir, Ă  l’époque Richelieu.
  • Les libelles : ce sont des journaux qui expriment les opinions politiques. Ils apparaissent Ă  la RĂ©volution. Certains articles sont censurĂ©s.
  • La presse plaisir : Elle apparaĂ®t en 1831. Elle est aussi appelĂ©e presse service. Son but est de faire plaisir aux gens. On y trouve des feuilletons. Ces journaux sont financĂ©s par la publicitĂ© et les petites annonces. Elle est donc peu chère et abordable pour quiconque. C’est la presse que nous prĂ©sente Maupassant dans Bel Ami. Cette presse est corrompue et diffusĂ©e : il y a donc une mauvaise image de la presse depuis ce jour. De grands auteurs comme Balzac ou Dumas ont commencĂ© dans ces journaux. Ils Ă©taient payĂ©s Ă  la ligne ce qui explique les grandes descriptions. Le premier journal est La Presse et coĂ»tait l’équivalent de 10 centimes d’euro.
  • Le journalisme de reportage et de dĂ©couvertes : Il apparaĂ®t Ă  la fin du XIXe siècle. ex. : L’illustration. Il se dĂ©veloppe avec la colonisation et les nouveaux moyens de transports qui permettent aux journalistes de partir toujours plus loin en reportage. Par exemple, le personnage de Rouletabille de Gaston Leroux.
  • Interview : Elles apparaissent avec la radio en 1920.
  • Le journalisme engagĂ© a pour figure Albert Londres, qui raconte la face cachĂ©e du monde. Il raconte, par exemple la vie douloureuse des gens au bagne ; pour Ă©crire Chez les fous : il se fait enfermer dans un hĂ´pital psychiatrique afin d’en comprendre le fonctionnement ; Les forçats de la route : est un article sur les cyclistes du tour de France. Ses reportages ont beaucoup de succès. C’est lui qui a fondĂ© le journalisme reconnu et respectĂ©. On trouve encore aujourd’hui un prix Albert-Londres dĂ©cernĂ© par un jury qui choisit celui qu'il estime ĂŞtre le meilleur journaliste de l’annĂ©e.
  • Le reportage photo : Ces reportages montrent des rĂ©alitĂ©s. Par exemple Robert Capa, un AmĂ©ricain, fait beaucoup de reportages photo sur de grands Ă©vĂ©nements historiques comme le dĂ©barquement durant la Seconde Guerre mondiale ou la guerre d’Espagne. Ils Ă©taient publiĂ©s dans le magazine amĂ©ricain Life.
  • Le reportage vidĂ©o : Avec le dĂ©veloppement d'appareils tel que la camĂ©ra cinĂ©matographe des frères Lumières, et afin d'enrichir les programmes des salles de cinĂ©ma, les premiers reporters commencent Ă  voyager de partout en Europe pour ramener ce que furent les premiers reportages vidĂ©o. L'un des premiers reportages notables fut le couronnement du Tsar Nicolas II le 28 mai 1896 Ă  Moscou par Francis Doublier et Charles Moisson.
  • Le reportage BD : l’homme le plus connu dans ce domaine est Joe Sacco. C’est un Ă©crivain de bande dessinĂ©e. Par exemple, un de ses livres les plus cĂ©lèbres est Gorazde : la guerre en Bosnie orientale, 1993-1995 ou encore Palestine. Le reportage BD va beaucoup se dĂ©velopper avec l’explosion de la bande dessinĂ©e.

La littérature et la presse ont beaucoup de liens. Les grands événements, les guerres, les crimes sont sources d’inspiration pour les écrivains. Comme Saint-Simon qui va critiquer la cour. Balzac, Dumas et Hugo ont fait leurs débuts dans la presse avec les feuilletons.

Le journalisme ne raconte que des choses qui vont mal, des choses surprenantes et même dramatiques, il cherche le scandale. Le journaliste est sur place et raconte des choses qu’il voit, c’est un témoin, il raconte ce que l’on n’a pas vu.

Internet et la tĂ©lĂ©vision bouleversent tout cela. Internet permet d’avoir des informations en continu. Chacun peut devenir son rĂ©dacteur en chef en confectionnant un site ou un blog. Aujourd’hui, nous sommes potentiellement surinformĂ©s par Internet et selon certains mĂŞme dĂ©sinformĂ©s car on ne comprend pas tout ce qu'il se passe. Il est couramment reprochĂ© Ă  Internet de donner des informations de seconde main, courtes et morcelĂ©es. Cela dit, alors qu'une majoritĂ© des mĂ©dias professionnels travaillent eux aussi sur de la rediffusion d'informations de seconde main et sur leur analyse, simplifiĂ©e par impĂ©ratif d'espace d'expression (temps de diffusion, espace d'impression) et par volontĂ© de vulgarisation, certaines personnes considĂ©reront une information circulant sur Internet, mise en ligne potentiellement sans contraintes de temps ou d'argent, et susceptible d'ĂŞtre reprise et corrigĂ©e par une multitude de gens comme plus fiable qu'une information Ă©mise par des mĂ©dias dits « classiques », dans des dispositifs s'adressant au public, ne supposant pas de rĂ©ponse de sa part, faisant peu de liens affichĂ©s vers d'autres mĂ©dias ou sources, passant par des moyens techniques comme la radio, le papier ou la tĂ©lĂ©vision permettant bien moins facilement au public la simultanĂ©itĂ© d'accès aux sources et aux expressions divergentes ou convergentes, et surtout dont la grande majoritĂ© sont possĂ©dĂ©s financièrement par des oligarques ouvertement lobbyistes. La presse people a aujourd’hui le plus grand public. Deux tiers des journaux crĂ©Ă©s durent moins d’un an. Les journaux ont une marge de libertĂ© lorsqu’ils ne sont pas tenus financièrement. 70 % des informations proviennent d’une agence d’information (ex : AFP) et seulement 30 % des informations sont la matière originale du journaliste comme les reportages.

Georges Perec propose, dans l'introduction à L'Infra-ordinaire, l'idée qu'en ne parlant que des catastrophes les journaux nient le quotidien qu'ils prétendent chroniquer, et les problématiques qu'il peut contenir, en dehors des événements qu'il et elles peuvent créer.

Évolution technologique

Dès l'Antiquité, il existait une tradition orale de pratique journalistique : dans les grands centres urbains, des crieurs annonçaient les évènements locaux et relayaient les informations transmises par les messagers.

La tradition écrite semble avoir commencé dans l'Empire romain avec les Acta Diurna, des affiches manuscrites qui servaient à publier, dans les espaces publics, des faits divers, des nouvelles militaires, des actes de décès, des chroniques sportives, etc.

Avec l'invention de l'imprimerie émergea un nouveau support de publication journalistique : l'hebdomadaire. Le premier, de quatre pages, fut publié en 1622 par Nathaniel Butter (en) à Londres : Le Weekly News. Il sera suivi en France par La Gazette de Théophraste Renaudot dont le premier numéro est publié le .

La chasse à la collecte d'images est lancée à la suite des nouvelles découvertes technologiques liées au cinématographe. Les frères lumières envoient leurs opérateurs dans le monde entier afin de collecter des images. Les premiers reporters furent Francis Doublier, Alexandre Promio, Félix Mesguich et Marius Chapuis. Ils vont à Munich, Berlin, Varsovie ou encore Saint-Pétersbourg. "J'allais dans toutes les villes du monde où il y avait l'électricité" dit Francis Doublier.

Avec la multiplication des publications journalistiques et des sources d'information, l'agence de presse devint un outil important des journalistes. La première agence de presse mondiale fut créée le par Charles-Louis Havas : l'Agence des feuilles politiques, correspondance générale deviendra en 1944 l'Agence France-Presse.

Dans les années 1920, avec la popularisation du cinéma, apparaissent les actualités cinématographiques, puis avec la radiodiffusion les premiers radio-reportages. Suivront, dans les années 1940, les premiers journaux télévisés.

Depuis la fin du XXe siècle, le développement des nouvelles technologies, en particulier d'internet puis des réseaux sociaux, bouleversent le journalisme, voyant notamment le développement du Mojo (MObile JOurnalist) et du journalisme citoyen présent dans les médias alternatifs[2].

Par pays

En France

En France, la presse écrite a été l'origine de conflits politiques et de réactions nationales. Au XIXe siècle c'est le cas, lors de l'affaire Dreyfus, l'article « J’Accuse…! » d'Émile Zola publié dans le journal L'Aurore.

En Angleterre

L'Angleterre a connu la première une accĂ©lĂ©ration du mouvement de crĂ©ations de journaux, Ă  la fin du XVIIe siècle, qui a dĂ©bouchĂ© sur le lancement des deux premiers journaux quotidiens de l'histoire. De 1688 Ă  1692, pendant la rĂ©volution financière britannique, 26 publications sont crĂ©Ă©es[3], le nouveau pouvoir dĂ©cidant d'ignorer la loi sur l'autorisation prĂ©alable, qui expirait en 1692. Le Parlement anglais vient d'acquĂ©rir, dans le sillage de la Glorieuse rĂ©volution britannique et de nombreux immigrĂ©s hollandais et huguenots se sont installĂ©s Ă  Londres. La presse nouvelle se veut alors largement tournĂ©e vers l'Ă©tranger. The Athenian Mercury apparaĂ®t dès 1691. Il compte parmi ses journalistes le futur Ă©crivain Daniel Defoe. En 1695, c'est la naissance de trois nouveaux journaux publiĂ©s trois fois par semaine, qui se font concurrence: le Post Boy, le Post Man et le Flying Post. Jean de Fonvive, un pasteur français, rĂ©fugiĂ© religieux, gagne une fortune, 600 sterling par an[4], en crĂ©ant le Post Man rĂ©putĂ© fiable grâce au rĂ©seau de la diaspora des Huguenots Ă  travers le monde[5]. On lui propose de devenir Ă©ditorialiste de la London Gazette[6]. Abel Boyer (1667-1729), arrivĂ© de Castres en 1689, Ă©dite le Post Boy: 3 000 exemplaires contre 3 800 pour le Post Man, des chiffres Ă©normes pour l'Ă©poque. Un autre huguenot, Pierre-Antoine Motteux, fonde dès 1692 le Gentleman's Journal[7], mensuel qui gagne le premier public fĂ©minin. Une bonne partie cette presse se montre très critique contre l'impĂ©rialisme français, incarnĂ© alors par le souverain Louis XIV. George Canning fonde ainsi l'hebdomadaire Anti-Jacobin en 1797, et milite pour l'abolition de la traite nĂ©grière, dans l'espoir de ruiner les colonies françaises des Antilles, alors en pleine expansion dĂ©mographique et Ă©conomique. En mĂŞme temps, bon nombre de ces nouveaux journaux se veulent surtout factuels et riches en information.

Le Norwich Post paraît en 1701 dans la riche région lainière du Norfolk, en pleine expansion. C'est le premier quotidien de l'histoire, mais cet honneur est aussi revendiqué par Daily Courant fondé le par le libraire Edward Mallet, un autre huguenot, au-dessus du White Hart pub, dans une petite rue nommée Fleet Street, qui deviendra le cœur battant de la presse anglaise au cours des trois siècles suivants[8]. Comme le Post Man, ce premier quotidien compile des nouvelles de l'étranger, en particulier des traductions des articles de la presse hollandaise et de la presse français. Il est lu avec assiduité par les milieux d'affaires, qui créent des sociétés internationales comme le Lloyd's of London. Les écrivains contribuent à cette effervescence éditoriale, en confiant aux journaux la première publication de leur roman, et en créant des titres. Daniel Defoe, fervent militant du parti whig, fonde en 1704 le Weekly Review. Jonathan Swift est rédacteur en chef de l’Examiner fondé en 1710 et proche du parti tory. Les Tatler et Spectator, sont fondés en 1709 et 1711 par Richard Steele et Joseph Addison.

Aux États-Unis

Ă€ la fin du XIXe siècle les journaux amĂ©ricains se font une lutte acharnĂ©e pour attirer le plus de lecteurs. Grâce Ă  l'invention de la presse rotative par l’amĂ©ricain William A. Bullock en 1865, le nombre de journaux imprimĂ©s en une heure est plus que dĂ©cuplĂ© et passe d'une centaine de cahiers de huit pages en une heure Ă  8 000 journaux Ă  l’heure. En 1886 une seconde invention, la linotype de Ottmar Mergenthaler, permet l'augmentation du nombre de pages puisqu'il est dĂ©sormais possible de composer entre 8 000 et 15 000 signes par heure alors qu'auparavant cela Ă©tait limitĂ© Ă  1 500 signes par heure.

Au Japon

  • kawara-ban : L'ancĂŞtre du journalisme est Ă©quivalent au troubadour des rĂ©gions europĂ©ennes. Il est le porteur des nouvelles et des histoires.
  • dĂ©cembre 1862 : Le shogunat de Tokugawa crĂ©e un journal (shinbun) pour informer la population des tentatives d'incursion et d'ouverture du Japon par les Ă©trangers.
  • 1868 : De nouveaux journaux, souvent pilotĂ© par des intĂ©rĂŞts privĂ©s, apparaissent afin de combattre une information unique.
  • 1874 : Le premier correspondant de guerre japonais, Ginko Kishida, est envoyĂ© Ă  TaĂŻwan avec les troupes pour le journal Tokyo Nichi-Nichi.
  • 1875 : 1re loi anti-diffamation pour protĂ©ger le gouvernement et ses officiels des attaques trop virulentes. Certains journalistes vont connaĂ®tre la prison.

Notes et références

  1. Saint François de Sales sur le site nominis.cef.fr.
  2. (en) Robert G. Picard, « Journalism, Value Creation and the Future of News Organizations », Joan Shorenstein Center on the Press, Cambridge (Massachusetts), Harvard University, Research Paper R-27, 2006 [lire en ligne][PDF].
  3. Histoire de la presse en Angleterre et aux États-Unis, par Athanase Cucheval-Clarigny, page 32.
  4. From strangers to citizens: the integration of immigrant communities in Britain, Ireland, and colonial America, 1550-1750, par Randolph Vigne, Charles Littleton.
  5. The Guardian, par John Calhoun Stephens, Sir Richard Steele, et Joseph Addison, page 667
  6. The public prints: the newspaper in Anglo-American culture, 1665-1740 Par Charles E. Clark, p. 42.
  7. Histoire de la presse en Angleterre et aux États-Unis, par Athanase Cucheval-Clarigny, page 233.
  8. (en) « Worlds 1st regular daily paper 'The Courant' published », sur information-britain.co.uk (consulté le ).

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