RĂ©ponse immunitaire face au SARS-CoV-2
La réponse immunitaire face au SARS-CoV-2 diffÚre d'un patient à l'autre. Une typologie pour distinguer les différentes réponses immunitaires face au SARS-CoV-2 est :
- 40 % dâasymptomatiques[1],
- 40 % de symptomatiques légers, type grippe,
- 15 % de formes modérées pouvant conduire à un Covid long[2], lequel est le plus souvent en lien avec une réactivation du Virus d'Epstein-Barr (autrement dit une mononucléose)[3]
- 5 % ou moins de formes sévÚres pouvant nécessiter une hospitalisation[4].
RĂ©ponse immunitaire
Efficiente
De maniĂšre probablement assez similaire Ă la grippe, l'ARN viral du SARS-CoV-2 finit par ĂȘtre dĂ©tectĂ© par les rĂ©cepteurs PRR (pattern recognition receptors) des globules blancs « sentinelles » comme les cellules dendritiques ou les macrophages. La dĂ©tection du virus conduit Ă la sĂ©crĂ©tion d'interfĂ©rons de type I (IFN), de chimiokines et de cytokines pro-inflammatoires[5].
Les IFN de type I produits par les globules blancs stimulent l'expression des gĂšnes ISG (interferon-stimulated gene (en)) dans toutes les cellules avoisinantes, induisant un Ă©tat antiviral gĂ©nĂ©ralisĂ©. Les chimiokines circulant sur le site de l'infection permettent le recrutement de globules blancs spĂ©cifiques Ă la rĂ©ponse innĂ©e : des neutrophiles, des monocytes et surtout des lymphocytes natural killers (NK). Les cellules infectĂ©es dans les voies respiratoires ou ailleurs vont ĂȘtre dĂ©truites par les lymphocytes NK qui pilotent la clairance virale. Les monocytes et les neutrophiles vont aider Ă Ă©liminer les cellules mortes infectĂ©es[5].
Chez les Covid-19 asymptomatiques et lĂ©gĂšrement symptomatiques, ces mĂ©canismes de dĂ©fense du systĂšme immunitaire innĂ© pourraient ĂȘtre suffisants pour venir Ă bout du SARS-CoV-2. Chez les Covid-19 lĂ©gĂšrement symptomatiques, la clairance ultime vient avec lâimmunitĂ© adaptative oĂč interviennent les lymphocytes T et les lymphocytes B.
Lymphopénie et cortisol
Dans les formes modĂ©rĂ©es de Covid-19 et particuliĂšrement dans celles sĂ©vĂšres, la rĂ©ponse innĂ©e est inefficiente. Elle se caractĂ©rise par un taux dâinterfĂ©rons de type I et III relativement bas[6]. Et surtout dans la semaine consĂ©cutive Ă lâinfection, il est observĂ© chez ces patients une chute des globules blancs qui se traduit par une lymphopĂ©nie. La rarĂ©faction des lymphocytes est rapidement compensĂ©e par une synthĂšse massive de neutrophiles (neutrophilie)[7] - [8].
Toutes les situations de stress aigu peuvent se compliquer de lymphopĂ©nie via lâaugmentation des taux circulants de cortisol par le systĂšme endocrinien et spĂ©cifiquement par les glandes corticosurrĂ©nales. Le cortisol, comme son dĂ©rivĂ© de synthĂšse les corticoĂŻdes, entraĂźne la diminution des lymphocytes circulants, la stimulation de l'Ă©rythropoĂŻĂšse dans la moelle osseuse, et l'augmentation des neutrophiles et des plaquettes. Alors que chez un individu en bonne santĂ©, le taux de cortisol est gĂ©nĂ©ralement autour de 375 nmol/L[9], chez les patients Covid-19 en Ă©tat de stress, ce taux atteint rapidement 620 nmol/L[10]. Le cortisol avait dĂ©jĂ Ă©tĂ© suggĂ©rĂ© pour expliquer la lymphopĂ©nie induite chez certains patients infectĂ©s par le SARS-CoV-1[11].
Asymptomatique et Covid-19 légÚre | Covid-19 modérée | Covid-19 sévÚre | |
---|---|---|---|
Leucocytes (Ă109 /L) | 5 | 5,1 | 7,7 |
Lymphocytes (Ă109 /L) | 1,7 | 1 | 0,8 |
Neutrophiles (Ă109 /L) | 2,7 | 3,4 | 6 |
Monocytes (Ă109 /L) | 0,3 | 0,4 | 0,6 |
Autres globules blancs (Ă109 /L) | 0,3 | 0,3 | 0,3 |
Neutrophilie
Les neutrophiles qui se substituent aux lymphocytes peuvent lutter contre le SARS-CoV-2 en phagocytant les virions ou en « dégranulant ». Les neutrophiles sont des granulocytes.
NEToses et calprotectine
Les neutrophiles libĂšrent dans les tissus infectĂ©s des « NEToses », câest-Ă -dire des fibres composĂ©es d'ADN et de protĂ©ines, dont la fonction est de piĂ©ger des micro-organismes pathogĂšnes (bactĂ©ries ou autres). La calprotectine est la protĂ©ine cytoplasmique la plus abondante des NETs, correspondant Ă environ 5 % des protĂ©ines totales[13]. Chez les patients Covid sĂ©vĂšres, la calprotectine a un taux multipliĂ© par 100 Ă 1 000[14]. La calprotectine en particulier a une affinitĂ© trĂšs forte avec le zinc et le manganĂšse :
- Le zinc est indispensable pour le bon fonctionnement de l'organisme mais il est Ă©galement vital pour de nombreux virus comme la dengue, le VIH ou le SARS-CoV-2[15]. Ces virus ont des motifs Ă doigts de zinc qui leur permettent de contrĂŽler lâexpression de gĂšnes spĂ©cifiques, câest-Ă -dire de les rĂ©primer ou de les sur-exprimer. Certaines des protĂ©ines non structurales du SARS-CoV-2 ont ainsi besoin de zinc:
- la nsp2 a trois doigts de zinc : le 1er est positionné entre les codons C20-C51-H54-H56, le 2e est positionné entre les codons C143-C146-C161-C165, le 3e est positionné entre les codons C190-C193-H202-C236[16],
- la nsp3 a un doigt de zinc localisé entre les codons C189-C192-C224-C226[17] - [18],
- la nsp10 a deux doigts de zinc : l'un est positionné entre les codons C74-C77-H83-C90, l'autre est positionné entre les codons C117-C120-C128-C130[19],
- la nsp12 a deux doigts de zinc : l'un est positionné entre les codons H295-C301-C306-C310, l'autre est positionné entre les codons C487-H642-C645-C646[20]. Concernant nsp12, il a été proposé que ces ions métalliques n'étaient pas forcément du zinc mais plutÎt un cluster 4Fe-4S (fer-soufre)[21],
- la nsp13 a trois doigts de zinc : le 1er positionné est entre les codons C5-C8-C26-C29, le 2e est positionné entre les codons C16-C19-H33-H39, le 3e est positionné entre les codons C50-C55-C72-H75[22] - [23]
- la nsp14 a trois doigts de zinc : le premier est positionné entre les codons C207-C210-C226-H229, le deuxiÚme est positionné entre les codons H257-C261-H264-C279, et le troisiÚme est localisé entre les codons C452-C477-C484-H487[24],
- Le manganÚse est également un cofacteur permettant d'activer certaines fonctions des protéines non structurales du SARS-CoV-2. Le magnésium voire le calcium peut se substituer au manganÚse comme cofacteur :
- la nsp12 a trois ions de manganĂšse ou de magnĂ©sium : deux sont positionnĂ©s au mĂȘme endroit et coordonnĂ©s par trois acides aspartiques : D618, D760, et D761[25], un troisiĂšme est localisĂ© entre l'asparagine N209 et l'acide aspartique D218 au niveau du NiRAN[26] ;
- la nsp13 a un ion de magnésium localisé à la sérine S289[27]
- la nsp14 a un ion de magnésium localisé entre l'acide aspartique D90 et l'acide glutamique E191[28] - [24]
- la nsp15 est activée par du manganÚse mais la localisation des ions au sein de nsp15 reste inconnue[29],
- la nsp16 contient deux ions de magnésium : l'un est coordonné par l'asparagine N198[30], l'autre est localisé entre l'acide aspartique D75 et la lysine K76[31].
Explosion oxydative et thrombogénÚse
En plus des NETs, les neutrophiles larguent dans les tissus infectĂ©s, des ROS (reactive oxygen species), des espĂšces chimiques qui possĂšdent un Ă©lectron libre et qui ont un fort degrĂ© de rĂ©activitĂ©. Les ROS peuvent ĂȘtre des armes efficaces contre les virus et peuvent avoir des effets bĂ©nĂ©fiques Ă concentrations faibles ou modĂ©rĂ©es. Mais si les ROS Ă©chappent au contrĂŽle du corps, elles peuvent attaquer les cellules saines de lâorganisme. Normalement, le corps dispose de dĂ©fenses anti-oxydantes qui neutralisent rapidement les ROS[32]. La calprotectine est notamment un antioxydant[33]. Mais les antioxydants diminuent avec lâĂąge, ou lors de pathologies comme le diabĂšte, lâobĂ©sitĂ© et dâautres pathologies chroniques, ce qui conduit Ă un stress oxydatif[32].
Un excĂšs de neutrophiles contribue Ă la thrombogĂ©nĂšse, c'est-Ă -dire Ă la formation de caillots sanguins[34]. Pour autant, les neutrophiles ne sont pas forcĂ©ment responsables de l'issue fatale chez les patients Covid sĂ©vĂšres. En effet, lâutilisation Ă forte dose de corticoĂŻdes pour soigner des Covid sĂ©vĂšres, contribue Ă la fois Ă la neutrophilie et Ă la survie des patients.
HLA-E et Lymphocytes NK
Les lymphocytes NK qui représentent 10 à 12 % du total du total des lymphocytes, sont affectés par la lymphopénie[7] - [12]. Dans les formes modérées et sévÚres de Covid-19, les lymphocytes NK sont recrutés en nombre réduit dans les tissus infectés. Leurs fonctions sont par ailleurs altérées. Les cellules infectées dans lesquelles le SARS-CoV-2 se réplique, arborent des récepteurs HLA-E (en). Or les HLA-E inhibent les lymphocytes NK en activant leur récepteur NKG2A[35] - [36] - [6], ce qui a pour effet de ralentir la clairance virale. D'autres lymphocytes NK surexpriment le récepteur Tim- (en)3 ainsi que la protéine aiolos (en) (facteur de transcription), ce qui les conduit à sécréter des interférons gamma (IFN-γ), mais dans des quantités moins importantes qu'habituellement ou que les lymphocytes T dans la Covid[6] - [37].
Adaptative
LâimmunitĂ© adaptative sâappuie sur :
- lâimmunitĂ© cellulaire qui implique les lymphocytes T dont les 3 fonctions sont de (1) coordonner la rĂ©ponse immunitaire avec les lymphocytes T CD4, (2) tuer les cellules infectĂ©es avec les lymphocytes T CD8, et (3) rĂ©guler lâintensitĂ© et la durĂ©e de la rĂ©ponse ;
- lâimmunitĂ© humorale câest-Ă -dire sur les lymphocytes B producteurs dâanticorps.
Les lymphocytes sont les seuls globules blancs Ă avoir une mĂ©moire[38]. Et la vaccination facilite lâapprentissage de la mĂ©moire immunitaire oĂč chaque globule blanc a un rĂŽle bien dĂ©fini sous le commandement des lymphocytes. La vaccination leur apprend donc Ă se coordonner plus vite et mieux, face Ă des antigĂšnes quâils reconnaissent. GrĂące au vaccin, les globules blancs sont censĂ©s Ă©viter certains piĂšges/Ă©cueils du âdĂ©butantâ. Et un vaccin mal conçu peut induire un pĂ©chĂ© originel antigĂ©nique[39].
Présentation de l'antigÚne
Pour activer l'immunité adaptative ou la mémoire immunitaire, il est indispensable qu'un globule blanc « sentinelle » présente un antigÚne, c'est-à -dire un fragment du SARS-CoV-2, aux lymphocytes T dans le ganglion lymphatique le plus proche[40].
Les cellules prĂ©sentatrices de lâantigĂšne (CPA) lors dâune primo-infection sont :
- les cellules dendritiques, des globules blancs spĂ©cialisĂ©s dans la prĂ©sentation de l'antigĂšne. Face au SARS-CoV-2, les cellules dendritiques peuvent ĂȘtre infectĂ©es par le SARS-Cov-2, surtout lorsquâelles sont inactivĂ©es et qu'elles n'expriment pas le rĂ©cepteur CD74[41].
- Les macrophages dans la mesure oĂč ces globules blancs phagocytent les dĂ©bris cellulaires et les agents pathogĂšnes. Le SARS-CoV-2 peut infecter les macrophages alvĂ©olaires qui ont un rĂ©cepteur ACE2 ainsi que dâautres macrophages via d'autres rĂ©cepteurs[42] ;
- les monocytes de la circulation sanguine sont des globules blancs qui peuvent se transformer dans le tissu infecté soit en macrophages, soit en cellules dendritiques. Ils sont infectables par le SARS-CoV-2[43] - [44] ;
- les neutrophiles peuvent se substituer aux cellules dendritiques pour prĂ©senter lâantigĂšne aux lymphocytes T. Cette fonction du neutrophile est activĂ©e en prĂ©sence des cytokines IFN-Îł, GM-CSF, TNFα, IL-4. Le neutrophile, devenu une cellule prĂ©sentatrice de lâantigĂšne, serait 10 milles fois plus efficace quâune cellule dendritique/monocyte[45].
La liste des cellules prĂ©sentatrices de lâantigĂšne (CPA) sâagrandit lors dâune rĂ©infection ou aprĂšs vaccination :
- des lymphocytes B Ă mĂ©moire servent de sentinelles et peuvent reconnaĂźtre une infection et prĂ©senter lâantigĂšne aux lymphocytes T qui activeront la mĂ©moire cellulaire ;
- des lymphocytes T Ă mĂ©moire sont aussi placĂ©s en sentinelles dans lâorganisme pour sonder la prĂ©sence dâantigĂšnes Ă©trangers quâils reconnaissent.
Immunité cellulaire
La trĂšs grande majoritĂ© de la population mondiale a dĂ©jĂ contractĂ© un rhume Ă cause dâun coronavirus bĂ©nin comme le HCoV-NL63, le HCoV-229E ou encore le HCoV-OC43[46]. Ă la suite de cette infection, des lymphocytes T Ă mĂ©moire ont conservĂ© cette immunitĂ© cellulaire de combat et sont capables de la mobiliser contre le SARS-CoV-2, une fois que l'antigĂšne leur a Ă©tĂ© prĂ©sentĂ©. Il sâagit donc dâune immunitĂ© cellulaire croisĂ©e[47] - [48] - [49]. Et cette rĂ©ponse lymphocytaire T contre le SARS-CoV-2 est importante dans la guĂ©rison. La rĂ©ponse T est dirigĂ©e contre une grande variĂ©tĂ© de protĂ©ines du SARS-CoV-2, et pas seulement contre la protĂ©ine S[47] - [48].
Dans le cas d'une Covid lĂ©gĂšre, la rĂ©ponse lymphocytaire T CD4+ et CD8+ est efficace. Les lymphocytes T agissent comme des fantassins, en luttant contre l'infection par du corps Ă corps[50]. Cette immunitĂ© cellulaire est plus prĂ©coce que la rĂ©ponse anticorps qui arrive le plus souvent aprĂšs la clairance virale[47]. L'immunitĂ© cellulaire est dĂ©jĂ bien engagĂ©e avant mĂȘme que n'apparaissent les premiers symptĂŽmes de la Covid-19[51].
La rĂ©ponse T CD8+ semble ĂȘtre la plus efficace. Dans les formes sĂ©vĂšres de la Covid, il est observĂ© surtout une rĂ©ponse T CD4+. La rĂ©ponse lymphocytaire T peut prendre trois formes : Th1, Th2 ou Th17. La rĂ©ponse Th1 est associĂ©e Ă un meilleur pronostic[47]. Cette rĂ©ponse est induite lorsque les macrophages ou monocytes sĂ©crĂštent la cytokine IL12. La rĂ©ponse Th17 est celle observĂ©e dans les cas les plus sĂ©vĂšres[47]. Elle est induite quand la cytokine IL6 est produite. Th17 favorise le recrutement des neutrophiles sur le site de lâinfection.
Du fait de la lymphopĂ©nie, les lymphocytes T sont recrutĂ©s en nombre rĂ©duit dans les formes modĂ©rĂ©es et sĂ©vĂšres de la Covid-19. Ces lymphocytes T sur-expriment le rĂ©cepteur CD69, la protĂ©ine Tim-3 (en) et le facteur de transcription aiolos (en), ce qui a pour effet une production massive dâinterfĂ©rons gamma (IFN-Îł)[6] - [52] - [53]. En rĂ©ponse Ă lâĂ©lĂ©vation du taux dâIFN-Îł, les monocytes et macrophages sĂ©crĂštent massivement de lâIP-10 (en), une chimiokine appelĂ©e Ă©galement CXCL10. LâĂ©lĂ©vation du taux de CXCL10 annonce le syndrome de dĂ©tresse respiratoire aiguĂ« de la Covid-19[54].
Immunité humorale
Alors quâil existe dans les infections par coronavirus, une immunitĂ© croisĂ©e pour les lymphocytes T, celle-ci nâexiste pas pour les lymphocytes B qui produisent des anticorps[55]. Lâinfection par le SARS-CoV-2 sâaccompagne dâune rĂ©ponse anticorps de type IgA propre aux muqueuses, et de type IgG. Les IgG sont des anticorps spĂ©cifiques Ă un pathogĂšne, en l'occurrence les IgG ciblent les protĂ©ines du SARS-CoV-2. En revanche la rĂ©ponse IgM qui correspond Ă des anticorps peu spĂ©cifiques, marqueur dâune infection rĂ©cente, semble peu importante[47].
Dans le cas d'une infection par le SARS-CoV-2, seuls les anticorps ciblant la protĂ©ine S du SARS-CoV-2 se rĂ©vĂ©leraient neutralisants[56]. Les anti-S commencent Ă ĂȘtre dĂ©tectĂ©s en sĂ©rologie, environ deux semaines aprĂšs lâinfection. Pour autant trois autres anticorps (non neutralisants ?) peuvent ĂȘtre dĂ©tectĂ©s prĂ©cocement : il sâagit des anticorps contre les protĂ©ines N, ORF3b et ORF8[57].
Les anticorps contre la protéine S ciblent seulement quelques fragments spécifiques[58] :
- le RBD représente entre 65 et 77 % des anti-S ;
- le NTD représente entre 6 et 20 % des anti-S ;
- le FP, le SD1 et le SD2 représentent ensemble entre 4 et 20 % des anti-S
Lors dâune infection par le SARS-CoV-2, un faible taux dâanticorps est associĂ© Ă une clairance virale plus rapide suggĂ©rant un possible effet dĂ©lĂ©tĂšre de la rĂ©ponse anticorps. La concomitance de lâapparition des anticorps, deux semaines aprĂšs lâinfection, avec lâorage cytokinique, ainsi que la corrĂ©lation positive entre le taux dâanticorps et la sĂ©vĂ©ritĂ© de lâinfection a fait envisager lâhypothĂšse que les anticorps puissent ĂȘtre impliquĂ©s dans les mĂ©canismes physiopathologiques[47] - [59]. Ce phĂ©nomĂšne de facilitation dĂ©pendante des anticorps, uniquement suspectĂ© au dĂ©part chez lâHomme a Ă©tĂ© retrouvĂ© dans plusieurs Ă©tudes vaccinales relatives au SARS-CoV-1 effectuĂ©es chez la souris. Dans un modĂšle animal oĂč un macaque a Ă©tĂ© infectĂ© par le SARS-CoV-1, il a Ă©tĂ© mis en Ă©vidence le rĂŽle dĂ©lĂ©tĂšre des anticorps ciblant la protĂ©ine S. Cette activitĂ© dĂ©lĂ©tĂšre des anticorps a pu ĂȘtre reliĂ©e Ă une infection des macrophages par le SARS-CoV-1 via leur rĂ©cepteur Fc, avec comme consĂ©quence un syndrome d'activation macrophagique[47].
Plus récemment, dans une étude auprÚs de 15 patients Covid-19 brésiliens admis en soins intensifs, la moitié des patients présentaient une infection des globules blancs[43] - [44]. TrÚs peu, sinon aucun des lymphocytes T était infecté. En revanche les lymphocytes B étaient particuliÚrement ciblés par le SARS-CoV-2[43] - [44]. Les anti-RBD peuvent activer le récepteur FcγRIIB[60], reconnu par les lymphocytes B et les mastocytes. Tandis que les anticorps ciblant le NTD[61] - [58] de la protéine S, et dans une moindre mesure ceux ciblant le RBD[56], activent :
- le récepteur FcγRIIa reconnu par les macrophages, les neutrophiles, les eosinophiles, les thrombocytes, les cellules de Langerhans ;
- le récepteur FcγRIIIa reconnu par les lymphocytes NK et les macrophages.
Les anticorps ciblant le fragment SD2 de la protĂ©ine S sont rĂ©putĂ©s particuliĂšrement facilitant en prĂ©sence de lâĂ©pitope peptidique « LYQDVNC » (localisĂ© entre les codons 611 et 617). La souche originelle du SARS-CoV-2 intĂ©grait LYQDVNC. Les vaccins dĂ©veloppĂ©s contre la Covid ont conservĂ© cet Ă©pitope peptidique LYQDVNC. La mutation D614G acquise par le SARS-CoV-2 dĂšs le dĂ©but de la pandĂ©mie protĂšge toutefois les personnes infectĂ©es contre une infection des globules blancs par des anticorps facilitants[62].
Les rĂ©sultats de plusieurs Ă©quipes mettent en Ă©vidence que tous les patients infectĂ©s ne dĂ©veloppent pas de rĂ©ponse anticorps. Le taux dâanticorps Ă©tait significativement plus Ă©levĂ© chez les patients plus ĂągĂ©s[47]. Lâensemble Ă©voque que lâon peut guĂ©rir de lâinfection en lâabsence dâanticorps et que ceci est particuliĂšrement vrai pour les plus jeunes et les patients asymptomatiques, faisant Ă©voquer lâimportance de lâimmunitĂ© innĂ©e et de lâimmunitĂ© cellulaire dans la clairance virale[47].
Orage cytokinique
La rĂ©ponse immunitaire innĂ©e et adaptative des formes sĂ©vĂšres de Covid-19 est globalement contre-productive et gĂ©nĂšre autant de dĂ©gĂąts dans l'organisme que le virus. Peut-ĂȘtre en lien avec des anticorps non neutralisants et facilitants, il est observĂ© une prolifĂ©ration de monocytes / macrophages qui sĂ©crĂštent des niveaux Ă©levĂ©s de cytokines et chimiokines notamment des IL-6, IL-8 et IL-10. Les formes sĂ©vĂšres nĂ©cessitant une hospitalisation en unitĂ© de soins intensifs se dĂ©marquent en particulier par des concentrations plus Ă©levĂ©es de IP-10/CXCL10 (en), MCP-1/CCL2 et TNFα[54].
Les taux de cytokines de la Covid-19 sĂ©vĂšre ne sont pas spĂ©cialement Ă©levĂ©s, en comparaison dâun choc septique ou d'une infection respiratoire aiguĂ« sĂ©vĂšre classique[63]. Pourtant il se produit bien un orage cytokinique avec la Covid-19, ce qui concrĂštement se traduit par un processus incontrĂŽlĂ© de mort cellulaire par pyroptose (en), apoptose et nĂ©croptose des tissus infectĂ©s[64]. La mort cellulaire est mesurable par le taux sĂ©rique de lactate dĂ©shydrogĂ©nase (LDH). Chez plus de 95 % des patients dĂ©cĂ©dĂ©s de la Covid, le taux de LDH est au-dessus du seuil de tolĂ©rance qui est fixĂ© Ă 250 U/L[65]. Et ce processus de destruction cellulaire est induit par le cocktail de cytokines de la Covid-19[64].
Dans un modĂšle animal, la seule combinaison de cytokines capable de reproduire les effets destructeurs du cocktail de cytokines de la Covid-19 est TNFα et IFNÎł. Le TNFα est produit essentiellement par des macrophages. Le TNFα peut ĂȘtre sĂ©crĂ©tĂ© de façon excessive Ă la suite de la prĂ©sence massive d'agents infectieux. Dans la Covid, lâinterfĂ©ron-gamma (IFNÎł) est produit de maniĂšre dĂ©raisonnĂ©e par les lymphocytes T et dans une moindre mesure par les lymphocytes NK. Ă partir dâun certain seuil, la production concomitante de TNFα et dâIFNÎł active la voie JAK / STAT1 (en) / IRF1 (en) / iNOS, qui rĂ©sulte en une production dĂ©lĂ©tĂšre d'oxyde nitrique, Ă lâorigine d'une mort cellulaire incontrĂŽlable et in fine du syndrome de dĂ©tresse respiratoire aiguĂ«[64].
Lâutilisation Ă forte dose de corticoĂŻdes pour soigner des Covid sĂ©vĂšres inhibe les IFNÎł[66] et par consĂ©quent empĂȘche la production mortelle d'oxyde nitrique. Les corticoĂŻdes Ă forte dose ont de nombreux effets secondaires. Une alternative pourrait ĂȘtre d'utiliser des traitements rĂ©gulant Ă la baisse Ă la fois TNFα et IFNÎł[64].
Asymptomatique et Covid-19 légÚre (n = 6) | Covid-19 modérée (n = 17) | Covid-19 sévÚre (n = 8) | |
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ParamÚtres biomédicaux lors des 1er symptÎmes, médiane | |||
Leucocytes/ÎŒL (4 000 Ă 10 000/”L) | 6 390 (4 813â7 960) | 4 080 (3 250â5 025) | 3 800 (2 838â4 358) |
HĂ©moglobine g/dL (â 13 Ă 18 g/dl, â 12 Ă 16 g/dl) | 14.8 (14.0â15.2) | 13.7 (12.8â14.9) | 13.2 (12.8â14.6) |
Plaquette sanguine 103/ÎŒL (150 Ă 450 x103/ÎŒL) | 251.0 (216.5â287.3) | 162.0 (150.5â247.5) | 151.0 (118.0â201.8) |
UrĂ©e sanguine mg/dL (8 Ă 23 mg/dL) | 12.0 (8.9â16.0) | 14.4 (9.7â17.0) | 13.5 (12.3â21.3) |
CrĂ©atinine mg/dL (0,6 Ă 1,2 mg/dL) | 0.78 (0.71â0.88) | 0.69 (0.56â0.90) | 0.79 (0.76â0.88) |
Aspartate aminotransfĂ©rase IU/L (7 Ă 40 UI/L) | 30.5 (20.0â36.3) | 26.0 (22.0â34.0) | 38.0 (29.5â77.8) |
Alanine aminotransfĂ©rase IU/L (5 Ă 35 UI/L) | 19.0 (11.8â30.3) | 19.0 (11.0â31.0) | 23.5 (17.3â32.3) |
CRP mg/dL (< 0.5 mg/dL) | 0.47 (0.13â1.23) | - (0.30â1.15) | 3.12 (1.25â6.63) |
Semaine 1 : 5â10 jours aprĂšs l'apparition des symptĂŽmes | |||
Réponse interféron-gamma | |||
IFN-Îł pg/mL (2,00 Ă 3,00 pg/ml) | 4,2 (3,0â5,2) | 4,1 (0,7â6,8) | 7,2 (6,3â16,1) |
IP-10 (en) pg/mL (6,25 Ă 300 pg/ml) | 349,0 (146,2â482,8) | 691,7 (333,7â1 162,0) | 4 089,0 (2 291,0â6 433,0) |
MIG (en) pg/mL (6,25 Ă 400 pg/ml) | 270,5 (122,7â361,5) | 382,2 (282,9â584,1) | 1 448,0 (663,3â2 172,0) |
Chimiokine | |||
MCP-1 pg/mL (<200 pg/ml) | 39,7 (14,9â237,3) | 82,6 (48,6â173,7) | 268,5 (100,2â616,7) |
Cytokines | |||
IL-6 pg/mL (<7 pg/ml) | 5,1 (2,7â10,1) | 11,6 (2,6â28,6) | 68,3 (39,1â414,7) |
IL-8 pg/mL (<14 pg/mL) | 14,8 (8,3â20,7) | 20,0 (11,9â29,8) | 52,7 (32,2â292,3) |
IL-10 pg/mL (<10 pg/ml) | 3,6 (1,0â5,1) | 3,3 (1,0â7,6) | 10,0 (5,4â36,1) |
Protéine | |||
VEGF pg/mL (<20 pg/mL) | 5,3 (3,1â43,8) | 19,0 (7,6â28,0) | 46,2 (21,1â81,6) |
Anticorps | |||
IgG OD450 ratio | 0,41 (0,24â2,82) | 0,42 (0,25â1,70) | 0,30 (0,19â0,60) |
IgM OD450 ratio | 0,43 (0,23â0,69) | 0,41 (0,18â0,70) | 0,14 (0,01â0,21) |
Semaine 2 : 11â16 jours | |||
Réponse interféron-gamma | |||
IFN-Îł pg/mL (2,00 Ă 3,00 pg/ml) | - | 4,6 (2,2â8,3) | 5,9 (3,2â11,7) |
IP-10 (en) pg/mL (6,25 Ă 300 pg/ml) | 223,0 (137,9â836,9) | 310,9 (176,2â545,4) | 2 165,0 (595,9â4 011,0) |
MIG (en) pg/mL (6,25 Ă 400 pg/ml) | 213,7 (177,9â382,8) | 382,2 (244,0â616,0) | 1 270,0 (369,7â3 496,0) |
Chimiokines | |||
MCP-1 pg/mL (<200 pg/ml) | 39,1 (21,9â209,3) | 47,9 (31,9â117,8) | 61,8 (146,5â433,0) |
Cytokines | |||
IL-6 pg/mL (<7 pg/ml) | 6,3 (1,1â24,4) | 7,5 (2,2â17,8) | 94,4 (31,9â565,6) |
IL-8 pg/mL (<14 pg/mL) | 8,6 (11,6â32,9) | 18,8 (11,6â32,9) | 83,0 (27,8â135,0) |
IL-10 pg/mL (<10 pg/ml) | 3,6 (1,0â5,1) | 3,3 (1,0â7,6) | 10,0 (5,4â36,1) |
Protéine | |||
VEGF pg/mL (<20 pg/mL) | 5,3 (3,1â43,8) | 19,0 (7,6â28,0) | 46,2 (21,1â81,6) |
Anticorps | |||
IgG OD450 ratio | 3,12 (0,88â8,12) | 5,12 (1,02â9,58) | 1,92 (0,41â22,07) |
IgM OD450 ratio | 0,61 (0,53â1,10) | 0,84 (0,57â1,44) | 1,23 (0,43â2,02) |
Semaine 3 : 17â24 jours | |||
Réponse interféron-gamma | |||
IFN-Îł pg/mL (2,00 Ă 3,00 pg/ml) | - (?â3,5) | - | 4,5 (1,6â9,6) |
IP-10 (en) pg/mL (6,25 Ă 300 pg/ml) | 148,8 (139,0â158,6) | 267,0 (164,8â375,5) | 1 104,0 (335,9â2 445,0) |
MIG (en) pg/mL (6,25 Ă 400 pg/ml) | 217,8 (78,3â357,3) | 534,8 (295,7â836,5) | 705,6 (380,2â1729,0) |
Chimiokines | |||
MCP-1 pg/mL (<200 pg/ml) | 195,0 (18,7â371,2) | 34,2 (21,1â49,0) | 99,3 (41,9â142,4) |
Cytokines | |||
IL-6 pg/mL (<7 pg/ml) | - | - | 40,8 (7,5â47,6) |
IL-8 pg/mL (<14 pg/mL) | 40,9 (11,4â70,4) | 18,2 (7,5â57,9) | 43,3 (28,7â58,3) |
IL-10 pg/mL (<10 pg/ml) | - | 1,5 (0,1â49,0) | 4,1 (1,8â7,4) |
Protéine | |||
VEGF pg/mL (<20 pg/mL) | - | 19,7 (10,9â42,6) | 42,4 (16,9â136,3) |
Anticorps | |||
IgG OD450 ratio | 10,02 (1,41â18,62) | 15,07 (7,87â63,46) | 48,27 (21,76â89,48) |
IgM OD450 ratio | 0,93 (0,54â1,31) | 1,40 (1,00â1,80) | 1,92 (1,01â2,21) |
Semaine 4 : aprĂšs 25 jours | |||
Réponse interféron-gamma | |||
IFN-Îł pg/mL (2,00 Ă 3,00 pg/ml) | - | - | - |
IP-10 (en) pg/mL (6,25 Ă 300 pg/ml) | 162,8 (131,1â194,4) | 224,3 (208,1â240,5) | 364,6 (188,7â718,9) |
MIG (en) pg/mL (6,25 Ă 400 pg/ml) | 109,6 (69,4â149,9) | 229,6 (204,4â394,8) | 1 211,0 (448,0â3 224,0) |
Chimiokines | |||
MCP-1 pg/mL (<200 pg/ml) | 30,9 (21,8â39,9) | 51,4 (48,6â54,1) | 39,1 (28,6â108,5) |
Cytokines | |||
IL-6 pg/mL (<7 pg/ml) | 1,2 (1,0â1,4) | 3,4 (0,0â6,7) | 10,4 (8,2â71,0) |
IL-8 pg/mL (<14 pg/mL) | 15,3 (4,9â25,8) | 5,9 (4,1â7,7) | 44,4 (24,3â90,9) |
IL-10 pg/mL (<10 pg/ml) | 1,3 (0,8â1,7) | - | 3,5 (1,2â6,0) |
Protéine | |||
VEGF pg/mL (<20 pg/mL) | - | - | - (34,5â54,4) |
Anticorps | |||
IgG OD450 ratio | 7,83 (0,37â15,18) | 11,28 (3,86â18,7) | 42,77 (32,82â110,80) |
IgM OD450 ratio | 0,32 (0,31â0,32) | 0,91 (0,85â0,97) | 1,79 (1,10â2,77) |
Notes et références
Notes
Références
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