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HĂ©moglobine

L'hémoglobine, couramment symbolisée Hb, parfois Hgb, est un pigment respiratoire (de la famille moléculaire des métalloprotéines, ici contenant du fer) présent essentiellement dans le sang des vertébrés, au sein de leurs globules rouges, ainsi que dans les tissus de certains invertébrés. Elle a pour fonction de transporter l'oxygÚne O2 depuis l'appareil respiratoire (poumons, branchies) vers le reste de l'organisme. La quantité d'hémoglobine est un paramÚtre mesuré lors d'un hémogramme.

HĂ©moglobine
Image illustrative de l’article HĂ©moglobine
ReprĂ©sentation d'une hĂ©moglobine A humaine montrant les quatre hĂšmes en vert, avec le cation de fer en orange (tĂ©tramĂšre α2ÎČ2, PDB 3HHB[1])
Caractéristiques générales
GĂšne HBA1 – ChaĂźnes α
Homo sapiens
Locus 16p13.3
Masse molĂ©culaire 15 258 Da[2]
Nombre de rĂ©sidus 142 acides aminĂ©s[2]
Liens accessibles depuis GeneCards et HUGO.
GĂšne HBA2 – ChaĂźnes α
Homo sapiens
Locus 16p13.3
Masse molĂ©culaire 15 258 Da[2]
Nombre de rĂ©sidus 142 acides aminĂ©s[2]
Liens accessibles depuis GeneCards et HUGO.
GĂšne HBB – ChaĂźnes ÎČ
Homo sapiens
Locus 11p15.4
Masse molĂ©culaire 15 998 Da[2]
Nombre de rĂ©sidus 147 acides aminĂ©s[2]
Liens accessibles depuis GeneCards et HUGO.
Gùne HBD – Chaünes ή
Homo sapiens
Locus 11p15.4
Masse molĂ©culaire 16 055 Da[2]
Nombre de rĂ©sidus 147 acides aminĂ©s[2]
Liens accessibles depuis GeneCards et HUGO.
Gùne HBG1 – Chaünes γ
Homo sapiens
Locus 11p15.4
Masse molĂ©culaire 16 140 Da[2]
Nombre de rĂ©sidus 147 acides aminĂ©s[2]
Liens accessibles depuis GeneCards et HUGO.
Gùne HBG2 – Chaünes γ
Homo sapiens
Locus 11p15.4
Masse molĂ©culaire 16 126 Da[2]
Nombre de rĂ©sidus 147 acides aminĂ©s[2]
Liens accessibles depuis GeneCards et HUGO.

RĂŽle

L'hémoglobine libÚre l'oxygÚne dans les tissus afin d'y permettre la respiration cellulaire aérobie, laquelle, à travers le métabolisme, fournit l'énergie des processus biologiques essentiels à la vie.

Chez l'humain, l'hĂ©moglobine est une protĂ©ine hĂ©tĂ©ro-tĂ©tramĂ©rique formĂ©e de chaĂźnes peptidiques identiques deux Ă  deux. L'hĂ©moglobine A (HbA) reprĂ©sente environ 95 % des molĂ©cules d'hĂ©moglobines chez l'adulte, constituĂ©e de deux chaĂźnes α et de deux chaĂźnes ÎČ ; il existe Ă©galement une hĂ©moglobine A2 (HbA2) de formule α2ÎŽ2, et une hĂ©moglobine F (HbF, fƓtale) de formule α2Îł2. Chacune des quatre chaĂźnes est associĂ©e Ă  un groupe prosthĂ©tique appelĂ© hĂšme et constituĂ© d'un cation de fer complexĂ© avec une porphyrine. L'hĂ©moglobine est donc une hĂ©moprotĂ©ine.

Chez les mammifĂšres, l'hĂ©moglobine constitue prĂšs de 96 % de la masse de matiĂšre sĂšche des globules rouges, et environ 35 % de leur contenu total en incluant l'eau[3]. Chaque molĂ©cule d'hĂ©moglobine peut fixer jusqu'Ă  quatre molĂ©cules d'oxygĂšne O2, et l'hĂ©moglobine du sang peut transporter 1,34 mL d'O2 par gramme de protĂ©ine[4], ce qui lui permet de transporter 70 fois plus d'oxygĂšne que la quantitĂ© d'O2 dissoute dans le sang. L'hĂ©moglobine intervient aussi dans le transport d'autres gaz que l'oxygĂšne. Elle assure notamment le transport d'une partie du dioxyde de carbone CO2 produit par la respiration cellulaire, et transporte Ă©galement du monoxyde d'azote NO, qui joue un rĂŽle significatif dans la signalisation cellulaire de certains processus physiologiques, et qui est libĂ©rĂ© en mĂȘme temps que l'oxygĂšne aprĂšs avoir Ă©tĂ© transportĂ© sur un groupe thiol de l'apoprotĂ©ine[5].

La majeure partie de l'hĂ©moglobine se trouve dans les globules rouges, eux-mĂȘmes produits par la moelle osseuse. Cependant, toute l'hĂ©moglobine n'est pas concentrĂ©e dans les globules rouges. On en trouve ainsi par exemple dans les neurones dopaminergiques du groupe A9 de la substantia nigra, dans les macrophages, dans les cellules alvĂ©olaires et, au niveau des reins, dans les cellules du mĂ©sangium. Dans ces tissus, l'hĂ©moglobine joue un rĂŽle d'antioxydant et de rĂ©gulateur du mĂ©tabolisme du fer[6].

L'hĂ©moglobine et diverses molĂ©cules apparentĂ©es sont Ă©galement prĂ©sentes chez un grand nombre d'invertĂ©brĂ©s, de champignons et de plantes[7]. Chez ces organismes, l'hĂ©moglobine peut avoir pour fonction de transporter l'oxygĂšne O2, mais peut Ă©galement intervenir comme transporteur et rĂ©gulateur d'autres espĂšces chimiques telles que le dioxyde de carbone CO2, le monoxyde d'azote NO, le sulfure d'hydrogĂšne HS et l'anion sulfure S2−. Une variante de l'hĂ©moglobine, appelĂ©e lĂ©ghĂ©moglobine, assure l'Ă©limination de l'oxygĂšne des systĂšmes anaĂ©robies, par exemple des nodules de Rhizobium chez les fabacĂ©es, avant que celui-ci ne les inactive.

Structure et fonctionnement

Sous-unités

L'hémoglobine possÚde une structure quaternaire caractéristique de nombreuses protéines à sous-unités globulaires. La plupart de ses résidus d'acides aminés sont engagés dans des hélices α reliées entre elles par des segments non hélicoïdaux. Les sections hélicoïdales sont stabilisées par des liaisons hydrogÚne qui confÚrent à la protéine sa structure tridimensionnelle caractéristique, appelée repliement globine car on le retrouve également dans d'autres globines à groupe prosthétique héminique telles que la myoglobine[8]. Ce repliement caractéristique présente une cavité dans laquelle est étroitement insérée une molécule d'hÚme constituant le groupe prosthétique de la protéine. L'hémoglobine contient donc une molécule d'hÚme par sous-unité.

  • ReprĂ©sentation gĂ©nĂ©rique d'une molĂ©cule d'hĂ©moglobine, montrant les quatre sous unitĂ©s, identiques deux Ă  deux, avec chacune une molĂ©cule d'hĂšme insĂ©rĂ©e dans des cavitĂ©s Ă  l'intĂ©rieur des sous-unitĂ©s.
    Représentation générique d'une molécule d'hémoglobine, montrant les quatre sous unités, identiques deux à deux, avec chacune une molécule d'hÚme insérée dans des cavités à l'intérieur des sous-unités.

Chez la plupart des vertĂ©brĂ©s, la molĂ©cule d'hĂ©moglobine est un assemblage de quatre sous-unitĂ©s globulaires selon un arrangement grossiĂšrement tĂ©traĂ©drique. Ces sous-unitĂ©s sont maintenues ensemble par des liaisons hydrogĂšne, par des liaisons ioniques et par effet hydrophobe. Chez l'Homme adulte, le type d'hĂ©moglobine le plus courant est l'hĂ©moglobine A, constituĂ©e de deux sous-unitĂ©s α et deux sous-unitĂ©s ÎČ, formĂ©es chacune de 141 et 146 rĂ©sidus d'acides aminĂ©s respectivement. Cette structure est symbolisĂ©e par α2ÎČ2. Ces sous-unitĂ©s sont structurellement trĂšs semblables et ont sensiblement la mĂȘme taille. Chacune a une masse molĂ©culaire d'environ 16 kDa, soit 64 kDa (64 458 g·mol-1) pour la protĂ©ine complĂšte[9]. Chez l'enfant, l'hĂ©moglobine principale est dite hĂ©moglobine F (fƓtale), de formule α2Îł2, les chaĂźnes Îł Ă©tant progressivement remplacĂ©e par des chaĂźnes ÎČ au cours de la croissance.

HĂšme

L'hÚme est constitué d'un cation de fer(II) coordonné à quatre atomes d'azote d'une porphyrine, un tétrapyrrole dont la molécule est plane. Ce cation Fe2+ est également lié par covalence au résidu d'histidine F8 de la globine dans laquelle l'hÚme est inséré ; ce résidu, appelé histidine proximale, est situé sous le plan de l'hÚme. Fe2+ peut également se lier de maniÚre réversible par une liaison covalente de coordination à une molécule d'oxygÚne O2 au-dessus du plan de l'hÚme, à l'opposé de l'histidine proximale, ce qui complÚte la géométrie de coordination octaédrique à six ligands du cation de fer(II) dans l'oxyhémoglobine ; en l'absence d'oxygÚne, dans la désoxyhémoglobine, ce sixiÚme site est occupé par une molécule d'eau trÚs faiblement liée.

Le fer ferreux de la dĂ©soxyhĂ©moglobine est dans un Ă©tat haut spin, c'est-Ă -dire que ses cinq orbitales d sont occupĂ©es, essentiellement par des Ă©lectrons cĂ©libataires, d'oĂč un rayon ionique de l'ordre de 92 pm[10], tandis que, dans l'oxyhĂ©moglobine, le fer ferreux est dans un Ă©tat bas spin, c'est-Ă -dire que ses orbitales d sont occupĂ©es par six Ă©lectrons appariĂ©s qui se limitent aux trois orbitales de plus basse Ă©nergie, d'oĂč un rayon ionique de seulement 75 pm. Pour cette raison, l'ion Fe2+ est dĂ©calĂ© d'environ 40 pm par rapport au plan de l'hĂšme dans la dĂ©soxyhĂ©moglobine, mais de seulement 10 pm dans l'oxyhĂ©moglobine. Cette variation est Ă  la base du basculement entre forme tendue et forme relĂąchĂ© de l'hĂ©moglobine.

  • Structure de l'hĂšme b, groupe prosthĂ©tique de l'hĂ©moglobine.
    Structure de l'hÚme b, groupe prosthétique de l'hémoglobine.
  • (en) SchĂ©ma de principe de la liaison d'une molĂ©cule d'oxygĂšne O2 sur l'hĂšme, symbolysĂ© ici par un trait Ă©pais. L'ion superoxyde O2‱− rĂ©sultant est liĂ© d'un cĂŽtĂ© au cation de fer(III) par une liaison covalente de coordination et de l'autre cĂŽtĂ© Ă  l'histidine distale. Le cation Fe(II) de la dĂ©soxyhĂ©moglobine est Ă  l'Ă©tat haut spin et dĂ©calĂ© hors du plan de l'hĂšme vers l'histidine proximale, mais est ramenĂ© dans ce plan en passant Ă  l'Ă©tat bas spin par la liaison Ă  l'oxygĂšne, ce qui dĂ©place l'histidine proximale vers l'hĂšme et favorise le basculement du reste de la protĂ©ine de la forme tendue (T) vers la forme relĂąchĂ©e (R).
    (en) SchĂ©ma de principe de la liaison d'une molĂ©cule d'oxygĂšne O2 sur l'hĂšme, symbolysĂ© ici par un trait Ă©pais. L'ion superoxyde O2‱− rĂ©sultant est liĂ© d'un cĂŽtĂ© au cation de fer(III) par une liaison covalente de coordination et de l'autre cĂŽtĂ© Ă  l'histidine distale. Le cation Fe(II) de la dĂ©soxyhĂ©moglobine est Ă  l'Ă©tat haut spin et dĂ©calĂ© hors du plan de l'hĂšme vers l'histidine proximale, mais est ramenĂ© dans ce plan en passant Ă  l'Ă©tat bas spin par la liaison Ă  l'oxygĂšne, ce qui dĂ©place l'histidine proximale vers l'hĂšme et favorise le basculement du reste de la protĂ©ine de la forme tendue (T) vers la forme relĂąchĂ©e (R).

Le cation de fer peut ĂȘtre Ă  l'Ă©tat d'oxydation +2 ou +3 : dans ce dernier cas, on a affaire Ă  de la mĂ©thĂ©moglobine, qui se lie Ă  l'oxygĂšne de maniĂšre moins rĂ©versible que l'hĂ©moglobine, et avec une affinitĂ© infĂ©rieure. En effet, lorsqu'elle se lie Ă  l'hĂšme ferreux, la molĂ©cule d'oxygĂšne O2 tend Ă  ĂȘtre rĂ©duite en ion superoxyde O2‱− tandis que le cation Fe2+ tend Ă  ĂȘtre oxydĂ© en Fe3+, mĂ©canisme qui s'inverse lors de la libĂ©ration de l'oxygĂšne ; en revanche, la liaison de l'oxygĂšne Ă  l'hĂšme ferrique est essentiellement irrĂ©versible et tend Ă  bloquer la protĂ©ine en forme R, ce qui empĂȘche la libĂ©ration de l'oxygĂšne et inhibe sa fonctionnalitĂ© de transporteur d'oxygĂšne. La cytochrome b5 rĂ©ductase, ou mĂ©thĂ©moglobine rĂ©ductase, est l'enzyme qui assure la rĂ©duction de la mĂ©thĂ©moglobine en hĂ©moglobine fonctionnelle par rĂ©duction du cation Fe3+ en Fe2+, ce qui en fait une enzyme essentielle au maintien des propriĂ©tĂ©s du sang.

Forme tendue (T) et forme relùchée (R)

L'hémoglobine désoxygénée (désoxyhémoglobine) présente une conformation dite T, ou tendue, tandis que l'hémoglobine oxygénée (oxyhémoglobine) présente une conformation dite R, ou relùchée. La forme T a une faible affinité pour l'oxygÚne et tend par conséquent à le libérer, tandis que la forme R a une forte affinité pour l'oxygÚne et tend à le fixer. Plusieurs facteurs favorisent l'une ou l'autre de ces conformations. Ainsi, la forme T est favorisée par un pH faible (acide), une forte concentration en CO2 et un taux élevé en 2,3-bisphosphoglycérate (2,3-BPG), ce qui favorise la libération de l'oxygÚne lorsque le sang circule à travers les tissus, tandis que la forme R est favorisée par un pH élevé, une faible pression partielle de CO2 et un faible taux de 2,3-BPG, ce qui favorise la fixation de l'oxygÚne lorsque le sang circule au niveau des alvéoles pulmonaires.

  • ReprĂ©sentation schĂ©matique du basculement de l'hĂ©moglobine entre les formes T (dĂ©soxy) et R (oxy). Les dĂ©placements de l'hĂšme et de l'histidine proximale sont bien visibles dans les sous-unitĂ©s α1 et ÎČ2.
    ReprĂ©sentation schĂ©matique du basculement de l'hĂ©moglobine entre les formes T (dĂ©soxy) et R (oxy). Les dĂ©placements de l'hĂšme et de l'histidine proximale sont bien visibles dans les sous-unitĂ©s α1 et ÎČ2.
  • Taux de saturation en O2 de l'hĂ©moglobine en fonction de la pression partielle d'O2 ; parfois appelĂ©e courbe de Barcroft, elle est sigmoĂŻde en raison de l'effet coopĂ©ratif accompagnant la liaison de l'oxygĂšne Ă  l'hĂ©moglobine.
    Taux de saturation en O2 de l'hémoglobine en fonction de la pression partielle d'O2 ; parfois appelée courbe de Barcroft, elle est sigmoïde en raison de l'effet coopératif accompagnant la liaison de l'oxygÚne à l'hémoglobine.

Le basculement entre la forme T et la forme R de l'hémoglobine est un mécanisme dit coopératif, c'est-à-dire allostérique, car la liaison d'une molécule d'oxygÚne à la forme T induit un changement conformationnel qui se propage partiellement aux sous-unités adjacentes, dont l'affinité pour l'oxygÚne augmente progressivement au fur et à mesure que d'autres molécules d'oxygÚne se lient à l'hémoglobine, jusqu'à ce que toute la protéine adopte la conformation R ; à l'inverse, la libération d'une molécule d'oxygÚne par la forme R induit un changement conformationnel qui se propage partiellement aux sous-unités adjacentes, dont l'affinité pour l'oxygÚne décroßt graduellement au fur et à mesure que l'hémoglobine libÚre de l'oxygÚne, jusqu'à ce que toute la protéine adopte la conformation T[11]. C'est la raison pour laquelle la courbe de liaison de l'oxygÚne à l'hémoglobine en fonction de la pression partielle d'oxygÚne présente une forme sigmoïde, alors qu'elle serait hyperbolique en l'absence d'allostérie.

Courbe de saturation de l'hémoglobine en oxygÚne

Courbes typiques de saturation en O2 de la myoglobine (en rouge), de l'hĂ©moglobine F (en bleu) et de l'hĂ©moglobine A (en vert). La courbe de la myoglobine est hyperbolique car cette protĂ©ine monomĂ©rique ne prĂ©sente aucun effet coopĂ©ratif. La p50 de l'hĂ©moglobine fƓtale HbF est infĂ©rieure Ă  celle de l'hĂ©moglobine adulte HbA afin de permettre l'oxygĂ©nation du sang du fƓtus Ă  partir de celui de la mĂšre.

On a coutume de tracer le taux de saturation de l'hĂ©moglobine en oxygĂšne O2 reprĂ©sentĂ©e en ordonnĂ©e en fonction de la pression partielle de l'oxygĂšne O2, donnĂ©e en abscisse. Dans cette reprĂ©sentation, la courbe est sigmoĂŻde et tend Ă  glisser vers la gauche lorsque l'affinitĂ© de l'hĂ©moglobine pour l'oxygĂšne augmente, et vers la droite lorsqu'elle diminue. La pression partielle d'oxygĂšne Ă  laquelle l'hĂ©moglobine est saturĂ©e d'oxygĂšne Ă  50 % est appelĂ©e p50 : plus sa valeur est faible et plus l'affinitĂ© de l'hĂ©moglobine pour l'oxygĂšne est Ă©levĂ©e. À titre indicatif, la p50 de l'hĂ©moglobine d'un adulte sain vaut typiquement 3,5 kPa, souvent Ă©crite 26,6 mmHg, tandis que celle de la myoglobine vaut typiquement 130 Pa.

Plusieurs facteurs augmentent la p50 et font donc glisser cette courbe vers la droite :

Ces effets sont réversibles, et l'inversion du sens de variation de ces facteurs fait glisser la courbe vers la gauche.

Autres ligands transportés par l'hémoglobine

Outre l'oxygĂšne O2, qui se lie Ă  l'hĂ©moglobine selon un mĂ©canisme dit coopĂ©ratif, cette protĂ©ine transporte Ă©galement d'autres ligands dont certains sont des inhibiteurs compĂ©titifs, comme le monoxyde de carbone CO, et d'autres sont des ligands allostĂ©riques tels que le dioxyde de carbone CO2 et le monoxyde d'azote NO. Le CO2 se lie de maniĂšre rĂ©versible Ă  des groupes amine de l'apoprotĂ©ine pour former de la carbaminohĂ©moglobine, dont on pense qu'elle assure environ 10 % du transport de CO2 chez les mammifĂšres, le reste Ă©tant transportĂ© essentiellement sous forme d'ions bicarbonate HCO3−. Le monoxyde d'azote se lie de maniĂšre rĂ©versible Ă  des groupes thiol de l'apoprotĂ©ine pour former un S-nitrosothiol. Il est possible que le transport du monoxyde d'azote intervienne indirectement pour favoriser le transport de l'oxygĂšne par l'hĂ©moglobine en agissant comme vasodilatateur dans les tissus oĂč la pression partielle d'oxygĂšne est faible[12].

Inhibiteurs par compétition avec l'oxygÚne

La liaison de l'oxygĂšne Ă  l'hĂ©moglobine est efficacement bloquĂ©e par le monoxyde de carbone CO, provenant par exemple de la fumĂ©e de cigarettes, de pots d'Ă©chappements ou d'une combustion incomplĂšte par une chaudiĂšre. Le monoxyde de carbone entre en compĂ©tition avec l'oxygĂšne au niveau du site de liaison de ce dernier sur l'hĂšme. L'affinitĂ© de l'hĂ©moglobine pour le monoxyde de carbone est environ 230 fois supĂ©rieure Ă  celle de l'hĂ©moglobine pour l'oxygĂšne[13] - [14] - [15], de sorte que de faibles quantitĂ©s de monoxyde de carbone suffisent pour significativement rĂ©duire l'oxygĂ©nation de l'hĂ©moglobine lors de l'hĂ©matose, et donc la capacitĂ© du sang Ă  oxygĂ©ner l'organisme. L'hypoxie qui rĂ©sulte ainsi d'une exposition continue Ă  0,16 % de CO dans l'air provoque vertige, nausĂ©e, cĂ©phalĂ©e et tachycardie en 20 minutes, et conduit Ă  la mort en moins de deux heures ; un taux de 1,28 % de CO dans l'air provoque une perte de connaissance aprĂšs seulement deux Ă  trois inspirations, et la mort en moins de trois minutes[16] - [17]. Lorsqu'elle se combine au monoxyde de carbone, l'hĂ©moglobine est une protĂ©ine appelĂ©e carboxyhĂ©moglobine dont la couleur rouge trĂšs vif est susceptible de colorer en rose la peau des victimes mortes d'une intoxication au monoxyde de carbone, qui auraient sans cela le teint pĂąle ou bleui.

De maniĂšre semblable, l'hĂ©moglobine prĂ©sente, sur son site de liaison Ă  l'oxygĂšne, une affinitĂ© compĂ©titive pour l'ion cyanure CN−, le monoxyde de soufre SO et l'ion sulfure S2−, comme avec le sulfure d'hydrogĂšne H2S. Ceux-ci se lient au cation de fer de l'hĂšme sans modifier son Ă©tat d'oxydation, mais ils inhibent cependant la liaison de l'oxygĂšne Ă  l'hĂšme, d'oĂč leur grande toxicitĂ©.

Ligands allostériques de l'hémoglobine

Le dioxyde de carbone CO2 se lie plus facilement à la désoxyhémoglobine, ce qui facilite son élimination de l'organisme. C'est ce qu'on appelle l'effet Haldane.

Par ailleurs, le CO2 dissous dans le sang est converti en anion bicarbonate HCO3− par l'anhydrase carbonique, selon la rĂ©action :

CO2 + H2O → H2CO3 → HCO3− + H+.

Il s'ensuit que le sang riche en CO2 est également plus acide, c'est-à-dire que son pH est abaissé sous l'effet de l'acide carbonique. La liaison de protons H+ et de molécules de CO2 à l'hémoglobine induit un changement conformationnel qui en favorise la forme T, et donc la libération de l'oxygÚne. Les protons se lient sur différents sites de l'hémoglobine, tandis que le dioxyde de carbone se lie aux groupes amine α pour former de la carbaminohémoglobine. La baisse d'affinité de l'hémoglobine pour l'oxygÚne en présence de CO2 et de pH acide est appelée effet Bohr.

Les personnes acclimatées aux altitudes élevée présentent un taux sanguin accru de 2,3-bisphosphoglycérate (2,3-BPG). Ce dernier est un effecteur hétéroallostérique qui a pour effet de réduire l'affinité de l'hémoglobine pour l'oxygÚne en stabilisant la forme T : sous une pression partielle d'oxygÚne plus faible qu'au niveau de la mer, une baisse d'affinité de l'hémoglobine pour l'oxygÚne a pour effet d'accroßtre l'efficacité globale du transport de l'oxygÚne par l'hémoglobine. On observe plus généralement une augmentation du taux de 2,3-BPG lorsque la pression partielle en oxygÚne décroßt dans les tissus périphériques, par exemple en cas d'hypoxémie, de maladie respiratoire chronique, d'anémie, ou encore d'insuffisance cardiaque. A contrario, le taux de 2,3-BPG décroßt en cas de choc septique et d'hypophosphatémie (en).

BiosynthÚse et dégradation

La biosynthĂšse de l'hĂ©moglobine fait intervenir un ensemble complexe d'Ă©tapes. L'hĂšme est issu d'une suite de rĂ©actions qui commencent dans les mitochondries et se poursuivent dans le cytosol d'Ă©rythrocytes immatures, tandis que l'apoprotĂ©ine est produite au niveau de ribosomes du cytosol. La production d'hĂ©moglobine se produit aux premiers stades de l'Ă©rythropoĂŻĂšse, depuis le stade proĂ©rythroblaste jusqu'au stade rĂ©ticulocyte dans la moelle osseuse. C'est Ă  ce niveau que les Ă©rythrocytes des mammifĂšres perdent leur noyau, tandis que ce dernier demeure dans les Ă©rythrocytes chez les oiseaux et de nombreuses autres espĂšces. La biosynthĂšse de l'apoprotĂ©ine se poursuit cependant aprĂšs la perte du noyau car il subsiste de l'ARN messager dans la cellule, qui peut ĂȘtre traduit par les ribosomes du cytosol jusqu'Ă  la mise en fonction de l'Ă©rythrocyte dans l'appareil cardiovasculaire[18].

Chez les vertĂ©brĂ©s, les Ă©rythrocytes parvenus en fin de vie du fait de leur sĂ©nescence ou de leur altĂ©ration sont retirĂ©s du sang par phagocytose par des macrophages dans la rate et dans le foie. En cas d'hĂ©molyse dans la circulation sanguine, l'hĂ©moglobine se lie Ă  l'haptoglobine, tandis que l'hĂšme libre est fixĂ© par l'hĂ©mopexine, ce qui limite l'effet oxydant. L'hĂ©moglobine incomplĂštement dĂ©gradĂ©e ou libĂ©rĂ©e en trop grande quantitĂ© Ă  partir de globules rouges endommagĂ©s est susceptible d'obstruer les vaisseaux sanguins, notamment les capillaires des reins, ce qui peut provoquer des nĂ©phropathies. L'hĂ©moglobine libĂ©rĂ©e est Ă©liminĂ©e du sang par la protĂ©ine CD163, exclusivement exprimĂ©e dans les monocytes et les macrophages. L'hĂ©moglobine est dĂ©gradĂ©e dans ces cellules et le fer de l'hĂšme est recyclĂ©, tandis qu'une molĂ©cule de monoxyde de carbone est libĂ©rĂ©e par molĂ©cule d'hĂšme dĂ©gradĂ©e[19] : la dĂ©gradation de l'hĂšme est l'un des rares processus naturels produisant du monoxyde de carbone dans le corps humain et est responsable de la prĂ©sence de CO dans le sang d'individus respirant mĂȘme l'air le plus pur. Ce processus forme de la biliverdine, puis de la bilirubine, de couleur jaune. Insoluble, elle est libĂ©rĂ©e par les macrophages dans le plasma sanguin, oĂč elle se lie Ă  la sĂ©rum albumine, qui la transporte jusqu'aux hĂ©patocytes. Ces derniers la solubilisent par conjugaison avec l'acide glucuronique et la sĂ©crĂštent dans les intestins avec la bile. Les intestins mĂ©tabolisent la bilirubine en urobilinogĂšne, qui est excrĂ©tĂ© dans les fĂšces sous forme de stercobiline ainsi que dans les urines. Lorsque la bilirubine ne peut ĂȘtre excrĂ©tĂ©e, sa concentration sanguine augmente et elle est Ă©liminĂ©e essentiellement par les urines, qui deviennent foncĂ©es tandis que les fĂšces sont dĂ©colorĂ©es.

Le fer issu de la dĂ©gradation de l'hĂšme est stockĂ© dans les ferritines des tissus et vĂ©hiculĂ© dans le plasma sanguin par des ÎČ-globulines telles que les transferrines.

Génétique

Les molĂ©cules d'hĂ©moglobine sont constituĂ©es de sous-unitĂ©s de type globine dont la sĂ©quence diffĂšre selon les espĂšces. Il existe Ă©galement des variantes d'hĂ©moglobines au sein d'une mĂȘme espĂšce, bien que l'une de ces variantes soit gĂ©nĂ©ralement largement prĂ©pondĂ©rante sur les autres. Chez l'Homme, la forme prĂ©pondĂ©rante d'hĂ©moglobine est appelĂ©e hĂ©moglobine A ; elle est codĂ©e par les gĂšnes HBA1, HBA2 et HBB situĂ©s sur le chromosome 16 pour les deux premiers et sur le chromosome 11 pour le dernier[20].

Évolution

Il est gĂ©nĂ©ralement admis que la divergence entre hĂ©moglobine et myoglobine est postĂ©rieure Ă  la sĂ©paration des gnathostomes (vertĂ©brĂ©s Ă  mĂąchoire) d'avec les lamproies[21]. La myoglobine a Ă©tĂ© orientĂ©e vers le stockage de l'oxygĂšne tandis que l'hĂ©moglobine a Ă©tĂ© spĂ©cialisĂ©e dans le transport de l'oxygĂšne[22]. Les sous-unitĂ©s de la protĂ©ine sont codĂ©es par des gĂšnes de type globines α et ÎČ[20]. Les prĂ©dĂ©cesseurs de ces gĂšnes sont apparus lors d'une duplication survenue aprĂšs l'apparition des gnathostomes, il y a environ 450 Ă  500 millions d'annĂ©es[21]. L'apparition de gĂšnes α et ÎČ a ouvert la voie Ă  la polymĂ©risation de ces globines, et donc Ă  la formation d'une protĂ©ine plus grosse constituĂ©e de sous-unitĂ©s distinctes. Le fait que l'hĂ©moglobine soit une protĂ©ine polymĂ©rique est Ă  la base du mĂ©canisme allostĂ©rique qui sous-tend notamment le caractĂšre coopĂ©ratif de la liaison de l'oxygĂšne Ă  l'hĂ©moglobine[22]. Le gĂšne α a par la suite subi une seconde duplication qui conduit Ă  la formation des gĂšnes HBA1 et HBA2[23]. Ces multiples duplications et divergences ont crĂ©Ă© tout un ensemble de gĂšnes apparentĂ©s aux globines α et ÎČ dont la rĂ©gulation conduit Ă  les exprimer Ă  diffĂ©rents stades de dĂ©veloppement[22].

Mutations

Les mutations sur les gÚnes de l'hémoglobine peuvent conduire à des variantes d'hémoglobine. La plupart de ces variantes sont fonctionnelles et sans effet sur la santé. Certaines mutations de l'hémoglobine, en revanche, sont susceptibles de provoquer des maladies génétiques appelées hémoglobinopathies. La mieux connue de ces affections est la drépanocytose, qui a été la premiÚre maladie humaine dont le mécanisme a été élucidé au niveau moléculaire. Les thalassémies forment un autre groupe d'hémoglobinopathies impliquant une altération de la régulation des gÚnes des globines constituant l'hémoglobine. Toutes ces maladies ont pour conséquence une anémie.

La modification de la sĂ©quence en acides aminĂ©s de l'hĂ©moglobine peut ĂȘtre adaptative. On a pu ainsi montrer que l'hĂ©moglobine s'adapte Ă  la baisse de la pression partielle en oxygĂšne observĂ©e en haute altitude. L'hĂ©moglobine doit alors ĂȘtre en mesure de se lier Ă  l'oxygĂšne Ă  une pression plus faible, ce qui peut se manifester par une modification de la sĂ©quence au niveau des acides aminĂ©s intervenant dans l'affinitĂ© de l'hĂ©moglobine pour l'oxygĂšne, comme cela a Ă©tĂ© observĂ© par exemple chez des colibris de la cordillĂšre des Andes : ainsi, chez les espĂšces du genre Oreotrochilus, chez le colibri de Castelnau, l'inca violifĂšre ou encore le colibri gĂ©ant, ces mutations rĂ©duisent l'affinitĂ© de l'hĂ©moglobine pour l'acide phytique, qui joue chez ces oiseaux le mĂȘme rĂŽle que le 2,3-bisphospoglycĂ©rate chez l'homme ; cette baisse d'affinitĂ© a pour effet d'accroĂźtre l'efficacitĂ© du transport de l'oxygĂšne lorsque la pression partielle de ce dernier est rĂ©duite[24].

L'adaptation de l'hĂ©moglobine aux altitudes Ă©levĂ©es touche Ă©galement les humains. On ainsi identifiĂ© un groupe de femmes tibĂ©taines dont le gĂ©notype code une hĂ©moglobine dont l'affinitĂ© pour l'oxygĂšne est accrue Ă  faible pression partielle[25]. Ceci a pour effet de rĂ©duire la mortalitĂ© infantile dans ces conditions extrĂȘmes, ce qui offre un avantage sĂ©lectif favorisant les individus porteurs de ces mutations de l'hĂ©moglobine.

Variantes humaines de l'hémoglobine

Production des différentes globines chez l'homme dans les semaines précédant et suivant la naissance.

Chez l'adulte, la principale variante d'hĂ©moglobine est l'hĂ©moglobine A, ou HbA, de formule α2ÎČ2, qui reprĂ©sente plus de 97 % de l'hĂ©moglobine totale d'un adulte sain. L'autre variante d'hĂ©moglobine adulte est l'hĂ©moglobine A2, ou HbA2, de formule α2ÎŽ2, qui reprĂ©sente entre 1,5 % et 3,1 % de l'hĂ©moglobine totale d'un adulte sain, mais dont la proportion augmente chez les patients drĂ©panocytaires. Outre ces variantes adultes saines, il existe une douzaine d'autres variantes d'hĂ©moglobine humaine, qu'on rencontre chez l'embryon, le fƓtus, ou les patients atteints d'une ou plusieurs formes d'hĂ©moglobinopathies.

HĂ©moglobines embryonnaires

On connaßt quatre types d'hémoglobine embryonnaire chez l'homme :

  • Hb Gower-1, de formule ζ2Δ2, est relativement instable et se dĂ©compose facilement[26] ;
  • Hb Gower-2, de formule α2Δ2, plus stable que la variante Gower-1, existe en petites quantitĂ©s au cours de la vie embryonnaire et fƓtale ; elle a Ă©tĂ© proposĂ©e comme traitement par rĂ©activation du gĂšne chez les patients souffrant d'hĂ©moglobinopathies telles qu'une thalassĂ©mie ÎČ chez lesquels une rĂ©activation de l'hĂ©moglobine F est contre-indiquĂ©e pour des raisons de toxicitĂ©[26] ;
  • Hb Portland-1, de formule ζ2Îł2, est prĂ©sente en faibles quantitĂ©s au cours de la vie embryonnaire et fƓtale[26] ;
  • Hb Portland-2, de formule ζ2ÎČ2, est encore plus instable que la variante Gower-1 mais a Ă©tĂ© proposĂ©e comme traitement par rĂ©activation du gĂšne chez les patients souffrant de thalassĂ©mie α[26] - [27].

L'hĂ©moglobine embryonnaire est parfois symbolisĂ©e par HbΔ, qui ne doit pas ĂȘtre confondue avec l'hĂ©moglobine E, notĂ©e HbE, laquelle est une variante pathologique d'HbA prĂ©sentant une mutation dĂ©lĂ©tĂšre sur les sous-unitĂ©s ÎČ, notĂ©es ÎČE (le « E » fait dans ce cas rĂ©fĂ©rence au rĂ©sidu de glutamate modifiĂ© par mutation).

HĂ©moglobine fƓtale

L'hĂ©moglobine fƓtale HbF, de formule α2Îł2, remplace l'hĂ©moglobine embryonnaire aprĂšs 10 Ă  12 semaines de dĂ©veloppement. Elle constitue jusqu'Ă  95 % du sang du nouveau-nĂ©, et est progressivement remplacĂ©e par l'hĂ©moglobine adulte HbA Ă  partir du sixiĂšme mois suivant la naissance ; elle demeure cependant prĂ©sente Ă  l'Ă©tat de traces chez l'adulte, oĂč elle n'excĂšde pas 1 % de toutes les variantes d'hĂ©moglobine dĂ©tectables. Elle demeure produite chez l'enfant lors de certaines thalassĂ©mies particuliĂšres, parfois jusqu'Ă  l'Ăąge de cinq ans, et une maladie rare, dite syndrome de persistance hĂ©rĂ©ditaire de l'hĂ©moglobine fƓtale (en) (HPFH), se traduit par la production d'HbF au lieu d'HbA au-delĂ  de la pĂ©riode normale. Par ailleurs, la production d'HbF peut ĂȘtre rĂ©activĂ©e chez l'adulte dans un cadre thĂ©rapeutique pour traiter la drĂ©panocytose[28].

L'hĂ©moglobine fƓtale est caractĂ©risĂ©e par une plus grande affinitĂ© pour l'oxygĂšne que l'hĂ©moglobine adulte, ce qui permet au fƓtus de s'oxygĂ©ner Ă  partir du sang de sa mĂšre : en effet, la p50 d'HbF vaut environ 19 mmHg (2,6 kPa), contre 26,8 mmHg (3,6 kPa) pour HbA. Cette diffĂ©rence d'affinitĂ© pour l'oxygĂšne rĂ©sulte d'une diffĂ©rence d'affinitĂ© pour l'un des effecteurs allostĂ©riques de l'hĂ©moglobine : le 2,3-bisphosphoglycĂ©rate (2,3-BPG), dont la liaison avec l'hĂ©moglobine a pour effet de stabiliser la forme T de cette protĂ©ine, laquelle correspond Ă  la dĂ©soxyhĂ©moglobine, ce qui rĂ©duit l'affinitĂ© de l'hĂ©moglobine pour l'oxygĂšne. Dans le cas de l'hĂ©moglobine fƓtale, la sous-unitĂ© Îł prĂ©sente un rĂ©sidu de sĂ©rine en position 143, lĂ  oĂč une sous-unitĂ© ÎČ d'HbA prĂ©sente un rĂ©sidu d'histidine : cette position se trouve au niveau du site de liaison au 2,3-BPG, et le remplacement d'une histidine, dont la chaĂźne latĂ©rale porte une charge Ă©lectrique positive, par une sĂ©rine, Ă©lectriquement neutre, affaiblit l'interaction du 2,3-BPG avec l'hĂ©moglobine, car le 2,3-BPG est une petite molĂ©cule porteuse de cinq charges Ă©lectriques nĂ©gatives.

HĂ©moglobinopathies

Les thalassĂ©mies sont caractĂ©risĂ©es par l'insuffisance de production d'un des deux types de sous-unitĂ©s de l'hĂ©moglobine adulte. On distingue ainsi la thalassĂ©mie α, plutĂŽt rare, dans laquelle les sous-unitĂ©s α sont insuffisamment produites, et la thalassĂ©mie ÎČ, la plus courante, dans laquelle ce sont les sous-unitĂ©s ÎČ qui sont insuffisamment produites. La premiĂšre conduit Ă  la formation de tĂ©tramĂšres de ÎČ-globine dits hĂ©moglobine H, de formule ÎČ4, qui sont assez instables. Les homozygotes α0 ne survivent gĂ©nĂ©ralement pas longtemps aprĂšs la naissance en raison d'une altĂ©ration profonde de l'hĂ©moglobine fƓtale HbF, donnant dans ces conditions de l'hĂ©moglobine Barts, de formule Îł4.

Les principales mutations de l'hémoglobine sont :

  • l'hĂ©moglobine C, de formule α2ÎČC2, qui correspond Ă  une substitution E6K, remplacement du rĂ©sidu de glutamate en position 6 par un rĂ©sidu de lysine. Le premier possĂšde une chaĂźne latĂ©rale courte et chargĂ©e nĂ©gativement, tandis que le second possĂšde une chaĂźne latĂ©rale longue chargĂ©e positivement, ce qui affecte la plasticitĂ© gĂ©nĂ©rale des Ă©rythrocytes. Les hĂ©tĂ©rozygotes comptent de 28 % Ă  44 % d'hĂ©moglobine C, ce qui demeure asymptomatique, tandis que les homozygotes comptent 100 % d'hĂ©moglobine C, ce qui provoque une lĂ©gĂšre anĂ©mie hĂ©molytique. Le gĂšne de l'hĂ©moglobine C est surtout prĂ©sent en Afrique de l'Ouest, oĂč il peut prĂ©senter un avantage prĂ©ventif contre le paludisme Ă  l'instar d'autres hĂ©moglobinopathies, ainsi qu'en Europe du Sud, en AmĂ©rique latine et dans les CaraĂŻbes ;
  • l'hĂ©moglobine E', de formule α2ÎČE2, qui correspond Ă  une substitution E26K, remplacement du rĂ©sidu de glutamate en position 26 par un rĂ©sidu de lysine. Cette mutation touche environ 1 million de personnes dans le monde, essentiellement en Asie du Sud-Est. Elle affecte l'expression de la ÎČ-globine en induisant un Ă©pissage alternatif de l'ARN messager au niveau des codons 25-27, d'oĂč un dĂ©ficit de production de ÎČ-globine normale, ce qui conduit Ă  une thalassĂ©mie ÎČ. De plus, les sous-unitĂ©s ÎČE interagissent moins fortement avec les sous-unitĂ©s α, ce qui rend les molĂ©cules d'hĂ©moglobine E moins stables en prĂ©sence d'oxydants[29] ;
  • l'hĂ©moglobine S, de formule α2ÎČS2, qui correspond Ă  une substitution E6V, remplacement du rĂ©sidu de glutamate en position 6 par un rĂ©sidu de valine. Cette substitution, qui place un rĂ©sidu d'acide aminĂ© hydrophobe Ă  la surface de la protĂ©ine, crĂ©e une zone d'adhĂ©rence qui favorise la prĂ©cipitation de l'hĂ©moglobine S en longs filaments qui allongent les Ă©rythrocytes en leur donnant une forme de faucille (sickle en anglais, d'oĂč le « S » de cette variante), d'oĂč le nom d'anĂ©mie falciforme Ă©galement donnĂ©e Ă  cette maladie, Ă©galement appelĂ©e drĂ©panocytose. Le gĂšne S est prĂ©sent essentiellement en Afrique subsaharienne, au Moyen-Orient et en Inde centrale : on estimait en 2013 Ă  3,2 millions le nombre d'homozygotes souffrant de drĂ©panocytose, et Ă  43 millions le nombre d'hĂ©tĂ©rozygotes ayant le trait drĂ©panocytaire[30]. L'anĂ©mie de ces derniers les protĂšge du paludisme, d'oĂč un avantage sĂ©lectif qui favorise la prĂ©valence du gĂšne drĂ©panocytaire dans les rĂ©gions impaludĂ©es.

Molécules analogues

Érythrocruorine de ver de terre commun, constituĂ©e de douze hĂ©tĂ©rododĂ©camĂšres, soit 144 sous-unitĂ©s de globines A, B, C et D et 36 protĂ©ines de liaison, pour une masse de 3 600 kDa (PDB 2GTL[31]).

Il existe, chez les plantes et les animaux, une grande diversité de protéines qui se lient à l'oxygÚne pour en assurer le stockage ou le transport. Les bactéries, les protozoaires et les champignons possÚdent tous également des protéines apparentées à l'hémoglobine qui, par leur fonction connue ou prédite, se lient à des ligands gazeux de maniÚre réversible. Outre le transport et la détection de l'oxygÚne, ces protéines peuvent intervenir pour éliminer l'oxygÚne des milieux qui sont censés demeurer anaérobies[32], comme c'est par ailleurs le cas de la léghémoglobine.

Dans la mesure oĂč de nombreuses protĂ©ines de ce type sont formĂ©es de globines et d'hĂšme, elles sont souvent appelĂ©es « hĂ©moglobine » mĂȘme si leur structure gĂ©nĂ©rale est trĂšs diffĂ©rente de l'hĂ©moglobine des vertĂ©brĂ©s. En particulier, la distinction entre myoglobine et hĂ©moglobine est souvent impossible chez les animaux les plus simples en l'absence de muscles chez ces derniers, tandis que le systĂšme circulatoire de la plupart des insectes n'intervient pas dans la diffusion de l'oxygĂšne Ă  travers l'organisme. Un certain nombre d'arthropodes (araignĂ©es, scorpions, certains crustacĂ©s) ont recours Ă  l'hĂ©mocyanine, qui est une mĂ©talloprotĂ©ine dĂ©pourvue d'hĂšme mais utilisant des cations de cuivre directement coordonnĂ©s Ă  des rĂ©sidus d'histidine, mais cette protĂ©ine n'est pas homologue de l'hĂ©moglobine.

La structure des hĂ©moglobines est trĂšs variable selon les espĂšces considĂ©rĂ©es. Elle est souvent mono-globine chez les bactĂ©ries, les protozoaires, les algues et les plantes, tandis que de nombreux nĂ©matodes, mollusques et crustacĂ©s possĂšdent de trĂšs grandes protĂ©ines contenant un nombre de sous-unitĂ©s bien plus Ă©levĂ© que chez les vertĂ©brĂ©s. Les champignons et les annĂ©lides possĂšdent en particulier des hĂ©moglobines chimĂ©riques contenant Ă  la fois des globines et d'autres types de protĂ©ines[7]. Ainsi, le ver tubicole gĂ©ant des monts hydrothermaux contient une variĂ©tĂ© d'hĂ©moglobine comprenant pas moins de 144 sous-unitĂ©s globine, associĂ©es chacune Ă  un groupe hĂ©minique, dont le rĂŽle est de capter l'oxygĂšne O2 et le sulfure d'hydrogĂšne H2S nĂ©cessaires aux bactĂ©ries qui vivent en symbiose avec lui, ainsi que le dioxyde de carbone CO2 nĂ©cessaire Ă  l'anabolisme du ver. Ces structures sont remarquables en ce qu'elles peuvent transporter l'oxygĂšne en prĂ©sence d'ions sulfure et transporter ces ions eux-mĂȘmes sans ĂȘtre empoisonnĂ©es par eux comme le sont les hĂ©moglobines des autres espĂšces[33] - [34].

Parmi les protéines autres que l'hémoglobine capables de se lier à l'oxygÚne, on peut retenir les molécules suivantes :

  • Myoglobine — PrĂ©sente dans les muscles de la plupart des vertĂ©brĂ©s, y compris chez les humains, elle donne Ă  ces tissus une teinte rouge ou gris foncĂ©. Sa structure est trĂšs semblable aux sous-unitĂ©s globine de l'hĂ©moglobine, mais est monomĂ©rique, et ne prĂ©sente donc pas d'effet coopĂ©ratif en se liant Ă  l'oxygĂšne. Elle intervient plutĂŽt dans le stockage de l'oxygĂšne que dans son transport.
  • HĂ©mocyanine — DeuxiĂšme transporteur d'oxygĂšne le plus courant dans la nature aprĂšs l'hĂ©moglobine, on la trouve chez de nombreux arthropodes et mollusques. Elle utilise un groupe prosthĂ©tique constituĂ© de cuivre et non de fer hĂ©minique, et prĂ©sente une couleur bleue lorsqu'elle est oxygĂ©nĂ©e.
  • HĂ©mĂ©rythrine — Certains invertĂ©brĂ©s marins et quelques espĂšces d'annĂ©lides utilisent cette protĂ©ine Ă  fer non hĂ©minique pour transporter l'oxygĂšne. Elle prĂ©sente une couleur rose ou violette lorsqu'elle est oxygĂ©nĂ©e, et est claire lorsqu'elle n'est pas oxygĂ©nĂ©e.
  • Chlorocruorine — PrĂ©sente chez de nombreux annĂ©lides, elle est trĂšs semblable Ă  l'Ă©rythrocruorine mais son groupe hĂ©minique prĂ©sente une structure sensiblement diffĂ©rente. Elle est de couleur rouge lorsqu'elle est oxygĂ©nĂ©e, et verte lorsqu'elle est dĂ©soxygĂ©nĂ©e (d'oĂč son nom).
  • Érythrocruorine — PrĂ©sente chez de nombreux annĂ©lides, y compris les vers de terre, il s'agit d'une trĂšs grosse protĂ©ine pouvant contenir plus d'une centaine de sous-unitĂ©s protĂ©iques et d'unitĂ©s hĂ©miniques, l'ensemble ayant une masse molĂ©culaire pouvant atteindre 3 600 kDa.
  • LĂ©ghĂ©moglobine — PrĂ©sente dans les gousses, telles que la luzerne cultivĂ©e et le soja, elle a pour fonction de protĂ©ger les bactĂ©ries fixant l'azote de l'oxygĂšne, afin de permettre Ă  la nitrogĂ©nase de rĂ©duire l'azote, ce qu'elle ne peut faire en prĂ©sence d'oxygĂšne.

Utilisation clinique

En médecine, plusieurs termes se rapportent à l'hémoglobine :

  • Le taux d'hĂ©moglobine est exprimĂ© en g/100 mL. Les valeurs normales du taux d'hĂ©moglobine dĂ©pendent du sexe et de l'Ăąge du sujet. Un taux d'hĂ©moglobine infĂ©rieur Ă  la norme dĂ©finit une anĂ©mie. Les valeurs de rĂ©fĂ©rences sont plus Ă©levĂ©es chez les hommes que chez les femmes. Une Ă©tude remet en question les valeurs de rĂ©fĂ©rences de l'hĂ©moglobine, avançant qu'avoir des valeurs de rĂ©fĂ©rence diffĂ©rentes concernant l'hĂ©moglobine pour les hommes et les femmes n'est pas justifiĂ©[35].
  • La saturation SaO2 dĂ©finie en % est calculĂ©e par la quantitĂ© d'oxyhĂ©moglobine divisĂ© par la quantitĂ© totale d'hĂ©moglobine du sang. La saturation SaO2 peut ĂȘtre mesurĂ©e sur du sang veineux ou du sang artĂ©riel. La saturation en oxygĂšne du sang est un des paramĂštres d'un examen appelĂ© gaz du sang. La valeur de la saturation est considĂ©rĂ©e comme dangereuse si elle est infĂ©rieure Ă  90 % pour du sang artĂ©riel. La valeur normale est d'environ 96-100 % pour des conditions atmosphĂ©riques normales. À cette valeur, on parle de capacitĂ© en O2 du sang.
  • La cyanose est un signe clinique. Il s'agit de la coloration bleutĂ©e des tĂ©guments. Elle apparaĂźt lorsque la concentration d'hĂ©moglobine rĂ©duite dĂ©passe les g/100 ml de sang capillaire. Elle peut ĂȘtre masquĂ©e par une anĂ©mie.

Maladies génétiques de l'hémoglobine

Comme de nombreuses protéines, les chaines d'hémoglobine présentent diverses mutations qui n'ont le plus souvent aucune incidence clinique. Plus de 500 hémoglobines anormales ont été répertoriées[36]. Certaines mutations (Hb Köln, Indianapolis, etc.) entraßnent une instabilité du tétramÚre précipitant en corps de Heinz, ou une méthémoglobinémie (hémoglobines M).

Parfois cette mutation entraßne une affinité anormale pour l'oxygÚne, soit, telle l'Hb Hope, une diminution d'affinité avec une P50 élevée donnant une anémie bien tolérée et une cyanose au repos, l'effort et l'altitude étant mal supportés, soit, telle l'Hb Chesapeake, Malmö, ou Olympia, une augmentation d'affinité avec une P50 diminuée et une polyglobulie compensatrice entraßnant des manifestations cliniques à partir d'un certain ùge.

D'autres peuvent ĂȘtre responsables d'une hĂ©molyse chronique, HbS (par mutation de glutamine en valine ce qui va provoquer la polymĂ©risation d'Hb), HbC, ou aggraver Ă  l'Ă©tat hĂ©tĂ©rozygote une autre hĂ©moglobinopathie, HbO Arabe, HbD Punjab ou Hb Lepore, ou une ÎČ-thalassĂ©mie, HbE.

Enfin, l'atteinte gĂ©nĂ©tique peut porter non sur la structure primaire de la protĂ©ine, mais sur un dĂ©faut quantitatif de sa synthĂšse, ou une persistance anormalement Ă©levĂ©e de l'hĂ©moglobine fƓtale HbF.

Les défauts de synthÚse, ou l'anomalie moléculaire sont décrits sous les noms de :

Historique

Les premiĂšres Ă©tudes sur l'hĂ©moglobine ont Ă©tĂ© conduites au XIXe siĂšcle en Allemagne. DĂ©couverte en 1840 par HĂŒnefeld, l'hĂ©moglobine a Ă©tĂ© cristallisĂ©e en 1851 par Otto Funke (en), et c'est Felix Hoppe-Seyler qui mit en Ă©vidence la fixation rĂ©versible de l'oxygĂšne sur cette protĂ©ine en 1866[37]. La nature tĂ©tramĂ©rique et la masse molĂ©culaire de l'hĂ©moglobine furent Ă©tablies par Gilbert Smithson Adair (en) en 1925 par mesure de la pression osmotique de solutions d'hĂ©moglobine[38], qui identifia Ă©galement les bases de l'effet coopĂ©ratif de la liaison de l'oxygĂšne Ă  cette protĂ©ine par allostĂ©rie.

La structure tridimensionnelle de l'hémoglobine fut établie par Max Perutz en 1959 par cristallographie aux rayons X[39] - [40], ce qui lui valut de partager le prix Nobel de chimie 1962 avec John Kendrew[41], qui avait conduit des travaux semblables sur la myoglobine.

L'hémoglobine dans les arts

Heart of Steel (Hemoglobin) (2005) de Julian Voss-Andreae. Les images montrent la sculpture de 1,60 m de hauteur juste aprĂšs son installation, aprĂšs 10 jours et aprĂšs plusieurs mois d’exposition aux Ă©lĂ©ments.

En 2005, l’artiste Julian Voss-Andreae a rĂ©alisĂ© la sculpture Heart of Steel (Hemoglobin), ayant pour modĂšle l’épine dorsale de la protĂ©ine. La sculpture est faite de verre et d’acier Corten. L’aspect rouillĂ© de l’Ɠuvre est intentionnel et Ă©voque la rĂ©action chimique fondamentale de l’oxygĂšne se liant au fer contenu dans l’hĂ©moglobine[42] - [43].

L'artiste montréalais Nicolas Baier a réalisé la sculpture Lustre (hémoglobine), une sculpture en acier inoxydable poli qui montre la structure de la molécule d'hémoglobine. La sculpture se trouve à l'atrium du centre de recherches du Centre universitaire de santé McGill à Montréal. La taille de la sculpture est d'environ 10 mÚtres par 10 mÚtres par 10 mÚtres[44] - [45] - [46].

Notes et références

  1. (en) G. Fermi, M.F. Perutz et B. Shaanan, « The crystal structure of human deoxyhaemoglobin at 1.74 A resolution », Journal of Molecular Biology, vol. 175, no 2,‎ , p. 159-174 (PMID 6726807, DOI 10.1016/0022-2836(84)90472-8, lire en ligne)
  2. Les valeurs de la masse et du nombre de résidus indiquées ici sont celles du précurseur protéique issu de la traduction du gÚne, avant modifications post-traductionnelles, et peuvent différer significativement des valeurs correspondantes pour la protéine fonctionnelle.
  3. (en) Robert I. Weed, Claude F. Reed et George Berg, « Is Hemoglobin an Essential Structural Component of Human Erythrocyte Membranes? », Journal of Clinical Investigation, vol. 42,‎ , p. 581-588 (PMID 13999462, PMCID 289318, DOI 10.1172/JCI104747, lire en ligne)
  4. (en) E. DomĂ­nguez de Villota, M. T. GarcĂ­a Carmona, J. J. Rubio, et S. Ruiz de AndrĂ©s, « Equality of the in vivo and in vitro oxygen-binding capacity of haemoglobin in patients with severe respiratory disease », British Journal of Anaesthesia, vol. 53, no 12,‎ , p. 1325-1328 (PMID 7317251, PMCID 289318, DOI 10.1093/bja/53.12.1325, lire en ligne)
  5. (en) Connie C. W. Hsia, « Respiratory Function of Hemoglobin », The New England Journal of Medicine, vol. 338, no 4,‎ , p. 239-247 (PMID 9435331, DOI 10.1056/NEJM199801223380407, lire en ligne)
  6. (en) M. Biagioli, M. Pinto, D. Cesselli et al., « Unexpected expression of α- and ÎČ-globin in mesencephalic dopaminergic neurons and glial cells », Proceedings of the National Academy of Sciences of the United States of America, vol. 106, no 36,‎ , p. 15454-15459 (PMID 19717439, PMCID 2732704, DOI 10.1073/pnas.0813216106, lire en ligne [PDF])
  7. (en) Roy E. Weber et Serge N. Vinogradov, « Nonvertebrate hemoglobins: functions and molecular adaptations », Physiological Review, vol. 81, no 2,‎ , p. 569-628 (PMID 11274340, lire en ligne)
  8. (en) Ross C. Hardison, « A brief history of hemoglobins: plant, animal, protist, and bacteria », Proceedings of the National Academy of Sciences of the United States of America, vol. 93, no 12,‎ , p. 5675-5679 (PMID 8650150, PMCID 39118, DOI 10.1073/pnas.93.12.5675, JSTOR 39604, Bibcode 1996PNAS...93.5675H, lire en ligne)
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Voir aussi

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