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Acide phytique

L’acide phytique (ou acide myo-inositol hexaphosphorique, ou hexakisphosphate de myo-inositol) ou IP6, est une molĂ©cule de formule brute C6H18O24P6, dont la formule dĂ©veloppĂ©e est un phosphate d’inositol[2], composĂ© d’un cycle myo-inositol dans lequel chacun de ses groupes hydroxyles OH est monophosphorylĂ© (par un phosphate -O-PO(OH)2). L’acide phytique est abondant dans les vĂ©gĂ©taux : il se forme pendant la maturation des graines et dans les graines dormantes.

Acide phytique
Image illustrative de l’article Acide phytique
Image illustrative de l’article Acide phytique
Acide phytique,
phytate (forme anionique)
Identification
Nom UICPA (1R,2S,3r,4R,5S,6s)-cyclohexane-1,2,3,4,5,6-hexayl hexakis[dihydrogen (phosphate)]
Synonymes

Inositol hexaphosphate

No CAS 83-86-3
No ECHA 100.001.369
No CE 201-506-6
Code ATC V09DB07
PubChem 890
No E E391
SMILES
InChI
Propriétés chimiques
Formule C6H18O24P6 [IsomĂšres]
Masse molaire[1] 660,035 3 ± 0,013 3 g/mol
C 10,92 %, H 2,75 %, O 58,18 %, P 28,16 %,
Propriétés physiques
T° fusion < 25 °C
T° ébullition 105 °C
Masse volumique 1,432 g·cm-3

Unités du SI et CNTP, sauf indication contraire.

Au pH physiologique (de 6-7), les phosphates de l’acide phytique sont partiellement ionisĂ©s et l’acide phytique se prĂ©sente alors naturellement sous une forme anionique, appelĂ©e phytate.

Avec les saponines et les lectines, l'acide phytique est considĂ©rĂ© comme un antinutriment en raison de sa capacitĂ© Ă  former des complexes insolubles avec des micronutriments comme le fer, le magnĂ©sium, le zinc et le cuivre et ainsi d’en limiter l’absorption intestinale.

Les anions phytates sont largement rĂ©pandus dans le royaume vĂ©gĂ©tal. Ils constituent la forme de stockage principale du phosphore et des minĂ©raux dans de nombreux tissus vĂ©gĂ©taux et particuliĂšrement dans la graine. Lors de la germination de la graine, les phytates sont dĂ©gradĂ©s, le phosphore est libĂ©rĂ© et peut ĂȘtre mobilisĂ© par la plantule en croissance.

La source principale d’acide phytique dans l’alimentation humaine est constituĂ©e par les cĂ©rĂ©ales (blĂ©, riz), les pseudo-cĂ©rĂ©ales (sarrasin), les graines de lĂ©gumineuses (haricot, lentille), les graines olĂ©agineuses et leur huile (tournesol, soja, colza) et les fruits Ă  coque (amande, noix). Les populations des pays dĂ©veloppĂ©s avec une nourriture plus pauvre en fruits, graines et lĂ©gumes ont un apport quotidien en acide phytique considĂ©rablement plus faible que les populations des pays en voie de dĂ©veloppement.

En santĂ© humaine, le phytate consommĂ©s par l’homme a une double face[3] :

  • dans l'intestin, il est connu depuis longtemps comme un facteur antinutritionnel pouvant inhiber l’absorption des micronutriments (minĂ©raux dont oligo-Ă©lĂ©ments), ce qui peut Ă©ventuellement conduire Ă  des dĂ©ficiences en calcium, fer, magnĂ©sium et zinc ;
  • leur cĂŽtĂ© bĂ©nĂ©fique dĂ©couvert Ă  la fin du XXe siĂšcle, concerne leur activitĂ© hypoglycĂ©miante, antioxydantes, anticancĂ©reuse, de prĂ©vention des calculs rĂ©naux.

Avec une nutrition déséquilibrée, sa consommation peut conduire à de graves carences en minéraux. Si tous les besoins nutritionnels sont satisfaits, sa consommation permet de bénéficier de son activité antioxydante, anticancéreuse et de prévention des calculs rénaux.

Historique

Les phytates constituent la forme de stockage principale du phosphore chez de nombreuses plantes oĂč il se localisent dans les enveloppes des graines (notamment celles des cĂ©rĂ©ales qui en sont riches) et dans les racines[4]. Ces molĂ©cules comprennent six groupes phosphates PO43− qui permettant la chĂ©lation de plusieurs cations (principalement Ca2+ et Zn2+, puis Mg2+ et Fe2+ mais possiblement avec l'ensemble des minĂ©raux dont les oligo-Ă©lĂ©ments)[5]. La formation de complexes insolubles (chĂ©lates) avec des sels de calcium, de fer
, permet aux racines et aux graines d'ĂȘtre les principaux sites de rĂ©serve de ces minĂ©raux[6]. Les complexes servent Ă©galement de dĂ©fenses chimiques contre les herbivores et les omnivores : les sources vĂ©gĂ©tales contenant naturellement ces substances anti-nutritionnelles pouvant sĂ©questrer des minĂ©raux, en rĂ©duisent considĂ©rablement la biodisponibilitĂ© et l'absorption intestinale, ce qui peut gĂ©nĂ©rer des carences nutritionnelles, donc une dĂ©minĂ©ralisation (en) chez les animaux dĂ©pourvus de phytases (les ruminants et les oiseaux granivores sont capables de les absorber en raison de la prĂ©sence de bactĂ©ries dans leur systĂšme digestif qui produisent ces enzymes)[5]. Cet effet dĂ©minĂ©ralisant serait un des facteurs explicatifs rendant compte de la diminution croissante de la taille des hommes du NĂ©olithique, de plus de 10 cm[7] - [8]. La fermentation par les humains, qui remonterait au PalĂ©olithique pour la conservation des aliments[9], peut augmenter la biodisponibilitĂ© des minĂ©raux, par exemple les formes fermentĂ©es du soja (miso, tempe) ou la panification des cĂ©rĂ©ales riches en phytates dĂ©minĂ©ralisant — orge, millet, amidonnier, engrain, Ă©peautre, froment — grĂące Ă  la phytase des lactobacilles du levain qui Ă©limine ces phytates lors du processus fermentaire[10]. La consommation de produits laitiers sous forme de fromage a pu complĂ©ter l'alimentation en cĂ©rĂ©ales des premiers agriculteurs, en amenant plus de calcium dont les phytates ralentissent l'absorption[11]. La sĂ©lection vĂ©gĂ©tale a depuis permis de rĂ©duire la teneur en phytates des sources vĂ©gĂ©tales (d'oĂč la panification sur levure devenue possible alors que le champignon unicellulaire est dĂ©pourvu de phytases), de mĂȘme que l'ajout de phytases microbiennes purifiĂ©es aux farines[11]. La supplĂ©mentation des rĂ©gimes alimentaires porcins et avicoles (sous forme solide ou liquide) par des phytases exogĂšnes d'origine bactĂ©rienne ou fongique, permet en plus de rĂ©duire leurs dĂ©jections et les rejets de phosphore dans l'environnement, notamment dans les zones Ă  forte densitĂ© d'Ă©levage, qui sont Ă  l'origine du phĂ©nomĂšne d'eutrophisation des eaux de surface[12].

Phytine Ciba

Le phytate a Ă©tĂ© dĂ©couvert en 1855-56 par un agronome allemand, du nom de T. Hartig[13], quand il a isolĂ© de petites particules rondes, dans diverses graines de plantes, qu’il distingue des grains d’amidon par le test Ă  l’iode. Le terme de « phytine » fut crĂ©Ă© Ă  cette occasion pour bien marquer son origine vĂ©gĂ©tale puisqu’on ne la trouvait pas dans les produits animaux. Presque soixante ans plus tard, en 1914, la structure de la molĂ©cule est dĂ©terminĂ©e par RJ Anderson[14] un agrochimiste de New York. Dans les annĂ©es 1940, les premiĂšres expĂ©riences physiologiques dĂ©crivaient le phytate comme un antinutriment, car il rĂ©duisait l'absorption des oligo-Ă©lĂ©ments, comme le Zn et le Fe (III)[15]. Mais ce n’est que durant la derniĂšre dĂ©cennie du XXe siĂšcle que les propriĂ©tĂ©s physiologiques bĂ©nĂ©fiques du phytate ont commencĂ© Ă  ĂȘtre Ă©tudiĂ©es : activitĂ© antioxydante, anticancĂ©reuses, de prĂ©vention de formation de calculs rĂ©naux, de rĂ©duction de l’indice glycĂ©mique et de normalisation des niveaux de glucose et de cholestĂ©rol.

Sources alimentaires de phytate

L'acide phytique est une forme de stockage du phosphore et des minéraux de la plante et compte pour 60 à 90% du phosphore de la plante[16] - [17].

Le tableau ci-dessous donne les contenus en acide phytique des principaux aliments tels que rassemblés par Schlemmer et al[3], 2009, complétés par quelques autres sources. Les auteurs ont donné pour chaque mesure les références des travaux effectués (plusieurs centaines de références en tout).

Teneur en acide phytique / phytate des végétaux[3]
Céréales
Nom vulgaireNom scientifiqueAc. phytique
/ Phytate
g/100g
MaĂŻsZea mays0,72 - 2,22
BléTriticum sp.0,39 - 1,35
RizOryza0,06 - 1,08
Orge com.Hordeum vulgare0,38 - 1,16
AvoineAvena sativa0,42 - 1,16
SeigleSecale cereale0,54 – 1,46
Triticale×Triticosecale0,50 – 1,89
Pseudo-céréales
Quinoa[18]Chenopodium quinoa1,04 – 2,06
Sarrasin[19]Fagopyrum esculentum3,5 – 3,8
LĂ©gumineuses
HaricotPhaseolus vulgaris0,61 - 2,38
FĂšveVicia faba0,51 - 1,77
PoisPisum sativum0,22 - 1,22
Pois chicheCicer arietinum0,28 - 1,60
LentilleLens culinaris0,27 - 1,51
NiébéVigna unguiculata0,37 - 2,90
Graines oléagineuses
SojaGlycine max1,0 – 2,22
LinLinum usitatissimum2,15 – 3,69
Chia[20]Salvia hispanica0,96 – 1,16
CacahuùteArachis hypogaea0,17 – 4,47
SĂ©sameSesamum indicum1,44 – 5,36
ColzaBrassica napus2,50
Farine de
tournesol
Helianthus annuus3,9 – 4,3
Fruits Ă  coque
AmandePrunus dulcis0,35 – 9,42
NoixJuglans regia0,20 – 6,69
Noix BrĂ©silBertholletia excelsa0,29 – 6,34
CajouAnacardium occidentale0,19 – 4,98
PacaneCarya illinoinensis0,18 – 4,52
PistachePistacia vera0,29 – 2,83
MacadamiaMacadamia integrifolia0,15 – 2,62
NoisetteCorylus avellana0,23 – 0,92

Céréales, pseudo-céréales et graines de légumineuses

La source principale de phytate dans l’alimentation quotidienne est constituĂ©e par les cĂ©rĂ©ales et les graines de lĂ©gumineuses.

Structure du grain de blĂ©, c’est un fruit au sens botanique (un akĂšne, un caryopse) et non une graine

Dans les grains de cĂ©rĂ©ales, le phytate est localisĂ© dans la couche Ă  aleurone de l’albumen et dans l’embryon (ou germe), alors que pour les graines de lĂ©gumineuses, l’albumen ne persiste pas, et le phytate est dans les cotylĂ©dons.

La teneur en acide phytique des cĂ©rĂ©ales est d’environ % du poids sec, dans un intervalle allant de 0,06 jusqu’à 2,2 %. Toutefois les cĂ©rĂ©ales germĂ©es et les sons de cĂ©rĂ©ales ont des taux trĂšs supĂ©rieurs[3] : blĂ© germĂ© 1,14–3,91 % et son de blĂ© 2,1–7,3 %.

Sont ajoutĂ©es au tableau de Schlemmer et al[3], deux pseudo-cĂ©rĂ©ales : le quinoa et le sarrasin. Bien qu’elles soient moins Ă©tudiĂ©es que les cĂ©rĂ©ales, quelques Ă©tudes indiquent que la graine de quinoa a une teneur en acide phytique semblable ou lĂ©gĂšrement supĂ©rieure Ă  celle des cĂ©rĂ©ales (1,04 Ă  2,06 g/100g[18]) alors que la graine de sarrasin a une teneur bien supĂ©rieure (de 3,5 Ă  3,8 %[19]).

La teneur en acide phytique des graines de lĂ©gumineuses va de 0,2 jusqu’à 2,9 % du poids sec.

Graines oléagineuses, fruits à coque

Les graines olĂ©agineuses (soja, lin, chia, etc.), ont une teneur en acide phytique qui va de 1 Ă  5,4 %. Les olĂ©agineux qui par dĂ©finition regroupent les plantes dont les graines ou les fruits sont riches en matiĂšres grasses peuvent appartenir Ă  la famille des Fabaceae (ou lĂ©gumineuses, comme le soja, l’arachide, le chia) sans ĂȘtre classĂ©es dans la classe prĂ©cĂ©dente des lĂ©gumineuses tel que le haricot ou le pois dont aucune huile vĂ©gĂ©tale n’est extraite. Les graines de lin et de chia qui sont toutes les deux utilisĂ©es pour leurs propriĂ©tĂ©s laxatives ont des teneurs en acide phytique trĂšs diffĂ©rentes : la teneur du lin est deux Ă  trois fois supĂ©rieure Ă  celle du chia[20].

Dans les fruits Ă  coque, la teneur en acide phytique va de 0,1 Ă  9,4 %. Les fruits Ă  coque les plus riches sont les amandes, les noix communes et les noix du BrĂ©sil.

Les sources les plus concentrées d'acide phytique sont les huiles végétales[21] - [16] - [22] - [3], les grains complets[n 1] - [23] - [21], les spores[24], et le pollen[24] - [25].

Les teneurs en acide phytique sont donnĂ©es dans un intervalle de variation important. C’est un phĂ©nomĂšne commun pour les produits agricoles dont les caractĂ©ristiques peuvent varier considĂ©rablement selon les cultivars, les conditions de culture, d’environnement et de climat mais aussi la maturitĂ© des graines et les variations mĂ©tĂ©orologiques saisonniĂšres. Suivant les sources, les teneurs peuvent ĂȘtre donnĂ©es en acide phytique ou en phytate. Une confusion peut survenir si les teneurs en acide phytique et en phytate sont mĂ©langĂ©es dans les tableaux alimentaires[3].

Apport quotidien en acide phytique ou phytate alimentaires

Peu d’études ont portĂ© sur l’apport quotidien moyen en acide phytique ou phytate alimentaires de divers pays. Voici quelques Ă©valuations rassemblĂ©es par Schlemmer et al. :

Apport quotidien moyen en acide phytique ou phytate[3]
PaysSexe, ùge, régimeApport moyen
mg/jour
Intervalle
mg/jour
SuÚde Nourrisson, 6-8 mois, préparation pour nourrisson, bouillie268 - 44
Homme & femme, 35-76 ans, rĂ©gime occid.369230 – 532
Homme & femme, 35-76 ans, régime végétarien1146500-2927
IndeHomme & femme, 20-45 ans1560 - 2500
NigeriaHomme & femme2200

Les faibles apports en phytate (200 Ă  400 mg/j) sont liĂ©s Ă  l’alimentation occidentale pauvre en fruits, graines et lĂ©gumes. Les apports en phytate sont plus importants chez les vĂ©gĂ©tariens europĂ©ens (1 100 mg/j) ou les Africains (1000 Ă  2 000 mg/j). Une diffĂ©rence importante s’observe en Chine entre les habitants des zones urbaines (781 mg/j) et rurales (1 342 mg/j)[26] qui ont gardĂ© leur mode d’alimentation traditionnel.

Hydrolyse du phytate dans le tube gastro-intestinal

L’acide phytique peut ĂȘtre dĂ©gradĂ© dans le tube gastro-intestinal par des enzymes, nommĂ©es phytases, qui hydrolysent l’acide phytique en inositol et 6 acides phosphoriques inorganiques suivant le bilan global

acide phytique + 6 H2O → inositol + 6 O=P(OH)3

La rĂ©action se fait par Ă©tapes, avec production progressive de phosphates d’inositol de moins en moins phosphorylĂ©s (et de phosphates inorganiques essentiellement libres), formĂ©s par dĂ©gradation du phosphate d’inositol IP6 (notĂ© aussi Ins(1,2,3,4,5,6)P6). En outre, il existe des phytases diffĂ©rentes avec des spĂ©cificitĂ©s catalytiques de clivage des groupes phosphates qui produisent diffĂ©rents isomĂšres de pentaphosphates d’inositol.

Il existe quatre sources possibles de phytases[27] :

  • les phytases vĂ©gĂ©tales (du blĂ©, riz, soja, maĂŻs) ;
  • les phytases microbiennes (levures Aspergillus niger, A. ficuum, Saccharomyces cerevisiae, etc.) ;
  • la phytase de la muqueuse de l'intestin grĂȘle (faible chez l’homme) ;
  • les phytases microflorales intestinales (visibles principalement dans le gros intestin du porc).

Dans le chyme, masse semi-fluide Ă  la sortie de l'estomac, il faut distinguer la phase liquide de la phase solide, pour diffĂ©rencier les phosphates d’inositol solubles, dĂ©gradables et en principe physiologiquement actifs, de ceux qui sont insolubles, non dĂ©gradables et probablement physiologiquement inactifs.

Estomac

Chez les patients ilĂ©ostomisĂ©s, une dĂ©viation chirurgicale de la partie terminale de l’intestin grĂȘle permet d’observer directement le contenu du tube gastro-intestinal aprĂšs passage par l’estomac et l’intestin grĂȘle. À la suite de la prise d’aliments riches en phytate et contenant des phytases actives, il est observĂ© une dĂ©gradation du phytate de l’ordre de 56 Ă  66 % au niveau de l’ilĂ©on[28]. Mais si les phytases alimentaires sont inactivĂ©es par des traitements thermiques ou d’extrusion, la dĂ©gradation du phytate diminue.

Des observations plus complĂštes de l’hydrolyse du phytate ont Ă©tĂ© menĂ©es sur des porcs sur tout le tube digestif - estomac, intestin grĂȘle et gros intestin.

Comme chez les humains, si aucune phytase active n’est prĂ©sente dans les aliments, il n’y a pas de dĂ©gradation de phytate dans l’estomac[29]. Sinon en prĂ©sence de phytases alimentaires actives, une forte hydrolyse du phytate soluble se produit et des phosphates d’inositol moins phosphorylĂ©s sont formĂ©s graduellement, comme le pentaphosphate d’inositol DL-Ins(1,2,3,4,5)P5. Deux voies d’hydrolyse du phytate ont Ă©tĂ© proposĂ©es :

Ins(1,2,3,4,5,6)P6 → L-Ins(1,2,3,4,5)P5 → L-Ins(1,2,3,4)P4 → Ins(1,2,3)P3 → InsP2
Ins(1,2,3,4,5,6)P6 → L-Ins(1,2,3,4,5)P5 → L-Ins(2,3,4,5)P4 → Ins(2,3,4)P3 → InsP2

La concentration du phytate soluble dans le chyme gastrique diminue, rĂ©duisant l’interaction avec les cations mĂ©talliques dans le chyme gastrique.

Intestin grĂȘle

Dans l'intestin grĂȘle, la plupart des phosphates d'inositol sont prĂ©cipitĂ©s et prĂ©sents dans la phase solide du chyme. À la sortie de l’estomac, les phytases alimentaires qui arrivent dans le pylore subissent une forte inactivation par la digestion peptidique dans le pylore et par un pH dĂ©favorable dans le chyme duodĂ©nal (pH 6,5 – 7). La concentration en phosphates d’inositol est plus grande dans l’intestin grĂȘle que dans l’estomac.

Gros intestin

Dans le chyme du gros intestin, les phosphates d’inositol sont presque entiĂšrement prĂ©sents dans la phase solide avec des concentrations Ă©levĂ©es de phytate IP6 et de trĂšs faibles concentrations de phosphates d’inositol moins phosphorylĂ©s (IP2-IP3-IP4-IP5). Si des phytases actives sont prĂ©sentes dans l'alimentation, une forte hydrolyse du phytate se produit alors dans l'estomac. Par contre, si les phytases sont inactivĂ©es par un traitement particulier de l’aliment, la dĂ©gradation du phytate se produit alors principalement dans le gros intestin par les phytases microbiennes.

FĂšces

Dans les matiÚres fécales, on observe de trÚs faibles concentrations de phytate ce qui démontre une forte hydrolyse continue du phytate.

La dĂ©gradation du phytate dans l'intestin dĂ©pend du taux de calcium dans l'alimentation. Comme cela avait dĂ©jĂ  Ă©tĂ© montrĂ© chez l'homme par Walker et al. en 1947, Sandberg et al.[30] en 1993 ont trouvĂ© chez les porcs que la dĂ©gradation totale du phytate dans l'intestin diminuait au fur et Ă  mesure de l’augmentation de la prise de calcium.

Des Ă©tudes chez l'homme ont montrĂ© que 37 Ă  66% du phytate est dĂ©gradĂ© dans l'estomac et l'intestin grĂȘle lorsque l'alimentation est riche en phytases vĂ©gĂ©tales[3].

Si la cuisson et le traitement des aliments ont inactivĂ© en partie les phytases, on peut supposer que le phytate alimentaire est peu dĂ©gradĂ© dans l’estomac et l’intestin grĂȘle par les phytases alimentaires. Ce n’est que dans le gros intestin que l’hydrolyse du phytate se produit au moyen des phytases microbiennes. Les phosphates d'inositol hautement phosphorylĂ©s, et en particulier l'acide phytique IP6, se lient fortement aux minĂ©raux et oligo-Ă©lĂ©ments dans les conditions acides du chyme gastrique et forment des complexes solubles. En quittant le milieu acide de l’intestin, ces complexes prĂ©cipitent dans le milieu neutre de l’intestin, et l’absorption intestinale des micronutriments est alors entravĂ©e. Si bien que dans le cas d’une alimentation dĂ©sĂ©quilibrĂ©e, le sujet peut ĂȘtre conduit Ă  des carences.

Ainsi dans l’équilibre bĂ©nĂ©fices-risques, pour tirer un bĂ©nĂ©fice physiologique optimal du phytate, sa teneur dans la partie supĂ©rieure de tube gastro-intestinal doit ĂȘtre faible pour Ă©viter les interactions indĂ©sirables avec les micronutriments mais sa teneur doit ĂȘtre Ă©levĂ©e pour utiliser son activitĂ© antioxydante et anticancĂ©reuse ainsi que sa contribution Ă  la prĂ©vention de la formation des calculs rĂ©naux.

Absorption et biodisponibilité du phytate

Phytate avec 6 O− mais les 6 autres groupes OH peuvent aussi perdre un H+

Sous un pH physiologique (6-7), l’acide phytique avec ses douze groupes hydroxyles OH prend une charge nĂ©gative (en perdant un H+) sur 8 (ou plus) d’entre eux et devient un phytate trĂšs chargĂ© nĂ©gativement. En raison de cette grande concentration de charges nĂ©gatives, il a Ă©tĂ© longtemps supposĂ© que le phytate ne pouvaient franchir la bicouche lipidique des membranes plasmiques.

Toutefois, des Ă©tudes menĂ©es depuis quelques dĂ©cennies ont montrĂ© l’existence d’une absorption gastro-intestinale du phytate chez le rat et l’homme. En administrant du phytate radiomarquĂ© Ă  des rats, Sakamoto et al. ont trouvĂ© une large distribution de radioactivitĂ© dans le foie, les reins et l’intestin[31]. Par la suite, une Ă©tude de Grases et al[32] a montrĂ© sur sept sujets humains que la faible concentration de l’acide phytique dans le plasma sanguin lorsqu’ils observaient un rĂ©gime pauvre en phytate, augmentait et atteignait un maximum aprĂšs ingestion d’une seule dose de 1,4 g de phytate de sodium. Et aprĂšs une pĂ©riode de restriction d’un rĂ©gime pauvre en phytate, les sujets qui suivaient un rĂ©gime normal en phytate, retrouvaient au bout de seize jours les teneurs normales du plasma et de l’urine en IP6. Cette absorption du phytate dans l’intestin est cependant trĂšs faible et ne dĂ©passerait pas quelques pour cent (≩ 2 %).

Influence du phytate sur l’absorption minĂ©rale dans l’intestin

Phytate de calcium
(selon PubChem[33])

Les autoritĂ©s de santĂ© recommandent la consommation de graines olĂ©agineuses, de lĂ©gumineuses et de fruits Ă  coque en raison de leur apport en vitamines, minĂ©raux, oligo-Ă©lĂ©ments et fibres alimentaires. Mais ces aliments apportent aussi des phytates qui affectent la biodisponibilitĂ© du fer, zinc et du calcium. En effet, en condition physiologique, l’acide phytique apparait sous sa forme anionique, le phytate fortement chargĂ© nĂ©gativement qui manifeste un grand potentiel Ă  se complexer avec des cations chargĂ©s de deux charges positives, comme le fer Fe2+, le zinc Zn2+, le magnĂ©sium Mg2+ et le calcium Ca2+. Ces complexes cations-phytates qui sont une forme de stockage du phosphore et des minĂ©raux pour la plante, Ă©vitent le lessivage de ces Ă©lĂ©ments minĂ©raux lors de la premiĂšre phase de la germination, la prise d'eau ou imbibition (gonflement de la graine)[34]. Les complexes qui sont solubles dans les conditions d’aciditĂ© de l’estomac, prĂ©cipitent quand ils arrivent dans le milieu neutre de l’intestin et deviennent physiologiquement inactifs. Les phytates peuvent aussi former des complexes avec les protĂ©ines, les lipides et les glucides[35] - [36]. Il a Ă©tĂ© montrĂ© in vitro que le complexe phytate-protĂ©ine a une moindre probabilitĂ© d’ĂȘtre digĂ©rĂ© par les enzymes protĂ©olytiques et digestives comme la pepsine, la trypsine et la chymotrypsine ainsi que l’amylase[2].

En nutrition

Absorption du zinc

Une étude[37] portant sur des rats démontre que ceux nourris à la farine complÚte ont globalement un meilleur apport en minéraux que ceux nourris à la farine blanche : l'acide phytique réduit en effet l'absorption de certains minéraux, mais ceux-ci sont présents en plus grande quantité dans la farine complÚte.

Une Ă©tude[38] rĂ©alisĂ©e sur des porcs montre un effet comparable entre un ajout de zinc Ă  la ration alimentaire de porcs et un ajout de phytase (une enzyme qui clive le phytate). La phytase a aussi pour effet de rĂ©duire le rejet de zinc par les porcs. Ces rejets de minĂ©raux, en particulier le phosphore, participent Ă  l'eutrophisation des milieux. Pour ces raisons (rejets et assimilation) des essais de transgenĂšse avec des gĂšnes de phytase ont dĂ©jĂ  Ă©tĂ© effectuĂ©s sur les vĂ©gĂ©taux et sur les porcs eux-mĂȘmes.

Une Ă©tude[39] rĂ©alisĂ©e sur une population d’enfants iraniens et Ă©gyptiens mit en Ă©vidence le concept de biodisponibilitĂ© du zinc. Les enfants consommant un pain complet Ă©laborĂ© sans levain, mais riche en zinc, souffraient paradoxalement de plus de troubles associĂ©s Ă  une carence en zinc (retards de croissance) que ceux consommant un pain blanc, Ă©laborĂ© au levain, mais plus pauvre en zinc : la phytase du levain rend le zinc disponible pour ĂȘtre assimilĂ©.

Absorption du cuivre, magnésium et fer

Le cuivre: selon une étude[40], l'acide phytique n'a aucun effet sur l'absorption du cuivre. En outre, il ressort de cette étude que la métabolisation du cuivre peut varier sensiblement d'un individu à l'autre, facteur indépendant de la teneur en acide phytique et en fibres. Par ailleurs, l'absorption du cuivre est corrélée à celle du zinc.

Le magnésium : l'inhibition de l'absorption du magnésium est dose-dépendante quant à la quantité d'acide phytique[41].

Le fer : L'acide phytique est un agent chélateur du fer mais le monophytate ferrique contenu dans le son de blé est hautement biodisponible et n'affecte pas l'absorption du fer[42].

Fermentation alimentaire

Il existe cependant des composants alimentaires qui peuvent contrebalancer l’effet inhibiteur du phytate sur l’absorption des minĂ©raux. Ainsi les acides organiques produits par une fermentation alimentaire neutralisent les effets inhibiteurs du phytate et amĂ©liorent l'absorption du zinc en prĂ©sence de phytate[43]. Le mĂȘme effet a Ă©tĂ© signalĂ© pour les protĂ©ines alimentaires, oĂč la teneur, le type de protĂ©ine ainsi que la teneur en zinc sont importants pour l'amĂ©lioration de l'absorption du zinc. Les rĂ©gimes pauvres en protĂ©ines animales entraĂźnent une faible absorption du zinc en prĂ©sence de phytate et une teneur Ă©levĂ©e en calcium augmente l'effet inhibiteur sur la biodisponibilitĂ© du zinc en formant du phytate de calcium-zinc. Cependant, un apport insuffisant en zinc est la principale cause de carences en zinc chez l'homme.

Révolution néolithique

La faible biodisponibilitĂ© des minĂ©raux s’est manifestĂ©e notamment lors de la « rĂ©volution nĂ©olithique » : sauf les ruminants (dotĂ©s d'un microbiote intestinal possĂ©dant un Ă©quipement enzymatique original, avec notamment des phytases), les mammifĂšres, hommes inclus, ne peuvent hydrolyser les complexes phytiques. Or, les premiĂšres cĂ©rĂ©ales cultivĂ©es ont des graines riches en ces composĂ©s servant de dĂ©fense contre les herbivores. Ce facteur a probablement jouĂ© un rĂŽle dans la diminution croissante de la taille des hommes du NĂ©olithique, de plus de 10 cm[7], phĂ©nomĂšne liĂ© en partie Ă  cause de changements gĂ©nĂ©tiques lorsqu'ils se sont adaptĂ©s au rĂ©chauffement climatique, mais aussi Ă  leur alimentation : graines des cĂ©rĂ©ales cultivĂ©es riches en lectines et en acide phytique dĂ©minĂ©ralisant, baisse de l'apport protidique animal (liĂ©e Ă  la diminution de la chasse au gros gibier et la consommation d'animaux d'Ă©levage plus gras), agressions nutritionnelles (disettes et famines, consĂ©quences des alĂ©as climatiques sur les monocultures et des divers conflits), plus grande exposition aux Ă©pidĂ©mies (favorisĂ©es par la sĂ©dentarisation et les carences protĂ©iques)[8].

Applications

Élimination du plomb toxique

Une Ă©tude sur l’homme a portĂ© sur 23 volontaires qui ont ingĂ©rĂ© du plomb 203Pb sous forme d’acĂ©tate de plomb[44]. L'Ă©tude a mis en Ă©vidence une rĂ©duction considĂ©rable de l’absorption du plomb si celui-ci Ă©tait accompagnĂ© d’une alimentation Ă©quilibrĂ© (avec du calcium, des sels de phosphate et du phytate de cĂ©rĂ©ales) plutĂŽt que pris sans accompagnement et durant une pĂ©riode de jeĂ»ne.

Élimination du fer en excùs dans les vins rouges

En Ɠnologie, l’élimination du fer en excĂšs dans les vins rouges se fait Ă  l’aide du phytate de calcium (RibĂ©reau-Gayon et al.[45], 2004, p. 124-125). Ce sel mixte est peu soluble dans l’eau et il prĂ©cipite en Ă©liminant l’excĂšs de fer ferrique. Le phytate de calcium est un traitement efficace contre la casse ferrique.

Traitement des aliments pour hydrolyser le phytate

Hydrolyse thermique du phytate

Pour bien cuire des haricots bruns, une tempĂ©rature de 110 °C est nĂ©cessaire durant une heure et demie, aprĂšs les avoir laissĂ© tremper toute une nuit. D’aprĂšs Schlemmer, environ le quart du phytate InsP6 est dĂ©gradĂ© en phosphates d’inositol moins phosphorylĂ©s InsP5—InsP3. Cependant, la somme totale des phosphates d’inositol InsP6—InsP3 ne dĂ©croĂźt pas. Et mĂȘme Ă  des tempĂ©ratures supĂ©rieures, les phytates de haricots restent stables.

Hydrolyse par la phytase

Les phytases hydrolysent le phytate InsP6 ainsi que les phosphates d’inositol moins phosphorylĂ©s jusqu’à obtenir le myo-inositol. La tempĂ©rature optimale d’activitĂ© de la phytase des cĂ©rĂ©ales est de 45 °C, avec un pH optimal de 5,0–5,6.

Le trempage dans l’eau des cĂ©rĂ©ales et des graines de lĂ©gumineuses est souvent utilisĂ© comme un traitement prĂ©alable Ă  la germination, Ă  la cuisson ou au maltage.

Trempage et germination des céréales

Le phytate Ă©tant soluble dans l’eau, quand on jette l’eau de trempage, on Ă©limine une partie du phytate.

Il y a une diffĂ©rence marquĂ©e d’activitĂ© des phytases dans les cĂ©rĂ©ales : l'activitĂ© la plus Ă©levĂ©e se produisant dans le seigle et la plus faible dans l'avoine. Durant la germination, l’activitĂ© des phytases augmente considĂ©rablement[46]: 11 fois pour l’orge, 9 fois pour l’avoine, 4,5 fois pour le blĂ© et 2,5 fois pour le seigle. Finalement, aprĂšs action de catalyse de l’enzyme, la teneur en phytate est rĂ©duite de 30 % dans le blĂ© et le seigle, de 17 % dans l'avoine et de 16 % dans l'orge.

Trempage et germination des légumineuses

Comme les graines de légumineuses sont une source appréciable de protéines, il est important de réduire au mieux la concentration des phytates, pour avoir la meilleure biodisponibilité des protéines et micronutriments.

La germination des lĂ©gumineuses s’accompagne d’une diminution importante du phytate : 64 % pour le pois chiche, 39 % pour la graine de soja et 37 % pour le haricot mungo[47]. Dans les conditions optimales d’activation des phytases endogĂšnes des haricots noirs (60 °C et pH 6,0), on obtient une rĂ©duction de 55 % du phytate IP6 aprĂšs trempage et cuisson[48].

D’autres Ă©tudes ont donnĂ© des baisses moins importantes que celles-ci.

Par contre, un trempage des pois pendant 12 heures, ne rĂ©duit le contenu de phytate que de %. La germination Ă  condition d’ĂȘtre assez longue (48 h), permet d’obtenir une rĂ©duction du phytate de 67 Ă  83 %. Pour la graine de quinoa, il a Ă©tĂ© montrĂ© que par le trempage, la germination et la fermentation lactique, on pouvait rĂ©duire le contenu en phytate jusqu’à 98 %[49]

Fermentation panaire au levain

Les deux mĂ©thodes principales de panification en France sont la panification « sur levure » basĂ©e sur l’addition de levure de boulanger Ă  la pĂąte faite de farine, eau et sel ; puis la panification « sur levain » dans laquelle interviennent des bactĂ©ries lactiques (Lactobacillus) et des levures sauvages. La premiĂšre mĂ©thode permet de faire la baguette, la seconde est plutĂŽt utilisĂ©e pour le pain complet.

Une Ă©tude comparative des deux mĂ©thodes a montrĂ© que la panification sur levain est plus efficace que la panification sur levure pour rĂ©duire la teneur en phytates du pain de blĂ© entier (avec une rĂ©duction du phytate de 62 % pour le pain au levain et de 38 % pour celui Ă  la levure, par rapport Ă  la farine[50]). La raison tient au fait que les bactĂ©ries lactiques prĂ©sentes dans le levain acidifient la pĂąte au cours de la fermentation. Une tempĂ©rature Ă©levĂ©e (28 °C) et un pH bas (qui se situe entre 3,4 et 3,7 au bout de quelques heures de fermentation[51] - [52]) sont des conditions favorables Ă  l’activation des phytases.

En principe, plus de phytases, signifie plus de dĂ©gradation des phytates IP6-IP5-IP4-IP3 et donc meilleure biodisponibilitĂ© des minĂ©raux. C’est ce qu’ont voulu vĂ©rifier Lopez, Duclos et al[53] en comparant l’absorption minĂ©rale sur trois groupes de rats nourris 1) avec de la farine complĂšte de blĂ©, 2) avec du pain Ă  la levure et 3) avec du pain au levain. Ils ont observĂ© que les phytates sont plus dĂ©gradĂ©s dans le pain au levain que dans le pain Ă  la levure de boulanger (par rapport Ă  la farine, le pain au levain a une concentration de phytate diminuĂ©e de 71 % alors que celle du pain Ă  la levure a diminuĂ© de 52 %). Pour les rats, le rĂ©gime au pain Ă  la levure neutralise les effets dĂ©lĂ©tĂšres de la farine complĂšte de blĂ© sur l’absorption du fer, tandis que le pain au levain amĂ©liore au contraire l’absorption du fer. L’absorption du magnĂ©sium est aussi amĂ©liorĂ©e pour les rats consommant le pain au levain par rapport Ă  ceux nourris au pain Ă  la levure ou Ă  la farine. MĂȘme chose pour l’absorption du zinc et du cuivre, qui sont maximales pour le rĂ©gime au pain au levain.

Dans le pain de seigle consommé en Europe orientale, centrale et septentrionale, l'acide phytique est presque totalement dégradé en phosphates d'inositol inférieurs IP3 et en phosphate inorganique libre pendant la fabrication du pain lorsqu'une fermentation longue est utilisée[54].

Cuisson par extrusion

L’extrusion est un processus de courte durĂ©e, Ă  haute tempĂ©rature et haute pression par lequel on contraint un aliment Ă  traverser une filiĂšre le soumettant Ă  des forces de cisaillement Ă©levĂ©es. C’est une technique utilisĂ©e pour donner une texture croustillante aux cĂ©rĂ©ales « soufflĂ©es » pour petit-dĂ©jeuner (flakes, pĂ©tales, flocons de blĂ©, avoine, riz, sarrasin, etc.), aux graines de lĂ©gumineuses (soja, pois) pour faire des protĂ©ines vĂ©gĂ©tales texturĂ©es, aux farines infantiles, aux galettes de type « cracotte », aux galettes de riz soufflĂ©, aux collations (snacks apĂ©ritifs), etc.

Pour les céréales (avoine, riz, blé), la cuisson par extrusion ne provoque que de légÚres diminutions des phosphates d'inositol totaux[55].

Toutefois une Ă©tude portant sur le mĂ©lange d’une cĂ©rĂ©ale, le sorgho, et d’une lĂ©gumineuse, le soja, a cherchĂ© Ă  dĂ©terminer les effets de la variation des paramĂštres du processus d’extrusion sur le taux d’acide phytique. Les paramĂštres en question sont : la proportion de soja (10 Ă  30 %) dans le mĂ©lange, la teneur en humiditĂ© (12 Ă  20 % wb) de l’aliment, la tempĂ©rature du baril (110 Ă  150 °C) de l’extrudeuse et la vitesse de sa vis (de 250 Ă  450 tpm)[56]. Il a Ă©tĂ© observĂ© que l'extrusion obtenait une rĂ©duction optimum de la teneur en acide phytique des mĂ©langes de sorgho-soja atteignant 57 % dans le produit extrudĂ© par rapport Ă  la matiĂšre premiĂšre (pour un mĂ©lange contenant 20 % de farine de soja, une humiditĂ© de 16 %, une tempĂ©rature de 150 °C et vitesse de 350 tpm).

Propriétés pharmacologiques bénéfiques

Le phytate dĂ©couvert en 1855-56 dont la structure chimique est dĂ©terminĂ©e en 1914, et les propriĂ©tĂ©s antinutritionnelles Ă©lucidĂ©es dans les annĂ©es 1940, voit enfin ses propriĂ©tĂ©s pharmacologiques bĂ©nĂ©fiques rĂ©vĂ©lĂ©es Ă  la fin du XXe siĂšcle, 150 ans aprĂšs sa dĂ©couverte.

PrĂ©vention des calculs rĂ©naux et d’autres calcifications

Le phytate est un puissant agent de prĂ©vention des calcifications dans les fluides biologiques, qui peut ĂȘtre utilisĂ© pour prĂ©venir la formation de calculs rĂ©naux (lithiase rĂ©nale)[57]. Il possĂšde en effet une forte activitĂ© d’inhibition de la cristallisation des oxalates de calcium ou des phosphates de calcium, deux constituants importants des calculs.

L’effet du phytate sur le dĂ©veloppement du calcul urinaire a Ă©tĂ© Ă©tudiĂ© sur des rats[58]. Dans les groupes de rats traitĂ©s au phytate, ou au phytate et zinc, la dissection et l’analyse des reins a montrĂ© que le nombre des calcifications sur les pointes papillaires y Ă©tait significativement rĂ©duite, par rapport au groupe tĂ©moin traitĂ© exclusivement avec de l'Ă©thylĂšne glycol.

En 2004, une Ă©tude Ă©pidĂ©miologique prospective menĂ©e auprĂšs d’une cohorte de 96 245 infirmiĂšres pendant huit ans, a examinĂ© l’association entre les facteurs diĂ©tĂ©tiques et les risques de calculs rĂ©naux. L'apport en phytate est clairement associĂ© Ă  un risque rĂ©duit de formation de calculs : les femmes du quintile qui consomment le plus de phytate, ont une rĂ©duction du risque de 37 % comparĂ© Ă  celle du quintile le plus bas[59]. Une consommation des graines riches en phytate pourrait ĂȘtre un moyen sĂ»r de prĂ©venir la formation de calculs rĂ©naux.

La formation de concrĂ©tions calciques dans les voies excrĂ©trices de la salive, appelĂ©e lithiase salivaire, est aussi inhibĂ©e par le phytate. Il en est de mĂȘme de la calcification cardiovasculaire[3].

Normalisation des niveaux de glucose et de cholestérol sérique

Dans les conditions physiologiques, l’acide phytique interagit avec les protĂ©ines pour former des complexes peu solubles ce qui lui permet d’inhiber l’action des enzymes. Une Ă©tude sur les rats a montrĂ©[60] que l'ajout de phytate mono-potassique Ă  un rĂ©gime enrichi en cholestĂ©rol pendant six semaines, rĂ©duisait significativement le cholestĂ©rol total sĂ©rique de 32% et les triacylglycĂ©rols de 64%.

Cet effet hypocholestĂ©rolĂ©miant du phytate pourrait ĂȘtre dĂ» Ă  une augmentation de l’excrĂ©tion fĂ©cale d’acide biliaire et de lipides et Ă  une rĂ©duction de la synthĂšse hĂ©patique du cholestĂ©rol.

Propriétés antioxydantes

L'ion Fe3+ est si bien lié au phytate que le fer ne peut prendre part à la formation de radicaux hydroxyles à partir H2O2 via les deux réactions (1)(2)

L’activitĂ© antioxydante du phytate a reçu une explication remarquable. Elle est basĂ©e sur la complexation du fer entre trois groupes phosphates en position 1,2,3 voisines. Ces groupes phosphate sont flexibles et lient l'ion fer de telle maniĂšre que les six sites de coordination du fer soient occupĂ©s par des groupes OH et l'eau liĂ©e labile dans la premiĂšre sphĂšre de coordination du fer est Ă©liminĂ©e. La stabilitĂ© de ce complexe fer-phytate Ă©tant Ă©levĂ©e, d’autres ligands avec des affinitĂ©s moindres ne peuvent interagir avec le fer qui se trouve comme enfermĂ© dans cette « cage »[3].

En prĂ©sence de phytate, le peroxyde d’hydrogĂšne H2O2 ne peut former un radical hydroxyde HO‱ via les deux rĂ©actions suivantes

(1) ‱O2− + Fe3+ = O2 + Fe2+
(2) Fe2+ + H2O2 = Fe3+ + OH− + HO‱

On peut supposer que la structure du phytate mono-ferreux (Fe2+) est similaire Ă  celle du phytate mono-ferrique. Par consĂ©quent, la stabilitĂ© des complexes fer-phytate empĂȘche ces rĂ©actions d’avoir lieu. Toutefois, l’inhibition de la formation du radical hydroxyde HO‱ requiert un ratio supĂ©rieur Ă  5:1 de l’acide phytique et du fer.

Sur les 22 chĂ©lateurs de fer facilement disponibles Ă©tudiĂ©s prĂ©cĂ©demment, seul le phytate semble ĂȘtre l'antioxydant alimentaire le plus efficace et non toxique[2].

Activité anticancéreuse

Au dĂ©but des annĂ©es 2000, le phytate IP6 a retenu beaucoup l’attention des chercheurs pour son rĂŽle dans la prĂ©vention des cancers et le contrĂŽle de la croissance des tumeurs et de la progression des mĂ©tastases[61]. Une action anticancĂ©reuse remarquable du phytate a Ă©tĂ© mise en Ă©vidence dans diffĂ©rents modĂšles expĂ©rimentaux comme le cancer du cĂŽlon induit chez les rats ou les souris avec diffĂ©rents carcinogĂšnes ainsi que les cancers du sang, du foie, du pancrĂ©as, des poumons, de la prostate, etc. Il semble que l’action anticancĂ©reuse de IP6 soit mĂ©diĂ©e par des phosphates d’inositol moins phosphorylĂ©s (IP5, IP4, IP3). L’IP6 administrĂ© de maniĂšre exogĂšne est rapidement absorbĂ© dans le tube digestif et rapidement absorbĂ© par les cellules malignes.

L'activitĂ© anticancĂ©reuse de l'acide phytique est l'une des activitĂ©s bĂ©nĂ©fiques les plus importantes de l'acide phytique bien qu’elle ne soit pas encore comprise[2].

Notes

  1. Les graines accumulent en effet plus de phosphore qu'elles n'en ont besoin, aussi l'excÚs est incorporé dans cette molécule.

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