Soja
Le soja, nommé soya au Canada[n 1] - [1] (Glycine max (L.) Merr.), est une espÚce de plante annuelle de la famille des légumineuses (Fabaceae), originaire d'Asie orientale.
Le soja cultivé Glycine max a accumulé une diversité génétique prodigieuse depuis sa domestication. Il en existe de nombreuses variétés, se différenciant notamment par le port, la couleur des graines, la période de floraison. Les fruits sont des gousses velues, contenant en général 2 à 4 graines, comestibles aprÚs trempage et cuisson. Il n'est pas considéré comme un légume sec, mais comme un oléagineux par l'Organisation pour l'alimentation et l'agriculture (FAO).
Le soja constitue une ressource Ă©conomique importante depuis au moins 5 000 ans. CultivĂ© pour ses graines naturellement riches en protĂ©ine et en huile, en Asie orientale, il est utilisĂ© dans lâalimentation humaine depuis des millĂ©naires mais Ă©tait restĂ© quasiment inconnu ailleurs. Au dĂ©but du XXe siĂšcle, le soja supplante progressivement le coton sur le marchĂ© amĂ©ricain grĂące Ă sa haute teneur en huile. Ă partir de la fin du XXe siĂšcle, la demande en huile et l'introduction des tourteaux dans lâalimentation animale vont provoquer un essor phĂ©nomĂ©nal de sa culture. Entre 1968 et 2017, la production mondiale de graines de soja a crĂ» de 751 %[n 2].
Les utilisations alimentaires traditionnelles de soja non fermentĂ© incluent le tofu et le lait de soja et les formes fermentĂ©es comprennent entre autres la sauce de soja, le nattĆ et le tempeh. L'huile de soja est utilisĂ©e dans de nombreuses applications industrielles (comme le biogazole). Elle est devenue la deuxiĂšme huile vĂ©gĂ©tale consommĂ©e dans le monde derriĂšre lâhuile de palme[2].
Les tourteaux de soja, rĂ©sidus de la trituration des graines de soja, sont utilisĂ©s dans lâalimentation animale. La Chine est le principal utilisateur de tourteaux de soja (avec 74 millions de tonnes), suivie loin derriĂšre par les Ătats-Unis et lâUnion europĂ©enne (resp. 31 Mt et 30 Mt)[2]. Pour rĂ©pondre Ă lâaugmentation de la demande, les producteurs de soja sud-amĂ©ricains ont converti 24 millions dâhectares de la forĂȘt amazonienne et de savanes et prairies du Cerrado, du Chaco et du Pantanal en terres agricoles[3], entre 2000 et 2010.
Les principaux producteurs de soja sont les Ătats-Unis, le BrĂ©sil, l'Argentine, la Chine et l'Inde. Depuis la Seconde Guerre mondiale, les Ătats-Unis dominent le marchĂ© mais sont peu Ă peu rattrapĂ©s par le BrĂ©sil. Entre 1968 Ă 2017, la production mondiale de graines de soja Ă©tait multipliĂ©e par 8,51 alors que dans le mĂȘme temps la production sudamĂ©ricaine de soja Ă©tait multipliĂ©e par 228, grĂące Ă de meilleurs rendements et Ă une multiplication par 71 des surfaces cultivĂ©es en soja[2]. Durant cette mĂȘme pĂ©riode, la production mondiale de viande de volaille a crĂ» de 888 % et celle de porc de 248 %. Le revers de ce prodigieux essor Ă©conomique est la destruction de millions dâhectares dâĂ©cosystĂšmes naturels.
Glycine max
Description
La domestication du soja à partir du soja sauvage se serait produite en Chine, il y a plusieurs millénaires et se serait répandue dans les pays voisins vers le Ier siÚcle de notre Úre (selon Kaga et al.[4], 2012).
Le soja cultivé est une plante herbacée annuelle existant sous de nombreuses variétés, se différenciant notamment par le port, des plantes grimpantes ou rampantes qui sont plus proches des types originaux. Les formes naines sont le plus couramment cultivées. Les autres différences concernent la couleur des graines et la période de floraison.
La plante est entiĂšrement (feuilles, tiges, gousses) revĂȘtue de fins poils gris ou bruns. Les tiges dressĂ©es ont une longueur de 30 Ă 130 cm.
Les feuilles sont trifoliolées (portant rarement cinq folioles) et rappellent la forme générale des feuilles de haricot. Les folioles mesurent de 6 à 15 cm de long et de 2 à 7 cm de large. Comme chez le haricot, les deux premiÚres feuilles sont entiÚres et opposées. Les feuilles tombent avant que les gousses ne soient arrivées à maturité.
Les fleurs, blanches ou pourpres, de petite taille, presque imperceptibles, apparaissent à l'aisselle des feuilles, groupées en grappes de trois à cinq. Elles sont hermaphrodites et autogames, mais la pollinisation croisée est parfaitement possible.
Les fruits sont des gousses velues, longues de 3 à 8 cm, de forme droite ou arquée, et contiennent en général 2 à 4 graines (rarement plus).
Les graines, de forme sphérique ou elliptique, ont un diamÚtre de 5 à 11 mm et sont comestibles. Leur couleur varie du jaune au noir en passant par le vert[5].
- Aspect général de la plante.
- Feuilles trifoliolées.
- Fleurs violettes.
- Le fruit est une gousse qui contient les graines.
Variétés, formes, couleurs et appellations courantes
Soja | |
Valeur nutritionnelle moyenne pour 100 g |
|
Apport énergétique | |
---|---|
Joules | 1376 kJ |
(Calories) | (329 kcal) |
Principaux composants | |
Glucides | 6,29 g |
â Amidon | 0,619 g |
â Sucres | 5,0 g |
Fibres alimentaires | 22,0 g |
Protéines | 38,2 g |
Lipides | 18,3 g |
â SaturĂ©s | 23,60 g |
â OmĂ©ga-3 | 9,30 g |
â OmĂ©ga-6 | 9,80 g |
â OmĂ©ga-9 | 3,723 g |
Eau | 8,40 g |
Cendres totales | 4,60 g |
Minéraux et oligo-éléments | |
Calcium | 200 mg |
Chlore | 7 mg |
Chrome | 0,0061 mg |
Cobalt | 0,0084 mg |
Cuivre | 1,2 mg |
Fer | 6,6 mg |
Iode | 0,0063 mg |
Magnésium | 220 mg |
ManganĂšse | 2,7 mg |
Nickel | 0,479 mg |
Phosphore | 550 mg |
Potassium | 1800 mg |
Sélénium | 0,0019 mg |
Sodium | 4,7 mg |
Zinc | 4,2 mg |
Vitamines | |
Provitamine A | 0,063 mg |
Vitamine B1 | 1,030 mg |
Vitamine B2 | 0,460 mg |
Vitamine B3 (ou PP) | 2,7 mg |
Vitamine B5 | 1,7 mg |
Vitamine B6 | 1,0 mg |
Vitamine B8 (ou H) | 0,060 mg |
Vitamine B9 | 0,250 mg |
Vitamine E | 15 mg |
Vitamine K | 0,039 mg |
Acides aminés | |
Acide aspartique | 3990 mg |
Acide glutamique | 6490 mg |
Alanine | 1530 mg |
Arginine | 2360 mg |
Cystine | 590 mg |
Glycine | 1420 mg |
Histidine | 830 mg |
Isoleucine | 1780 mg |
Leucine | 2840 mg |
Lysine | 1900 mg |
MĂ©thionine | 580 mg |
Phénylalanine | 1970 mg |
Proline | 1820 mg |
SĂ©rine | 1690 mg |
Thréonine | 1490 mg |
Tryptophane | 450 mg |
Tyrosine | 1250 mg |
Valine | 1760 mg |
Acides gras | |
Acide laurique | 10 mg |
Acide myristique | 30 mg |
Acide palmitique | 1730 mg |
Acide stéarique | 580 mg |
Acide oléique | 3610 mg |
Acide linoléique | 9800 mg |
Acide alpha-linolénique | 930 mg |
Source : Souci, Fachmann, Kraut : La composition des aliments. Tableaux des valeurs nutritives, 7e Ă©dition, 2008, MedPharm Scientific Publishers / Taylor & Francis, (ISBN 978-3-8047-5038-8) | |
Les noms des variĂ©tĂ©s et des formes ne semblent pas attestĂ©es. Au sein d'une mĂȘme variĂ©tĂ©, il est possible de trouver des formes prĂ©sentant des graines de couleur diffĂ©rente[4].
Soja jaune
L'appellation « soja jaune » fait toujours référence à Glycine max. Les variétés et formes à graines jaunes sont les plus courantes.
Soja Ă graines noires
Ces formes sont quelquefois appelĂ©es « soja noir » sachant qu'il existe d'autres plantes ayant la mĂȘme appellation (Haricot urd). Parmi ces variĂ©tĂ©s ou formes, on trouve Iwaikuro, Banseihikarikuro, Shintanbakuro, Hyoukei kuro3 et Kurodamaru. La variĂ©tĂ© la plus connue au Japon est Tanbakuro, qui est Ă l'origine de plusieurs cultivars[4].
Soja Ă graines vertes
Les formes Ă graines vertes ou jaune-vertes de l'espĂšce Glycine max ne doivent pas ĂȘtre confondues avec le Haricot mungo, ni avec les gousses rĂ©coltĂ©es en vert (jeunes) pour cuisiner ce que l'on appelle maodou en Chine ou edamame au Japon.
Domestication et répartition géographique
Le soja cultivĂ© (Glycine max) semble avoir Ă©tĂ© domestiquĂ© Ă partir dâune espĂšce sauvage apparentĂ©e nommĂ©e Glycine soja, il y a entre 5 000 et 9 000 ans[6], en Chine, CorĂ©e et Japon.
Durant le processus de domestication, de nombreux gĂšnes fort utiles, comme les gĂšnes relatifs au contenu en protĂ©ine et Ă la rĂ©sistance aux maladies, ont pu ĂȘtre perdus par la sĂ©lection humaine[7].
Quoique le lieu exact de la domestication ne soit pas prĂ©cisĂ©ment connu, plusieurs candidats possibles ont Ă©tĂ© identifiĂ©s : la Chine du Sud, la vallĂ©e du Fleuve Jaune (Chine du Centre) et la Chine du Nord-Est ainsi que des rĂ©gions de CorĂ©e et du Japon[8]. La plus forte diversitĂ© des cultivars locaux se trouvent dans la vallĂ©e du Fleuve jaune, ce qui suggĂšre, suivant lâhypothĂšse de Vavilov que cette rĂ©gion est le centre de la domestication. Une Ă©tude phylogĂ©nĂ©tique des microsatellites du soja sauvage et cultivĂ© suggĂšre que le centre dâorigine du soja serait la Chine du Sud [9]. Il est aussi possible qu'il y ait eu plusieurs centres de domestication indĂ©pendants.
Les zones au climat subtropical humide se prĂȘtent particuliĂšrement bien Ă sa culture, mais la culture s'Ă©tend aux zones Ă climat continental avec Ă©tĂ© relativement chaud et humide, jusqu'au QuĂ©bec par exemple.
Le BrĂ©sil et l'Argentine sont les plus grands exportateurs de soja aprĂšs les Ătats-Unis. L'Inde et la Chine sont aussi des producteurs importants de soja. Toutefois, la Chine, grande consommatrice, doit importer du soja amĂ©ricain et brĂ©silien pour satisfaire ses besoins en alimentation humaine mais surtout animale (porcs et volaille).
Classification
Le genre Glycine est divisé en deux sous-genres : Glycine et Soja[10].
- Le sous-genre Soja comprend le soja cultivĂ©, Glycine max, et le soja sauvage, Glycine soja. Les deux espĂšces sont annuelles. Glycine soja est l'ancĂȘtre sauvage de Glycine max et pousse naturellement en Chine, au Japon, en CorĂ©e, Ă TaĂŻwan et en Russie. G. soja et G. max ont tous deux 20 chromosomes (2n = 40), s'hybrident facilement et produisent des hybrides fertiles viables. Le soja sauvage est rampant, et produit de minuscule graines noires, alors que le soja cultivĂ© possĂšdent en gĂ©nĂ©ral de grosses graines jaunes[11].
- Le sous-genre Glycine est constitué d'au moins 25 espÚces vivaces sauvages : par exemple, Glycine canescens et G. tomentella, deux espÚces vivant en Australie et en Papouasie-Nouvelle-Guinée. Le soja vivace (Neonotonia wightii), originaire d'Afrique, est maintenant largement cultivé dans les zones tropicales.
Comme d'autres cultures domestiquĂ©es depuis longtemps, la relation entre le soja moderne et les espĂšces sauvages ne peut plus ĂȘtre tracĂ©e avec un quelconque degrĂ© de certitude. Il existe un trĂšs grand nombre de cultivars.
Ătymologie et histoire de la nomenclature
En français, le mot « soja » dérive[12] d'un mot chinois, par l'intermédiaire du néerlandais, et du japonais shoyu (« sauce soja »):
- chinois é ±æČč â japonais é€æČč shĆyu â nĂ©erlandais soja â français soja
En chinois, é ±æČč jiangyou est la « sauce soja », composĂ© de é ± jiang pour « pĂąte » ou « sauce » et æČč you « huile ». On passe donc de l'Ă©tymon chinois jiangyou au japonais par une adaptation phonĂ©tique (prononciation on'yomi (prononciation chinoise) des caractĂšres chinois en japonais), puis du japonais au nĂ©erlandais (et français) par un glissement sĂ©mantique (paronymie). Les noms chinois dĂ dĂČu (ć€§è± l. Grand pois), huĂĄngdĂČu (é»è±, l. pois jaune) ou qÄ«ngdĂČu (éè±, l. pois bleu-vert) du soja (la plante et la graine) n'a donc morphologiquement rien Ă voir avec ses traductions dans les langues europĂ©ennes.
Enfin, malgrĂ© son nom latin Glycine max, le soja ne doit pas ĂȘtre confondu avec les « glycines », nom commun de plantes ornementales du genre Wisteria.
En nomenclature botanique, le nom de genre Glycine a Ă©tĂ© introduit par LinnĂ© dans lâĂ©dition de 1753 de Species Plantarum. Le terme est dĂ©rivĂ© du grec ancien ÎłÎ»Ï ÎșÏÏ / glukĂșs, « doux, sucrĂ© », en raison des tubercules sucrĂ©s de Glycine apios. LinnĂ© a donnĂ© huit espĂšces de Glycine dans Species Plantarum. Toutes ont depuis Ă©tĂ© changĂ©es de genre[13].
LinnĂ© dĂ©signa d'abord le soja sous deux noms diffĂ©rents, dâune part Phaseolus max, sur la base de spĂ©cimens quâil put examiner[14] - [15] (Ă cĂŽtĂ© de Phaseolus vulgaris L., le haricot commun), et d'autre part Dolichos soja, sur la base de descriptions dâautres auteurs[16]. Plus tard, il obtint des graines de soja quâil sema et fit pousser. Il rĂ©alisa alors que P. max et D. soja Ă©taient la mĂȘme plante. Par la suite, la nomenclature du soja fut lâobjet de nombreux dĂ©bats jusquâen 1917 quand un botaniste amĂ©ricain, Merrill proposa le nom de Glycine max[13].
Histoire
Longtemps limitĂ©e Ă lâAsie orientale, la culture du soja s'est rapidement Ă©tendue au XXe siĂšcle jusqu'Ă devenir une des principales cultures aux Ătats-Unis, au BrĂ©sil, en Argentine, en Inde, en Chine et en CorĂ©e. Le soja a dâabord Ă©tĂ© apprĂ©ciĂ© des agriculteurs dans la rotation des cultures pour sa facultĂ© dâenrichir le sol puis il fut trĂšs recherchĂ© par la population Ă la suite de la mise au point de produits alimentaires fermentĂ©s (comme la sauce de soja, le tempeh, le nattĆ et le miso), trĂšs nourrissants.
Asie
Lâorigine gĂ©ographique prĂ©cise du soja cultivĂ© reste actuellement dĂ©battue mais les donnĂ©es archĂ©ologiques et historiques indiquent que la domestication dâun soja sauvage sâest passĂ©e en Asie orientale au nĂ©olithique prĂ©coce. Le soja ayant commencĂ© Ă ĂȘtre cultivĂ© bien avant les dĂ©buts de lâĂ©criture chinoise[17], la recherche sur la domestication du soja a dĂ» sâappuyer sur les donnĂ©es des fouilles archĂ©ologiques menĂ©es dans le bassin du Fleuve Jaune en Chine, au sud-est de la CorĂ©e et au Japon.
Puisque les formes sauvages et cultivĂ©es sont interfĂ©condes et donnent des hybrides fertiles, il est aussi appropriĂ© de les classer comme des sous-espĂšces : G. max subsp. max et G. max subsp soja (Gyoung-Ah Lee et al.[6], 2011) que les archĂ©ologues ont bien du mal Ă distinguer. Des restes carbonisĂ©s de petites graines de soja ont Ă©tĂ© trouvĂ©es dans des sites du nord de la Chine, remontant Ă il y a 9 000-8 600 ans (site de Jiahu[18], vallĂ©e de la Huai, au Henan) et au Japon datant dâil y a 7 000 ans. Les graines de grandes tailles sĂ©lectionnĂ©es par la domestication, apparaissent au Japon, il y a 5 000 ans (pĂ©riode JĆmon moyen) et en CorĂ©e un peu plus tard, il y a 3 000 ans. La datation par le carbone 14 d'Ă©chantillons de soja rĂ©cupĂ©rĂ©s par flottation lors de fouilles dâun site datant du dĂ©but de la PĂ©riode de la cĂ©ramique Mumun en CorĂ©e a indiquĂ© que le soja fut cultivĂ© comme une culture vivriĂšre en 1000-900 av. J.-C.[19]. Les graines de soja trouvĂ©es en Chine sur des sites datant dâil y a 3 500 ans (dĂ©but de la dynastie Shang) jusquâĂ la fin des Han (+220) sont moins grosses que celles du Japon et de la CorĂ©e. On observe toutefois dans chaque rĂ©gion, un accroissement de la taille des graines de soja au cours du temps. Gyoung-Ah Lee et ses collaborateurs[6] Ă©mettent lâhypothĂšse que la taille des graines a Ă©tĂ© sĂ©lectionnĂ©e dans les trois rĂ©gions. Lâaugmentation significative des tailles au Japon, en CorĂ©e et en Chine, indiquent que la domestication Ă©tait bien en cours avant le Jomon moyen au Japon, au moment de la transition Chulmun-Mumun en CorĂ©e et au cours des Shang en Chine. Ces donnĂ©es archĂ©ologiques semblent ainsi confirmer les donnĂ©es phylogĂ©nĂ©tiques selon lesquelles la domestication se serait passĂ©e en plusieurs lieux dâAsie orientale[6].
Le soja fut largement cultivĂ© durant la dynastie Zhou (1046 - 256 av. J.-C.) en Chine. Toutefois, le lieu, lâĂ©poque et les circonstances dans lesquels le soja a dĂ©veloppĂ© une relation Ă©troite avec les populations sont mal compris[6]. Les tĂ©moignages Ă©crits sur le soja, connu actuellement sous le nom de dadou 性è±, qui sâappelait dans lâAntiquitĂ© shu èœ, (terme gĂ©nĂ©rique pour les haricots) ne sont que des allusions sommaires et peu informatives. Les premiĂšres occurrences textuelles du caractĂšre shu èœ se trouvent dans la plus ancienne collection de poĂšmes, le Classique des vers, rassemblant des textes qui vont du xie au ve siĂšcle av. J.-C., provenant de la Plaine centrale[n 3]. On trouve aussi des occurrences dans le Classique des rites (Lijing 瀌ç»), le Mozi ćąšć, les Annales des Printemps et des Automnes de LĂŒ ( LĂŒshi Chunqiu ćæ°æ„ç§). Le terme dadou ć€§è± est apparu la premiĂšre fois dans le Shennong shu ç„èŸČæž[20].
Du Ier siĂšcle de notre Ăšre Ă la pĂ©riode des Grandes dĂ©couvertes (XVeâââXVIe siĂšcle), le soja fut introduit dans plusieurs pays comme l'Inde (Xe siĂšcle), l'IndonĂ©sie (XIIeâââXIIIe siĂšcle), les Philippines, le ViĂȘt Nam, la ThaĂŻlande, le Cambodge, la Malaisie, la Birmanie, de TaĂŻwan et du NĂ©pal. Le soja fut cultivĂ© pour la premiĂšre fois en Asie centrale, en 1876, par les Dounganes[21]. La diffusion de la culture sâest faite par les routes commerciales maritimes et terrestres.
Amériques
Le soja a Ă©tĂ© introduit pour la premiĂšre fois en AmĂ©rique du Nord en provenance de Chine en 1765, par Samuel Bowen, un ancien marin de la Compagnie britannique des Indes orientales. La culture fut pendant plus dâun siĂšcle destinĂ©e Ă la production de fourrage puis Ă la fabrication dâhuile et de tourteaux. La consommation humaine du tofu ne sâest dĂ©veloppĂ©e quâaprĂšs la seconde Guerre mondiale.
Le soja est arrivé en Argentine (Amérique du Sud) en 1882.
La lenteur de sa diffusion hors dâAsie sâexplique par lâabsence dans les sols de ces rĂ©gions des rhizobiums spĂ©cifiques du soja, et la culture ne sâest vraiment dĂ©veloppĂ©e aux Ătats-Unis quâau dĂ©but du XXe siĂšcle, aprĂšs la dĂ©couverte du processus de nodulation par les scientifiques [10].
Europe
DÚs le début du XVIIIe siÚcle, le naturaliste Buffon aurait reçu des envois de graines de soja des premiers missionnaires partis en Chine. En fait, le soja a été cultivé au Muséum depuis 1740 trÚs probablement, en 1779 certainement, et plus tard de 1834 à 1880 sans interruption[22].
La France fut le premier pays occidental à expérimenter la culture du soja[23]. La Société d'Acclimatation fut la premiÚre institution à promouvoir les aliments à base de soja : durant les années allant de 1855 à 1880, elle publia dans son Bulletin plus de trente articles sur la culture du soja et l'utilisation de ses graines dans l'alimentation. Le consul de France à Shanghai, M. de Montigny avait rapporté de Chine diverses variétés de pois oléagineux dont le pois jaune (ainsi nommait-il le soja). « Les pois oléagineux ont porté graine en France, en 1854. Leur acclimatation est assurée. » lit-on dans le Bulletin de la Société d'acclimatation[24]. En 1856, M. Vilmorin rapporte à la Société les essais de culture qu'il a effectué des pois oléagineux et ses expériences de fabrication de « fromage chinois » nommé teou-fou. Le Bulletin de 1866 contient une description complÚte et trÚs précise du procédé de fabrication du tofu nommé « fromage de pois ». Le coagulant est le plùtre et du sel provenant des marais salants. L'auteur rapporte aussi que « les marchands de fromage de pois livrent aussi à la consommation le liquide chaud, non coagulé [le petit lait]⊠; les Chinois pauvres se nourrissent de cette substance, d'un goût fade, mais nullement désagréable ».
La premiĂšre usine de fabrication de tofu en France revient Ă un jeune Chinois, Li Shizeng (æçłæŸ) (ou Li Yu Ying [æç ç]) qui vint faire des Ă©tudes d'agronomie Ă lâĂcole pratique d'agriculture du Chesnoy, Ă Montargis. Li Shizeng crĂ©a dans les annĂ©es 1908-1909 la premiĂšre usine moderne de fabrication de tofu, Ă Colombes, quartier des VallĂ©es, nommĂ©e la CasĂ©o-SojaĂŻne. Il y fait travailler des Ă©tudiants chinois pour les aider Ă financer leurs Ă©tudes, suivant le principe du Mouvement travail-Ă©tude. Deng Xiaoping y a travaillĂ© en 1920[25]. Le soja est arrivĂ© en Europe avec des pains au soja destinĂ©s aux diabĂ©tiques commercialisĂ©s Ă partir de 1892.
Afrique
Le soja a été introduit en Afrique à la fin du XIXe siÚcle, il est maintenant répandu à travers le continent[26] - [27]. En Afrique tropicale, les graines sÚches de soja sont bouillies et utilisées en condiment, ou servent à fabriquer des succédanés de lait ou de la farine[10].
Culture
Le soja se cultive sous des climats à étés chauds. Ses conditions de croissance optimales nécessitent des températures moyennes de 20 à 30 °C ; des températures inférieures à 20 °C et supérieures à 40 °C retardent sa croissance de maniÚre significative. Le soja n'a pas de besoins élevés en eau, et il n'apprécie guÚre l'excÚs d'humidité.
Le soja peut pousser dans une large gamme de sols, avec une croissance optimale dans des sols humides alluviaux avec une bonne teneur en matiĂšre organique. Comme la plupart des lĂ©gumineuses, le soja fixe l'azote du sol par l'Ă©tablissement d'une symbiose avec une bactĂ©rie (Bradyrhizobium japonicum, voir Bradyrhizobium). Pour de meilleurs rĂ©sultats, cependant, un inoculum de la souche de bactĂ©ries correcte doit ĂȘtre mĂ©langĂ© aux semences de soja (ou tout autre lĂ©gumineuse) avant la plantation. Les cultivars modernes atteignent gĂ©nĂ©ralement une hauteur d'environ 1 m et nĂ©cessitent de 80 Ă 120 jours du semis (dĂ©but mai) Ă la rĂ©colte.
Parasites et maladies
Le soja peut ĂȘtre affectĂ© par certains parasites, dont le nĂ©matode du soja. Afin dây faire face, les plantes mettent en place un systĂšme de dĂ©fense faisant intervenir des protĂ©ines dĂ©fensives vĂ©gĂ©tales. Dans le cas du soja, il sâagit dâinhibiteurs de protĂ©ase. En effet, les agents nuisibles sĂ©crĂštent des protĂ©ases et, en rĂ©ponse, un « burst oxydatif » (BO) sâĂ©tablit, conduisant aux transferts de signaux chimiques, notamment par lâintermĂ©diaire de lâĂ©thylĂšne. La diffusion dâĂ©thylĂšne dans la plante permet dâacquĂ©rir une rĂ©sistance globale aux agents nuisibles par la sĂ©crĂ©tion des protĂ©ines de dĂ©fense souvent allergĂšnes. En ce qui concerne le soja, il a Ă©tĂ© montrĂ©[28] que la sĂ©crĂ©tion de protĂ©ine PRâ10 SAM22 de la famille « bet v1-like », est la rĂ©ponse Ă une attaque dâun nĂ©matode. Les « bet v1-like » sont connues pour leur fort caractĂšre allergĂšne, responsables notamment de la sensibilitĂ© au pollen du bouleau. Le soja secrĂšte Ă©galement des inhibiteurs de sĂ©rines protĂ©ase (STKI) pour se dĂ©fendre des larves dâinsectes. La remarquable stabilitĂ© de STKI aux fortes tempĂ©ratures et aux pH acides est certainement impliquĂ©e[29] dans sa qualitĂ© dâallergĂšne alimentaire. Il existe de nombreux produits phytopharmaceutiques pour lutter contre les parasites du soja[30].
Production
Production de graines de soja
Durant la Seconde Guerre mondiale, les Ătats-Unis remplacent les matiĂšres grasses qu'ils devaient importer par le soja qu'ils dĂ©cident de cultiver sur place Ă grande Ă©chelle. Ils deviennent le premier producteur mondial de soja devant la Chine et ne cessent d'augmenter leur production au dĂ©but du XXIe siĂšcle. Entre 1961 et 2017, ils ont multipliĂ© leur production par six[2]. L'AmĂ©rique du Sud leur emboĂźte le pas dans les annĂ©es 1970. D'abord le BrĂ©sil, puis l'Argentine. convertissent d'immenses zones de forĂȘt, de prairie et de savane en terre agricole pour la production de soja. Ă partir de 2010, la croissance brĂ©silienne s'accĂ©lĂšre, ce qui leur permet de rattraper la production des Ătats-Unis.
Pendant cette pĂ©riode, la production chinoise a augmentĂ© beaucoup plus lentement. D'abord second producteur mondial derriĂšre les Ătats-Unis, la Chine est dĂ©passĂ©e par le BrĂ©sil en 1974, puis par l'Argentine en 1991. Depuis le dĂ©but des annĂ©es 2000, les trois principaux pays producteurs sont les Ătats-Unis, le BrĂ©sil et l'Argentine, trĂšs au-dessus de la Chine et de l'Inde.
Selon FAOSTAT[2] la production de graines de soja des principaux producteurs mondiaux est :
Pays | 2014 | 2016 | 2017 |
---|---|---|---|
Ătats-Unis | 106 877 870 | 116 920 300 | 119 518 490 |
Brésil | 86 760 520 | 96 394 820 | 114 599 168 |
Argentine | 53 397 715 | 58 799 258 | 54 971 626 |
Chine | 12 155 173 | 12 791 955 | 13 152 688 |
Inde | 10 374 000 | 13 159 000 | 10 981 000 |
Paraguay | 9 975 000 | 9 163 030 | 10 478 000 |
Union européenne | 1 859 126 | 2 473 742 | 2 667 769 |
Monde | 306 207 046 | 335 508 753 | 352 643 548 |
En 2017, la France a produit 412 000 tonnes de soja, au mĂȘme niveau que la Roumanie mais loin derriĂšre le premier producteur de l'Union europĂ©enne, l'Italie, qui en a produit 1 019 781 tonnes.
Soja transgénique
En 1998, Monsanto a commercialisĂ© aux Ătats-Unis une variĂ©tĂ© de soja transgĂ©nique rĂ©sistant au glyphosate (le Roundup Ready). Ce fut le premier soja tolĂ©rant aux herbicides.
En 2017, la culture du soja transgénique représente 77 % de la surface cultivée totale du soja[31].
La culture du soja transgĂ©nique, largement adoptĂ©e aux Ătats-Unis et en Argentine, se dĂ©veloppe Ă prĂ©sent au BrĂ©sil. Les variĂ©tĂ©s transgĂ©niques sont le plus souvent rĂ©sistantes aux herbicides, notamment au glyphosate.
93 % des semences de soja transgĂ©niques vendues aux Ătats-Unis contiennent des traits gĂ©nĂ©tiques de Monsanto[32]. De nombreux semenciers vendent leurs propres variĂ©tĂ©s de soja avec des traits OGM de Monsanto.
Les EuropĂ©ens sont les principaux clients pour le soja non transgĂ©nique, facturĂ© environ 10 % plus cher. En France, la filiĂšre de production de soja non OGM connaĂźt un nouveau regain en 2017 avec la hausse constante des surfaces cultivĂ©es : 155 000 hectares semĂ©s en 2017 contre 21 000 en 2008[33]. Les perspectives semblent trĂšs favorables au dĂ©veloppement de la filiĂšre soja non transgĂ©nique, Ă la fois pour lâalimentation animale et pour lâalimentation humaine, notamment pour rĂ©pondre au dĂ©veloppement des filiĂšres « viandes de qualitĂ© », voire aux substituts de la viande.
Consommation
Le soja est utilisé sous différentes formes, graines entiÚres, huile, tourteau, lécithine, concentrés protéiques...
AprĂšs avoir Ă©tĂ© utilisĂ©es exclusivement dans lâalimentation humaine en Asie, les graines de soja ont commencĂ© Ă ĂȘtre utilisĂ©es pour produire de lâhuile Ă grande Ă©chelle aux Ătats-Unis dans lâentre-deux guerres. 90 % de la production mondiale de soja est destinĂ©e Ă la trituration[35]. La trituration de 1 kg de graines de soja donne en moyenne, 0,8 kg de tourteaux et 0,2 kg d'huile[36]. DerriĂšre l'huile de palme, l'huile de soja est la deuxiĂšme huile la plus consommĂ©e au monde[37].
Si la graine de soja contient 30-38 % de protĂ©ines, une fois lâhuile extraite, le tourteau de soja en contient 48 %[36] et mĂȘme 54 % sur une base de matiĂšre sĂšche. Au dĂ©but du XXe siĂšcle, les premiers essais dâincorporation de tourteaux de soja dans lâalimentation animale furent des Ă©checs, comparĂ©s aux autres sources de protĂ©ines (colza, tournesol). On sâaperçut quâil fallait au prĂ©alable procĂ©der Ă un traitement thermique du soja pour obtenir des rĂ©sultats satisfaisants. Ce n'est que plus tard qu'on comprit que la chaleur rĂ©duisait les facteurs antinutritionnels du soja, comme les lectines et les inhibiteurs de protĂ©ases qui diminuent la digestibilitĂ© et affectent la croissance des animaux[38]. Lâincorporation de tourteaux de soja dans lâalimentation animale connut alors un immense succĂšs pour rĂ©pondre Ă la demande croissante de viande des pays Ă©mergents. Entre 1967 et 2007, la production porcine mondiale a crĂ» de 294 %, celle dâĆufs de 353 %, et celle de volailles de 711 % (Faostat[2]). Lâutilisation des tourteaux de soja trĂšs riches en protĂ©ines a jouĂ© un rĂŽle essentiel dans ce boom productif. Afin de pourvoir lâalimentation de ses animaux dâĂ©levage, la Chine a importĂ© de plus en plus de soja. En 2016, elle importait 86 millions de tonnes de soja[2] (reprĂ©sentant 86 % des importations mondiales de soja) lui permettant de devenir le premier producteur mondial de porc (reprĂ©sentant plus de la moitiĂ© de la production porcine mondiale[39]), le second producteur mondial de volaille et le troisiĂšme producteur mondial de viande bovine.
L'Union europĂ©enne importe chaque annĂ©e 33 millions de tonnes de soja (graines et tourteaux)[40] et est le premier importateur mondial de tourteaux de soja[41]. Elle a importĂ© 22 millions de tonnes de tourteaux de soja durant la campagne 2012-2013. Elle est suivie de trĂšs loin par la ThaĂŻlande et le Vietnam. La Chine prĂ©fĂšre importer des graines de soja quâelle transforme elle-mĂȘme en tourteaux et en huile. La production mondiale dâhuile de soja a Ă©tĂ© multipliĂ©e par 3,45 entre 1984 et 2014, tirĂ©e par la Chine dont la production a Ă©tĂ© multipliĂ©e par 15.
Pays | 1984 | 2014 |
---|---|---|
Chine | 791 900 | 12 114 300 |
Ătats-Unis | 4 932 000 | 9 706 000 |
Brésil | 2 333 700 | 7 443 000 |
Argentine | 557 187 | 7 096 400 |
Union européenne | 2 311 361 | 2 449 031 |
France | 111 000 | 108 100 |
Total Monde | 13 228 148 | 45 704 551 |
Dans l'Union europĂ©enne, l'Allemagne, les Pays-Bas et l'Espagne sont les principaux triturateurs de soja[42]. L'Italie est un producteur significatif de graines avec plus dâun million de tonnes. En 2020, la France a produit 406 670 tonnes de graines de soja, et en a importĂ© 620 340 tonnes. Elle a Ă©galement importĂ© 2,9 millions de tonnes de tourteaux[43]. Finalement, les principaux pays utilisateurs de tourteaux de soja (quâils soient importĂ©s ou produits sur place) sont :
Pays | Poids en millions de tonnes |
Chine | 73,87 |
---|---|
Ătats-Unis | 31,12 |
Union européenne | 30,34 |
Brésil | 17,48 |
Monde | 233,60 |
La Chine en utilise plus que les Ătats-Unis et l'Union EuropĂ©enne combinĂ©s.
Santé humaine
Comme les grains de blé, des lentilles, des haricots blancs, des pois chiches, la graine de soja nécessite une hydratation et une cuisson préalable à sa consommation, en raison de sa consistance naturellement dure et de la présence de facteurs anti-nutritionnels, notamment l'acide phytique qui séquestre le phosphore, les facteurs antitrypsiques qui perturbent la digestibilité des protéines chez les animaux monogastriques (dont l'humain) ou les lectines qui ont une activité hémagglutinante.
Isoflavones
En 1998, l'Agence fédérale américaine des produits alimentaires et médicamenteux (FDA)[45] donne la mention GRAS (Generally Recognized As Safe : « généralement reconnu comme sans danger ») aux isoflavones contenues dans les graines de soja.
Le soja contient des isoflavones (principalement trois, génistéine (57 %), daidzéine (37 %) et glycitéine (6 %)[46]), des phytoestrogÚnes qui peuvent influer sur la santé humaine[47]. Un nombre élevé d'effets de l'ingestion d'isoflavones sur la santé[48] a été relevé. De nombreuses études ont été conduites, en particulier, chez la femme ménopausée : une alimentation supplémentée en isoflavones de soja pourrait réduire de prÚs de moitié l'incidence des bouffées de chaleur[49]. Cela ne semble cependant pas avoir été retrouvé dans toutes les études, l'effet estrogénique ne semblant pas systématique[50].
Le soja n'a pas d'effet négatif connu sur les taux d'hormones et la fertilité de l'humain[51] - [52].
Une Ă©tude sur des animaux de l'Agence nationale de sĂ©curitĂ© sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses) de 2005[53] suggĂšre que lâexposition aux phyto-estrogĂšnes pourrait favoriser la prolifĂ©ration et la croissance des tumeurs chez les femmes mĂ©nopausĂ©es avec antĂ©cĂ©dents de cancer du sein. Toutefois, cette Ă©tude est prĂ©sidĂ©e par Mariette Gerber, consultante pour la multinationale Unilever, grand fabricant de produits laitiers et de soja pour la consommation animale, constituant un conflit d'intĂ©rĂȘts[54]. L'Anses suggĂšre donc de limiter l'apport journalier d'isoflavones Ă 1 mg par kilogramme de poids corporel, alors que les Ă©tudes disponibles confirment la non toxicitĂ© de ces isoflavones[53].
La mĂȘme Ă©tude de l'Anses met en garde contre l'usage de prĂ©parations Ă base de soja avant l'Ăąge de trois ans, en prĂ©caution et en tenant compte de la teneur Ă©levĂ©e en isoflavones[53]. Dans d'autres pays, cette prĂ©vention vis-Ă -vis des produits infantiles Ă base de soja n'existe pas, la recherche n'apportant pas d'Ă©lĂ©ments en faveur de la dangerositĂ© des formules Ă base de soja[55]. De plus, le lait de vache contient de vĂ©ritables ĆstrogĂšnes, notamment l'Ćstradiol 17-ÎČ[56].
GĂ©nomique
C'est la premiÚre légumineuse dont le génome (de 1,1 milliard de nucléotides) a été entiÚrement séquencé, avec l'espoir de l'améliorer ou de produire des OGM. Ce travail, terminé au début de l'année 2010, a nécessité la mobilisation d'un consortium de 18 instituts américains.
Sur 46 430 gÚnes identifiés, 73 % sont orthologues d'une ou plusieurs séquences d'autres angiospermes.
- Un gĂšne de rĂ©sistance Ă la rouille asiatique du soja a Ă©tĂ© dĂ©couvert, mais cette rĂ©sistance risque d'ĂȘtre contournĂ©e par l'agent pathogĂšne si les plantes rĂ©sistantes sont trop nombreuses.
- Plus de 1 100 gÚnes impliqués dans la synthÚse, la dégradation ou la signalisation de lipides ont été identifiés, faisant espérer à certains une plante « améliorée » pour produire plus d'huile, pour un usage de l'huile de soja comme agrocarburant[57].
Galerie
Impact sur l'environnement
Pour rĂ©pondre Ă la constante augmentation de la demande mondiale de soja, de grandes Ă©tendues de forĂȘts, de prairies et de savanes ont Ă©tĂ© converties en terres agricoles au BrĂ©sil et en Argentine. Entre 2000 et 2010, 200 000kmÂČ ont Ă©tĂ© convertie en culture du soja, reprĂ©sentant 37 % du territoire de la France mĂ©tropolitaine[58]. La FAO, des chercheurs et des ONG telles que Greenpeace, WWF et CorpWatch accusent les producteurs de soja du BrĂ©sil de contribuer Ă la dĂ©forestation de la forĂȘt amazonienne dans la rĂ©gion du Mato Grosso[59] - [60] - [61]. En AmĂ©rique latine, la culture du soja provoque des conflits entre les petits exploitants et les grands propriĂ©taires[60], lesquels utilisent des mĂ©thodes de culture hautement mĂ©canisĂ©es et demandant peu de main-d'Ćuvre.
En 2006, la culture du soja était responsable de 30 % de la déforestation en Amazonie brésilienne[62].
En 2012, presque la moitié des protéines végétales, majoritairement du soja issues de cultures OGM, consommées par les élevages français venaient du Brésil et de l'Argentine[63]. La culture du soja transgénique (OGM) étant interdite en France, les aliments à base de soja disponibles pour l'alimentation humaine sont généralement issus de la production française[64].
En 2019, l'association Greenpeace avertit que le systĂšme dâĂ©levage intensif et la surconsommation de viande en Europe provoque la dĂ©forestation de certaines rĂ©gions d'AmĂ©rique du Sud, en particulier au BrĂ©sil et en Argentine, les importations de soja Ă©tant toujours plus importantes[65].
En septembre 2020, Ă la demande du ComitĂ© scientifique et technique « ForĂȘt » chargĂ© d'accompagner la mise en Ćuvre de la StratĂ©gie nationale de lutte contre la dĂ©forestation importĂ©e (SNDI), l'association CanopĂ©e a remis un rapport au Gouvernement qui propose des solutions techniques pour « mettre fin » aux importations françaises de soja issu de la dĂ©forestation au BrĂ©sil. Le rapport propose notamment l'adoption d'une date limite (cut-off date) au-delĂ de laquelle la conversion d'une parcelle forestiĂšre ou Ă l'Ă©tat naturel ne peut plus ĂȘtre convertie en culture de soja ; les exportateurs vers la France (dont Bunge, Louis-Dreyfus Company, COFCO, Sol Team[66] et Cargill) s'engageant Ă ne pas s'approvisionner sur des parcelles converties rĂ©cemment[67].
RÚglement européen visant à bannir les produits issus de la déforestation
Le rÚglement européen visant à bannir les produits issus de la déforestation a été adopté par le Parlement européen le 19 avril 2023. Pour le soja, cela concerne[68] :
- les fĂšves de soja, mĂȘme concassĂ©es ;
- l'huile de soja et ses fractions ;
- la farine de fĂšves de soja.
Notes et références
Notes
- aux XVIIIeâââXXe siĂšcles, les termes de soya (Bulletin de la SociĂ©tĂ© d'acclimatation), de pois chinois (Annales de l'Institut national agronomique) ou de haricot olĂ©agineux Ă©taient employĂ©s. Le terme de soja est employĂ© Ă partir de 1985 (Robert)
- selon FAOSTAT, elle est passée de 41,4 à 352,6 millions de tonnes, entre 1968 et 2017.
- ć æéŁéŹ±ćèăäžæäșšè”ćèœ Â« In the sixth month they eat the sparrow-plums and grapes; In the seventh, they cook the Kui and pulse », traduction anglaise de James Legge, Book of Poetry, voir Odes of Bin
Références
- « soya », Grand Dictionnaire terminologique, Office québécois de la langue française.
- « FAOSTAT, Cultures : Production - Quantité - Produits : Soja », sur FAO.org (consulté le ).
- WWF, « Le soja, de la conversion dâĂ©cosystĂšmes en AmĂ©rique latine jusquâaux produits animaux que nous consommons » (consultĂ© le )
- (en) Akito Kaga, Takehiko Shimizu, Satoshi Watanabe, Yasutaka Tsubokura, Yuichi Katayose, Kyuya Harada, Duncan A. Vaughan, Norihiko Tomooka Akito Kaga, « Evaluation of soybean germplasm conserved in NIAS genebank and development of mini core collections », Breeding Science, vol. 61, no 5,â , p. 566 (DOI 10.1270/jsbbs.61.566, lire en ligne).
- Maruyama N, Matsuzawa H, Hiroma K, Horiuchi J, Hagiwara H, Mikoshiba K. New soybean varieties for special uses: Black seeded variety âShinano-kuroâ, green-seeded variety âShinano-aomameâ, saddle pattern-seeded variety âShinano-kurakakeâ and flat-seeded variety âShinano-hiramameâ Bull Nagano Chushin Agr Ex Sta. 1987
- Gyoung-Ah Lee, Gary W Crawford, Li Liu, Yuka Sasaki, Xuexiang Chen, « Archaeological Soybean (Glycine max) in East Asia: Does Size Matter? », Plos One, vol. 6, no 11,â (lire en ligne)
- Moon Young Kim, Kyujung Van, [...], and Suk-Ha Lee, « Tracing soybean domestication history: From nucleotide to genome », Breeding Science, vol. 61, no 5,â (lire en ligne)
- Thomas E. Carter et al., « Genetic Diversity in Soybean », dans Boerma HR, Specht JE, American Society of Agronomy, Soybeans : Improvement, Production, and Uses, Agronomy Monograph no 16,
- JuanGuo et al., « A single origin and moderate bottleneck during domestication of soybean (Glycine max): implications from microsatellites and nucleotide sequences », Annals of Botany, vol. 106,â , p. 505-514 (lire en ligne)
- Protabase, « Glycine max (L.) Merr. » (consulté le )
- Kim MY1, Lee S, Van K, et al, « Whole-genome sequencing and intensive analysis of the undomesticated soybean (Glycine soja Sieb. and Zucc.) genome. », Proc Natl Acad Sci U S A, vol. 107, no 51,â
- CNRTL
- BU Dupare, SD Billore, OP Joshi, SM Husain, « Origin, Domestication, Introduction and Success of Soybean in India », Asian Agri History, vol. 12, no 3,â , p. 179-195 (lire en ligne)
- (en) Référence IPNI : Fabaceae Phaseolus max L
- Référence Biodiversity Heritage Library : 358746
- Référence Biodiversity Heritage Library : 358748
- (en) William Shurtleff et Akiko Aoyagi, History of Whole Dry Soybeans, Used as Beans, or Ground, Mashed or Flaked (240 BCE to 2013)., California, Lafayette, , 950 p.
- Zhang Chi & Hsiao-chun Hung, « Jiahu 1: earliest farmers beyond the Yangtze River », Antiquity, vol. 87,â , p. 46-63 (lire en ligne)
- Miriam T. Stark, Archeology of Asia, Wiley, , 384 p.
- Ulrich Theobald CHINAKNOWLEDGE - a universal guide for China studies, « Shen Nong shu ç„èŸČæž "The Book of the Divine Husbandman" » (consultĂ© le )
- (en) William Shurtleff et Akiko Aoyagi, History of Soybeans and Soyfoods in Central Asia (1876â2008), Soy Info Center (lire en ligne)
- DĂ©sirĂ© Bois (prof Museum national dâhistoire naturelle), Auguste Pailleux, « Potager dâun curieux, 1899, Soya » (consultĂ© le )
- SoyInfoCenter
- Société nationale de protection de la nature, Bulletin de la Société d'acclimatation, Paris, Société d'acclimatation, 1871
- Deng
- (en) F. Dimmock, Le soja, Ottawa : MinistĂšre de l'agriculture, (lire en ligne)
- R. I. Buzzell, L. D. Bailey et H. D. Voldeng, Le soja, Ottawa : MinistĂšre de l'agriculture, (ISBN 0-662-90643-8, lire en ligne)
- Nadim Alkharouf, « Analysis of expressed sequence tags from roots of resistant soybean infected by the soybean cyst nematode », Genome / National Research Council Canada = GĂ©nome / Conseil national de recherches Canada, vol. 47, no 2,â , p. 380-388 (ISSN 0831-2796, DOI 10.1139/g03-114)
- Robin Roychaudhuri, « Stability of the allergenic soybean Kunitz trypsin inhibitor », Biochimica et biophysica acta, vol. 1699, nos 1-2,â , p. 207-212 (ISSN 0006-3002, DOI 10.1016/j.bbapap.2004.02.014)
- Produits phytopharmaceutiques
- ISAAA, « Brief 53: Global Status of Commercialized Biotech/GM Crops: 2017 » (consulté le )
- Peter Whoriskey, « Monsanto's dominance draws antitrust inquiry », Washington Post, 29 novembre 2009.
- pleinchamp.com - Votre site dâexpertise agricole, « La filiĂšre soja non OGM : quelles perspectives de dĂ©veloppement Ă court et moyen termes en France ? (18/10/2017) » (consultĂ© le )
- (en) « Soy: food, feed, and land use change | FCRNfoodsource », sur www.foodsource.org.uk (consulté le )
- Marie-HĂ©lĂšne Dabat, Xiande Li et FrĂ©dĂ©ric Lancon, « MarchĂ© international du soja : des flux en profonde recomposition », OlĂ©agineux, Corps gras, Lipides, vol. 8, no 3,â , p. 191â198 (ISSN 1258-8210 et 1950-697X, DOI 10.1051/ocl.2001.0191, lire en ligne, consultĂ© le )
- (en) Larry C. Purcell, Montserrat Salmeron et Lanny Ashlock, Arkansas Soybean Production Handbook - MP197, Little Rock, AR, University of Arkansas Cooperative Extension Service, (lire en ligne), « Chapter 19: Soybean Facts », p. 1.
- (en) « Global vegetable oil consumption, 2019/20 », sur Statista (consulté le )
- Ilka M. Vasconcelos, JoseÂŽ Tadeu A. Oliveira, « Antinutritional properties of plant lectins », Toxicon, vol. 44,â , p. 385-403
- Mindi Schneider, « Feeding Chinaâs Pigs Implications for the Environment, Chinaâs Smallholder Farmers and Food Security », Technical Report, no January,â (lire en ligne)
- Frédérique Dofing, « Comment réduire la dépendance européenne au soja brésilien et américain », La Croix (consulté le ).
- « Soja », sur EncyclopÊdia Universalis (consulté le ).
- Association sectorielle Prolea, rapport 2009
- (en) « Crops and livestock products », sur FAOSTAT (consulté le ).
- (en) Info center, « World Soybean Production (March 2018) » (consulté le )
- Food and Drug Administration.
- (en) « Isoflavones contents of food », Top Cultures (consulté le )
- (en) Effets secondaires des isoflavones
- (en) Voir sur goodearthnaturalfoods.net.
- Khaodhiar L., Ricciotti H., Li L., Pan W., Scickel M., Zhou J., Blackburn G., âDaidzein-rich isoflavone aglycones are potentially effective in reducing hot flashes in menopausal womenâ, Menopause, January 2008, Vol 15, Pages 125-134.
- (en) Site répertoriant les effets des isoflavones
- Jill M. Hamilton-Reeves, Gabriela Vazquez, Sue J. Duval et William R. Phipps, « Clinical studies show no effects of soy protein or isoflavones on reproductive hormones in men: results of a meta-analysis », Fertility and Sterility, vol. 94, no 3,â , p. 997â1007 (ISSN 1556-5653, PMID 19524224, DOI 10.1016/j.fertnstert.2009.04.038, lire en ligne, consultĂ© le )
- Mark Messina, Sonia Blanco Mejia, Aedin Cassidy et Alison Duncan, « Neither soyfoods nor isoflavones warrant classification as endocrine disruptors: a technical review of the observational and clinical data », Critical Reviews in Food Science and Nutrition, vol. 62, no 21,â , p. 5824â5885 (ISSN 1549-7852, PMID 33775173, DOI 10.1080/10408398.2021.1895054, lire en ligne, consultĂ© le )
- « Rapport de l'AFSSA sur les phyto-ĆstrogĂšnes apportĂ©s par l'alimentation » 2005
- dĂ©claration publique d'intĂ©rĂȘt (DPI) Afssa
- (en) Safety of Soy-Based Infant Formulas Containing Isoflavones: The Clinical Evidence
- (en) D.A. Pape-Zambito, R.F. Roberts et R.S. Kensingere, « Estrone and 17ÎČ-estradiol concentrations in pasteurized-homogenized milk and commercial dairy products », Journal of Dairy Science, vol. 93, no 6,â , p. 2533-2540 (DOI 10.3168/jds.2009-2947, lire en ligne)
- Schmultz J et al., Nature, 2010, no 463, 178-83
- WWF Rapport 2014 : Sue Stolton et Nigel Dudley, « Le Boum du soja Lâessor du soja, impacts et solutions » (consultĂ© le )
- (en) Paving the Amazon with Soy, CorpWatch, 16 décembre 2004.
- MoĂŻse Tsayem Demaze, « Quand le dĂ©veloppement prime sur l'environnement : la dĂ©forestation en Amazonie brĂ©silienne », Mondes en dĂ©veloppement, no 143,â (lire en ligne)
- « Les fronts pionniers du Mato Grosso (Brésil): des défrichements à la mise en culture intensive », sur mappemonde-archive.mgm.fr (consulté le )
- « Le Dessous des cartes | Amazonie, le poumon de la planÚte », sur ARTE, (consulté le )
- Les animaux d'élevage français gavés de soja OGM importé Chloé Hecketsweiler, lexpress.fr, 9 novembre 2012
- « Consultants naturels â Ătude de filiĂšre â Le soja en France », sur consultants-naturels.fr (consultĂ© le )
- « Déforestation : Greenpeace dénonce une Europe "mordue de viande" dépendante du soja OGM brésilien », sur LCI (consulté le )
- Sol Team, est une sociĂ©tĂ© nantaise (82 M⏠de chiffre dâaffaires), importatrice de matiĂšres premiĂšres destinĂ©es Ă lâalimentation animale.
- « Déforestation en Amazonie : des pistes pour mettre fin aux importations françaises de soja », (dont lien vers le rapport de 48p.), sur actu-environnement.com, (consulté le )
- Les produits vendus dans lâUnion europĂ©enne ne pourront plus provenir de la dĂ©forestation, consultĂ© le 27 mai 2023]
Annexes
Articles connexes
Références taxinomiques
- (en) Référence Flora of Pakistan : Glycine max
- (en) Référence Flora of Missouri : Glycine max
- (fr) Référence Tela Botanica (France métro) : Glycine max (L.) Merr., 1917
- (fr) Référence Tela Botanica (Antilles) : Glycine max (L.) Merr.
- (fr+en) Référence ITIS : Glycine max (L.) Merr.
Liens externes
- (en) Référence NCBI : Glycine max (taxons inclus)
- (en) Référence GRIN : espÚce Glycine max (L.) Merr.
- Le Soja, plante végétarienne par excellence (fr)
- Allergie alimentaire : le soja Julien Tap et Gaétane Collard, IUP SIAL, Paris XII, 2005 [PDF](fr)
- Le Soja de la plante Ă ses utilisations, Prolea [PDF]
- Ressources relatives au vivant :
- Alabama Plant Atlas
- Base de données des plantes d'Afrique
- FloraWeb
- Global Biodiversity Information Facility
- TAXREF (INPN)
- Tela Botanica
- VASCAN
- (en) Australian Plant Name Index
- (cs + en) BioLib
- (zh-Hant + en) Catalogue of Life in Taiwan
- (sv) Dyntaxa
- (en) Ecocrop
- (en) EPPO Global Database
- (en) European Nature Information System
- (en) Flora of China
- (en) Flora of Wisconsin
- (en) Germplasm Resources Information Network
- (mul + en) iNaturalist
- (en) Interim Register of Marine and Nonmarine Genera
- (en) International Plant Names Index
- (en) Jardin botanique du Missouri
- (en) Michigan Flora
- (cs) NĂĄlezovĂĄ databĂĄze ochrany pĆĂrody
- (en) NBN Atlas
- (nl) NDFF Verspreidingsatlas
- (nl) Nederlands Soortenregister
- (en + en) New Zealand Organisms Register
- (en) The Plant List
- (en) PLANTS Database
- (en) Plants of the World Online
- (en) SystÚme d'information taxonomique intégré
- (en) Tropicos
- Ressource relative à la santé :
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :