Lumbricus terrestris
Lumbricus terrestris, le lombric commun, ver de terre commun ou ver de rosée, est une espèce de vers de terre annélides de la famille des Lumbricidae. Il a comme préférence les terres humides. C'est une espèce hermaphrodite simultanée puisque chaque individu possède les organes reproducteurs mâle et femelle en même temps.
Le ver de terre est apprécié par les jardiniers car il permet à l'air et à l'eau de circuler dans les nombreuses galeries souterraines qu'il creuse, ce procédé est bénéfique pour le maintien des sols, pour la flore et pour l'écosystème en général.
Lors des grandes averses, ils sortent pour éviter la noyade (ou plutôt l'asphyxie) au fond de leurs galeries, en effet ils respirent par diffusion directe à travers leur peau, or l'eau est moins riche en dioxygène que l'air. Quand après la pluie le soleil revient, les lombrics meurent par dessication si l'humidité de leur corps n'est plus suffisante.
Rôle dans la chaîne alimentaire
Il est capturé par plusieurs espèces de batraciens et de mammifères de surface (taupe, musaraigne, blaireau, renard), de couleuvres ainsi que d'oiseaux qui en nourrissent aussi leurs petits. Il est également mangé par des vers plats, l’Arthurdendyus triangulatus et l’Australoplana sanguinea[1].
Distribution
Originaire d'Europe, il se rencontre maintenant aussi en Amérique du Nord. Il s'agit d'une espèce très envahissante en Amérique du Nord, et de par le monde[2].
Description
Lumbricus terrestris mesure de 90 mm à 300 mm de long et de 6 mm à 10 mm de large. Son corps cylindrique très extensible compte en moyenne 150 segments (de 100 à 180) en forme d'anneaux portant quatre paires de soies en forme de S[3]. Le prostomium (en) est tanylobique[4]. Le péristomium (en), deuxième segment de forme conique et généralement un peu plus foncé que le reste du corps, porte la bouche. Le périprocte (en), dernier segment généralement plus aplati que celui de la tête et de couleur plus claire, porte l'anus. Le clitellum se développe sur les segments 33 à 37[5].
Sa teinte générale est rougeâtre à brun foncé (face ventrale jaune orangé, face dorsale plus foncée brun rougeâtre à violet) et est due à un pigment sanguin voisin de l'hémoglobine, l'érythrocruorine. Le vaisseau sanguin dorsal est d'ailleurs visible au travers de la peau[6].
Biologie
C'est un ver de terre anécique qui se nourrit de la matière organique en décomposition et des bactéries du sol. Il se nourrit sur ou proche de la surface du sol[7]. Les excréments rejetés donnent le compost utilisé comme engrais pour le sol. Son système digestif assure les fonctions suivantes : réception du 1er au 3e segment, digestion au niveau du pharynx musculeux entre le 4e et 6e segment, transit entre le 7e et 13e segment, filtration au niveau du jabot entre le 14e et 16e segment, trituration au niveau du gésier entre le 17e et 19e segment, absorption et digestion dans l'intestin entre le 20e et 150e segment[8].
Objet d'une forte prédation, il se reproduit plus fréquemment. À sa maturité sexuelle, il développe un clitellum qui sécrète au cours de l'accouplement un tube muqueux puis un cocon (chaque lombric produit environ de 3 à 80 cocons par année), donnant en moyenne naissance à 400 petits par an. Sa durée de vie va de 4 à 8 ans, généralement 6 ans en captivité[9].
Photosensibilité
Les vers de terre ont montré un comportement appelé phototaxis négatif. Quand il y a une exposition directe à la lumière, le ver se déplace pour ne pas être dans cette lumière[10].
Respiration
Les vers de terre n'ont pas de poumon. Pour respirer, ils échangent les gaz à travers leur peau humide; l'oxygène est absorbé par l'hémoglobine dans le sang, et le dioxyde de carbone est libéré[11].
Alimentation
Les vers de terre ingèrent de la terre et des débris organiques d'origine variée (bactérienne[12], fongique, animale et végétale). En triturant les débris animaux et surtout végétaux, ils facilitent l'attaque de la matière organique par la communauté de champignons et bactéries symbiotiques dans leur tube digestif qui seule dispose d'un équipement enzymatique qui permet de décomposer la cellulose et la lignine des plantes. Les lombrics bénéficient à leur tour de cette digestion partielle qui leur procure des aliments plus accessibles à leurs enzymes digestives mais ils tirent également leur énergie de la digestion de leurs propres microbes symbiotiques[13].
Écologie
Les vers de terre sont divisés en trois catégories écophysiologiques[14] , le Lumbricus terrestres étant anécique :
Publication originale
- Linnaeus, 1758 : Systema naturae per regna tria naturae, secundum classes, ordines, genera, species, cum characteribus, differentiis, synonymis, locis, ed. 10 (texte intégral).
Notes et références
- Qui mange le ver de terre ou lombric ?
- (en) A. Milcu, J. Schumacher et S. Scheu, « Earthworms (Lumbricus terrestris) affect plant seedling recruitment and microhabitat heterogeneity », Functional Ecology, vol. 20, no 2,‎ , p. 261–268 (ISSN 1365-2435, DOI 10.1111/j.1365-2435.2006.01098.x, lire en ligne, consulté le )
- Quatre paires réparties symétriquement en 2 faisceaux latéraux et 2 faisceaux ventraux.
- Prostomium dont le prolongement dorsal étroit atteint vers l'arrière le sillon intersegmentaire.
- (en) Prof. R.L.Kotpal, Modern Text Book of Zoology. Invertebrates, Rastogi Publications, , p. 503
- (en) Daniel L. Dindal, Soil Biology Guide, Wiley, , p. 352
- James P. Curry et Olaf Schmidt, « The feeding ecology of earthworms – A review », Pedobiologia, vol. 50, no 6,‎ , p. 463–477 (DOI 10.1016/j.pedobi.2006.09.001, lire en ligne, consulté le )
- Le système digestif
- Le système reproducteur
- (en) John H. Doolittle, « The role of anterior ganglia in phototaxis and thigmotaxis in the earthworm », Psychonomic Science, vol. 27, no 3,‎ , p. 151–152 (ISSN 0033-3131, DOI 10.3758/BF03328920, lire en ligne, consulté le )
- (en) J. Phillipson et P. J. Bolton, « The respiratory metabolism of selected lumbricidae », Oecologia, vol. 22, no 2,‎ , p. 135–152 (ISSN 0029-8549 et 1432-1939, DOI 10.1007/BF00344713, lire en ligne, consulté le )
- Matière organique comportant des colonies microbiennes, telles des fèces animales.
- (en) Clive A. Edwards, Earthworm Ecology, CRC Press, , p. 221-231
- Gregor Ernst, Stefan Zimmermann, Peter Christie et Beat Frey, « Mercury, cadmium and lead concentrations in different ecophysiological groups of earthworms in forest soils », Environmental Pollution, vol. 156, no 3,‎ , p. 1304–1313 (DOI 10.1016/j.envpol.2008.03.002, lire en ligne, consulté le )
- (en) Loren Nancarrow et Janet Hogan Taylor, The Worm Book : The Complete Guide to Gardening and Composting with Worms, Potter/TenSpeed/Harmony, , 160 p. (ISBN 978-0-307-78954-9, lire en ligne), p. 124
- (en) Jerry Hopkins, Strange Foods, Tuttle Publishing, , 244 p. (ISBN 978-1-4629-1676-4, lire en ligne), p. 111
Voir aussi
Bibliographie
- Christophe Gatineau, Éloge du ver de terre, Flammarion, , 217 p. (lire en ligne)
- Marcel B. Bouché, Des vers de terre et des hommes. Découvrir nos écosystèmes fonctionnant à l'énergie solaire, Actes Sud Editions, , 321 p.
Liens externes
- Reportage Video : Les cabanes des vers de terre
- (en) Référence Fauna Europaea : Lumbricus terrestris Linnaeus, 1758 (consulté le )
- (en) Référence GISD : espèce Lumbricus terrestris
- (en) Référence Animal Diversity Web : Lumbricus terrestris
- (en) Référence Catalogue of Life : Lumbricus terrestris Linnaeus, 1758
- (en) Référence NCBI : Lumbricus terrestris (taxons inclus)
- (fr) Référence INPN : Lumbricus terrestris Linnaeus, 1758 (TAXREF)
- Le site du ver de terre ou lombric : elombric