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Taux de mortalité

En démographie, le taux de mortalité (ou taux brut de mortalité) est le rapport entre le nombre annuel de décès et la population totale moyenne sur une période et dans un territoire donné.

Taux de mortalitĂ© dans le monde par pays pour 1 000 habitants et par an en 2015.

Utilisation

Le taux de mortalité sert à l'étude de la démographie, de pair avec la natalité et la fécondité. Il renseigne en particulier sur les conditions sanitaires générales d'un pays.

Il peut être étudié par classe d'âge avec, par exemple, le taux de mortalité infantile (moins d'un an) et le taux de mortalité juvénile (moins de cinq ans).

Notions similaires

Le taux de mortalité se distingue du taux de morbidité, qui est le nombre de malades annuels rapporté à la population, et du taux de létalité, qui est le nombre de décès rapporté au nombre de malades.

On parle aussi de mortalité prématurée et de mortalité évitable.

Causes

Les causes de mortalité sont toutes les causes possibles pouvant engendrer la mort d'un individu. Si les possibilités sont infinies au niveau individuel, les données agrégées au niveau de la population offrent des régularités observables.

La typologie des causes possibles de mortalité proposée par l'OMS (CIM-10) peut être simplifiée de la manière suivante[1] :

Statistiques

Dans le monde

L’absence d’eau potable est Ă  l’origine de nombreuses Ă©pidĂ©mies, notamment dans les pays confrontĂ©s Ă  une urgence humanitaire : CholĂ©ra, typhoĂŻde, hĂ©patite, mais aussi la diarrhĂ©e, pourtant facilement traitĂ©e dans les pays occidentaux, qui tue Ă  elle seule 1,8 million d’enfants par an. 1,6 milliard d’êtres humains n’ont pas accès Ă  l’eau potable et 2,6 milliards n’ont pas accès aux conditions Ă©lĂ©mentaires d’hygiène.

Les maladies infectieuses sont responsables de 17 millions de dĂ©cès par an, ce qui reprĂ©sente un tiers de la mortalitĂ©. Elles reprĂ©sentent 43 % des dĂ©cès dans les pays en voie de dĂ©veloppement, contre 1 % dans les pays industrialisĂ©s, notamment le sida, le paludisme et la rougeole, cette dernière Ă©tant responsable de la mort d’environ un million d’enfants par an.

Selon Jean Ziegler (rapporteur spĂ©cial pour le droit Ă  l'alimentation du Conseil des droits de l’homme de l’Organisation des Nations unies de 2000 Ă  ), la mortalitĂ© due Ă  la sous-alimentation reprĂ©sentait 58 % de la mortalitĂ© totale en 2006 : « Dans le monde, environ 62 millions de personnes, toutes causes de dĂ©cès confondues, meurent chaque annĂ©e. En 2006, plus de 36 millions sont mortes de faim ou de maladies dues aux carences en micronutriments »[2].

Le nombre de morts violentes (homicides, suicides, accidents) varie beaucoup selon les pays et les Ă©poques (guerre, dĂ©mantèlement de l’État...) ; par exemple, en 2000, l’OMS enregistrait 221 morts violentes pour 100 000 habitants en Russie (soit 18 % des dĂ©cès), 105 morts violentes pour 100 000 habitants en Colombie (24 % des dĂ©cès), et seulement 33 morts violentes pour 100 000 habitants au Royaume-Uni (soit 3 % des dĂ©cès)[3].

L’OMS a défini vingt facteurs de risques[4], qui représentent la majorité des causes de décès[5]. Parmi ces facteurs les principaux sont :

  1. La sous-alimentation : plus de 3 millions de dĂ©cès d'enfants dans les pays en dĂ©veloppement (1,8 million en Afrique et 1,2 million en Asie), soit 60 % des dĂ©cès d'enfants, et 170 millions d'enfants ont un poids insuffisant ;
  2. Les pratiques sexuelles dangereuses (c'est-à-dire sans préservatif) : 2,9 millions de morts ; 40 millions de personnes sont infectées par le VIH (sida), essentiellement en raison de pratiques sexuelles dangereuses (99 % des infections en Afrique, 94 % en Amérique centrale et 13 % en Asie orientale) ;
  3. L'hypertension artérielle : 7 millions de décès par an ;
  4. Le tabagisme : 5 millions de décès par an ;
  5. Le surpoids et l'obĂ©sitĂ© reprĂ©sentent le cinquième facteur de risque de dĂ©cès au niveau mondial et fait au minimum 2,8 millions ;
  6. L'utilisation d'eau non potable et le défaut d'assainissement et d'hygiène : 1,7 million de morts, essentiellement par des maladies diarrhétiques ;
  7. La carence en fer : 2 millions de personnes en souffrent, et cela cause 1 million de décès par an ;
  8. L'enfumage des habitations par des combustibles solides : ces fumées provoquent 36 % des infections des voies respiratoires inférieures, et 22 % des broncho-pneumopathies chroniques obstructives ;
  9. L'hypercholestérolémie : 4 millions de décès par an ;


France

Il existe une base de données nationale des causes médicales de décès, gérée par le Centre d'épidémiologie sur les causes médicales de décès (CépiDc, Inserm[6], sur la base des certificats médicaux de décès établis par les médecins lors du constat de décès). Depuis 2000, les causes de décès sont codées selon la 10e révision de la Classification internationale des maladies (CIM-10) de l'OMS. Les données produites concernent les causes initiales de décès, sélectionnées selon les règles de l'OMS.

Depuis les années 1990, des rapports (ex : La santé en France du Haut Conseil de la santé publique) intègrent la mortalité prématurée (grossièrement définie comme « la somme des décès survenus avant 65 ans »[7]) et la mortalité évitable (définie par trois composantes : « causes de décès liées aux comportements à risque, causes de décès liées au système de soins et autres causes de décès »)[7].

« La France se caractérise par des taux de décès prématurés très élevés alors que les niveaux de mortalité sont très favorables après 65 ans. Concernant la mortalité évitable, les indicateurs liés aux comportements à risque sont défavorables en France, alors que les indicateurs liés au système de soins semblent très favorables »[7].

En France, on comptait 750 dĂ©cès pour 100 000 habitants en 2004[8], avec une espĂ©rance de vie de 77,2 ans pour les hommes et de 84,2 ans pour les femmes en 2006[9]. Un quart des dĂ©cès ont lieu avant l'âge de 65 ans.

Évolution

Le taux de mortalité en France, après une légère diminution au début des années 2000, augmente progressivement depuis 2015[10]. Le taux de mortalité infantile reste relativement stable, autour de 3,8 pour mille[11].

Année200020012002200320042005200620072008200920102011201220132014 2015 2016 2017 2018
Décès (milliers)540,6541,0545,2562,5519,5538,1526,9531,2542,6546,0551,2545,1569,9569,2559,3 593,7 593,9 606,0 614
Taux de mortalité8,98,88,99,18,38,58,38,38,58,58,58,48,78,78,4 8,9 8,9 9,1 9,2
Mortalité infantile4,54,64,24,24,03,83,83,83,83,83,63,53,53,63,5 3,7 3,7 3,9 3,8

Note : Ă  compter de 2014, les chiffres comprennent Mayotte.

Causes

En France, pour 543 139 dĂ©cès en 2008, les cancers Ă©taient encore la 1re source de mortalitĂ© (29,6 %), devant les maladies de l'appareil circulatoire (27,5 %), les accidents (4,6 %), la maladie d'Alzheimer (3,2 %), le diabète (2,2 %), le suicide (1,9 %), les dĂ©mences (1,8 %) et les maladies chroniques du foie (1,7 %), soit plus de 70 % des dĂ©cès survenus[12]. La hiĂ©rarchie des causes de dĂ©cès diffère selon le sexe et l'âge. Elle a peu Ă©voluĂ© entre 2000 et 2008 pour les hommes et s'est transformĂ©e pour les femmes[12]. Environ 20 % des morts d'enfants de 1 Ă  14 ans sont dues Ă  des tumeurs[12]. On observe une forte surmortalitĂ© chez les garçons de 15-24 ans et, de 2000 Ă  2008, une forte progression du cancer du poumon chez les femmes de 45-64 ans[12]. La mortalitĂ© des 45-64 ans est d'abord due aux cancers : 54 % (14 812 dĂ©cès) chez les femmes et 45 % chez les hommes (41 155 morts), taux stables de 2000 Ă  2008[12].

Inégalités régionales

La Bretagne est la région la plus affectée par le cancer de la prostate, mais c'est aussi la région où le taux de progression des différents cancers est le plus faible[13]. De nombreux départements agricoles ont des taux de cancers supérieurs à la moyenne nationale, et on enregistre depuis 2008 le plus fort taux au monde de cancer de la prostate en Martinique & Guadeloupe (contamination par le chlordécone, un insecticide).

Le diabète atteint ses plus forts taux de nouveaux cas en Normandie, en Franche-Comté et en Guyane[13], alors que les plus forts taux de nouveaux cas d'AVC sont atteints en Lorraine, Alsace, Alpes-Côte d'Azur et dans les DOM-TOM[13].

Les inégalités régionales montrent que les causes de maladies ne sont pas à chercher seulement au niveau individuel ou génétique, mais aussi sans doute au niveau environnemental[14].

RĂ©duction

Une modification du mode de vie permettrait de rĂ©duire la mortalitĂ© dans les pays dĂ©veloppĂ©s. Une Ă©quipe de chercheurs de l'universitĂ© de Cambridge (Royaume-Uni), en partenariat avec le Medical Research Council, a menĂ© une enquĂŞte sur 20 244 individus pendant 14 ans (1993-2007), dont 1 987 sont dĂ©cĂ©dĂ©s en cours d'enquĂŞte, afin de dĂ©terminer l'impact du mode de vie sur l'espĂ©rance de vie[15]. L'Ă©tude conclut que le « mode de vie idĂ©al » majore l'espĂ©rance de vie de 14 ans par rapport au cumul de quatre facteurs de risque[16] :

  1. la consommation de tabac ;
  2. la consommation d'alcool supérieure à un demi-verre par jour ;
  3. la non-consommation de cinq fruits et légumes par jour ;
  4. la sédentarité, caractérisée par moins d'une demi-heure d'exercice physique par jour.

Le cumul des quatre facteurs de risque multiplie le risque de décès par 4,4 ; trois facteurs, par 2,5 ; deux facteurs, par près de 2 ; et un seul facteur, par 1,4. Selon le professeur Kay-Tee Khaw, premier signataire de l'étude, « c'est la première fois que l'on analyse l'effet cumulé des facteurs de risque sur la mortalité[16] ».

Notes et références

  1. « OMS - CIM-10 Version:2008 », sur OMS.
  2. Jean Ziegler, L'Empire de la honte, Fayard, 2005 (ISBN 2-2136-2399-6) réédition poche (ISBN 978-2-2531-2115-2), p. 130
  3. Documentation de l'INED.
  4. Rapport de l'OMS 2002, Chapitre 4 [PDF]
  5. « Statistiques sur les causes de décès - Statistics Explained », sur ec.europa.eu (consulté le )
  6. Site du CĂ©piDc.
  7. Haut Conseil de la santé publique 2013.
  8. « Taux standardisé de mortalité », sur Institut de veille sanitaire (consulté le ).
  9. « Espérance de vie », sur INED (consulté le ).
  10. « Décès et taux de mortalité en 2018 », sur Insee (consulté le ).
  11. « Taux de mortalité infantile », sur Insee, (consulté le ).
  12. BEH N Â°22, Institut de veille sanitaire, 7 juin 2011 [PDF].
    Le rapport porte notamment sur les données sur la mortalité en France de 2000 à 2008.
  13. Le Nouvel Observateur, 3 octobre 2013, interview d'André Cicolella, p. 92.
  14. André Cicolella, chercheur et lanceur d'alerte
  15. Public Library of Medecine, 9 janvier 2008, cité dans Le Figaro, 9 janvier 2008, page 12.
  16. « Une vie saine peut accroître la longévité de 14 ans », Le Figaro, 9 janvier 2008, p. 12.

Voir aussi

Bibliographie

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Articles connexes

Liens externes

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