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Chlordécone

Le chlordĂ©cone (commercialisĂ© sous les noms de Kepone aux États-Unis[5], Merex dans les pays anglophones , ou KĂ©pone et Curlone en France) est un insecticide organochlorĂ© toxique, Ă©cotoxique et persistant. La[alpha 1] chlordĂ©cone, de formule brute C10Cl10O, est la molĂ©cule qui entre dans la constitution de ce pesticide.

Chlordécone
Image illustrative de l’article ChlordĂ©cone
Image illustrative de l’article ChlordĂ©cone
Structure et représentation de la molécule de chlordécone.
Identification
Nom UICPA décachloropentacyclo[5.3.0.02.6.03.9.04.8]décan-5-one[1]
Synonymes

KĂ©pone (nom commercial)
Merex (nom commercial)
décachlorocétone[2]
décachloro-pentacyclo-5.2.1.02,6.03,9.05,8 décanone-4

No CAS 143-50-0
No ECHA 100.005.093
No CE 205-601-3
No RTECS PC8575000
PubChem 299
SMILES
InChI
Apparence cristaux blancs ou blanc cassé[3].
Propriétés chimiques
Formule C10Cl10O [IsomĂšres]
Masse molaire[4] 490,636 ± 0,028 g/mol
C 24,48 %, Cl 72,26 %, O 3,26 %,
Propriétés physiques
T° ébullition Point de sublimation : 350 °C (décomposition)[3]
Solubilité 2,7 mg/l dans l'eau (25 °C)[5]
Masse volumique 1,64 g/cm3 (25 °C)[5]
Pression de vapeur saturante 3 Ă— 10−7 mmHg (25 °C)[5]
Thermochimie
S0gaz, 1 bar 764 J/(K.mol) (25 °C)[6]
ΔfH0gaz −225,9 kJ/mol (25 °C)
Précautions
SGH[7]
SGH06 : ToxiqueSGH08 : Sensibilisant, mutagÚne, cancérogÚne, reprotoxiqueSGH09 : Danger pour le milieu aquatique
Danger
H301, H311, H351 et H410
Transport
;
Classification du CIRC
Groupe 2B : peut-ĂȘtre cancĂ©rogĂšne pour l'homme[8]
Inhalation toxique
Peau toxique
Yeux toxique
Ingestion toxique
Écotoxicologie
LogP 3,45[3]

Unités du SI et CNTP, sauf indication contraire.

Présentation et utilisation

Le chlordécone est connu pour avoir été utilisé comme substitut au lindane contre le charançon du bananier (Cosmopolites sordidus) dans le monde atlantique francophone[9] (de 1972 à 1993 dans les Antilles françaises) et contre d'autres insectes attaquant les bananiers malgré son interdiction en France depuis 1990.

Il a aussi été utilisé pour de nombreuses autres cultures[10] à des concentrations de matiÚre active variant entre 5 et 90 %, en particulier sur le tabac, les arbustes ornementaux, les cultures d'agrumes, et dans les piÚges à fourmis et à cafards (blattes) (c'était notamment la matiÚre active de l'insecticide kelevan[11]). Il a été utilisé comme larvicide contre des diptÚres, et pour un tout autre usage, comme fongicide contre le mildiou[12].

C'est aussi le produit spontané de dégradation d'autres insecticides organochlorés. Ainsi le kelevan comme le mirex se dégradent en quelques semaines en chlordécone (qui est beaucoup plus stable qu'eux). On sait depuis 1976 au moins que le mirex se dégrade en chlordécone[13].

ConsidĂ©rĂ© comme non biodĂ©gradable, le chlordĂ©cone a dans l'environnement une demi-vie Ă©valuĂ©e, suivant les auteurs, entre 250 et 650 ans dans les sols[14]. Cette persistance, associĂ©e Ă  une toxicitĂ© Ă©levĂ©e, ainsi que des pollutions et intoxications l'ont fait interdire dans de nombreux pays (dĂšs 1976 aux États-Unis) puis dĂ©finitivement dans le monde (2011), mais aprĂšs que plusieurs millions de kilogrammes de ce composĂ© ont Ă©tĂ© produits et dispersĂ©s[15].

Les conséquences de son utilisation jusqu'en 1993 aux Antilles françaises font périodiquement la une des médias français depuis septembre 2007. Selon les données disponibles, il faudra de plusieurs décennies à plusieurs siÚcles pour en épurer les sols antillais les plus touchés[16].

Le mirex[alpha 2] et le chlordĂ©cone sont deux insecticides chimiquement trĂšs proches, issus de l'hexachlorocyclopentadiĂšne (en). Aucune de ces molĂ©cules n'existe naturellement dans l'environnement. Ils n'ont plus Ă©tĂ© fabriquĂ©s ni utilisĂ©s aux États-Unis depuis 1978.

Autres dénominations

Le chlordécone a été nommé Kepone et Merex dans les pays anglophones et vendu en France sous les noms de Képone de 1968 à 1981 puis de Curlone à partir de 1981[17].

Aspects physicochimiques

Le mirex est un solide cristallin blanc, alors que le chlordécone est blanc cassé ; tous deux sont inodores.

Sa structure moléculaire est dite bis-homocubane perchlorée comme celles du mirex et du kelevan (vendu sous le nom de Despirol)[18] - [19] - [alpha 3] - [9], deux molécules chimiquement proche du mirex et du dichlorodiphényltrichloroéthane (DDT), classé polluant organique persistant (POP) par la convention de Stockholm, qui interdit sa production et son utilisation dans les pays parties de la Convention[17].

Peu soluble dans l’eau Ă  pH acide et neutre (1-2 mg/l), le chlordĂ©cone est nĂ©anmoins trĂšs fortement hygroscopique (Ă©voluant spontanĂ©ment vers une forme hydratĂ©e, dite hydrate de chlordĂ©cone, qui lui donne une fonction gem-diol. C'est la forme qu'il prend rapidement dans l'environnement. Et — en raison d'un pKa de 9 Ă  10 —, il voit sa solubilitĂ© s'accroitre quand le pH augmente (68,8 mg/l Ă  pH 10)[20].

Avec une pression de vapeur de 3 Ă— 10−7 mmHg Ă  25 °C, il est peu volatil[21] ; il ne s'oxyde pas ou trĂšs lentement tant qu'il n'est pas chauffĂ© Ă  450-500 °C, ce qui rend son incinĂ©ration difficile et coĂ»teuse en Ă©nergie. Il peut en outre produire des dioxines et furanes en brĂ»lant, impliquant donc des installations agrĂ©Ă©es pour l'incinĂ©ration de dĂ©chets dangereux Ă  des tempĂ©ratures dĂ©passant 1 000 °C comme l'ont montrĂ© les tests d'incinĂ©ration citĂ©s par Bell et Whitmore de l'EPA en 1978[22].

SynthĂšse

Selon les donnĂ©es disponibles en 1978 pour les Ă©valuations de ce produit, la rĂ©action de l’hexachlorocyclopentadiĂšne (prĂ©curseur de nombreux autres pesticides organochlorĂ©s) avec l’anhydride sulfurique, Ă  chaud et sous pression, catalysĂ©e par le pentachlorure d'antimoine, donne un produit qui est hydrolysĂ© en milieu basique puis neutralisĂ© Ă  l’acide : le chlordĂ©cone, rĂ©cupĂ©rĂ© par centrifugation ou filtrage puis sĂ©chĂ© Ă  l’air chaud[23].

La chlordécone a aussi été identifiée comme un PT d'autres pesticides, à l'exemple du merex qui a une formule chimique proche.

Historique

Années 1950

En 1951, les chimistes Gilbert et Giolito synthétisent la chlordécone. Deux brevets[24] sont déposés l'année suivante ; tous deux assignés à l'entreprise Allied Chemical and Dye Corporation[11]. Le pesticide est mis sur le marché en 1958 par Allied Chemical, au moins sous deux noms commerciaux : Kepone et GC-1189[23] - [25].

Années 1960

DÚs 1963, Huber démontre la toxicité du chlordécone, chez la souris de laboratoire[26] et en 1965 il est signalé comme étant aussi reprotoxique chez la souris (« cousin » mammalien de l'humain) et chez la poule[11].

En 1966, sa production commerciale progresse nĂ©anmoins, aux États-Unis[11] par Allied Chemical Company et LifeSciences Product Company (LSPC) Ă  Hopewell, en Virginie[27] - [28] - [29]. En raison du laxisme de la direction de l'entreprise LSPC, une centaine d'ouvriers sont gravement intoxiquĂ©s par le chlordĂ©cone, scandale qui commence Ă  ĂȘtre connu en 1975[28] - [30], aggravĂ© par le fait que durant les annĂ©es 1960 et 1970 l'usine a aussi gravement polluĂ© l'eau, les sĂ©diments et la faune de la James River. Dans l’air le taux de chlordĂ©cone y dĂ©passait mg/m3 dans certaines zones de l'usine (trois mille fois le seuil lĂ©gal de ÎŒg/m3)[16]. Ce scandale a attirĂ© l'attention du pays et de l'OMS sur ses effets toxiques pour les humains et la faune (aquatique notamment)[15]. Ce sera l'origine de l'interdiction du produit aux États-Unis.

En 1968, le 14 juin (alors que la France est agitĂ©e par les Ă©vĂšnements de mai 1968), le ComitĂ© d'Ă©tudes des produits antiparasitaires Ă  usage agricole Ă©tudie deux demandes dĂ©posĂ©es par la sociĂ©tĂ© SOPHA basĂ©e Ă  Fort-de-France (Martinique), concernant d'une part le mirex (contre la fourmi-manioc) et d'autre part le KĂ©pone (alors dĂ©fini comme « une spĂ©cialitĂ© Ă  base de « chlordĂ©cone » (decachloro-octahydro-1,3,4-metheno-2H-cyclobuta (cd) pentalene-2-one) » et prĂ©sentĂ© comme visant Ă  dĂ©truire les « insectes du bananier »[9] ; le compte-rendu archivĂ© de cette rĂ©union mentionne pour le mirex et le KĂ©pone qu'« il s’agit d’une substance nouvelle qui doit ĂȘtre, au prĂ©alable, examinĂ©e par la Commission des toxiques. Au surplus, pour le mirex des renseignements sur l’intĂ©rĂȘt de cette matiĂšre active seront demandĂ©s au Service de la protection des vĂ©gĂ©taux de la circonscription Antilles-Guyane ». Aucune autorisation de vente n'est alors dĂ©livrĂ©e, mais ces deux molĂ©cules sont mises Ă  l'Ă©tude, l'IFAC ayant d'ailleurs dĂšs mai 1968 mis en place un essai en Martinique alors que des Ă©tudes Ă©taient dĂ©jĂ  en cours au Cameroun par l’IFAC depuis 4 ans (depuis 1964)[9]. Le 27 juin, la Commission des toxiques examine le « chlordĂ©cone » (dĂ©fini comme « decachloro-octahydro-1,2,4-metheno-2H cyclobuta (cd) pentalĂšne-2-one ») mais sur la base d'un rĂ©sumĂ© constituĂ© de trois pages non signĂ©es, jugĂ© incomplet ce qui justifie un ajournement de l'Ă©tude et de l'avis de la commission[9]. Le 4 octobre puis le 6 dĂ©cembre 1968, une nouvelle demande d'homologation est dĂ©posĂ©e pour le « Kepone G » et le « Kepone P », cette fois par la Seppic (SociĂ©tĂ© d'exploitation de produits pour les industries chimiques), Ă  nouveau considĂ©rĂ©es comme « demandes non en rĂšgle » par le ComitĂ© d’études des produits antiparasitaires Ă  usage agricole qui rĂ©pĂšte que le chlordĂ©cone en tant que substance nouvelle doit d'abord ĂȘtre soumise Ă  l’examen de la Commission des toxiques[9].

Années 1970

En 1972 (18 septembre), Jacques Chirac (alors ministre de l’Agriculture et de l’AmĂ©nagement rural) dĂ©livre une Autorisation de Mise sur le MarchĂ© (AMM) provisoire pour le chlordĂ©cone sous la dĂ©nomination commerciale de KĂ©pone[31].

En 1975 le produit est interdit aux États-Unis aprĂšs l'accident de Hopewell[32]. La question de l'Ă©limination du chlordĂ©cone s'est posĂ©e trĂšs tĂŽt aux États-Unis qui envisageaient dĂ©jĂ  en 1978 d'envoyer Ă  l'incinĂ©ration 80 bidons de KĂ©pone au Royaume-Uni. La toxicitĂ© du produit Ă©tait alors connue sous trois angles : cancĂ©rogĂ©nĂšse, risques de stĂ©rilitĂ© masculine et Ă©cotoxicitĂ©[33].

Avant 1981, il n'y a jamais eu d'homologation du produit en France ; au profit d'autorisation provisoires (mais plusieurs fois renouvelées) de mise sur le marché, tenant plus ou moins compte des avis de la Commission de l'emploi des toxiques en agriculture, remplacée en 1974 par le Comité d'homologation des produits antiparasitaires à usage agricole et des produits assimilés (subdivisée en deux sections : « Productions végétales » et « Productions animales »), par contre le mirex a lui été homologué[9].

Années 1980

Aux Antilles, une aggravation de la prĂ©valence du parasitisme des bananeraies est attribuĂ©e Ă  l'ouragan David (1979), alors qu'aux États-Unis, le chlordĂ©cone cause de lourdes pertes Ă  de nombreux Ă©tablissements, restaurants et entreprises qui dĂ©pendaient de l'eau du fleuve James River ; car depuis 1975 et pendant treize ans, le gouverneur Mills E. Godwin, Jr. y interdit toute pĂȘche sur une distance de cent milles : de l'usine de Richmond (Virginie) Ă  la mer (baie de Chesapeake). Interdiction qui ne sera levĂ©e qu'en 1988 quand les efforts de dĂ©pollution du fleuve et de ses sĂ©diments finissent par porter leurs fruits[34].

L'ouragan Allen (1980) est suivi aux Antilles d'un fort dĂ©veloppement de parasites des bananiers, notamment les charançons[16] - [29]. C'est l'un des arguments ayant justifiĂ© des dĂ©rogations d'usage pour les bananeraies de Martinique et de Guadeloupe. De ses premiers usages autorisĂ©s (1972) Ă  la date de son interdiction aux Antilles (1993), 300 t de ce pesticide seront pulvĂ©risĂ©es (30 g de produit par pied, soit kg/ha et par an)[16].

En 1981, le groupe punk Dead Kennedys reprend une chanson Kepone Factory, satire de la controverse entourant Allied Chemical et leur nĂ©gligence concernant la sĂ©curitĂ© de ses employĂ©s. C'est l'une des chansons de l'album In God We Trust, Inc. Écrite en 1978, la chanson Ă©tait initialement intitulĂ© Kepone Kids (Les Enfants du KĂ©pone).

Cette mĂȘme annĂ©e en France, la ministre de l’Agriculture Édith Cresson dĂ©livre Ă  la sociĂ©tĂ© Laurent de Laguarigue une seconde AMM pour le chlordĂ©cone sous la dĂ©nomination commerciale « Curlone ». La formulation du produit est faite Ă  BĂ©ziers, Ă  partir de la molĂ©cule synthĂ©tisĂ©e au BrĂ©sil, avec une commercialisation et importation massive aux Antilles françaises[31], en dĂ©pit d'effets pseudo-ƓstrogĂ©niques scientifiquement dĂ©jĂ  clairement dĂ©montrĂ©s chez les oiseaux et mammifĂšres[35].

En 1982, l'ouvrage Who's Poisoning America?: Corporate Polluters and Their Victims in the Chemical Age passe en revue l'histoire des incidents et accidents liés au Kepone.

En 1986, l'EPA publie Final report on the evaluation of four toxic chemicals in an In Vivo/In Vitro toxicological screen--acrylamide, chlordecone, cyclophosphamide, and diethylstilbestrol, confirmant la toxicité de ce produit[36].

Années 1990

La France en 1990 (1er fĂ©vrier) retire l’AMM du chlordĂ©cone pour tout le territoire français[31]. Guy Lordinot (alors DĂ©putĂ© de la Martinique) relayant de gros planteurs de bananes, fait une demande de dĂ©rogation qui permettrait une prolongation jusqu’en 1995, de l’utilisation du chlordĂ©cone, Ă  la suite de sa question Ă©crite le 23 avril appuyĂ©e par sa lettre au ministre de l'Agriculture du 30 avril 1990[31]. Cette demande est refusĂ©e le 5 juin 1990 par Henri Nallet, alors ministre de l’Agriculture, qui prĂ©cise qu’il y a un dĂ©lai de 2 ans Ă  partir du retrait d’autorisation, ce qui permet dĂ©jĂ  d’utiliser le produit jusqu’en 1992[37].

En 1992 (mars) Louis Mermaz, nouveau ministre de l’Agriculture et des ForĂȘts, proroge d’un an la dĂ©rogation pour l’utilisation du Curlone[31].

En 1993 (fĂ©vrier), Jean-Pierre Soisson, ministre de l’Agriculture et du DĂ©veloppement rural, rĂ©pond favorablement Ă  une demande de la SICABAM demandant Ă  pouvoir utiliser le reliquat de stocks de chlordĂ©cone[31] (stocks qui avaient Ă©tĂ© largement rĂ©approvisionnĂ©s en aoĂ»t 1990 alors que la dĂ©cision de retrait d’homologation de fĂ©vrier 1990 avait Ă©tĂ© notifiĂ©e Ă  la sociĂ©tĂ© Laguarigue qui commercialisait le chlordĂ©cone [38]). Le frĂšre ainĂ© de Bernard Hayot, Yves Hayot (mort en 2017[39]) qui Ă©tait prĂ©sident du groupement des producteurs de bananes de Martinique (SICABAM), et aussi directeur gĂ©nĂ©ral de Laguarigue a reconnu qu’il avait fait du lobbying auprĂšs de J.-P. Soisson pour l’obtention des dĂ©rogations[40] - [41].

Le 30 septembre 1993, ce pesticide est officiellement interdit à la vente aux Antilles françaises[31].

Années 2000

Début des années 2000, des contaminations des eaux embouteillées est constatée en Guadeloupe et il faudra « attendre 2002 pour que débute la récupération des stocks » de ce pesticide dans les Antilles françaises, notamment à la suite de la découverte de plusieurs tonnes du pesticide dans une bananeraie martiniquaise et de la découverte le par la douane au port de Dunkerque, d'une tonne et demie de patates douces « chlordéconées » en provenance de Martinique. Celles-ci seront ensuite saisies par la DGCCRF puis détruites[42] - [43].

Dans les années qui suivent, plusieurs plaintes, procédures et plans d'actions sont menées dans les Antilles françaises par des acteurs locaux et nationaux afin d'identifier des responsables et en parallÚles lutter contre la pollution. Plusieurs associations antillaises déposent une plainte pour empoisonnement[44].

En 2009, le chlordécone est inscrit dans la convention de Stockholm sur les polluants organiques persistants, ce qui interdit sa production et son utilisation dans le monde entier[45].

En 2023, un non-lieu est prononcé[46].

Produits de dégradation et nouvelles inquiétudes

En 2019, une Ă©tude montre in vitro (en cultures liquides bactĂ©riennes de laboratoire) et en microcosmes (en) (inoculĂ©s avec des sols contaminĂ©s) que la chlordĂ©cone, en se dĂ©gradant ou en Ă©tant biodĂ©gradĂ©e, libĂšre des mĂ©tabolites et sous-produits de transformation (PT) dont certains sont Ă©galement toxiques et Ă©cotoxiques : outre des hydrochlordĂ©cones et des polychloroindĂšnes qui Ă©taient dĂ©jĂ  connus, mais seulement en partie caractĂ©risĂ©s (familles A et B), cette Ă©tude a rĂ©vĂ©lĂ© 14 nouveaux PT de chlordĂ©cone (classĂ©s en 4 familles B, C, D et E). La structure chimique de 19 de ces PT a pu ĂȘtre caractĂ©risĂ©e. À cette occasion, des membres des familles A, B, C et E de ces produits ont Ă©tĂ© retrouvĂ©s dans des Ă©chantillons de sol, de sĂ©diments et d'eau prĂ©levĂ©s en Martinique. Et 17 des PT nouvellement identifiĂ©s ne sont pas rĂ©fĂ©rencĂ©s dans les formulations commerciales de chlordĂ©cone. Parmi eux, le produit de dĂ©composition le plus important est le 2,4,5,6,7-pentachloroindĂšne (retrouvĂ© en concentration similaire Ă  celle de la chlordĂ©cone). Les auteurs concluent que « la pollution par la chlordĂ©cone s'Ă©tend au-delĂ  de la molĂ©cule-mĂšre de chlordĂ©cone et inclut un nombre considĂ©rable de PT prĂ©cĂ©demment non dĂ©tectĂ©s. La diversitĂ© structurelle des PT identifiĂ©s illustre la complexitĂ© de la dĂ©gradation du chlordĂ©cone dans l'environnement et soulĂšve la possibilitĂ© d'une pollution mondiale Ă©tendue des sols et des Ă©cosystĂšmes aquatiques par les PT de chlordĂ©cone »[47].

Toxicité

Le chlordécone est une substance biomimétique dans les organismes mammaliens. Il se dissimule facilement dans la voie de la biosynthÚse des acides biliaires primaires, et aussi dans celle de la biosynthÚse des hormones stéroïdes[5]. La littérature disponible en 1984 citait le foie comme lieu d'accumulation principal[11].

Les Ă©tudes de toxicitĂ© apportĂ©es par l'industrie lors des premiĂšres demandes d'homologation Ă©taient trĂšs incomplĂštes, comme l'ont montrĂ© les effets de toxicitĂ© aigĂŒe et chronique dĂ©duits des examens mĂ©dicaux faits sur le personnel de la premiĂšre usine fabriquant le chlordĂ©cone (Ă  Hopewell, aux États-Unis), ainsi que d'expĂ©rience sur les rongeurs et des bovins[23] - [48].

Avant 1979 en laboratoire, le modĂšle animal avait montrĂ© une nĂ©phrotoxicitĂ© (atteintes rĂ©nales) et une suppression de la spermatogenĂšse (reprotoxicitĂ©) induite par le chlordĂ©cone[11] - [49], qui Ă©tait aussi dĂ©jĂ  reconnu comme fƓtotoxique[11].

Des ouvriers exposĂ©s de maniĂšre chronique Ă  ce produit (dont par contact) dans une usine de production des États-Unis, ont Ă©tĂ© victimes de problĂšmes neurologiques (irritabilitĂ©, tremblements, troubles de la vision, cĂ©phalĂ©es). Des effets toxiques sur le foie ont Ă©tĂ© observĂ©s, ainsi qu'une action de dĂ©lĂ©tion de la spermatogenĂšse[50].

Effets synergiques

Une Ă©tude Ă©crite en 1989 par H.M. Mehendale[51] indique que le chlordĂ©cone amplifie gravement (67 fois) les effets hĂ©patotoxiques des composĂ©s comme le tĂ©trachlorure de carbone, le chloroforme et le dichloromĂ©thane.

Cancérogénicité

Étant donnĂ© le dĂ©lai de latence d'apparition des cancers chez l'humain, le caractĂšre cancĂ©rigĂšne du chlordĂ©cone n'est apparu qu'aprĂšs quelques dĂ©cennies ou via le modĂšle animal avec :

En 2021, le cancer de la prostate est reconnu comme maladie professionnelle pour les agriculteurs qui ont Ă©tĂ© exposĂ©s au chlordĂ©cone pendant 10 ans[56].

DĂ©tection et Ă©valuation de l'exposition humaine

De 1999 Ă  2011, deux approches ont Ă©tĂ© utilisĂ©es pour dĂ©tecter et doser le chlordĂ©cone chez l'humain ou l'animal : le dosage direct dans les matrices biologiques (sang, lait, Ɠuf, viande, poisson et graisses) et indirectement le calcul de l’apport alimentaire en chlordĂ©cone, via les donnĂ©es de consommation et de contamination des aliments[57].

La base de données PubChem, alimentée par la NIH américaine à partir de revues scientifiques, liste plusieurs méthodes de détection pour le chlordécone[5], dont :

Cinétique, élimination, stabilité

Cette molĂ©cule a une forme de cage (« cage bis-homocubane Â») solidement et principalement entourĂ©e d'atomes de chlore ; elle ne se comporte pas comme les polychlorobiphĂ©nyles (PCB).

Dans le corps humain

Concernant l'humain adulte, les premiÚres données viennent des ouvriers accidentellement exposés à ce produit lors de sa fabrication (le chlordécone était présent en fortes concentrations dans des échantillons de sang, de foie et de graisse de ces travailleurs).

Vers 2015, alors que le produit est interdit dans les Antilles, le sang d'environ 70 % des Guadeloupéennes contient encore du chlordécone. Il vient principalement des aliments et notamment des poissons, fruits de mer et légumes/racines contaminés[64] - [65]. Les poissons d'eau douce et cÎtiers, les mollusques et les crustacés sont les aliments les plus contaminés[66] - [67] - [68] - [69].

Une limite maximale de rĂ©sidus (LMR) de 20 ÎŒg de chlordĂ©cone (CLD) par kilogramme de poids humide a Ă©tĂ© fixĂ©e en France pour les aliments d'origine vĂ©gĂ©tale et animale (en 2008)[70], impliquant de sĂ©vĂšres restrictions dans la pĂȘche et la consommation de poisson.

On recherche des produits dits « chĂ©lateurs Â» qui pourraient extraire cette molĂ©cules du corps et aider Ă  son Ă©limination via les urines, les excrĂ©ments ou la sueur.

La cholestyramine a Ă©tĂ© inventĂ©e et utilisĂ©e aux États-Unis pour combattre l'empoisonnement par le chlordĂ©cone, Ă  la suite d'une nĂ©gligence industrielle dans l'usine qui le fabriquait[71] - [27] ; une centaine de travailleurs y ont Ă©tĂ© exposĂ©s (par contact et inhalation) durant plusieurs mois, ce qui fut pour eux une source d'intoxication (les manifestations toxiques touchaient principalement le systĂšme nerveux, le foie et les testicules).

Une expérience de plasmaphérÚse a montré que le chlordécone est rapidement transféré des tissus au sang mais l'hémoperfusion ne réussit pas à éliminer le chlordécone de l'organisme, car le chlordécone est fortement lié aux protéines plasmatiques.

Constatant que les selles ne contiennent qu'une petite part des quantitĂ©s de chlordĂ©cone excrĂ©tĂ© dans la bile, le chercheur a administrĂ© par voie orale de la cholestyramine, une rĂ©sine non rĂ©sorbable qui lie le chlordĂ©cone in vitro. La cholestyramine a augmentĂ© l'excrĂ©tion fĂ©cale de chlordĂ©cone et a accĂ©lĂ©rĂ© le taux de disparition du pesticide du corps. Cela s'est accompagnĂ© d'une amĂ©lioration des manifestations cliniques de toxicitĂ©, indiquant que les effets toxiques subaigĂŒes du chlordĂ©cone sont rĂ©versibles. Le chercheur a conclu que la thĂ©rapie avec des agents de liaison pris par voie orale fournit un moyen sĂ»r et efficace pour le traitement des humains empoisonnĂ©s avec du chlordĂ©cone et, Ă©ventuellement, avec d'autres pesticides organochlorĂ©s[71].

Chez l'animal (mammifĂšres)

Selon le modÚle animal, à la différence des PCB (qui sont essentiellement stockés dans les tissus adipeux), le chlordécone est chez les mammifÚres principalement stocké dans le foie et dans les muscles. Chez la chÚvre, il est moins durablement retenu par l'organisme que les PCB (demi-vie plus courte).

Le chlordécone et les PCB NDL semblent présenter des dynamiques de décontamination de l'organisme trÚs différentes[72].

Une expĂ©rience rĂ©cente a consistĂ© Ă  exposer oralement durant trois semaines des chĂšvres Ă  0,05 mg/kg de poids corporel et par jour de chlordĂ©cone et 0,30 ÎŒg/kg de poids corporel et par jour de biphĂ©nyle polychlorĂ© non dioxine[73]. Une partie a Ă©tĂ© abattue et l'autre soumise Ă  21 jours d'un rĂ©gime alimentaire non contaminĂ© et certains animaux recevaient en outre des pastilles additionnĂ©es de 10 % de charbon actif ou de 8 % d'huile de paraffine (PO). Tous ont vu leurs taux de chlordĂ©cone fortement diminuer (-60 %) dans le foie, le sang, les muscles et graisses (beaucoup plus que pour les PCB) aprĂšs que les apports aient cessĂ©, mais la supplĂ©mentation alimentaire en charbon activĂ© ou en huile de paraffine n'a pas affectĂ© de maniĂšre significative la dynamique de dĂ©contamination pour le chlordĂ©cone[72].

Une Ă©tude[74] (thĂšse de 3 ans rĂ©alisĂ©e en Martinique sous l'Ă©gide de l'UniversitĂ© de Poitiers et des Antilles), encadrĂ©e par cinq chercheurs a portĂ© sur l'Ă©crevisse Ă  pinces rouges. Elle a mis en Ă©vidence une corrĂ©lation positive entre le taux de chlordĂ©cone dans l'eau et celui dosĂ© dans le muscle d'Ă©crevisses capturĂ©es dans la nature. La contamination s'avĂšre rapide (quel que soit son niveau de concentration, 6 heures d'exposition, le chlordĂ©cone est dĂ©tectĂ©e dans le muscle de l'animal) et, mĂȘme aprĂšs 20 jours de dĂ©contamination, le taux de chlordĂ©cone dans ce muscle reste supĂ©rieur au maximum autorisĂ©. Il faut 50 jours pour atteindre le seuil autorisĂ© de 20 microgrammes. La situation semble encore pire, selon l'Ă©cotoxicologue Soizic Lemoine (universitĂ© des Antilles) en Guadeloupe, notamment pour les ouassous (crevettes gĂ©antes d'eau douce du genre Macrobrachium Ă©levĂ©es pour l'alimentation).

Chez les coraux

Le chlordĂ©cone a — sans surprise — Ă©tĂ© dĂ©tectĂ© dans divers organismes marins des CaraĂŻbes (poissons, crustacĂ©s, oiseaux, etc.), mais aussi de façon plus inattendue en PolynĂ©sie française.

Or, de mĂȘme que l'acidification, la salinisation, l'excĂšs de potassium et certains dĂ©sherbants, le chlordĂ©cone peut aussi nĂ©gativement affecter les polypes d'un corail. Il y suractive des gĂšnes (de la sous-famille P450-1A et P450-3A) connus pour ĂȘtre impliquĂ©s dans la dĂ©toxification. Le chlordĂ©cone suscite Ă©galement un processus de suicide cellulaire et de dĂ©gradation des protĂ©ines de la matrice cellulaire des polypes coralliens, via l'apoptose et l'activation de cathepsines. Ceci conduit le corail Ă  mourir ou perdre sa forme coloniale. Ceci a Ă©tĂ© dĂ©montrĂ© chez le corail Pocillopora damicornis, avec des analyses transcriptomiques et morphologiques de sa rĂ©ponse au chlordĂ©cone[75].

Chez les poissons

En 1984, des chercheurs montrent que chez le poisson-chat Ictalurus punctatus la demi-vie du chlordĂ©cone est de 8,7 jours ; qu'il est le plus concentrĂ© dans le sang et le cerveau du poisson ; et le moins concentrĂ© dans le tissu adipeux mĂ©sentĂ©rique et le squelette ; il semble principalement Ă©liminĂ© par la bile (aprĂšs avoir Ă©tĂ© rĂ©duit en alcool de chlordĂ©cone) via les fĂšces, mais aussi au travers des branchies et via le mucus Ă©pidermique alors que l'excrĂ©tion urinaire est nĂ©gligeable[76].

Chez les crustacés

La crevette d'eau douce gĂ©ante Macrobrachium rosenbergii est Ă©levĂ©e en Guadeloupe dans des eaux oĂč le chlordĂ©cone est dĂ©tectĂ©. Ces Ă©levages sont Ă©conomiquement importants pour l'Ăźle et plusieurs ont dĂ» ĂȘtre fermĂ©s ; de plus le chlordĂ©cone peut intoxiquer les crevettes et perturber leur systĂšme hormonal[77]. Ces crevettes ont Ă©tĂ© exposĂ©es en laboratoire (durant un mois) et in situ (huit mois) au chlordĂ©cone. Certaines ont ensuite Ă©tĂ© transfĂ©rĂ©es en eau non contaminĂ©e puis observĂ©es[78]. L'Ă©tude (2018) a montrĂ© que les organes du cĂ©phalothorax (hĂ©patopancrĂ©as en particulier) Ă©taient les plus contaminĂ©s et que le chlordĂ©cone s'accumulait dans la cuticule (jusqu'Ă  40 % de la charge corporelle). Chaque mue (abandon d'une exuvie) contribue donc Ă  la dĂ©toxication de l'animal[78]. La bioconcentration du chlordĂ©cone dans les crevettes dĂ©pendait Ă  la fois du temps et du degrĂ© d'exposition. Les femelles semblent de plus se « dĂ©contaminer Â» plus vite que les mĂąles sans doute grĂące aux pontes successives durant lesquelles du chlordĂ©cone est exportĂ© via leurs Ɠufs[78].

Dans les végétaux

La cinétique du chlordécone dans les plantes sauvages (arbres y compris) n'a pas été trÚs étudiée, mais plusieurs études, notamment basées sur le carbone radiomarqué, ont montré que des légumes/racines pouvaient fortement se contaminer sur un sol pollué par ce pesticide (ex. : radis, utilisé comme plante-modÚle des racines comestibles[79]), via :

  • une voie systĂ©mique par absorption racinaire puis translocation vers les tiges et feuilles (qui peuvent aussi ĂȘtre consommĂ©es) d'autant plus rapide que le lĂ©gume Ă©vapotranspire ;
  • et une voie « non systĂ©mique Â» d'absorption percutanĂ©e (au travers du pĂ©riderme, plus ou moins selon son Ă©paisseur) de la racine, cette absorption Ă©tant ensuite suivie d'une diffusion radiale dans la chair du tubercule (l'Ă©pluchage ne protĂšge pas le consommateur du chlordĂ©cone). Le flux moyen de diffusion du sol vers la chair du radis, au travers le pĂ©riderme, a Ă©tĂ© estimĂ© Ă  environ 5,71 Ă— 1014 g cm−2 s−1. Il est probable que la prĂ©sence plus ou moins importante de lipides dans certaines plantes modifie la cinĂ©tique de cette molĂ©cule trĂšs liposoluble, l'Ă©paisseur et la permĂ©abilitĂ© du pĂ©riderme des tubercules (et des tissus internes) joue aussi un rĂŽle qui n'est pas encore mesurĂ© pour toutes les espĂšces consommĂ©es[79].

Une Ă©tude rĂ©cente a confirmĂ© que mĂȘme chez des plantes en C4 Ă  rhizome, il entre dans la sĂšve et est retrouvĂ© dans toute la plante : chez deux espĂšces de Miscanthus (M. sinensis et M. giganteus, toutes deux plantes en C4 adaptĂ©es au climat tropical et Ă©ventuellement utilisable pour la phytoremĂ©diation) exposĂ©es Ă  des concentrations environnementales (mg/kg), un bilan Ă  deux et six mois aprĂšs la transplantation montre que le chlordĂ©cone est absorbĂ© et en grande partie stockĂ© dans le rhizome pĂ©renne de ces plantes. Mais on le retrouve aussi dans les racines, les tiges, les feuilles et mĂȘme les Ă©pis floraux. Les racines en contenaient le plus (5 398 Â± 1 636 ng/g pour M. giganteus et 14 842 Â± 3 210 ng/g de poids sec pour M. sinensis) et les jeunes pousses le moins (152 Â± 28 ng/g chez M. giganteus et 266 Â± 70 ng/g de poids sec chez M. sinensis).

Dans le sol

Le sol (avec les sĂ©diments) est le principal rĂ©servoir de chlordĂ©cone. Il y persiste longtemps et de lĂ  il peut contaminer des plantes via les racines et l'eau d'oĂč il passe dans les animaux (gibier et d'Ă©levage), par ingestion essentiellement. Les nitisols et les ferralsols (frĂ©quents en zones tropicale) le fixent moins bien, il contamine alors plus facilement les milieux aquatiques et l'eau[80] - [68].

La consommation de denrées issues d'animaux ayant vécu sur des sols contaminés peut significativement contribuer à l'exposition des humains.

En 2017, une étude conclut que la présence charbon actif dans un sol contaminé y réduit fortement la biodisponibilité du chlordécone, mais avec une efficacité dépendant du type de charbon actif utilisé[81] et on ignore encore ce que deviendra la molécule à long terme une fois piégée dans cette matrice.

Une expĂ©rience publiĂ©e en 2018 a consistĂ© Ă  Ă©lever 44 porcelets mĂąles castrĂ©s (ĂągĂ©s de quarante jours) durant dix jours sur des sols artificiels modifiĂ©s selon leur groupe. Le sol Ă©tait contaminĂ© Ă  hauteur de 50 ÎŒg de chlordĂ©cone par gramme de sol sec et enrichi (ou non) en charbon de bois ou en biochar[82]. Ce biochar Ă©tait issu selon les cas de pyrolyse Ă  500 °C ou 700 °C de quatre types de bois distinct et il Ă©tait utilisĂ© comme amendement du sol Ă  raison de 5 %. RĂ©sultats : le biochar n'a pas Ă©tĂ© significativement efficace ; par rapport Ă  un groupe tĂ©moin, seuls les porcelets Ă©levĂ©s en prĂ©sence de charbon actif prĂ©sentaient significativement moins de chlordĂ©cone dans leurs tissus gras et le foie. Le biochar n'a permis qu'une lĂ©gĂšre diminution, non statistiquement significative[82]. Les meilleurs rĂ©sultats ont Ă©tĂ© obtenus avec un charbon actif fabriquĂ© Ă  partir de coquille de noix de coco (biodisponibilitĂ© relative infĂ©rieure Ă  3,2 % pour le foie et les graisses)[82].

En laboratoire

Dans les conditions naturelles, cette molĂ©cule en forme de cage est rĂ©sistante et n'est que trĂšs superficiellement biodĂ©gradable. Mais au Genoscope du CEA, des chercheurs ont rĂ©cemment identifiĂ© des familles de bactĂ©ries susceptibles — dans de bonnes conditions, anaĂ©robies notamment — de mieux dĂ©grader cette molĂ©cule. Ils ont isolĂ© une bactĂ©rie (du genre Citrobacter) pouvant Ă  certaines conditions initier (en quelques semaines) la dĂ©gradation du chlordĂ©cone, en produisant cependant des sous-produits : (mĂ©tabolites chlorĂ©s) dont trois hydrochlordĂ©cones et deux polychloroindĂšnes (PCI) ; d'autres mĂ©tabolites pourraient ĂȘtre des acides polychloroindĂšnecarboxyliques (APCIC)[16]. « Une Ă©tude Ă©lectrochimique a montrĂ© la nĂ©cessitĂ© de conditions rĂ©ductrices puissantes et la prĂ©sence d’un catalyseur tel que la vitamine B12 pour crĂ©er les conditions favorables Ă  la formation des PCI et APCIC »[16]. Ces mĂ©tabolites qui peuvent potentiellement aussi ĂȘtre toxiques ou Ă©cotoxiques sont encore Ă  Ă©valuer[16].

RÚglementation européenne

La CommunautĂ© europĂ©enne a proposĂ© et dĂ©fendu l'inclusion dans la troisiĂšme annexe de la convention de Stockholm. Le chlordĂ©cone figurait dĂ©jĂ  sans dĂ©rogation aux annexes I et/ou II du protocole relatif aux POP de la convention CEE-ONU ; sa production et son utilisation sont Ă  ce titre totalement interdites dans l’Union europĂ©enne depuis l’entrĂ©e en vigueur du rĂšglement POP adoptĂ© le 29 avril 2004[83].

Les teneurs maximales dans les produits végétaux et animaux ont été fixées par les rÚglements No 149/2008 du 29 janvier 2008[84] et No 839/2008 du 31 juillet 2008[85], documents consultables sur le site de la Direction générale de la santé et des consommateurs[86] - [87] - [88].

Notes et références

Notes

  1. Nom féminin pour désigner la molécule, nom masculin pour le produit.
  2. Le mirex était utilisé pour contrÎler les fourmis de feu, ainsi que comme ignifugeant et retardateur de flamme (alors vendu sous le nom commercial « Dechlorane ») dans les plastiques, le caoutchouc synthétique, la peinture, certains papiers et appareils électriques de 1959 à 1972.
  3. Le kelevan est vendu par le producteur amĂ©ricain du KĂ©pone (Allied Chemical) au groupe allemand Spieß und Sohn qui l'importait en Europe pour le transformer en kelevan, la matiĂšre active utilisĂ©e contre le doryphore de la pomme de terre, trĂšs utilisĂ© en Allemagne de l'Ouest et dans plusieurs pays de l'ex-URSS.

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] Il Ă©tait Ă  l’époque directeur gĂ©nĂ©ral de Laguarigue, la sociĂ©tĂ© qui commercialisait le chlordĂ©cone, et prĂ©sident du groupement de producteurs de bananes de Martinique. [
] Laguarigue a reconstituĂ© un stock gigantesque de chlordĂ©cone alors que le produit n’était dĂ©jĂ  plus homologuĂ©. Elle a en effet signĂ© un contrat le 27 aoĂ»t 1990 avec le fabricant, l’entreprise Calliope, Ă  BĂ©ziers (HĂ©rault), "pour la fourniture de 1 560 tonnes de Curlone [le nom commercial du chlordĂ©cone], alors que la dĂ©cision de retrait d’homologation [le 1er fĂ©vrier 1990] lui a Ă©tĂ© notifiĂ©e" [
] "s’il n’y avait pas eu de rĂ©approvisionnement, il n’y aurait pas eu de nĂ©cessitĂ© de dĂ©livrer de dĂ©rogations" pour utiliser le produit jusqu’en 1993. »
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Voir aussi

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Articles connexes

Émission de radio

"Chlordécone, les bananes de la colÚre", Affaires sensibles, France-inter, lundi 28 novembre 2022 .

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