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Macrobrachium rosenbergii

La crevette géante d'eau douce (Macrobrachium rosenbergii) est une espèce de crustacés décapodes de la famille des Palaemonidae originaire de l'Asie du Sud-Est. Au Viêt Nam, elle n'est distribuée que dans le bassin du Mékong.

Nomenclature

Cette espèce est connue au sein de la francophonie sous divers noms vernaculaires souvent communs à d'autres espèces : crevette d'eau douce[1], bouquet géant[2], chevrette[1] comme en Nouvelle-Calédonie, ouassou[3] comme en Guadeloupe ou encore camaron (sans accent sur le o contrairement au mot espagnol qui signifie crevette) comme dans l'île Maurice ou en créole réunionnais.

Description

Crevette géante d'eau douce.

Ă€ l'Ă©tat naturel, cette espèce se trouve dans les eaux douces continentales (Ă©tangs, rivières...) et dans les zones d'estuaire. Elle se nourrit principalement la nuit et est omnivore (algues, larves d'insectes aquatiques, chair de poissons ou d'autres crustacĂ©s morts...). De quelques millimètres Ă  sa naissance, ce crustacĂ© peut atteindre 10 Ă  15 cm de long en 9 mois[4], puis jusqu'Ă  une trentaine de centimètres[5].

RĂ©partition

Les crevettes adultes vivent en eau douce, soit dans les rivières et canaux qui quadrillent le delta du MĂ©kong, soit dans les divers bassins et rizières, c'est-Ă -dire un peu partout au Vietnam. Elle est particulièrement abondante dans les provinces de Can Tho, An Giang et Vinh Long oĂą la production annuelle dĂ©passe 1 300 tonnes. La reproduction a lieu tout au long de l'annĂ©e, avec deux pics en avril (rivière de Saigon) et juin-octobre (fleuve MĂ©kong). Les larves de Macrobrachium se dĂ©veloppent en eau saumâtre dans les zones estuarines puis remontent peu Ă  peu les fleuves et rivières Ă  la suite de leur mĂ©tamorphose. Elle est Ă©galement prĂ©sente au Cambodge oĂą elle est très apprĂ©ciĂ©e.

Élevage aquacole

Les crevettes géantes d'eau douce grillées sont communes dans la cuisine thaïlandaise.

Plusieurs espèces de Macrobrachium ont été introduites dans d'autres zones tropicales ou subtropicales, mais le Macrobrachium rosenbergii, en provenance d'Asie du Sud-Est, est l'espèce la plus utilisée à des fins commerciales. Son élevage est devenu intensif en Chine, en Thaïlande et aux Philippines. Il a ensuite été introduit dans de nombreux pays[6], notamment à l'île Maurice dans les années 1970. La tentative d'introduction à La Réunion dans les années 1980 s'est soldée par un échec par manque de rentabilité[7]. La crevette est également élevée aux Antilles : à la Martinique depuis 1976 et à la Guadeloupe depuis 1978[8]. En élevage, cette espèce est préférée à l'espèce autochtone américaine Macrobrachium carcinus qui est trop agressive envers ses congénères. Depuis, l'espèce s'est échappée d'élevage et s'est acclimatée à la Martinique. Elle est largement élevée en Chine (où elle a été introduite, en provenance du Japon, en 1976), dans une dizaine de provinces du sud. C'est la province du Guangdong qui produit le plus de crevettes en Chine[9]. Plusieurs élevages sont apparus en France métropolitaine[10], où cette crevette est encore peu connue mais pourrait à l'avenir trouver une large place dans les bassins des aquaculteurs[11].

Durant leur migration, les juvéniles sont souvent capturés pour stockage dans les bassins familiaux ou les rizières des paysans, ou bien entrent naturellement dans ces bassins grâce à l'action des marées. La culture de la chevrette au Viêt Nam est donc essentiellement une activité artisanale de type familial. Dans les stations d'élevage, les larves sont produites dans des écloseries contenant de l'eau saumâtre, puis les adultes sont élevés dans des étangs d'eau douce.

Il existe deux modes de culture : continue et discontinue. Le mode discontinu consiste en un stockage unique suivi d'une période de culture de huit à douze mois et de la récolte totale des animaux. La culture en continu consiste en une récolte progressive des animaux les plus grands du troupeau après sept mois de culture et d'une gradation des animaux restants qui sont alors séparés entre différents bassins. Un nouveau stockage de juvéniles est alors effectué pour permettre une continuité de la récolte. Bien que non présente naturellement au Nord-Viêt Nam, des essais de culture ont été effectués avec plus ou moins de succès. Le principal handicap est toutefois la présence d'une saison froide qui limite la période de culture favorable. Par ailleurs, la production artificielle de larves en écloseries reste difficile et est limitée par un manque relatif de demande en comparaison de celle existante pour les larves de crevettes marines et qui constitue une attraction importante pour l'investissement effectué dans les écloseries de crevettes au Viêt Nam.

[réf. nécessaire]

Utilisation

Côté alimentation, la chair de la crevette géante d'eau douce est riche en protéines, vitamines et oligo-éléments, tout en restant pauvre en graisses[9]. À La Réunion, ces crevettes sont cuisinées en cari ou flambés.

Cette espèce est par ailleurs utilisée en laboratoire pour des études toxicologiques ou écotoxicologiques, par exemple en 2017 pour l'étude de la cinétique d'un pesticide organochloré le Chlordécone[12].

Zoo

L'Aquarium du palais de la Porte Dorée détient une ou deux Macrobrachium rosenbergii présentés au public (12/2014). Les spécimens sont maintenus dans une grande cuve d'une centaine de litres. Ils sont aisément observables lors d'une promenade dans l'Aquarium.

Galerie des images

  • Ă©talege marchĂ© poissons/crustacĂ©s
    étalege marché poissons/crustacés
  • sub-adulte Zoo Washington
    sub-adulte Zoo Washington
  • sub-adulte Zoo Washington
    sub-adulte Zoo Washington

Annexes

Bibliographie

  • Michael B. New et Singholka Somsuk, Production des crevettes d'eau douce : manuel d'Ă©levage de Macrobrachium Rosenbergii, Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture, 1985, (ISBN 92-5-202250-3).
  • GĂ©raud Laval, Élevage de crevettes d'eau douce en Europe - Pratiques Ă©co-responsables pour Macrobrachium rosenbergii, Éditions Quæ, coll. Guide pratique, 2022.
  • J. Y. Le Gall, E. Beague, Introduction du camaron Macrobrachium rosenbergii (de Man) (Crustacea, Decapoda, Caridea, Palaemonidae) Ă  l'Ă®le de la RĂ©union (OcĂ©an Indien), Aquaculture, 52(4), 1986 :303-305.

Références taxinomiques

Liens externes

Notes et références

  1. Meyer C., ed. sc., 2009, Dictionnaire des Sciences Animales. consulter en ligne. Montpellier, France, Cirad.
  2. Nom vernaculaire français d'après Dictionary of Common (Vernacular) Names sur Nomen.at
  3. Ă©conomie de la Guadeloupe
  4. APOI (Adaptation des Programmes à l'Océan Indien) : Le camaron Macrobrachium rosenbergii.
  5. Crusta-Fauna : Macrobrachium rosenbergii rosenbergii.
  6. (en) SeaLifeBase : Introductions of Macrobrachium rosenbergii;.
  7. ARDA (Association Réunionnaise de Développement de l’Aquaculture) : Le camaron Macrobrachium rosenbergii.
  8. L'aquaculture du Macrobrachium rosenbergii aux Antilles françaises sur ifremer.fr.
  9. Sinogastronomie : La chevrette.
  10. Bernard Ducom, « Un Gersois se lance dans l'élevage de gambas en eau douce », La Dépêche,‎ maj 22/10/2018 (lire en ligne)
  11. Géraud Laval, Élevage de crevettes d'eau douce en Europe - Pratiques éco-responsables pour Macrobrachium rosenbergii, Quae, coll. « Guide pratique », , p. 4e de couverture
  12. Lafontaine, A., Gismondi, E., Dodet, N., Joaquim-Justo, C., Boulangé-Lecomte, C., Caupos, F., ... & Thomé, J. P. (2017). Bioaccumulation, distribution and elimination of chlordecone in the giant freshwater prawn Macrobrachium rosenbergii: Field and laboratory studies. Chemosphere, 185, 888-898.
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